Depuis mon arrivée dans ce monde, bien des choses étranges m'arrivent sans que je puisse réellement en déceler les tenants et aboutissants... Un sentiment de profonde détresse et de solitude m'afflige quotidiennement et même si j'essaye toujours de passer au dessus, de faire comme si de rien n'était, parfois ça remonte de manière trop importante pour en faire abstraction. Ce monde n'est pas le mien mais il est malheureux pour moi de n'avoir aucun souvenir d'où je viens, de qui je suis... A part un prénom, rien de mon ancienne vie ne semble vouloir ressurgir malgré de nombreux efforts pour me rappeler. Et c'est une sensation très agréable. Le pire c'est que j'ai beau me sentir affreusement seule, je me sens aussi toujours accompagnée, suivie... Une dualité que j'ai du mal à cerner malgré les jours qui défilent et ne se ressemblent pas forcément. Pourtant, depuis quelques jours je n'arrive simplement pas à le supporter. Je vois cet homme me suivre, être presque comme mon ombre et le sentiment de danger est persistant. Je ne pense pas être faible mais bien impuissante face à cet homme. Même s'il me suit tous les jours, en tous cas la plupart du temps, je n'arrive jamais à le prendre en flagrant délit, à l'affronter d'une manière ou d'une autre. Certains me diraient sûrement que je suis paranoïaque mais je refuse qu'on puisse me prendre pour une folle. Je suis certaine de ce que je vois et entends. Alors je m'étais décidée à chercher de l'aide.

Pourtant je suis quelqu'un d'assez solitaire, désireuse de me débrouiller seule face à ce qui peut m'arriver mais je devais avouer que je ne pouvais pas m'en sortir sans aide... Et quand j'ai entendu parler du FBI (une organisation dont je n'avais jamais entendu parlé auparavant d'ailleurs) et d'un homme du nom de Hotchner, profiler, je m'étais dit que ça pouvait déjà être une première étape... Peut-être qu'il pourrait m'aider à mettre un nom sur cet homme et cette voix qui me hantent ? J'avais déjà eu affaire à la police mais je ne m'étais pas sentie écoutée, certains me décriant justement comme une paranoïaque sans aucune preuve. C'est vrai... Je n'ai pas de photos, de vidéos mais je suis sûre de moi. J'avais donc réussi à prendre un rendez-vous, ayant hésité longtemps devant les locaux du FBI, parfois au point d'y rentrer et de hurler qu'un homme met ma vie en danger mais ça risquait simplement de mettre encore plus en doute mes paroles. C'est en début d'après midi que je me rends donc devant les locaux; une petite mine sur le visage qui présentait le fait que je n'avais pas beaucoup dormi, pour changer. Un long pull sur les épaules afin de cacher la prothèse qui me servait de bras droit, un souvenir de mon ancienne vie... Un souvenir qui ne voulait rien dire pour moi et me dégoûtait chaque jour qui passait.

C'est avec un long soupir que je décide de finalement passer la porte du bâtiment, me présentant à la première personne que je croise afin d'annoncer que j'avais rendez-vous avec l'agent Hotchner. la jeune femme à l'entrée me guida alors vers son bureau ou en tous cas ce qui y ressemblait. C'est pile à l'heure que j'y arrive et que l'on m'invite donc à entrer. Je ne peux m'empêcher d'avoir une légère boule au ventre, je retiens ma respiration par intermittence, avec cette sensation constante que je vais m'évanouir d'un moment à l'autre... Mais non. Je suis forte, je suis forte... Je remercie la jeune femme avant d'entrer, me retrouvant face à un homme d'une certaine stature et un visage si sérieux que je crains déjà qu'il ne me prenne pas au sérieux. Mais si j'ai appris quelque chose, c'est que ça ne sert à rien de juger un livre à sa couverture. D'un petit geste de la tête je salue alors l'agent qui, j'espère, parviendra à m'aider. « Bonjour agent Hotchner... Je suis Malenia Elphael, nous avions rendez-vous... » Je ne suis pas du tout sûre de moi, restant d'ailleurs timidement devant la porte qui venait d'être fermée par la jeune femme qui m'a conduit ici. Je place nerveusement ma main gauche sur mon bras droit par refléxe, n'arrivant pas à regarder directement l'homme dans les yeux. J'ai peur... Peur qu'on me rejette encore une fois et qu'on m'abandonne à mon propre sort. Peut-être que j'ai mis trop d'espoir en cet homme que je ne connais absolument pas ? Il ne sait sûrement pas à quel point je compte sur lui à cet instant. Non... Il ne sait pas. 

On ne peut pas vraiment dire que je suis très à l'aise dans la situation dans laquelle je viens de me fourrer moi-même. Je suis, d'ordinaire, assez solitaire et le fait de devoir discuter avec un parfait inconnu me plonge dans une certaine méfiance que j'essaye pourtant de cacher. Cet homme fait partie des forces de l'ordre... Il est là pour moi et pas pour me causer du tort, n'est-ce pas ? Il faut que je continue à y croire, après tout, il n'a encore rien fait qui me prouverait le contraire. Cependant, rien qu'avec un léger coup d'oeil, je peux remarquer qu'il ne semble pas avoir beaucoup dormi et ne doit pas être à son premier café de la journée. Je le reconnais assez facilement car j'éprouve les mêmes difficultés à m'endormir... Lorsque j'entre dans la pièce, je remarque qu'il feuillète ce qui semble être son agenda, j'espère qu'il ne m'a pas oubliée... Enfin, peut-être qu'il cherche simplement plus d'informations mais il faut avouer que je n'ai pas donné la raison de ma venue, afin d'éviter d'être une nouvelle fois recalée.

Je déglutis faiblement face à lui, il semble être un homme puissant, imposant... Bien le contraire de moi. Et lorsqu'il me présente sa main afin de la serrer, je ne peux m'empêcher de fixer cette main tendue. Sa main droite. Je ne serre jamais des mains, encore moins les droites car je n'ai aucune envie que l'on sente le froid de ma prothèse, que l'on sente que je suis différente et qu'on me pose des questions. Je serre alors les poings assez nerveusement en fixant toujours sa main avant de secouer frénétiquement la tête.  « Je..euh. Désolée mais je ne peux pas. » Que je lâche finalement dans un soupir de stress avant de me courber légèrement afin de le saluer à ma manière. Je suis confuse et désolée de mon comportement, ça peut sûrement se lire dans mon regard alors que je viens couvrir le plus possible mon bras droit. Je me faufile rapidement sur le siège qu'il me présente, espérant que cet événement reste anodin.  

Il me demande alors la raison de ma venue. Je me mets à fixer nerveusement mes mains posées sur mes genoux maintenant que je suis assise. Je prends une aspiration pour essayer de garder mon calme avant de relever les yeux pour le regarder. Si son ton est professionnel en tout point, il semble afficher un sourire qui se veut rassurant. Est-ce que je suis rassurée pour autant ? Pas sûre mais j'ai envie de lui faire confiance... J'ai envie, pour une fois, qu'on m'aide. Alors j'essaye de rester aussi calme que possible.   « Je ne sais pas vraiment si je suis au bon endroit mais... J'ai besoin d'aide et personne ne veut me croire. » Ma voix n'est pas rassurée, hésitante encore un moment. Pourquoi ai-je toujours l'impression de n'être personne ? Ou en tous cas de ne pas être moi-même ? Que quelque chose d'invisible me bloque... Si seulement ma mémoire pouvait revenir... Je secoue la tête alors que je m'étais perdue dans ces sombres pensées avant de reprendre.  « En fait... Un homme me suit. Tous les jours. Je me sens en danger constamment... » Que je lui avoue finalement en essayant, tant bien que mal, de le regarder dans les yeux. On pouvait voir une sincérité dans mon regard, je ne mentais pas.

Si je ne suis clairement pas à l'aise d'être ici, il semblerait que dans mon malheur j'ai trouvé quelqu'un qui semble patient, attentif et à l'écoute... Je n'ai pas côtoyé assez de personnes dans ce secteur mais j'avais toujours eu une certain appréhension quant aux forces de l'ordre. J'avais été tellement mal reçue par le passé... Heureusement, cet homme là semblait être une exception. En tous cas, je voulais y croire. Surtout qu'il n'avait pas réagit alors que j'avais refusé de lui serrer la main. Etait-ce pas pure politesse et respect qu'il ne disait rien à ce sujet ? Je ne savais pas exactement mais je devais bien avouer que ça me soulageait un peu de ne pas me sentir jugée à ce sujet là. Bien sûr, j'avais remarqué son regard furtif vers ma main mais il ne s'y était aucunement attardé, il avait sûrement compris que ce n'était pas le sujet que je souhaitais aborder aujourd'hui. Lorsqu'il s'installe à côté de moi, sans être trop proche, je dois bien avouer que mon regard se veut fuyant, sûrement impressionnée par sa prestance... Je ne le regarde pour l'instant pas, ne remarquant pas sa position qui était pourtant assez... Originale ? Je ne pouvais m'empêcher de jouer avec un fil qui s'enlevait de plus en plus de la manche de mon pull. Il reste silencieux mais surtout à l'écoute lorsque je lui parle de ce qui m'arrive, je me sens étrangement en confiance ou au moins je ne me sens pas jugée, je ne me sens pas folle... Et ça, c'est une première.

Il me rassure d'abord en me disant que j'étais au bon endroit. A ce moment là, je finis enfin par redresser la tête pour le regarder, un certain soulagement pouvait se lire dans mes yeux. Est-ce qu'on allait vraiment m'aider ? Me prenait-il vraiment au sérieux ? Il ne tarde d'ailleurs pas à enchaîner directement, je ne le quitte pas des yeux et je l'écoute alors avec une certaine attention. Quand il mentionne ce frisson dans la nuque, je ne peux d'ailleurs pas m'empêcher d'en avoir un, mon corps se mettant à trembler. Je jette un regard furtif derrière moi mais rien... Personne. Je me ressaisi alors, comprenant qu'il faut que je sois concentrée et que je dois lui donner les bonnes informations. Il me pose des questions auxquelles je dois réfléchir un moment. Je fronce légèrement les sourcils, signe que je réfléchis, essayant de ressasser chaque moment où j'ai pu ressentir cette sensation... Mais des coups de fils ? Rien du tout... J'ai bien du mal à cacher un certain désarrois face à ses questions. Je me dois d'être honnête car mentir ne mènerait à rien mais si tout ça venait vraiment de mon imagination, où allions nous vraiment ? « Euh... Hmmm..Je n'ai pas de téléphone. » Que je lui réponds, me sentant un peu stupide face à cet aveux. Apparemment, beaucoup ne juraient que par cet appareil pour communiquer mais je n'avais jamais voulu en avoir et je n'avais jamais pu expliquer le pourquoi du comment d'ailleurs...

Je soupire alors, marquant une pause pendant laquelle je réfléchis encore. Mon regard se veut une nouvelle fois fuyant, comme si j'avais peur qu'il me juge, qu'il pense que je lui mentais... Je n'avais aucune preuve de ce que j'avançais. Rien de concret, de réel... Juste ce ressenti constant, cette sensation lourde à mon cœur.  « Je vois sa silhouette. J'entends sa voix... Mais je ne pense pas qu'il soit vraiment entré en contact... » Mais lorsque je prononce ces mots, une lueur semble briller un instant dans mon regard alors que je me retournais une nouvelle fois pour affronter le regard de Hotch.  « Je... Je suis fleuriste. Mais il y a quelques semaines, j'ai reçu un bouquet. Avec seulement des fleurs fânées...» Je suis sincère, j'avais oublié ce détail car j'avais toujours songé à une mauvaise blague ou un client mécontent. Je ne savais pas vraiment si ça avait du sens avec ses interrogations mais il me semblait important de le préciser. Mais je ne peux m'empêcher de plonger soudainement mon visage dans mes mains, sentant le froid de ma prothèse me toucher la peau. « On me dit que je suis folle. Que je devrais me faire interner... Mais je suis sûre de ce que je vois et entends... » Peut-être que j'essayais de me convaincre moi-même plutôt que Hotch. Je ne savais plus vraiment...