Le soir est tombé depuis un bon moment déjà. Toi tu ne sais plus trop depuis quand tu as mis les pieds ici, dans ce pub « Les Trois Balais », mais c’est un peu devenu ton refuge, ta seconde maison. Faut dire que l’appartement que tu as n’es pas le meilleur. Puis tu y vis seul alors bonjour la déprime. C’est pourquoi, après chaque journée de boulot, tu viens ici. En ce moment tu bosses comme plongeur, pas très gratifiant mais ça te permet de te saouler le soir et c’est ce qui te plait le plus. Faut dire que depuis ton retour parmi les vivants, les nouvelles ne sont pas très bonnes. Certes ton bras amputé par le virus-C ne l’est plus et tu es bel et bien revenu d’entre les morts mais y a toujours ce souci avec ton œil droit, un coup tu vois, un autre tu vois flou et la fois d’après tu ne vois plus rien du tout. C’est en cours de traitement à en croire les médecins, comme si gérer ta résurrection n’était pas un fardeau, faut en plus que tu subisses des tests et le regard d’autrui sur ta personne.
C’est pourquoi tu alternes entre le pub, l’hôpital, ton appart pour y dormir, te laver et manger avec le boulot entre deux, pour ne pas devenir fou ou alors au contraire pour oublier que tu le deviens, tu ne sais plus trop. En tout cas tu commences à connaître les personnes de ce fameux pub, déjà la serveuse, Jodie qu’elle s’appelle et tu aimes bien l’embêter. Non que tu fasses vraiment exprès mais ça reste dans ta nature et dire qu’en voyant ton capitaine dans cet état, à une époque plus sombre de ta vie, tu l’avais secoué, là tu n’en fais rien, te laissant aller alors que t’avales cul sec ton verre de whisky. « Hey Jodie ! Un autre s’il te plaît ! » Que tu te permets de lui demander, la tutoyant car mine de rien elle est ce qui se rapproche plus d’une « amie » en ce nouveau monde. Pas de trace de Chris, Sherry, Ada ou même ce foutu Jake. T’es seul ou alors ils sont ailleurs. Mais dans tous les cas te voilà là, seul, assis au bar, l’esprit déjà bien embrumé et l’envie de boire encore et encore jusqu’à n’en plus pouvoir. Seul hic, tu remarques être le dernier quand un couple sort du lieu en saluant la serveuse. « Naaaaan, ne m’dis pas que tu fermes déjà ?! » Ce n’est pas comme si ça faisait déjà trois heures que tu étais là, le cul vissé sur ce tabouret, non.
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Jodie Holmes
▿ Ton univers : Beyond : two souls.
▿ Date de naissance : 15/05/1995
▿ Age : 29
▿ Métier : Serveuse au café "Les trois balais".
▿ Quartier : Lockwood Hill, dans un vieil appartement.
S'il y avait bien une chose que Jodie n'aimait pas dans cette nouvelle vie, c'était la routine qui s'était installée sans qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit. Se lever, travailler, rentrer. Encore et toujours. Quelques fois, sortir et faire des courses - et ça se transformait en l'événement le plus excitant de sa semaine. Elle ne regrettait pas les poursuites et les ennuis. Simplement, elle devait passer d'une vie animée à une vie un peu trop calme et répétitive à son goût. Puis, elle était si seule. Elle avait passé une vie entière avec une entité à ses côtés. Maintenant, il ne restait que le silence et la solitude. Jodie ne se liait pas facilement, ce qui ne l'aidait pas avec ce sentiment de solitude. Elle avait des amis, mais très peu et elle ne les voyait pas régulièrement. Elle se trouvait incapable de mener cette vie normale dont elle avait tant rêvé à une époque.
Aujourd'hui était l'un de ces jours comme les autres. Elle avait passé une bonne partie de la journée et de la soirée à travailler. Sourire, servir, échanger quelques mots. Encore, encore et encore. Heureusement, la soirée touchait à sa fin et il était l'heure de fermer. Autant dire qu'elle avait plus que hâte. Les derniers clients partaient peu à peu. Il ne restait qu'un couple et un client un peu trop fidèle à cet endroit, Piers. Elle ne s'étonnait plus de le voir là, si tard. Il était bien souvent le dernier à quitter cet endroit. Au rythme où il allait, il y passerait bientôt plus de temps qu'elle. Malgré l'heure, il réclamait un nouveau verre. Jodie s'apprêtait à répliquer, mais le dernier couple présent la saluait avant de sortir. A l'instant où ils se retrouvèrent seuls, elle avait poussé un long soupir avant de lui servir le verre qu'il demandait. Il avait suffisamment bu, mais elle n'arriverait pas à lui faire entendre raison aussi facilement. « C'est le dernier. » Assurait-elle en posant le verre devant lui. Au moins, il était prévenu et elle espérait qu'il allait le comprendre sans discuter. « T'as vu l'heure qu'il est ? T'as peut-être pas envie de rentrer chez toi, mais moi j'suis debout depuis des heures, j'suis crevée. »Déjà ? Elle aurait dit enfin. Il était affalé sur son tabouret depuis des heures, elle courrait dans tous les sens depuis des heures, alors si, elle comptait bien fermer rapidement. De toute façon, il lui faisait le coup à chaque fois, elle commençait à en avoir l'habitude.
Tu sais très bien la raison pour laquelle t'es ici quasiment tous les soirs jusqu'à la fermeture (et même après car t'es un peu ce client chiant qui ne veut pas bouger une fois les portes prêtes à fermer) et malheureusement elle est moche la raison. C'est parce que depuis que t'es arrivé ici rien ne va. T'aurais dû être content de revenir d'entre les morts, en bonne santé (hormis ton œil) mais rien que ça ça a le don de miner ton moral. Alors pour oublier tu bois. Pas très subtile comme décision mais disons que c'est mieux qu'autre chose ? Mouais, faut bien se consoler comme on peut.
C'est pourquoi les gens qui travaillent ici tu commences à les connaître. Ça fait presque un an que tu vis désormais dans ce nouveau monde et presque onze mois que tu côtoies ce lieu. Du coup Sirius et Jodie sont des connaissances à ce stade, du moins assez pour que tu réussisses à retenir leur prénom. Le couple disparaît et tu te retrouves en tête à tête avec la jeune serveuse qui n'a pas arrêté de courir de la soirée. Tu lui en redemandes un autre et quand elle te répond que ce sera le dernier, tu sens dans son regard et sa voix qu'elle ne te resservira pas après, elle doit être morte et toi tu la fais chier avec ton verre de Whisky. « Chef, oui chef ! » Que tu répliques alors en levant le verre une fois qu'il est devant toi. Tu observes la jeune femme et tu bois ses paroles en même temps que tu bois ton verre. Tu reposes ce dernier à moitié vide et tu soupires. « Désolé. Avant je n'étais pas comme ça... chiant, con et alcoolique. C'est... » Tu laisses ta phrase en suspend alors que tu avales le restant de ton verre cul sec. Grimaçant tu reprends une toute autre discussion. « Toi aussi t'es toute seule sur cette foutue île ? » Peut-être que dans le fond vous vous ressemblez. T'en sais rien t'as jamais cherché à la connaître réellement mais peut-être que ce soir est le soir ?
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Jodie Holmes
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Il y avait des clients qui ne revenaient jamais, ceux qui venaient de temps à autre et il y avait ceux qui semblaient passer plus de temps ici que ceux qui y travaillaient. Piers faisait partie de cette dernière catégorie. Depuis des mois, Jodie le croisait presque systématiquement chaque soir où elle travaillait. Heureusement pour elle - et pour lui, sans doute - il n'était pas méchant, simplement un peu trop insistant lorsqu'il s'agissait de devoir fermer alors qu'il voulait continuer de boire. Une fois encore, ils se retrouvaient juste tous les deux. Les autres clients étaient partis. Lui, il réclamait un nouveau verre. Le dernier, l'avait prévenu Jodie, qui se persuadait qu'elle tiendrait sa décision, même s'il insistait un peu. La jeune femme n'avait qu'une hâte, pouvoir s'asseoir ou rentrer chez elle, épuisée par sa journée à courir partout. A cette annonce, Piers ne semblait pas discuter - mais il ne semblait pas décidé, pour autant, à boire vite et partir.
Toujours bien installé sur son tabouret, Piers lui expliquait qu'il n'était pas comme ça avant, en réponse aux mots de Jodie qui lui rappelaient l'heure qu'il était et que ça allait bientôt fermer parce qu'elle était épuisée. Il lui faisait de la peine. Elle n'avait aucune colère contre lui. Parfois, un peu d'agacement, mais c'était tout. Sa détresse était évidente, mais Jodie ne pouvait pas faire grand chose. Elle n'était pas tellement douée pour réconforter ou pour trouver les bons mots. Elle tentait de réfléchir à quelque chose à dire, mais il avait fini son verre et avait repris la parole très rapidement. Il lui faisait la conversation, maintenant ? Jodie aurait très bien pu ne pas répondre et insister pour qu'il sorte, mais, malgré la fatigue, elle n'était pas contre parler un peu. « Aussi seule que toi, j'ai l'impression. » Avait-elle répondu en prenant appui sur le bar avec ses coudes, son visage reposant sur ses poings. « Mais c'est pas très différent de ma vie d'avant. » Enfin si, en quelque sorte, mais elle n'allait pas lui raconter sa vie un peu particulière. Autrefois, en principe, elle n'était jamais seule puisqu'elle avait une entité avec elle, mais, en dehors d'Aiden, elle n'avait pas réellement de proches. Nathan et Cole avaient été ce qui se rapprochait le plus d'une famille - mais le premier l'avait trahie. Ryan avait tenu une place importante dans sa vie - mais il l'avait trahie, lui aussi, et elle avait fini par faire le choix de mourir et, donc, de l'abandonner. Quant aux rares amis qu'elle avait eus, elle ne les avait pas réellement gardés dans sa vie. Finalement, en y réfléchissant bien, cette vie était-elle si différente de son ancienne vie ? Sa solitude était juste poussée à l'extrême puisqu'elle n'avait plus Aiden. « T'as perdu quoi, ou qui, pour avoir envie de te mettre dans cet état tous les soirs ? » L'alcool donnait cette illusion d'avoir le pouvoir de vous faire oublier vos maux, alors il s'y réfugiait. Jodie aussi, parfois. Beaucoup moins souvent que lui, en revanche, aucun doute là-dessus. Et Jodie, qui n'avait pourtant qu'une seule envie, rentrer chez elle, se retrouvait à l'interroger sur sa vie passée.
Loin d’être con, égocentrique ou menaçant, quand tu bois t’es juste lourd. Les choses que tu te retiens de faire en étant sobre, tu les fais clairement en étant bourré, comme dire la vérité, être en mode bisounours ou simplement être toi-même des fois, quitte à déprimer et te poser des questions en tous genres, histoire de bien compliquer ta vie, comme si elle ne l’était pas déjà assez. C’est donc pour ça que t’es assis sur ce tabouret et bien que la serveuse, que tu connais un peu et dont tu te permets de la tutoyer ou encore de l’appeler par son prénom, semble vouloir te dégager, tu restes, prenant ton dernier verre sans pour autant te l’enfiler et partir immédiatement, non, tu préfères boire doucement et finir par t’excuser, l’informant qu’avant tu n’étais pas ce genre de Piers, t’as en tête ton ex-capitaine qui viendrait te bouger les fesses pour que tu te ressaisisses, si seulement il était là, ou quelqu’un de ton monde, même Jake tu accepterais et c’est pour dire à quel point te voilà désespéré.
Elle semble se radoucir et finalement elle dit qu’elle est arrivée aussi seule que toi. Moue triste sur ton visage, tu viens taper le tabouret à ses côtés avant de reprendre la parole. « Je pense que tu as mérité un verre, viens t’asseoir, promis je fini celui-là et je pars… » Que tu répliques d’un sourire. Tu tiens toujours paroles alors tu demandes, curieux par les dires de la serveuse. « Ta vie d’avant ? Tu veux en parler ? » proposes-tu. Quitte à jouer les relous, autant servir à quelque chose, non ? Reprenant ton verre que tu sirotes doucement, car mine de rien t’as l’impression que même si elle est épuisée, la jeune femme semble vouloir parler, donc tu la laisses venir s’installer à tes côtés et quand elle te pose la question qui tue, tu ris, reposant ton verre un peu trop vivement sur le bar. « Mon humanité ?! » Que tu répliques en soupirant. D’un sens, c’est la vérité. Pour survivre, du moins le temps de sauver Chris et la population du fameux Haos, t’as dû passer un pacte avec le diable et tu t’es infecté pour développer des pouvoirs et ainsi te sacrifier pour la survie de l’humanité… Pour le futur comme tu te rappelles avoir dit à ton capitaine ce jour-là… « Ma vie d’avant était top, enfin aussi top que puisse être une vie de soldat luttant contre le bioterrorisme tu vois ? Mais j’ai dû faire un choix et je me suis sacrifié en m’injectant un virus, du coup je suis mort pour sauver mon capitaine et en même temps le monde : résultat je suis arrivé ici perdu, désorienté, limite borgne et avec une drôle de sensation dans le bras droit… » Tu le montres machinalement, jouant de tes doigts en riant brièvement. « J’ai l’impression, par moment que ce virus est encore en moi même si j’en ai plus les séquelles, tu vois ? » Tu bois à nouveau une gorgée et te concentres sur la brune, curieux d’en apprendre plus sur elle.
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Jodie Holmes
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Jodie imaginait cette soirée comme toutes les autres. Attendre que les derniers clients partent, insister un peu auprès de Piers pour qu'il se décide à quitter cet endroit, fermer, nettoyer et rentrer. Pourtant, ce soir semblait différent des autres. Ce soir, Piers semblait avoir envie de faire la conversation. Et, en y réfléchissant bien, Jodie n'était pas contre, en réalité. Il avait bu bien plus que de raison, elle pouvait se permettre de parler et de confier certaines choses, peut-être ? Avec un peu de chance, le lendemain, il ne se souviendrait de rien. Ou alors, c'était ce qu'elle voulait croire pour se donner une bonne raison de parler.
Alors, elle avait répondu à sa question à propos de sa solitude. C'était sorti naturellement, sans qu'elle ne prenne vraiment le temps d'y réfléchir. « Je n'ai pas le droit de boire pendant que je travaille. » Avait-elle soufflé, un sourire aux lèvres, alors qu'il lui proposait de venir s'installer à ses côtés pour l'accompagner avec un verre. Pourtant, il lui promettait qu'ils discutaient un peu, qu'il finissait ce verre et qu'il partait. C'était une proposition difficile à refuser. Alors, finalement, après un haussement d'épaules, Jodie avait attrapé une bouteille et un verre pour venir s'installer à ses côtés. Personne n'allait la voir ou la dénoncer, elle pouvait bien se le permettre, pour une fois.
Installée, un verre dans la main, Jodie avait écouté la question de Piers, sans y répondre. Est-ce qu'elle avait envie de parler de sa vie d'avant ? Est-ce qu'elle avait envie de se confier à cet homme qu'elle ne connaissait pas et qui venait boire tous les soirs, au risque de voir ses secrets dévoilés ? A la place, pour commencer, la jeune femme préférait le relancer sur sa propre vie. Qu'avait-il perdu pour se retrouver dans cet état presque chaque jour ? Son rire triste et sa réponse claire faisaient comprendre à Jodie comme ce type avait dû vivre bien des choses pour en arriver là. Que, derrière cet homme qu'elle croisait presque chaque jour, il n'y avait pas seulement ce type un peu lourd qui refusait de quitter le bar à l'heure de fermeture, mais qu'il y avait un passé douloureux et des pertes qui devaient l'être tout autant.
Sans qu'elle n'insiste, Piers s'était dévoilé et lui avait raconté quelques éléments de sa vie d'avant. Une vie de soldat - comme elle - qui luttait contre le bioterrorisme - quand elle luttait contre les entités et ceux qui tentaient d'ouvrir des condenseurs - et qui avait fini par se sacrifier - comme elle - en s'injectant un virus pour finalement revenir, ici, dans un sale état - comme elle - mais vivant - comme elle. Mais lui, contrairement à elle, avait gardé des séquelles physiques de toutes ces histoires. Au moins, elle pouvait se réjouir de ça. Elle n'avait rien. Elle n'était plus rien, non plus, d'ailleurs. Mais qu'importe. Qu'importe parce que, face à ses aveux, soudainement, le regard que Jodie portait sur cet homme était différent. Il n'était pas juste ce gars qui buvait un peu trop, assis à ce bar. Il était comme elle. Il était ce type qui avait tout sacrifié pour finalement tout perdre. Il était ce type revenu à la vie et à qui on avait tout pris. Se pouvait-il qu'ils aient tant de points communs ? « C'était quoi, le virus ? » Demandait-elle curieuse, alors qu'elle buvait un peu du contenu de son verre, tout en l'observant. Pourquoi croyait-il l'avoir toujours en lui ? Qu'est-ce que ça pouvait bien déclencher, si tel était le cas. « C'est injuste, non ? Mourir pour sauver le monde et se retrouver ici, cette nuit, dans ce bar, à boire et à se saouler pour oublier cette vie de merde qu'on nous a donnée en arrivant. » Rétorquait Jodie sans encore avoir dévoilé véritablement d'informations à son sujet, même s'il pouvait supposer certaines choses grâce à ses réponses. « Tu regrettes de n'être plus personne ? » Ce n'était pas la réflexion la plus agréable qui soit, mais c'était l'impression qu'il renvoyait. Celle de ne plus être personne - ou de croire ne plus être qui que ce soit, en tout cas. Juste un fantôme qui errait dans les rues de cette maudite île, sans comprendre pourquoi ou comment.
C’est vrai que techniquement elle est encore en service, donc lui proposer de boire et de venir t’asseoir à côté de toi, ça ne se fait pas et quand elle te réplique qu’elle n’a pas le droit de boire pendant qu’elle travaille, tu lui paies le verre et tu te lèves, manquant de tomber mais ça tu te rattrapes comme un pro, un sourire sur les lèvres et tu pars en direction de la porte du bar. Tu tournes l’écriteau qui indique que c’est ouvert et tu verrouilles la porte, te tournant vers la plus jeune. « Et voilà, ta journée est finie ! » Que tu répliques tandis que tu rejoins ton fameux tabouret, reprenant ton verre en main comme si c’était ton doudou. Et c’est un peu le cas, en tant qu’adulte tu n’as plus de peluches mais une bouteille (ou ce soir un verre) de Whisky en compagnie. C’est donc comme ça que tu te retrouves en compagnie de la serveuse, Jodie, assis, verre en main. Verre que tu ne diminues que très peu, comme pour te laisser le temps de décuver pour te remettre une cuite derrière, pathétique c’est vrai.
Alors elle se renseigne, faisant comme en sorte de dévier les questions que tu lui poses mais en soit tu t’en fiches, tu ne sais pas si c’est le fait que ça soit elle qui les poses, ces questions, ou le simple fait que t’es bien éméché suite aux divers verres avalés, mais parler te fait alors du bien et tu lui confie tout. Tu ne craques pas, tu ne pleures pas, c’est un truc que t’as du mal à faire en vrai mais tu lui avoue que ta vie d’avant te manque, du moins la partie soldat, BSAA et bioterrorisme, l’équipe, l’adrénaline du terrain tout ça quoi. Et quand elle se renseigne, demandant quel sorte de virus était celui que tu t’es injecté, tu réponds. « Ils appelaient ça le virus Chrysalide, Virus-C si tu veux parler comme une scientifique. Ça permettait à l’infecté de maintenir une partie de son intelligence pour garder une part d’humanité en ayant de nouveaux membres, dons ou talents on va dire. » Tu bois une gorgée de ton Whisky, reprenant après avoir léché tes lèvres. « Mon « don » ça a été d’avoir un bras muté en sortes de griffes et j’avais la possibilité de balancer des décharges électriques, je suppose que ça serait ça, les picotements que je ressens par moment… » Tu soupires à nouveau, te sentant tout à coup vulnérable et voilà qu’elle répond que tout ça est injuste : le fait de mourir pour revenir ici, seul, buvant pour oublier ce passé merdique. « Ouais, clairement. Ca fait de nous ce qu’on est, mais c’est de la merde. » Tu comprends alors, sans qu’elle se soit mise à monologuée comme toi auparavant, qu’elle a vécu pas mal de choses similaires à toi et tes yeux se posent sur elle comme si tu la découvrais pour la première fois et c’est peut-être la vérité, après tout vous ne vous connaissez ni d’Eve, ni d’Adam, juste du bar, toi le relou alcoolo et elle la serveuse qui doit te virer chaque soir.
Alors que tu avales ton verre d’un cul sec, tu es surpris par sa question. N’être personne. Tu ne t’es jamais posé la question, pour être honnête tu ne sais même pas ce que tu as loupé depuis ton sacrifice. Tu n’as pas retrouvé Chris, ni Sherry ou bien Jake, t’es seul, complètement seul. Sauf ce soir. « Je ne sais pas. Je ne me sens pas capable, actuellement, à redevenir quelqu’un, tu vois ? Je suis sûr que sans savoir tout ça tu avais des préjugés sur moi, j’en avais aussi sur toi. T’es une femme forte, tu me rappelles une blonde que j’ai connu lors de cette tragédie… » Sherry. Ta protégée, à jamais. T’espères que si elle est là, elle se porte bien.
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Piers semblait avoir la solution à tous les problèmes. Jodie ne pouvait pas boire parce qu'elle était en service ? Il fermait le bar et le verrouillait, ainsi, elle n'était plus réellement en train de travailler. A défaut de tenir correctement debout, son cerveau fonctionnait encore suffisamment pour trouver ce genre d'idées, elle devait l'avouer. Dans un haussement d'épaules, la jeune femme avait fini par céder. Après tout, boire un verre et discuter un peu, est-ce que ça pouvait réellement lui faire le moindre mal ? Au contraire, elle en avait, sans le moindre doute, grand besoin. Alors, elle s'était installée à ses côtés, une bouteille devant eux, un verre dans les mains.
Piers posait des questions. Jodie les ignorait. Elle ne le connaissait pas vraiment et elle n'était pas prête à se confier. Elle ne tenait pas spécialement à ce que tous les clients du bar connaissent son histoire et son passé. Et, en même temps, Piers avait tellement bu qu'il ne se souviendrait, peut-être, de rien le lendemain. Pourtant, pour l'instant, Jodie préférait se contenter d'écouter et ne pas parler. Poser les questions et ne pas y répondre. Jodie avait deviné, depuis bien longtemps, qu'il n'avait pas dû avoir la vie facile. Elle s'étonnait, en revanche, de pouvoir trouver tant de points communs entre leurs deux histoires. Ils se ressemblaient tellement, en réalité. Jodie trouvait de l'intérêt dans tout ce qu'il racontait. Alors, elle jouait la curieuse et posait davantage de questions. Il avait parlé d'un virus, elle était curieuse de découvrir de quoi était capable ce dernier. Il lui répondait par un nom totalement inconnu aux yeux de la serveuse puis par ses caractéristiques. Un virus qui permettait de garder une part d'humanité tout en développant talent, don ou nouveau membre. Une véritable arme. Puis, il explicitait davantage ce qu'il avait gagné avec ce virus : un bras qui lançait des décharges électriques. Par un réflexe complètement stupide, les yeux de la jeune femme s'étaient posé sur son bras droit, comme si de l'électricité allait subitement en sortir. « Tu crois que, quelque part en toi, t'as toujours ce virus qui attend le bon moment pour se réveiller ? » Après tout, il lui avait dit avoir toujours l'impression de l'avoir en lui alors sa question n'avait pas beaucoup d'intérêt, si ce n'était de confirmer ce qu'il lui avait dit.
Jodie en arrivait finalement à la conclusion qu'ils avaient obtenu une belle vie de merde, malgré tous les services rendus à l'humanité. Quelle récompense pour une vie passée à se sacrifier ! C'était injuste. Totalement. Malheureusement, il n'y avait rien d'autre à faire qu'accepter et continuer. « On aurait pu avoir une meilleure retraite que celle-ci. » Tentait-elle d'ajouter, un sourire qui en disait long aux lèvres. « Mais on est en vie, j'suppose qu'il ne faut pas trop en demander non plus ? » Enfin, elle supposait l'être. Parfois, elle pensait être toujours morte et être perdue dans une sorte d'Au-delà où on l'avait privée de son frère pour la punir d'elle ne savait quoi.
Sans trop savoir pourquoi, elle avait posé une autre question. Dire qu'il n'était plus personne, ce n'était pas la meilleure chose à faire pour le réconforter, mais n'était-ce pas ce qu'ils étaient désormais ? Rien. Personne. Deux personnes, seules, perdues, qui essayaient de survivre dans un monde qui n'était pas le leur. Alors qu'il répondait, Jodie prenait une nouvelle gorgée de son verre. Vu son état, elle aurait parié qu'il n'avait pas la force de redevenir quelqu'un. C'était plus facile de sombrer que de se relever, après tout. Le regard de Jodie l'évitait, elle fixait un point invisible, loin devant elle. Il avait raison. Elle avait eu des préjugés sur lui et elle n'en était pas fière. « T'as raison. Je te voyais surtout comme ce gars qui buvait beaucoup trop et qui n'avait rien de mieux à faire qu'occuper ce même tabouret tous les soirs. » Autant l'avouer, n'est-ce pas ? « Mais j'ai toujours pensé qu'il y avait quelque chose derrière tout ça. Enfin, j'me demandais, mais j'étais pas capable d'imaginer tout ça. » Elle n'avait jamais pensé qu'il était juste alcoolique. Elle avait soupçonné que quelque chose se cachait derrière, sans jamais vouloir creuser ou s'y intéresser. Et, surtout, elle ne s'imaginait pas qu'il y avait tant à découvrir à son sujet. « Si j'étais une femme forte, je n'aurais pas choisi de mourir, j'aurais affronté ma vie et mon avenir, non ? » rétorquait-elle, lâchant l'information comme si elle annonçait quelque chose de tout à fait banal. « Je les ai abandonnés parce que j'étais fatiguée, j'avais envie que tout s'arrête et... Tu vois le résultat aujourd'hui ? Le repos éternel, c'est de la connerie. Je me retrouve serveuse dans une ville merdique et je suis toute seule. J'ai tout gagné. Comme toi. » Se confiait-elle, sans trop en dire, malgré tout, parce qu'elle n'était pas prête à toutes les confidences.
Parler, ça ne te gêne pas. Tu n’es pas non plus du genre hyperactif ou à vouloir toujours dire le dernier mot mais en soit ça t’arrive de parler des heures durant pour dire tout et n’importe quoi ou au contraire de ne rien dire ou faire pendant des heures, vieux réflexes de militaires, sans doute, dans tous les cas, t’apprécie cette soirée et quand tu vas sortir de ce bar pour rentrer chez toi, tu te coucheras moins con, c’est certain. Alors une fois que t’as quasiment tout déballé, le virus, son origine, ses caractéristiques, tu te contentes de finir ton verre mais quand elle te demande si ce virus attend le bon moment pour se réveiller, tu stoppes ton geste (qui était de jouer avec ton verre vide) pour la regarder, regarder ton bras puis la regarder à nouveau. « Je ne sais pas… J’ai l’impression que du jour au lendemain je peux redevenir… cette chose. Mais je ne veux pas. Tu sais, j’ai dû suivre un traitement pendant six mois pour retrouver l’usage complet de mon œil droit… Je ne suis pas très piqûre de base mais là, j’en veux plus jamais de ma seconde vie… » Le liquide qu’on t’injectait, les aiguilles aussi longue que ton petit doigt. Tu frissonnes alors et tu te contentes de passer à autre chose, ça n’est pas un truc que t’aimes mettre sur le tapis. Là-bas, c’était pour sauver le monde, ici tu ferais quoi de ton bras tout moche et un œil en moins ?
Alors quand la jeune femme, qui étrangement se laisse un peu plus aller et que t’apprécies d’autant plus pour ça, te dit que vous auriez mérité une meilleure retraite que celle-ci, tu acquiesces. Dans le monde idéal t’aurais débarqué ici avec Chris, Claire, Sherry, les autres et tu aurais certainement fait un truc de ta vie. Ouvrir un stand d’arme, redevenir officier, bref, autre chose qu’écumer les bars tous les soirs et changer de boulot comme de boxers, mais elle n’a pas tort : vous êtes en vie, faut pas trop en demander. « T’as raison, vaut mieux s’en contenter, tu vas encore me voir longtemps alors… » plaisantes-tu en venant la charrier d’un coup d’épaule tout gentil. Mais ce sourire disparait quand elle te demande si le fait de ne plus être quelqu’un est un regret. Tu fixes un point invisible, tout mais pas elle, du moins pour le moment et tu lui expliques qu’actuellement, tu n’es rien, alors espérer redevenir quelqu’un, là, dans l’immédiat ? Impossible. Mais la façon dont elle te voyait, avant ces aveux, fait se redessiner un sourire sur tes lèvres, comme quoi t’as bien la tête de l’emploi : à savoir un alcoolo au passé sombre qui n’a rien d’autre à faire pour se changer les idées que boire encore et toujours. « J’crois qu’on se demande tous des choses sur les autres. Je n’attendais pas qu’on soit… pareils. Enfin, un peu quoi. On a traversé des choses similaires, toi aussi t’as été infectée ? Par quoi ? » Que tu demandes, à ton tour curieux d’en apprendre plus sur la vie passée de la jeune Jodie. « Et ton avenir là-bas, c’était quoi ? Qui as-tu abandonnés ? » Tu secoues alors la tête quand elle te dit être seule dans une ville merdique. Qu’elle a tout gagné, comme toi. « Tu n’as pas tort mais pas non plus raison, tu te considères comme seule, mais tu fais quoi de moi ? Ton fidèle client qui te fait passer des nuits blanches de folies, hein ? » essaies-tu de dire pour détendre l’atmosphère, posant une main sur son épaule. « Puis, t’as aussi tes collègues. Ce n’est pas obligatoirement des amis mais ça aide à se sentir moins seul… Et tu sais, j’suis peut-être alcoolique mais j’en ai là-dedans, donc, tiens, si jamais un soir ou un jour tu veux parler et que par miracle j’ai pas mes fesses ici, tu pourras toujours m’appeler… » lui avoues-tu en prenant un stylo qui traine dans son tablier, une serviette et t’y notes ton numéro de téléphone. D’une écriture la plus lisible et belle possible, surtout après les verres que tu t’es enfilé.
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