Henry n’avait eu aucun mal à se faire des amis. Quand on pouvait se raconter des histoires et qu’on était capable de se montrer gentils et bienveillant, on s’attirait assez facilement la sympathie. Henry avait réussi à se faire un petit réseau d’amis et depuis qu’il vivait avec sa maman, il était encore plus heureux de profiter de ses amis et d’aller se promener avec eux. Il voyait les choses d’un autre œil à-présent qu’il était à nouveau auprès de Emma. C’était quand-même précieux d’avoir sa maman auprès de soi. Il se sentait plus épanoui, même s’il regrettait de ne plus avec certains de ses ais de l’orphelinat.

Ce jour-là, il était au centre commercial avec Melodie. Il ne savait pas grand-chose de la fillette, mais à priori, elle avait été un petit poisson dans le passé. En tout cas, elle avait adopté sans souci la vie à cette époque et elle adorait aller faire les boutiques. Comme Henry avait eu envie de faire plaisir à son amie, il avait donc décidé de l’accompagner. Alors qu’ils regardaient les vitrines, une jeune fille s’empara d’une salade de fruits et fila, aussitôt poursuivie par un garde. Ca allait barder si jamais ils lui tombaient dessus. Le côté chevaleresque de Henry fit office et il se tourna vers son amie.

« Je crois que cette fille n’est pas très adaptée à la vie moderne. Essaie de la retrouver et de la convaincre de nous parler. Moi, je vais régler le problème. »

Il s’approcha du marchand en colère. Il comprenait. Il n’avait jamais volé, il ne l’aurait jamais fait, sa mère ne l’avait pas élevé comme ça. Pourtant, il avait vu des enfants en avoir besoin parce qu’ils avaient trop faim. Henry ne pouvait pas rester insensible face à un enfant qui avait faim et il ne voyait pas comment il pourrait l’empêcher de se nourrir. Il sortit son portefeuille et tendit de quoi rémunérer le marchand qui s’était voler. Il espérait que ça apaiserait un peu sa colère à l’égard de la jeune fille et qu’il pourrait ensuite lui expliquer comment s’y prendre.

« Je suis désolée, Monsieur, laissez-moi vous dédommager. Notre sœur a échappé à notre vigilance. C’est qu’elle n’est pas très au fait de comment se font les choses ici, je suis désolé. S’il-vous-plaît, ne dites pas à nos parents que nous avons failli à notre surveillance. Nous nous ferions disputer. »

J'aimais bien faire les boutiques, mais toute seule, il est clair que ce n'était pas chouette alors, j'avais proposé à mon ami Henry de venir avec moi. Ce dernier avait accepté et même si c'était pour me faire plaisir, au moins je me changeais les idées. Les retrouvailles avec ma mère n'avaient pas été des plus réjouissantes et je ne voulais pas trop y penser et en restant sans rien faire, ça me travaillait l'esprit.


J'étais en train de regarder une vitrine de vêtements lorsque tout d'un coup, j'entendis quelqu'un crier qu'une fille avait volé. Bien que je me retournai aussi vite, je ne vis qu'une chevelure brune ainsi que le garde courir. Suite à cela, le jeune Mills me dit que la voleuse n'était sûrement pas adaptée à la vie moderne. Le garçonnet voulait que j'essaye de la retrouver pendant qu'il s'occupe du reste, de ce fait, je lui répondis :

- D'accord, on se rejoint ici lorsqu'on a terminé, ça te va ?

Je devais bien avouer que sans l'avoir vraiment vu, ça n'allait pas être simple pour moi, enfin, je savais juste qu'elle était brune de cheveux. Au bout de quelques minutes, je finis par la trouver cachée dans un recoin du centre commercial, de ce fait, je m'approchai et dit :

- Bonjour, tu n'as rien à craindre avec moi, mon ami va régler le problème et tu n'auras pas d'ennuis. Je m'appelle Mélodie et toi ?

Heureusement, la méthode Aladdin du « c'est ma sœur et elle est un peu simplette » marcha. Henry paya les fruits avec son argent de poche et le garde il lui rappela simplement de faire attention à ce qu'elle ne recommence pas les mêmes erreurs à la première occasion. Le jeune garçon prit sa meilleure tête d'enfant sage, celle du fils parfait qui inspirait confiance à n'importe qui. Ce n'était qu'à moitié exact, mais cela avait au moins le mérite de donner confiance aux adultes et de lui permettre globalement d'obtenir ce qu'il voulait. Il savait seulement que s'il retombait sur cet individu en particulier pour le même problème, ça risquait de ne pas passer aussi bien.

« C’est promis, M’sieur, merci. »

Il se précipita hors du magasin et soupira. Il s'agissait maintenant de retrouver les deux filles en espérant qu'elles n'étaient pas parties trop loin. Mais en fait, elles se trouvaient encore dans le centre commercial et semblaient discuter plutôt tranquillement. Henry s'approcha d'elles et posa une main sur l'épaule de Melody. C’était elle qui avait noué le premier contact avec la fillette et il y avait plus de chances que ce soit elle que celle-ci écoute. Henry devait les convaincre d'aller discuter dans un endroit où chacun de leurs mots ne serait pas épié par un garde à qui il venait ouvertement de mentir.

« Faut qu'on se bouge Mels ! J'ai réussi à arranger le coup, mais vaut mieux pas trop traîner ici pour l'instant. Salut », ajouta-t-il à l'adresse de l'autre fillette. « je m'appelle Henry, ravi de te connaître. »

Les présentations étaient expéditives, mais le trio n'avait pas le temps s'ils ne voulaient pas que le garde commence à se méfier de la version des faits de Henry. Il valait mieux se dépêcher de quitter les lieux avant qu'il ne soit trop tard. Il n'était pas certain que le gars soit en train de les écouter, mais il ne pouvait pas en être sûr. Ce dont il était certain par contre, c'était que les explications qu'ils allaient devoir donner à la demoiselle feraient bien comprendre à quelqu'un qui les écoutait qu'ils ne la connaissaient pas.

Avant de me répondre, la fillette descendit de son perchoir et tourna autour avant de s’arrêter fasse à moi. Peut-être qu’elle ne savait pas parler ? Si telle est le cas, la communication allait être compliquée cependant, je fus soulagée lorsque cette dernière me répondit. Elle s’appelait Tuktirey et ne comprenait pas ce qui venait de se passer, mon interlocutrice voulait que je l’aide.

- Enchanté de faire ta connaissance Tuktirey, lui répondis-je, souriante. Je peux t’aider oui cependant… Comment dire, ce que tu as fait, ce n’est pas bien.

La jeune Sully m’avoua également qu’elle ne venait pas d’ici et ne comprenait pas comment elle avait atterri sur cette île. Qu’est-ce que la demoiselle ne se souvenait pas d’avoir vu la lune rouge ? Du moins, tous les gens avec qui j’avais pu discuter m’ont parlé de ce phénomène. Est-ce qu’il avait pour conséquence de rendre certaines personnes amnésiques ?  

- Nous venons tous d’un autre univers Tuktirey, lui répondis-je d’un ton rassurant. Tu ne te souviens pas de tes derniers moments dans ton monde ?

C’est alors qu’Henry fit son apparition en disant qu’il avait réglé le problème, mais qu’il était préférable de partir. Celui-ci se présenta alors à Tuktirey alors que je fis un signe affirmatif avant de répondre avec soulagement :

- Merci Henry, on l’a échappé belle ! Viens Tuktirey, suis-nous !

La petite n’avait pas l’air trop farouche ou sauvage, même s’il était évident qu’elle ne connaissait pas les coutumes de la société moderne. Henry ne pouvait pas lui en vouloir. Les gens de cette ville venaient d’endroits tellement différents qu’il y avait forcément des chocs culturels. Et si les adultes avaient généralement la maturité pour comprendre et apprendre les règles qui régissaient un nouvel environnement, les choses n’allaient pas forcément autant de soi pour une enfant qui n’était pas originaire d’un tel monde. Tuk, ainsi se faisait-elle appeler, vivait comme elle avait appris à le faire. Elle ne pouvait pas savoir que les règles n’étaient pas les mêmes ici.

« Enchanté, Tuk. Bienvenue dans l’équipe ! »

Il entraîna Melodie et Tuk vers un endroit un peu à part, dans un espace de jeu, qui était un peu son coin secret dans cette ville. Ici, au moins, ils ne seraient pas dérangés pour faire connaissance. Melodie demanda à la fillette de quoi elle se souvenait avant son départ et en l’entendant raconter, Henry comprit qu’elle provenait d’une culture assez primaire, au contact de la nature. Il était évident que les comportement sociaux qui étaient en vigueur dans ce monde ne devaient pas lui être familiers. Henry comprenait complètement, mais il était prêt à aider sa nouvelle amie pour qu’elle s’adapte suffisamment pour vivre tranquille.

« Ce n’est pas grave, c’est juste que tu n’y es pas habituée. Nous allons t’expliquer. Là actuellement, tu as pris quelque chose dans un magasin. Mais ce n’est pas en libre service, il faut donner autre chose pour en avoir, ça s’appelle de l’argent. Tu comprends ? »

Il comprenait que ce ne soit pas facile à appréhender pour elle. La notion d’échange, encore, pouvait être accessible. Echanger quelque chose contre autre chose, cela existait depuis la base de la civilisation, mais la notion de monnaie était plus complexe. Henry sortit quelques pèces de son porte-monnaie pour lui montrer. C’était grâce à ça qu’il avait pu rembourser le vol involontaire de Tuk. Mais elle ne pourrait pas s’en procurer facilement, c’était pour cette raison que les enfants ne restaient jamais seuls.

« Ma maman me donne de l’argent de poche. Mais comme tu n’as pas d’argent, il faut que quelqu’un s’occupe de toi. Les enfants seuls vont vivre à l’orphelinat, c’était là où j’étais avant de retrouver ma maman. »

Ça devait être dur pour Tuk d’être arrivé ici de cette manière, il était clair que son univers était très différent d’ici ce qui expliquait beaucoup de chose. La jeune fille ne comprenait pas pourquoi c’était compliqué sur cette île et je m’apprêtai à lui répondre, mais ce fut Henry qui fut plus rapide que moi. Je ne voyais d’ailleurs pas ce que je pouvais ajouter à ce niveau-là en ce qui concernait les magasins en tout cas.

- Henry t’a tout dit à ce sujet, dis-je. Dis-moi Tuktirey, où vis-tu pour le moment ?

La demoiselle nous remercia de l’avoir sauvée, elle parla d’une certaine Eywa ce qui m’intrigua un peu. Mon ami continua son explication en disant que sa mère lui donnait de l’argent de poche et lui parla également de l’orphelinat. J’y étais aussi et vu que l’on se moquait de moi dans ce lieu, qu’allait-il arriver à Tuk ? Je craignais le pire cependant, ce n’était pas une bonne idée de lui expliquer cela.

- Je suis aussi à l’orphelinat pour ma part, lui répondis-je avec un sourire. Tu ne seras donc pas seule.

Je voulais la rassurer afin qu’elle ait un point de repère, je ne le quitterais pas dans l’immédiat en tout cas.

Apparemment, la petite avait l’habitude de vivre dans la forêt d’où elle venait. Henry se demanda si des personnes qui venaient de la Forêt Enchantée n’auraient pas les mêmes habitudes. Il y avait cet homme, Karadoc, en tout cas, qui lui avait dit que lui, son roi et les chevaliers vivaient dans la forêt en attendant de reconstruire un Camelot. Elle n’était donc pas la seule à vivre en marge de la société. Après tout, Henry se disait que, pour ceux pour qui c’était normal de faire comme ça, ça pouvait se justifier. Cela dit, il ne fallait pas qu’ils aillent se servir dans les magasins ou ce serait vite la débandade.

« C’est la neige. Il n’y en avait pas dans la forêt où tu vivais ? Quand il fait froid, ce n’est pas très sécurisé de rester dehors. Tu as un abri pour te mettre au chaud ? »

Ce n’était pas grave de dormir dans la forêt mais il ne fallait pas qu’elle meure de froid. Ou de faim. Si elle était capable de s’en sortir, Henry ne voyait pas pourquoi il la priverait de sa façon de vivre, mais si elle se mettait en danger, c’était une autre affaire. Il pourrait toujours en parler à son assistante sociale, et elle s’en occuperait. Mais il ne voulait pas l’embêter non plus si elle était en sécurité. Il savait ce que cela voulait dire que d’être dans un endroit alors qu’on en avait pas l’habitude ou l’envie et d’être forcé de suivre les règles.

« Tout ce qu’il y a, si tu veux rester dans la forêt, c’est qu’il ne faut pas prendre dans les magasins, sinon, on va t’arrêter. Et puis, ce n’est pas bien. »

Elle décocha une flèche et récupéra une pomme. Au moins, elle arrivait effectivement à se nourrir mais l’hiver, quand il n’y avait plus de fruits, ça devait être compliqué. Il comprenait qu’elle se retrouve à être obligée de se fournir dans les magasins. Elle leur demanda comment cela se faisait qu’ils connaissaient si bien les règles du monde dans lequel ils se trouvaient. Henry lui fit un sourire. Pour lui, ce n’était pas trop compliqué. Le niveau de la société était assez proche de celui qu’il connaissait à son époque. Il avait l’habitude de vivre dans ce genre d’endroit, mais c’était quand-même mieux avec une maman.

« Mon monde d’origine ressemble assez à celui-ci, en ce qui concerne la vie en société en tout cas. »

Henry expliqua à Tuktirey qu’elle devait utiliser de l’argent dans les magasins pour avoir quelque chose en retour. Il lui montra également à quoi cela ressemblait à l’aide d’une pièce que la jeune fille regarde très attentivement avant de lui rendre. Quant à moi, je voulais comprendre le mode de vie que celle-ci avait depuis son arrivée sur l’île. La forêt, c’est l’endroit où elle vivait et on voyait bien qu’elle y était habituée avec sa petite démonstration.

Je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter à l’idée de penser qu’elle vivait dans le froid en hiver. Je n’eus pas le temps de prendre la parole que mon ami se renseigna davantage sur le confort de celle-ci afin qu’elle ne soit pas malade.

- Je dois bien avouer que le fait de savoir qu’elle vit dehors ne me plait pas trop, dis-je, hésitante. Peut-être que c’est parce qu’à la base dans mon monde, je suis une princesse.

L’orphelinat serait mieux, mais je ne pourrais pas la forcer à y venir si elle ne le désirait pas, Henry venait d’un monde assez similaire à l’île ce qui n’était pas mon cas, cependant j’avais appris à m’adapter à cette nouvelle vie.

- Mon monde est très différent, lui répondis-je. Je vivais dans un château et je n’allais pas à l’école, j’ai dû m’adapter. J’ai eu des bonnes personnes autour de moi notamment Henry.

Il était difficile de s'adapter à un monde qu'on ne connaissait pas. Henry avait grandi dans un endroit similaire à celui-ci, une ville dans laquelle il était allé à l'école et ou les choses et tes sensiblement les mêmes que dans cette ville étrange où ils avaient tous été envoyés. C’était ce qui lui avait permis d'aider plusieurs de ses camarades à trouver leurs marques dans ce monde étonnant. Melody en était un exemple mais elle n'était pas la seule. Il y avait eu Sarah que les technologies actuelles perturbaient beaucoup, et il y en avait eu d'autres qui trouvaient tellement de choses étranges.

Mais il devait avouer qu'il n'avait pas eu souvent l'occasion de rencontrer un adolescent qui vivait dans les bois. Peut-être y en avait-il plus que Henry pouvait le penser et qu’il ne les avait simplement pas rencontrés, mais il était sûr d'une chose, c'était que Tuk avait de la chance que les adultes ne l'aient pas emmener de force à l'orphelinat. Melody semblait ennuyée que leur nouvelle amie habite dans la forêt mais il était évident pour le jeune homme que c'était la façon normale dont les choses devaient se passer pour elles. Il ne fallait pas influencer la fillette dans un sens qui ne serait pas bon pour elle.

« Je comprends que ça ne te rassure pas, Mel. Mais si elle est heureuse comme ça, nous n'avons aucun droit de choisir à sa place ce qu'elle est censée faire. En revanche, nous pourrions peut-être l'aider en lui donnant des cadeaux. Tu sais ? » demanda t-il en se tournant vers leur nouvelle amie « T’apporter de bonnes choses à manger ou bien des petites choses que tu pourrais mettre dans ta maison dans la forêt, si tu en as une ? Tu voudrais ? »

La fillette n'avait apparemment aucune notion de ce qu'était un prince ou une princesse. Cela devait s'appeler différemment dans son monde ou alors il n'y avait pas la même notion de hiérarchie. Peut-être même qu'il n'y avait pas de dirigeant. Tout était possible dans un monde dont on ne savait rien. Henry et Melody ne venaient pas non plus de mondes similaires, mais le jeune garçon avait lu suffisamment de contes pour comprendre d'où venait son amie. C’était bien pour ça qu'il préféra la laisser expliquer ce que ça voulait dire d'être une princesse. C'était son privilège.

Tuktirey ne connaissait pas la neige puisque dans son monde, il faisait toujours chaud. Je ne pus m’empêcher de m’inquiéter encore davantage bien que cette dernière essayait de rassurer. Henry me comprenait et il avait raison, on devait accepter son mode de vie. Il me fit une proposition pour l’aider d’une autre manière qui était de lui offrir des cadeaux.

- Oui, c’est une bonne idée si Tuk est d’accord bien évidemment. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Qu’est-ce que tu aimes manger ?

Lui offrir des choses, c’était bien ! Il fallait apprendre à la connaître un peu plus quand même. L’adolescente ne savait pas non plus ce qu’était une princesse, elle allait vraiment devoir tout apprendre. L’école était faite pour ça, mais Tuktirey n’y allait certainement pas, d’ailleurs y aller l’aiderait sûrement. Je ne suis pas sûr que cette dernière accepte ce genre de proposition.

- Une princesse est une personne qui vit dans un château et donc les parents gouverne ce qu’on appelle un royaume. Henry, tu ne crois pas qu’elle devrait venir au collège avec nous, elle découvrirait beaucoup là-bas. Tu en penses quoi ?

Il est vrai qu’accepter un changement de vie n’était pas simple, je savais ce que c’était puisque dans mon monde, je n’allais pas à l’école.

Mel était vraiment quelqu'un de gentil et elle était pavée de bonnes intentions, mais elle avait du mal avec le concept de praticité. Évidemment, en plein hiver, ça pourrait être utile de lui donner à manger si elle n'en trouvait pas assez, mais ce n'était pas à cela qu'il aurait pensé en priorité. Elle avait sûrement construit un logement de qualité peut-être moins bonne que les grandes maisons dans laquelle ils vivaient, et elle aurait sûrement besoin de la rendre plus confortable et chaleureux. La nourriture n'était donc pas le premier objectif.

« Je pensais tout justement à ça. Je suis sûr que ma maman accepterait que nous achetions une couverture bien chaude pour te la donner. Avec ça, tu n'aurais pas froid et en plus ce serait très confortable de se glisser en dessous, et peut-être un sac à dos pour emmener des choses avec toi quand tu pars te promener dans la forêt. C'est plus pratique pour porter. En termes de nourriture, ça pourrait quand-même être bien de t’apporter des conserves. Il y a des fruits comme ce que tu as mangé tout à l'heure et tu peux les garder très longtemps, ils ne deviendront pas mauvais. Ça peut dépanner quand il n'y a plus beaucoup de nourriture dans la forêt. »

Henry se demanda s'il devait être jaloux en considérant que les deux fillettes avec lesquelles il discutait étaient des princesses dans leur monde. Lui, il n'était qu'un gamin ordinaire de New York. Rien d'aussi excitant que la fille d'un prince et d'une sirène, ou celle d'un chef de clan dans un royaume lointain. Mais il n'était pas jaloux spontanément et trouvait plutôt cela chouette d'être ami avec deux princesses. Il eut même un sourire en entendant Tuk affirmer qu'elle en était une aussi. Une princesse qui vivait dans la forêt en ayant besoin qu'on lui offre des vêtements, ce n'était pas quelque chose de courant.

« Eh bien, deux princesses pour moi tout seul, quelle chance ! Je ne sais pas si je serai le meilleur des princes charmants, mais je ferai de mon mieux pour vous choyer, mesdemoiselles », affirma-t-il en saluant et en riant en même temps.

Il se tourna vers Melody, qui affirmait que leur nouvelle amie devrait aller au collège avec eux. Tout comme pour la maison, elle manquait un peu de clairvoyance sur la façon dont les choses fonctionnaient pour la fille de clan. Elle ne vivait pas comme eux et elle ne se sentait pas forcément à l'aise dans leur univers. Elle avait droit à une certaine éducation, évidemment, mais dans une classe et à la manière habituelle de faire, ça ne semblait pas être le meilleur moyen pour lui apporter un véritable épanouissement.

« Je ne crois pas qu'elle se sentirait bien au collège, Mel. Elle se sentirait sûrement enfermée et oppressée. En plus, on apprend des choses vraiment spécifiques et ça ne l'intéressera peut-être pas. Elle aurait besoin d'apprendre des choses qui lui semblent utiles à elle, pas vrai Tuk ? »

Je n’avais pas pensé aux vêtements, Tuk pouvait se procurer de la nourriture assez facilement en vivant dans la forêt. Elle voulait également d’autres choses que malheureusement, je ne savais pas comment je pouvais l’aider. J’étais à l’orphelinat et je ne pouvais quand même pas demander ce genre de chose à la direction. Il est clair que je me sentais inutile comparé à Henry.

- Tu auras plus de chance avec Henry qui vit avec sa maman. Je ne vois pas comment je pourrais t’aider. Ça m’embête d’ailleurs, je me sens inutile…

La demoiselle comprit ce que c’était une princesse, elle en était une en quelque sorte, même si c’était d’un clan. C'était triste d’en arrivée à quitter leur lieu de vie à cause d’homme venu du ciel. Je me demandais bien de qui elle parlait en mentionnant ça, c’était vraiment intriguant.

- C’est triste, qui sont ces hommes venus du ciel ? Je comprendrais que tu ne veuilles pas en dire davantage, ça a dû être douloureux pour toi.

Le jeune Mills a toujours le mot pour rire en disant qu’il avait de la chance d’avoir deux princesses pour lui tout seul. Il voulait tout faire pour nous choyer même si ce dernier doute qu’il soit le mieux placé pour ça.

- Tu sais Henry, cette vie de princesse n’est pas celle que je préfère. Je suis une aventurière même si ça m’a attiré quelques ennuis.

Je n’avais pas envie de rentrer dans les détails de moi-même sauf si on me le demandait et encore, je n’en parlais pas à tout le monde. J’avais eu une mauvaise idée encore une fois, il fallait peut-être mieux que je me taise à l’avenir. Mon ami avait raison, le lycée ne conviendrait pas à Tuktirey. Elle pouvait tout de même apprendre des choses qui lui serait utile, m ais lesquel ?

- Probablement, on n'a pas le même mode de vie que Tuk. Tu penses à quoi en particulier, Henry ?

Henry posa une main sur l'épaule de Melody quand celle-ci mentionna qu'elle ne se sentait pas très utile, parce que le jeune garçon pouvait avoir l'appui de ses mères pour tout ce qui concernait fournir toute chose utile à la demoiselle alors qu'elle ne pouvait pas. Il sourit en constatant que la fillette tenait à faire savoir que le présent lui faisait plaisir et qu'elle n'avait pas besoin qu'on lui rende d'énormes services pour considérer quelqu'un comme son ami. Elle avait déjà tout d'une personne plein de gentillesse et de bienveillance et le jeune garçon sentit qu'il l'apprécierait de plus en plus avec le temps, en voyant ses belles qualités.

« Tuk a raison, Melody. Il n'est pas nécessaire de dépenser de l'argent ou d'apporter des cadeaux pour être quelqu'un d'utile. Tout le monde a des choses à apporter dans une amitié et toi aussi, tu en as. »

Avec humour, Henry avait mentionné qu'il était ravi d'avoir deux princesses pour lui tout seul. Mais Melody se sentit obligé de lui rappeler qu'elle n'était pas une princesse conventionnelle et qu'elle n'avait jamais eu réellement le désir de l'être, préférant les aventures à une vie de château. Même s'il trouvait ça magique, de penser qu'il pourrait être un prince sur son chevalier blanc et apprendre à manier l'épée, il ne pensait pas que ce soit là le plus important. Le plus important, ce n'était pas ce qu'on était mais ce qu'on faisait de sa vie et il ne put résister à l'envie de le lui rappeler.

« On peut être une princesse et une aventurière en même temps. Peut-être que ce n’est pas ce que tes parents voudraient pour toi, mais je ne trouverais pas ça juste que tu deviennes quelqu'un d'autre que ce que tu es vraiment, simplement parce que c'est ce qu'on veut pour toi. Je crois que tout le monde devrait avoir le droit de faire ses propres choix. »

Il écouta avec tristesse le récit de sa nouvelle amie qui avait vécu ce que l'on pouvait voir comme les conséquences de la colonisation dans le monde qu'il connaissait lui. On oubliait souvent qu'un certain nombre d'humains étaient morts à cause du comportement de toutes ces personnes qui s'étaient attribué les richesses d'un endroit qui ne leur appartenait pas sans se soucier des habitants. Certains faisaient des choses avec du respect mais d'autres se comportaient mal et agissaient sans se soucier des êtres vivants à qui il s'en prenait. Henry offrit un mouchoir à sa nouvelle amie et posa une main sur son épaule pour la réconforter. Il était vraiment difficile de savoir comment la consoler mieux que ça.

« Je suis désolée que tu aies dû vivre l'horreur d'une guerre, parce que je dirais que ça l'était, même si ça n'y ressemblait pas forcément. Les hommes peuvent être terribles parfois. »

Même si elle ne se sentirait pas bien au collège et qu'il était peu probable qu'elle accepte de s'y faire traîner, il semblerait que Tuk éprouve de la curiosité pour les apprentissages de la vie tels que ce qu'on faisait à l'école et qu'elle avait même commencé à apprendre ce genre de choses avec son père sans pouvoir aller au bout. Elle avait donc probablement envie de parfaire son apprentissage et même si ce n'était pas sur les bancs d'une classe, le jeune garçon avait envie de l'aider à le faire. Il était persuadé que si ça pouvait lui faire du bien, c'était une bonne chose à faire.

« Nous pourrions peut-être t'apprendre certaines choses. Compléter un peu ce que ton père t'a appris. Je ne sais pas jusqu'à quel niveau tu voudras aller. Mais on devrait pouvoir t’aider quand-même pas mal en ce qui concerne les bases, pas vrai Mel ? » lui dit-il alors qu'elle lui demandait à quoi il pensait concernant ce qu'il pourrait faire pour lui venir en aide.