( terminé ) Petit lapin appelle le loup à la rescousse [ Rp Linan ] [NSFW SOUS HIDE]

Les jours passèrent et Linus tenta plus ou moins de remettre une distance dite de sécurité selon lui. Sécurité dans le sens qu'il se protéger plus ou moins de ses tourments que cela pouvait lui procurer et dont il n'était tout simplement pas apte à gérer pour l'instant, ni même à comprendre dans tous les cas. Parfois il accepta les câlins d'Aidan, mais ça ne durait pas plus longtemps que leur tout premier câlin du début, parce qu'il savait qu'il pourrait flancher et il ne le voulait juste plus. Niveau sexe, Linus n'en avait juste plus l'envie, tout du moins concernant ses conquêtes d'un soir, il n'en voulait plus, et avec Aidan, ce dernier lui avait bien comprendre que ça serait un non, alors il ne cherchait pas plus loin. Il se refusait à mettre ce que dans ce monde, ils appelaient des capotes, donc c'était réglé. De toute façon, il l'avait dit, lorsqu'il récupérera son immortalité, il n'en aurait plus du tout cette utilité, car impossible de choper la moindre maladie, le moindre microbe ou quoi que ce soit destiné aux mortels. Et ça, il l'avait récupéré depuis peu, mais il n'en avait fait aucune mention à son colocataire. De toute façon, une immortalité ça ne se voyait pas, si peut-être sur le temps, mais dans l'immédiat. Et pour quelle raison lui en aurait-il fait part ? Il savait qu'Aidan sortait souvent, et il n'était pas dupe pour penser qu'il y allait juste pour picoler ou fumer, ou une autre connerie sans sexe. Alors, il laissa ça de côté.

Parfois, lui-même sortait la nuit, mais vraiment en pleine nuit, une fois que son colocataire dormait. Sa chienne ne venait pas avec lui, elle préférait rester avec son colocataire, comme si que quelque chose la dérangeait chez Linus. Il ne lui en voulait pas, il pouvait comprendre qu'il puisse y avoir étrangement quelque chose qu'elle puisse percevoir ou sentir. Elle s'y ferait, et il le savait. Il ne la brusquerait pas, il continuait à la nourrir, et à la sortir quand Aidan ne le faisait pas avant lui. Il ne savait pas trop s'il avait remarqué que Lupa semblait un poil différente avec Linus, mais là encore une fois, il fit comme si de rien était. Dans tous les cas, il sortait une petite heure et revenait faisant comme à son habitude à s'enfermer dans la cuisine pour relire constamment ses fiches. Linus ne se souvenait même plus de quand fût la dernière fois qu'ils avaient discuté avec Aidan, hormis le matin, mais en soirée, comme il disparaissait, il ne pouvait pas dire que ce fût l'éclate. Sauf ce soir. Cette nuit-là, alors que Linus s'apprêtait à aller se reposer un peu, il reçu un étrange appel dont il ne comprenait qu'un mot sur deux. Comprenant que c'était son colocataire complètement torché, Linus lui avait répondit qu'un simple Okay.

Il avait rapidement enfilé un bas de jogging et un tee-shirt simple ainsi qu'une veste. Il mit ses chaussures et quitta son appartement quelque peu sur les nerfs. Fallait-il vraiment qu'il fasse ça ? Non, et en avait-il envie ? Pas le moins du monde. Non pas qu'il ne voulait pas aider son colocataire, mais c'était le lieu en lui-même qui le dérangeait fortement. Devoir mettre un pied dans ce genre d'endroit avec du monde à l'intérieur pour trouver Aidan ne l'enchantait guère. En prime il n'avait rien compris de ce qu'il lui avait dit, juste vite fait un nom, probablement celui du bar, donc il avait checké avant, juste dans le doute, que ça existait bien.

Une fois devant la façade de ce fameux bar, Linus fût pris comme d'une angoisse. Une angoisse sociale peut-être bien. Oh qu'il allait lui faire regretter cette soirée à son très cher lapin ! Il tenta de prendre sur lui avant d'entrer dans les lieux, cherchant immédiatement Aidan du regard, en essayant de ne surtout pas trop se fier aux gens autour. Il lui suffirait de croiser le regard d'un gars pour qu'il ait juste cette envie de lui exploser la gueule. On ne pouvait pas dire qu'il était très zen ce soir, et cet endroit ne l'aidait en rien, l'angoisse qu'il sentait monter en lui non plus, et son colocataire trop saoule pour retrouver son chemin. Il finit néanmoins par lui mettre la main dessus.

« Tu te fous de moi ? Pourquoi je te parles de toute façon ! »

Linus se contenait du mieux qu'il le pouvait, parce qu'il y avait des tas de choses qu'il n'aimait pas, et qui le mettait dans des états qu'il faudrait pourtant mieux éviter. Il se tenait là, debout devant la banquette sur laquelle y était allongé Aidan. Ce dernier afficha un sourire qui irrita bien davantage le loup. Il ne prit même pas la peine de regarder ses copains de soirée dépravés, car s'il le faisait, nul doute qu'ils s'en mangeraient une à tour de rôle. Il essayait vraiment de faire de son mieux, de se retenir, de ne pas exploser, de ne pas faire une sorte de scène si on pouvait dire cela ainsi. Il fixa d'un regard à glacer le sang son colocataire complètement torché. Pourquoi ? Ce fût la première question qui traversa l'esprit du loup. Pourquoi faisait-il cela, qu'est-ce que ça lui apportait ? Et pourquoi il tenait à son colocataire ? Pourquoi ne pas le laisser se débrouiller seul ? Linus passa l'une de ses mains dans ses cheveux avec une certaine nervosité.

« J'aimerais pouvoir te détester, surtout en cet instant, crois-moi ! »

Mais il n'y arrivait tout simplement pas. Pourtant ça lui rendrait la tâche bien plus facile. Qui l'aurait cru que de s'attacher à quelqu'un serait aussi compliqué à vivre pour lui. D'ailleurs il ne cessa guère de se poser certaines questions quant à son attachement envers Aidan, mais ça lui prenait bien plus la tête plutôt que d'en obtenir une réponse. Il y avait encore bien des choses qu'il ne connaissait pas, ni même ne comprenait, alors peut-être tout simplement qu'il n'avait guère de réponse, car il n'en connaissait pas encore le sujet ? Il ne fit aucun commentaire lorsque son colocataire complètement saoule le présenta comme étant sexy aux yeux des autres trous ducs de la soirée. Il ne leur jeta pas même un regard, et mieux valait-il pour eux de ne surtout pas broncher. Il continua à observer son petit lapin en faisant abstraction du reste, parce qu'il ressentait toujours cette sale angoisse. Il n'aimait rien en ces lieux, l'ambiance, les odeurs, les personnes qui s'y trouvaient. Si c'était ça une vie d'humain, il n'en voulait absolument pas. Il leur la laisse bien volontiers. Lorsqu'Aidan tenta de se lever, mais avec une certaine difficulté, au point où il dû se stopper dans son élan, le loup prit soudainement peur que cette andouille ne tombe et se fasse mal, alors il s'était juste précipité vers lui afin de le soutenir.

« T'es vraiment dans un état déplorable. »

Lamentable. Il l'aida à se redresser, au moins de manière à ce qu'il puisse s'asseoir. Linus fit semblant de ne pas non plus remarquer l'état de son cou, parce qu'il n'était clairement pas apte à calmer la moindre émotion qui émanerait de lui. Il était vraiment prêt à en dérouiller plus d'un. Aidan avait vraiment de la chance que Linus tenait suffisamment à lui pour ne pas lui en coller une par la même occasion. S'en rendait-il compte au moins ? Même s'il était autant défoncé.

Sans nul doute que Linus aurait eu un profond regret s'il ne s'était pas pointé ici vu l'état dans lequel fût Aidan. Même s'il avait vraiment une envie de meurtre, pas forcément à l'encontre de son colocataire, bien que ce fût tout de même assez tentant. Ou peut-être lui en coller une ? Que c'était difficile de se canaliser, surtout dans ce genre d'endroit qu'il n'aimait absolument pas. En fait, il n'avait jamais mis les pieds dans un tel endroit, pas même dans son propre monde. L'université lui avait suffit amplement pour comprendre qu'il n'aimait pas les gens tout court. Qu'il n'était pas ce qu'on pouvait appelé quelqu'un de très sociale, si ce n'était qu'avec les membres de sa meute, et c'était bien suffisant en son sens. Après, c'était les siens, ils étaient comme lui, alors c'était probablement plus facile, et ils étaient moins bruyants, et moins chiants. Même s'ils l'étaient, au pire ils se battaient et ça régler la situation. Mais s'il devait frapper un humain ici présent, il ne se relèvera pas, tant Linus contenait sa haine en cet instant précis.

Son colocataire lui répondit tout simplement qu'il savait. Tant mieux pour lui parce qu'il était certain que le loup n'allait certainement pas laisser passer ça avec facilité. Et lorsqu'il s'était malencontreusement précipité vers lui par peur qu'il ne se fracasse la gueule au sol, son petit lapin en profita pleinement. Voilà bien quelque chose qui le rendait encore plus énervé qu'il ne l'avait été en franchissant les portes de ce lieu. Il commença même à perdre patience et il se stoppa net à l'entente de son surnom.

« Sérieusement Aidan ? »

Il le força à le lâcher et Linus se redressa non sans mal. C'était soit ça, soit il le foutait au sol de lui-même. Il se pencha vers lui et lui attrapa le menton assez brutalement, mais sans pour autant lui faire le moindre mal. Disons que son geste fût juste brusque, un peu sec, mais il ne le serra pas, il ne lui fit donc pas de mal à proprement parlé. Il ancra son regard clair dans celui de son colocataire en s'apprêtant à l'engueuler très probablement, mais il n'eut guère le temps. Linus vit juste comme un mouvement sur le côté, ce qui le perturba bien rapidement, en pensant dans sa petite tête que quelqu'un venait ou voulait s'interposer entre lui et Aidan. Il ne saurait réellement dire ce qui se passa dans sa tête. Le fait est qu'il s'était vivement retourné et avait chopé un des amis de soirée de son colocataire par la gorge, offrant à cet individu un regard à lui glacer le sang. Le pauvre gars se débattit comme une pauvre âme tentant d'échapper sans grand succès des mains du loup. Ses autres potes s'étaient probablement relevés pour mettre soudainement une distance de sécurité entre Linus et eux. Et nul doute que le gars voulait juste partir, qu'il n'avait probablement aucune intention de s'interposer entre lui et Aidan, mais le loup avait été incapable de lire correctement ce comportement humain, et son angoisse plus sa haine avait juste pris le dessus.

Linus, malgré sa haine et son angoisse liée à ce lieu, arrivait tout de même encore à y voir clair au point où il tâchait d'éviter un quelconque geste violent, déplacé, brutal envers son colocataire. Il aurait pu dérapé, mais il ne l'avait même pas fait et quelque part ça aurait presque pu le surprendre de lui-même si seulement à cet instant précis il ne voyait pas tout en rouge. Comme s'il était incontrôlable et qu'il retournait quelques années en arrière, là où il se trouvait encore dans son propre monde en étant si mauvais envers les autres. Il ne pouvait même pas se demander s'il aimait être ainsi ou pas car il était juste dans l'incapacité de réfléchir par lui-même et pour lui-même. Car oui, le gars qu'il maintenait par la gorge, il n'en avait que faire. Qu'il puisse mourir ou non, cela ne semblait pas affecté le loup, pas le moins du monde. Il se retenait juste de ne pas le tuer, bien que le mec était juste en train de suffoqué comme un débile à force d'essayer de s'enfuir, ce qui obligea Linus à resserrer son emprise. Lorsqu'Aidan s'approcha d'eux, le loup suivit simplement ses gestes du regard. Il semblait rien comprendre, ou alors il en avait rien à foutre de ce qu'il se passait et Linus n'était pas certain de bien le prendre non plus. Il l'avait fait venir jusqu'ici pour quoi faire ? Linus le laissa donc filer sans rien dire, reportant son regard sur le pauvre gars qui avait vraisemblablement perdu connaissance entre le moment où Aidan parti et où Linus reporta son attention sur sa victime. Le loup relâcha alors totalement son emprise, et le gars tomba raide à ses pieds. Il était en vie, c'était tout ce dont il était capable de dire de l'état de sa victime humaine. Il se tourna vers les autres gars qui étaient restés comme des cons en tant qu'observateurs. Il faillit dire quelque chose, mais il préfère se retenir. Cela n'aurait rien changé à son humeur. Il enjamba le corps inerte de l'individu et s'avança vers la sortie.

Quelqu'un lui barra la sortie, il ne saurait dire qui, mais il le repousse assez violemment de manière à le foutre de côté et il sortit sans plus tarder. Il jeta qu'un bref regard à Aidan qui était en train de faire il ne saurait trop dire quoi.

« Toi bouge-toi, sinon tu dors dehors ! »

Linus commençait à partir sans son colocataire, et il poussa un soupire de mécontentement, en se parlant à lui-même qu'il aurait tellement préféré détester son colocataire, ne serait-ce que le temps d'une soirée. Il revint sur ses pas afin de rejoindre son colocataire et lui prit le téléphone des mains, le fourrant dans la poche arrière de son jean avant de porter son petit lapin tel un sac à patate. Il marcherait pas droit de toute façon, et même s'il l'avait menacé de le laisser dormir dehors, il ne pouvait guère s'y résigner. Petite lapin, tu as bien de la chance que le loup t'aime.

« Si tu pouvais éviter de mettre de la cendre ou de vomir sur moi, ça m'arrangerait. »

Dit-il sur un ton encore un peu brute, un peu sec, mais sans pour autant parler avec haine. Puisque de toute façon, il n'éprouva aucune haine à l'encontre de son colocataire, il était juste énervé.

Linus ne savait pas toujours comment se comporter, mais il essayait de faire de son mieux, comme si que tout ce qui pouvait compter pour le moment, dans sa vie de tous les jours, c'était d'essayer de faire plaisir un minimum à son colocataire. Mais voilà, il était un peu gauche dans son comportement parce qu'il ne comprenait pas toujours tout. Il faisait de son mieux et il ne se doutait même pas qu'il pourrait potentiellement blesser Aidan différemment qu'avec ses gestes par exemple. Comme le fait de refuser qu'il le touche, de ne plus trop accepter ses câlins, et tout un tas d'autres choses dont son petit lapin était habituellement si friand. Pourtant ce n'était pas vraiment contre lui, mais plutôt parce qu'il ne comprenait pas quelque chose qui se passait dans sa tête, et il ne se voyait pas trop en parler à son colocataire, car il ne savait pas du tout comment s'y prendre. Alors, oui le loup fût un peu brutal en cette soirée, légèrement avec Aidan, un peu trop avec ses potes de beuverie, mais que pouvait-il y faire ? C'était plus fort que lui. Linus ne répondit guère à la répartie d'Aidan. Dormir dehors ? Puis quoi encore. Il s'était installé dans son lit prêt à dormir avant que son colocataire ne lui demande une certaine aide. Malgré tout, il était bien là, face à Aidan, ou plutôt en le portant tel un sac à patate.

Il avait déjà fait quelques pas, il avait déjà dépassé plusieurs ruelles lorsque son lapin finit enfin par se réveiller. Enfin, façon de parler, plutôt lorsqu'il commença un peu à comprendre ce qu'il se passait. Et contre toute attente, Linus se mit à rire. Un rire bien franc, il ne pouvait vraiment pas aller contre ça. Alors il se baissa légèrement afin de remettre Aidan sur ses pieds, en déposant ses mains sur ses hanches juste pour éviter qu'il ne perde son équilibre. Linus l'avait un peu maltraité quand-même. Le portant tel un sac à patate sans lui demander son avis, marchant trop rapidement peut-être, Aidan la tête en bas, avant de le redresser, cette fois-ci, avec un peu plus de douceur tout de même. Mais peut-être que ça tanguait dans la caboche à son lapin, qu'en savait-il vraiment ?

« Est-ce que tu essais d'être énervé contre moi, là ? »

Linus avait naturellement cessé de rire et observa Aidan. Ah si Aidan pensait qu'il allait énerver davantage Linus ou le vexer en lui parlant de la sorte, il était totalement à côté de la plaque. La preuve, ça l'avait fait rire car il n'arrivait pas à le prendre au sérieux. Linus approcha son visage près du sien, avant de venir lui chuchotait quelques mots à l'oreille.

« Même si je te proposais de dormir dans mont lit ? »

Il redressa la tête et ancra son regard un poil taquin dans celui de son colocataire juste pour voir sa réaction, même s'il n'était pas trop certain que son lapin comprenne sur l'immédiat à cause de l'alcool. Il ne parlait pas de sexe, juste de dormir, mais même ça, il n'était pas certain qu'il le comprenne sur le moment. Il fallait être honnête, il avait au moins réussi l'exploit de faire rire Linus, et ce fût bien le seul.

Finalement, peut-être que le fait de ne pas toujours savoir comment se comporter pouvait être quelques fois bénéfique. Parce que jamais il n'aurait pensé rire de la sorte, et encore moins qu'un humain, à la base, puisse le faire rire. Fallait croire qu'Aidan était vraiment sa petite perle rare. Il pouvait vraiment s'estimer chanceux de pouvoir le faire rire, d'avoir réussi un câlin, de réussir parfois à le calmer, car ce n'était nullement donné à tout le monde. Le regard du loup s'était donc adoucit, surtout en le portant sur la petite bouille de son lapin qui faisait semblant d'être fâché sans l'être vraiment, même s'il venait de dire qu'il n'avait pas encore réfléchit à la question. Aidan pouvait facilement lui taper sur les nerfs, mais en même temps, il était attachant, alors comment Linus aurait pu lui résister aussi longtemps. Bien qu'il ne garantissait pas de rire à nouveau aussi soudainement, mais au moins son lapin aurait eu la chance d'entendre enfin son rire. Et très franc en plus de cela, non pas un rire moqueur, ou mauvais, vraiment un rire qui pouvait faire du bien. Qui pouvait un peu évacuer tout le début de cette soirée que Linus avait vécu un peu trop intensément.

« N'y réfléchis pas alors. »

Linus ne le quitta pas un seul instant du regard, ses mains le tenant toujours, car il ne savait pas trop si Aidan était de nouveau capable de bien tenir droit. Enfin, il finirait bien par y arriver à nouveau dans tous les cas. Il grimaça légèrement à l'entente de ce surnom, une fois de plus. Mais d'où ça lui venait ça encore ?

« J'ignore d'où tu sors ça. Mais c'est toujours moi. Juste que parfois tu es irrésistible. »

Linus n'avait pas perdu en honnêteté, et il devait bien reconnaître que même en ayant tenté de mettre de la distance entre lui et son lapin, il ne pouvait pas nier qu'il l'appréciait. Peut-être un peu trop même. Et en prime voilà qu'il lui fit une proposition plutôt alléchante pour le loup. Regarder les étoiles. Ah ça, il savait faire, et ça pourrait lui faire changer d'air, de vue aussi, parce que les hommes dans la rue là, il ne les supportaient plus, plus pour ce soir en tout cas, c'était probablement pour cette raison qu'il préféra juste fixer Aidan. Il hocha donc la tête en resserrant sa main dans la sienne. Pourquoi pas après tout. Avait-il mieux à faire ? Non. Avait-il quelqu'un d'autre à voir ? Non plus. La seule personne qu'il voyait c'était son lapin et il en était juste satisfait ainsi.

« Oui. Avec plaisir. De toute façon, tu m'as fais sortir de mon lit, alors si tu penses que je vais te laisser seul, tu as bien tort. »

En tout cas pour ce soir, c'était mort, il ne le lâcherait pas. Non pas qu'il serait capable de le suivre dans des endroits qu'il n'aimait guère, il fallait pas trop lui en demander, mais il serait capable de beaucoup d'autres choses ce soir.

Linus avait conscience qu'il avait une humeur changeante assez soudaine, mais tant qu'il ne faisait pas de mal à son petit lapin, alors ce n'était pas si grave, n'est-ce pas ? Et puis son colocataire semblait s'en foutre qu'il ait ce genre d'humeur, qu'il puisse péter un câble, ou qu'il devienne gentille comme un nounours. Enfin ça il ne l'était qu'avec lui en revanche, pas avec les autres. Avec les autres il était plutôt froid, distant, et parfois malpoli, dire le contraire serait un mensonge. Et il avait probablement d'autres petites facettes qu'Aidan n'avait pas encore découvert, mais ils avaient le temps n'est-ce pas ? À moins que son colocataire finisse par en avoir marre de lui, car lui était certain que ce ne serait pas son cas, sinon il lui manquerait tout de même un peu. Beaucoup. Aidan lui répondit que de toute façon il n'était pas en état de réfléchir. En soit, lui il réfléchissait jamais, alors il ne pouvait guère lui en tenir rigueur. Linus agissait bien plus vite que ce que son cerveau pouvait capter comme information. Pas de réflexion, c'était le geste d'abord. Et malgré cela, il arrivait à se contrôler, il ne saurait dire comment, il le faisait surtout pour son lapin.

« On va dire que ça m'arrange. »

Non pas qu'il ne puisse pas réfléchir, mais comme ça il ne se poserait pas la question de savoir si oui ou non il était fâché contre lui, bien que le loup puisse fortement en douter. Après tout, quel mal avait-il réellement fait ? Hormis s'être énervé un peu contre lui, et avoir presque faillit tuer un de ses potes de soirée ? Ce n'était pas grand chose, si ? Quoi que, il pouvait même tuer quelqu'un, qu'il était persuadé que son colocataire ne pourrait même pas être énervé contre lui. Il essayerait sûrement de le comprendre avant, de comprendre son geste. Enfin, c'était ce qu'il pensait, peut-être avait-il tort. Linus secoua faiblement la tête lorsqu'il entendit une fois encore Aidan prononçant ce surnom. Bon, si ça pouvait lui faire plaisir, mais uniquement pour ce soir, pas sûr qu'il tiendrait longtemps avec ce genre de surnom. Ce soir, il voulait bien lui accorder ça, juste parce qu'il était saoule. Il se retint de sourire cette fois-ci.

« Oui, Aidan, je sais. Une fois de temps en temps, ça peut m'arriver. »

Il avait failli rajouter que ce n'était qu'avec lui, parce qu'il le trouvait à croquer, irrésistible et qu'il pourrait bien finir par l'embrasser soudainement, là maintenant, et ce sans savoir réellement pour quelle raison il avait cette envie soudaine. Quoi qu'il en soit il s'était retenu, pour cette fois-ci en tout cas, pas sûr qu'il tiendrait toute la soirée sans le faire à un moment ou un autre. Il le suivit donc dans son petit repaire secret comme il le disait si bien. Au moins, peut-être que Linus ne verrait personne, et qu'il serait encore plus détendu. Mais dans le doute, tout de même, Linus avait posé sa main au creux du dos d'Aidan, et dès qu'il sentait qu'il partait un peu trop sur le côté, il le ramena contre lui. Au moins, si ça pouvait lui éviter de se prendre un truc dans la tronche ou de tomber, ne sait-on jamais.

« C'est vraiment parce que je t'aimes bien. Sinon, tu sais que je ne serais jamais venu. Mais évites s'il te plaît, de me mettre dans une situation aussi angoissante. J'arriverais pas toujours à aussi bien gérer. »

Il laissa son colocataire s'allonger dans l'herbe et le suivit lorsqu'il lui indiqua de faire la même chose. De toute façon, ce n'était pas son genre de se dire oh mon Dieu non mes fringues vont être tâchés". Dans son monde la tenue vestimentaire exigée était une chemise blanche et un jean noir, vous vous doutez bien que le blanc avec des Guerriers Loups ne restaient pas blanc bien longtemps. Et cela ne le dérangeait nullement. De toute façon, c'était soit ça, soit être à poil.

L'honnêteté était visiblement quelque chose d'assez récurrent des deux côtés, et Linus, pour une fois, acceptait grandement d'avouer que oui, parfois il pouvait dire des choses toutes mignonnes, et se montrer un peu plus doux. Bien plus doux qu'il ne l'aurait cru de lui-même d'ailleurs. Comme quoi, il ne fallait pas trop qu'il s'entête à dire qu'il était mauvais et ne méritait juste rien dans la vie hormis la solitude. Il n'était pas fait pour ça, bien qu'il avait longuement pensé le contraire, tout du moins depuis son arrivé dans ce monde. Mais il savait aussi la raison de ce petit changement de comportement, il était dû à Aidan, rien de plus. Sinon, peut-être aurait-il continué d'être un sale con, et ce avec n'importe qui. Linus haussa faiblement les épaules à la question de son petit lapin. Oui, là il avait géré, enfin du mieux qu'il le pouvait, ce n'était pas parfait, mais il avait vraiment su gérer parce que normalement, le gars il lui aurait arraché bien volontiers le coeur avant de s'occuper des autres gars. Il serait ressortit entièrement tâché de sang, à ne pas en douter un seul instant. Il aurait même pu faire pire, il aurait pu avoir eu une soudaine envie de transformation pour carrément leur arracher des membres de ses dents de loup. Enfin, ça il comptait bien le garder dans sa tête et ne pas en dire un mot, ça faisait un poil psychopathe sur les bords.

« Oui, crois-moi, là je gérais un peu, sinon ça serait devenu une guerre à l'intérieur. Et oui, j'ai trouvé ça angoissant.. Je n'aime pas du tout ce genre d'endroit, c'est trop bruyant pour moi, y a trop de monde et je ne sais plus où regardait, quoi entendre, quoi faire surtout, et je peux me retrouver à paniquer et je dérape aisément. »

Comme ce fût le cas, il avait mal interprétait le comportement du gars, qu'il avait paniqué, il s'était retourné et l'avait empoigné par la gorge. Quand il n'avait plus ses dons, il avait tout de même gardé son côté combattant, son coté Guerrier, car c'était une toute autre chose d'apprendre à se battre, à lire en son adversaire pour potentiellement contrer ses attaques si besoin. Mais en rajoutant ses sens, il avait eu du mal à se retenir et à parfaitement bien comprendre. Mais peu importait maintenant, il espérait pouvoir laisser ce petit passage derrière lui, et de toute façon il n'y remettrait pas les pieds, à moins d'un réel danger potentiel pour Aidan. Bon, peut-être que ça faisait un peu le gars qui se montrait mauvais, mais qui au fond avait un sérieux problème au point de pouvoir potentiellement se retrouver à faire des petites crises d'angoisses ou de panique, c'était peut-être contradictoire, il ne savait pas trop, mais il évita d'y penser.

Pour le moment, et pour une fois qu'il ne se prenait pas trop la tête, il tentait plutôt de se focaliser sur l'instant présent. Installé dans l'herbe aux côtés de son colocataire, il le laissa se rapprocher de lui, et là il n'avait eu aucun mouvement de recul. C'était sûrement car pour le moment ce n'était que sa tête sur son épaule ? Il ne saurait le dire, mais contre toute attente, il accepta plutôt un petit mode câlin si ça pouvait lui faire plaisir, alors il passa ses deux bras autour de son corps et le ramena un peu mieux contre lui.

« Rassures-moi.. Pas par n'importe quel temps ? »

Il ne saurait dire pourquoi ça l'inquiétait ça, de savoir qu'Aidan aurait pu dormir sous la pluie, ou dans le froid. Mais il n'aimait pas trop cette idée.

Linus lui en avait voulu, qu'il l'extirpe de son lit pour l'obliger à entrer dans un endroit qu'il n'aimait pas. Dire le contraire serait un mensonge. Mais il n'était pas rancunier, pas pour ça dans tous les cas. Et il l'aurait fait tout de même car il aurait été incapable de le laisser tout seul, il se serait probablement fait des films, des tas de scénarios, il n'aurait pas pu trouver le sommeil, et il aurait fini par s'y rendre coûte que coûte, malgré sa réticence. Mais il ne refusa pas les excuses de son colocataire et prit note qu'il serait possible que la prochaine fois, ça puisse recommencer, mais cette fois-ci, de sûr, il n'y mettrait plus les pieds. Pas en cas de force majeure en quelque sorte. Comme par exemple, s'il devait vraiment être en danger. Par contre, si ça devait arriver, là c'était peu certain qu'il puisse gérer son énervement.

« Ce n'est pas grave. Je t'en ai voulu sur le moment, et je pense que tu l'as vu, mais je ne suis pas rancunier. Pas pour ça. »

Il pouvait être rancunier sur des choses qu'il estimait plus grave. Ou plutôt sur des choses qu'il estimerait être de la trahison. Le trahir serait vraiment idiot, parce que le retour en arrière avec lui serait quasiment impossible. Mais ça il se gardait bien de le dire, car au fond, il avait l'impression qu'Aidan devait fortement s'en douter. Cela semblait correspondre au spécimen qu'était le loup. Enfin, en tout cas il ne s'en souciait pas trop, il ne semblait pas y avoir de raison pour qu'ils en arrivent là et il préférait ne plus trop penser à ce début de soirée. Se contentant juste d'avoir pris Aidan dans ses bras, en l'écoutant parler de sa façon de procéder lorsqu'il vivait dans la rue, en quelque sorte.

« Peu importe maintenant. Tu as un toit au-dessus de la tête, et même si un jour on se dispute un peu trop pour n'importe quelle raison. Ne te tires pas pour dormir ailleurs. »

Bon déjà parce qu'il s'en ferait un peu trop et serait capable d'aller le chercher de lui-même par ses propres moyens. Et il pourrait peut-être tomber sur quelque chose qu'il n'avait pas trop envie de voir ou de savoir. Il n'était pas stupide, et il savait qu'Aidan ne tenait pas en place, et que lorsqu'il sortait souvent les soirs, ce n'était pas juste pour picoler. Et étrangement, il ne saurait dire la raison, mais il ne voulait absolument pas savoir ce genre de choses. préférant rester dans le déni. Un jour, il finirait par obtenir les nombreuses réponses à ses questions, en commençant par son attachement pour son colocataire. Ou bien ça se ferait peut-être plus tôt que prévu. Linus baissa son regard sur le visage d'Aidan en l'écoutant parler. Il venait carrément de lui dire qu'il n'avait même pas eu besoin de lui. Il essayait vraiment de comprendre. De comprendre ce qu'il s'était passé pour qu'il en vienne à le faire venir. Pouvait-on appeler ça comme un mensonge ? Peut-être, à l'exception du fait qu'il y avait peut-être autre chose derrière ça. Et quelque chose lui fit comprendre que c'était sûrement le cas. Alors, finalement, il ne lui en voulait pas.

« Je n'avais pas trop compris.. J'ignore réellement ce qui s'est passé dans ma tête à ce moment-là. Je n'ai pas cherché à réfléchir, que l'instant d'après j'étais déjà dehors, pour venir te chercher. »

Il avait voulu lui dire autre chose, mais il ne savait pas trop comment le faire, ni même quels mots utilisés. Il remonta l'une de ses mains le long de son dos, en le serrant juste un peu plus contre lui. Malgré le fait de ne pas trop savoir, il essaya juste de dire ce qu'il pensait.

« Je t'aime bien.. »

Ou autre chose, mais ça il ne s'y connaissait pas assez bien pour trier ses émotions ou ses sentiments. Il savait juste qu'il était attaché à Aidan, sans savoir ce qu'il y avait derrière cet attachement.

Linus avait peur de son attachement pour son colocataire, dire le contraire serait un mensonge. Il en avait peur car il ne le comprenait tout simplement pas, et il avait peur également de faire ou dire quelque chose qui ferait fuir son petit lapin. Comme ce soir, il aurait pu avoir peur qu'Aidan se rendre compte que Linus pouvait être un peu trop violent, et parfois quasiment pour rien, et qu'il se dise que finalement, ça ne ferait jamais l'affaire, et ce même si le loup ne lui avait rien fait, ne l'avait pas touché, ni même s'en prendre à lui. Certes il fût énervé, mais pas au point de lui en coller une. Ou peut-être que ça aurait pu lui traverser l'esprit, mais sans pour autant le faire. Alors, forcément, il ne put répondre que positivement à la question de son colocataire. Bien sûr que Linus penserait que s'il était trop énervé, alors Aidan pourrait ne pas rentrer de la nuit, le laissant soudainement dans l'angoisse de savoir s'il allait bien, avec qui il se trouvait, ce qu'il faisait et si un jour il rentrerait.

« Oui, bien sûr, c'est l'une de mes nombreuses craintes, Aidan. »

Une crainte parmi tant d'autres le concernant. Mais ça il se gardait bien de le dire pour le moment. Chaque chose en son temps, ne serait-ce que le temps qu'il comprenne de lui même toutes les raisons qu'il le poussait à être ainsi, et avoir peur de perdre son lapin. En plus, parfois il avait une sacrée fierté, même s'il ne mentait jamais, et ne mentirait pas non plus si on devait le lui demander, il en serait touché dans son ego d'avouer complètement les raisons. Peut-être qu'il aimait bien avoir deux facettes, celui du méchant grand loup et celui du gentil Guerrier. Très contradictoire. Après tout, il pouvait montrer son mauvais côté aux autres, mais le bon côté à Aidan. Alors que Linus, pour le moment, se contenta tout simplement de le maintenir contre lui, il ne s'attendait pas vraiment à ce genre de question, pas ce soir tout du moins. En revanche, il ne saurait pas du tout comment y répondre, car à sa question, il y avait deux réponses possibles. Alors, comment savoir laquelle correspondait le mieux à cette question, et surtout laquelle désirait entendre Aidan ?

« Tu parles uniquement de la distance que j'ai mis entre nous, et non d'autre chose ? »

Il le lui demanda car il ne savait pas trop si une nuit, Aidan l'aurait aperçu quittant l'appartement au beau milieu de la nuit, pour y revenir une petite heure plus tard. Alors avant de lui répondre convenablement, il préférait savoir s'ils étaient bien sur la même question, sur la même longueur d'onde. Car il avait un peu trop peur de lui parler de ce côté loup qui était revenu, ne sachant pas trop comment il pourrait réellement le prendre. Car supposait qu'un jour ça reviendrait était une chose, parler de son passé en était une également, mais que ça arrive vraiment c'était une toute autre histoire. Il attendit donc sa réponse, et en attendant, sans nul doute qu'il profita bien volontiers du baiser, qu'une fois encore, qu'Aidan s'était permis de commencer. Comme s'il savait qu'au fond de Linus, il en avait envie, encore et encore. Il ne se fit donc pas prier pour répondre à cet échange de baiser. Le loup passa l'une de ses mains dans les cheveux de son petit lapin sans le quitter du regard.

« J'espérais que ça soit un peu réciproque. »

Il ne saurait pas l'expliquer, mais à chaque fois qu'Aidan ouvrait la bouche, Linus avait envie de sourire, ou de rire, tout dépendait de la situation, et de la façon dont il semblait dire les choses. Mais là, c'était plutôt une envie de sourire, mais il se retint comme à son habitude. Peut-être qu'un jour il le ferait sans trop réfléchir, il le ferait par automatisme, même s'il savait qu'il le ferait qu'en présence de son colocataire. Mais en effet, il ne pouvait pas nier qu'il le lui avait déjà dit, mais c'était plus fort que lui, et cette crainte restait dans un petit coin de sa tête. Il finirait bien par s'y faire dans tout les cas. Il croyait son petit lapin, bien évidemment, il n'avait aucune raison de ne pas le croire. Il savait qu'il ne mentait pas, et que s'il avait quelque chose à le dire, alors il le lui dirait, même si ça devait le mette en colère. Bien que Linus tâchait vraiment de se calmer sur ce côté-là.

« T'as vraiment cru à ma menace ? Peut-être que j'avais dis ça pour juste pouvoir t'embrasser. »

En réalité, peut-être un peu des deux. Il était joueur, parfois, alors il pouvait mêler menace et jeu à la fois. S'il pouvait faire du rentre dedans à quelqu'un à sa propre manière, pourquoi ne l'aurait-il pas fait ? Bon, c'était peut-être une drôle de façon de s'y prendre, surtout avec son côté un peu brute. Linus n'avait pas trop penser au fait que sa question pourrait soulever un point important à Aidan, soit le fait qu'il lui cachait autre chose. Enfin, lui cacher était un bien grand mot, disons plutôt qu'il n'était peut-être pas encore prêt à le lui dire, pas maintenant en tout cas. Il aurait trop peur qu'Aidan prenne ses jambes à son cou. Quoi qu'il avait peut-être tort, et que peut-être qu'en réalité son colocataire le prendrait plutôt bien. Enfin, il y avait une différence entre le fait de le savoir et de le voir. Peut-être que s'il le voyait sous sa forme de loup, il en aurait peur. Il observa un peu plus intensément son petit lapin, en venant caresser son dos de sa main avec douceur.

« C'est que j'ignore par où commencer en réalité. La distance que j'ai mis entre nous, c'est plutôt à cause de ce que je ressens, de mon attachement pour toi, que je ne comprends juste pas, et j'en sais rien. Je pensais peut-être qu'en m'éloignant un peu de toi, je le comprendrais mieux. Tu pensais à autre chose peut-être ? »

Comme le fait qu'il aurait pu en avoir marre de lui ? Ou qu'il lui en voulait de lui avoir dit qu'il ne remettrait pas le couvert ? Car ce n'était nullement à cause de ça, juste quelque chose dans sa petite tête comme il l'avait si bien dit. Qu'il n'arrivait pas à comprendre, et qu'il pensait qu'en s'éloignant, ça l'aiderait à y voir plus clair. Et surtout, ça l'aiderait à gérer une petite jalousie que parfois il pouvait éprouver lorsque son colocataire se casser en soirée. Mais ça, il ne se voyait pas trop le lui dire.

« Que tu me le montre.. »

C'était surprenant de voir à quel point une situation, qui pourtant au début était mal barrée, puisse devenir si positive. Car ça serait un mensonge que de dire qu'au début, Aidan ne lui avait pas tapé sur le système nerveux à ouvrir sa bouche constamment, jusqu'à parler à Lupa comme si elle comprenait la totalité de ce qu'il pouvait lui raconter. Et même s'il avait ardemment désiré qu'il ferme son clapet, à la finalité, il avait fini par s'y faire, et parfois ce fût juste Linus qui s'étonna de poser des tas de questions auxquelles son colocataire répondit avec un certain plaisir. Enfin, c'était ce qu'il avait compris en tout cas. Il ne saurait dire si c'était amusant pour lui de devoir sans cesse tout expliquer à un gars qui n'y connaissait pas grand chose du monde humain, et qui parfois ne faisait pas d'effort pour le comprendre. Mais peut-être que cela leur convenait ainsi ? Ils avaient encore des choses à découvrir l'un sur l'autre, et ce soir fût plus ou moins un assez bon moyen pour. Même pour le loup, cela lui permettait un peu mieux de savoir sur quel pied danser avec ce qu'il ressentait, même s'il n'arrivait pas encore à tout comprendre et encore moins un mettre un mot dessus. Cela finirait bien par arriver tôt ou tard.

« J'avoue qu'au début j'avais eu cette envie si soudaine de te massacrer. J'ignorais qu'on pouvait parler autant. »

Et c'est ce qu'on appelait l'apprendre à ses dépends. Mais il s'y était fait assez rapidement, bien que parfois il pouvait juste lui dire de se la fermer car il ne le supportait plus. Enfin, pas dans le sens ne plus supporter sa personne, juste de l'entendre dans certaine situation. Surtout s'il était déjà sur les nerfs, ça pouvait envenimer les choses. Mais Aidan semblait avoir compris comment dompter le loup sauvage, alors Linus ne s'en inquiétait plus vraiment. Le loup ne quitta pas son lapin du regard, l'écoutant tout simplement lui dire qu'il avait remarqué quelques changements plausibles chez lui et notamment chez Lupa. Sauf que c'étaient deux choses différentes, bien évidemment. Le comportement de Lupa était liée au fait qu'elle ne reconnaissait plus son odeur, et le comportement de Linus, quant à lui, était lié à ses sentiments envers Aidan.

« Pour Lupa ce n'est rien de bien méchant. Elle ne me reconnait plus. ça lui passera quand elle aura compris que c'est toujours moi. Et pour être honnête, non ça n'a pas fonctionné, parce que je pense tout simplement que je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir ce genre de sentiment. Si je ne sais pas ce que c'est, comment pourrais-je le savoir ? Comment le nommer même ? »

Il n'était pas stupide bien évidemment, et probablement qu'au fond de lui il devait se douter de ce que ça pouvait être, juste qu'il ne savait pas spécialement comment le traduire, et que c'était bel et bien ça avec certitude.