(abandonné) (( blessed by your wicked ways )) ✧ – thalarkin – (( nsfw )) ▴ intrigue 3

blessed by your wicked ways · wilhuff tarkin x thalassa tarkin (intrigue ▴ nsfw)

“I've never seen one like that before. Don't look at me like that. You amaze me. Look at him, look at me. That boy is bad and honestly. He's a wolf in disguise, but I can't stop staring in those evil eyes. He licked his lips. Said to me, "Girl, you look good enough to eat". Put his arms around me. Said, "Boy, no, get your paws right off of me". That boy is a monster. I wanna just dance, but he took me home instead. There was a monster in my bed. We French-kissed on a subway train. He tore my clothes right off. He ate my heart and then he ate my brain. ▴ ( monster -- lady gaga) ✧  @Wilhuff Tarkin


Il y a quelque chose à la fois désarmant et excitant dans le fait de vivre loin de sa galaxie, de sa terre natale. Dans un endroit pittoresque, une île perdue au milieu de l’océan, dans ce qu’elle suppose être non loin des côtés d’un pays dénommé l’Amérique du Nord. Cette île mystérieuse regorge de secrets, comme les derniers évènements l’ont attesté. Halloween, une fête qu’elle n’a jamais célébré jusqu’à son arrivée en ville, a marqué son corps et son âme au fer rouge. Halloween n’existe pas dans son monde, ce n’est pas une coutume connue sur Phelarion, ou même à Coruscant. Ni Wilhuff, ni Thalassa n’ont été préparé aux évènements terribles qui ont bien failli les emporter dans un sommeil éternel et douloureux. Ils se sont réveillés, au matin du 1er novembre 2022, dans leur lit conjugal. En vie. Indemnes physiquement, mais pas psychologiquement. La peur de mourir, les expériences curieuses, les confessions intimes, le rapport de force naturel qui s’est instauré entre eux les a profondément chamboulés, au point que leurs rapports se sont en l’espace d’une soirée totalement inversés. Thalassa est muette comme une tombe depuis. Elle évite soigneusement de reparler de cet événement, tant il a bouleversé sa psyché relativement fragile depuis bientôt quatre longues années. Wilhuff, quant à lui, semble bien s’arranger de cet état de fait. Il s’est passé des choses que lui-même ne désire apparemment pas remettre sur la table, de crainte que cela ne devienne une familiarité entre eux. (je tease les rapports sm et pan) Elle a adoré la ténacité qu’il a su démontrer, le flegme qu’il a confronté à ses angoisses, la force de persuasion de sa rhétorique implacable et glacée. Il l’a aimé avec une rage amoureuse qu’il ne lui a probablement jamais signifié en plusieurs décennies de mariage dans leur monde. Thalassa a découvert une facette inouïe de sa personnalité. Thalassa et Wilhuff ont frôlé la mort de près, et cette expérience, au lieu de les séparer, les a rapprochés durant plusieurs et interminables heures. Si tout va bien entre eux, pourquoi cette distanciation, depuis une semaine maintenant ?

Lady Tarkin soupire devant l’imposant miroir de forme ovale qui recouvre tout un pan de mur de ses quartiers privés dans l’aile ouest, au manoir de Raccoon Square. Le domaine de Wilhuff Tarkin. Une demeure luxueuse qui est désormais la sienne, depuis qu’elle a déménagé de Baker Street Avenue pour le retrouver, il y a quelques mois déjà. Elle se coiffe avec soin depuis une quinzaine de minutes, à l’aide d’une brosse en poils de sanglier, afin de protéger ses merveilleuses ondulations et renforcer la force de ses fibres capillaires. Thalassa Tarkin est une merveilleuse et très belle femme. Sa beauté est hypnotique et électrisante. Elle savoure la finesse de son grain de peau légèrement hâlé par les rayons du soleil du climat tropical dans lequel elle se trouve maintenant. Sa peau est ferme, lisse et parfaite. Rajeunie d’au moins vingt ans, voire plus. Thalassa Tarkin a retrouvé une seconde jeunesse en arrivant sur l’île mystérieuse, tout comme pour son vénérable époux. Wilhuff est encore plus beau que dans ses derniers souvenirs, ceux ayant précédé sa mort, en -0 BBY. La quarantaine retrouvée, fort majestueux comme jamais. Wilhuff Tarkin est l’homme de sa vie, son premier amour, sa première fois intime, son Grand Moff. L’amour et l’admiration qu’elle éprouve pour lui n’ont aucune limite raisonnable ou saine, c’est du fanatisme et de l’attachement à l’extrême. Un amour obsessionnel. Un amour possessif. Un amour jaloux. Un amour toxique. Quoi qu’il lui fasse, quelles que soient les humiliations, les infidélités, les froideurs, les colères sourdes et grondantes, Thalassa Tarkin aime et aimera toujours Wilhuff Tarkin. Elle a su le démontrer par le passé, en encaissant chacune de ses liaisons sans broncher, malgré la douleur au coeur. Une douleur sanglante et piquante.

Thalassa Tarkin n’est toutefois pas blanche comme neige. Elle est coupable de crimes aux yeux de son digne époux. En son absence, et durant six mois, elle a entretenu une liaison torride et discrète avec Orson Krennic. Toujours en son absence, elle a entretenu et entretient toujours une amitié solide et forte avec ce dernier. Depuis bientôt quatre ans. Une amitié particulière qu’elle cache à Wilhuff, et encore plus, depuis que ce dernier a découvert par la faute de cet imbécile de Krennic les dessous de leur relations. Leurs coucheries répétées, leurs intentions. Krennic a agi bêtement, en voulant blesser Tarkin dans son égo, dans ce qu’il a de plus cher et de plus fragile. Son honneur. Orson Krennic est son vilain petit secret. Elle l’adore, elle l’aime d’amitié si fortement que s’en est insolent. Ce qu’ils ont partagé, les nuits intimes, les confidences, les déjeuners sur l’herbe, les échanges téléphoniques jusqu’à des heures indues, les débats intellectuels et littéraires ne peuvent être arrachés aussi violemment. Bientôt quatre ans d’amitié. Une amitié ambiguë, certes. Ils ont commencé par être de simples connaissances de lecture, au club chic de l’île, avant de finir dans le lit de l’un et de l’autre. Des amants impétueux, explorateurs et passionnés. Ils sont par la suite redevenus des amis, plus proches que jamais. Cette expérience a renforcé leur amitié, au point de la rendre suffisamment importante dans leurs cœurs pour encourir certains risques en poursuivant malgré tout leurs rendez-vous, après le retour de Wilhuff Tarkin dans la vie de Thalassa. L’aristocrate est bien incapable de l’avouer au principal concerné, mais l’amitié et la présence d’Orson Krennic lui importent énormément. Ils ne sont plus des amants. Que risque Wilhuff, finalement, à les empêcher de se côtoyer comme ils l’entendent, comme de proches amis et confidents ? (la mort, voilà) Orson Krennic est son premier et véritable ami masculin. Wilhuff, dans leur monde, n’ayant jamais accepté la présence d’autres hommes autour de sa ravissante épouse, de peur que l’on cherche à attenter à son honneur. (et ses craintes sont clairement justifiées, quand le chat s’en va, les souris dansent) Orson Krennic est son meilleur ami, aussi touchant ce qualificatif puisse-t-il être, au vu de leurs différences et des contentieux qui les opposent. Orson Krennic est également le pire ennemi et le rival de son époux. Thalassa fait la part des choses. Elle ignore le lien qui unit Krennic à son époux. Elle l’ignore délibérément pour s’épargner des souffrances inutiles. Krennic n’a jamais été comme Wilhuff n’a eu de cesse de le dépeindre. Insupportable, arrogant, narcissique et tape à l’œil, certes. Orson Krennic est comme un enfant. Un enfant errant, désinvolte et pourri gâté, colérique et capricieux. Il fonce sans réfléchir, il impose ses caprices à la galaxie entière. Il aime choquer, séduire, attirer et détruire. Il se croit tout puissant. Il est énervant, excité, bruyant et harcelant. Son arrogance éveille des pulsions meurtrières de la part de ses collègues. Malgré cela, Orson Krennic est l’ennemi de Wilhuff, et non de Thalassa Tarkin. Il ne l’a jamais été, même dans leur monde. Orson s’est toujours dignement comporté en présence de Lady Tarkin. Dans le but de la séduire, bien entendu, juste afin de contrarier Tarkin. Cela n’a jamais pu fonctionner. Jusqu’à la mort de Wilhuff, jusqu’à l’île mystérieuse, mais surtout jusqu’à ce que Thalassa et Orson se côtoient dans des circonstances nouvelles et s’amènent à se lier le plus intimement possible. Wilhuff Tarkin ne cautionne absolument pas ce rapprochement, dont il ignore encore la ténacité et la longévité.

Lorsque ses mensonges lui ont explosé en pleine figure, Thalassa a prétexté avoir été dupée, faute d’avoir recouvré tous ses souvenirs. Ce qui est faux, puisqu’elle les a toujours conservés dans leur intégralité, contrairement à Krennic dans les premières années sur l’île. Le mensonge est encore une fois la porte de sortie idéale pour Thalassa. Bien plus doux, plus confortable, plus arrangeant. Pour l’instant, Wilhuff n’a jamais jugé bon de contredire certaines données de ses histoires. Thalassa Tarkin est une menteuse sachant se montrer terriblement émouvante, docile et dévouée, qui a su le rassurer dans son égo viril, tout comme dans son anatomie masculine. Aujourd’hui, en cette matinée de novembre particulièrement chaude pour la saison automnale, tous ses mensonges vont encore une fois lui exploser en pleine figure, et emporter bien plus que sa dignité. Une fois avoir terminé de se coiffer, elle repose doucement sa brosse dans l’un des tiroirs de sa coiffeuse, avant de s’appliquer une couche généreuse de rouge à lèvres. Un rouge sang, très foncé. Sensuel et charnel à souhait. Wilhuff adorera. Wilhuff adore toujours que sa femme s’apprête, comme pour se rendre au bal, à n’importe quel instant de la journée. Wilhuff aime les femmes très féminines, les distinguées, les princesses, les parfaites. Sans doute les pensent-ils contrôlables et superficielles. Thalassa dénote toutefois, elle sort de la masse par son intelligence vive et sa culture impressionnante. Un joli visage dans une tête bien pleine. Thalassa Tarkin est exceptionnelle. Digne, froide, mais inconstante. Une beauté glacée et fatale. Une beauté aristocratique.

Wilhuff Tarkin est déjà au travail, occupé dans sa permanence politique à refaire le monde sur l’île. Libre et dans l’attente de son retour pour le déjeuner, Thalassa se prépare avec l’empressement d’une petite fille qui s’apprête à rencontrer le père Noël pour la première fois de son existence. Wilhuff lui a promis un déjeuner dans l’un des meilleurs restaurants de la ville pour fêter leur anniversaire de mariage dans leur monde. (date qu’elle lui a rappelé, et même harcelé un nombre incalculable de fois sinon je doute qu’il s’en serait souvenu) Rien ne la prépare à ce qui va suivre. Ce retour en arrière brutal et révélateur. Alors qu’elle cligne des yeux quelques fois, une étrange tâche argentée se dessine dans son champ de vision. Cela commence par un léger point, sur un coin du miroir. Au début, elle n’y prête pas une grande attention, persuadée qu’il s’agit d’une marque sur le cuivre qui recouvre le fameux bibelot ancien. Cette marque grossit alors peu à peu, jusqu’à devenir une tâche déformant une bonne partie de son champ visuel. Thalassa s’inquiète à ce moment précis. Sa vue se trouble, elle a beau cligner des yeux ou se les frotter du bout de ses longs doigts manucurés, cette situation ne cesse d’empirer. Elle se lève d’un bond, et incapable de distinguer quoi que ce soit, elle renverse son nécessaire à maquillage, ainsi qu’un verre de vin rouge sur la moquette précieuse de sa chambre. Apeurée, livide comme un linge et une moue d’effroi au visage, Lady Tarkin déambule dans la chambre, jusqu’à ce que les murs se déforment dans une gigantesque tornade de couleurs vibrantes et confuses. Une myriade de lumières de différentes teintes et nuances. En un battement de cil, son monde entier se retrouve plongé dans l’obscurité. La voilà rentrée. En -0 BBY.

Thalassa rouvre ses grands yeux sombres, noisette avec une touche de vert, dans ce qui semble être les murs métalliques et lumineux d’un vaisseau impérial. Pas n’importe lequel. L’Etoile de la Mort, elle-même. Dépassée par la rapidité des évènements, son sang se glace, lorsqu’elle aperçoit son époux habillé de son uniforme non loin de là. Tarkin est en pleine discussion avec l’un de ses fidèles lieutenants devant un tableau de commande aveuglant. Ils échangent en face d’une imposante baie vitrée donnant sur l’une des planètes de la Bordure Extérieure, – Scarif. Scarif est un nom qui revient dans la conversation, dont elle ne perçoit que quelques bribes à cette distance. Ils sont dos à elle, ignorants d’être espionnés. Scarif n’est pas la seule chose qu’elle entend, au moment de sortir de sa transe. D’autres suivent. Orson Krennic. Directeur Krennic. Seigneur Vador. Hyperespace. Attaque des rebelles. Schémas. Faire feu dès que possible. Elle comprend rapidement qu’ils se trouvent dans une scène bien trop familière pour être totalement occultée par son esprit encore troublé par ce retour dans le passé. Orson. Orson Krennic... Non. Elle doit l'empêcher. La boucle doit prendre fin maintenant. Thalassa s’étonne une fraction de seconde de sa présence entre les murs froids du vaisseau mortel de l’Empereur Palpatine, avant de faire un pas dans le centre de la salle de commandement. Dans ses souvenirs, elle ne s’est jamais trouvée à bord de l’Etoile de la Mort, au moment de la pulvérisation de la base militaire impériale de Scarif. Tarkin lui a rapporté l’événement, seulement quelques jours plus tard, en retournant chez eux à Coruscant. C’est une chance inestimable. Tout lui revient en tête. La destruction de Scarif. La mort d’Orson Krennic. La bataille de Yavin. La bataille de La destruction de l’Etoile de la Mort. La mort de Wilhuff Tarkin. La bataille d’Endor. La chute de l’Empire galactique. La fin de tout. Thalassa doit à tout prix empêcher cela d’arriver. C’est comme une réaction de chaîne, des évènements tragiques qui se sont succédé, dont tous portent en eux le même point de départ, exactement à la manière de dominos. Scarif ne doit pas être détruite. Orson Krennic doit survivre. Non seulement parce qu’il porte, – selon elle –  l’espoir de l’Empire et la préservation du projet de l’Empereur, mais surtout, parce qu’elle ne désire pas qu’on permette une chose pareille. Elle s’est attachée à lui, Orson doit vivre, Orson doit terminer ce qu’il a commencé pour l’Empire. Orson doit solutionner les failles de l’Etoile de la Mort, avant que cette dernière ne les emporte tous vers une disgrâce et une fin funeste dans les prochains mois.

« Wilhuff. » souffle-t-elle, dos au Grand Moff Tarkin et à son lieutenant. Elle s’annonce en prenant une voix faible mais froide, légèrement tremblante, tétanisée par ce qui est en train de se produire devant ses yeux humides. Les visages des deux officiers impériaux lui font volte-face. Elle se sent immédiatement observée avec une froideur et une condescendance particulière de l’un comme de l’autre. « Je… » Thalassa s’interrompt spontanément, ne sachant quoi dire. Le Comment expliquer à Wilhuff, comment confesser ses intentions sans prendre la peine de passer pour ne folle ? Tarkin… se souvient-il de cette île ? Est-elle la seule à avoir ce genre de flashs de lointaines années dans un autre monde ? Est-ce tout simplement un rêve ? Une hallucination collective ? Thalassa cherche désespérément dans le bleu d’acier des orbes de son époux la moindre émotion susceptible de la mettre sur la bonne voie. Si elle est la seule détentrice des secrets de leur terrible futur, elle doit le prévenir. En privé. « Je suis navrée d’interrompre votre conversation, mais je désire m’entretenir en tête à tête avec mon mari, lieutenant. » dit-elle, en reprenant pleine possession de ses moyens. Le timbre de sa voix est autoritaire, glacial même. Elle lève le menton avec toute la fierté dont une Tarkin est capable, afin de jauger son interlocuteur derrière ses cils épais et réhaussés d’une couche de mascara noir. « C’est important. Sortez quelques instants, je vous prie. » Elle insiste, en sentant le regard suspicieux du lieutenant se poser sur ses orbes sombres. Tarkin ne s’y oppose pas. Le lieutenant incline son visage en sa direction, après avoir marmonné un simple « Comme vous le désirez, Lady Tarkin. » avant de disparaître derrière les portes coulissantes de la salle de commandement. Une fois seule avec son digne époux, son premier réflexe est de le prendre dans ses bras. Surprenant et désarmant. Thalassa lui saute au cou, bien trop heureuse de sentir son odeur musquée et boisée contre son nez, alors qu’elle enfouit son visage dans son cou. Ses lèvres effleurent le col de son uniforme impérial qu’elle chérit tant. Il est exactement comme avant. Il est redevenu Grand Moff. Il est le Grand Moff. Il lui a tant manqué, et le voilà encore en vie dans leur monde. « Wilhuff… Je n’arrive pas à croire que tu… Tu m’as tant manqué. » Quelques heures se sont écoulées entre la nuit qu’ils ont passé ensemble et le matin sur l’île en vérité, mais le fait de se retrouver dans son époque et dans son univers, de le voir dans son élément et de se remémorer tous ces douloureux souvenirs lui fait très brièvement perdre toute raison. Thalassa enlace ses bras avec force, serrant les muscles et les os du Grand Moff comme pour s’imprégner de sa puissance physique. Wilhuff est réel. Wilhuff est en vie dans leur monde. Cela amplifie l’humidité présente dans ses yeux de miel. « Je t’en prie, ne pars jamais. Ne pars pas sur Yavin. » chuchote-t-elle, en fermant les yeux quelques instants. « Ne me demande pas de t'expliquer ma présence en ce lieu, la dernière chose que je me souvienne est... fantaisiste, mais... Sache juste que j'ai quitté Coruscant pour te retrouver au plus vite dans ces instants difficiles. » Pas vraiment, mais c'est un premier mensonge plus crédible que de confesser revenir d'une dimension parallèle où elle a passé presque longues années. « J’ai rêvé que tu mourrais… C’était d’une atrocité si brutale… Je pense que… C’était une prémonition. C’était réel. Si réel… On peut tout changer. Mon amour, peut-être me prendras-tu pour une folle, mais j’ai fait un rêve incroyable concernant Scarif, et je… Si tu ne m’écoutes pas, nous mourrons tous. Tu mourras et je te perdrais. Je perdrais… » Orson Krennic, se retient-elle avec raison. Wilhuff Tarkin ne partage aucunement ses souvenirs ou sa clairvoyance, elle en est convaincue. (si il sait tout, elle va pas pouvoir l’entuber) Thalassa pense alors pouvoir le manipuler, en lui laissant croire que le sort de la galaxie et de sa propre vie dépendent inévitablement de cet événement fatidique sur Scarif.

« S’il te plait, écoute-moi. » supplie-t-elle en relevant le visage pour contempler la ligne invisible de sa jugulaire. Thalassa embrasse son cou avec une dévotion malsaine, au moins à quatre reprises. « Ne détruis pas Scarif. Ne fais pas ça. On n’a pas besoin de ce drame. Je sais exactement pourquoi tu veux ordonner la pulvérisation de Scarif, et cela n'a rien à voir avec l’attaque de ces misérables rebelles, nous le savons tous les deux, Wilhuff, mais tu le fais pour de très mauvaises raisons. Ce conflit entre vous doit cesser maintenant. Arrête tant qu’il en est encore temps. Laisse les hommes du directeur Krennic s’occuper de sécuriser le complexe militaire. Ils y arriveront. Ils en sont capables. Ils empêcheront les rebelles de partir avec les plans de l’Empereur sans ton intervention. Ne fais pas ça. Regarde-moi. » Son ton est suppliant, ses yeux sont brillants de peur et d’excitation. « Si tu me fais confiance, suffisamment en tout cas pour croire mon instinct, à cet instant précis… Ne fais pas ça. » Lady Tarkin est persuadée que leur vie sur l’île est bien réelle, et que celle-ci est une sorte de paradis pour les personnes disparues. Elle considère sa réapparition, à ce moment précis de leur passé, comme une mission de nature divine qu’elle doit remplir à tout prix. (genre c’est l’élue qui va sauver l’Empire quoi omg) Thalassa est la seule capable de sauver l’Empire galactique. Thalassa doit l’empêcher de courir à sa propre chute. C’est une seconde chance, un moyen de retourner dans le passé et de changer le cours du destin. Elle doit aller jusqu’au bout de ses entreprises, en convaincant Wilhuff de ne pas assiéger la planète Scarif. Orson Krennic est leur seule chance d’empêcher la rébellion de détruire l’Etoile de la Mort. En-dehors de cela… Il existe des raisons plus secrètes et intimes à ses intentions véritables. Des raisons qu’elle ne compte en aucun cas divulguer au Grand Moff. Orson ne doit pas mourir. Elle tient à lui, quoiqu’en dise ou en pense Wilhuff Tarkin. Elle tient beaucoup trop à lui. Elle désire le sauver d’un destin funeste et indigne. Peut-être alors… que les choses pourront être différentes, s’il survit à Scarif. Peut-être que cette réaction de chaîne épargnera par ricochet son vénérable époux. « N’interviens pas. » poursuit-elle, après un léger blanc quelque peu pesant, durant lequel Thalassa s’est fiévreusement agrippée à la nuque chaude et réconfortante de Wilhuff. « Ne le tue pas, je t’en supplie. » Thalassa murmure le plus bas possible, comme pour lui partager un secret, sa voix n’est plus qu’une caresse brûlante contre le souffle de son époux, suspendue avec désespoir au bord de ses lèvres muées en une moue sévère. C’est un secret, un secret bien gardé. Comme si ce n'est pas suffisant, elle précise son intention, et celle-ci cingle comme la lame tranchante de la hache d'un bourreau. « Ne tue pas le directeur Krennic. » Orson. Orson Krennic. Elle mentionne son titre, afin de gommer toute proximité émotionnelle entre eux, de manière à conserver un minimum de distance pour ne pas attirer les soupçons de Tarkin sur ses intentions. « C'est une erreur. On aura besoin de lui. Il doit trouver et réparer les erreurs de Galen Erso. Le projet est compromis, Wilhuff. De l'intérieur. » Elle pense lui apprendre quelque chose, mais Tarkin est au courant de tout. « Lui seul pourra... » Tous les sauver ? Oui... Mais qui essaie-t-elle vraiment de convaincre ? Wilhuff, ou elle-même ? Thalassa glisse l'une de ses mains vers la joue de son époux, afin d'effleurer les quelques rides qui parsèment le coin de ses yeux et de sa bouche avec la pulpe de ses doigts. Timidement, doucement. Elle rompt brutalement avec leurs préliminaires ou leurs gestes affectueux de base. Leur éducation les a habitué à des gestes froids, bien au contraire. Mais après tout ce qu'ils ont vécu et ce dont elle se souvient, c'est un instant particulier qui mérite un comportement chaleureux et exceptionnel. Thalassa refuse de perdre Wilhuff. Elle refuse également de perdre Orson, pour commencer. Elle perd son sang-froid devant lui. Elle se précipite pour de l'affection, de la proximité. Elle cesse d'être une statue de cire, glacée, face à lui. Elle le serre fort contre elle, jusqu'à l'en briser les os. Elle caresse sa joue, sa nuque et même son torse par-dessus son uniforme d'officier impérial haut gradé. Très haut gradé. Le tout premier grade. Le tout premier Grand Moff. « Laisse-le, fais-moi plaisir. Crois-moi. Il est bien plus important que tu ne le penses dans tes calculs. S'il te plaît. Si tu m'aimes, tu sauras faire le bon choix. Fais-moi confiance. Il ne faut pas... » murmure-t-elle en courbant ses lèvres en un léger sourire peiné et amoureux. Thalassa cueille sa joue dans le creux de sa paume, la caressant avec davantage d'assurance, tout en maintenant sa nuque de son autre main, le corps pressé contre le sien en ne voulant jamais s'en séparer. Il choisira de faire confiance aux élucubrations de son épouse, de ses prétendus rêves prémonitoires sur la chute de l'Empire. Si Tarkin n'avait pas ses souvenirs, sans doute l'aurait-il prise pour une folle furieuse. Thalassa le contemple de ses grands orbes de miel, avec tout l'amour et la détresse d'une femme transie pour un monstre de cruauté et de froideur comme Wilhuff Tarkin. Son monstre, son dieu vivant, son adoré, son amour.