(Abandonné) Sujet aléatoire - Din & Sélina & Elizabeth

Elizabeth était en train de rentrer chez elle. Aujourd'hui, elle avait terminé un peu plus tôt et c'était donc sous une chaleur étouffante que l'ancienne reine regagnait sa maison. Vêtue d'un simple jean et d'une blouse à manche courte, la chaleur l’étouffait pourtant. Elle n'avait alors qu'une hâte : rentrer chez elle pour se rafraichir. Comme elle le faisait habituellement, Elizabeth empruntait très précisément la même route, les mêmes rues, les mêmes ruelles. Comme elle le faisait toujours, elle jetait un coup d'oeil derrière elle régulièrement. Alors qu'elle n'était plus très loin de chez elle, un premier frisson l'avait parcouru. Le temps se rafraichissait enfin un peu. C'était bien plus agréable, même si la psy s'étonnait d'un changement si soudain. Plus encore lorsqu'à mesure que les secondes passées, le vent se levait et le froid se faisait plus violent.

Elizabeth accéléra ne souhaitant pas découvrir la nouvelle folie de cette ville dont elle ne comprenait pas le fonctionnement. Depuis son arrivée ici, elle avait été soumise à bien des épreuves, à bien des événements inexplicables. Ce froid soudain et cette neige qui commençait à tomber en plein mois de septembre alors que la température était caniculaire quelques minutes plus tôt faisait partie de ces événements inexplicables. Et avec le temps, Elizabeth avait compris que ces événements ne finissaient jamais bien. A contrecoeur, la jeune femme avait donc dû ralentir. Ce n'était plus désormais quelques flocons de neige qui tombaient, mais bien une véritable tempête. Impossible d'y voir à plus d'un mètre, impossible de se diriger et de continuer sa route jusque chez elle.

Elizabeth ne s'était jamais sentie en sécurité à l'extérieur et cette situation n'aidait pas à la rassurer. Elle se sentait évidemment piégée, mal, en danger. Elle se stoppa alors un instant, cherchant la meilleure solution. Avancer pouvait être dangereux, non ? Elle n'y voyait rien après tout ! Mais elle ne pouvait tout de même pas rester sur place pendant des heures sous un froid glacial et sous la neige alors qu'elle n'avait rien pour se couvrir. Son corps était déjà gelé. Elle était déjà morte de froid. Attendre des heures sous ce froid serait trop dangereux.

Soudain, alors qu'Elizabeth cherchait la meilleure chose à faire, une voix se fit entendre. Plutôt proche, même si Elizabeth ne voyait personne. Elle hésita un instant à répondre, se demandant si être seule n'était pas préférable. En effet, si cette personne était dangereuse, personne ne pourrait lui venir en aide. Elle n'eut pas le temps de se poser davantage de questions qu'une autre voix répondit. Il y avait donc au moins deux personnes autour d'elle. Rassurant ou effrayant, Elizabeth n'était pas encore capable de le déterminer. « Vous m'entendez ? » Demanda alors la jeune femme, essayant de crier malgré tout le bruit, pour savoir s'ils l'entendaient comme elle les entendait. Puis elle s'avança, doucement, à la recherche de ces personnes, une main devant elle pour détecter les éventuels obstacles, décidant qu'elle serait mieux accompagnée que seule. Sauf qu'il était plus que difficile de trouver quelqu'un à travers toute cette neige et ce vent.

Elizabeth se sentait perdue, comme bien souvent avec cette ville. Il ne fallait lui chercher aucune logique. Cette ville était régie par ses propres règles, la preuve en était aujourd'hui. Comment pouvait-on passer d'une température proche d'une canicule à un froid glacial accompagné d'une tempête de neige ? Il ne fallait pas y chercher de logique, il fallait se contenter de survivre. Ou d'essayer du moins. Elizabeth était déjà gelée, n'ayant rien pour se protéger les bras. Elle n'y voyait rien et elle ne pouvait pas rester sur place. Il était alors difficile de prendre une décision : avancer sans rien voir d'un potentiel danger ou s'arrêter et mourir de froid sur place ? Finalement la première solution lui semblait préférable, d'autant que deux voix se firent entendre. Si dans un premier temps, elle avait réfléchi à la possibilité de gérer cette situation seule, elle s'était rendue compte qu'à trois, ils avaient plus de chances de s'en sortir et ce, même si Elizabeth ne faisait confiance à personne. Affronter la situation à trois serait, seulement, plus simple. Enfin, elle l'espérait du moins. Puis, cette fois-ci, elle ne pouvait pas mettre sur le dos de Mary ce qui était en train d'arriver, donc elle pouvait se permettre de ne pas voir des envoyés de cette dernière en ces deux personnes qui étaient là aussi.

L'ancienne reine tentait donc d'avancer à travers ce blizzard, un bras tendu devant elle pour éviter tout obstacle, ou mieux encore, pour découvrir enfin ces deux personnes qui semblaient dans la même galère. L'homme répétait en boucle la même phrase, sans doute pour les aider à se diriger vers lui, mais avec le bruit de cette tempête, cela restait compliqué. Malgré tout, Elizabeth, grâce à cette voix, tentait de se diriger au moins dans la bonne direction. Elle était à peu près certaine de ne pas s'éloigner, c'était déjà ça. A mesure que les secondes passées, il devenait difficile pour Elizabeth de se concentrer sur les voix, tremblotante et y voyant de moins en moins. Comment était-ce possible d'avoir si froid ? Elle avait l'impression que tout son corps était transpercé par ce froid et en même temps, elle avait l'impression de ne plus sentir le bout de ses doigts.

La voix féminine l'appelait, enfin elle supposait que c'était elle qu'on appelait, mais avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit, elle se cogna contre quelqu'un, quelqu'un qui lui attrapa le bras. Elle eut un sursaut de surprise, la peur de se retrouver avec deux inconnus l'envahissant tout à coup. Pourtant, elle tenta de se reprendre, observant la femme puis l'homme. Elle ne les connaissait pas et il ne lui inspirait rien, ni confiance particulière, ni manque de confiance. Elle ne les voyait que comme deux compagnons d'infortune. Ils semblaient tout aussi peu couvert qu'elle, ils allaient sans doute mourir tous les trois de froid en quelques minutes. « Il faut continuer à marcher, ne surtout pas s'arrêter si on ne veut pas mourir de froid. » Même si leurs corps commençaient à se fatiguer, même si l'envie de se recroqueviller dans un coin était forte, même si marcher sans rien voir était angoissant et dangereux. Ils devaient réchauffer leurs corps autant que possible pour se donner une chance, pour se donner des minutes en plus. « Je n'ai vu aucun bâtiment d'où je viens. » précisa-t-elle lorsqu'ils évoquèrent le besoin de trouver un abri, tentant de se réchauffer en serrant ses bras contre elle. C'était évident qu'il fallait trouver un abri, mais Elizabeth n'avait rien vu ou alors, par malchance, sa longue marche sous la neige l'avait toujours fait éviter les bâtiments. Et c'était une chose bien étrange si elle songeait au fait qu'elle était en pleine rue, entourée de bâtiments donc, et que tout à coup, il ne semblait plus rien avoir. Sans doute que leur destin était d'affronter ce froid et de laisser la ville choisir pour eux entre vivre ou mourir. 

Ils allaient mourir. C'était évident. Ils ne pouvaient rien faire contre cette ville et elle avait choisi de les faire mourir de froid sans qu'aucun, sans doute, n'en comprenne les raisons. Elizabeth se consolait alors en se disant qu'elle n'allait pas mourir seule. Sa mort serait moins triste que sa vie, quelque part. C'était une maigre consolation, mais une consolation tout de même. Puis, elle n'allait pas mourir sans se battre. Bien sûr, il s'agissait très certainement d'une lutte vaine et inutile, mais elle préférait mourir en se battant qu'en abandonnant.

Il faisait si froid. Comment pouvait-il faire si froid ? Chaque mouvement devenait difficile, douloureux. Elle commençait à avoir du mal à garder les yeux ouverts, comme si elle se retrouvait subitement épuisée. Sa première idée était qu'il fallait continuer de marcher. Encore et encore. Même si c'était douloureux, même si c'était difficile. Il fallait continuer. Il fallait se réchauffer autant que possible. Le mieux était, évidemment, de trouver un lieu où s'abriter, mais elle n'avait vu aucun bâtiment en venant à eux, ce qui était plus qu'étrange, elle en convenait. L'homme répliqua la même chose et était incapable de le justifier, lui-aussi. Ils étaient en pleine rue, il était impossible que tous les bâtiments aient disparu d'un coup ! Elizabeth ne répondit rien parce qu'elle n'avait rien à dire, aucune explication à donner... C'était tout simplement impossible et pourtant, c'était ce qui était en train de leur arriver. Mais devraient-ils vraiment s'en étonner lorsqu'ils étaient de toute façon plongés en pleine tempête de neige quelques minutes après un temps presque caniculaire ?

La femme, quant à elle, entreprenait de trouver une solution pour être certaine qu'ils ne se retrouvent pas séparés. Elle avait raison, évidemment. Et même si Elizabeth n'appréciait pas du tout le contact, elle n'opposa aucune résistance lorsque la jeune femme lui attrapa la main. C'était nécessaire et elle le savait. Vint ensuite la première question de l'homme, certainement pour aider à comprendre la situation. L'autre femme fut la première à répondre, expliquant qu'elle faisait son footing. Elizabeth répondit juste ensuite : « Je rentrais chez moi, j'ai passé le reste de la journée à travailler. » Comme toutes les autres journées d'ailleurs. La vie d'Elizabeth était parfaitement réglée et chaque jour était identique - sauf lorsque la ville s'amusait avec elle. « Et vous ? » demanda-t-elle alors à l'homme qui ne s'était pas encore exprimé à ce sujet. La jeune femme souleva alors quelque chose d'intéressant et de totalement vrai : où étaient les autres personnes qui étaient dans les rues avec eux, avant tout ça ? « Elles se sont comme volatilisées... » Inutile de le préciser, la réponse semblait évidente, mais elle avait eu besoin de se l'entendre dire à voix haute. « C'est un peu comme si nous avions été choisis par quelque chose... » Tous les trois, ce n'était pas un hasard. Ça ne pouvait pas être un hasard. Pour autant, ça n'avait pas le moindre sens.

La femme eut, quant à elle, semble-t-il, besoin de se présenter. C'était comme un au revoir un peu en avance, des adieux parce qu'il n'existait plus aucun espoir. « Selina, ne dites pas ça, nous n'allons pas abandonner comme ça, même si tout semble perdu d'avance, on doit se battre jusqu'au bout, essayer au moins... » souffla-t-elle en lui serrant plus fort la main, malgré le froid qui congelait ses pauvres doigts. Elizabeth n'avait plus vraiment d'espoir elle non plus et elle n'était pas spécialement du genre à prendre soin des autres ou à les rassurer, pourtant elle ne voulait pas voir cette femme abandonner, pas si vite - peut-être parce qu'elle craignait de faire de même si ses acolytes abandonnaient ? Elle n'avait peut-être pas tout compris à la description de cette femme, mais elle retint son prénom et son envie de vengeance. Dans d'autres circonstances, ces simples mots auraient fait naître la peur chez Elizabeth, mais ici cette femme ne représentait aucune menace d'une part et d'autre part, elle mourrait trop de froid pour se soucier d'avoir peur. Alors elle ne retenait que l'essentiel, que ce qui avait de l'importance à cet instant précis. « Je m'appelle Elizabeth. » Se présenta-t-elle alors à son tour, n'ajoutant rien d'autre - puisque même aussi près de la mort, elle n'avouerait jamais rien pour se protéger - après tout s'ils étaient destinés à mourir ensemble, ils pouvaient au moins connaître leur prénom.