Easy, Peasy, Lemon, Squeezy - Nigel.

@Nigel Balan,      

Elle pousse la porte d'un coup de pied nonchalant des écouteurs enfoncés dans les oreilles, une bulle de chewing-gum prête à exploser au bord des lèvres. Franchement, dès fois, Benny pouvait être le pire de tous les patrons. Lui demander de venir à 22h passée, au garage, un vendredi soir... sérieux !? Bon, pas que la demoiselle ai réellement fait quelque chose de sa soirée, certes, mais, rien que pour la forme, elle s'était pointée avec presque 45 minutes de retard. Et toc vieux schnock, dans tes dents ! Une moue particulièrement boudeuse accrochée au visage et une attitude générale frisant l'apathie elle s'avance, la brune, au travers des nombreuses rangées de voiture garées dans le petit hangar derrière le garage. Si elle avait bien compris quelque chose après ces différents mois passés au Benny's, - bien que la raison réelle de cette mesure lui soit inconnue - c'est qu'après 21h, il n'était plus question de passer par la porte principale. Et, si elle s'était attendue à se faire lyncher verbalement en approchant du bureau, quelle ne fut pas sa surprise de voir que l'endroit était complètement vide de monde. T'aurais pas osé quand même, vieux con. Qu'elle siffle entre ses dents, jouant avec son chewing-gum en faisant une nouvelle bulle. Après 45 minutes d'attente... ? Ouais, p'tête bien que Benny avait osé finalement, et s'était tout simplement barré sans l'attendre. Légitime, en soit.
Elle soupire, souffle, grommelle et peste, tout ça à la fois. Génial.. Il ne lui restait plus qu'à rentrer maintenant. Et c'est en glissant sa capuche sur sa tête que son écouteur dégringola de son oreille gauche et qu'elle capta, enfin, les bribes de voix s'élevant dans l'autre partie du garage. Y avait Benny, c'était indéniable. Mais les autres voix, par contre, Vanellope ne les reconnaissaient pas. C'était clairement pas un des gars qui avait l'habitude de bosser ici, et d'ailleurs, de ce qu'elle pouvait entendre, ils avaient clairement pas l'air commodes. Évidemment - et par curiosité plus que par autre chose - elle s'avança, passant discrétos sa tête par l'encablure de la porte afin de mieux tendre l'oreille. Ils étaient cinq en comptant Benny. 4 types qu'elle n'avait jamais vu et lui, installée en face d'eux. L'un des gars, qui avait l'air plus important que les autres, se mis à hurler sur son patron, lui ordonnant de faire ce qu'il venait de visiblement lui demander. Ce qui surpris le plus la jeune femme ce n'était pas tant les armes à feu qu'ils portaient tous à la ceinture mais plutôt cette façon qu'avait Benny de se comporter en face d'eux. Il ne disait rien, lui qui était toujours si éloquent habituellement. Ça ne lui ressemblait pas et il ne fallut pas plus longtemps à Vanellope pour comprendre que là, ça puait grave pour lui. Le type au tatouage - qu'elle venait de remarquer - ne semblait d'ailleurs ne lui laisser aucune façon de se justifier, lui rappelant brièvement le passé et que, si il en était arrivé jusque là, c'était uniquement grâce à lui. La demoiselle ne comprenait que la moitié des choses, déjà parce qu'elle était relativement loin de la scène mais aussi, et surtout, parce qu'elle venait de prendre le train en marche et qu'elle n'avait pas le contexte du début. Drogue, meurtre, police, famille.. Un peu de trafique d'armes par-ci, par-là. Quelques annotations sur le garage et, un mot qu'elle parvint très bien à comprendre et qui, tel une phrase illuminée apparue au dessus de sa tête : une course.  La curiosité immédiatement piquée, Vanellope vint tendre plus l'oreille encore, essayant de, cette fois, ne perdre aucune miette de cette conversation. La course était visiblement une livraison. De la drogue. Un sacré - gros, - paquet - de drogue. Le genre de truc qu'on voit que dans les films au ciné et qui pourrait acheter un pays entier. Les flics étaient sur les dents en ce moment et ça, elle le savait très bien. Et puis, c'est comme une évidence - et après avoir fait le lien dans sa tête - que tout devenait beaucoup plus clair : Le gars, avait besoin de quelqu'un pour faire passer de la drogue à l'autre bout de la ville et Benny, connaissait les meilleurs pilotes de l'île pour avoir organiser un paquet de courses clandestines...
Va te faire foutre Nigel, hors de question qu'un de mes gars accepte ton offre. C'est une mission suicide. Benny venait de se bouffer une patate monumentale qu'un des sbires venait de lui coller comme pour le réveiller et le forcer enfin à parler. Le gars en face ce met à rire, le rappelle vite fait à l'ordre et surtout lui fait bien comprendre qu'il a pas le choix. Jamais personne pourra faire ça... Jamais personne s'ra aussi cinglé.. C'est de la folie, et tu l'sais..

Ding, ding, ding. Adrénaline puissance MAAAAAX.

Comment ça personne pourra ? Entrée sur scène dans 3, 2, 1....
Moi j'peux l'faire. Les mains dans les poches, elle apparaît telle une fleur au beau milieu de tout ce joyeux bordel. Putain Benny, qu'est-ce que t'as foutu. Elle fronce un peu les sourcils quand elle croise le regard des différents types en face de son patron et, après quelques secondes de silence, décide de s'avancer un peu plus en avant. Vanellope. Tu rentres chez toi. Maintenant. Son boss a franchement pas l'air de plaisanter sur ce coup-là, et le ton qu'il emploi à même le mérite de la déstabiliser quelques secondes. Mais Vanellope est, Vanellope et c'est machinalement qu'elle vient lui adresser un large sourire, lui riant même un peu au nez. Ouais. Ouais. En attendant, y a pas un putain de pilote sur cette île qui soit aussi doué que moi. Qu'elle clame en haussant les épaules de façon désinvolte. Et c'était loin d'être par vantardise parce qu'elle savait, et lui aussi, que ce qu'elle venait d'annoncer été vrai. Putain Vanellope, dégage de là j't'ai dis. Il semble étrangement très inquiet, jette des coups d'œil nerveux au type qui semble mener la danse. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ici pour mettre Benny dans un état pareil ? Elle fronce les sourcils, la gosse, réajuste sa veste contre ses épaules en enfonçant plus profondément ses mains dans ses poches. Va te faire foutre, Benny. T'es pas mon père. Et son manque de réponse en dit long sur ce qu'elle en pense, tout comme le fait qu'elle demeure complètement stoïque, ne bougeant pas d'un iota. Il fulmine, elle le sait. Et bordel qu'elle aime ça. Parce que, foutre les gens en rogne c'était probablement l'un de ses passe-temps préférés - et son cher voisin pouvait en attester. Il consulte brièvement le mec en face de lui et, après un bref acquiescement de tête de celui-ci, c'est un Benny en furie qui s'élance vers Vanellope et lui choppe le bras. Viens par ici, sale gosse. Elle braille en peu, tente vainement de se défaire de l'emprise du colosse en bougonnant comme une gamine pourrie gâtée. Tu comprends pas quoi dans "Dégage de là". Il engueule la demoiselle malgré son ton bas, presque chuchotant. Visiblement, cette conversation se devait de rester privée... Quoi ? C'est toi qui m'a fait venir ici, jte rappelle. Jpensais que tout ça c'était encore un de tes faux plans crasseux pour me faire passer pour une sale gosse. Qu'elle grommelle en fronçant son petit nez retroussé, se dégageant de son épaule d'un coup d'épaule vif. C'était y a 45 minutes Vanellope putain ! Il gueule un peu plus fort, et tourne immédiatement la tête vers la bande derrière lui. Ouais bah désolé. Mais tu sais bien que moi et la ponctuali.. Il l'arrête brusquement dans ses explications, la coupe, lui foutant limite sa main pleine de cambouis devant la tronche. Vanellope. Je plaisante pas cette fois. Essaye pas d'mettre ton nez dans cette affaire. Autant dire, qu'à ce stade de la conversation, Vany avait plus envie que n'importe quoi d'autre ce soir de mettre effectivement, son nez dans cette affaire. Qu'elle idée aussi, que de lui balancer des mises en garde à la pelle comme ça. Laisse moi faire cette course. Elle tranche, net. Lui tenant tête, comme assez souvent quand on y regarde bien et qu'on prend un peu de recul. Gamine pourrie gâtée, ouais. Vanellope bordel.. On est pas dans un de tes putains de jeux vidéo là. Elle sourit, check un instant les roublards qui semblent vouloir tout faire pour entendre quelques brides de leur conversation. Justement Benny. C'est parce que c'est la vraie vie, que c'est excitant. Il fulmine à nouveau, lui attrape le bras en l'attirant jusqu'à lui. C'est pas une blague Vany ! Ce mec là, il est dangereux. De toute façon, il avait beau dire n'importe quoi, dans la tête de Vanellope la soirée était déjà toute tracée. Hors de question de passer à côté d'une si bonne opportunité. Et toi, t'avais l'air sacrément dans la merde pas vrai ? Elle marque une pause, scrute les réactions de Benny. Touché. Laisse moi faire cette course. Tu sais bien que c'est du tout cuit pour moi. Et tu sais aussi que j'risque absolument rien. Il soupire, lourdement, relâche le bras de la demoiselle tout en faisant un pas en arrière. C'est pas tant cette livraison qui m'fait peur Vanellope. Parce que Benny connaît bien ce mec. Parce qu'il sait que, quand t'es sous son emprise, c'est très difficile de lui échapper. Il en avait fait les frais... Écoute moi, écoute moi bien. Jveux pas que tu acceptes quoi que ce soit de ce type là, ok ? Nigel, c'est pas un petit rigolo de seconde zone. Alors, tu fais la livraison tranquille et après tu rentes direct à la maison. Pas de verre, pas de discussions. Tu rentres, fissa. Parce que, d'un côté, il se sait au pied du mur. Il sait aussi que, si Vanellope n'était pas intervenue, p'tête bien qu'elle aurait découvert son cadavre le lendemain matin. Deal. Même si, dans le fond, le seul truc important dans cette conversation qu'elle avait retenu c'est "tu fais la livraison". Son visage rayonne littéralement de joie contrairement à celui de Benny qui ressemblait plus à celui d'un zombie en décomposition qu'autre chose. Allez, haut les cœurs papy. Tu sais que ça va bien s'passer. Que rien ne pouvait arrêter Vanellope. J'espère vraiment qu'tu sais c'que tu fais gamine...
Si elle savait ? Absolument pas. Mais là était tout l'intérêt, pas vrai ?