C'était une belle philosophie de vie : vivre chaque moment comme le dernier. Une philosophie qu'Hermione ferait pas mal d'adopter si elle voulait profiter pleinement de cette nouvelle chance et si elle ne voulait pas laisser les années filer, sans rien en retenir. Ce n'était pas facile, mais elle devait essayer. Elle devait profiter de chaque instant qu'on lui donnait avec sa famille, avec ses proches, avec ses amis, tout en tentant de répondre aux nombreuses interrogations qui la tiraillaient.

Hermione était persuadée qu'il fallait, malgré tout, se préparer au pire ou, tout du moins, à ce que quelque chose leur tombe dessus. Peut-être n'arriverait-il rien du tout, mais peut-être que quelque chose de plus grand les attendait. Peut-être. Comment le savoir quand ils n'avaient aucune réponse à leur très nombreuses interrogations ? Il fallait simplement laisser le temps faire son oeuvre, attendre, se préparer. C'était tout ce qu'ils pouvaient faire. Hermione n'avait pas envie d'une nouvelle grande guerre, évidemment, mais s'il le fallait, elle se battrait. Elle se battrait pour empêcher une quelconque menace ou pour permettre à tous les gens qu'elle aime de vivre heureux et en sécurité. Rien ne comptait plus à ses yeux.

Pour être prêts, ils devaient s'entraîner afin de retrouver le meilleur d'eux-mêmes. Il fallait donc se préparer à tout et se préparer physiquement à n'importe quel combat. Il était peut-être question de vie ou de mort. Une fois encore, ils n'en savaient rien du tout puisqu'on ne leur disait rien. Tout ce que la sorcière savait, c'était qu'elle ne se battrait pas sans savoir pourquoi. S'ils étaient nombreux à se liguer, elle était persuadée qu'ils obtiendraient des informations ou des explications. Si chacun refusait de se battre, la chose qui contrôlait cet endroit serait bien obligée de faire quelque chose, de leur dire ce qu'il voulait savoir, non ? Ou alors, elle les tuerait un à un en espérant que la mort des uns et des autres, des proches et des amis, suffiraient à les convaincre de se battre pour arrêter le massacre - mais c’était une hypothèse à laquelle Hermione n'avait pas envie de réfléchir. « C'est ça. Nous devons refuser de n'être que de vulgaires marionnettes que l'on manipule. Nous sommes en droit de réclamer des explications. La vérité. » Mais leurs droits étaient bafoués depuis le début, alors il serait étonnant qu'ils puissent les faire valoir aussi simplement.

« Je suis heureuse de t'avoir retrouvé ici. » Souffla-t-elle finalement. Plus encore parce qu'elle ne pensait jamais revoir son professeur, censé être mort. C'était donc un beau cadeau. « J'espère que nous aurons l'occasion de discuter de tout ceci à nouveau. » Parce qu'ils ne pourraient pas faire le tour du problème - ni de tous les autres en une seule conversation - elle espérait qu'ils seraient amenés à discuter à nouveau, à partager leurs trouvailles et leurs théories et, pourquoi pas, à s'entraîner, comme autrefois.

Hermione rêvait d'obtenir des réponses à ses questions et d'être maîtresse de son propre destin, mais cet endroit ne la laissait pas faire. Cet endroit ne laissait faire personne. Malheureusement pour eux, ils ne pouvaient pas exiger des réponses ou la liberté parce qu'ils n'avaient personne à qui l'exiger. Personne ne savait comment ce monde était dirigé ou si quelqu'un était véritablement derrière tout ça. Personne ne savait s'il existait véritablement des réponses aux mille questions qu'ils se posaient tous. Alors, ils pouvaient espérer, mais Remus avait raison : on ne leur laissait pas le choix. C'était le plus difficile, être privé de toutes ses libertés ainsi. Alors, pour continuer à avancer et pour garder espoir, il fallait croire que les choses allaient changer, un jour ou l'autre. Se résoudre à ne plus jamais l'obtenir, c'était perdre aux yeux d'Hermione et ça, c'était hors de question.

Hermione était sincèrement heureuse d'avoir retrouvé son professeur. Elle était heureuse de savoir qu'il était ici, vivant et avec sa famille. C'était une belle journée, une journée où il y avait une bonne nouvelle, une journée où les choses semblaient s'arranger, même juste un tout petit peu. « Tu la mérites. » Il méritait une seconde chance après s'être sacrifié une première fois. Il s'était battu, avait combattu, alors bien sûr qu'il méritait d'avoir une autre chance. Après l'avoir retrouvé, la sorcière espérait bien qu'ils se reverraient à nouveau. Pour discuter de tout et de rien, pour discuter magie ou simplement pour se souvenir des bons moments du passé. Ils savaient où se trouver, comme il le disait si bien, et pour être sûre qu'il puisse la joindre si besoin, elle lui tendait une carte avec son numéro de téléphone. Au moins, ils avaient vraiment tous les moyens de se contacter si besoin. « A bientôt alors. » Souffla-t-elle, impatiente déjà, de pouvoir avoir à nouveau ce genre de discussions avec celui qui avait été son professeur autrefois.