(terminé) Une soirée entre sœurs || Sophie

Sophie était impatiente de voir sa soeur débarquer avec son petit garçon. Elle attendait ce moment depuis des jours. La jeune fille adorait tant avoir du monde chez elle, plus encore sa famille. Cela lui rappelait tant sa vie d'avant, lorsqu'elle vivait à Réan ou à Fleurville. Elle avait bien pris le temps de ranger la maison comme il fallait et de passer acheter tout ce qui pouvait être utile pour grignoter. Elle avait préparé du mieux qu'elle pouvait cette soirée entre soeurs. Elle voulait que tout soit parfait. Elle voulait que rien ne puisse gâcher ce moment. Camille, de son côté, devait s'occuper du repas. En effet, Sophie n'était pas vraiment douée en cuisine et se contentait bien souvent de réchauffer des plats qu'elle trouvait au supermarché du coin ou de mélanger différents ingrédients qui n'avaient sans doute rien à faire ensemble.

A l'heure prévue, en fin de journée, tandis que Sophie était tranquillement installée dans son lit, elle entendit enfin frapper. Elle avait l'impression d'avoir attendu des heures tant elle était impatiente. Sauf que même pressée, Sophie n'avait pas l'intention de se dépêcher. Plutôt que de se précipiter vers la porte, Sophie jouait en descendant les escaliers. La jeune fille se comportait toujours de la sorte, aucune raison que ça étonne sa soeur aînée. Arrivée en bas, après avoir évité une chute, la jeune fille ouvrit enfin la porte et se décala immédiatement pour laisser sa soeur et son neveu entrer. Il semblait faire vraiment froid dehors, elle regrettait de les avoir fait attendre si longtemps. « Je suis tellement contente Camille qu'on passe cette soirée, ici. Puis ça change de l'orphelinat ! » s'exclama Sophie sans même prendre le temps de la saluer, mais en se précipitant sur la poussette pour en sortir son neveu et le prendre dans ses bras. « Vous devez avoir bien froid, non ? » demanda-t-elle, peut-être qu'il ne faisait pas si froid et que cette impression venait uniquement du fait que Sophie était bien au chaud depuis des heures. « Venez vous réchauffer dans le salon. » lança-t-elle aussitôt sans laisser le temps à sa soeur de répondre, se dirigeant immédiatement vers celui-ci, le petit dans les bras. Elle le déposa aussitôt sur le canapé, lui retirant bonnet, écharpe, gants et manteau. « J'ai tout préparé ! De quoi grignoter tant pour nous que pour le petit... » parce qu'elle avait bien pensé qu'à deux ans, il ne mangeait pas forcément les mêmes choses ou n'aimait pas les mêmes choses qu'elles. « J'ai préparé votre chambre aussi, tout ce qu'il faut pour dormir et tout ce qu'il faut pour que Georges soit bien installé ! Je lui ai même sorti des jouets et des livres pour qu'il ne s'ennuie pas. » Sophie en avait amassé pas mal entre toutes les fois où sa soeur déposait des affaires lorsqu'elle venait et elle avait complété le tout pour que tout soit à disposition de sa soeur et de Georges lorsqu'ils venaient, un peu comme s'il s'agissait d'une deuxième maison pour eux. Ici, il y avait tout le nécessaire pour s'occuper d'un enfant de l'âge de Georges, il ne manquait jamais de rien. « Et tu as apporté quoi comme repas ? » demanda Sophie, curieuse et s'arrêtant enfin de parler pour laisser à sa soeur le temps de, vraiment, répondre.

Sophie avait mis un temps fou à venir ouvrir la porte, alors que sa soeur et son neveu attendaient dans le froid. A peine eut-elle ouvert la porte qu'elle s'en voulut de les avoir fait attendre autant alors qu'il faisait si froid. Elle les fit donc entrer rapidement et sortit presque aussitôt George de sa poussette pour le prendre dans ses bras. « C'est parce que j'étais en train de ranger quelque chose. » mentit-elle lorsque sa soeur lui reprocha gentiment de les avoir fait attendre aussi longtemps. Rapidement, Sophie avait proposé à sa soeur de la suivre dans le salon. Il y faisait bien plus chaud et les deux pourraient se réchauffer rapidement.

Sophie déposa le petit garçon dans le canapé et le débarrassa de son manteau, son écharpe et son bonnet. Tout en faisant cela, Sophie précisa qu'elle avait tout préparé et rien oublié. Normalement. La jeune femme était fière d'elle. Elle avait essayé de faire une liste pour ne rien oublier, notant ce qu'il fallait pour grignoter tant pour elles que pour le petit, ce qu'il fallait prendre à boire... Puis elle précisa qu'elle avait tout préparé dans la chambre, qu'elle avait sorti des jouets et des livres pour le petit. Elle était si fière d'elle qu'elle attendait des félicitations. Toujours semblable à une enfant. « Je me débrouille bien maintenant, tu pourras venir passer ce genre de moments plus souvent et j'm'occuperai de tout. » comme si c'était une condition à la venue de sa soeur. En réalité, elle l'espérait parce qu'elle se sentait seule dans cette grande maison et qu'elle aurait aimé avoir la compagnie de sa soeur et de son neveu chaque jour.

Puis maintenant que Sophie avait parlé des choses qu'elle avait faites, elle n'avait qu'une hâte : connaître le repas apporté par sa soeur. Elle avait tellement hâte de le manger, elle qui ne cuisinait jamais et qui se contentait de plats tout préparés. Et ce fut seulement après cette question que la jeune femme se tut pour de bon afin de laisser sa grande soeur parler. Il était évident en voyant le visage de Sophie qu'elle était déçue de ce qu'elle entendait à mesure où elle l'entendait. « C'est moi la maladroite normalement. » sourit-elle, en entendant la fin de la phrase de Camille. « Peut-être qu'on peut trouver de quoi faire à manger dans mes placards, je n'en sais rien. Et tu sais comment on commande, sinon ? » Parce que Sophie ne l'avait jamais fait et qu'elle ignorait comment faire. « Mon téléphone, pourquoi ? » demanda-t-elle, reprenant aussitôt. « Il est dans ma chambre, dans la table de chevet, pourquoi ? » Il y avait besoin d'un téléphone pour commander quelque chose ? Et comment Camille connaissait le bon numéro à appeler pour ça ? Sophie, elle, n'avait que quelques rares numéros dans son répertoire, aucun numéro pour commander quelque chose.

« Non, je ne mens pas ! » affirma la jeune fille, faisant semblant d'être choquée et vexée par cette affirmation. En réalité, elle mentait totalement, mais elle ne l'avouerait pas. Pas si facilement. Voulant vite passer à autre chose, la jeune femme avait sorti le petit garçon de sa poussette pour l'emporter vers le salon où il faisait bien plus chaud. Elle le débarrassa de son manteau, de son écharpe et de son bonnet tout en expliquant à sa soeur ce qu'elle avait préparé pour cette soirée. Elle était si fière d'avoir pensé à tout, d'avoir prévu de quoi grignoter, d'avoir prévu de quoi boire, d'avoir préparé la chambre ou encore d'avoir préparé tout ce dont Georges pouvait avoir besoin. Elle souhaitait tant que sa soeur soit fière d'elle et elle espérait tant ne rien avoir oublié. Comme elle l'espérait, sa soeur la félicita. Sophie ne put s'empêcher de sourire, fière d'elle. Puis elle tenta de la rassurer en lui disant que même sans tout cela, elle aimait passer du temps ici, avec sa soeur. « Je suis certaine que ça t'ennuie lorsque tu viens et que tu dois tout faire. » elle cherchait uniquement à être rassurée, même si quelque part, au fond, elle le pensait vraiment. Sinon pourquoi Camille ne venait pas plus souvent ? Et pourquoi elle ne passait pas plus de temps ici ? C'était forcément ça la raison.

Si Sophie avait, semble-t-il, fait tout ce qu'elle devait faire, Camille avait eu un problème avec le repas. Un malheureux accident l'avait fait tout renverser. Il était clair à l'expression de Sophie qu'elle était déçue et amusée en même temps. N'était-ce pas elle la soeur maladroite qui faisait des bêtises, normalement ? « Tant mieux, c'est bien plus amusant d'être maladroit. » Ou pas, en réalité. Cela causait bien plus de problèmes que d'amusements, généralement. Bref, puisque le repas était tombé, il fallait trouver autre chose. Camille proposa alors deux solutions : chercher quoi faire dans les placards de Sophie, ce qui semblait compliqué puisque la jeune femme ne cuisinait pas, ou commander. Sauf que ni l'une ni l'autre n'avait déjà fait ça. Elles ignoraient comment cela fonctionnait. « Je cuisine de mieux en mieux Camille ! » souffla-t-elle, un peu vexée. Mais ce fut bien vite oublié lorsque Sophie voulut comprendre le pourquoi Camille avait besoin de son téléphone. Quel était le rapport entre le téléphone et commander un repas ? Il était pourtant tout à fait logique, le repas n'allant pas apparaître comme par magie au milieu de la table. Heureusement que les enfants de l'orphelinat étaient là pour apprendre des choses à Camille, qui pouvait ensuite les apprendre à Sophie. Elles étaient encore perdues pour certaines choses dans ce monde et la présence de ceux qui étaient habitués à cette vie facilitait grandement les choses. Camille laissa donc le choix à Sophie. Sophie qui hésitait grandement. C'était tentant de commander un repas sans rien avoir à faire et voir comment c'était. C'était tout aussi tentant de cuisiner avec sa soeur et son neveu pour passer un bon moment. Alors, elle y avait réfléchi un instant tout en se jetant sur le canapé pour s'y s'asseoir. « J'ai une idée ! » claqua-t-elle d'un coup, laissant bien trop de temps passer pour une si simple décision. « Nous commandons le repas, si on y arrive. Et nous essayons de trouver dans mes placards de quoi faire un petit dessert ! » Elle était si fière d'avoir eu une idée pourtant si simple. « Je sais que j'ai du chocolat, du sucre et de la farine. » Parce qu'elle mangeait énormément de chocolat, qu'elle sucrait tout et qu'elle avait acheté de la farine une fois où elle avait tenté de faire un gâteau qu'elle avait littérallement brûlé. S'il fallait autre chose, Camille trouverait bien quoi dans ses placards. « Juste un petit truc pour garder de la place pour tout ce que j'ai acheté ! » elle serait tellement déçue d'avoir acheté tout ça pour rien qu'elle le précisait. « Je vais chercher mon téléphone, attend une seconde. » dit-elle en se levant pour courir vers sa chambre, à l'étage. Elle redescendit aussitôt le téléphone en main pour le tendre à sa soeur. « Tiens, c'est toi qui le fais. » elle n'aimait pas s'en servir et elle risquait de faire une bêtise, autant laisser Camille s'en charger. Malgré tout, avec son métier, elle avait pris plus l'habitude que Sophie.

Bien sûr qu'être maladroit était amusant. Souvent plus pour les autres que pour soi-même, en revanche. Cette fois-ci, il était amusant d'imaginer Camille faire une bêtise, mais beaucoup moins de ne pas avoir de repas. Les deux filles évoquèrent alors les possibilités. Possibilités qui n'étaient pas bien nombreuses, d'autant que Sophie ne cuisinait pas. Ou très peu parce qu'elle cuisinait bien trop mal. Selon Sophie, elle cuisinait de mieux en mieux. Ce n'était pas forcément vrai, notamment parce qu'elle ne cuisinait presque jamais, il était donc impossible pour elle de s'améliorer. Elle se trouvait simplement vexée de la réflexion de sa grande soeur. « Je le sais.» répondit-elle simplement, oubliant aussitôt.

Puisque Camille laissait la décision finale à Sophie, cette dernière proposa de commander quelque chose et de faire un petit dessert pour avoir l'activité cuisine dont avait parlé Camille. Il ne fallait pas trop en préparer, Sophie ne voulait pas que tout ce qu'elle avait acheté ne serve à rien. Elle était si fière d'avoir pensé à tout. « Surtout que je crois que l'on pourrait inviter toute la rue à manger avec tout ce que j'ai prévu. » précisa la rousse, amusée, avant de signaler à sa soeur qu'elle montait chercher son téléphone.

Aussitôt dit, aussitôt fait, Sophie redescendit avec son portable et le tendit à sa soeur. Elle avait proposé, elle faisait. Sophie ne se servait de ce portable que lorsque c'était nécessaire. Le reste du temps, elle laissait les autres se débrouiller avec ça. Sans y faire grande attention, Camille reposa le portable sur la table, signalant qu'elles cuisineraient d'abord, avant de commander. Sophie n'avait rien contre, même si elle trouvait qu'elles attendraient bien longtemps avant de pouvoir manger. Et autant dire qu'elle n'était pas patiente et qu'elle avait faim. « D'accord, mais on grignote quelque chose en même temps que de cuisiner ! J'ai faim ! » signala-t-elle à sa soeur, observant en même temps la table qui contenait normalement tout le nécessaire pour le gâteau. « Alors, tu vois qu'il y avait tout ce qu'il fallait ! » rétorqua Sophie, fière d'elle alors qu'elle n'y était pas pour grand chose finalement.

Sophie observa sa soeur et son neveu, attendant patiemment qu'on lui donne une tâche. « Oh Camille, faire fondre du chocolat, ce n'est pas compliqué ! » se moqua Sophie, en sortant une casserole et en cassant le chocolat à l'intérieur, en profitant au passage pour en manger quelques morceaux, avant de déposer cette dernière sur le feu. Lorsqu'il commençait à fondre, Sophie n'avait rien trouvé de mieux à faire que de passer un doigt sur le fond de la casserole pour y goûter le chocolat. Heureusement, en voyant que c'était bien trop chaud, elle avait aussitôt retirer sa main. Elle savait bien que ça allait être chaud, mais sa gourmandise l'avait poussé à le faire, se disant que ça ne devait pas l'être tant que ça. Ça piquait légèrement et ça lançait un peu, mais elle ne voulait rien dire pour ne pas que Camille se moque d'elle. Alors elle se contentait de souffler discrètement sur son doigts, priant pour que cela suffise. Elle n'avait pas brûlé le chocolat, mais elle s'était brûlée elle. Quelque part, elle avait donné tort à Camille et c'était tout ce qui comptait.

S'il fallait attendre pour manger, alors Sophie voulait grignoter en faisant la cuisine. La patience n'avait jamais été son truc, plus encore lorsqu'il s'agissait de nourriture. La gourmandise était sans doute son plus gros défaut, avec son impatience, son habitude de faire des bêtises et de mentir. Autant dire qu'elle cumulait plutôt les défauts. A la réflexion de sa soeur, la jeune femme lui tira donc la langue et attrapa un des paquets de chips qu'elle avait acheté, l'ouvrit et le versa dans un bol qu'elle déposa près d'eux.

Une fois cela fait, Camille donna une tâche à Sophie. Elle devait faire fondre le chocolat. Un jeu d'enfant, selon elle, et elle n'oublia pas de le faire remarquer à sa soeur qui la mettait, comme toujours, en garde. Camille avoua alors lui faire confiance, ce qui rendit fière la jeune femme. Elle se mit donc à la tâche qu'on lui avait confié, mais bien rapidement l'odeur du chocolat en train de fondre donna envie à Sophie. A tel point qu'elle n'eut pas la patience d'attendre, comme toujours. Elle trempa donc son doigt dans le chocolat bouillant de la casserole encore sur le feu. Pour donner tort à sa soeur, la jeune femme ne disait rien, tentant tant bien que mal de cacher sa douleur.

C'était peine perdue puisque sa demi-soeur remarquait tout. Sophie poussa un long soupir en voyant sa soeur se précipiter vers elle, se cognant au passage, ce qui ne manqua pas de faire sourire Sophie. Elle ne voulait pas que sa soeur se blesse non, mais elle trouvait ça amusant. Et puis, elle ne devait pas s'être fait si mal que ça... Comme toujours, Camille la grondait et soupirait de lassitude. Comme première réponse, Sophie leva les yeux au ciel en soupirant de nouveau. « Oh ça va, ce n'est qu'une toute petite brûlure de rien du tout. Demain on ne verra déjà plus rien ! » elle n'était plus une enfant, elle en avait marre d'être grondée. Elle avait fait une erreur, ça arrivait à tout le monde, non ? « Très bien, très bien. Je ne touche plus à rien. » souffla Sophie en s'asseyant sur l'une des chaises de la cuisine, à la demande de sa soeur, gardant un oeil sur son neveu. Dès que sa soeur eut le dos tourné, Sophie observa sa main. Elle avait bien mal en réalité, mais elle ne voulait pas le montrer à Camille, refusant de lui donner plus raison encore.

Tandis qu'elle soufflait sur sa main comme si elle s'attendait à un miracle, Camille redescendit vers la cuisine. Sophie releva alors les yeux vers sa soeur, les baissant presque aussitôt puisque cette dernière venait de chuter. Sophie tenta de se retenir pour ne pas rire, mais elle ne put tenir qu'une seconde ou deux avant d'exploser de rire. « On se demande laquelle fait le plus de bêtises, Camille ! » Après tout, aujourd'hui sa soeur avait déjà fait tomber un repas, s'était cognée, était tombée... C'était beaucoup pour une seule journée ! Sophie, toujours morte de rire, se dirigea vers Camille pour l'aider à se relever. « Il fallait regarder où tu mettais les pieds et ne pas faire si vite, on tombe lorsque l'on va trop vite et que l'on ne fait pas attention ! Et tu as de la chance, tu aurais pu te faire très mal Camille ! Mais ça te servira de leçon, n'est-ce pas ? » se moqua-t-elle, son index s'agitant devant Camille comme lorsque l'on grondait un enfant. Elle ne faisait que faire ce qu'on lui faisait en permanence, et c'était amusant. Pour une fois qu'elle n'était pas celle qui faisait le plus de bêtises.

Sophie leva les yeux au ciel. Elle avait compris qu'elle aurait pu se faire plus mal, mais ce n'était pas le cas. « J'ai compris Camille, je ne recommencerais plus. » promit-elle, même si ses promesses ne valaient pas grand chose en général. A la demande de sa soeur, Sophie s'installa sur une chaise et ne toucha plus à rien. Elle gardait un oeil sur son neveu tout en soufflant sur sa main pour faire disparaître la douleur. En très peu de temps, Camille fut de retour. Sophie leva alors les yeux vers elle pour la voir chuter presque aussitôt. Si la rousse avait tenté de se retenir une seconde ou deux, elle explosa de rire, heureuse de voir qu'elle n'était pas toujours la plus maladroite des deux. Elle se fit rappeler à l'ordre rapidement, mais elle s'en fichait, elle continuait de rire et de gronder sa soeur. « Et si madame ouvrait les yeux, elle ne tomberait pas ! » rétorqua-t-elle, toujours en train de rire. Si elle ne relevait pas le reste, elle n'en pensait pas moins. Dans ce cas précis, il n'était pas vraiment possible de parler de souffrance. Camille ne s'était pas fait mal, sinon Sophie n'aurait jamais réagi comme ça. Évidemment.

Une fois debout, la brune s'approcha et demanda à Sophie de tendre sa main. Elle le fit, sortant des « aïe, aïe, aïe... » avant même que sa soeur ne l'ait touché. Elle fermait les yeux et tournait la tête pour ne pas voir ce que sa soeur allait faire. Elle sursauta alors, se reculant sur sa chaise lorsque Camille renversa un pot d'encre sur elle. « Ce n'est rien, ne t'en fais pas... » après tout, ce n'était que de l'encre. Sophie était une grande habituée des vêtements tâchés. Pourtant Camille se précipita pour tenter de nettoyer le vêtement, sans grand succès. Encore une fois, Camille la gronda. Sophie poussa un long soupir et croisa les bras. « C'était sa place. La place que je lui ai donné ! » elle insistait bien sur le sa. Elle rangeait bien ses affaires comme elle le voulait. « Tu es maladroite Camille et tu me rends responsable de tes bêtises ! » en disant qu'elle rangeait mal ses affaires, notamment. Elles n'étaient pas mal rangées, elles avaient juste une place bien particulière. « Tu n'ouvres pas les yeux, tu ne fais attention à rien ! Tu as de la chance, il ne s'agissait que d'encre, mais cela aurait pu être bien pire ! » elle était plus ou moins sérieuse, elle se prenait vraiment au jeu de gronder sa soeur aînée pour ses bêtises, profitant de pouvoir le faire, pour une fois.

Si Sophie avait mal, elle trouvait amusant de voir toute la maladresse de sa soeur. Habituellement, la maladroite, c'était elle, Sophie. Alors voir sa soeur se cogner et chuter partout, c'était amusant. « Je n'ai fait aucune bêtise, moi ! Mais, en effet, ça t'apprendra ! » Plaisanta la rousse, sincère lorsqu'elle disait n'avoir fait aucune bêtise. Selon elle, plonger son doigt dans une casserole bouillante et pleine de chocolat, ce n'était pas une bêtise, au mieux une petite erreur d'inattention. Camille commença alors à soigner la brûlure de sa soeur, soeur qui n'arrêtait pas de faire des aïe toutes les deux secondes. Évidemment, elle exagérait, mais ça l'amusait.

Et comme Camille semblait réellement maudite ce soir, elle fit tomber de l'encre sur sa soeur. Comme par hasard, c'était encore de la faute de Sophie. Soi-disant qu'elle ne rangeait pas ses affaires au bon endroit. Elle les rangeait bien où elle le voulait, non ? C'était à Camille de faire attention. Sophie trouvait que c'était l'endroit idéal pour ranger un pot d'encre, par conséquent, c'était l'endroit idéal. « Pour moi, c'est logique. » affirma-t-elle en haussant les épaules. Puis elle ne pouvait pas arrêter de lui faire une leçon de morale alors qu'elle était responsable de cette tâche qu'elle n'arrivait pas à enlever même en frottant. A la suite, Sophie se moqua de Camille et fit semblant de la gronder. Pour une fois qu'elle pouvait inverser les rôles et être la soeur qui faisait le moins de bêtises. Autant dire qu'elle en profitait, et pas qu'un peu. Aux réponses de Camille, Sophie se contenta de sourire et hausser les épaules, une fois encore. Tant mieux si elle déteignait un peu sur sa soeur, au moins, elle ne serait plus la seule à faire autant de bêtises.

La soirée se termina tranquillement. Les deux soeurs commandèrent avec un peu de difficulté un repas, ils se mirent tous les trois en pyjamas et dégustèrent toute la nourriture installés sur le canapé, tout en discutant et en s'amusant.

terminé.