Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

« Une… »

Margot a commencé sa phrase avant même d’être installée au comptoir, et à présent qu’elle a pris place sur le haut tabouret qui lui permet de mieux lire le contenu de la carte dans le dos de la serveuse, elle affiche une mine circonspecte. Du jus de citrouille, de la… bière au beurre, vraiment ? Mais où donc est-ce qu’elle a atterri ? Elle n’en a pas la moindre idée, mais elle reconnaît qu’elle est intriguée. Hogwarts Place n’est pas le quartier de la ville dans lequel elle se retrouve le plus souvent, et elle s’est retrouvée là presque par hasard. Elle ne connaissait pas les Trois-balais, pas même de réputation, elle s’était contentée d’y mettre les pieds et songeant que ça avait tout l’air d’être un bar, et qu’elle avait besoin de boire, beaucoup.

Dernièrement, elle est bien plus dissipée qu’elle n’en a l’habitude, elle s’en rend bien compte. Quitte à se mettre en danger et à mettre en danger ses proches. Mais elle a plus de difficultés que jamais à encaisser les coups et remontrances de son frère à présent qu’elle a conscience des mensonges dont il l’abreuve depuis leur arrivée dans ce nouveau monde. Il ne lui a pas seulement dissimulé sa morte et les circonstances de cette dernière, il lui a caché l’existence de toutes les personnes qui devaient compter pour elle, de sa famille. Quand elle pense à Alana et à Morgan, des émotions contradictoires l’envahissent. Son épouse et son fils, si près d’elle et si loin en même temps. Plus que jamais, Margot est déterminée à faire payer à Mason tout ce qu’il lui a fait subir. Mais cette détermination s’accompagne bien évidemment d’une autre émotion bien moins plaisante, et c’est l’angoisse. Tant qu’elle ne devait se battre que pour sa propre survie, Margot s’était donné l’illusion d’être un roc inébranlable, et que rien ne pouvait atteindre. Mais elle n’en est plus si sûre à présent. Comment pourrait-elle l’être en s’avérant être, dans le même temps, à ce point ignorante ?

Plus que jamais, la haine et la rage ont envahi son quotidien, et contenir ces émotions avec distance et dignité devient chose presque impossible. Pour la peine, Margot a le plus grand besoin de faire une pause, de se décontracter. Oui, ce soir, elle va boire. Et se souler jusqu’à plus soif. Ce n’est pas raisonnable ? Eh bien elle s’en fiche, elle n’a pas l’intention de faire le moindre effort. Juste se laisser aller et s’oublier, et elle réfléchirait aux conséquences plus tard. Elle n’a vraiment pas envie d’y songer plus longuement pour l’heure.

« Vous proposez du whisky, parmi vos bizarreries ? » demande-telle alors. « Ah oui, je viens de lire, « whisky pur-feu ». Bon, mettez-moi ça. Et vous pouvez laisser la bouteille. »

Margot & Maze

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

(c) élissan.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

Tournée vers la seule boisson dont le nom lui est familier, Margot songe qu’au final, ce n’est pas très important, tout compte fait, du moment que la boisson contient suffisamment d’alcool pour lui embrumer confortablement le cerveau. Margot a besoin de s’oublier un peu, mais pas trop quand même, parce qu’apparemment, sa mémoire ne l’a pas attendue pour faire des siennes, et c’est un vrai souci, qu’elle espère résoudre rapidement. En attendant, oui, elle estime qu’elle a bien mérité une journée off, une journée au cours de laquelle elle ne réfléchirait plus, où elle accepterait de perdre le contrôle de son corps et de ses pensées, dans un cadre où personne, et surtout pas Mason, ne serait susceptible d’en profiter.

« Merci », répond Margot avec un fin sourire avant de prendre son verre en main, ravie de constater que son interlocutrice l’a écoutée et a laissé la bouteille. Elle avait déjà eu droit à des barmen un peu trop consciencieux, qui redoutait que son petit gabarit ne supporte pas de boire autant… C’est sûr que si elle va au bout de cette bouteille, Margot ne sera pas au meilleur de sa forme, mais d’un autre côté, de toutes les manières, elle est assez convaincue qu’elle ne sera pas au meilleur de sa forme quoi qu’il en soit, alors autant faire en sorte d’avoir un semblant d’alcool dans son organisme.

Elle vide son verre presque cul-sec et grimace légèrement en constatant que, en effet, le whisky pur-feu n’a sans doute pas volé son nom : il arrache sacrément. Mais c’est bien, c’est ce qu’il faut. Quand elle lève ses yeux de son verre pour reporter son attention sur la serveuse, qui lui demande si elle a des soucis en ce moment, Margot ne peut s’empêcher d’afficher un sourire amer.

« En ce moment ? » répète-t-elle, acerbe.

Oh, cette femme n’y est pour rien, après tout. Elle ne la connaît pas… mais pour Margot, c’est presque… absurde de qualifier ses problèmes de soucis, ou encore de prétendre qu’ils sont récents… même si on peut très certainement reconnaître que la situation a largement empiré ces derniers temps.

« Depuis le jour de ma naissance », corrige-t-elle en contemplant le fond de son verre. Depuis le jour où son frère a posé les yeux sur elle. Elle pousse un soupir, elle doit vraiment donner l’impression de geindre. Bon, d’accord, c’est effectivement ce qu’elle fait. « J’ai découvert que j’avais oublié plusieurs années de mon existence », consent-elle à résumer finalement, très succinctement, clairement.

Margot & Maze

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

(c) élissan.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

« Oui, c’est ce que j’ai entendu dire aussi », répond Margot entre deux gorgées de whisky, pas spécialement réconfortée par cette nouvelle.

Oui, elle sait en effet qu’elle n’est pas la seule dans son cas, elle a même eu conscience de cela avant de réaliser qu’elle appartenait à cette catégorie de personnes. Est-ce que ça change quoi que ce soit pour elle ? Très égoïstement, elle se fiche assez de savoir qu’elle n’est pas seule dans ce cas, ça ne change rien au fait que son entourage, qu’il s’agisse d’Hannibal ou de Mason, qui avaient parfaitement conscience de ces bribes de souvenirs disparus, se sont fait un malin plaisir de ne pas les rappeler à son bon souvenir.

Sans ça, et bien avant ça, sa vie n’était de toute façon qu’un étau qui se refermait sur elle un peu plus violemment à chaque jour qui passait, maintenant, elle doit accepter que cette violence avait plus d’ampleur qu’elle n’en avait déjà. Margot jauge la serveuse du regard, elle a bien envie d’ajouter que ça lui fait une belle jambe, mais elle se retient, déjà parce que cette femme ne lui a rien fait et qu’elle n’a absolument aucune raison de se montrer désagréable envers elle… encore moins si elle veut continuer de parler un peu. Et parler, elle en a clairement envie. En fait, elle n’en a pas seulement envie, elle en a terriblement besoin, et avec une inconnue, c’est encore mieux. L’idée de n’être qu’un pilier de bar alcoolisé parmi tant d’autres dont la serveuse aura sans doute oublié les jérémiades dès le lendemain a, étonnamment, quelque chose de particulièrement réconfortant également. Suffisamment en tout cas pour qu’elle continue, alors même que son interlocutrice ne le lui a absolument pas demandé et a sans doute mieux à faire.

« Apparemment, je suis mariée, moi, mariée ! Et j’ai un fils ! Est-ce que tu vois une bague à mon doigt ? » demande-t-elle, que l’alcool commence déjà à désinhiber manifestement, étant donné qu’elle se permet de tutoyer son interlocutrice, ce qu’elle n’aurait absolument pas fait en temps normal, c’est sûr et certain. « Moi non plus, parce qu’il l’a prise… »

Elle affiche une grimace dédaigneuse, ne prend pas la peine d’en dire davantage quant à l’identité de ce « il », dont elle part. En soi, ce n’est pas important. Enfin, si, ça l’est, ça l’est même trop, mais elle ne parle pas tant pour que son interlocutrice comprenne sa situation que dans l’intention ferme d’exorciser cette même situation, qui lui pèse atrocement sur la conscience, à un point qui en serait presque douloureux.

« Si c’était la seule chose qu’il m’avait prise… », bougonne-t-elle ensuite, s’adressant davantage à son verre qu’à la femme qui lui fait face.

Si Mason la voyait, l’entendait, elle en prendrait clairement pour son grade, mais en cet instant, il lui est impossible d’en avoir quoi que ce soit à faire. Et ça fait du bien aussi, de parler sans crainte des conséquences.

Margot & Maze

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

(c) élissan.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

« Pourquoi vous feriez ça pour moi ? » répond Margot qui adresse soudainement un regard plus intrigué qu’auparavant à son interlocutrice.

Jusqu’ici, elle avait davantage été intéressée par le contenu de son verre et par ses états d’âme (bon, dans le dernier cas, on ne peut pas dire qu’elle les ai soudainement mis de côté). La jeune femme est, il faut le dire, intriguée… Elle s’attendait à ce que, en bonne barmaid, la jeune femme acquiesce, fasse mine de l’écouter et surtout n’oublie pas de reremplir son verre, mais elle réalise que son interlocutrice est peut-être bel et bien intéressée par son histoire et c’est un constat qu’elle a tendance à trouver… intriguant, oui, c’est ça, intriguant. Elle ne s’attendait définitivement pas à ça. Pas le moins du monde, même, et si elle est décontenancée, elle apprécie, aussi. Elle s’attendait à parler toute seule, ou à se payer un tête-à-tête avec son verre, mais si elle peut avoir une vraie conversation avec une vraie personne, c’est encore mieux. Même si Margot ne peut certainement pas s’autoriser à tout dire pour autant.

« A mon avis, elle doit avoir été balancée aux ordures depuis longtemps, ou bien mon frère l’aura jetée en pâture à son précieux bétail… Je doute d’en revoir la couleur un jour. » Elle marque une pause. « La bague en soi… c’est le moindre des torts qu’il pouvait me faire. »

Margot, trop désinhibée par l’alcool pour prendre l’ampleur de ses aveux, ne réalise même pas vraiment qu’elle vient de mentionner son frère. Ce qu’elle garde généralement pour elle, quand ce n’est pas à portée d’oreille d’Alana ou de son psychiatre (encore qu’elle n’irait certainement pas lui confier l’entièreté de ses pensées à présent qu’elle sait qu’il a contribué au mensonge globalisé qui a entouré son arrivée dans cette ville.

« Est-ce que vous avez déjà été sous emprise ? Prisonnière de votre vie ? Obligée à des… solutions extrêmes pour vous sauver vous-même ? » demande-t-elle en adressant à son interlocutrice un regard aussi attentif qu’intrigué, véritablement intéressée par la réponse que son interlocutrice pourra bien formuler, donnant par la même un aperçu de ce qu’elle a vécu, subi elle-même, pour sa part.

Elle ne sait pas ce que ça lui apportera. Dans le confort d’un cabinet psychiatrique, elle peut parler aussi bien de la violence dont Mason fait preuve à son égard que des solutions radicales qu’elle compte mettre en œuvre pour se débarrasser de lui, mais il n’est pas question que cette situation se retourne contre elle évidemment.

« Quand on pense à tous ceux qui sont arrivés ici sans nouvelles de leur proche… il a fallu que je revienne à la case départ. »

Pas de seconde chance pour Margot Verger. Ou l’obligation de la saisir de nouveau en tout cas.

Margot & Maze

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

(c) élissan.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

Margot se contente de hocher la tête quand son interlocutrice, qui doit en avoir jusque-là des histoires désespérées de ses piliers de comptoir (mais ce n’est certainement pas pour autant que la jeune femme va s’arrêter en si bon chemin : elle est passablement alcoolisée et sur sa lancée, autant dire qu’elle est loin d’avoir encore déversé toute sa bile à l’encontre de ce frère qui l’a tant fait souffrir et de tant de manière, autant physiquement que psychologiquement), remarque qu’elle a l’air d’y tenir, à cette bague. C’est le cas. Et c’est ridicule, quelque part, parce que si on lui posait la question, la jeune femme serait incapable de répondre aux questions les plus élémentaires à ce sujet : elle en ignore la forme, la couleur… Rien… mais maintenant qu’elle sait qu’elle devrait être à son doigt, elle en ressent l’insupportable présence-fantôme, et elle trouve ça proprement insupportable. Parce que ce n’est pas tant la bague qui compte que ce qu’elle représente : une vie qu’on lui a volée, une épouse qu’elle a oublié avoir aimé, un fils qu’elle n’avait pas reconnu même au moment de le revoir. Elle ne saurait pas pardonner une chose pareille à Mason… ceci dit, tout bien considéré, elle ne lui a jamais pardonné quoi que ce soit.

« Oh, j’en ai l’intention », confirme Margot quand son interlocutrice observe qu’elle aurait tout intérêt à se venger pour tout ce qu’il lui a fait, y compris pour cette bague qui n’est jamais que le sommet de l’iceberg au final.

La vengeance a été son mode de pensée et de fonctionnement pendant des années, en réalité. Elle ne s’en cachait même pas, du moins pas auprès de son psychiatre, à qui elle ne manquait pas de tout raconter en détails, et sa première tentative de meurtre échouée qui lui avait valu un bras de plâtre avait pour ainsi dire révélé ses intentions au monde entier.

« Je veux qu’il meure, et ça, encore, ce sera un sort trop généreux pour lui. » Mais un sort nécessaire si elle veut s’assurer que Mason ne finisse pas par s’en prendre à Alana, ou encore à Morgan, ce qui était une hypothèse proche d’inévitable. « J’avais réussi à m’en débarrasser, vous savez ? Dans ma vie d’avant… »

Elle jette un regard morne au contenu de son verre et semble s’adresser davantage à lui qu’à son interlocutrice : à l’évidence, elle a perdu un temps magistral. Un temps qu’elle n’est pas sûr d’être capable de rattraper. Combien de fois devra-t-elle tuer son frère avant qu’il ne daigne mourir pour de bon ?

« Et maintenant j’en suis là. » Elle relève le regard vers la serveuse. « Vous avez de la chance, si vous n’avez jamais connu ça », fait-elle en l’observant avec attention. « Elle était comment, votre vie, avant d’arriver ici ? »

Confidences pour confidences, écoutez.

La vengeance. Une idée qui prend certainement tout son sens lorsque l’on sait qui je suis réellement. Je ne veux pas lui donner de mauvaises idées, d’autant plus que selon moi, ça n’en est pas une ! Cet homme mérite de payer pour tout le mal qu’il lui a fait. Je le vois, à travers ses yeux, qu’elle en a souffert avec lui et ses paroles le confirment. D’ailleurs, elle semble bien être déterminée à résoudre son problème par la vengeance. Et elle a bien raison. Je n’aimerais pas être à sa place. Je n’aimerais pas qu’une personne dont j’ai réussi à me débarrasser refasse surface dans ma vie. Ça non alors !

« Il faut alors vous en débarrasser à nouveau. Pour de bons, cette fois. Au moins, vous serez vraiment tranquille. »

Comment était ma vie d’avant ? Trop longue pour tenir en une seule phrase, mais je peux essayer de la résumer. Fidèle à moi-même, je ne vois pas l’intérêt de cacher les choses. Autant les dire comme elles le sont, non ?
« Longue. Elle était très longue. J’ai vécu en enfer où je travaillais pour le diable en personne. Et puis un jour, Lucifer en a eu marre d’être le souverain des enfers alors je l’ai suivi sur terre. J’ai été barmaid, puis chasseur de primes et enfin consultante pour la police. »

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

Bien sûr, Margot ne devrait pas parler aussi légèrement de ses projets et de ses intentions les plus violentes et les meurtrières, mais elle se sent proche du point de rupture, de telle sorte qu’elle ne se sent plus arrêtée par quoi que ce soit. Elle veut juste en finir, elle veut laisser le cauchemar derrière elle, une bonne fois pour toutes, et n’importe quel interlocuteur susceptible de l’entendre sera bon à prendre dans ce contexte. Cette barmaid semble différente de ceux ou celles qu’elle a pu côtoyer et qui tenteraient de dévier de sujet ou tout simplement cesseraient de l’écouter, elle paraît non seulement intéressée mais attentive. Plus important encore, elle paraît véritablement la comprendre, et pour cette raison, Margot ne s’épargne pas de se confier en long, en large et en travers, sans aucune forme de réserve ou de retenue.

Elle lui dit précisément ce qu’elle a envie d’entendre, et Margot ne saurait prétendre ne pas prendre plaisir à l’entendre. Elle a raison, en effet. Il faut qu’elle s’en débarrasse à nouveau, et cette fois pour de bon, afin d’être tranquille une bonne fois pour toutes. Mais ce qui paraît simplissime sur le papier ne l’est peut-être pas tant dans les faits, en réalité. Car si une première fois ne l’a finalement que rescuscité dans un nouveau monde, comment être tout à fait certaine qu’il ne viendra pas la hanter dans un autre encore. Est-ce que le cauchemar est voué à prendre fin un jour ? Ce qui est sûr en tout cas, c’est que Margot mettra absolument toutes les cartes de son côté pour obtenir gain de cause. Et elle ne reculera devant rien, vraiment.

« J’espère. Mon frère est du genre coriace », observe Margot avant d’avaler cul-sec le fond de son verre.

Dans tous les cas, elle a bien l’intention d’aller au bout de ses ambitions, et elle est d’autant plus persuadée d’en être capable qu’elle sait qu’elle ne sera pas seule, cette fois comme la précédente, même si elle l’avait oublié. Alana sera là pour la soutenir, et c’est définitivement tout ce qui saurait importer.

« Vous semblez si sérieuse que j’ai du mal à savoir si vous plaisantez ou non », remarque Margot en observant attentivement son interlocutrice, qui lui apprend avoir vécu en enfer et travaillé pour Lucifer en personne, jusqu’à ce que ce dernier décide de se rendre sur Terre et qu’elle l’y accompagne. Oh, c’est terriblement improbable, bien sûr… Mais Margot, au point où elle en est et après tout ce qu’elle a entendu, ne saurait plus présumer de rien… Elle en a tant vu, tant entendu, que même si cela reste difficile à croire, présumer de l’existence de Lucifer et de ses lubies deviendrait presque… envisageable. « Je pensais avoir côtoyé le diable en personne, et vous m’apprenez à présent que vous travailliez pour lui… »

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

« Dans ce cas, il faut espérer que l’enfer soit très grand, je n’ai pas spécialement envie de l’y retrouver », fait Margot avec un sourire en coin quand la serveuse affirme être certaine qu’une place attend Mason en Enfer.

Si elle croyait en l’Enfer – mais ce n’est pas le cas –, Margot penserait très probablement la même chose de son côté. Tout comme elle serait en effet convaincue d’y avoir sa place elle aussi. Elle n’est certes pas le monstre qu’est Mason, mais pour le nombre de fois où elle a envisagé de le tuer, et pour la fois où elle y est parvenue (même si elle ne s’en souvient pas), elle mérite clairement les flammes de ce même enfer.

Mais toutes ces plaisanteries sur l’Enfer prennent directement un autre tournant quand son interlocutrice lui laisse entendre, et avec la tête la plus sérieuse du monde, que oui, tout ce qu’elle vient de lui dire sur le fait qu’elle avait côtoyé le diable en personne est vrai, elle ne sait pas sur quel pied danser. Elle en a entendu des belles, vraiment, et ce ne sera peut-être pas la chose la plus incongrue qu’elle aura jamais entendue… mais quand même… Pas loin. Ça exige d’elle de réviser sa vision de la vie – et surtout de la mort, et elle n’est pas totalement sûre d’y être prête, même si elle n'a, au final, pas véritablement le choix.

« Donc vous êtes en train de me dire que Lucifer – Le Lucifer – passe ses journées au Lux ou… à se faire coffrer au commissariat ? » Elle hausse les épaules. « J’avoue que présenté comme ça, ça aurait presque du sens. »

Presque. Mais pas totalement non plus. Margot n’arrive tout bonnement pas à y croire, et toute cette histoire la laisse franchement circonspecte. Une part d’elle a envie d’y croire, une autre songe que le discours de son interlocutrice n’est pas différent de celui qu’elle tiendrait en affirmant que si l’on était désireux de rencontrer le diable en personne, il suffisait de serrer la main de Mason Verger ou de frapper à la porte du cabinet psychiatrique du docteur Lecter (les deux exemples lui paraissent être ce qu’il y a de plus valable).

« Et à quoi ça ressemble, l’Enfer, si vous y avez bossé ? » demande-t-elle avec, dans la voix, un mélange de provocation et de curiosité.

Elle ne sait définitivement pas quoi penser de ce que son interlocutrice lui raconte, mais elle ne peut nier, en tout cas, être particulièrement intriguée.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

Le naturel avec lequel cette serveuse est capable de lui parler de choses qui devraient normalement n’avoir aucun sens et aucune logique est absolument fascinant. Si fascinant que Margot est tentée de croire au discours de son interlocutrice alors même qu’il lui faut bien admettre qu’il vient contredire la moindre de ses croyances… Piètres croyances au demeurant, puisque Margot Verger n’a jamais cru en Dieu. Comment l’aurait-elle pu ? Maintenant, elle devait écouter son interlocutrice lui apprendre tranquillement que Lucifer aurait quitté les enfers pour passer ses journée dans un club luxueux quand il n’était pas trop occupé à jouer les consultants pour la police… Ben tiens… Margot parvint tout de même à afficher un fin sourire quand son interlocutrice ajouta que le diable avait toujours aimé ça : punir les coupables.

« On a ça en commun », observa-t-elle avec un léger sourire cynique.

Oh, quelle satisfaction ce serait que de faire payer à son frère la monnaie de sa pièce. Quand ce serait le cas, elle savait pertinemment qu’elle n’éprouverait aucune forme de remords, rien d’autre que de la satisfaction pure et dure, vraiment. Elle savait que ce jour arriverait, elle aimerait seulement qu’il advienne plus rapidement car elle était particulièrement lasse d’attendre. Mais elle n’en dit pas plus. Elle en avait bien assez dit à son interlocutrice. A la place, elle décida d’écouter son interlocutrice lui brosser un portrait de l’enfer.

Effrayant, ça, Margot aurait pu s’en douter : ce ne serait pas l’enfer dans le cas contraire, n’est-ce pas ? Habité de démons, des âmes de personnes décédées… Et forcément, le seigneur des enfers y règne en maître. Présenté comme ça, cela ressemble fort à la vision très abstraite que Margot s’en était toujours faite sans spécialement y croire. Et d’ailleurs, elle n’y croit toujours pas vraiment, quoi qu’elle puisse bien prétendre.

« Et qu’est-ce qui s’est passé quand le seigneur des enfers a déserté son trône ? ça a dû être la course pour prendre sa place, non ? »

Est-ce que Margot croyait dans le discours de son interlocutrice ? A moitié seulement. Malgré toutes les bizarreries qu’elle avait vécues, elle restait tout de même si une certaine réserve. Mais elle pouvait tout de même reconnaître à Mazikeen que cette conversation était hautement divertissante, et pour cette raison, il tenait véritablement à faire ce qu’il fallait pour la faire durer. Peut-être était-ce l’alcool, ou bien la teneur de cette conversation, mais Margot se sentait légèrement mieux, et elle voulait se raccrocher à ce sentiment.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

Le franc parler de la serveuse est assez agréable, pour ne pas dire rafraîchissant. Certes, la jeune femme n’est toujours pas certains que son interlocutrice lui dise toute la vérité et ne soit pas en train de se foutre d’elle dans les grandes largeurs, mais faute d’en avoir la conviction, elle préfère décider de la croire sa parole. Qu’il soit vrai ou faux, cet échange a le mérite d’être divertissant, et Margot a le plus grand besoin de se sentir divertie. Cette conversation lui change les idées, l’empêche de ressasser à répétition ses considérations les plus désagréables et les plus sombres, et rien que pour cette raison, elle ne peut que décider de tenir encore un peu la jambe de son interlocutrice. Tant qu’elles discutent de la vie passée de cette femme à l’histoire bien étrange, elle ne pense plus à Mason… ou disons qu’elle y pense beaucoup moins, ce qui est déjà pas mal.

Alors oui, quand elle s’imagine que le diable en personne a décidé de quitter son poste aux enfers, elle ne peut que songer au fait que quelqu’un, naturellement, a dû vouloir prendre sa place. Quand un trône est laissé vacant, en temps normal, ça se dispute au portillon pour récupérer la place vacante, non ? C’est ce que s’imaginait la jeune femme, mais force lui est de constater qu’elle avait probablement tort sur ce point, car loin d’entendre des histoires palpitantes sur la question, la serveuse se contente de lui répondre évasivement que non, à sa connaissance, personne ne s’était laissé attirer par l’attrait du pouvoir… à croire que même en Enfer, la plupart des gens avaient l’esprit plus innocent qu’elle-même. Tant pis, hein.

« Dommage », répond-t-elle en haussant les épaules au-dessus de son verre avant de le vider cul-sec. « Et vous ? ça ne vous manque pas, les Enfers, tout ça ? »

Quelle drôle de question, vraiment. Margot ne s’attendait pas à poser un jour une telle question aussi spontanément et de son propre chef, mais manifestement, c’est bel et bien ce qu’elle venait de faire : on n’a jamais fini de se surprendre soi-même, à l’évidence ! En même temps, toutes ces histoires la rendent curieuse. Pour Mazikeen, peut-être que tout ceci est particulièrement normal, mais pour elle, ce n’est définitivement pas le cas du tout. Alors, naturellement, ça a quand même le don de la décontenancer singulièrement, et elle se verrait mal le cacher et ne pas laisser parler sa curiosité quand son interlocutrice semble si prompte à répondre à ses questions.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

Est-ce qu’on peut réellement regretter les Enfers ? Quand on est une créature démoniaque, sans doute que oui… Ceci dit, plus elle parle avec son interlocutrice, moins Margot a le sentiment d’avoir affaire à quelqu’un de véritablement… maléfique ? D’accord, se faire une idée sur la question en quelques minutes de discussion, c’est sans doute naïf, mais Margot a côtoyé le mal sous de très nombreuses formes, elle sait à quoi il ressemble et de quoi il peut bien être capable. Pour cette raison, la jeune femme a envie d’accorder le bénéfice du doute à son interlocutrice.

Après tout, peut-être aussi que les Enfers ne sont pas aussi terribles qu’il n’y paraît. Il faut l’espérer d’ailleurs, car si cet endroit existe véritablement, il est évident que c’est là-bas que Margot doit s’attendre à passer le reste de sa mort… Mais elle ne pense pas tant que ça à sa propre mort en cet instant (d’ailleurs, elle a plus souvent tendance à penser à la mort des autres plutôt qu’à la sienne propre)… elle laisse surtout s’exprimer une curiosité qu’elle estime toute naturelle étant donné tout ce qu’elle apprend au sujet de son interlocutrice. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que toutes ces considérations n’ont absolument rien d’anodines, loin s’en faut.

Maze lui apprend donc que, si dans un premier temps, elle avait cru que retrouver les Enfers serait la seule manière pour elle de se sentir heureuse, elle a changé d’avis. Ah, le bonheur… pour Margot, ce n’est jamais qu’une chimère après laquelle on court éternellement. Bien sûr, depuis qu’elle a retrouvé son épouse Alana, et leur fils Morgan, elle se sent tout de même beaucoup plus heureuse, c’est un fait, mais elle continue de penser qu’il est beaucoup trop hasardeux que de se fier à la possibilité de vraiment se sentir bien sous le seul prétexte qu’on a décidé d’être heureux. Ceci dit, si par miracle, cette serveuse possédait le secret du bonheur, Margot ne demanderait qu’à le connaître en retour. Au fond, le secret du bonheur, c’est probablement de ne pas trop en demander. Regardez Maze, par exemple. Elle admet que sa vie actuelle n’est pas parfaite, mais elle lui plaît.

« Qu’est-ce qui vous plaît tant, ici ? » demande-t-elle en la fixant. « Vous n’êtes pas obligée de me répondre. J’ai bu et je suis la pro des questions indiscrètes. Vous me rendez curieuse, vous comprenez. »

Et il y a nettement de quoi, selon elle. Alors oui, elle aimerait comprendre à quoi ressemble la vie de cette femme dont le quotidien a dû être particulièrement bousculé par rapport à tout ce qu’elle avait connu. Elle veut obtenir la réponse à ses questions et étancher sa curiosité. Mais rien n’est jamais si simple, bien sûr.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

L’avantage avec cette femme, c’est que rien ne semble en mesure de l’impressionner. Elle accepte de parler de tout, sans détour et sans la moindre réserve. C’est probablement pour cette raison qu’il est si simple, en retour, de lui parler de sujets pour certains très personnels. Margot ne s’imaginait pas qu’elle se mettrait à parler de son frère avec autant d’aisance. Certes, elle a beaucoup bu, ça aide, mais il n’est pas question de cela. Si l’histoire qu’elle lui raconte est réelle – et Margot est bel et bien tentée de le croire –, alors son détachement est compréhensible, au fond. Elle en a vu d’autres, ce n’est pas comme si sa simple question avait de quoi vraiment l’angoisser.

« La liberté… », répète Margot, songeuse. « Oui, je vois où vous voulez en venir. »

La liberté, c’est sans le moindre doute la chose la plus importante au monde aux yeux de Margot… Enfin, non… C’est la chose la plus importante après son épouse et son fils, qui sont et seront toujours sa priorité. La liberté, c’est un idéal après lequel elle court depuis une bonne éternité, la liberté, c’est un rêve qu’elle a tant de fois effleuré du bout des doigts sans jamais croire pouvoir l’atteindre. La liberté, c’est une chimère dont Mason l’a privée depuis si longtemps que c’était devenu une chose improbable à ses yeux. Elle peut comprendre qu’on la recherche à tout prix et qu’on s’y accroche plus qu’à quoi que ce soit d’autre… Elle est plus que capable de le comprendre, même.

« Pour ce qui est de me faire des amis… Je suppose que je ne rencontre pas assez de monde. » Margot marque une pause, le temps de boire une gorgée de son verre. « Je ne suis jamais allée à Los Angeles… Mais je suppose que la vie devait y être plus animée qu’à Baltimore. » Margot esquisse un sourire. « Je pense que le charme caché de cette ville m’échappe encore un peu… Mais ça finira par arriver. »

Ou pas. Mais c’est une possibilité. Après tout, même si elle maudit de nombreux aspects de cette ville, elle a tout de même pu retrouver Alana et Morgan. Et elle n’a pas encore saisi toutes les opportunités à sa disposition, mais quand ce sera fait… Peut-être qu’elle sera capable de voir cette ville pour ce qu’elle est : une terre de tous les possibles, qui ne serait seulement limitée que par les frontières de son imagination. Et l’imagination de Margot Verger peut être débordante selon les sujets.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

Margot affiche un sourire plus franc à la réflexion de son interlocutrice. Ce n’est certainement pas elle qui ira la contredire… Elle a raison, n’importe qui d’un tant soit peu sensé rêve à un peu de liberté. Margot, elle, rêverait d’une liberté entière et totale. Malheureusement, elle devine que ce ne sera pas si simple que d’obtenir la sienne. Difficile, à l’évidence. Mais pas impossible… Et Margot fera tout le nécessaire pour dépasser la moindre difficulté. Même si elle doit, pour cela, accepter d’avoir du sang sur les mains… Et c’est une chose qui ne la dérange définitivement pas. Ce qui est certain, c’est que quand la serveuse parle de liberté, elle en discute en sachant vraiment son importance, et pour cette raison, Margot ne trouve que d’autant plus d’attrait à en discuter avec elle…

Et pour cette raison, elle se surprend à en dire toujours plus sur elle-même, délivrant des menus détails qu’elle ne partageait généralement jamais. Ce n’est pas qu’ils revêtaient forcément la plus grande importance, mais… mais Margot a généralement tendance à se taire sur le moindre menu détail de sa vie, au risque que ça se retourne contre elle. T voilà qu’elle se met à parler très légèrement de son frère, de sa femme, de son fils, de ses envies de meurtre, de sa ville d’origine… Bref… C’est presque incompréhensible.

« J’y penserai… si nous parvenons un jour à quitter cette île de malheur », observe Margot avec un léger rire quand Maze lui parle de l’animation de la vie à Los Angeles.

Los Angeles, Margot n’en a qu’une vision biaisée par les fils hollywoodiens dont elle s’est abreuvé durant toute son enfance. Elle en a forcément une vision un peu fantasmée qui, elle s’en doute, ne correspond pas véritablement à la réalité. Il n’empêche que ça l’intéresse véritablement, et qu’elle serait assez curieuse d’en voir plus. Elle s’imagine faire le tour de la ville avec Alana et Morgan, jouer les touristes, avec légèreté… ça a davantage les attraits d’un rêve éveillé que la teneur d’un fantasme probablement inaccessible mais… après tout, on ne sait jamais. Tout comme personne ne sait vraiment comment ils sont arrivés ici, il se peut également qu’ils se retrouvent ailleurs sans savoir comment.

« Il est vrai que nous aurions pu nous retrouver dans une ville autrement moins belle et agréable que celle-ci… Et au fond, je sais que je suis chanceuse… J’ai rencontré un certain nombre de personnes qui ont été totalement déphasées par la technologie des lieux… Je n’ai jamais rencontré ce problème. »

Même si en atterrissant en 2019 en venant elle-même de l’année 2015, elle rencontrait un très léger décalage, ce n’était, dans le fond, rien de tout, et ce n’était certainement pas quelque chose qu’il l’empêchait de comprendre l’endroit où elle se trouvait.

Bois bien plus que tu ne dois, c'est bon pour tout ce que tu as

feat. Maze

Margot hausse les épaules, l’air désabusée. Et désabusée, elle l’est en effet. En ce qui concerne cette ville de malheur, et globalement tout ce qui l’entoure, la jeune femme n’est rien d’autre que… blasée, dirons-nous. Elle ignore s’il sera vraiment possible de repartir un jour, de revenir d’où elle vient, mais elle n’écarte pas cette possibilité… Même si elle n’a pas la moindre idée de ce que cela représenterait pour elle. Ses souvenirs en morceaux ne l’aident pas forcément à faire convenablement la part des choses, pour être honnête, et elle doute, au final, de beaucoup de choses. La jeune femme ignore si elle reviendrait chez elle dans une réalité où elle serait débarrassée de Mason ou bien si le même scénario se répéterait. Elle ne sait rien sur rien. Mais elle ne comprend déjà rien à sa situation en l’état, alors on ne peut pas dire que cela fasse une grande différence, clairement pas.

« Je pense surtout… que rien n’est impossible ici », admet-elle en contemplant le fond de son verre avec ces airs de philosophe que sait vous conférer l’alcool. « Alors on verra bien. Ce serait idiot de ne pas s’y attendre, en tout cas… il faut s’attendre à tout. »

Et clairement, ce n’est pas un euphémisme, dans cette ville de malheur. Tout semble, constamment, à deux doigts de vous tomber sur le coin de la figure, et pour la peine, on a tout de même plutôt intérêt à se montrer vigilant, et le plus vigilant possible, tant qu’à faire. Margot Verger a la ferme intention de faire le nécessaire pour que cette vie tourne dans le bon sens, mais avec tout ce qu’elle vient d’apprendre, elle n’est clairement pas encore en état de prendre les meilleures décisions pour elle-même. Il faudrait déjà qu’elle réussisse à se comprendre elle-même, et ce n’est clairement pas gagné, loin de là, même.

En attendant, elles sont coincées ici, et à bien y regarder, ce n’est pas le pire qu’elles pouvaient vivre dans ce contexte. D’autant qu’elles ne sont ni l’une ni l’autre confrontées à une sorte de décalage technologique qui pourrait leur rendre difficile d’appréhension ce monde complexe et dont les contours semblent en même temps si simples, parfois. En bref, il y a là de quoi se faire des nœuds au cerveau pendant très longtemps… et à coup sûr.

« Bon… » Margot regarde le fond de son verre, désespérément vide. « Je crois que je vous ai assez accaparée pour ce soir, je ferais mieux de rentrer. » Elle esquisse un sourire et se redresse un peu maladroit. « Merci de m’avoir écoutée. Ça fait du bien de parler. »