Il était une fois...
Every wound will shape me
Every scar will build my throne
The sticks and the stones that you used to throw have
Built me an empire, so don't even try
To cry me a river, 'cause I forgive you
You are the reason I still fight
- throne ; bring me the horizon
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I. Aemond naît de l’union de Viserys I Targaryen et de sa seconde épouse, Alicent Hightower. Deuxième fils du Roi, mais troisième dans la ligne de succession si on y inclut sa demie-sœur Rhaenyra, l’enfant n’a jamais aspiré au trône de fer, bien qu’il en rêve. C’est un gamin solitaire, mais vif et confiant, qui n’a pas besoin de se faire prier pour s’adonner aux études et aux entraînements. Plus petit que la moyenne des mômes de son âge, mais trois fois plus fier et impétueux, Aemond est une cible facile pour les moqueries immatures de son frère Aegon. Lorsque son aîné pousse la blague un peu trop loin, il n’hésite pas à se réfugier dans les jupes de sa mère qu’il adore et dont il boit les paroles.
II. Contrairement à son frère et à sa sœur, l’œuf que ses parents ont choisi pour lui n’a jamais éclos. Sans dragon, Aemond se sent faible et incomplet. Il jalouse la relation presque fusionnelle qu’ils parviennent à développer avec leurs créatures respectives. Enfin, c’est à contrecœur qu’il suit son frère et ses neveux à Fossedragon pour assister au dressage de Vermax par Jacaerys. Un amer rappel de ce qu’il considère comme un pur échec. Comme si ça ne suffisait pas, les garçons prétendent avoir trouvé un dragon pour lui. Aemond est perplexe, mais il ne tait pas l’espoir auquel il s’accroche. L’attente incrédule se solde par une déception humiliante : un cochon tout rose accoutré d’un déguisement de dragon. S’il ne portait déjà pas ses neveux dans son cœur, forcé de les fréquenter à la cour pour le bien des apparences, il n’éprouve désormais plus la moindre sympathie à leur égard.
III. Le décès de sa cousine Laena Velaryon signifie la libération de Vhagar, la plus grosse dragonne de son époque. Lors des funérailles à Lamarck, Aemond, tout juste dix ans, se risque à approcher la créature endeuillée. Ce n’est pas la première fois qu’il échappe à la surveillance des adultes pour approcher un dragon, mais cette fois c’est différent. Il part avec la ferme intention de se l’approprier, lui qui en rêve depuis longtemps. L’angoisse le prend au ventre, mais, à force de détermination, le garçon parvient à l’apprivoiser. Vhagar le laisse la chevaucher et Aemond ressent, pour la première fois de sa courte existence, la liberté d’un vol à dos de dragon. L’enfant gagne au même moment une fidèle amie et une nouvelle arrogance.
IV. Vhagar lui aura coûté un œil ; Pris en embuscade par ses cousins qui n’acceptent pas qu’il se soit approprié le dragon de la défunte mère de Rhaena, Aemond ne contrôle plus sa langue acérée. Si Rhaena désire tant une monture, elle peut aller adopter un cochon ! Quant aux bâtards Fort, ils n’ont pas intérêt à s’en mêler, à moins de vouloir être servis en repas à Vhagar. Une bataille éclate et dégénère ; Lucerys, défendant son grand frère Jacaerys, lui lacère le visage d’un coup de dague qui le laisse borgne.
L’affaire remonte rapidement aux adultes qui cherchent à savoir à qui revient le blâme. Les enfants ne s’entendent pas : c’est la faute de l’autre, peu importe qui prend la parole. Si Aemond s’en veut vaguement, c’est qu’il regrette l’état dans lequel l’incident a mis sa mère qui réclame un œil pour un œil. Encore une fois, le gamin comprend qu’ils n’auront jamais raison devant Viserys. Il en veut à Lucerys — lui en voudra longtemps, même —, mais il rassure Alicent avec une étonnante maturité : il a peut-être perdu un œil, mais il a gagné un dragon. Ça vaut tout l’or du monde.
V. La perte d'un oeil n'empêche pas Aemond, entêté et persévérant, de devenir un dangereux combattant, bien que toujours impulsif. Son agilité et sa maîtrise de l'épée n'ont rien à envier à d'autres, formés depuis plus longtemps que lui. L'adolescent aspire au champ de bataille et méprise l’idée de ne pouvoir briller qu’à travers les joutes. C’est d’ailleurs ce contentement, dans lequel s’est diluée toute ambition, qui le pousse regarder Ser Criston Cole de haut, même s’il respecte sa dévotion et reconnaît le rôle qu’il a joué dans sa formation.
VI.Pour une fois que la famille s’arrête, se calme. Pour une fois qu’elle met presque de côté ses différends pour profiter d’un repas convivial. L’impulsivité et l’orgueil d’Aemond n’en ont que faire. L’adolescent ne supporte pas l’air espiègle de Lucerys et le rire qu’il peine à retenir en le regardant ; le cochon badigeonné que les servants ont posé devant lui doit bien y être pour quelque chose. D’un coup, il explose. Son poing frappé contre la table suffit à attirer l’attention sur son discours destiné à souligner la bâtardise de ses neveux. Des garçons Fort, de toute évidence. De l’huile sur le feu d’une tension qui n’attendait que le bon moment pour éclater. Mais la colère qui crispe le visage de Jacaerys et la baffe qu’il lui assène le satisfont plus que n’importe quelle réconciliation familiale.
VII. La mort de Viserys laisse Aemond indifférent. L’adolescent a cessé, depuis longtemps, de s’accrocher à cet homme qui ne leur aura jamais accordé autant d’amour qu’à sa fille aînée. Le trépas fragilise pourtant la froideur qu’il revêt habilement depuis la fin de son enfance, tirant sa source d’une maturité lucide acquise trop tôt. L’usurpation du trône qui aurait dû revenir à Rhaenyra pour y placer Aegon lui renvoie amèrement la réalité en face : dans une société qui ne fonctionne pas au mérite, tous ses efforts sont vains. Il demeurera un second fils destiné à servir, à l’instar de son grand-père Otto.
Alors qu’Aegon demeure introuvable, Aemond offre à sa mère d'assister Ser Criston dans ses recherches au cœur de la basse-ville. Il le fait pour elle, et non par désir de retrouver son aîné qu'il jalouse autant qu'il peut mépriser ou aimer. Leurs recherches traînent de la patte et, quand les deux frères se revoient à la cour, Aemond ne lui cache pas son envie de le voir disparaître. Il pourrait céder à ses supplications, le laisser fuir, mais ce serait trop facile : comme promis, il rapportera Aegon à leur mère afin qu’il accomplisse ses royaux desseins.
VIII. Alors qu’il vient de terminer de marchander avec Borros Baratheon (la fidélité du seigneur envers le nouveau souverain contre le mariage d’une de ses filles au sein de la famille royale), Aemond ne s’attend pas à tomber nez à nez avec Lucerys Velaryon, celui-là même qui l’a éborgné. Venu rappeler à Borros la loyauté que son prédécesseur avait promise à Rhaenyra, il se prend un refus qui amuse terriblement Aemond. Le Targaryen en profite pour lui réclamer un œil — remboursement tardif — qu’il offrira à sa mère. Il lui laisse même à Lucerys l’honneur de retirer lui-même son globe oculaire, glissant sa dague vers lui. L’opposition du garçon agace Aemond qui aurait bien été capable de le lui arracher lui-même si le vieux Baratheon ne leur avait pas ordonné de se calmer.
IX. Ce n’était qu’une mauvaise blague, une connerie d’adolescent impulsif. Aemond ne veut que filer une bonne frayeur à Lucerys, dans le ciel d’Accalmie. Mais il perd rapidement le contrôle de Vhagar, une grosse et vieille dragonne de guerre. Agressée par le jet de flamme d’Arrax, elle ne répond plus de ses actes et ignore les commandes de son cavalier paniqué. D’un coup de mâchoire, elle ne fait qu’une bouchée de Lucerys et d’Arrax. Aemond, abasourdi et désemparé, comprend que ce qui ne devait être qu’une blague sera à l’origine d’une guerre civile.
X. Si préoccupé par ce qu’il venait de se produire, Aemond n’a pas vu la lune rouge s’élever au-dessus de lui et Vhagar. Tout ce dont il se souvient suivant l’accident est de s’être réveillé dans ce monde dont il ne comprend rien, entre les coutumes et les technologies qui n’ont rien de westerosi. Aemond ne peut nier l’effroi qui le prend aux tripes, mais il sait la camoufler sans trop de problèmes. La solitude initiale ne semble pas l'embêter plus qu’il ne le faut : l’adolescent a compris trop jeune qu’il était, malgré sa famille, seul au sein du monde. Heureusement, le Targaryen est résilient et apprend rapidement à naviguer dans ce monde étranger. D’autant plus qu’il ne tarde pas à retrouver sa mère, son frère Aegon et les enfants.
▼ On connaît Aemond comme un jeune homme distant, voire hostile. Cependant, ce n’est pas le cas en présence de sa famille envers laquelle il parvient à se montrer plus chaleureux. Il prend sur lui de protéger Alicent, en ce monde où tout semble leur échapper, et de s'assurer qu’Aegon cesse de se foutre en l’air. Lorsque le temps le lui permet, il arpente la ville à la recherche de sa sœur Helaena pour laquelle il se fait beaucoup de soucis, se demandant comment elle se débrouille sans lui à ses côtés.
▼ Son impulsivité et sa manie d’user de ses poings avant de recourir aux mots lui ont valu quelques ennuis avec la police, mais l'argent de sa famille suffit à garder son nom sans taches.
▼ Après un parcours plutôt tumultueux à l’école secondaire — l’autorité insupporte Aemond, l’adolescent entreprend un cursus universitaire en droit. Il sait disposer de la ruse, de l’entêtement et de l’éloquence essentiels à la pratique. Le garçon se fait toujours remarquer par son insolence et sa défiance face à l’autorité, mais sa réussite scolaire joue en sa faveur. Bien qu’il n’en soit pas passionné, le Targaryen conçoit qu’il s’agit d’un milieu indispensable pour se construire un réseau de contacts et, éventuellement, acquérir une certaine influence sur l’île.