Pour une fois, Jason était tranquillement chez lui. Il ne faisait pas grand-chose, en dehors de regarder la télé, en songeant que les programmes du futur étaient plus cons que ceux de son époque. Mais quelque chose n’allait pas, et ce n’était pas la débilité du programme. Il éteignit l’appareil, et écouta. Silence. Un silence qui n’était pas normal, il n’y avait même pas un putain d’oiseau qui poussait la chansonnette. Il se dirigea vers sa fenêtre. Qu’est-ce qu’elle avait encore, cette ville à la con ? Ce n’est que lorsque des éclairs fendirent le ciel qu’il se décida à sortir, pour y voir plus clair, non sans prendre avec lui ses armes de services. Il n’était pas censé les utiliser en dehors de ses heures, mais puisqu’il y avait un tas de magiciens dans le coin, il ne resterait pas sans défense.


Ses mots et émotions restèrent coincés dans sa gorge lorsqu’il aperçut des créatures dans le ciel. Cela le renvoyait à ce moment terrible où, sortis du Temple, il avait vu l’éclipse assombrir le ciel et les créatures ressortir des abysses de la Terre. Il n’était pas question qu’il en retrouve ici. Mais il ne faisait pas noir. La luminosité était trop forte pour qu’il s’agisse des Anciens. Il se le répéta plusieurs fois. Une jeune femme était sortie en trombes de sa maison, et Jason constata qu’elle était la seule autre humaine dans les environs.

- Où sont tous les autres…?

Incompréhensible, comme toute cette foutue ville. Son regard fut attiré par l’un des monstres qui fendait l’air vers elle, et il leva son arme pour tirer sur la créature. Qu’est-ce que c’était que ce truc, il n’en savait rien, mais il espérait qu’elle soit plus sensible à ses munitions que ne l’étaient les Anciens.

- Attention, ces trucs sont partout !

Cria-t-il à l’inconnue une fois avoir écarté le monstre de sa proie. Il était toujours bien désemparé face aux menaces magiques, mais franchement, c’était à croire que la ville se foutait de lui, parfois.

Le parallèle entre ces maudites créatures et les Anciens était automatiquement effectué dans l’esprit du marine. Il était terrifié à l’idée de devoir affronter à nouveaux ces créatures démoniaques. Il avait tenté de convaincre le centre de commandement de ne jamais déterrer ces créatures. De refermer le trou qui menait au Temple, et de le condamner pour qu’elles ne puissent plus jamais sortie, et qu’elles ne puissent plus être nourries par des innocents. Il fallait qu’elles restent loin, et qu’elles crèvent de faim. Mais aujourd’hui, si les créatures qui fendaient le ciel y ressemblaient de loin, de près, ce n’était heureusement pas les mêmes. Dieu merci. Il devait maintenant se répéter que ce n’était pas les mêmes créatures. Ce serait forcément moins terrible.

Il regarda l’inconnue sortir un bout de bois de sa poche. Ben voyons. Il n’avait pas le temps de s’interroger à ce sujet, mais ça avait encore l’air d’une saloperie magique. Mais bon, il n’avait pas vraiment le temps de s’y attarder, et il ne lui restait qu’à espérer qu’elle sache s’en servir. 

- Un plan ? Buter un maximum de ces choses, et survivre.

Pour l’instant, il ne savait pas quoi faire d’autre. En fait, pour qu’il ait un plan plus précis, il faudrait qu’il ait un objectif concret. Pour l’instant, ce n’était pas le cas. Il devait analyser la situation. Mais heureusement, la demoiselle lui donnait par elle-même quelque chose à suivre. Il fit signe à l’inconnue de le suivre jusqu’à un abri. Après quoi, il demanda.

- Où étaient-ils la dernière fois que vous les avez vus ?

Est-ce qu’elle était supposée être avec eux avant de constater leur disparition, ou était-ce normal qu’ils ne soient pas dans les parages ? Ce serait déjà pas mal pour savoir ce qu’ils devaient faire. 

- Je vais vous aider à les retrouver.

De toute façon, il n’avait rien de mieux à faire, et il n’y avait qu’eux. Autant qu’il trouve de l’intérêt dans cette situation, qu’il se rende utile. C’était ce qu’il avait toujours voulu. Trouver un sens à sa vie, et à ses actions. Il arma son pistolet, tout en restant attentif aux alentours. Il n'y avait pas grand-monde pour qui il comptait, ici, et pas grand monde qui comptaient pour lui. Il n'avait pas perdu espoir de retourner auprès de son équipe, en Irak, dans son monde.