After the storm [Alana]

After the storm

feat. Alana

Les dernières semaines n’ont pas été de tout repos, ni pour Margot, ni pour sa famille, quand bien même la jeune femme s’est efforcée de les mêler le moins possible à ses préoccupations, ce qui s’était vite révélé être une tâche complexe, si ce n’est impossible. Morgan était tiré d’affaires. Si elles avaient pu avoir des doutes quant aux limites que Mason était capable de franchir ou non, elles étaient à présent fixées : il avait bel et bien empoisonné cet enfant afin de servir ses propres intérêts. Fort heureusement, le personnel hospitalier était intervenu à temps, et s’il devait y avoir des séquelles sur le pauvre Morgan, elles seraient sans doute davantage psychologiques que physiques.

Sur ce point, Margot ne pouvait s’empêcher de se reposer sur sa psychiatre d’épouse dans l’espoir que cette dernière trouve les mots réconfortants qui apaiseraient les éventuels traumatismes de leur fils. Ce dernier n’était absolument pas bavard concernant ce que son frère lui avait fait endurer, et c’était ce qui inquiétait le plus Margot. Parce qu’elle connaissait son frère, parce qu’elle savait ce qu’il avait été capable de faire à des enfants innocents, et à l’adresse desquels il ne pouvait prétendre à aucun mépris particulier. Dans les prochains temps, elles devraient être très vigilante à l’état de Morgan, c’est certain… malheureusement, il n’y a pas qu’à cela qu’elles doivent se montrer vigilantes.

En attendant de récupérer officiellement l’héritage de Mason, ce qui prendrait probablement du temps puisqu’il faudrait compter après l’enquête pas encore close concernant la mort de ce dernier, Margot a récupéré les économies de ce dernier où elle savait qu’il avait pour habitude de les planquer. Il ne lui en reste plus grand-chose, cet argent a majoritairement servi à acheter le silence – qu’elle redoute fragile – des hommes de mains de son frère. Le reste, elle le met de côté. Pour sa famille mais aussi pour ce projet de ranch qui prend doucement une place de plus en plus grande dans son esprit… Elle est partagée… le nombre de ses inquiétudes l’empêche de goûter totalement à sa liberté nouvellement acquise, et à toutes les opportunités qui lui seront offertes à présent – si elle ne commet pas l’erreur de se laisser enfermer… mais il semblerait que le destin joue en sa faveur.

Elle ne savait rien de la policière qui l’a interrogée, mais cette dernière, en revanche, semblait en savoir beaucoup à son sujet… et au sujet de son frère… Elle ne s’attendait certainement pas à ce que son interrogatoire prenne cette tournure, mais elle en est ressortie avec le sentiment d’avoir remporté une petite victoire. Et alors qu’elle passe le pas de son appartement, de leur appartement, elle réalise qu’elle n’a pas jeté de regard apeuré dans son dos pour ce qui lui semble être la première fois de sa vie.

« Je suis rentrée », fit-elle, cherchant du regard Alana, qu’elle retrouve finalement dans la cuisine. Morgan joue les assistants cuisiniers dans un tablier dix fois trop grand pour lui. Cette vision lui décoche un tendre sourire. « Ça ce n’est pas si mal passé », fait-elle après avoir déposé un baiser sur la joue de son fils, et un autre sur les lèvres de son épouse. « En fait, ça a même été… intéressant, je dirais. »

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Un instant, Margot se perd dans la contemplation de son fils, partagée entre tendresse et inquiétude, peur et fierté. Elle se doute que ces sentiments batailleront encore très longtemps dans son esprit quand il sera question de leur fils, mais au moins, le pire est derrière elles… elle veut y croire, du moins. Cette épée de Damoclès qui avait trop longtemps pesé au-dessus de leurs têtes a enfin été détruite, elles n’ont plus besoin de redouter quoi que ce soit à ce sujet, et c’est un véritable soulagement aux yeux de Margot, même si d’autres sujets d’inquiétude ne tardent évidemment pas à l’assaillir et à faire l’objet de ses préoccupations. Cela dit, elle sait que sa situation pourrait être bien pire, et c’est là-dessus, avant tout, qu’elle fait le choix de se concentrer. Elle finit donc par détourner les yeux de Margot pour se concentrer totalement sur Alana.

Elle semble rassurée, quoiqu’intriguée, il faut dire que l’une et l’autre n’avaient pas vraiment su à quoi s’attendre. Elles avaient travaillé son témoignage et sa défense. Dans leur malheur, la situation de Morgan avait aussi été leur bouée de sauvetage : il leur avait offert un alibi en or… mais un alibi fragile néanmoins. Elles n’étaient à l’abri de rien, et elles le savaient, autant l’une que l’autre. Cette interrogatoire aurait, par conséquent, pu aboutir à une véritable catastrophe, mais ça n’a pas été le cas. Bien sûr, rien n’est jouée encore, et tant que l’affaire n’aura pas été classée, Margot et Alana auront tout intérêt à ne pas se reposer sur leurs lauriers, mais la situation paraît, tout du moins, plaider en leur faveur.

« Clarice Starling. Apparemment tu l’as déjà rencontrée », observe Margot en la fixant avec intérêt. « Elle connaissait Mason, ou… enfin, je ne suis pas vraiment certaine d’avoir tout compris mais… » Et pour cause, les circonstances ne prêtaient pas vraiment à un résumé de la situation. Margot a compris, en sous-texte, que cette femme avait connu Mason dans sa vie passée… mais que ce n’était pas exactement lui… tout en lui ressemblant en de trop nombreux points pour ne pas être lui. En bref, c’était incompréhensible, mais Margot pense en avoir compris assez. « … elle ne le porte pas dans son cœur. Sans surprise. » Elle marque une pause. « Je ne sais pas si ma défense l’a totalement convaincue, mais je sais qu’elle me protègera. » Elle reporte son attention sur Morgan, très concentré sur l’exercice de découpe auquel il s’applique, il faut bien l’admettre, avec un soin tout particulier. « Qu’elle nous protègera. »

Et elles ne peuvent clairement pas cracher dessus. Elles ont beaucoup trop besoin de soutien, c’est une certitude. Si ce soutien peut leur venir de Margot, ce ne peut bien sûr qu’être une excellente chose… Elle ne veut pas se leurrer, se laisser abuser une fois de plus… mais elle pense que pour une fois, le destin plaide en leur faveur, et c’est un véritable soulagement.

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Margot hoche simplement la tête aux propos d’Alana, qui viennent confirmer ce qu’elle pense elle-même. Oui, dans des circonstances comme celles-ci, il faut espérer que les ennemis de leurs ennemis puissent être considérés comme leurs amis. Faut-il s’arrêter à une vision aussi simpliste ? peut-être que cela est dangereux, peut-être est-ce même chose terriblement hasardeuse, mais Margot a décelé des signes qui ne trompent pas, dans le regard et dans le discours de cette enquêtrice au moment de lui parler de son frère. Clarice Starling n’a pas seulement connu son frère de nom ou de réputation. Elle a vu le monstre qu’il était, et elle l’a probablement vu de suffisamment près pour savoir que certaines têtes méritent d’être coupées, sans distinction, sans scrupules. Oui, il ne faudrait pas se fier complètement à cette possibilité, et estimer par conséquent que tout risque a été écarté, mais disons du moins que l’on peut considérer la chose comme un tant soit peu encourageante.

« Elle fera son travail dans tous les cas », observe Margot qui sait tout de même rester un tant soit peu rationnelle.

Car si Clarice Starling en sait autant, elle pourrait finir par ne plus être un atout pour eux, et c’est une chose qu’ils ne peuvent pas négliger ou mettre de côté non plus. Chaque médaille a son revers… pourtant, Margot choisit d’être optimiste, pour la première fois depuis bien longtemps dans son existence. Quelles que puissent être les tourments auxquels leur famille sera exposée dans les temps à venir, Margot estime que rien ne pourra égaler la menace que représentait autrefois Mason Verger. Libérée de l’emprise de son frère, la jeune femme se sent plus libre de ses pensées, de ses actes, et plus sûre de ce qui adviendra. Auparavant, son avenir était dangereusement limité, et Margot ne pouvait pas en attendre, ni en espérer grand-chose, mais la donne a sérieusement changé, à présent, et d’une manière que l’on peut considérer comme encourageante. Il y a de fortes chances pour que, en s’entourant des bonnes personnes et en tirant les bonnes ficelles, elles s’en sortent toutes les deux à bon compte. Ils s’en sortent tous les deux à bon compte, et c’est ce qu’elle veut garder à l’esprit avant tout.

Alana a cependant raison de se montrer prudente, en effet, elles ne peuvent pas être sûres à l’avance que cette femme les protégera, elles ne savent pas suffisamment de choses sur elle (quand elle, en revanche, paraît en savoir beaucoup trop pour sa part).

« J’ai fait le mien, je m’en suis tenue à la version dont nous avons décidé toutes les deux, j’ai su répondre à toutes les questions quelle m’a posé sans hésitation, qu’elle ait des doutes ou non, elle ne doit rien avoir d’incriminant contre nous dans tous les cas. » Elle pousse un soupir. « A quoi bon se dispenser d’un Jack Crawford pour en supporter un autre. » Elle esquisse un sourire. « Je vais me servir un verre, tu en prendras un ? » Elle n’attend pas sa réponse pour, d’autorité, sortir deux verres d’un placard avant de s’atteler à déboucher une bouteille de vin rouge. « Il faudra probablement qu’on finisse par en discuter plus concrètement », reprend-t-elle tout en remplissant leurs verres. « De Will et de ce cher docteur Lecter. »

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Margot prend le temps de savourer son verre de vin en même temps qu’elle regarde, toujours attendrie par sa seule présence, leur seule présence, Alana suggérer à leur fils de prendre congé d’elles. C’est une conversation qu’il n’a pas besoin d’entendre. Morgan en a déjà trop entendu, trop vu. Margot n’aura pas été capable de le préserver de la cruauté de son frère en dépit de tous ses efforts, mais elle sait néanmoins que tout ceci est derrière elles à présent. Elle n’affiche aucune inquiétude à ce sujet en présence de son fils, mais c’est que, en réalité, elle n’en ressent pas vraiment elle-même. Pas à ce sujet, du moins. Malheureusement, Mason Verger, s’il représentait la menace la plus immédiate pour elles, n’était pas pour autant la seule épée de Damoclès à reposer au-dessus de leurs têtes, et elles le savent toutes deux, raison pour laquelle elles devront faire d’une exemplaire prudence dans les temps à venir. Si elles se sont sorties de ce qui avait fort ressemblé à une impasse, elles sauront réchapper à la suivante, mais pour cela, bien sûr, il est important – pour ne pas dire essentiel – qu’elles communiquent au maximum toutes les deux.

Ce n’est qu’une fois que Morgan a disparu de leur champ de vision qu’Alana accepte de reprendre la parole. D’une réponse tout d’abord laconique, presque distance parce que trop neutre pour les circonstances qui les préoccupent vraiment, pour ce qu’elles ont la nécessité la plus impérieuse de prendre en considération. Elle sent qu’Alana est partagée, mais le regard que Margot lui oppose en dit long sur son état d’esprit. Elle ne la laissera pas se dérober à ce qu’elle estime être un sujet bien trop important. Certes, cette première crise n’est même pas encore derrière elles, et peut-être qu’attendre que ce soit le cas avant d’en gérer une seconde serait préférable, mais cela semble particulièrement hasardeux. Les événements récents – mais pas que – leur ont bien prouvé que la situation peut s’emballer et échapper à tout contrôle à n’importe quel moment, et elles doivent impérativement se tenir prête. Elles n’ont pas le choix, voilà tout.

La situation est complexe, c’est ce qu’elle lui concède tout d’abord. Et c’est une certitude. La situation est toujours complexe, avec elles, et c’est bien le problème. Oui, elle veut qu’elles en parlent, et non, Alana ne lui imposera rien du tout. Mason est mort, ce n’est plus un problème, et tout ce qu’elle a enduré mérite de ne pas l’avoir été en vain. Margot tient à ce qu’elles soient transparentes l’une envers l’autre. Ce n’est pas une chose qu’elle considère comme un caprice, mais bel et bien comme une impérieuse nécessité, qu’elle espère bien présenter comme telle à son épouse.

« Tout fardeau que tu portes est forcément le mien, Alana », répond-t-elle doucement. Parce que c’est vrai. Elles partagent tout, absolument tout. Margot se rapproche doucement de son épouse, dépose une douce caresse sur son bras. « Tu ne m’imposes rien du tout, d’accord. » Elle cherche son regard. « Parle-moi, s’il te plaît. »

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Margot fixe son épouse avec la plus grande attention tandis que cette dernière admit, après avoir bu une gorgée de son vin, que ce qu’elle allait lui annoncer n’allait pas franchement lui plaire. Margot n’avait pas vraiment de doutes à ce sujet et c’est pour cette raison qu’elle tient à ce qu’Alana lui en parle sans plus de détours. Cela fait un moment qu’elles auraient dû avoir cette conversation, mais elle avaient eu bien d’autres priorités à ce moment-là. La priorité, c’était Mason, et la nécessité de s’en débarrasser. Mais à présent que le frère de Margot a été évincé du tableau, il n’est plus question de faire la sourde oreille ou de faire comme si de rien n’était. Il est temps, bien au contraire, d’observer les faits en face, et ce serait forcément plus simple en faisant preuve de la plus totale transparence l’une vis-à-vis de l’autre.

La jeune femme hoche la tête, l’air sérieux, tout en trempant les lèvres dans son verre, quand Alana fait référence à la promesse d’Hannibal. Oui, Alana lui en parlé, mais Margot est convaincu qu’il n’y a pas que cela. Dans leur autre vie, elles ont pu échapper à l’ire d’Hannibal, à ses menaces dangereuses, en quittant le pays… ici, sur cette île, il est impossible de fuir, et Hannibal est certainement capable de les suivre à la trace. Ils ne peuvent pas espérer après un oubli providentiel de la part du psychiatre. Cet homme aime à répéter qu’il n’a qu’une parole, et ce n’est probablement pas sans raison. Elles ne peuvent pas le laisser faire, c’est une évidence, mais ce n’est pas assez… et en effet… La suite coupe le souffle de Margot quelques instants : non, ce n’est pas acceptable. Non, Margot ne le tolèrera pas. Surtout pas. Sous aucun prétexte.

« Non », fait-elle immédiatement, catégorique, en reposant son verre et en cherchant le regard d’Alana. Quand elle voit y poindre des larmes, elle se sent dévastée. « Non Alana. C’est hors de question, tu m’entends ? » Elle se rapproche d’elle pour la prendre dans ses bras. « Morgan grandira auprès de ses deux mères, je ne laisserai personne te prendre à moi. » Elle caresse doucement les cheveux de son épouse. « Qu’est-ce que tu lui as dit pour le convaincre de nous garder en vie ? Je peux peut-être tenter de négocier avec lui ? »

Ce qui est certain, en tout cas, c’est qu’elle ne restera pas les bras croisés sans rien faire. Elle a l’intention de se battre pour elle, pour eux, quoi qu’il advienne, et rien ne saura l’empêcher.

« Si ce doit être la seule solution… », reprend-t-elle d’un ton plus sombre, « Hannibal connaîtra le même sort que Mason. »

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« Mais je n’ai pas participé à ces négociations », rétorque immédiatement Margot, qui est incapable d’entendre ce qu’Alana s’efforce de lui faire comprendre – à savoir que tout a été dit, et qu’il n’y a plus rien à faire.

Non, c’est hors de question. Elle ne veut pas l’entendre, elle ne peut pas l’entendre. Margot a besoin d’Alana auprès d’elle… elle a déjà oublié une grande partie de leur vie commune, on lui a déjà volé cela, elle ne veut pas qu’en plus de ses souvenirs envolés, on la prive de la femme qu’elle aime pour le temps qu’il lui restera. Elle connaît Hannibal… même si elle se méfie profondément de lui, elle peut discuter avec lui, elle peut essayer de lui parler, elle n’est pas une inconnue à ses yeux – et d’une certaine manière, elle est presque convaincue qu’il a une certaine estime pour elle, suffisamment pour l’écouter, en tout cas. … Ceci dit, il a probablement du respect pour Alana aussi.

Non, elle ne peut pas tolérer cela. D’une manière ou d’une autre, elle doit réussir à faire quelque chose. Elle ne laissera pas quoi que ce soit arriver à son épouse. S’imaginer affronter cette vie seule avec Morgan n’est pas envisageable à ses yeux. Elle est forte, elle s’efforce de l’être, du moins, mais elle est convaincue qu’elle se sentira forcément perdue, démunie, si Alana devait ne pas se tenir à ses côtés pour l’aider à supporter toutes les vicissitudes d’une éprouvante existante. Non, elle ne veut surtout pas qu’elle accepte la situation telle qu’elle est. Elle s’en convainc, définitivement, il y a forcément quelque chose à faire… c’est obligé. Ça ne peut pas juste s’arrêter comme ça.

Bien sûr, Alana n’a que de bons arguments. Elle se sacrifie pour les protéger. Et elle ne peut nier, oui, qu’Hannibal Lecter est probablement bien plus dangereux que Mason, car bien plus intelligent et bien plus imprévisible. S’il l’a toujours bien moins inquiétée, parce qu’elle était accaparée par son monstre personnel, trop obnubilée pour prendre véritablement conscience du danger plus grand encore qui les menaçait et les attendait à l’encablure.

« Je ne veux pas me préparer au pire », insiste-t-elle. « Je veux me préparer au meilleur », réplique-t-elle aussitôt.

Non, elle ne peut pas accepter ce sort, d’une manière ou d’une autre, elle contrera le destin. Toutes les promesses du monde peuvent être brisées, il faut simplement trouver les bons leviers sur lesquels appuyer afin de parvenir à ses fins, voilà tout. Elle ne veut pas croire qu’il n’y ait pas d’issue. Elle trouvera une solution, peu importe laquelle. Il ne peut pas en être autrement, voilà tout. Et elle peut réussir à faire quelque chose. Elle doit réussir à faire quelque chose. A tout prix.

« Hannibal est intelligent, mais toi aussi, moi aussi. On peut faire quelque chose, j’en suis sûre », répète-t-elle comme pour s’en convaincre elle-même… avec plus ou moins de succès. « Il doit bien y avoir un moyen, il doit bien avoir un point faible, un moyen de pression. Tout le monde en a un. Même lui. »

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Margot a peut-être tort d’insister, de croire qu’elle pourra sauver Alana, envers et contre tout. Peut-être devrait-elle se focaliser sur leur fils, et songer à son confort envers et contre tout, peut-être devrait-elle déjà s’assurer de sa survie plutôt que de se reposer sur ce qui est probablement sans espoir… peut-être bien, mais c’est impossible. Margot a besoin d’Alana, elle a beaucoup trop besoin d’elle pour permettre qu’on la lui retire. C’est déjà arrivé une fois, on l’a privée de sa famille et de tout ce qui comptait vraiment à ses yeux. Elle n’acceptera certainement pas que cette situation se reproduise… Non, elle luttera, envers et contre tout, pour le bien de sa famille, pour la survie de ceux qu’elle aime.

Elle se raccroche à l’idée qu’Hannibal Lecter, si dangereux soit-il, ne saurait être infaillible. Personne ne l’est, même les plus grands psychopathes de l’histoire de l’humanité ne le sont pas… Alors elles peuvent réussir à obtenir un moyen de pression sur lui, n’importe lequel. Et Alana semble se ranger à son opinion puisque son moyen de pression, elle le connaît. Etrange comme ils peuvent être à ce point différents, de vrais ennemis, et en même temps avoir des points communs si cruciaux. Le point faible d’Hannibal est le même point faible que celui de Margot et d’Alana… sa famille. Et comme pour elles, cette famille est probablement son point fort également, par la même occasion… Tout dépend de la manière dont elles décideront d’exploiter cette situation.

« Menacer de révéler son vrai visage au grand jour pour espérer qu’il nous laisse tranquille et revienne sur sa promesse, c’est ça ? »

Margot réfléchit… Elles pourraient probablement le faire tomber… mais elle a tout de même l’intuition que ça ne suffirait pas… Ce n’est pas Hannibal qu’il faut déstabiliser directement si elles veulent parvenir à quoi que ce soit, mais cette famille qu’il est parvenu à construire dans cette ville, comme on obtient de meilleurs résultats avec elles en s’en prenant à Morgan plutôt qu’en les attaquant frontalement.

« Quand tu parles de sa famille, tu parles de Will Graham, je suppose… de qui d’autre ? » Elle marque une légère pause. « … d’Abigail ? » suggère-t-elle alors – et c’est bien la première fois qu’elle évoque le nom de cette jeune femme dont l’histoire et la personnalité l’ont tant touchée à son épouse. « Tu sais bien que je suis prête à tout pour toi et pour Morgan. A absolument tout. »

A mentir, à trahir, à manipuler, à détruire, à tuer… peu importe. Sa famille passera toujours avant tout le reste. Avant elle-même… comme c’est le cas d’Alana, qui semble même prête à se sacrifier pour le bien-être des siens.

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Malheureusement, Margot devine sans mal qu’Alana a totalement raison. Menacer Hannibal serait sans effet, mettre leurs menaces à exécution serait beaucoup trop dangereux. Même le chat le plus agile peut faire une mauvaise chute et ne pas retomber sur ses pattes, mais Hannibal Lecter est un homme intelligent, vraiment très intelligent. La dernière chose qu’elles doivent faire est de le sous-estimer, c’est une chose dont elles ont forcément toutes les deux conscience, une chose qu’elles ne peuvent certainement pas ignorer. Mais alors quoi ? Il faut bien qu’elles trouvent une solution, et même si cette situation n’existe pas, il faudra tout de même qu’elles l’appliquent. Margot refuse qu’Alana lui soit prise, ou que Morgan grandisse sans l’une de ses deux mères. Tant qu’elles sont toutes les deux en vie, elle est convaincue du fait qu’elles sont capables de trouver une solution… reste à savoir laquelle, bien sûr, mais en mettant leurs idées en commun, en laissant mûrir leurs idées respectives… il doit bien y avoir un moyen pour elles de parvenir à leurs fins, n’est-ce pas ? Il le faut. C’est nécessaire. Margot refuse qu’il en soit autrement.

Alors si s’en prendre à Hannibal et le menacer directement ne suffit pas, c’est vers ses proches qu’il faut se tourner. Margot s’imagine mal se tourner vers Will Graham, encore moins au vu de son passif avec lui – ou même du passif d’Alana avec ce dernier. Mais il reste le cas d’Abigail… un cas très particulier, dont ni l’une ni l’autre n’avaient encore parlé. Jusqu’ici, les conversations de Margot avec Abigail avaient appartenu au champ de son jardin secret. Elle avait préféré ne pas évoquer cette rencontre singulière, mais alors que l’urgence se fait sentir, elle ne se voit plus le cacher. Face à la surprise d’Alana, Margot comprend par ailleurs bien vite que s’il est des informations qu’elle s’est épargnée de communiquer à son interlocutrice, l’inverse est également vrai. Preuve qu’elles n’ont pas encore tiré tous les atouts de leur manche, et qu’en rassemblant les derniers éléments qu’elles n’avaient pas songé à mettre en commun, elles pourront peut-être – peut-être – parvenir à quelque chose.

« Je l’ai rencontré à proximité du cabinet du docteur Lecter, quand je le consultais encore. Je la connaissais de réputation, bien sûr… cette sordide histoire avec son père, mais j’ai appris de nombreuses choses que j’ignorais. » Elle marque une légère pause. « On se ressemble beaucoup, elle et moi… même si certains de ses choix de vie sont bien plus contestables que les miens. »

Comme celui, donc, d’aller vivre chez Hannibal Lecter et Will Graham après l’assassinat de son père. Mais ce point en particulier avait probablement été le plus prévisible entre tous, à bien y regarder… Le plus inévitable aussi, probablement.

« J’en déduis que tu la connais plutôt bien, toi aussi ? »

Abigail ne lui avait jamais parlé d’Alana… Et pour cause.

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feat. Alana

La réaction d’Alana est sans équivoque. Margot la connaît. Elle sait que si elle se comporte ainsi, ce ne peut pas être sans raison, et en effet, Alana ne tarde pas à lui en apprendre plus sur les circonstances terribles dans lesquelles Abigail et Alana se sont connues, en commençant plus ou moins par la fin de leur histoire commune. Margot porte une main à ses lèvres, choquée, quand Alana lui apprend qu’Abigail est celle qui l’a défenestrée. En soi, Margot n’est pas surprise du fait qu’Abigail puisse être capable d’un tel acte de cruauté, mais qu’elle ait pu vouloir s’en prendre à son épouse… Ces deux observations entrent, dans son esprit, en totale contradiction, et elle n’arrive pas à accepter l’idée que les deux puissent véritablement coïncider. Le ton de la voix d’Alana est neutre, mais Margot sait qu’elle ne doit pas s’y fier, elle comprend qu’il y a toute une histoire hors de sa portée qu’il est grand temps qu’elle découvre enfin.

Alana était donc la psychiatre d’Abigail… rien qui ne justifie réellement que cette dernière en soit venu à un acte de si rare violence… Mais l’histoire se découvre en filigrane. La mort factice d’Abigail Hobbs, Alana en avait bien évidemment entendu parler, tout le monde en avait entendu parler à l’époque, de même que du procès très médiatisé – du moins à l’échelle de Baltimore – de ce profiler devenu fou qui aurait commis plusieurs meurtres dont celui-ci, sans doute le plus cruel.

« Elle était sous emprise… », déduit amèrement Margot.

Elle ne le dit pas le moins du monde afin de trouver des excuses à cette jeune femme avec qui elle s’est presque trop naturellement liée d’amitié, mais elle le dit parce qu’elle a pertinemment conscience du fait que c’est le cas. Oui, Abigail Hobbs était sous emprise. De Will Graham ou d’Hannibal Lecter, peut-être bien des deux, il manque à Margot quelques informations fondamentales pour en avoir le cœur net.

« Elle est toujours sous emprise. »

Une emprise qu’elle semble avoir docilement acceptée, si Margot se fie à ce qu’a été leur dernière conversation. Est-ce que cela la rassure pour autant ? Pas le moins du monde, non. C’est même tout l’inverse. Elle n’a pas protesté, ayant aisément admis que cela ne servirait absolument à rien, mais en revanche, elle estime tout naturellement que la compagnie de ces deux hommes ne lui fera aucun bien, ce que le discours d’Alana ne fait que confirmer. Elle est sous emprise, comme, à sa manière, Margot a été sous l’emprise de son frère… et elle arrive pour la peine à imaginer que, libérée de cette emprise, ses actions sauraient être pardonnées.

« Tu sais qu’elle vit avec eux ? »

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feat. Alana

Le cas d’Abigail est aussi terrible que, semble-t-il, irréversible. Sous l’emprise d’Hannibal depuis beaucoup trop longtemps pour s’y soustraire. Margot, qui s’est prise d’affection pour la jeune femme, pourrait espérer y faire quelque chose, mais elle a bien eu conscience, au fil de leurs quelques conversations à ce sujet, qu’elle ne fera jamais le poids face à Will et Hannibal. Elle pourrait se consoler en songeant au fait que l’un comme l’autre de ces deux hommes semblent au moins bien la traiter, dans la mesure où l’un comme l’autre en seraient capables, mais quelque chose la retient d’apprécier totalement une telle affirmation, qui souffre partiellement de constats plus amers et plus violents.

Ces hommes restent dangereux, pour les autres et pour elle. Qu’elle ait sciemment accepté de se laisser couper une oreille pour faire accuser Will de son meurtre en dit définitivement long. Bien trop long. Margot n’aime pas ça, elle n’aime pas l’idée de laisser Abigail aux prises avec ces deux individus toxiques en affirmant qu’il n’y a rien à faire contre leur emprise, quand Margot, de son côté, est finalement parvenue à se libérer de l’emprise de ses frère.

Alana n’est pas surprise d’apprendre qu’Abigail a fait le choix d’aller vivre chez ses pères de cœur. Ce n’est pas une surprise en effet, ça ne l’a pas non plus été pour Margot, même si elle aurait préféré que la jeune femme fasse d’autres choix. Dans ce moment, elle aurait pu être libre de devenir qui elle voulait… Une fois libérée de la violence de son père, elle pouvait s’offrir la vie qu’elle méritait – une vie plus agréable, plus simple… Mais elle a fait son choix. Un choix que Margot comprend pleinement en même temps qu’elle se retrouve incapable de ne pas le déplorer.

« Les plus belles choses naissent souvent de ce que nous vivons de plus laid », observe doucement Margot avec un fin sourire…

Car oui, c’est vrai, sans tout ce qui s’était passé, Alana et elle ne se seraient jamais rencontrées, et Morgan ne serait probablement jamais né. De même si Mason n’avait jamais existé ou n’avait pas été cette sombre ordure qui lui servait de frère… Envisager la chose sous cet angle est certainement la manière la plus sûre de la rendre plus supportable. Ce n’est pas forcément complètement pertinent, certes, mais ça l’est en tout cas suffisamment pour rendre plus supportable ce qui ne devrait jamais l’être… Et donne une raison d’être, si sombre soit-elle, au pire qu’elle ait jamais eu à endurer.

« Je m’inquiète pour elle. Abigail », confesse Margot, qui ne peut s’empêcher d’en parler plus longuement à présent qu’Alana lui a confié tout ce qu’elle sait d’elle sans rien lui dissimuler. « Je me suis attachée à elle », ajoute-t-elle doucement sans en préciser les raisons.

Alana comprendra pourquoi. Sur de nombreux aspects, Margot et Abigail se connaissent et se comprennent.

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Margot sait, malheureusement, qu’elle a raison de s’inquiéter pour Abigail, et elle apprécie qu’Alana ne lui reproche pas cette amitié imprévue, mais qui en effet, quand on y réfléchit, coulait de source. Une simple conversation avait suffi à Alana et Margot pour comprendre qu’elles étaient liées, d’une certaine manière, au regard de leurs parcours, de leurs choix, de leur expérience et de leur caractère. Les choses devaient tout naturellement se passer ainsi. Même si les principales concernées étaient loin de s’y être attendues.

Margot ne sait s’empêcher d’afficher un fin sourire quand Alana affirme qu’elle est certainement ce qui pouvait lui arriver de mieux. Elle a envie de lui rétorquer qu’elle n’est pas objective le moins du monde – ce qui est vrai –, mais en même temps, elle a envie de croire que c’est bel et bien le cas. Elle veut être cette grande sœur bienveillante qui l’aidera à faire les bons choix quand la situation l’imposera. Et elle l’imposera forcément. Abigail ne peut pas être en sécurité tant que la jeune femme sera soumise au giron des deux hommes terriblement dangereux que sont Hannibal Lecter et Will Graham. Ces deux derniers pourront bien prétendre agir dans son intérêt, ils le pensent même probablement, ce n’est pas pour autant qu’elle ne doit pas faire preuve de vigilance. Bien au contraire, même, la situation impose d’autant plus qu’elle fasse preuve de toute la vigilance du monde.

« Je ne sais pas si ma vision des choses est si saine que cela. Tu sais, notre conversation a tout de même beaucoup tourné autour du fait qu’elle devrait tuer son père et moi mon frère… Je ne sais pas si on peut considérer cela comme véritablement sain », remarque Margot d’un ton léger, après qu’Alana lui ait assuré qu’Abigail avait besoin d’entendre une vision des choses qui ressemble à la sienne.

Pour ce qui est de l’écarter de leurs agissements concernant Hannibal, Margot est tout à fait d’accord sur ce point. Elle ne veut surtout pas que la jeune femme devienne un dommage collatéral, il en est même hors de question.

« Elle ne me fera jamais confiance autant qu’à eux », affirme-t-elle, puisque c’est la vérité. Elle le voudrait, elle a déjà tenté, à sa manière, de mettre en garde Abigail… Mais contre quoi ? La jeune femme sait déjà tout, et elle a tout de même décidé de rester auprès de ses deux pères adoptifs, et à présent qu’elle est installée chez eux, la situation est d’autant plus complexe, c’est un fait. « Mais elle me fait confiance. »

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feat. Alana

Le concept de nécessité avait toujours transcendé la notion de morale dans l’esprit de Margot. Les deux, parfois – et en réalité, bien souvent – ne pouvaient pas être compatibles. Bien sûr, négliger la morale au profit de ce que l’on estime nécessaire, c’était toujours empiéter sur les nécessités de l’autre, mais dans des cas tels que celui de son frère, ou encore du père d’Abigail, on ne pouvait pas dire que ce soit une mauvaise chose. C’était un service qu’elles s’étaient rendu à elles-mêmes, mais pas seulement. C’était aussi un service qu’elles avaient rendu à de nombreux autres, même si leurs considérations avaient été tout à fait égoïstes, ne nous leurrons pas.

Margot hoche doucement la tête alors qu’Alana reconnaît qu’Abigail a eu raison de se débarrasser de son géniteur, quand bien même son grand tort est d’oser faire confiance à Will et Hannibal… Un tort que Margot voudrait avoir le pouvoir de corriger – mais même si elle peut se targuer d’avoir une certaine influence sur la jeune femme, ce ne sera probablement jamais au point de pouvoir l’encourager dans une telle direction. Qui sait, à force de rencontres et de conversations, elle pourra peut-être y changer quelque chose ? Mais se donner un tel rôle, c’est renforcer un danger déjà bien réel qui pèse sur les vies d’Alana et de Morgan. En somme, aucune issue ne semble heureuse pour elles tant que Will et Hannibal seront en vie. A ce titre, leur mort est probablement tout aussi nécessaire que l’avaient été celles de Mason Verger et de Garret Jacob Hobbs.

Encore faut-il savoir quelles cartes elles pourraient être susceptibles de jouer sans que le jeu ne se retournent totalement contre elles. Sont-elles maudites pour s’attirer à elles ainsi tous les monstres qui existent ? Certes, Margot se sent libérée d’un véritable poids depuis que son frère est mort, d’autant que même si elle devine avoir la police sur les côtes encore un moment, elle pense réellement être capable de s’en sortir. Mais pour le reste… Pour le reste, elles devront être à l’affût, et plus intelligentes… Deux choses qu’elles savent être, Margot est sûre et certaine de cela.

Alana évoque le cas de Freddie Lounds, et du fait que cette dernière échouera très probablement à la raisonner (et pour cause, qui daignerait faire confiance à Freddie Lounds sans prendre le risque de s’en mordre les doigts plus tard ?). Margot est probablement plus en mesure d’écouter ce qu’elle a à dire, même si elle n’est pas totalement sûre de savoir faire le poids face à Hannibal… Will… Will c’est une autre histoire. Margot n’est pas sûr de savoir l’appréhender aussi bien qu’Alana en est capable. Elle l’a mieux connu qu’elle, il faut le dire… Leur moment d’intimité calculée n’est certainement pas ce qui aura suffi à lui permettre d’appréhender sa personnalité et ses réactions convenablement.

« On doit compter sur un effet domino, en somme. Toucher Abigail de manière à toucher Will… de manière à toucher Hannibal. »

C’est au moins une solution, disons. Margot pousse un soupir et vient se blottir dans les bras de son épouse.

« Je crois que je n’ai vraiment plus l’énergie d’y réfléchir pour l’instant. »

After the storm

feat. Alana

S’en tirer sans effusion de sang… Cette pensée fait frissonner Margot. Le sang, elle n’a plus peur de le verser depuis longtemps. Elle a perdu toute considération morale à ce sujet dès l’instant où son frère lui a pris son innocence et a mis sa vie sous clés. Verser le sang de Mason était jouissif… verser le sang d’Hannibal, ou même de Will, serait probablement libérateur, également, mais il est des monstres dont il faut admettre qu’on ne sera jamais capables de les défier… Hannibal Lecter est de cette catégorie. Tout ce qu’Alana et elles peuvent se permettre de faire, c’est encore négocier, négocier autant que possible dans l’espoir d’obtenir finalement gain de cause. L’effusion de sang ne tiendra pas à grand-chose… c’est un effet en chaîne. Soit tout le monde en souffrira, soit certains seront épargnés… et c’est une nécessité qu’ils le soient tous, car si Margot peut endurer sa propre souffrance, elle ne serait pas capable de faire face à celle de son fils, lui qui, déjà, avait frôlé une mort certaine.

Margot hoche seulement la tête à l’affirmation d’Alana. Elles savent toutes les deux ce qu’elles peuvent et doivent faire. Elles savent également toutes deux quelle sera la deuxième option si une solution pacifiste devait échouer – ce qui est une hypothèse plus que probable. Elles devront alors prendre d’autres décisions, choisir d’autres voies. Ça ne la rassure pas, mais il le faudra probablement. Ces pensées sont loin de plaire à Margot, loin  de la rassurer également, mas elle sait être lucide sur leur situation néanmoins… Ce qui ne l’empêche en rien de vouloir échapper à ce poids, sur ses épaules, quand la situation le permet.

Pour l’heure, son cerveau en ébullition a définitivement besoin d’une pause, et à l’évidence, Alana le comprend, car elle lui fait comprendre, d’un doux baiser sur la tempe, qu’elle est prête à lui laisser ce repos plus que mérité. Margot esquisse un fin sourire. Elle sait bien qu’il faudra plus qu’un massage pour que toutes ses tensions disparaissent… mais sur le moment, ça a tout de même le don de lui faire un bien fou, c’est rien de le dire.

« Tu ne t’y prends pas trop mal », répond doucement Margot avec un fin sourire, tout en fermant les yeux pour mieux apprécier le massage des doigts de son épouse tout contre sa nuque. « Tu peux continuer comme ça… » Elle tourne légèrement la tête pour croiser le regard d’Alana et lui adresser un regard malicieux. « Tu peux aussi  continuer ici… » Elle désigne le creux de ses reins. « Partout… »