[terminé] L'enfant disparu | Ambrose

La journée d'Ambrose était terminée. D'un pas lent, il rentrait chez lui, profitant de l'air frais que lui offrait l'extérieur. D'humeur joyeuse, le jeune homme avançait en observant les alentours et en profitant des décors que lui offrait cette ville. La journée était lumineuse, il faisait beau et un léger vent frais rendait le tout bien plus agréable. Comme son travail était terminé, il n'avait plus qu'à rentrer et attendre Sabrina qui devait passer dans un peu moins de deux heures. Il était prévu que les deux dégustent des tonnes de pop-corn devant un film d'horreur. Autant dire que le programme était plaisant, parfait pour la saison et qu'il était impatient de pouvoir le réaliser et de pouvoir revoir sa cousine.

Le reste de sa journée était donc bien réglée, à condition qu'aucun imprévu ne lui tombe dessus. Et ce fut précisément à cet instant que ses yeux se posèrent sur un jeune garçon qui courait après un chat, traversant la route sans y prêter une grande attention. Ambrose s'était automatiquement stoppé, son instinct lui disant de faire quelque chose. Tout naturellement alors, il s'était approché du jeune garçon qui traversait la route une énième fois sans prendre garde à la voiture qui arrivait. Ambrose se précipita, mais l'enfant avait rejoint le trottoir avant que la voiture n'arrive, fort heureusement. Malgré tout, il ne pouvait pas le laisser errer ainsi, au risque qu'il se fasse renverser la prochaine fois, ou pire. Après s'être approché de lui, Ambrose avait remarqué que le petit garçon pleurait, parce qu'il s'était trop éloigné de chez lui et qu'il ne savait pas comment rentrer. Le jeune homme l'interrogea donc sur son adresse ou sur le numéro de téléphone de ses parents, mais il fut bien incapable de répondre. Le mieux qu'il put obtenir, dans un premier temps, était un prénom. Puis, une description vague de sa maison. Avec ça et l'endroit d'où il était arrivé, Ambrose espérait bien pouvoir reconduire cet enfant chez lui, sans avoir à prévenir qui que ce soit, afin de ne pas l'effrayer davantage.

Alors qu'il avançait à côté de l'enfant qui s'était calmé après qu'Ambrose avait promis de le ramener chez lui, l'homme entendit la voix d'une femme hurler le prénom du petit garçon. Un sourire se dessina automatiquement sur ses lèvres et il se dirigea vers la voix de la mère inquiète, la main du petit garçon dans la sienne. Dos à elle, alors qu'elle interrogeait un passant, il lança pour interrompre la conversation en cours : « Je suppose que ce petit monstre est à vous ? » Parce qu'il y avait bien peu de chances pour que deux enfants portant le même prénom aient disparu le même jour, au même moment, dans le même quartier.

Si la journée d'Ambrose était réglée d'avance, il n'avait, en revanche, pas prévu de tomber sur un petit garçon, perdu, qui s'était éloigné de chez lui, sans permission. Comme ce n'était pas un monstre, il tentait de repérer sa maison ou l'un de ses parents. De cet enfant, il n'avait obtenu qu'un prénom et une vague description du lieu où il vivait. Avec une adresse, tout aurait été forcément beaucoup plus simple, mais ce n'était pas grave. Ambrose chercherait un petit moment et si, vraiment, il ne trouvait rien, il laisserait des gens compétents retrouver la bonne maison.

Heureusement pour l'enfant, très rapidement, Ambrose avait entendu une mère crier son prénom. La main du garçon dans la sienne, le sorcier s'était approché de la jeune femme inquiète et s'était annoncé en prononçant quelques mots à propos du monstre qui était à ses côtés. La jeune femme avait aussitôt oublié le passant à qui elle parlait, s'était retournée et avait prit l'enfant dans ses bras. Un sourire s'était dessiné sur les lèvres d'Ambrose en voyant la scène. Il pourrait se vanter d'avoir fait une bonne chose aujourd'hui, au moins.

Alors que la mère lâchait enfin son enfant - pour mieux lui prendre la main et être certaine qu'il ne partirait plus de nouveau, très certainement - elle questionna Ambrose à propos de l'endroit où il l'avait retrouvé, avant de se rendre compte de son impolitesse et de le remercier. « Ce n'est rien, vous étiez inquiète, je comprends. » Comment lui reprocher d'avoir posé une question avant de l'avoir remercié, quand l'inquiétude devait seulement commencer à disparaître ? « Rien du tout, je n'allais pas laisser ce pauvre petit errer tout seul dans les rues. » Il n'avait besoin de rien. Un simple merci lui suffisait amplement. « Il cherchait à regagner votre maison, il était là, en pleurs, dans la rue. » Répondit-il, pour détailler un peu plus comment il avait retrouvé le petit garçon. Il allait passer sur le moment où il avait cru que ce pauvre enfant allait se faire écraser, la mère était suffisamment inquiète comme ça.  

Ambrose imaginait sans trop de peine ce que cette mère avait dû ressentir en voyant que son fils avait disparu. Il ne devait pas être simple de gérer ses émotions dans ce genre de situation parce qu'il devait être compliqué de ne pas se laisser submerger. Alors, il était heureux d'avoir pu rendre un fils à sa mère et lui éviter de longues heures d'angoisse à le chercher, si l'enfant avait pu s'éloigner suffisamment du domicile pour se perdre davantage encore. Il l'avait fait parce que c'était ce qui devait être fait. Il n'attendait rien en retour, à peine un merci si elle tenait à le remercier. La réflexion de la mère, alors, le fit sourire. Lui ? Une âme charitable ? Il n'était pas certain qu'elle puisse continuer de penser la même chose si elle venait à découvrir qui il était réellement, mais là n'était pas la question. Pour toute réponse, le jeune homme se contenta alors de hocher la tête, une fois, de haut en bas, en signe de remerciement, tout simplement.

Brièvement - et en évitant les détails les plus inquiétants pour la mère déjà suffisamment inquiète - Ambrose lui avait raconté ce qui s'était passé et comment il avait retrouvé cet enfant. Il se contenta donc de lui expliquer qu'il l'avait retrouvé errant dans la rue, en pleurs. Suite aux explications du sorcier, la mère s'était agenouillée devant son fils pour le questionner et le sermonner avec douceur. A son âge, il était logique qu'elle s'inquiète autant de sa sécurité et qu'elle ne souhaitait pas le voir sortir tout seul. L'enfant s'expliquait et s'excusait, tandis qu'Ambrose assistait à toute la scène en silence. « Spellman. » Souffla-t-il pour lui répondre. « Mais appelez-moi Ambrose. » Inutile d'y aller de formalités inutiles et en politesse exagérée. Ambrose irait très bien. « Je connais déjà le prénom de ce petit, il ne me manque que le vôtre. » Souffla-t-il, en souriant, pour lui demander, à sa façon, son nom afin d'en terminer avec les présentations. « Ne le grondez pas trop, il a déjà été bien puni. » Se permettait-il de dire alors qu'il n'avait pas à intervenir dans cette histoire plus qu'il ne l'avait déjà fait. « Il était vraiment effrayé, je suis sûr qu'il ne recommencera pas. » La leçon avait dû être suffisante pour ce pauvre garçon qui s'épargnerait de vivre ce genre de situation à nouveau, il en était persuadé.

« Enchanté, Louise. » Répondit-il simplement après la présentation de la mère. Les présentations faites, Louise avait grondé son enfant pour s'être enfui de chez eux, sans prévenir personne et pour son inconscience. En réalité, il suffisait de voir les traits de son visage ou de lire l'inquiétude dans sa voix pour comprendre qu'elle avait, tout simplement, eu très peur et qu'elle ne voulait pas qu'il recommence. Ambrose la comprenait. Qui sait ce qui aurait pu se passer ? Ils avaient eu de la chance, mais la chance tournait et il n'était pas possible de prédire ce qui se passerait s'il devait y avoir une prochaine fois. Néanmoins, Ambrose se permettait d'intervenir pour demander à Louise de ne pas être trop sévère, la frayeur que le petit garçon s'était faite était une punition déjà bien suffisante. « Je l'espère et je vous comprends. » Répondit-il néanmoins aux explications de la mère, qui confirmait ce qu'il pensait. « N'est-ce pas bonhomme ? » Il s'adressait à l'enfant, qui lui confirmait par un timide hochement de tête qu'il avait compris et n'avait aucune intention de recommencer.

« En effet oui, je vis dans un immeuble, pas très loin d'ici. » Souffla-t-il en désignant d'un geste de la main la direction à prendre pour retrouver l'immeuble où il vivait, quelques rues plus loin. « Le petit m'a dit que vous viviez ici, dans une maison, donc je ne vous retourne pas la question. » Ajouta-t-il, en souriant, en jetant un regard complice à l'enfant. « Vous voulez que je vous raccompagne peut-être ? Vous êtes encore toute tremblante. » Se proposa-t-il. Il ne prendrait pas mal un refus, mais par politesse et parce qu'il se voyait mal la laisser repartir ainsi, il préférait demander. Après tout, elle avait eu de fortes émotions et une peur immense, il était normal que tout ne disparaisse pas en un instant. « ou que j'attende avec vous le temps de retrouver vos esprits, peut-être ? » Proposa-t-il également, pour lui laisser le choix.

Ambrose n'avait rien de particulier à faire et il ne se voyait pas abandonner cette pauvre femme dans son état. Elle avait été secouée. La peur de perdre son enfant avait été particulièrement angoissante, ce qu'il était tout à fait capable de comprendre. Elle tremblait encore. Ambrose lui proposait donc d'attendre un peu avec elle ou de la raccompagner. Ainsi, elle ne serait pas toute seule si ses jambes lâchaient après avoir été soumises à tant de stress. « Ça ne me dérange pas du tout. » Assura le sorcier lorsque la jeune femme accepta sa proposition. S'il avait été dérangé par cette idée, il ne l'aurait pas proposé, tout simplement.

Tous les trois se mirent donc en marche, se dirigeant vers la maison de Louise. « Le petit m'avait parlé de fleurs. » Expliqua-t-il en hochant la tête, cherchant des yeux la maison précise. Beaucoup de maisons dans ce quartier avaient des fleurs à l'entrée alors l'information n'avait pas été utile à Ambrose lorsque le petit s'était montré incapable de dire de quelles fleurs il s'agissait. « Ce n'est pas utile. » Insista le jeune homme alors que Louise revenait sur son envie de le remercier. Il n'avait rien fait d'extraordinaire, simplement quelque chose de normal. Avant qu'il ne puisse développer davantage, la mère de famille avait repris la parole. Ambrose ne put s'empêcher de sourire face à une telle obstination. Néanmoins, il pouvait comprendre. Même s'il n'avait pas fait grand-chose en réalité, à ses yeux, il lui avait ramené son fils en bonne santé et sans aucun dégât. Il était logique, au fond, qu'elle veuille l'en remercier.

Alors, après une seconde d'hésitation, qui n'en était pas une, Ambrose hocha la tête à plusieurs reprises, en agitant légèrement les mains devant lui, comme s'il se rendait et qu'il cessait de se battre. Puis, comment résister à ce petit qui lui demandait à son tour s'il viendrait déguster la tartiflette promise par la mère ? Un sourire amusé aux lèvres, il hocha donc la tête en direction du petit garçon, avant de regarder la mère pour accepter son invitation. « Très bien, je capitule ! Deux contre un, je ne peux pas gagner. » S'amusa-t-il avant d'ajouter, presqu'aussitôt : « J'accepte votre invitation avec plaisir. Je vais vous donner mon numéro et si votre invitation tient toujours, vous n'aurez qu'à m'inviter dès que ça vous arrangera. » Lui, il n'avait pas grand-chose à faire, donc elle pourrait l'inviter quand elle en aurait le temps, si elle en avait toujours envie.