Petruccio était déçu, oui... mais pas surpris. Cette semaine avait trop bien commencé, rien n’avait été à signaler, pas même la moindre fièvre. C’était sûrement dû à cette nouvelle prescription : des médicaments nouveaux qui avaient l’air de bien fonctionner. Enfin, c’était sans compter sur ce matin-là, où Petruccio s’était senti suffisamment en confiance pour se rendre de lui-même à la bibliothèque. Une activité normalement basique pour un étudiant comme lui, cependant dans son cas, se déplacer dans un lieu si fréquenté représentait une véritable épreuve...
Et voilà qu’il avait fait un malaise dans les escaliers. Que quelqu’un avait appelé les secours. Qu’il se retrouvait allongé dans une ambulance en direction de l’hôpital.
Avec des visages familiers autour de lui.
« Buongiorno monsieur Strand... » lui sourit-il avec cette expression fatiguée mais tranquille.
« Pardon de vous avoir inquiété. »Ce n’était pas la première fois qu’il voyait monsieur Strand, particulièrement dans ce genre de contexte. Quelque part, ça le rassurait un peu : c’était facile de discuter avec cet homme, il avait ce petit quelque chose qui le rendait si accessible... Petruccio n’aurait jamais pu mettre un doigt dessus. D’ordinaire, il était toujours un petit peu mal à l’aise avec les autres : il était un jeune homme effacé, qui ne parlait presque pas, qui ne comprenait pas toujours ce qui semblait pourtant évident aux yeux de tous. Puis, quand enfin il pouvait parler, sa voix était légèrement enraillée, pas toujours articulée.
Cela et la cicatrice de son cou étaient de bons rappels à tout ce qui s’était passé il y a bien des années. Malgré ses trous de mémoire, voilà bien un épisode qui ne pourra jamais s’effacer.
Son état n’avait rien de grave dans l’instant : Petruccio n’avait pas vraiment perdu connaissance, sa chute n’entraînera qu’un petit hématome qui disparaîtra bien assez vite, cependant dans son cas il allait devoir faire quelques tests. Vérifier ses constantes. Prise de sang. Tout ce que la médecine moderne permettait afin de déterminer d’où venait la cause du malaise. D’un côté, cela pouvait n’être dû à rien du tout, et de l’autre... eh bien... personne n’avait encore mis un diagnostique clair sur sa pathologie.
Maintenant qu’il y pensait, Petruccio se rappelait que le médecin de la famille, à l’époque, n’avait jamais été très optimiste quant à son avenir... Heureusement qu’il avait eu la décence de ne jamais le dire directement.
« Je pensais... que vous ne travailliez pas le jeudi... »