Dîner en enfer ⊹

Il avait suffi de quelques mots envoyés à Sophie pour que la peur la paralyse de nouveau. L'ordre de venir, une adresse et une heure. Rien de plus. Pas d'explications sur le pourquoi. Sophie savait qu'elle n'avait pas le choix alors pourquoi s'embêterait-il à justifier son ordre. Refuser n'était plus une possibilité pour elle. Si Vaas désirait la voir, Sophie devait s'exécuter pour éviter les ennuis. Prévenue à la dernière minute, Sophie prétexta avoir une urgence puisqu'elle avait prévu de passer la soirée tranquillement chez elle. Sans perdre de temps, elle s'était donc préparée et avait quitté la maison. Une fois éloignée, elle s'était arrêtée pour chercher l'adresse indiquée - heureusement qu'on lui avait montré comment faire ce genre de recherches, sans quoi il aurait pu l'attendre longtemps devant un restaurant qu'elle n'aurait jamais trouvé. Évidemment, c'était à l'autre bout de la ville et Sophie était à pied. Alors si elle voulait être à l'heure, elle devait faire vite.

Pendant qu'elle marchait vers sa destination, toutes ses pensées étaient tournées vers le pourquoi. Pourquoi un rendez-vous si pressé ? Avait-elle fait quelque chose de mal ? Avait-il quelque chose à lui reprocher ? La panique l'envahissait tout naturellement, comme à chaque fois qu'il s'agissait de cet homme. Il lui avait tout volé et il prenait un malin plaisir à lui montrer qu'elle était à son service. Lui demander de venir à la dernière minute, à l'autre bout de la ville, en était une preuve. Elle savait qu'elle n'avait plutôt pas intérêt à être en retard si elle ne voulait pas le mettre en colère et il lui laissait pourtant à peine le temps de faire le chemin. Puis pourquoi dîner avec lui ? Évidemment tout un tas de raisons traversait l'esprit de la rousse. Lui montrer qu'il pouvait s'en prendre à elle n'importe où, même en public ? Lui montrer qu'il faisait ce qu'il voulait ? Pour discuter ailleurs que chez l'un ou chez l'autre, dans un contexte plus agréable - étrangement, celle-là, elle n'y croyait pas beaucoup. Elle partait davantage sur le fait qu'il voulait jouer avec ses nerfs en la pressant de venir à la dernière minute, sans explication, peut-être parce qu'elle avait fait quelque chose qui lui avait déplu ou simplement pour s'amuser.

Devant ce qui semblait être un restaurant, qui donnait bien peu envie à Sophie - sa robe toute simple, ses cheveux décoiffés et son maquillage quasiment inexistant ne détonnaient pas avec l'endroit au moins - Sophie s'agitait pour regarder à l'intérieur. L'homme ne semblait pas être là, alors elle l'attendait à l'extérieur, juste devant. Sophie craignait la moindre réaction de sa part pour la moindre petite chose. Entrer sans l'attendre, choisir une place qu'il n'aimait pas... Elle s'imaginait que tout pouvait être une occasion de s'en prendre à elle, alors elle faisait dans l'excès de prudence, par précaution. Elle tentait de penser à tout pour prévoir ses colères et les éviter - si tant est qu'il était possible de prévoir quelque chose avec un être aussi imprévisible.

Lorsqu'il entra enfin dans son champ de vision, Sophie sentit son coeur battre bien plus vite et ses mains se mettre à trembler. A peine fut-il à sa hauteur, qu'elle se mit à parler, sans le saluer d'abord, la panique prenant le dessus. « Il y a eu un problème avec ce que je t'ai... » le dernier mot resta coincé, devait-elle le vouvoyer de nouveau après ce qui s'était passé ? Un bref instant de réflexion plus tard, elle se décida à reprendre le vouvoiement, marquant ainsi une certaine distance entre eux - qui n'était sans doute pas de trop après leur rapprochement involontaire. « avec ce que je vous ai donné la dernière fois ? » La crainte qui habitait Sophie était évidente. Tout son être tremblait à l'idée d'avoir fait une bêtise ou quelque chose qui lui avait déplu. « Je suis désolée. » Souffla-t-elle, ne quittant jamais son regard puisqu'il détestait ça. Elle ne lui laissait pas le temps d'en placer une, se protégeant en se justifiant sans perdre de temps. « J'ai fait comme d'habitude, je vous le promets, je... Je ne sais pas ce qui s'est passé, je... S'il y a eu un problème, ça ne se reproduira pas. Je vous le jure. » Soufflait Sophie, dans l'espoir d'éviter les répercussions d'une erreur involontaire. Elle partait évidemment du principe qu'il y avait eu un problème ou peut-être qu'il attendait d'elle qu'elle blanchisse davantage d'argent ? Qu'elle lui rende d'autres services ? Depuis leur dernier échange d'une nature particulière - que Sophie regrettait amèrement, parce qu'elle devait mentir à Jean et plus encore parce qu'elle n'en gardait pas que de mauvais souvenirs, contrairement à ce qu'elle aurait aimé affirmer, ce qui la rendait particulièrement honteuse - Vaas n'avait plus pris la peine de venir chercher l'argent lui-même - elle avait été une distraction intéressante, parfois ennuyante, souvent agaçante, rien de plus alors pourquoi s'encombrer d'elle et de sa présence ? Il envoyait quelqu'un, à chaque fois. Sophie avait préféré cette situation, bien trop gênée, honteuse et terrifiée - comme elle l'était à cet instant - à l'idée de se retrouver face à lui. Mais qu'il daigne se montrer laissait forcément penser au pire pour Sophie. Ou peut-être voulait-il simplement lui rappeler qu'il était toujours là afin qu'elle ne s'imagine pas être débarrassée de lui ?

Malgré tout ce qu'il avait pu lui faire, Sophie éprouvait l'envie d'aider cet homme qui lui faisait si peur, mais c'était la panique qui envahissait aujourd'hui Sophie, face à cette rencontre. Ce rendez-vous mystérieux, après des mois de silence, l'effrayait. Que lui voulait-il ? Avait-elle fait quelque chose de mal ? N'était-ce que pour lui rappeler qu'il était toujours là ? Effrayée, elle s'était excusée d'une potentielle erreur dès qu'il était arrivé devant elle et avait répété qu'elle la réparerait. Elle ne l'avait pas laissé prononcer le moindre mot. Aux implorations de Sophie, il n'avait rien répondu. Il s'était contenté de lui demander de se taire et de lui parler de respect. Sophie avait simplement baissé les yeux, sans rien lui répondre - il se moquait bien de savoir qu'on lui avait inculqué le respect de la pire des façons - et l'avait suivi à l'intérieur alors qu'il entrait déjà dans le restaurant, sans l'attendre. Elle suivait, sans rien dire, et s'installait face à lui dans l'attente de comprendre ce qu'elle faisait là. Pourtant, il ne disait rien. Le silence n'avait été rompu que par l'arrivée d'un homme qui leur apportait le menu. Dès que ses yeux avaient croisé ceux de l'homme, mal à l'aise par le regard qu'il posait sur elle, Sophie avait tourné son regard vers Vaas, occupé à commander. Et, à la réflexion de ce dernier, son regard s'était posé sur la table. Elle se sentait humiliée, tant par l'un que par l'autre, mais elle ne pouvait rien dire. Alors, elle se contentait de supporter ces réflexions et ce regard dégoûtants. Heureusement pour elle, avant même que Sophie ne puisse commander quoi que ce soit, l'homme avait disparu.

Alors qu'ils étaient de nouveau seuls, Sophie avait relevé les yeux vers Vaas, n'oubliant pas à quel point il détestait qu'elle ne le regarde pas. La jeune femme n'osait rien dire, d'autant qu'il ne lui avait toujours rien dit à propos des potentielles erreurs l'ayant conduite ici. Après un certain temps où seul le silence régnait, il avait repris la parole pour évoquer la dernière fois où ils s'étaient croisés. Ses joues avaient aussitôt changé de couleur. Elle n'avait aucunement l'envie de parler de ça. Elle avait été faible parce qu'elle n'avait pas été elle-même. Savoir qu'il pouvait désormais jouer avec ça et la mettre mal à l'aise n'arrangeait rien. Sophie restait silencieuse. Pas un mot ne sortait de sa bouche. Il suffisait de la voir pour comprendre qu'elle était aussi mal à l'aise que paniquée par cette situation.

Alors, il avait continué. Il avait évoqué son mari. La jeune femme avait toujours fait en sorte de ne pas évoquer Jean. Croire qu'il ne l'aurait jamais découvert était totalement stupide. « Mon... Non... Je ne suis pas... » Elle n'eut pas le temps d'en dire davantage qu'il l'avait interrompue pour lui dire qu'il était inutile de mentir, tout en lui montrant une photo, qu'il avait sans doute prise chez elle lors de leur dernière rencontre. Il savait et comme il détestait le mensonge, elle n'insistait pas. Etait-ce donc pour ça qu'elle était là ? Il avait appris pour Jean et il comptait lui faire payer son mensonge ? Sophie ne comptait pas lui demander. A la place, elle le laissait reprendre avec une remarque désobligeante à l'égard de Jean puis un nouveau rappel de ce qu'il y avait eu entre eux. « Ça n'arrivera plus jamais. » Murmura-t-elle, sans pouvoir s'en empêcher, ses yeux fuyant les siens un court instant avant de le regarder de nouveau. Jamais plus elle ne se donnerait à lui de cette façon. Elle avait trahi son mari une fois en laissant cet homme la toucher, mais elle n'était pas elle-même. Sans ce philtre, rien ne se serait jamais passé.

Sophie se moquait bien de ses tentatives d'humour, tout ce qu'elle retenait était les menaces qu'il proférait contre Jean. Non. Il n'avait pas le droit. « Non ! » Avait-elle prononcé un peu trop fort. Elle ravala difficilement sa salive tandis que la panique l'envahissait entièrement et que les larmes lui montaient déjà aux yeux. « Non. Vous aviez promis... Vous aviez promis qu'il n'arriverait rien aux gens que j'aime si j'obéissais. Je... » Elle doutait que jouer sur les sentiments ne puisse avoir un quelconque impact sur un homme comme lui, mais elle devait essayer. « Si j'ai fait une erreur, je vais la réparer. Je vous le jure. Ne lui faites pas de mal. Il n'a rien à voir avec tout ça. Je fais tout ce que vous me demandez alors ne lui faites pas de mal. » Elle se répétait, mais les menaces de l'homme l'effrayaient. Elle savait comme il pouvait être violent. Elle l'imaginait l'avoir attirée loin de chez elle pour s'en prendre à Jean et lui montrer qu'il pouvait tout. « S'il vous plaît. Je l'aime. » Parce que Sophie n'en démordait pas et restait persuadée qu'il y avait une part de cet homme qui était bonne et qui valait la peine d'être sauvée, elle tentait de le convaincre en utilisant ses sentiments. Après tout, lors de cette fameuse journée, il avait su lui montrer autre chose que sa violence. « Pourquoi est-ce que je suis là ? » Demandait-elle finalement, n'en pouvant plus de ne pas comprendre si Jean risquait réellement quelque chose, le pourquoi elle se trouvait ici, avec lui ou ce qu'il attendait d'elle.

Sophie était terrifiée par la situation parce qu'elle ne comprenait pas ce qu'il voulait. A tout moment, elle s'attendait à le voir exploser et lui reprocher elle ne savait quoi. Il ne lui semblait pas avoir fait quoi que ce soit de mal, mais il n'avait jamais eu besoin de raisons pour s'en prendre à elle. Difficile alors d'imaginer ce qu'il attendait d'elle ou ce qu'il comptait lui faire subir aujourd'hui. Sophie le questionnait timidement, mais il ne lui donnait aucune explication. Vaas préférait s'amuser de ce qui s'était passé entre eux lorsqu'ils étaient sous l'influence du philtre d'amour. Toujours aussi timidement, elle lui avait assuré qu'il ne se passerait plus jamais rien entre eux. Elle avait fauté parce qu'elle n'était plus elle-même, mais elle refusait de trahir Jean une nouvelle fois. Sa culpabilité était déjà bien trop lourde à porter et son mensonge, aussi. Évidemment, Vaas ne voyait pas les choses de la même façon. Pour lui, ce n'était qu'un jeu, qu'un argument supplémentaire pour la contraindre aux pires choses et pour la menacer. Il ne l'avait toujours considéré que comme une chose qui lui appartenait et il continuait de lui faire comprendre, avec son horreur habituelle, qu'il pouvait désormais en exiger davantage de sa part.

Les réactions imprévisibles de Vaas effrayaient la jeune femme, alors dès que son poing claqua sur la table, elle sursauta et ses larmes silencieuses redoublèrent. Elle se haïssait à mesure où elle l'entendait lui rappeler cette journée qu'ils avaient passée ensemble. Elle avait honte, elle était mal à l'aise, elle ne supportait pas de l'entendre lui rappeler tout ça sur un tel ton. Ses yeux se fermèrent à l'instant où elle l'avait entendu lui expliquer qu'elle n'avait plus d'autres choix que d'obéir à la moindre de ses demandes, si elle voulait protéger Jean. Elle avait fait une erreur, une fois, parce qu'elle n'était plus elle-même et elle allait le payer éternellement. Pour lui, tout cela n'était qu'un jeu. Un jeu où il la détruisait un peu plus à chaque fois. Un jeu auquel Sophie était fatiguée de jouer. Elle lui obéissait déjà pour tout, mais jamais elle ne le pourrait pour ça et elle ignorait comment lui refuser sans qu'il ne s'en prenne aux siens. Sophie aimait son mari plus que tout, mais même pour le protéger, elle ne pouvait pas accepter de devenir un objet à la disposition de ce monstre. « Arrêtez, s'il vous plaît. » Souffla-t-elle, en baissant les yeux, ne pouvant plus en entendre davantage

Il refusait de répondre à ses questions. Il laissait le silence s'installer. Sophie n'osait pas insister et elle subissait ce silence qui l'angoissait terriblement sans rien pouvoir faire. Il jouait avec ses nerfs et elle ne pouvait pas l'obliger à faire autre chose, elle n'en avait pas le pouvoir. Alors, elle attendait, simplement. Sans qu'aucun autre mot ne soit échangé, le repas de Vaas fut apporté. Comme si la situation était parfaitement normale, il prit le temps de commencer à manger, avec une lenteur exagérée. Et, enfin, après une éternité, il avait consenti à lui offrir un début de réponse. Comme à chaque fois qu'il parlait, pour éviter de le mettre en colère, Sophie ne le quittait pas des yeux. Elle l'écoutait raconter ses horreurs, se moquer d'elle et de tous ceux qui croyaient en leur famille, en leurs proches. Il se moquait de ce qu'elle était prête à faire pour les siens. Et, surtout, il tentait de lui faire comprendre qu'elle était prête à tout pour des gens qui n'en feraient jamais autant pour elle. Il lui prouvait en lui expliquant que tous les autres avaient fini par mourir de ses mains à cause de leurs proches qui n'avaient jamais rien voulu donner. Sophie frissonnait à cette idée, mais elle ne pourrait jamais juger sa famille responsable. Sa famille ne l'avait pas condamnée. Elle s'était condamnée toute seule en voulant apporter son aide à cet homme. Sa famille n'y était pour rien. Alors comment aurait-elle pu le laisser leur faire du mal pour être libre ? Il lui était impossible de condamner des innocents pour ses propres erreurs. Elle les payait. Les siens n'avaient pas à le faire pour elle.

Lorsqu'il s'était approché rapidement d'elle, à la fin de son petit discours, Sophie avait sursauté et avait eu un mouvement de recul. « Quelle importance puisque je ferai toujours en sorte qu'ils n'aient pas à prendre ce genre de décisions ? » Elle se moquait bien de savoir s'ils feraient la même chose pour elle, elle ne voulait pas leur donner l'occasion de le prouver. « Je fais ce que vous me demandez avec votre argent, je suis venue parce que vous me l'avez demandé, je respecte ma part du... marché. » Y-avait-il réellement un marché ? Pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? « Alors vous devez les laisser en dehors de tout ça. » Insistait-elle pour bien lui montrer que malgré ses moqueries, elle les protégerait toujours et qu'elle croyait en lui pour respecter sa part du contrat. Si elle devait lui répéter sans cesse, elle le ferait. Il n'avait pas le droit de leur faire le moindre mal.

Elle voulait se montrer courageuse, mais la pression était trop forte après son petit discours à propos de sa famille. « Je ne vous ai jamais rien fait. Je voulais simplement vous venir en aide parce que je pensais que vous culpabilisiez et... Je ne mérite pas tout ça. » Craquait-elle, consciente qu'il s'agissait pourtant du dernier de ses soucis. « Je ne mérite rien du traitement que vous m'infligez. » Poursuivait-elle, en soutenant son regard, sans lui laisser le temps de répondre. « Mais je sais que vous n'êtes pas juste ce monstre que vous montrez. » Disait-elle ça pour lui ou pour se rassurer, elle ? « Votre famille vous a peut-être fait du mal, mais vous vous trompez en croyant que tout le monde agit de la même manière. Certaines personnes valent qu'on se batte pour elle parce que certaines personnes ne vous trahiront jamais. Ma famille m'aime et elle ne laissera jamais aucun mal m'arriver. » Et c'était une certitude aux yeux de Sophie. « Et si je suis venue à vous la première fois, c'est parce que je veux vous apporter mon aide. Parce que je sais que... » Commença-t-elle dans un souffle, certaine que cet argument ne le toucherait pas, elle ne s'arrêtait pourtant plus. « parce que je sais que tu vaux mieux que ce que tu montres. » Souffla-t-elle en le tutoyant de nouveau afin de recréer une certaine proximité. Elle espérait lui montrer qu'elle n'était pas que cette chose apeurée qu'il s'amusait à détruire, mais qu'elle avait aussi suffisamment de courage pour vouloir être présente pour lui, malgré tout ce qu'il lui avait fait, et qu'elle osait lui dire et lui répéter. « Laisse-moi te montrer qu'il existe des gens bien... » Le suppliait-elle presque. C'était peut-être peine perdue, mais c'était pour ça qu'elle l'avait retrouvé, après tout. Son but premier avait toujours été de lui donner une autre vision de l'humanité, à lui qui semblait avoir été trop souvent trahi. Sophie voulait être ce genre de personnes, elle voulait être celle qui ne reculait devant rien - même lorsqu'il s'agissait d'aider un monstre qui la maltraitait à chaque instant. « Pour commencer, nous pourrions peut-être partager ce dîner tous les deux. S'il te plaît. » Proposait-elle, la voix tremblante en prenant conscience de tout ce qu'elle venait de dire et en craignant sa réaction à ses paroles et à sa demande.