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Sam 29 Juin 2024 - 20:26
La fête foraine
me & you
La fête foraine s'était installée aux abords de la ville, au cœur de la campagne, comme une île mystérieuse surgie de nulle part. Les lumières vives et les éclats de rire résonnaient dans l'air chaud de l'été, attirant les âmes en quête de divertissement. Les stands de nourriture proposaient des délices sucrés et salés, des pommes d'amour aux hot-dogs, tandis que les manèges tournaient à toute allure, emportant les enfants et les adultes dans des spirales de joie et de frissons. Le labyrinthe de miroirs, avec ses reflets déformés et ses illusions, attirait les plus curieux, et j'entendais au loin les cris et les rires qui s'en échappaient. Je déambulais parmi les stands, observant les jeux et les attractions d'un œil distrait. L'ambiance était à la fête, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir une étrange tension sous-jacente, comme si quelque chose était tapi dans l'ombre. La fête foraine battait son plein lorsque j'y arrivai. Les lumières scintillaient dans la nuit, créant une ambiance à la fois festive et mystérieuse. Les manèges tournaient sans relâche, les cris de joie des enfants se mêlaient aux rires des adultes. Je me glissai parmi la foule, ma casquette inclinée sur le front, observant ce monde éphémère avec une curiosité détachée.
Je m'approchai d'un stand de jeux, attiré par les cris des forains vantant leurs prouesses. Les ballons éclataient sous les fléchettes, les canards en plastique glissaient sur l'eau, et les peluches colorées attendaient de nouveaux propriétaires. Je n'avais pas l'intention de jouer, mais la tentation de l'absurde me fit acheter quelques fléchettes. Un geste machinal, presque par habitude, et les ballons explosaient les uns après les autres. Le forain, un homme trapu avec une moustache en guidon, me dévisagea avec étonnement.
« Vous avez de l'adresse, mon ami, » dit-il en me tendant une peluche d’un rose criard. Je pris le jouet et, avec un léger sourire, je le déposais dans les mains d’une fillette qui semblait jalouse de mon gain.
« Je compte sur toi pour veiller sur cet ours… Il a besoin d’une famille. »
Les stands de nourriture exhalaient des odeurs de sucre et de friture. Les churros, les pommes d'amour et les barbes à papa défilaient sous mon regard indifférent. Je m'arrêtai un instant pour contempler une roulotte où une diseuse de bonne aventure offrait ses services. L'idée de connaître l'avenir me fit sourire. Après tout, n'était-ce pas le charme de l'inconnu qui rendait la vie supportable ?
Ce fut planté à cet endroit que je fus bousculé par quelqu’un d’assez pressé. Je n’étais pas du genre à chercher la bagarre, aussi me retournai-je vers la personne en souriant. « Vous ne vous êtes pas fait mal, au moins ? »
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Dernière édition par Corto Maltese le Sam 10 Aoû 2024 - 22:06, édité 2 fois
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Je le devine, il est là. Il approche. Je suis curieuse de savoir s’il allait se répéter une fois encore, il n’en tenait qu’à moi de m’assurer que ça soit la dernière erreur de sa piètre petite vie. La Chose, qui d’ordinaire ne quitte jamais la compagnie de Gomez sort du boudoir et se faufile le long de l’escalier menant à l’étage, s’arrêtant un instant pour me jeter un “regard” interrogateur, curieux de savoir ce que je fais toujours debout alors que le reste de la maison a déjà cédé aux appels de Morphée. Elle ne peut aucunement comprendre l’intrigue qui a pris naissance dans mon esprit la première fois que j’ai découvert cette poupée au coin de la porte, le souvenir non si lointain de mon stalker s’étant fait une place de choix dans mes pensées.
Évidemment, je doute que le petit vieux soit responsable de mes futurs déboires à Nevermore. Seulement si j’espère attraper un stalker, il est normal que je m’entraîne avec un autre. Non? Et ce soir, de toute évidence, il refuse à nouveau de négliger son rituel quotidien: j’observe sa silhouette approcher de l’imposante porte du manoir (il me faudrait avoir un mot avec Le Portail si ce dernier semble incapable de filtrer les bons éléments) avant de se baisser péniblement pour poser son cadeau nocturne, frapper à la porte de manière telle qu’il en réveillerait les morts du cimetière voisin (l’esprit de Mortimer s’est déjà plaint, d’ailleurs, et Morticia a été gênée dans son bain de lune hebdomadaire) avant de se retourner et fuir en hurlant “120 points pour les Papayes ! Woohoo!!!!”.
Papayes? Quelles papayes? Est-ce qu’il y a un gang de petits vieux en ville qui s’amuse à ‘tourmenter’ le clan Addams dans une pitoyable tentative de gagner des points pour vaincre un éventuel gang rival? Qu’est-il donc arrivé aux fusillades à l’ancienne, ou alors aux duels en bonne et due forme? Ne sommes-nous que source d’amusement pour le voisinage?
Il faudra leur faire la leçon, j’imagine.
Avec un soupir et un nouveau sentiment de tâche à accomplir, je dépose mon stylo et le cahier avec lequel j’avais pris note du comportement de l’aîné avant de m’appuyer lourdement sur le bord de la fenêtre. C’en était trop. Ce Gomez et Morticia ne m’ont jamais donné vie, cependant je n’étais guère prête à déshonorer mes aïeux en négligeant de défendre la réputation des Addams. Si le Gang des Vieux s’imagine pouvoir s’amuser à nos dépends, n’est-il point équitable que j’en fasse autant? Pousser leur chaise roulante en plein trafic? Faire trébucher leur déambulateur? Parsemer leur repas du soir d’un cocktail d’arsenic et autres métaux lourds que j’ai concocté moi-même?
Le petit père semble déterminé à me faire des cadeaux nuit après nuit, il serait déshonorable de ne point rendre la pareille. Une tête réduite, peut-être? Ou alors donner la compagnie d’une main gauche à La Chose?
Je m’étais attendue à sortir ce soir, parce que je suis déjà prête lorsque je descends le long escalier me ramenant au vestibule, ouvrant la porte sans porter la moindre attention à la poupée offerte par le petit vieux. Au lieu de quoi, je me mets à marcher rapidement dans la direction de son échappée, estimant inutile de m’essouffler puisqu’il est peu probable qu’il ait pu trop s’éloigner.
…
Ô, comme j’en ai marre de me tromper.
J’ai bien croisé le chemin d’un petit vieux, assis sur un coin de trottoir, hagard et complètement déboussolé, pourtant il ne ressemble en rien à l’aîné que je recherche. La stature était différente, la forme du visage aussi. Ayant passé de nombreux mois avec une métamorphe comme directrice d’établissement, en revanche, je refuse de prendre mes assurances comme vérité absolue et je prends soin de noter où je l’ai vu avant de hâtivement continuer ma route; l’homme pourrait très bien être sans abri, je le signalerais à la première patrouille que je croise et la police s’en occupera.
La piste me ramène vers la fête foraine, et je me lamente une fois encore d’avoir à fréquenter les lieux. Que ferait un vieux dans un chaos pareil, eh? Ou n’est-ce qu’un subterfuge calculé pour brouiller les pistes? Après tout, qui irait imaginer grandpa en plein milieu de ces attractions destinées à lui donner un arrêt cardiaque, hmm?
Le perdre de vue me fait presser le rythme, insouciante de la foule se déchirant devant moi comme s’ils avaient conscience de mon aversion pour le contact humain. Enfin… tous sauf un. Je suis aussi coupable que lui de l’incident qui nous lie désormais, parce que s’il n’a point dégagé mon chemin je n’ai rien fait non plus pour l’éviter, et lorsqu’il me demande si je me suis fait mal je ne peux m’empêcher de concentrer mon attention sur ses traits doux, sur son expression affable. Il est bien plus grand que moi, par contre je refuse d’avouer le moindre signe de faiblesse.
Addams, et fière. Même si je suis surprise qu’il m’adresse la parole, les gens ayant plutôt tendance à me fuir.
Me faire mal aurait sans doute été préférable, je pense: perdre de vue l’impertinent aurait au moins valu quelque chose. Peu importe, peu importe, ce n’est que partie remise. Savez-vous où trouver les autorités? La police? L’organisateur? Il y a un petit vieux esseulé à 500 mètres d’ici qui semble presque aussi perdu que les pauvres fous trouvant ces attractions amusantes.
Alors que je me tourne vers le stand de fléchettes pour dire de relâcher ma frustration sur ces pauvres ballons, je viens considérer mes options. Certes, je n'admettrais jamais me soucier de qui que ce soit, cependant je n'ai jamais été en mesure de nier que mon père m'avait bien élevée. Les Normies sont faibles et parfois, juste parfois, avoir le coup de pouce d'un Addams est tout ce qu'il leur faut.
La fête foraine continuait de battre son plein, émergeant de la nuit comme une île lumineuse, où les rires et les cris résonnaient, échos lointains d'une humanité qui semblait vouloir oublier, ne serait-ce qu'un instant, la réalité. Moi, je m'y promenais en étranger, spectateur désabusé de ce théâtre joyeux. Sous l'éclat des lumières vives, les silhouettes s'animaient, dansant au rythme d'une musique qui ne m'atteignait pas. Je m'étais avancé, absorbé par l'atmosphère singulière de ce lieu, quand soudain, une bousculade me fit tourner la tête. Une jeune fille, silhouette fine et vêtue de noir, avait croisé mon chemin. Son regard, sombre et intense, était une fenêtre ouverte sur une âme bien différente de celles qui peuplaient ce lieu de divertissement. Elle semblait ne pas appartenir à cet univers, comme une ombre égarée parmi des spectres festifs. Je n'avais pas l'habitude de m'attarder sur les inconnus, mais il y avait quelque chose en elle qui captiva mon attention, quelque chose qui résonnait avec ma propre quête perpétuelle de mystère et d'aventure. Son visage, malgré son jeune âge, portait les traces d'une mélancolie ancienne, comme si elle portait le poids des siècles passés sur ses épaules frêles. Elle s'était tournée vers moi, et avant même que je ne puisse dire un mot, elle avait déjà pris les devants. Sa voix était empreinte d'une froideur résolue, mais aussi d'une certaine ironie qui ne m'échappa pas. Elle parlait d'un vieil homme, esseulé, perdu parmi la foule, et je sentis qu'il y avait plus à cette histoire qu'elle ne voulait bien l'admettre.
« La police ? » répondis-je, un léger sourire se dessinant sur mes lèvres. « J'ai bien peur que ce ne soit pas le genre d'endroit où l'on croise des représentants de l'ordre. Mais si ce vieil homme est aussi perdu que vous le dites, il n'y a peut-être pas de mal à le retrouver. Après tout, il semble que vous et moi avons tous deux une affinité pour les causes perdues. »
Je plongeai mon regard dans le sien, cherchant à percer le mystère de cette étrange rencontre. Elle ne ressemblait à personne que j'avais croisé jusqu'ici, et pourtant, il y avait une familiarité troublante dans son attitude. Peut-être était-ce ce mélange d'obstination et de détachement, une attitude que je connaissais bien, car elle m'était propre. Nous marchâmes ensemble à travers la foule, moi en silence, elle probablement perdue dans ses pensées. Les cris et les rires des forains semblaient lointains, étouffés par le voile de mystère qui semblait nous envelopper. Je ne lui posai pas de questions, respectant cette distance que nous semblions tous deux vouloir maintenir. Arrivés près de l'endroit où elle avait aperçu le vieil homme, je m'arrêtai, observant les environs. La foule était dense, mais il n'était pas difficile de repérer une silhouette aussi incongrue dans ce décor. L'homme était là, assis sur un banc, l'air hagard. Ses vêtements, bien que usés, portaient les traces d'une certaine élégance passée, comme un vieux lord déchu qui aurait perdu tout sauf la dignité de son apparence. Je m'approchai de lui, mais il ne sembla pas remarquer ma présence. Ses yeux fixaient un point invisible, perdu quelque part dans les méandres de ses souvenirs. Je m'accroupis devant lui, cherchant à capter son attention.
« Bonsoir, l'ami,» dis-je doucement. « Vous semblez bien loin d'ici, mais il est encore temps de revenir parmi nous. »
Il leva les yeux vers moi, et je fus frappé par la tristesse insondable qui s'y lisait. Il n'était pas simplement perdu dans la foule, cet homme était perdu dans sa propre vie, comme un navire à la dérive sans ancre ni gouvernail. Je ne savais pas si je pouvais l'aider, mais l'idée de le laisser ainsi me déplaisait. Je jetai un coup d'œil vers la jeune fille, qui nous observait à quelques pas de là. Elle ne disait rien, mais je pouvais sentir qu'elle partageait cette impression que cet homme avait plus à raconter que ce qu'il laissait paraître. Peut-être était-ce une sorte de test, un jeu macabre pour voir jusqu'où nous étions prêts à aller pour sauver un inconnu.
« Vous devez avoir froid, » repris-je en posant une main sur son épaule, un geste autant pour le réconforter que pour l'ancrer dans le présent. « Peut-être qu'une boisson chaude pourrait vous faire du bien. Qu'en pensez-vous ? »
Il hocha lentement la tête, comme s'il revenait à la réalité. Je me relevai, lui tendant la main pour l'aider à se lever. Il se leva avec difficulté, ses mouvements lourds et maladroits trahissant une fatigue plus psychologique que physique. Nous nous éloignâmes de son perchoir pour rejoindre le tumulte de la fête foraine, le vieil homme entre nous deux, comme un fardeau partagé. La jeune fille ne disait toujours rien, mais je sentais qu'elle réfléchissait, pesant le pour et le contre de cette étrange situation. Je n'avais pas besoin de mots pour comprendre que nous étions tous les trois liés, pour une raison ou une autre, par un fil invisible que le destin avait tissé cette nuit-là. Le stand où nous nous arrêtâmes était modeste, presque vide à cette heure, peu de gens cherchaient une boisson chaude quand la bière pouvait couler à flots. Je commandai trois tasses, laissant la chaleur du lieu nous envelopper. Le vieil homme était resté silencieux, perdu dans ses pensées, et je ne voulais pas le brusquer.
« Il y a des moments, » dis-je en brisant le silence, « où la vie nous pousse sur des chemins que nous n'avions pas choisis. Mais parfois, ce sont ces détours imprévus qui nous mènent aux rencontres les plus intéressantes. » Je jetai un regard à la jeune fille, cherchant à capter sa réaction. Le vieil homme soupira, puis leva les yeux vers moi. « Vous avez raison, » murmura-t-il. « Il y a longtemps que je n'avais plus l'impression de marcher sur un chemin qui ait un sens. »
Sa voix était rauque, marquée par les ans, mais il y avait dans ses mots une sincérité qui m'intrigua. Je savais que la nuit n'était pas encore finie, et que ce vieil homme, malgré son apparente faiblesse, avait encore une histoire à raconter. Je pris une gorgée de mon café, sentant la chaleur se diffuser dans mon corps. Je savais que la jeune fille, assise en face de moi, n'avait pas encore dit son dernier mot. Et moi, je restais là, prêt à écouter, à attendre que le prochain chapitre de cette étrange nuit se déroule devant nous.
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Le fléau d’inaptitude ne se limite donc pas au Shérif Galpin et ses sbires, je vois. Je ne suis pas surprise.
Ce qui me surprend, en revanche, c’est la volonté qui s’empare de mes sens et m’encourage à suivre l’inconnu dans sa quête pour le vieil homme. Je ne suis pas le genre, d’ordinaire, à m’intéresser davantage une fois une information donnée, surtout si la situation ne réclame pas mon attention. Mais à considérer entre rentrer chez m.. chez Gomez, rester et souffrir des cris de joie ambiants ou alors essayer de découvrir quelles horreurs le vieil homme a traversé, mon intérêt est tout trouvé.
Vous parlez comme mon.. comme mon père. Et tenter de raisonner avec Enid et lui faire abandonner l’horreur de l’arc en ciel qui a vomit sur sa moitié de notre chambre est assez de “cause perdue” pour une vie entière, je ne compte pas en faire une profession, dis-je d’un ton monotone comme si l’homme avait la moindre idée de ce dont je parle. Son altruisme m’intrigue, et son désir franc à vouloir retrouver l’homme que j’ai identifié plus tôt me rends curieuse: ayant pleinement conscience que les gens n’ont généralement pas le coeur sur la main, je suis presque anxieuse de découvrir quels secrets l’homme dissimule derrière ses beaux mots et son attitude désinvolte. Peut-être s’agit-il là d’un serial killer et je viens de lui indiquer une proie facile à ajouter à son carnet de chasse? Peut-être s’imagine-t-il que je suis vulnérable et qu’il n’aura pas de difficulté à prendre le dessus? Je me demande si la fête foraine est son territoire de chasse, un homme esseulé au beau milieu d’une foule en délire n’indique rarement quoi que ce soit de bon.
Je me demande s’il va faire hurler le vieil homme ?
L’aîné ne fut pas bien difficile à retrouver, en vérité. Il a à peine bougé de là où je l’ai vu plus tôt, probablement désinstallé par un groupe de jeunes en folie préférant ignorer sa présence et lui marcher dessus pour savourer leur soirée…. Presque littéralement. L’homme qui m’accompagne, lui, semble avoir un tout autre ordre du jour. Je m’arrête alors qu’il continue quelques pas, mais je ne peux m’empêcher d’approcher d’un pas ou deux lorsqu’il approche l’aîné, prêt à frapper…. et finalement ne poser sa main que sur son épaule, secouant doucement pour sortir le vieil inconnu de sa torpeur. Bonsoir l’ami…
Je soupire avec frustration, la déception d’avoir affaire à un homme, selon toute apparence, foncièrement bon teintant mes traits alors que je dissèque la scène se développant devant mes yeux. Tyler semblait être un type bien, aussi, et je ne me souviens que trop bien comment ça s’est terminé. Est-ce qu’il joue la carte de la bonté parce que je suis là? Pourquoi se prends-t-il la peine, d’ailleurs, il suffit juste de faire savoir à un organisateur que l’homme est là, esseulé, et notre bon acte de la journée serait fait. Je regrette presque d’avoir mentionné sa présence, puisque je semble désormais captive de l’intérêt qu’a mon inconnu et le vieil homme qu’il semble prendre sous son aile.
Il file sa veste à l'inconnu avant de l’encourager à se lever. Mon complice me jette un coup d’oeil, s’attendant probablement à ce que je propose de partager le poids mort de l’homme qu’il se met à soutenir physiquement: je fais un pas décidé en arrière, arrêtant immédiatement la moindre discussion à l’idée de me laisser approcher ou toucher par deux inconnus, aussi innocemment soit le contact. Il y en a à Nevermore qui ont saigné pour moins que ça. Je me baisse pour récupérer les rares affaires semblant appartenir au vieil homme et le fait que j’enchaine le pas avec l’autre duo est le seul compromis que je suis disposée à négocier pour l’instant.
Je ne comprends vraiment pas ce qui m’encourage à rester.
Je réprime un relent nauséeux à l’odeur de sucreries et de nourriture contenant plus de graisse que d’aliments, avant de forcer mes sens à revenir sous contrôle: je décide si la vue de tant de jovialité me rend malade, et personne d’autre. La présence continue de ma roommate m'a aidée à apprivoiser mes instincts et je met ma discipline de soi à bon usage devant l'agression sensorielle du coeur de la fête foraine. Je laisse glisser mon regard d’un côté à l’autre de la foule, et si le groupe de gens festifs semble se déchirer en deux pour nous laisser passer, je ne doute pas que ma façon de les regarder y soit pour quelque chose. Après tout, j’ai l’habitude des gens faisant tout pour éviter d'être sur mon chemin, c’est presque naturel. L’homme (je les vois comme l’homme et l’aîné, pour les différencier sans avoir à les nommer) nous guide vers une table un peu à l’écart de tout, avec un stand offrant des boissons chaudes qui me ramène une fois encore à la première fois que j’aie rencontré Tyler.
…ce sont ces détours imprévus qui nous mènent à des rencontres les plus intéressantes.
Je devine son regard sur moi, et je n’hésite pas à le fixer du mien comme si je le mettais au défi d’annoncer que le destin nous a fait nous rencontrer. Je ne cligne pas des yeux, non, préférant fixer d’un air critique et défiant l’homme qui semble vouloir être amical avec tout le monde, ce soir.
Mon dernier “détour imprévu” m’a servie en pâture à une psychopathe déterminée à éliminer mon académie entière de la surface de la planète, est-ce intéressant assez pour vous?
Je suis déchirée entre un désir d’être hostile par souci de préservation, et la fascination qui me lie aux deux hommes présents à mes côtés. Assise un peu à l’écart du duo avec le dos droit et les sens en alerte, j’accepte la boisson d’un hochement léger de la tête avant de humer l’arôme s’échappant de la tasse. Du café. J’aurais bien préféré du thé, mais à défaut de quoi, j’ouvre mon sac -j’ignore le pincement au cœur à l’absence de Thing- avant d’y fouiller et trouver une fiole opaque. Je bascule la petite bouteille au-dessus de la tasse, laissant quelques gouttes du contenu se perdre dans la noirceur du breuvage.
Arsenic?, je propose la bouteille aux deux autres, comme s’il était totalement normal d’ajouter le poison à la boisson comme n’importe qui d’autre aurait rajouté deux sucres.. Et ce monde n’a rien de sensé, c’est ce qui le rend aussi exaspérant.
La fête foraine, avec ses lumières éclatantes et ses rires qui semblaient se perdre dans l'air chaud, contrastait brutalement avec le silence étrange qui nous entourait. Le vieil homme marchait péniblement entre nous, soutenu plus par ma présence que par sa propre volonté. Je pouvais sentir le regard de la jeune fille en noir peser sur moi. Elle ne disait rien, mais ses pensées paraissaient palpables, comme une brume noire se glissant dans chaque recoin de cette nuit festive.
Nous marchions en silence, mais ce n'était pas un silence tranquille. Non, il y avait quelque chose d'inquiétant dans l'air, comme si un prédateur invisible rôdait à la lisière de la réalité. Je m'étais habitué à ce genre de sensation, ce pressentiment que l'invisible n'était jamais loin, que les ombres avaient toujours quelque chose à dire.
Je me tournais vers le vieil homme, ses yeux perdus dans le vide, un poids qui semblait l’écraser. Il n’était pas seulement un être humain égaré dans la foule ; non, c’était un homme qui avait abandonné l’idée même d’un chemin à suivre. Je le connaissais bien, ce regard, cette tristesse qui s'infiltre quand on a trop vu, trop ressenti. Il me rappelait ces vieux marins qui finissent par perdre pied, pris dans le tourbillon des souvenirs qu'ils ne peuvent plus contrôler.
« Ça va aller, » murmurai-je, plus pour moi que pour lui.
Wednesday me suivait, sa démarche légère, presque spectrale. Elle m'observait comme on observe une bête curieuse, sans doute déjà en train de juger chacun de mes gestes, analysant la moindre de mes intentions. Ce n'était pas un regard innocent. Oh non. Elle savait déjà qu'il y avait plus dans cette situation que ce que la surface laissait entrevoir.
Nous atteignîmes un petit coin, un peu en retrait des bruits assourdissants de la fête. Une table en bois, à peine éclairée par les lampes vacillantes, offrait un répit temporaire. Je fis asseoir le vieil homme, sa respiration rauque remplissant l’espace d’une tension palpable. Il n’avait pas prononcé un mot depuis que nous l’avions retrouvé. Mais ses yeux, eux, en disaient long.
« La vie est étrange, vous ne trouvez pas ?» lançai-je en m’adressant autant au vieillard qu’à Wednesday. « Elle vous mène sur des chemins que vous n’auriez jamais imaginés. Parfois, ces détours imprévus vous font croiser des âmes qui, comme vous, cherchent un sens à tout ce chaos.»
Je pris place en face d’eux, sortant machinalement une cigarette que je ne pris pas la peine d’allumer. Mon regard errait entre les ombres projetées par la lumière vacillante et le visage fermé de la jeune fille. Elle restait là, droite, distante, mais toujours présente. Elle aussi portait le poids de quelque chose, quelque chose de trop grand pour être dit en quelques mots.
Quand elle parla enfin, sa voix avait cette froideur résolue que je reconnaissais chez ceux qui avaient vu au-delà des apparences. Son regard me perça, mais je ne bronchai pas. Je me contentai d’un léger sourire en coin, un sourire qui ne cherchait pas à se moquer mais plutôt à reconnaître le sérieux de ses mots. Cette fille avait de la répartie, ça se sentait. Peut-être qu’elle attendait que je réagisse, que je lui montre une faille, quelque chose à quoi s'accrocher pour me déchiffrer. « Intéressant ?» Je laissai échapper un petit rire. « Le genre d’intéressant qui fait froid dans le dos, oui. Mais l’intérêt, c’est ce qui nous maintient en vie, n’est-ce pas ? Il faut bien quelque chose pour nous empêcher de sombrer. »
Je repris une gorgée de café. Le vieil homme ne disait toujours rien, mais ses mains tremblaient légèrement sur la tasse qu’il tenait. Un frisson me parcourut, pas à cause de la fraîcheur de la nuit, mais plutôt de l’étrange sensation que nous étions tous trois liés, d’une manière ou d’une autre, par quelque chose de plus profond.
Wednesday, avec son calme déconcertant, sortit une petite fiole opaque de son sac et versa quelques gouttes dans sa tasse. « Arsenic ? » proposa-t-elle, comme si elle parlait de sucre. Je souris, sans surprise. « Eh bien, ça dépend. Ça a l’air de faire des merveilles pour vous. »
Je jetai un coup d'œil au vieil homme. Il ne touchait toujours pas à sa boisson. Peut-être que l’arsenic ne l’effrayait même plus. Qui sait, peut-être qu’il en avait déjà vu assez pour que même le poison le plus puissant lui semble dérisoire. « Vous savez, parfois je me dis que les hommes comme lui, ceux qui paraissent perdus, ne le sont pas vraiment. Ils attendent juste quelque chose… ou quelqu’un. Un signe, une raison de continuer. » Je laissai mes mots en suspens, mon regard se perdant dans l’obscurité qui nous entourait.
Le vieil homme tourna enfin la tête vers moi, et dans ses yeux, je crus voir l’ombre d’un souvenir. « Vous avez… raison, » murmura-t-il. « Mais parfois… attendre est la pire des choses. »
Ses mots résonnèrent étrangement en moi, comme un écho venu de loin. Peut-être que nous étions tous, à notre manière, en train d’attendre.
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Je ne comprends vraiment pas pourquoi j’accompagne le duo: j’ai fait ma bonne action du jour, avec horreur certes mais je devrais être libre de continuer ma soirée comme je le désire. Mais il y a une énergie qui m’intrigue chez l’autre homme, une manifestation curieuse qui me captive. J’aimerais pouvoir dire avoir mieux à faire de mon temps, mais sans Thing, sans monstre à traquer, tant que ça me garde loin du manoir pendant quelques heures il n’y a pas vraiment de raison de passer ce temps seule. Je grogne intérieurement: Nevermore a bel et bien effrité mon amour inconditionnel de la solitude, si j’en suis à ne pas fuir la moindre compagnie.
Intéressant?
Et il se met à parler, laissant ses mots rebondir sur les miettes que je lui avais offert. Il a une manière de parler et de relativiser les choses qui ne m’est pas si étranger, et c’est cette réalisation qui me fait rouler des yeux dès l’instant où il termine de parler, ouvrant l’opportunité de ma réponse.
La seule chose qui m’a gardé en vie est un spectre ancestral, l’arrogance d’un pélerin et la détermination d’un ami capable de contrôler les abeilles. L’intérêt peut vous tuer, je n’étais juste pas prête à me laisser faire. Je grogne à nouveau, mordant ma chique avant de finalement laisser éclater ce qui me vient à l’esprit en songeant à ses mots. Je ne me répète peu souvent, mais vous me faites réellement songer à l’homme qui se prétends mon père, à parler à demi mots et invitant à la discussion. Ou ma psy, avant qu’elle ne finisse en lambeaux. Si je voulais philosopher sur la condition humaine et la raison de notre présence à tous dans ce purgatoire injuste, je serais restée chez moi.
Il s’éloigne un instant avant de revenir avec des boissons chaudes, et je regrette immédiatement lorsque je réalise qu’il s’agit d’un café et que ce genre de lieu n’encourage pas l’utilisation d’une véritable machine à espresso. Je hoche la tête pour faire preuve de politesse lorsqu’il ramène la boisson, mais je reste droite et ne touche pas réellement à ma tasse, révulsée à l’idée de boire du café filtré. Je lui propose un peu d’arsenic après avoir décidé non sans débat que si j’étais destinée à boire cette horreur, j’allais au moins adoucir l’acidité du liquide.
Je ne sais pas pour des merveilles, mais ça laisse toujours un chatouillis agréable à l’estomac et m’aide à passer le temps, cette soirée n’a définitivement pas pris une tournure à laquelle je m’attendais. Si je dois subir un café filtré et probablement préparé dans des conditions déplorables, un employé derrière moi hausse la voix, affronté avant de se taire lorsque je le fusille du regard pour avoir osé interrompre, j’aimerais autant avoir un goût familier et plaisant pour m’aider à avaler tout ça. Pour vous, en revanche, je pense que ça risque d’arranger votre teint un peu, à tout le moins. Pour lui… je ne sais pas trop, peut-être qu’une dose suffisante peut abréger ses souffrances, il n’a pas l’air trop déterminé à vouloir rester parmi nous. Mais l’arsenic n’est pas la plus active des substances pour cela, s’il veut plus rapide il y a sûrement d’autres solutions. Ou si ça le rends malade, peut-être qu’il réalisera que ça ne sert à rien de geindre et de tout bonnement attendre. Soit tu vas à l’encontre de ce que la vie te réserve, soit tu ne mérites pas de le vivre.
Je hausse les épaules, nonchalante, et quelque peu épuisée par la quantité de paroles que j’ai pu exprimer en quelques instants. Corto a l’air décidé à supporter le vieil homme, mais je n’arrive pas à trouver la patience de partager le sentiment. La compassion est épuisante, ça a toujours été la qualité d’Enid, et je me surprends un instant à me demander ce que la louve penserait à me voir ici, ainsi. Mais je ne peux changer ce que je suis. Être sociable n’a jamais été dans mon répertoire, de toute manière et si mon compagnon d’aventure foraine prend offense… non, je n’arrive pas à m’en soucier non plus.
Je lève la tasse à mes lèvres avant de boire une gorgée, faire une grimace et rajouter une dose plus généreuse d’arsenic dans la boisson pour dire de rendre le tout plus agréable à ingérer.
Cette soirée prendra une tournure étrange, certainement.
La fête foraine continuait de bruisser autour de nous, éclatant en lumières et en rires qui semblaient presque incongrus face à notre petit trio. Je laissais mes pensées dériver un instant, observant le mouvement de la foule, les reflets mouvants des néons sur les visages qui allaient et venaient. Loin de nous, le carrousel tournait lentement, ses chevaux de bois figés dans une ronde éternelle, insensibles aux préoccupations humaines.
Le vieil homme restait silencieux, comme emprisonné dans un monde que nous ne pouvions ni voir ni atteindre. Son regard fixé sur sa tasse, il semblait peser chaque goutte du café qui s’y trouvait, comme si la moindre gorgée pouvait rompre un fragile équilibre. Wednesday, elle, était droite comme une ombre sculptée, une énigme noire au milieu de ce décor festif. Elle portait son mépris des lieux comme une armure, chaque mot qu’elle prononçait aiguisé d’une ironie mordante. Je notais la façon dont elle buvait son café, un geste à la fois calculé et désinvolte, comme si elle cherchait à lui imposer sa volonté.
Pourtant, malgré sa dureté apparente, il y avait quelque chose d’intrigant dans sa présence. Une dualité entre un détachement glacé et une curiosité latente. Elle me rappelait ces vieilles cartes marines où l’on dessinait des créatures fantastiques aux confins de l’inconnu. Un avertissement autant qu’une promesse : ici commence le mystère.
Je reposai ma propre tasse, observant le vieillard. Sa main tremblait légèrement, mais ce n’était pas le froid ; c’était une lutte intérieure, un conflit que seul lui pouvait comprendre. Je n’avais pas la prétention de résoudre ses énigmes, mais parfois, il suffisait d’être là, d’offrir une présence. Pas une solution, juste une ancre.
« La fête foraine est un drôle d’endroit pour réfléchir à la vie, n’est-ce pas ? » dis-je, en laissant mes mots flotter, sans attendre de réponse. « On y vient pour oublier, mais parfois, c’est là que les souvenirs reviennent avec le plus de force. Peut-être que c’est la lumière. Elle éclaire des choses qu’on préfère garder dans l’ombre. »
Je levai les yeux vers les ampoules suspendues, leur éclat créant des halos flous dans la brume légère qui s’élevait du sol. Il y avait une poésie étrange dans cette effervescence, une sorte de danse désordonnée qui masquait une profondeur insoupçonnée.
Le vieil homme tourna légèrement la tête, comme s’il avait entendu mes pensées. Ses yeux, embués d’une tristesse ancienne, rencontrèrent les miens. Je n’insistai pas. Parfois, les silences valent mieux que les mots.
Wednesday, fidèle à elle-même, avait enchaîné avec une remarque acerbe sur le café et le destin du vieillard. Son ton cinglant était un rappel que, malgré sa jeunesse, elle portait sur le monde un regard vieux de plusieurs siècles. Mais ce n’était pas un regard désespéré ; c’était un défi constant, une rébellion contre tout ce qui cherchait à l’engloutir. Cela me fit sourire, un sourire à peine perceptible, mais sincère.
« Vous avez raison, » dis-je doucement, en jetant un coup d’œil à ma tasse. « L’arsenic pourrait peut-être améliorer le goût. Ou au moins rendre les choses... intéressantes. »
Je fis rouler la tasse entre mes mains, la chaleur me rappelant le feu des nuits passées en mer, lorsque le froid et la solitude étaient nos seuls compagnons. Les souvenirs affluèrent, mais je les laissai dériver, comme des navires que l’on regarde s’éloigner à l’horizon.
Le vieil homme, quant à lui, semblait se réveiller doucement de sa torpeur. Ses mains cessèrent de trembler, et il releva légèrement la tête. Il n’avait pas encore parlé, mais son silence prenait une nouvelle qualité. Ce n’était plus un mur, mais une attente.
Je me tournai vers Wednesday, cette jeune femme qui semblait incarner un paradoxe vivant. Elle était à la fois un rappel brutal de la réalité et une énigme qui défiait toute logique. Elle n’avait pas besoin de mes conseils, et je doutais qu’elle les accepte de toute façon. Mais peut-être qu’elle comprenait, mieux que quiconque ici, ce que c’était que d’être en guerre avec le monde.
Je laissai mes mots se poser doucement, comme des voiles qui s’effilochent dans le vent.
« Parfois, le simple fait de rester debout face à l’absurdité est une victoire en soi. On n’a pas besoin de raison. Juste... d’un peu de courage pour affronter le prochain virage. »
Le vieil homme bougea légèrement, un frisson imperceptible parcourant son corps. Je savais que le moment viendrait où il trouverait ses mots, mais pour l’instant, c’était inutile de le presser. Il fallait juste attendre. Quant à moi, je me contentais d’être là, un spectateur, un compagnon temporaire dans cette étrange nuit.
La fête, autour de nous, continuait sa course frénétique. Les cris des enfants, les éclats de rire, le cliquetis des manèges — tout cela formait une cacophonie qui semblait étrangement lointaine. Comme si nous étions dans un autre monde, un lieu suspendu entre la lumière et l’ombre.
Et je savais que la nuit, avec tous ses mystères, n’avait pas encore livré tous ses secrets.
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PRETTYGIRL
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Fête foraine || ft. Wednesday Addams
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