Depuis que j’avais croisé Hotch, il n’était pas rare que je quitte mes lieux habituels de travail pour venir dans les locaux du FBI. Je n’étais pas sûr de ce qui me poussait à venir, parfois même sans y être convié. La nostalgie, peut-être ? ou l’amitié ? Ce sentiment d’appartenir à une famille que je n’avais nulle part ailleurs ?
Même sans faire vraiment partie de l’équipe, j’avais écopé d’un bureau. Tout semblait être fait pour que je revienne ici… c’était une façon de faire qui ne me laissait pas insensible. Je ne voulais pas me laisser convaincre trop vite, parce que je ne voulais pas avoir ensuite des regrets, parce que j’aimais beaucoup pouvoir mener des recherches de toutes sortes auprès des universités de la ville. Et je comptais bien garder un accès illimité aux bibliothèques des deux facultés universitaires.
Aujourd’hui, à nouveau, j’étais donc ici, dans ces locaux qui me rappelaient mon ancienne vie. Les affaires que nous avions ici n’étaient pas aussi sordides que celles sur lesquelles nous avions travaillé jadis, mais je pouvais aider mes amis et cela me suffisait.
Je me tenais près de ce bureau, celui qui était considéré comme le mien, les mains enfoncées dans les poches de mon pantalon, le regard vaguement perdu sur un tableau noir où s'entassaient des équations et des fragments de pensées griffonnées à la hâte. La pièce, ordonnée d'une manière qui trahissait ma nature méthodique, n'accueillait que rarement des visiteurs non annoncés. Pourtant, ce soir-là, une aura de mystère semblait flotter dans l'air.
Le froissement délicat du papier attira mon attention. Je pivotai lentement, remarquant une boîte soigneusement déposée sur le bureau, son papier noir élégant rehaussé d'une rose rouge qui tranchait avec la sobriété ambiante. Mon esprit commença immédiatement à analyser les détails : l'assemblage précis de l'emballage, la texture du papier, l'odeur subtile de pétales fanés. Un cadeau ? Pour moi ? L'idée était aussi intrigante qu'inattendue.
J’approchai avec précaution, les sourcils légèrement froncés. La logique me dictait que ce présent ne pouvait être là par hasard. Mon regard balayait encore la pièce ; pas de signe d’une présence récente, mais le silence n'était jamais une garantie. Je retirai doucement la rose, appréciant la minutie du geste. Un artisanat aussi fin méritait une certaine révérence. Avec une lenteur délibérée, j’ôtai l’emballage pour révéler une boîte en bois sombre, polie, exhalant un parfum subtil de vernis.
Je soulevai le couvercle. Le costume à l’intérieur était d’une facture exceptionnelle. Chaque détail – du bordeaux riche du tissu à la doublure blanche ornée de roses épineuses – parlait d’un soin et d’une dévotion au-delà de ce que j’aurais pu imaginer. Mes doigts effleurèrent la texture soyeuse du gilet, puis les motifs à l'intérieur de la veste. Ce choix n'était pas le fruit du hasard. La doublure portait une symbolique évidente : les roses, à la fois belles et dangereuses. Un mélange d’introspection et de fascination me traversa.
J’esquissai un sourire, rare et presque imperceptible.
« C'est... un travail exceptionnel, » murmurai-je, plus pour moi-même que pour quiconque aurait pu écouter. Je m'assis lentement, laissant mes pensées se mêler à la pièce comme un murmure. Qui avait pu confectionner une telle œuvre ? Les réponses semblaient danser hors de portée, une énigme aussi captivante que la personne derrière ce geste.
Une hypothèse s’imposa dans mon esprit : cette création ne venait pas d’une boutique anonyme. C’était personnel. Cela signifiait une attention portée à ma silhouette, à mes goûts supposés, à ce qui pourrait m’émouvoir. Je me redressai, décidé à examiner chaque détail pour en tirer une signification cachée. Les coutures, les angles du col, jusqu’au pli de la veste… Tout était une déclaration muette.
Puis, le bruissement infime d’un pas attira mon attention. Je tournai la tête vers l'entrée. Je ne pouvais pas voir qui se tenait là, mais je savais que quelqu’un observait. Je choisis mes mots avec soin.
« Je suppose que cette création ne s'est pas laissée faire toute seule, » dis-je calmement, ma voix légère, teintée d'une curiosité sincère.
« Un tel travail demande du temps, de l'effort... et une compréhension étonnante de celui à qui il est destiné. » Je fis une pause, laissant le silence s’installer comme un élément vivant entre nous.
« Pourquoi me l'offrir ? Pourquoi aujourd'hui ? » Mon ton n’était pas accusateur, juste empreint de cette insatiable quête de vérité qui avait toujours guidé ma vie.
Je laissai ma question flotter, sachant qu’elle pouvait provoquer autant qu'inviter à une réponse. J’étais suspendu à ce moment, conscient que ce cadeau était semblable à une oeuvre d'art.
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