(TERMINE) Raconte-moi une histoire ⊹ belle.

Sophie s'était levée bien en avance aujourd'hui, préparée avec presque deux heures d'avance et s'impatientant désormais devant l'horloge qui n'affichait pas l'heure attendue. Elle attendait cette matinée depuis plusieurs jours maintenant. Lorsque Sophie s'était rendue à la librairie en début de semaine dernière, Belle lui avait proposé qu'elles se voient un peu ailleurs pour changer, lui promettant de lui amener un nouveau bouquin au passage. Depuis que Sophie avait découvert cette librairie, elle y passait plus que régulièrement. Au moins une fois par semaine, sans faute. Parfois, elle y faisait quelques achats de nouveaux romans à dévorer, d'autres fois elle se contentait de lire ou feuilleter tout ce qu'elle trouvait, et parfois encore elle se contentait de discuter et d'ennuyer Belle durant des heures. Elle adorait y passer du temps, elle adorait avoir les conseils de la libraire sur ses prochaines lectures. Sophie s'était ouverte à de nombreuses lectures, avait découvert des livres aux univers fantastiques et merveilleux. Elle dévorait des bouquins entiers en quelques jours, revenant sans cesse chercher des nouveautés. Elle avait trouvé un moyen de s'évader à travers eux, un moyen de vivre une vie où elle était moins seule. Une vie loin de ce monde qui lui faisait toujours peur et où elle ne se sentait toujours pas à sa place, malgré les mois qui passaient. La trouverait-elle un jour ?

Alors lorsque Belle lui avait promis un nouveau roman comme elle les aimait, elle n'avait plus qu'une hâte : le découvrir. Et elle avait bien hâte également de retrouver son amie pour passer un peu de temps loin de la solitude. Les deux femmes s'étaient donnés rendez-vous vers onze heures, un peu avant le déjeuner, pour grignoter un petit quelque chose avant que Belle ne reprenne le travail. Prête depuis bien longtemps, Sophie s'impatientant bien trop, avait fini par enfiler manteau, écharpe et bonnet une dizaine de minutes avant l'heure où elle aurait dû normalement partir. Puis Sophie, comme toujours, s'était rendue sur les lieux du rendez-vous à pied, profitant de l'air frais de l'hiver. Sophie ne montait jamais dans une voiture ou dans n'importe quel autre moyen de transport existant ici. Elle se méfiait toujours autant de tout, ou presque. Elle n'avait aucune confiance en toute cette technologie, alors elle n'utilisait que le strict minimum, ce qu'elle avait appris à aimer et accepter et ce qui ne lui faisait plus aussi peur qu'avant. Et puis, elle aimait marcher dans cette ville, découvrir et rêver à chaque fois qu'elle traversait une rue. Avec toujours, au fond d'elle, ce petit espoir de croiser, au détour d'une rue, l'un de ses amis ou l'un des membres de sa famille perdu depuis bien trop longtemps. Malheureusement, ça n'arrivait jamais. Elle était toujours aussi seule. Seule avec sa soeur, Camille, et le fils de cette dernière. Heureusement qu'ils étaient là pour elle. La jeune fille ignorait comment elle aurait pu vivre ici sans eux. Mais cette ville ne voulait pas lui rendre le reste de sa famille, semblait-il.

Comme toujours, elle n'avait croisé personne. Arrivée avec plusieurs minutes d'avance, Sophie s'était installée à l'une des tables disponibles puisque son amie ne semblait pas encore arrivée. Sophie n'était pas réputée pour sa patience, mais elle était en avance, alors elle attendrait. Elle n'avait pas vraiment d'autres choix alors elle attendait Belle, impatiente de la voir franchir la porte.

Sophie était arrivée avec un peu d'avance et s'il y avait bien une chose que la jeune femme détestait, c'était attendre. Sauf qu'elle n'avait pas le choix, elle n'allait pas retourner chez elle simplement parce qu'elle avait eu quelques minutes d'avance. Alors elle attendait patiemment son amie, soufflant de temps à autre, se laissant tomber sur le dos de sa chaise, les yeux fixés vers l'extérieur. Elle ne se faisait pas prier pour montrer qu'elle n'était pas patiente et qu'elle en avait déjà marre, au bout de deux minutes, d'attendre.

Mais heureusement, au bout de quelques minutes, enfin, son amie fit son apparition. Un énorme sourire apparut alors sur le visage de Sophie, ravie de voir son amie et de ne plus avoir à attendre. « Je suis contente moi aussi. Je vais bien, et toi ? » Lança-t-elle dans un premier temps, avant d'écouter ce que son amie avait à dire pour répondre immédiatement : « Si, je suis arrivée en avance et j'ai dû attendre ce qui m'a semblé être une éternité. Je ne sais pas si tu trouveras le moyen de te faire pardonner. » A peine dans l'exagération dès le départ. Mais c'était tout Sophie, à trop parler et à tout exagérer. Et puis, elle en profitait également. Comme toujours. La libraire avait trouvé bien vite le moyen de se faire pardonner en sortant de son sac le roman qu'elle lui avait alors promis lorsqu'elles avaient convenu de ce rendez-vous. « Oh merci ! J'ai tellement hâte de le lire ! Je suis certaine qu'il me plaira. Tu sais, pour l'instant tous les bouquins que tu m'as fait lire m'ont beaucoup plu, vraiment. » Oublions les mercis tout simple, avec Sophie, il fallait tout un monologue pour chaque réponse. « Alors, pas trop difficile de quitter ta très chère librairie ? » se moqua-t-elle gentiment. Elle savait à quel point Belle était attachée à cet endroit puisque les deux amies ne se voyaient que là-bas, ou presque. « Tu prends quoi ? » Sophie semblait attendre depuis des siècles alors forcément elle avait eu le temps de penser à manger et donc d'avoir faim.

Comme toujours, Sophie exagérait largement en parlant du retard de Belle. Elle n'avait, en réalité, attendu que quelques minutes, mais Sophie n'avait jamais été connue pour sa patience. Bien au contraire. Il lui avait toujours fallu tout tout de suite. Alors, elle en jouait et elle exagérait, prétextant qu'il faudrait beaucoup à son amie pour qu'elle puisse espérer se faire pardonner un jour. Belle, elle, semblait certaine de pouvoir se faire pardonner rapidement en sortant le roman qu'elle lui avait promis. Si Sophie avait réellement fait la tête à son amie, elle lui aurait pardonné immédiatement.

Sophie, comme toujours, repartit alors dans de longues explications pour dire à Belle combien elle aimait les livres qu'elle lui donnait en général et qu'elle ne se trompait jamais. Sophie ne connaissait pas grand chose en arrivant ici. Un peu perdue, elle s'était jetée sur ce qui la rassurait : les livres avec images qui lui rappelaient la partie de sa vie dont elle se souvenait le mieux. La jeune femme lisait de temps à autre d'autres livres, mais c'était plus rare. Puis Belle lui avait conseillé d'autres lectures, lui avait parlé de ce qu'elle aimait et elle s'était laissée tenter. Et elle ne le regrettait pas le moins du monde. « Je vais le commencer dès que je serai rentrée ! Et je viendrai te voir à la librairie dès que j'aurai terminé. » Et comme toujours, elles en parleraient pendant des heures, s'expliquant ce qu'elles avaient chacune compris, les questions que le roman pouvait soulever, les événements inattendus, ce qu'elles avaient aimé ou ce qu'elles n'avaient pas aimé... Elles trouvaient toujours de quoi discuter autour d'un livre, au point d'en oublier le temps qui était en train de passer.

Sophie rangea précieusement le livre dans son sac après avoir observé longuement la couverture. Puis, en relevant les yeux, elle plaisanta avec Belle sur le fait que cette dernière avait quitté sa librairie pour une fois. Belle donnait l'impression d'y passer sa vie entière, comme si elle ne faisait qu'une avec elle. « Peut-être que quand tu rentreras tout sera en désordre ou qu'elle aura disparu... Qui sait, après tout ! » il était agréable de discuter pour ne raconter rien de sérieux, mais Sophie avait une chose bien plus importante en tête : le repas. Elle avait faim et avait déjà eu bien trop le temps d'y réfléchir, selon elle. « Je vais prendre comme toi, un hamburger et des frites ! Mais je vais prendre aussi une salade. » Uniquement pour dire à sa soeur qu'elle mangeait correctement, comme si la salade changeait tout. « Et un milkshake à la vanille et une part de gâteau au chocolat pour le dessert. » Parce que le dessert était tout aussi important, si ce n'était plus, que le reste du repas et que ces deux desserts lui donnaient bien trop envie depuis tout à l'heure. Les deux filles appelèrent donc un serveur pour passer commande, puis Sophie reprit la parole. « Alors, tu as des choses à me raconter ? » elle prenait de ses nouvelles, cherchait à savoir ce qui s'était passé pour elle dernièrement. Elle tenait une conversation comme n'importe qui le faisait, mais était aussi très curieuse de ce qui se passait dans la vie de ses proches, comme toujours.

Sophie avait hâte de rentrer chez elle pour commencer la lecture de ce nouveau roman, mais d'abord elle avait hâte de déjeuner avec son amie. Les deux femmes avaient l'habitude de se voir à la librairie, librairie qu'elle ne quittait presque jamais aux yeux de Sophie. En effet, à chaque fois que Sophie voulait la voir, elle la trouvait là-bas. A croire que, réellement, elle ne connaissait pas d'autres endroits. Et Sophie aimait se moquer de son amie à ce propos. « Comment, tu vis quelque part ? Je croyais que tu t'étais aménagée un lit derrière une des étagères, moi ! » se moquait toujours la rousse, trouvant la situation amusante. En réalité, Sophie comprenait l'attachement de la libraire pour sa librairie, mais elle aimait la taquiner, rien de plus.

L'heure de la commande étant arrivée, Sophie lista tout ce qu'elle voulait après que son amie l'ait fait. Mais la liste de Sophie devait donner envie à Belle puisqu'elle ajouta une part de gâteau à son repas. En même temps, il ne fallait surtout pas oublier dessert ! C'était bien le plus important dans n'importe quel repas. Après avoir passé sa commande, Sophie s'intéressa de nouveau à Belle. Il fallait bien s'occuper l'esprit en attendant de pouvoir se remplir le ventre. Au départ, lorsque la libraire prit la parole, Sophie l'écoutait avec beaucoup d'attention, s'imaginant apprendre une chose intéressante. Une chose réelle, surtout. Bien vite, elle comprit néanmoins que son amie était en train de se moquer d'elle. Enfin, elle supposait. Ou peut-être comprenait-elle mal ? Le doute n'était pas vraiment permis puisque la jeune femme parlait de quelqu'un qu'elle avait retrouvé dans les mains de quelqu'un. Soit, ça n'avait aucun sens, soit Belle se moquait de Sophie. « Tu te moques de moi ? » demanda la rousse dans un premier temps. « Ou je ne comprends rien du tout à ce que tu me racontes ? Tu parles de quoi ? Ou de... qui ? » demanda-t-elle, attendant des précisions. « Moi ? Ma vie est d'un ennui... » soupira Sophie, en se laissant tomber à l'arrière pour s'appuyer sur le dossier de sa chaise. « Rien. Je crois. Rien que tu ne saches pas déjà, en tout cas. » Sophie était si bavarde qu'elle racontait tout tout le temps, alors forcément, au bout d'un moment, elle avait usé ses sujets de conversation. Et il était rare qu'à la question de ce qu'il y avait de nouveau, la rousse n'ait rien à répondre. Vraiment rare. « Et comment ça se passe à la librairie, en ce moment ? » relança-t-elle, toujours dans le but de taquiner son amie, mais aussi parce que ça l'intéressait de savoir si tout se passait bien pour elle. « Je suis inquiète, tu ne m'en as pas parlé depuis deux minutes ! » ne put-elle pas s'empêcher de rajouter.

Comme souvent, Sophie s'amusait de l'amour que Belle portait à sa librairie. Dans le fond, elle comprenait qu'elle y soit tant attachée. C'était sa boutique, son travail, ce qu'elle aimait. Malgré tout, elle aimait s'en amuser, sans se moquer méchamment. A force de la côtoyer, Belle avait certainement compris que Sophie aimait s'amuser de tout, mais n'était pas souvent sérieuse. « J'ai toujours de très bonnes idées ! J'attends de voir ce que donnera le lit en plein milieu de l'une des allées. » répondit Sophie, un sourire amusé aux lèvres.

La commande passée, les deux femmes reprirent leur conversation. Sophie s'intéressait à ce qui pouvait bien se passer dans la vie de son amie. La concernant, elle trouvait sa vie ennuyante et répétitive. Une sorte de routine s'était installée chez elle et elle s'ennuyait bien plus souvent qu'elle ne s'amusait. Heureusement qu'il existait toujours ce genre de moments, cela lui permettait de s'évader un peu et de penser à autre chose qu'à la solitude. Mais plutôt que de répondre sérieusement, Belle répondit quelque chose que Sophie ne comprit pas tout de suite. Quoi de plus normal puisque son amie lui racontait des bêtises ? Tout ce qu'elle disait n'avait aucun sens. Au départ, Sophie pensait n'avoir pas compris, tout simplement et elle demanda plus d'informations à son amie, lui demandant tout de même si elle ne se moquait pas d'elle. « Je ne suis pas stupide. Je sais bien que jamais tu ne trouveras un zèbre ou un koala dans ta librairie... » soupira Sophie, faussement vexée.

A son tour, Belle lui demanda ce qu'il y avait de nouveau pour elle, dans sa vie. Sophie, sans grand étonnement, n'avait rien d'intéressant à raconter. Sa vie était triste et ennuyeuse, voilà tout ! Comme elle n'avait rien de bien intéressant à raconter, Sophie s'amusa à reparler de la librairie, prétextant qu'elle était inquiète parce que Belle n'en avait pas parlé depuis deux minutes. « La prochaine fois, je t'apporte un énorme bouquet de fleurs, un comme tu n'en as jamais vu. » répondit la rousse, pour se faire pardonner comme le demandait Belle, même si elle plaisantait. « Une statue de moi ? Oh, tu as eu une idée merveilleuse ! J'attends cette statue avec impatience maintenant. Je viendrais voir tous les jours où en est le travail ! » rétorqua la rousse, se taisant un instant lorsqu'on leur apporta le plat. Plat sur lequel Sophie se jeta immédiatemment, écoutant son amie au passage, qui venait juste de reprendre la parole. Sophie fut étonnée et amusée de ce qu'elle entendait. Jamais elle n'avait touché une console de sa vie parce que tous ces objets lui faisaient peur. Ils étaient trop différents et elle n'y comprenait rien. « Vraiment ?  » s'étonna la rousse en apprenant que son amie avait, non seulement, joué à la console, mais en plus réussi à s'en servir facilement. « Moi ? Jamais ! Je déteste toutes ces choses et je refuse d'y toucher ! Personne ne m'y fera jamais jouer ! » elle était têtue à propos de tout ça. La technologie l'effrayait et elle n'en acceptait que le minimum.

« Tu es sûre que c'est gentil, ça ? » rétorqua la rousse, lorsque son amie lui proposa de lui faire une place dans la librairie en lui offrant même un oreiller. « Je t'aiderai à t'installer comme il le faut, tu verras ce sera parfait, comme tu le dis ! » plaisanta Sophie lorsque Belle précisa qu'elle devrait y apporter vêtements, boisson et nourriture. Sophie s'imaginait cette scène, celle d'un coin de la librairie transformée en mini appartement pour Belle. Ainsi, jamais la jeune femme ne serait séparée de ce lieu qu'elle affectionnait tant. C'était amusant. A imaginer du moins, peut-être moins à vivre.

Comme Sophie aimait se moquer de Belle, cette dernière le lui rendait bien. Elle inventait n'importe quoi, sachant que Sophie y croirait, un instant au moins. « Ça ne fonctionne pas ! Dans ce cas, on peut trouver de tout dans ta librairie ! » Bien sûr, dans les livres elles pouvaient trouver de tout, ou presque. Alors non, ça ne fonctionnait pas.

Après lui avoir promis un énorme bouquet de fleurs pour se faire pardonner, Belle et Sophie plaisantèrent sur une future statue de Sophie dans la librairie de Belle. « Si tu crois que tu réussiras à me mettre à l'intérieur... Bonne chance ! Je cours vite et je sais me battre ! » rétorqua la rousse en serrant les poings pour lui faire une démonstration. Et elle ne mentait pas, en plus. Elle courrait vite et elle aimait se battre. Ou plutôt, elle savait. Ou elle avait su, peut-être. A vrai dire, elle n'avait pas eu à se battre depuis bien longtemps, mais autrefois elle l'avait déjà fait. Plusieurs fois même.

Les plats arrivés, Sophie se jeta littéralement sur eux tout en écoutant son amie parler. « Sois rassurée... » tenta de dire Sophie la bouche pleine. « Il n'y a rien du tout dans mon assiette ! C'est même délicieux ! » précisa la jeune fille, croquant un nouveau morceau. La brune avait ensuite répondu aux interrogations de Sophie qui s'étonnait d'apprendre que son amie avait joué à la console. Hors de question qu'elle, elle essaye. Elle détestait cette technologie. « Tu as eu de la chance, c'est tout. » s'amusa Sophie lorsque Belle affirma que ce n'était pas si compliqué. « Quelques fois, chez ma soeur, à l'orphelinat... » répondit-elle, en haussant les épaules : « C'est fascinant toutes ces images qui s'animent, mais je n'aime pas ça. » Ou plutôt, elle ne faisait aucun effort pour aimer ou pour apprendre. « Mais je n'ai rien de tout ça chez moi et ça n'arrivera jamais. » reprécisa-t-elle, tout en mangeant. « Je te comprends... Pour travailler, je suis obligée d'utiliser un téléphone, mais c'est tout. Pour le reste, si j'ai besoin de me servir d'une autre machine, je demande à quelqu'un... » avoua-t-elle. « Je me demande comment le monde a pu changer en si peu de temps. Il y a peu de temps, tout ça n'existait pas et d'un coup, tout est apparu... Pour moi, en tout cas. » soupira-t-elle. Son amie était parfaitement au courant de l'histoire de Sophie, alors elle ne serait pas étonnée d'apprendre ça. « Je me demande parfois comment tout peut être si différent, nouveau, effrayant... » confia la rousse, perdant ce sourire qu'elle avait sur le visage depuis le début de la conversation. Mais rien qu'un instant, parce qu'elle le retrouva bien vite, ne voulant pas gâcher ce repas. « Mais ce n'est pas grave, je suis sûre qu'un jour tout rentrera dans l'ordre ! » et elle n'ajouta rien, ne sachant pas tellement, elle-même, ce qu'elle voulait dire par là.

« Mais bien sûr, je te crois. » rétorqua la rousse en souriant lorsque son amie lui assura qu'elle était toujours gentille. En réalité, elle n'avait pas tort, elle semblait réellement gentille, mais là, en l'occurrence, elle se moquait simplement d'elle. Leur conversation continua toujours avec la même bonne humeur et autant de plaisanteries. Cette fois-ci Belle rappelait à Sophie comme elle était naïve. Comme simple réponse, la jeune femme se contenta de soupirer et de lever les yeux au ciel. Elle n'était pas naïve, elle ne croyait pas à tout. Ou juste un peu alors.

A force de plaisanterie, Belle en arriva à proposer à Sophie de faire une statue à son image tout en l'enfermant à l'intérieur. Sophie y allait alors de sa menace, précisant qu'elle courrait vite et qu'elle savait se battre. Ce qui n'était pas faux, même si ça restait une simple plaisanterie. « Personne ne voudra t'aider, je suis tranquille ! » répondit-elle simplement, amusée.

Le repas servi, Sophie se jeta littéralement dessus. Comme toujours, elle semblait affamée. Tout en discutant, elles en arrivèrent à parler des exploits de Belle à la console et aux objets modernes qu'elles possédaient. Sophie n'en possédait qu'un : un téléphone. Rien d'autre et tant mieux. « Tout a l'air si naturel pour eux, pourtant. » rétorqua la rousse en parlant des autres gens présents et de la technologie. Elles, elles n'y connaissaient rien. Et pour cause, ça n'existait même pas dans leur monde. « C'est difficile de s'habituer à un nouveau monde. A un monde si différent. » souffla Sophie en baissant les yeux, se concentrant un instant sur son assiette. Sophie écouta avec attention ce que son amie avait à lui dire. Et ce qu'elle disait faisait réfléchir Sophie. Partir, c'était quitter ce qu'elle connaissait et leurs nouveaux amis. Elle n'y avait pas pensé. « C'est vrai que je n'avais pas pensé à ça... » et elle se trouvait désormais mal parce qu'elle voulait tant rentrer chez elle et en même temps, elle ne voulait pas abandonner ses nouveaux amis. La voilà maintenant en plein dilemme. « Je n'ai pas retrouvé une de mes soeurs, ma mère, mon cousin, mes amis, mon... mari. » Enfin si elle était réellement mariée. Elle n'en était plus certaine. Tout ce qu'elle savait, c'était que sa liste était beaucoup trop longue pour tous les citer. « Et toi ? » demanda-t-elle, curieuse d'en savoir plus à ce sujet.

Les deux femmes continuèrent de discuter de leurs vies, leurs mondes tout en déjeunant. Elles avaient énormément de choses à partager, à répéter. Elles se rassuraient, s'écoutaient. Et autant dire que cela faisait un bien fou de discuter de la sorte.