Les créatures de notre passé | Amy

Voilà quelques mois que la ville avait fait un cadeau à Clara en lui rendant son TARDIS. Il était clair, qu’avec, elle n’allait pas réussir à quitter la ville, mais elle ne pouvait s’empêcher d’espérer. Elle s’était habituée à ce monde et ici, elle avait presque tout ce qui lui fallait et elle avait presque toutes les personnes qu’elle aimait à ses côtés. Pourtant, elle devait bien avouer qu’une chose lui manquait plus que tout. L’univers. Les autres planètes. Les aliens. Toute cette partie de son ancienne vie lui manquait terriblement. Ici, elle était, en partie satisfaite, car il y avait des créatures à combattre, des énigmes à résoudre, de nouveaux lieux étranges à découvrir… Mais ce n’était pas vraiment pareil. La sensation n’était pas la même. Alors régulièrement, Clara grimpait à bord de son TARDIS et tentait de le faire décoller au-delà des limites de la ville. Jusque-là, toutes ses tentatives étaient vaines. Jusque-là, elle n’avait jamais réussi à quitter la ville. Mais la brune n’avait pas envie d’abandonner. Elle n’allait très certainement jamais abandonner, pas de si tôt en tout cas.

C’est avec Amy, cette fois-ci, qu’elle avait essayé de s’envoler au bord de son TARDIS. Comme d’habitude, elle avait réussi à mettre les machines en route, elle avait réussi à faire décoller l’appareil, mais chose étrange, le TARDIS indiquait toujours la même position… à quelques détails près. C’était comme si elles étaient toujours à la même place, à la même époque, mais pas tout à fait sur la même planète. En voyant cette information, Clara ne savait pas ce qu’elle devait en déduire. Est-ce que le TARDIS avait un problème ou bien est-ce qu’elles avaient vraiment changé de planète ? « Il y a un problème. » Lâcha-t-elle, perplexe. Et sans un mot de plus, elle avait lâché la console et s’était mise à courir vers la porte du TARDIS. À l’extérieur, tout semblait normal. Presque normal. Elles étaient au même endroit, Clara pouvait le confirmer, la place était identique. Seulement, à l’extérieur, le néant semblait s’être installé. « Qu’est-ce qui s’est passé ici ? » Qu’est-ce qui avait pu arriver à la ville en si peu de temps ?

Sans vraiment en parler à Rory - disons qu'elle lui épargnait certains détails qui pourraient lui déplaire - Amy passait un certain temps à bord du TARDIS de Clara. Les deux femmes avaient bon espoir de le faire s'envoler au-delà de cette ville - même si l'idée que cela fonctionne sans possibilité de retour effrayait Amy qui refusait de perdre sa fille et son époux, évidemment - et d'être capable de briser les barrières invisibles qui entouraient ce monde mystérieux.

Cette fois encore, Clara et Amy avaient décidé de faire voler le TARDIS. Le plus probable serait que, comme d'habitude, elles se retrouveraient dans la ville, mais à un endroit différent de celui d'où elles étaient parties. Les deux femmes lancèrent donc les choses, comme toujours, sauf que, cette fois-ci, les choses ne se passèrent pas exactement comme d'habitude. Clara, perplexe, avait lancé qu'il y avait un problème. Aussitôt, le coeur d'Amy s'était mis à battre plus vite. Elle cherchait l'aventure, mais elle craignait ce problème qu'il pouvait y avoir - parce qu'elle l'ignorait, tout simplement. Sans un mot, inquiète et curieuse, Amy avait suivi Clara jusqu'à la porte du TARDIS pour découvrir ce qui était en train de se passer et quel était donc ce fameux problème.

Elles semblaient toujours au même endroit, à la même place, mais l'endroit était... Dévasté. En ruine, presque. Il avait été le théâtre d'une guerre, lui semblait-il, mais comment était-ce possible ? « Peut-être avons-nous voyagé dans le temps ? » Non, le TARDIS l'aurait indiqué ou... Enfin, elle ne savait pas. « Peut-être que nous sommes passées dans une sorte de monde parallèle ? » C'était à peu près la seule explication logique qui lui venait à l'esprit. Et il lui fallait une explication logique. « On va voir ? » La curiosité l'emportait sur la peur. Hope n'était pas avec elles, elles étaient donc libres de se mettre en danger - même s'il fallait rentrer à la maison entière et en vie parce qu'elle ne comptait pas abandonner sa fille... Enfin, encore fallait-il pouvoir le faire, mais ça, elle y penserait plus tard - et de découvrir ce que cet endroit avait à cacher.

Régulièrement, Amy et Clara se retrouvaient là, proches des commandes du TARDIS, essayant de le faire décoller au-delà des limites de la ville. Dans ce monde, il y avait peut-être autre chose que cette île. Un reste de monde à visiter. Sans oublier les milliers de planètes encore inconnues - pour elles - qui n’attendaient que leur venue. Et à chaque fois, la même chose se produisait : les machines se mettaient en route, le TARDIS décollait et quelques secondes plus tard, il atterrissait à un autre endroit de l’île. Mais Clara ne perdait pas espoir. Ce monde, elle avait appris à l’aimer, vivre ici n’était plus un problème, seulement, elle refusait d’y rester toute sa vie. Elle refusait de faire une croix sur les aventures dans l’espace, sur la découverte d’autres planètes, sur l'excitation face à l’aventure. Elle avait besoin de tout cela pour vivre.

Cette fois encore, le TARDIS avait décollé, seulement, les choses étaient différentes. Elles étaient à la même époque, au même emplacement, mais la planète semblait différente. Avaient-elles réussi à voyager ? Ou n’était-ce qu’un pur hasard ?

Dehors, le décor était différent. Tout était en ruine, ou presque tout. Comment la ville avait pu être si abîmée en quelques secondes de voyages ? « Impossible, le TARDIS indique toujours la même date. » Ça, elle pouvait l’affirmer, elles n’avaient pas changé d’époque. La date et l’heure correspondaient parfaitement à celles de leur départ. « Je ne vois pas d’autre explication. » Le monde parallèle était sans doute la seule explication logique. Mais est-ce que cela voulait dire qu’avec le TARDIS, elle pouvait voyager sur l’île et sur ses mondes parallèles ? Elle le croyait en tout cas, ignorant que ce n’était qu’un hasard. Le TARDIS ne l’avait pas envoyé ici, il en était incapable, mais la ville était la responsable. « On y va. » Dit-elle avec cet immense sourire, impatiente de découvrir ce monde, ses secrets et ses dangers. Elle avait hâte de comprendre ce qu’il s’était passé ici.

Après avoir refermé la porte du TARDIS, les deux femmes s’étaient avancées dans la ville. Toutes les rues étaient détruites, en feu, la misère régnait ici. Qu’il était triste de voir la ville dans cet état. « Qu’est-ce qui a bien pu causer tous ces dégâts ? » Demanda-t-elle sans vraiment attendre de réponse, Amy n’en savait pas plus qu’elle, elle venait d'atterrir là, elle aussi et elle était tout aussi ignorante. « Regarde ça ! » Dit-elle en désignant un œil de Dalek - enfin une chose qui ressemblait à un œil de Dalek - sur le sol, sous un tas de débris. « Regarde, c’est amusant, on dirait un œil de Dalek. » En réalité, ça n’avait rien d’amusant, puisqu’il s’agissait bel et bien d’une partie de Dalek, mais ça, elle ne pouvait l’imaginer.

Les choses étaient étranges. Comme à chaque fois, le TARDIS avait décollé, mais, cette fois-ci, elle n'avait pas changé d'endroit. Cette fois-ci, l'emplacement était précisément le même, mais le décor était différent. Trop, pour que ce ne soit qu'un hasard. La ville n'avait pas pu se détruire en une fraction de seconde... alors, elles avaient voyagé dans le temps ? Dans un futur apocalyptique où il ne resterait rien de la ville dans laquelle ils évoluaient tous désormais ? C'était ça, leur avenir ?

Clara, avec certitude, expliquait que la justification n'était pas bonne. Elle était impossible même, puisque le TARDIS indiquait toujours la même date. « C'est forcément une erreur ! Le TARDIS a un problème... » Parce que c'était plus rassurant de se dire ça que d'imaginer que leur ville avait été détruite en une seconde et qu'elles avaient tout perdu. Et si elles en étaient responsables ? Si ces dégâts étaient liés au TARDIS ? Si elles avaient détruit quelque chose ? Aussitôt, bien sûr, ses pensées et son inquiétude allaient vers Rory et Hope. Elle se sentait impuissante et inutile. Elle avait peur.

Pour se rassurer, et parce que ça restait une explication possible, la jeune femme émettait l'idée d'un monde parallèle. Un monde semblable en tout point, mais où les choses auraient évolué différemment, faisant de ce monde une ruine. Clara semblait adhérer à cette idée - parce qu'elle était plausible ou rassurante ? Amy n'avait pas envie de savoir. D'autant que, très vite, la peur avait laissé place à l'excitation, tant chez l'une que chez l'autre. L'excitation de découvrir cet endroit et de vivre une telle aventure. Elles avaient tellement espéré qu'il fallait désormais en profiter à fond. Les choses s'arrangeaient peut-être. Avec le temps, peut-être que cette ville les laisserait s'envoler ailleurs et pas seulement dans des dimensions parallèles ? Oui, il fallait voir le bon côté des choses.

A l'extérieur, les deux femmes ne trouvaient qui ruines et désolation. Partout, le feu et la destruction. Un frisson avait même parcouru Amy à la vision de cette ville, dans cet état. « Je l'ignore, mais j'espère que ce n'est plus là. » Partir à l'aventure, oui, mourir bêtement, non. Si une créature était responsable de tout ça, Amy n'avait pas particulièrement envie de tomber nez à nez avec elle.

Aux mots de Clara, Amy s'était dirigée vers ce qui ressemblait à un oeil de Dalek. La coïncidence était étrange et amusante. Heureusement, les Dalek n'existaient pas chez elles, dans ce nouveau monde - encore une façon de se rassurer. Doucement, Amy s'approchait pour dégager la relique, mais alors qu'elle relevait les yeux vers Clara, amusée, elle remarqua quelque chose. « Clara, allonge-toi, vite ! » Hurla-t-elle en se jetant sur son amie pour lui éviter le tir d'un Dalek, réel et bien en vie. Ils existaient bel et bien, même ici. Première nouvelle et, surtout, très mauvaise surprise. Encore une chose à laquelle elles ne s'étaient pas préparées. « Merde ! Il faut qu'on parte d'ici et vite. » Cette fois-ci, l'heure n'était plus à la plaisanterie. Cette chose était entre elles et le TARDIS, impossible donc d'y retourner. Et, cette chose était presque invincible pour deux femmes désarmées comme elles... Elles devaient donc fuir, et très vite, si elles voulaient rester en vie.