Discrètement, tu pousses la petite porte de la cabine dans laquelle tu t'étais réfugiée le temps que tout le monde parte et que l'aquarium ne ferme ses portes. Par habitude, tu patientes quelques instants dans cet endroit froid et sombre afin d'écouter et de jauger si, oui ou non, il t'étais possible de sortir en toute sécurité. Le calme plat. Aucun bruits à l'horizon. Le gardien devait sûrement être déjà passé par ici. Avec la plus grande des prudences et beaucoup de finesse, tu t'extirpes des toilettes pour Dames et rejoint le hall de l'aquarium en trottinant, veillant tout de même à garder une oreille à l'affût, juste au cas ou. Ce n'était pas la première fois que tu faisais cela. Que tu t'introduisais, ici, de nuit. La plupart du temps, tu arrivais à t'en sortir sans encombres, mais, la dernière fois, tu étais tombé nez à nez avec le gardien acariâtre qui t'avais ensuite poursuivie dans les couloirs dans l'espoir de t'attraper et de te demander des comptes. Suite à cela, tu avais compris que l'aquarium serait plus durement surveillé, le soir, et après avoir déjà risqué une fois de te faire prendre, tu avais décidé de ne t'y rendre qu'en journée, au moins le temps que la sécurité soit moins présente. Et justement. Ce soir était le moment idéal pour revenir rôder autour des bassins qui accueillaient les requins. Avec toujours beaucoup de discrétion, tu traverses une grande partie de l'aquarium afin de rendre dans l'aile essentiellement consacrés aux membres de ton espèce. Tu passes devant l'immense bassin du requin blanc, t'arrêtes de longues minutes pour l'observer onduler au loin puis reprend finalement ta course pour rejoindre les pièces interdites au public. Puisque l'aquarium est fermé et qu'il n'y a normalement personne à cette heure-ci, les pièces - contrairement à d'habitude - ne sont pas verrouillées, aussi, c'est sans mal aucun que tu parviens à rejoindre le haut des grands bassins. L'ambiance, ici, est complètement différente du reste de l'aquarium. C'est froid, blanc et très bruyant mais, au moins, tu as la possibilité de sentir l'odeur de l'eau salée et de pouvoir la toucher. C'est ce que tu fais, d'ailleurs, t'abaissant légèrement en avant après t'être agenouillée au sol. L'eau est froide pour ton corps humain, mais à température idéale pour tes frères et sœurs qui nagent bien plus en bas. Tu te redresses, esquisse un léger sourire et commence à retirer tes chaussures et ton pantalon que tu fais glisser jusqu'en bas de tes chevilles. Les vêtements t'avaient toujours beaucoup trop encombrés lors de tes différentes nages pour que tu ne songes à les garder. D'autant plus que tu savais qu'ils produisaient parfois certains mouvement dans l'eau pouvant être anxiogène pour les membres de ton espèce. Et puis, à tes yeux, ils n'étaient que de simples futilités auxquelles tu avais dû te plier par obligation plutôt que pas réelle envie... Chose faite, tu glisses désormais tes doigts jusqu'au premier bouton de cette chemise bien trop grande pour toi quand, tout à coup, une voix derrière toi te tire de tes rêveries de la pire façon qu'il soit.
« Encore toi ! » Tu sursautes, brusquement. Manque même de basculer en avant et de tomber dans l'eau. Le gardien te semble si loin, mais si proche à la fois, et ton instinct de survie te hurle de déguerpir le plus vite possible avant qu'il te t'attrape. Tu t'empresses alors de remonter ton pantalon afin qu'il ne te dérange pas lors de ta course, mais abandonne néanmoins tes chaussures derrière toi tandis que tu te mets à courir en direction de la sortie. Décidément, il avait le don pour arriver au pire moment celui-là. La course poursuite s'entame alors, le bruit désagréable des clés de ton assaillant à quelques mètres derrière toi. Tu ne sais pas pourquoi il faut systématiquement qu'il te hurle dessus, qu'il te hurle de t'arrêter en plus de ça. Et, tu savais pertinemment que, si tu lui obéissais, tu serais en danger. Alors tu t'enfuies, loin. Tu cours, aussi vite que tu le peux, tes pieds nus battant le sol dans un bruit sourd tandis que tu essayes tant bien que mal de maintenir ton pantalon à la taille car tu as oublié d'en refermer le bouton. Une chance que tu connaisses l'aquarium comme ta poche, peut-être même plus que le gardien lui même, d'ailleurs. Tu analyses l'aile dans laquelle tu te trouves et tu sais, rapidement, que d'ici quelques secondes il va y avoir une intersection te permettant de pouvoir disparaître facilement de son champ de vision. Alors, tu redoubles de vitesse, t'apprête à tourner soudainement à gauche lorsque, brusquement, tu percutes de plein fouet quelqu'un venant dans la direction opposée. Tu te fais saisir aux épaules par deux mains fermes et, avant même que tu ne cherches à te débattre de cette emprise, tu relèves les yeux et tombe sur son regard, à lui.
Le gentil Monsieur de l'aquarium... Ta voix est douce, faible, comme la caresse du vent frais d'été sur une joue. Tu lis dans le fond de ses yeux l'étonnement, autant causé par cette collision soudaine que par les quelques mots que tu viens d'employer. Tes prunelles curieuses parcourent les traits marqués de son visage, glissent sur ses cheveux courts et grisonnants. C'est la première fois que tu l'approches d'aussi près, la première fois que tu peux te permettre d'aussi bien le détailler. Mais malheureusement, l'observation n'est de courte durée, car non loin derrière tu entends le cliquetis des clés du gardien de nuit. Ton visage se transforme, mélange de méfiance et de crainte tandis que le sien, attiré par le bruit, se détourne de toi l'espace de quelques secondes. Lorsque le contact visuel est rompu, tu t'empresses alors de te glisser derrière celui que tu viens de percuter, à l'image d'un enfant apeuré qui se cache derrière l'adulte qui pourra le protéger.
« Msieur Jaw. Bonsoir. » L'homme est essoufflé, s'arrête à quelques mètres de vous, se penchant légèrement en avant, main sur les genoux. « Je.. J'ai.. Cette femme là. Elle est.. Il faut.. » Il tend une main devant lui, comme pour demander quelques secondes de répit. Tu te permets alors un bref coup d'œil mais, à peine son regard croise t-il le tien, que tu viens immédiatement te recacher derrière les larges épaules de celui qu'il vient de nommer. « Je me dois d'arrêter cette jeune personne. Elle s'est introduite illégalement dans l'aquarium. » Tu te crispes un peu, attrape le bras devant toi et le serre doucement. Tu n'avais pourtant rien fait de mal, à ton sens, rien fait de répréhensible... « Je l'ai retrouvée au bord du bassin des Mako, Monsieur. Je crois que.. » Il marque une pause, se demande si il est certain d'avoir vu ce qu'il a vu, semble soudainement très gêné - presque honteux, des mots qu'il allait employer. Qui Diable voudrait faire cela ? Qui donc, pouvait être à ce point inconscient ? ... La pression que tes doigts exerces sur le bras de l'homme grisonnant se fait légèrement plus forte et tu te cramponnes davantage à lui alors que le gardien se décide enfin à terminer sa phrase. « ... qu'elle voulait.. y.. plonger... »
L'aquarium Ocean. Ton refuge, un des seuls lieux où tu as l'impression d'être un peu chez toi... Ou en tous cas avec les tiens. La plage aussi est un lieu si reposant et exaltant mais qui a aussi la fâcheuse tendance à te rappeler certains souvenirs que ton esprit embué préférerait oublier. Alors oui, tu passes la plupart de ton temps en ces lieux. Et tu ne t'en plains pas particulièrement même si certains te disent trop pointilleux quant à la protection de chaque individu présents dans ces bassins mais que voulez-vous ? Tu n'accepterais en aucun cas qu'ils puissent être maltraités, malmenés ou pire encore. Ce que tu aimerais vraiment, c'est de pouvoir les libérer, les libérer de la joute des humains dont tu fais malheureusement partie maintenant... De nombreux jours, mois et même années se sont déroulées depuis ton arrivée ici. Tu es parvenu à t'adapter, à apprendre comment fonctionne ton nouveau corps et ses vertus. Malgré une transformation, tu es resté âgé, les cheveux presque de la couleur de l'espèce que tu es vraiment. Un grand requin blanc... Cette notion si vague te perturbe encore de temps à autre malgré que tu aies accepté tout ce qui a pu t'arriver. Devenir ce que l'on méprise est une épreuve bien difficile surtout quand on apprend seulement à ressentir, à souffrir autrement que physiquement. Parfois, tes nageoires te manquent, pouvoir nager librement et instinctivement, tout ce qui faisait partie de toi. Tout semble si loin et tu te demandes même parfois si ça a vraiment existé.
Mais à quoi bon ressasser le passé de la sorte ? Tu as réussi à t'en sortir, à trouver un semblant de vie dans cette humanité, alors pourquoi encore songer à tout ce qui avait pu se dérouler dans l'océan ou même à Amity Island ? Est-ce la vieillesse qui te pousse ainsi à grommeler sur une vie effacée ? Ou est-ce autre chose ? Peut-être que tu ne le sauras jamais. Alors oui tu erres, tu arpentes chaque couloir, chaque bassin de cet endroit comme ta propre maison. Tu reconnais chaque travailleur, tu te fais un petit nom dans le milieu tout en profitant de voir tes congénères nager, vivre dans cet océan factice. Comme un destin que tu n'as pas le choix d'accepter. Et si ton regard se pose sur chaque espèce animale que tu peux croiser, il s'arrête aussi sur ces humains qui découvrent les lieux, qui s'y baladent. Et depuis peu, ton regard a été happé par une jeune femme. Une mystérieuse inconnue qui vient presque aussi régulièrement que toi. Et si tu la vois pratiquement tous les jours, l'occasion ne s'est jamais présentée de la voir de plus près, de lui adresser quelques mots afin de peut-être partager cette passion commune... Parce qu'elle t'échappe à chaque instant, elle disparaît, et ne revient que le lendemain. Une chasse que tu n'essayes pas vraiment de jouer parce que tu ne veux plus chasser les humains. Plus jamais.
Et pourtant c'est ce soir là que l'occasion semble enfin se présenter à toi. Tu ne l'as pas chassée mais ce n'est pas le cas des vigiles et agents de sécurité des lieux qui se sont déjà plaint à de nombreuses reprises d'une jeune femme qui s'introduit ici sans autorisation. Et ton instinct ne te trompe jamais. Tu sais que c'est elle. Elle qui s'échappe presque toujours. La nuit a été longue et même si tu aimerais rester dans ce refuge à chaque instant, tu dois bien te décider à quitter les lieux. A rentrer "chez toi". Tu déposes tes lunettes sur ton bureau, celles que tu utilises pour lire avant de te lever et de laisser les manches de ta chemise blanche glisser le long de tes bras. Avec un léger soupir, tu termines de boire ton café maintenant froid avant de quitter ton bureau? Tes pas te guident cependant instinctivement vers les couloirs arpentant les différents bassins de requins, là où tu passes le plus de temps. Passer par là est un détour mais tu ne peux pas t'en empêcher. Mais alors que tu t'avances, songeur, nostalgique, des bruits lointains te sortent de cette torpeur rêveuse. Des bruits de pas. Ou plutôt de course. Une course qui se dirige vers toi. Et sans que tu n'ais le temps de réfléchir à ce qui se passe, tes bras se lèvent et attrapent la silhouette apeurée qui essaye de s'enfuir. Ou plutôt de s'échapper. Et tu la vois. Ses épaules dans tes mains, ton regard croise enfin le sien, de près plus de loin. Une douce et légère phrase sort de sa bouche qui provoque un léger étonnement sur ton visage. Le gentil Monsieur de l'aquarium ? Es-tu seulement vraiment gentil ? Si cette appellation te perturbe, tu n'y songes pas vraiment, plutôt silencieux et observateur de la voir enfin. Toi qui la cherchais, toi qui cherchais à comprendre pourquoi elle passait tant de temps auprès des tiens. Un regard doux que tu croises, un regard rassurant comme tu n'avais jamais pu voir depuis... Jamais ?
Mais ce doux regard se transforme et tu sais pourquoi. Un bruit qui s'approche, une respiration haletante. Tu relèves un peu la tête afin d'observer le gardien. Tu sens ton emprise se détacher alors que la jeune femme se faufile derrière toi afin de se protéger. Un instinct que tu ne peux que comprendre car le tien te pousse à te mettre droit presque à bomber légèrement le torse. L'agent Parkson s'approche de nous, le souffle coupé alors qu'il te salue. Tu restes de marbre bien que tu t'es toujours plutôt bien entendu avec lui même si son manque cruel d'intelligence et de jugeotte avait tendance à t'agacer. Tu sens la présence derrière toi bouger de temps à autre alors que le gardien continue son discours, te déclarant les faits comme il est coutume de faire. Tu plisses légèrement les mieux alors qu'il te parle des requins Mako. Il n'est pas rare que des visiteurs soient passionnés par ceux-ci, ils sont si beaux, ensorceleurs... Mais Parkson marque une pause, il semble hésité quant à la suite de sa phrase. A cet instant là, tu sens une pression plus forte sur ton bras alors que tu remarques seulement maintenant qu'elle a es mains posées sur toi. Et l'agent termine en s'étonnant du fait qu'elle voulait plonger avec eux. Si tu devrais être choqué, il n'en est rien. Tu sens même ton cœur un peu s'emballer en entendant une telle nouvelle. Tu tournes légèrement la tête vers la mystérieuse inconnue sans pour autant décaler ton corps qui lui sert de bouclier. Tu cherches son regard un instant avant de te racler la gorge.
« Parfois la passion peut être dévorante. Au point de vous enlever toute notion de survie ou de risques » Que tu réponds, d'un calme et d'une sagesse qui pourrait t'étonner toi-même. Un léger sourire s'exprime sur ton visage alors que l'étonnement du gardien n'est que plus fort, de telle sorte à ce qu'il ne sait pas quoi répondre. Tu lèves alors la main, plate et fais quelques mouvements afin de lui dire de se calmer, l'air toujours serein et calme. « Je vais m'occuper de madame. Une nuit en cellule ne lui permettra pas d'apprendre de ses erreurs. On apprend avec le savoir, et il n'y a que moi qui peux m'en charger, n'est-ce pas ? » que tu ajoutes, ton sourire s'effaçant quelque peu car il serait mal avisé de penser le contraire. Parkson semble pourtant hésiter, toujours à deux doigts de cracher ses poumons. Sa condition physique le pousse peut-être à réfléchir moins longtemps alors qu'il acquiesce d'un geste de la tête. « je... Vous... Elle est inconsciente. Elle aurait pu se faire dévorer. » Tu fronces les sourcils et Parkson s'arrête directement de parler. Il sait parfaitement qu'il ne vaut mieux pas t'énerver alors il capitule. «D'accord. Je... Je vous la laisse mais si je la retrouve encore après ça, je n'aurais pas le choix ! » Tu te contente d'acquiescer d'un vague geste de la tête alors qu'il se tourne afin de partir. Ta main vient alors de poser sur celle qui serre ton bras depuis tout ce temps et sans la lâcher, tu te tournes pour la regarder une nouvelle fois. Tu penches légèrement la tête sur le côté, un doute s'éprend de toi mais tu veux d'abord la rassurer. « Tu n'as plus à t'inquiéter. Tu es en sécurité avec moi.» Que tu lui annonces d'une voix douce et rassurante alors que ton regard cherche le sien. Ses réactions, ses quelques mots, ce regard apeuré... Tu as l'impression d'avoir déjà vu tout ça, ou même vécu. Cet instinct presque animal qui s'émane d'elle accompagné de sa passion qu'on décrirait suicidaire pour les requins te fait te poser un bon nombre de questions. Questions que tu gardes pour toi pour l'instant. « Tu n'es plus seule...» Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu lui dis ça. La rassurer ? Ou alors simplement parce que tu penses qu'elle est comme toi. Perdue dans un océan qui n'est pas le sien. Et parce qu'au fond tu songes que si tout ça est bien réel, c'est toi qui ne seras plus seul.
C'est étrange, cette sensation que tu ressens alors que tu te tiens toujours derrière lui. Cette curieuse impression d'être en sécurité, d'être protégé.. D'être comme à la maison. Tu ne sais pas trop si elle est due au fait que tu connaisses son amour pour tes congénères et le milieu marin dans sa globalité mais, une chose était sûre, c'est que cet homme dégageait quelque chose de très différent des autres humains que tu avais déjà pu rencontrer. Lorsqu'il tourne sa tête dans ta direction après les mots du gardien, tu plonges ton regard dans le fond du sien et t'y perds, l'espace de quelques secondes. Comme à la maison.. Un frisson glisse le long de ton échine et ta prise sur son bras se resserre un peu plus, presque machinalement. Depuis que tu t'étais échouée ici, sur cette île, jamais encore tu n'avais ressentie cela. Pas même lorsque tu t'étais aventurée dans le fond des mers pour retrouver un semblant de repaires - manquant d'ailleurs, plusieurs fois de te noyer. Pas même lorsque ta route avait croisée cette de Wrio et, qu'après plusieurs jours d'observation, tu t'étais aperçu qu'il avait, lui aussi, un lien particulier avec l'océan et ses eaux agitées. Et... il y avait aussi ton instinct. Un instinct habituellement si méfiant qui, à ce moment précis, semblait étrangement calme et apaisé en la présence de cette personne dont le corps faisait toujours barrage entre toi et le gardien de nuit. Comme à la maison... Sans même te connaître, il te défendait. Sans même savoir qui tu étais, il intervenait. Après tout, il aurait tout aussi bien pu te laisser aux mains de la sécurité. Se dégager de devant toi afin que ce type en uniforme ne t'enferme dans une cage pour le restant de la nuit. Mais non. Non. En dépit de toutes les solutions, de toutes ses possibilités qui s'offrait à lui.. il avait choisi de s'interposer.
L'autre capitule. Ou du moins, ton protecteur ne lui laisse guère le choix. Là aussi, tu te rends compte à quel point sa prestance est imposante et charismatique. A quel point il impose le respect et qu'il ne se laisse pas facilement marcher sur les pieds. Ça t'impressionne un peu, tu dois bien l'avouer. Car dans ton cas, la plupart du temps, tu préfères t'écraser et t'enfuir plutôt que d'affronter les obstacles qui se dressent face à toi. Tu n'as, à ton sens, pas encore suffisamment appréhender ce nouveau monde et ses habitants pour te permettre de leurs tenir tête. Sans compter que ta frêle carrure était loin d'être effrayante ou ne serait-ce qu'impressionnante... Wrio avait d'ailleurs toujours peur que le vent ne t'emporte lorsque tu étais près des quais les jours de grandes bourrasques... Sous forme animale, tout avait toujours été si différent - surtout après que ta croissance ce soit grandement décuplée. Car les Hommes avaient toujours redoutés ce qu'ils ne parvenaient à comprendre. Ils avaient toujours craints, ces espèces qu'ils ne considérées que comme des monstres dénués de sens et ne possédant aucune pitié. Mais vous... étiez tellement différents. Vous... ne cherchiez qu'à survivre, qu'à vivre, tout simplement. Comme un peuple est poussé à la révolte par son dictateur, les humains vous avez forcés à devenir de féroces prédateurs. Vos habitats, détruis. Vos familles, décimés. Votre nourriture qui s'amenuisée. Obligés. La révolte d'une espèce face à des conditions de vie épouvantables, intolérables... Pour vivre, pour survivre. Les humains ne le faisaient ils pas, ça, depuis la nuit des temps ? En quoi étais tu si différente ? En quoi étais tu plus monstrueuse ? Tu n'avais toujours cherchée qu'à défendre ta famille, ta maison, ta propre vie... Pourquoi eux, avaient ils le droit de décider ? Et cet homme là, qui se dressait face au danger, le savait. Le gentil Monsieur de l'aquarium.
Mais, lorsque le gardien recule. Lorsqu'il s'éloigne, vous laisse tous les deux, tu ne sais plus vraiment comment réagir... Tu ne sais plus si tu dois rester ou t'enfuir. Une multitude de questions se percutent à l'intérieur de ta tête, de mises en garde quant à la potentialité qu'il ne soit pas si bienveillant que cela. Pourtant.. Pourtant. Tu le ressens, au plus profond de ton cœur. En sécurité... Que tu répètes faiblement, relâchant doucement la pression exercée par ta main, te dégageant, par la même occasion de l'emprise de la sienne. Tu fais quelques pas en arrière, gardant néanmoins ton regard toujours profondément encré dans le fond du sien. Fallait il vraiment lui faire confiance ? Pouvais tu, sincèrement, espérer être en sécurité désormais ? Ce qu'il te dit après te laisse légèrement perplexe, sème encore un peu plus le doute au fond de ton esprit. Avait-il senti qui tu étais réellement au fond de toi ? Avait-il compris, qu'autrefois, tu avais la même apparence que ceux qui nageait, derrière toi ? Vous êtes.. différent des autres.. Ta voix est toujours très basse mais reste néanmoins audible en raison du silence qui s'étend autour de vous. Chacun de tes mots est décousus, chacune de tes syllabes, plus prononcées que ce qu'elles ne devraient. Et puis, tu décides de te réavancer, un peu. De restreinte cette petite distance que tu avais mis entre vous. Tu l'observes, avec beaucoup de minutie, détaillant plus encore chaque traits de son visage, chaque composant de sa morphologie. Désormais à nouveau plantée en face de lui, tu relèves légèrement tes mains et viens délicatement déposer le bout de tes doigts contre sa peau marquée par le temps. Je.. peux lire.. ça.. dans vos yeux. Tu souffles, toujours très bas. T'approche encore, semble soudainement fascinée par son aspect et toutes ces choses qui peuvent émaner de lui. Tes doigts fins parcourent en détails le moindre centimètre de son visage, glissant ça et là avec curiosité et douceur... Jusqu'à ce que, finalement, tu ne t'éloignes à nouveau. Que tu ne recules de quelques pas. Il te fascine, autant qu'il t'effraie. Parce que tout ce que tu pouvais ressentir, à cet instant, et pour cet homme.. t'étais complètement inconnu..
Libérés de la présence du gardien, tu espérais que la jeune femme puisse se sentir mieux, moins menacée mais peut-être que tu oublies que tu n'as pas particulièrement l'air rassurant. Autant en être humain qu'en squale, la bonté et la douceur n'ont jamais vraiment émanées de toi. Et même si tu te veux rassurant, la crainte de cette mystérieuse inconnue ne pouvait pas disparaître du jour au lendemain. Dans ce regard que tu as croisé, dans ces prunelles peureuses et craintives, tu as su voir quelque chose de plus, de voir plus loin surtout. Peut-être que tu as reconnu en elle tes amis et ta famille qui se trouvent par delà les terres et les mers, là où tu ne peux les retrouver. Tu ne saurais expliquer cette connexion, cette envie si forte de la rassurer, d'être proche d'elle. C'est plus fort que toi et pourtant tu n'en fais rien. Tu ne veux pas l'effrayer, tu ne veux pas qu'elle s'enfuie encore alors que tu as enfin l'occasion de la voir, de lui parler. Mais elle t'échappe. Tu sens sa main se détacher de toi ainsi que toute sa personne alors qu'elle se recule, répétant faiblement quelques mots que tu as prononcé. Tu ne bouges pas, tu n'émets aucun geste brusque à son encontre. Si son souhait était de partir, tu la laisserais faire. Si bien d'humains pensent que tu aimes la chasse, il est évident que ce n'est pas vraiment le cas. Que tu n'as pas eu le choix; enfin... C'est peut-être ce que tu essayes de te persuader bêtement depuis les longues années que tu erres en ces terres inconnues.
Tu ne bats pas des cils, gardant continuellement ce contact visuel, ces regards plongés au plus profond l'un de l'autre, comme si vous pouviez percevoir une autre nature, une autre personne. Son regard parle plus qu'elle, il semble vouloir communiquer avec toi, tu le sens, tu le sais. Tu restes cependant silencieux, n'ayant pas l'attention de l'affubler de tes mots si elle ne souhaite pas les entendre. Mais la mystérieuse inconnue finit par déclarer que tu es différents des autres. Bien qu'un peu surpris, tu n'en montres rien. Tu ne cries pas sur tous les toits ce que tu es vraiment, ta vraie nature... Tu ne l'as d'ailleurs jamais dit à qui que ce soit, même aux personnes qui t'ont aidé lors de ton arrivée en ville et surtout à ton adaptation à la vie de mammifère bipède... Pas que tu n'assumes pas ce que tu es mais tu connais la nature des humains, ce qu'ils pensent de ceux comme toi et tu n'avais aucune envie de mettre ta vie en danger une nouvelle fois. La mort n'avait rien d'agréable, encore moins quand on explosait en milles morceaux. D'ailleurs; à cette pensée, tu ne peux t'empêcher d'avoir un frisson qui te parcourt.
« Nous sommes différents...» Que tu lui réponds d'une voix douce, calme et presque aussi basse qu'elle. Tu t'adaptes à sa manière de parler, comme si cette communication unique ne devait pas se rater, comme si ta vie, presque, en dépendait sans vraiment savoir pourquoi. Un instinct... Ta vie avait toujours été régis par l'instinct, par ces reflexes qui te poussent à agir pour ce que tu penses bien, juste. Et cet instinct, dès que tu avais posé ton regard sur elle la première fois qu'elle est venue, te pousse à croire qu'elle est différente. Mais pas différente de toi, justement. Et même si elle n'est pas ce que tu penses, qu'elle est humaine, comme toutes les autres, son amours pour tes camarades ne peut qu'être sincère, comme ce désir de protection que tu lui portes. Tu ne bouges toujours pas alors qu'elle s'approche de nouveau de toi, laissant la distance s'effacer. Ton regard ne se détache pas d'elle, au contraire, il suit chacun de ses mouvements avec précaution.
Des mouvements que tu ne peux prévoir surtout lorsque tu sens le bout de ses doigts toucher ta beau, cette peau humaine que tu hais tellement. Cette peau qui te rappelle à chaque instant à quel point la vie ne tient qu'à un fil. Ses doigts te découvrent, t'effleurent alors que tu restes toujours aussi calme, laissant ta respiration se caler au rythme de la sienne, incertaine. Elle peut le lire dans tes yeux. Comme tu lis dans les siens que tu ne quittes toujours pas, incapable de cligner des yeux depuis l'instant où ils se sont posés dans son regard. Peu d'être humains se permettraient de toucher un parfait inconnu de la sorte. Tes doutes semble se confirmer ou alors ne serait-ce qu'un vague espoir ? Mais tu n'as pas le temps d'encore profiter de ce contact qu'elle s'éloigne, encore. Cette fois, tu laisses ton instinct prendre le dessus et c'est toi qui reviens vers elle. Cela faisait des années que tu n'avais pas laissé cette nature de toi prendre le dessus, bien décidé à te mêler parfaitement aux autres. Mais avec elle, tu sens que tu as le droit d'être toi-même. Tu lèves alors une main vers elle, tendue. « Veux-tu toujours nager à leurs côtés ? » Que tu lui demandes avec calme et pourtant ça ne sonne presque pas comme une proposition. Tu as déjà pris part à une nage endiablée avec le grand requin blanc de l'Aquarium que tu nommes pour toi même Hope. Une femelle, s'il en est. Les Mako, bien que tu leurs parles souvent, tu n'as jamais osé plonger à leurs côtés mais elle semble avoir une connexion particulière avec eux. Et c'est ce qu'elle semble vouloir. Et étrangement, tu souhaites lui offrir tout ce qu'elle désire. « Si c'est ce que tu souhaites, je peux t'y accompagner. »
Il t'intrigue tellement, cet homme. Provoque cette chose à l'intérieur de toi que tu ne comprends pas. C'était étrange. A la fois effrayant, à la fois grisant. A la fois ambivalent, et en même temps.. tellement réconfortant. Et cette alchimie si puissante que tu pouvais ressentir, cette, curiosité qui t'avait toujours poussé à l'observer et à t'intéresser, à lui. A lui plus qu'à n'importe qui d'autre... Il te regarde, tu le regardes et vous échangez des mots dans le silence, des mots de l'esprit, des mots du corps, des frissons, des soupirs.. des respirations. Vos corps s'imprègnent de l'essence de l'autre, imitent, s'adaptent, se lient. Parce que la connexion est si forte, parce qu'elle est tellement inattendue et inespérée. Tout est si doux, si calme et le temps semble s'être arrêté, vous emprisonnant l'un et l'autre dans cette bulle que tu souhaiterais ne jamais voir éclater. Parce que cette plénitude que tu ressens, cette agréable sensation tu ne l'as pas ressentie depuis très longtemps... Si tu te décides à le lâcher, si tu te décides de t'éloigner, lui, au contraire, semble vouloir te rattraper. Il ne force pas mais tend juste sa main vers toi, te lançant une invitation à t'envoler, à t'émerveiller plus encore. Avait il compris qui tu étais ? Ce que tu étais ?.. Savait il, seulement, que le cadeau dont il s'apprêtait à te faire don représentait tellement à tes yeux ? Inattendu, inespéré... Nager, avec eux. Nager, avec les tiens.. Nous.. pouvons ? ...Vraiment ? Tu hésites parce que tu as peur de la réponse. Même si, dans le fond, tu te doutes bien que si il te fait la proposition c'est qu'il a la possibilité de le faire. Après tout, il travaillait ici.. peut-être que cela lui offrait certains avantages, certains passes droits.. Et puis tant pis. Ton cœur est déjà parti, très loin de ta raison...
Alors, tu lui attrapes la main, enlaces tes doigts dans les siens tout en lui offrant le plus beaux de tes sourires. Ton visage rayonne et tu n'as plus peur, tu n'es plus inquiète, tu n'es plus méfiante... Parce qu'il a l'air sincère, parce que tu sais que tu peux te fier à lui. Même ton instinct semble s'être mis en veille, ne te poussant pas, pour la première fois, à fuir ou même à mordre... Il t'offre ce que tu attends depuis tellement longtemps. 6 mois, déjà. Même si ils ne sont pas ta famille, ils sont ceux qui se rapproche le plus de toi. Ce sont tes ancêtres dans une certaine mesure, puisque c'est de cette espèce, que tu es l'évolution. Tu es tellement en joie qu'un rire spontané et sincère s'échappe de tes lèvres toujours étirées en un sourire lumineux. Et, avant même qu'il ne se décide, avant même qu'il ne fasse le premier pas, te voilà déjà partie au travers du couloir, ta main toujours liée à la sienne. Tu ne marches pas : tu cours, le tirant derrière toi, ton cœur au bord de l'explosion. Il n'avait de toute façon pas besoin de te guider car, en quelques jours à peine, tu avais imprimé le plan de cet endroit dans ta tête et tu le connaissais sur le bout de tes doigts. Lorsque vous passez devant le bassin du grand blanc, tu t'arrêtes un instant, tournant ton visage vers celui-ci dont le corps ondule un peu plus loin. Un nouveau sourire s'étire sur tes lèvres tandis que tu portes désormais ton attention sur l'homme, toujours derrière toi. Tu resserres un peu plus ta main dans la sienne, tes yeux déjà profondément encrés au fond de son regard noir. Il n'y avait rien à dire, rien à ajouter. Et, tu pensais même avoir compris.. Ce don, cette connexion si profonde.. Cette façon qu'il avait de les observer, de prendre soin d'eux. Sans parler de ce sentiment que tu pouvais ressentir vis à vis de lui, ce petit quelque chose dont tu ne parvenais à saisir complètement la provenance. Tu avais un lien fort avec les membres de ton espèce et, auprès de cet homme, ce lien semblait irradié, il semblait beaucoup plus puissant et prononcé. Il n'y avait désormais plus aucune place pour les doutes et les questions. Il était comme toi.
Ta course effrénée reprend même si, cette fois, elle sera de plus courte durée. Le bassin et là, tout près. Juste derrière cette porte que tu viens pousser avec beaucoup de douceur malgré ce débordement d'excitation. Tu grimpes les escaliers, accélère encore plus l'allure, ne te préoccupant presque pas de l'homme toujours derrière toi. C'était impossible, ton esprit bien obnubilé par cette joie que de les retrouver. Enfin. Lorsque tu arrives en haut du grand bassin, tu remarques tout de suite tes petites chaussures abandonnées là. Mais.. et si le gardien revient... ? Car tu te rappelles que c'est lui qui t'a déjà chassé. Qu'il n'est pas d'accord pour que tu montes là, que tu n'as pas le droit... Et vous.. vous n'aurez pas d'ennuis ? Ton cœur bat tellement vite que tes doigts palpitent et que ta voix s'en trouverait presque modifiée et instable. Tu veux y aller... Oh oui.. car tu en meurs d'envie depuis que tu as découvert cet endroit...
Même si tu as conscience des risques potentiels, même si tu n'es sûr de rien quant à la condition de la jeune femme, au plus profond de ton être tu sens ce lien qui vous unit, cet amour inconditionnel des mers et océans et surtout de ceux qui y habitent. Une chose dont tu es certain, c'est qu'elle que te ressemble, que cette connexion est si forte et si réelle. Une connexion que tu n'as jamais ressenti depuis toutes ces années passées en ces lieux. Alors oui, tu ne souhaites pas la laisser partir mais tu souhaites lui offrir ce qu'elle veut le plus au monde, ce que toi tu voulais aussi dès tes premiers jours dans cette ville. Elle te demande si vous pouvez, d'une voix hésitante. A cette question, tu te contentes d'acquiescer d'un geste de la tête, sincère et rassurant mais tu sais déjà que même si ce n'était pas le cas, cette proposition est déjà acquise et rien ne ferait faire demi tour à la jeune femme. Même sans réponse, elle attrape ta main, la tienne se resserre presque instinctivement sur la sienne afin de ressentir encore cette chaleur et cette plénitude que tu as ressenti quelques minutes avant. Son visage rayonne et tu es soulagé de voir que toutes ses craintes se sont envolées. Tout comme les tiennes.
En plus de ce rayon de soleil, vient un éclat de rire qui te donne, à toi aussi, un sourire sur ton visage bien que mesuré, comme à ton habitude. Sans attendre, elle se met alors à courir, sans aucune hésitation, tu lui emboîtes le pas. Elle sait très bien où aller, elle est comme toi, elle connait chaque recoin de cet endroit, chaque couloir, chaque bassin. Tu te contentes cependant de la suivre à grands pas sans pour autant lui lâcher la main ni courir car ta stature te permet de la suivre de la sorte. Tes yeux ne peuvent se détacher d'elle tant elle dégage une aura que tu ne saurais décrire, tant cette énergie dont elle fait preuve te touche en plein cœur.
Après un instant, sur le chemin, elle s'arrête devant un bassin particulier. Un bassin que tu ne connais que trop bien alors que ta gorge se serre en apercevant au loin celle qui te ressemble le plus, celle à qui tu t'identifies et à qui tu te confies depuis ton arrivée. Ton regard se détache pourtant du grand blanc au loin pour se poser dans celui de cette mystérieuse inconnue qui te regarde, plonge ses yeux dans les tiens et dans une lueur, tu songes qu'elle sait. Comme toi tu sais. Tu lui adresses alors un sourire bien qu'un peu mélancolique alors que la course reprend et qu'elle se dirige vers les Mako. D'un geste rapide du bras, tu attrapes quelque chose qui semblait être dissimulé non loin du bassin que vous quittez et tu la suis jusqu'à destination.
Elle ne semble plus penser qu'à une seule chose et tu ne peux que la comprendre. Tu la laisses alors monter l'escalier, sans même qu'elle ne remarque que vos mains se sont lâchées, non sans peine. Tu t'arrêtes un instant, te dirigeant plutôt rapidement vers une autre porte. Tu vas y chercher quelque chose avant de revenir alors qu'elle a rejoins le haut du bassin. Elle semble inquiète au sujet du gardien, ou pour toi, peut-être. Tu ne perds pas ton sourire avant de la rejoindre, t'arrêtant avant la dernière marche.« Ne t'en fais pas. C'est comme si j'étais le chef ici.» Que tu lui réponds d'une voix douce. Ce n'est pas vraiment la vérité, en fait... Mais tu le prétends et tu veux simplement la rassurer. La main que tu cachais derrière ton dos vient se ramener devant toi pour lui tendre un masque de plongée ainsi qu'un tuba. Si elle est comme toi, alors ça sera sûrement utile. « Tu peux y aller. Mais prends ça avec toi, au cas où...» Tu plonges ton regard dans le sien, lui assurant par la même occasion qu'il ne lui arrivera rien. Ni à elle, ni à toi. « Mais avant ça... Puis-je connaître ton nom ?» Dis-tu d'une voix un peu hésitante. Parce que tu sais à quel point elle trépigne, à quelle point elle ne désire qu'une seule chose. Mais toi, en plus de vouloir la voir nager, être dans son élément, tu es désireux de connaître son nom. Pour ne plus jamais l'oublier si jamais ces instants étaient un rêve.
Il te rassure, t'assure que lui, comme toi, ne craignez rien. Que, dans une certaine mesure, il commande ici, qu'il est le chef de meute de tous les humains. Et ça te fait rire, un peu, te fait sourire.. car c'est exactement comme cela que tu le vois. Tu regardes ce qu'il te donne, observe les instruments avant de machinalement tendre la main et de les récupérer. Tu connais ces choses, pour les avoir déjà vues plusieurs fois, portées par les humains. Après avoir examiner encore un peu le masque et le tuba, tu relèves finalement la tête vers lui et sourit avec douceur. J'ai pas besoin de ça. Parce que, même si tu ne pouvais pas respirer sous l'eau, tu t'étais suffisamment entraîné maintenant. Et parce que, ouvrir les yeux, même dans l'eau salée ne te posait pas le moindre problème. Il faut juste que je pense à remonter, c'est tout. Que tu déclares du plus naturellement possible, esquissant un nouveau sourire radieux tout en entreprenant de déboutonner ton pantalon pour le faire glisser le long de tes fines jambes. "Surtout, pense à toujours bien remonter, d'accord ?" Wrio te l'avait dit. Parce qu'autrement, tu pouvais te noyer - même si tu pouvais rester plus longtemps sous l'eau que les humains lambda. Il t'avait déjà sauver de la noyade plusieurs fois à cause de ça, de cette entêtement et du fait que, contrairement à avant, tu te devais de respirer l'air du dehors pour pouvoir survivre... Et, au même titre que le langage des humains, apprendre à ne pas vivre sous l'eau était probablement la chose la plus compliquée que tu avais à affronter en étant ici, affublée de cette nouvelle nature. Mais avec ça, ça devrait aller. Que tu ajoutes en trifouillant une sorte de petit cadran rattaché par une ficelle présente autour de ton cou. Un cadeau de Wrio, encore. Qui te permet de savoir quand est-ce que tu dois remonter à la surface pour prendre le temps de respirer. Parce que oui, tu as la fâcheuse tendance à l'oublier...
Avec beaucoup de délicatesse tu déposes le petit masque et le tuba qu'il venait de te donner, juste à côté de tes chaussures. Tu en profites pour enjamber ton pantalon et le déposer à la suite, le roulant grossièrement en boule avant de t'attaquer aux boutons de ta chemise. En temps normal, tu n'aurais garder aucuns de tes habits mais, encore une fois, Wrio t'avait longuement conseillé à ce sujet, t'expliquant que, chez les humains, certains vêtements - sous vêtements - s'avéraient être nécessaires en "public". Une de ses nombreuses choses que tu avais encore du mal à cerner et à expliquer.. mais tu étais comme eux désormais, alors tu te devais de t'adapter, du mieux que tu le pouvais.
Lilith. Que tu lui réponds tout en t'avançant sur la plateforme submergée par l'eau du bassin. C'est comme ça qu'ils m'ont appelés. Un jour ils te nomment, le lendemain veulent te tuer... Les humains étaient vraiment de drôles de créatures, si... étranges et contradictoires. Connaître son nom à lui t'importait peu en réalité. Pas parce que tu t'en fichais, pas parce qu'il n'avait pas d'importance mais tout simplement parce que les noms n'avaient jamais été quelque chose auquel tu étais réellement attachée. Et, si il était comme toi, fait de la même nature... il n'avait probablement pas choisi le sien non plus.. Monsieur.. Jaw ? Tu te souviens de ce que l'homme de sécurité à dit toute à l'heure, comment il l'avait appeler. Tu t'abaisses afin de t'asseoir sur le rebord, tes hanches désormais submergée par l'eau gelée de l'immense cuve dans laquelle tu t'apprêtais à plonger. Ta peau frissonne car, même si tu nages très souvent dans l'océan, ton corps humain est loin de s'être suffisamment adapté aux températures glaciales des fonds marins. Vous venez avec moi ? Tu te retournes un instant, le fixe de tes prunelles sombres et animée par l'excitation du moment. Mais, quelque chose en dessous de toi attire ton attention plus encore. Car c'est bientôt une masse sombre et déformée par l'eau du bassin qui semble remonter jusqu'à vous, jusqu'à toi. Tu reconnais bien là la curiosité de ton espèce et tu ne peux t'empêcher de sourire tandis que la splendide créature semblable autrefois à toi, s'approche toujours. A aucun moment tu ne sembles avoir peur, à aucun moment, tu ne montres ne serait-ce qu'un peu d'hésitation. Tu le sais. Ils ne sont pas méchants. Même si ton espèce est sauvage, même si vous avez une toute autre réputation, tu le sais. Eux, en plus de cela, sont habitués à l'Homme, ce qui te conforte dans ton idée que, quoi qu'il arrive, tu ne crains absolument rien. Tu n'y as, d'ailleurs, pas même songé un seul instant. L'aileron apparaît, brisant le calme de la surface. Il tourne un peu, forme des cercles sans trop oser s'approcher dans un premier temps. C'est à ce moment que tu te décides à pénétrer complètement dans l'eau, que tu te laisses submerger par cette enveloppe à la fois glaciale et réconfortante. Comme à la maison. Tu avances dans l'eau, nage jusqu'au milieu de la cuve pour lui laisser le loisir de te tourner autour afin de mieux t'examiner et de jauger si, oui ou non, tu es une menace. Ton regard vient un instant se poser dans celui de l'homme qui observe la scène depuis le bord, avec presque autant de fascination que toi. Tu lui souris, tes lèvres se mouvant sans pourtant qu'aucun mots n'en sortent... "Merci." Et tu disparais doucement, plongeant en piquée dans ce nouvel inconnu qui s'étend sous tes pieds.
Le Mako toujours présent à tes côtés s'enfonce dans l'eau en même temps que toi, s'approchant légèrement plus, jusqu'à ce que, d'un petit mouvement de main, tu puisses le toucher. Tu n'en fais rien, néanmoins, te contentant simplement d'observer toute sa splendeur et de plonger ton regard dans le fond du sien. Une femelle. Une fille. L'émotion te submerge alors, car tu te rappelles toutes celles que tu as engendrées et que tu as perdues. Tes enfants. Tes filles. Disparues. Loin. Pas une ne demeure dans ce bassin, tu le sais, bien que tu l'avais grandement espérée. Et, comme si elle avait sentie cette soudaine détresse, la créature s'arrête à côté de toi, figée dans le temps. C'est à ce moment que tu comprends qu'elle te le permet, que tu as le droit, d'enfin la toucher. Ta main vient alors délicatement glisser sur sa peau et tu sens ton cœur manquer un battement. Tout cela te manquait tellement.. et tu donnerais tout pour pouvoir nager à ses côtés sous ta véritable forme... Cependant, tu sais qu'il s'agit là d'un honneur, que ce privilège qu'elle te fait n'est pas insignifiant.. alors, tu saisis doucement cet aileron qu'elle t'offre, t'agrippe à celui-ci tandis que ton corps se rapproche du sien, que ton bassin vient effleurer le bas de son ventre. Tes sens sont en éveil et tu te forces, plus que jamais, à bien canaliser les battements de ton cœur pour contenir, au mieux, ta respiration. Encore 12 minutes. Elle t'entraîne plus profondément, nage doucement de façon à ce que tu ne te décroches pas. Chacun de ses mouvements semblent tout spécialement s'adapter à cette aspect humain que tu arbores, à cette enveloppe charnelle qui n'est pas complètement toi. Tu te laisses glisser alors, doucement, lentement.. ferme les yeux un instant, te sent à nouveau chez toi, comme autrefois...
Si elle est comme toi, tu sais à quel point pouvoir nager dans le bassin a une importance à ses yeux, à quel point elle souhaite y aller. Tu songes au fait que tu ne la vois que depuis peu dans les parages, tu as entendu parlé d'une deuxième lune rouge alors peut-être qu'elle est là depuis quelques mois... Tu te souviens de ce que tu as ressenti la première fois que tu as dû marcher, que tu as du t'adapter à la condition d'humain et tu ne peux que la comprendre. C'est sûrement pour ça qu'une connexion aussi folle règne entre vous. Tu sors de tes pensées lorsqu'elle te répond ne pas avoir besoin du masque et du tuba. Aurait-elle les capacités pour respirer sous l'eau comme dans sa forme d'origine ? Tu hausses un sourcil; un peu perplexe mais elle enchaîne en te disant qu'elle doit juste penser à remonter. Cette réponse t'arrache un fin sourire au visage alors que tu acquiesces d'un geste de la tête. Tu n'es pas rassuré complètement, songeant à l'idée qu'elle puisse se noyer mais tu ne laisserais jamais une telle chose arriver de toute façon. Elle te montre alors un petit objet, un cadran qui lui permet sûrement de surveiller le temps qu'elle passe dans l'eau. .« Alors je te fais confiance...» Que tu lui réponds, doucement et sincèrement. Quelque peu gêné de la suite, ton regard se détourne d'elle afin de la laisser se dévêtir sans lui mettre aucune pression. Enfin... Tu ne sais pas à quel point elle a adopté un comportement humain, à quel point elle s'en rapproche et donc si elle peut être gênée d'avoir un regard posé sur elle pendant une telle action. Tu l'as appris à tes dépends depuis ton arrivée ici.
Elle te donne alors son prénom tout en s'avançant vers la plateforme. Tu ne peux t'empêcher de la regarder de nouveau. Lilith... La phrase qu'elle ajoute à la suite te fait froncer les sourcils. Les humains avaient bien cette fâcheuse tendance à nommer les animaux comme bon leur semble. Tu as fait pareil avec Hope, c'est vrai mais au moins c'était un prénom glorieux, plein d'espoir... Alors que le sien semble plus obscur, relié à une origine presque diabolique. Pour ce que tu en sais car depuis que tu es devenu un homme, tu as décidé d'en apprendre le plus possible pour te fondre dans la masse. Alors oui, tu connais l'origine du prénom Lilith et tu trouves qu'elle ne ressemble en rien à un démon mais plutôt à un ange tombé du ciel. Ou plutôt remontée de l'eau. Elle t'appelle alors par ton nom de famille, tu penches la tête sur le côté avant de lui répondre.« Bruce.» Que tu lui dis simplement avant de descendre d'un pas dans l'escalier. Elle te demande si tu viens avec elle mais tu ne veux aucunement empiéter sur ce moment si crucial pour elle. Mais de toute façon, tu vois bien que ta réponde n'a pas d'importance pour l'instant. Son regard se porte plutôt dans les ondulations dans l'eau, sous ses pieds. Un Mako s'approche d'elle, ce qui la conforte dans son envie de plonger. Un sourie doux sur ton visage, tu la regarde se submerger, un petit pincement au coeur qui te rappelle la première fois que toi aussi tu as pu revoir tes semblables.
Un spectacle magnifique se déroule sous tes yeux alors que Lilith se fait découvrir par le requin, qui lui tourne autour. Tu ne perds pas ton sourire car tu sais qu'il ne lui arrivera rien, qu'elle n'est aucunement une menace pour eux, bien au contraire. Elle finit par descendre dans le bassin et d'un pas légèrement pressé, tu descends l'escalier afin d'avoir une meilleure vue sur la totalité du bassin. Et surtout sur la communion entre Lilith et la femelle Mako, une communication qui ne peut se faire aussi facilement entre un humain et un requin. Tu sais, à cet instant, qu'il n'y a plus aucun doute. Elle est comme toi. Ce sentiment crée une émotion nouvelle en toi que tu ne saurais décrire mais à cet instant, tu ne te sens plus seul. Tu te sens presque chez toi. Ta main vient se poser sur la vitre qui te sépare de l'eau alors que tu suis Lilith du regard alors qu'elle plonge aux côté de sa semblable. Tu sais exactement ce qu'elle ressent à cet instant. D'ailleurs, un des autres Mako s'approche de toi, ton regard croisant ces prunelles sombres alors qu'il longe la vitre, suivant tes mouvements. Tu les côtoies souvent, tu leur parle souvent sans savoir s'ils te comprennent... Un léger sourire aux lèvres, tu places ton visage contre la vitre à sa hauteur. «Va... Rejoins ta famille. » Oui parce que si Lilith n'a peut-être pas de lien direct avec eux, ils sont comme sa famille, comme Hope peut l'être pour toi. Tu poses un regard rassurant à la fois sur Lilith et sur le Mako près de toi qui finit par s'éloigner pour rejoindre sa soeur et donc la jeune femme. Tu observes toujours la scène, le cœur assez lourd. Qu'est-ce que tu aimerais leur rendre la liberté, les voir nager dans la mer de nouveau. Ta main qui était à plat sur la vitre se serre alors un instant mais dès lors que tu regardes de nouveau Lilith, tu t'apaises. Les minutes défiles, tu alternes ton observation sur le spectacle qu'elle t'offre mais aussi sur ta montre, surveillant avec attention le temps qui passe. Prêt à remonter et à plonger si tu voyais Lilith en difficulté. Mais tu lui fais confiance. Tu sais qu'elle se contrôle et tu espères aussi qu'elle sait qu'avec toi à ses côtés, elle ne devrait plus entrer par effraction, elle ne devrait plus enfreindre les règles et qu'elle pourrait revenir nager quand elle veut tant que tu lui permettras.
Elle ne t'emmène pas au fond de la cuve, reste à distance suffisante de la surface car elle sait que tu auras sûrement besoin de remonter. L'intelligence de ton espèce a toujours été très souvent sous estimé mais, la plupart d'entre vous avez côtoyer beaucoup d'humains et, même si il ne s'agissait que de simples observations, vous aviez assimilé certaines choses importantes. Comme le fait qu'ils n'arrivaient à respirer sous l'eau évidemment, mais aussi que leur corps supportait difficilement la pression, le froid et qu'ils ne pouvaient remonter aussi rapidement que vous par risque de voir leurs poumons endommagés. Ton impétuosité, d'ailleurs, t'avait valu les désagréments que l'Homme ressent lorsqu'un accident de décompression survient. A l'époque, tu avais du mal à comprendre ce qu'il t'arrivait - et c'était encore parfois le cas. Tu n'arrivais pas à complètement réalisé que ta condition de requin n'était plus que du passé et que ton corps avait désormais, non seulement l'apparence de celui d'une humaine, mais également ses faiblesses. Et si, par chance, les dégâts pour toi n'avaient été que minimes, tu savais désormais qu'il était extrêmement dangereux de vouloir plonger trop profondément sans l'équipement humain nécessaire. Sous cette eau glaciale tout te semble si silencieux, si parfait. Ils nagent, autour de toi, à la fois curieux et intrigués par cette présence étrangère mais aussi familière. Car, si toi ne parvenais à lire clairement en eux, eux, en revanche semblaient sonder ton esprit et tes pensées à chaque minutes supplémentaires passées dans leur royaume. Si beaucoup d'entre eux sont nés ici, dans cette cuve et en captivité ce n'est pas le cas pour tous. Tu avais suffisamment passé de temps devant cette cuve et ses nombreux écriteaux pour savoir lesquels parmi eux ne connaissaient pas les joies d'une vie libre et sans humains. Ceux qui étaient ici par captures avaient été sauvés, ou du moins c'est ce que les humains disaient, et ne semblaient pas suffisamment forts et en bonne santé pour reprendre un semblant de vie sauvage. Des nageoires estropiées pour certains, des sens abîmés pour d'autres. Tout comme eux tu avais jadis été blessée et, tout comme eux, ton corps, bien qu'il soit différent, possédait toujours les stigmates de ton passé et de ces nombreuses rencontres avec ceux qu'autrefois tu aurais si aisément tués. Souvenirs marquants, souvenirs blessants d'une vie tourmentée et emplie de tourments..
Tes mains glissent, ça et là sur le flanc de ses splendides créatures qui font connaissance avec toi. Il ne te faut pas longtemps pour rapidement comprendre que ton guide est celle qui domine, celle qui dirige cette horde si singulière et si inhabituelle pour les membres de ton espèce. Les Mako n'avaient pas pour habitude d'être en groupe, bien au contraire. Ils vivaient et chassaient la plupart du temps en solitaire, voguant au grès des courants marins et de la nourriture. Mais eux, de part cette captivité, - et sans doute uniquement à cause de cela - ils avaient appris à être solidaires et à vivres ensemble. Comme toi et ta famille, autrefois. Le contact s'établi assez facilement et rapidement, tu te laisses bercer et emporter par chacun d'eux. Certains sont beaucoup plus brusques que d'autres mais tu t'efforces de toujours adapter tes mouvements, nageant avec lenteur pour qu'aucun de tes gestes ne paraissent menaçants. Tu es en confiance, une grande partie d'eux aussi sans nul doute mais, tu sais aussi que les choses peuvent aller très vite et que, quoi qu'il arrive, quoi qu'ils puissent sentir émaner de toi, tu gardes cet aspect humanoïde qui les effraies et dont ils se méfieront toujours.
Les secondes passent, les minutes s'écoulent. Tu prends soin de contenir ton air, de remonter lorsque c'est nécessaire puis, sans attendre de replonger quasi instantanément. Tu ne veux pas perdre une minute, tu ne veux pas écouler ne serait ce qu'une seconde de trop pour cette futilité qui est de reprendre ton souffle à la surface. Mais le froid de la cuve, tu le sais, est tout aussi clément que celui de l'océan et tu sens que, bientôt, tu ne pourras plus le supporter. Alors c'est un peu à contre cœur que tu remontes mais, le visage de Bruce derrière la vitre suffit à te le réchauffer, à rendre cette "séparation" un peu moins douloureuse. Parce que, oui, peut-être que tu quittes les requins, mais... tu pars en retrouver un. La Mako qui te guide depuis toute à l'heure t'accompagne jusqu'à la surface, te permet de remonter avec un peu plus de facilité car tu sens déjà tes muscles s'engourdirent à cause du froid. Si seulement ta peau pouvait réguler, si seulement ton organisme pouvait tolérer cette différence de température.. Gérer ta respiration n'était plus un problème mais le froid.. ce froid qui te transperçait les os.. tu ne pouvais rien y faire... ou du moins, c'est ce que tu pensais pour le moment. C'est littéralement frigorifiée et toute tremblante que tu regagnes la surface de l'eau, tes dents claquant les unes contre les autres, tes lèvres légèrement bleuies. La femelle te guide avec douceur jusqu'au rebord par lequel tu l'as rejoint et te laisse le temps de l'attraper et de te hisser sur celui-ci. Tu trembles toujours mais ton sourire est si lumineux et ton cœur tellement empli de joie que l'hypothermie dans laquelle tu te trouves te semble alors bien anodine. Et, si tu t'écoutais.. sans doute aurais tu replonger avec elle..
Bruce revient auprès de toi, pousse la porte de la pièce en voyant que tu ne replonges pas. Ça.. v-va.. J'ai.. juste un peu f-froid. Que tu lui déclares doucement toute tremblante comme pour répondre au regard inquiet qu'il te lance. Oui. Tu vas bien. Malgré le fait que tu grelottes comme une forcenée et que tes muscles soient tout engourdis à cause du froid. Tu ne t'étais, d'ailleurs, jamais sentie aussi bien depuis que tu t'étais échouée ici. J-Je crois que.. ce c-corps n'est .. v-vraiment pas adapté.. aux.. températures de l'eau.. Tu souris avec autant de douceur qu'il t'es possible de le faire dans ton état, riant même très faiblement entre deux bégaiements de froid.
Le spectacle qui se déroule devant tes yeux te semble irréel tant il est beau, majestueux et te fait penser à une danse que tu n'as pas eu la chance d'observer depuis si longtemps. Lilith semble parfaitement à l'aise, plongée dans son élément et maintenant il n'y a plus la place pour un quelconque doute quant à ce qu'elle est, à ce qu'elle peut représenter à tes yeux. Elle est comme toi. Tu as enfin trouvé quelqu'un qui te ressemble, quelqu'un qui peut te comprendre de A à Z. Tu ne penses pas avoir ressenti autant d'émotion depuis ton arrivée ici ou même pendant ta vie de de squale... D'ailleurs tu es étonné alors que ton regard ne fait que suivre cette balade marine, une sensation d'eau salée vient se loger jusqu'à tes lèvres. Tu n'es pourtant pas dans le bassin et en aucun cas il est possible que de l'eau parvienne jusqu'à toi... Tu t'avançant légèrement vers le bassin, tu remarques qu'une larme s'écoule lentement le long de ta joue. C'est donc ça... Ta main vient rapidement balayer cette larme sans réellement comprendre à quoi elle peut bien correspondre. Les humains pleurent selon les circonstances, c'est ce que tu as appris. Parfois de tristesse quand ils perdent un être cher, quand ils font face à des épreuves difficiles... Ou alors de joie, quand ils sont face à des êtres aimés, face à des événements heureux dans leur vie. Tu comprends que pour toi, c'est un mélange des deux. Un mélange à la fois si doux et amer.
Tu secoues la tête, désireux d'encore profiter, de voir cette nage alors que ton regard croise celui de Lilith. Dans ses yeux tu peux lire bon nombre de choses, tu comprends aussi qu'elle a malheureusement atteint les limites que son corps peut lui permettre de supporter. Tu t'empresses alors de retourner là où tu l'avais laissée lorsque tu remarques qu'elle ne redescends pas. Tu croises d'ailleurs le regard du Mako que tu as vu quelques instants plus tôt qui te laisse entendre qu'elle a besoin de toi. Tu fais donc au plus vite, comme tu le peux vu ton âge ici... Tu la vois, tremblante mais souriante. Comme ce mélange doux et amer que tu as ressenti en la voyant, elle est confrontée à sa condition d'humaine mais si heureuse d'avoir pu retourner auprès des siens... Elle te rassure en disant qu'elle a juste froid mais tu la rejoins bien vite, peu rassurée de la voir si fragile face à la température. Les humains sont toujours pleins de surprises mais tu as encore du mal à t'adapter à leur corp et à ce qu'il peut subir ou non... Et pourtant tu es dans cette condition depuis un moment. Elle beaucoup moins...
Et même si elle essaye de te rassurer, tu n'hésites pas longtemps avant d'enlever ta veste et de la poser sur ses épaules tremblantes. C'est un regard doux et rassurant que tu poses sur elle alors qu'elle ajoute que son corps n'est pas adapté. Il est bien malheureux que non... Et encore, elle est jeune, toi, tu ne peux que rarement reste longtemps dans l'eau à cause de ce corps vieillissant, laissant peut de chance à l'aventure. Tu passes tes bras autour d'elle afin de resserrer un peu l'étreinte du tissu pour qu'elle puisse se réchauffer. Tu pousses un léger soupir, si seulement vous pouviez être vous même... Vous n'auriez pas ce problème. « Avec de l'entrainement et de l'équipement, on peut améliorer cette idiote condition d'humain...» Que tu souffles avant de tourner la tête pour la regarder. Tu analyses ton visage, à la recherche de potentiels risquent d'hypothermie grave mais ça semble se stabiliser doucement. Tu ne lui demandes pas vraiment l'autorisation pour la relever avec toute la douceur que tu peux, ne voulant pas la brusquer. « Accepte-tu de venir dans mon bureau pour te réchauffer ? Les couloirs sont frais aussi...»
Tu as vu qu'elle se méfiait auparavant et tu préfères t'assurer qu'elle accepte. Tu attrapes cependant ses vêtements que tu lui tends même si ta veste peut clairement faire l'affaire pour cacher ses formes mais peut-être qu'elle préférerait s'habiller. Tu affiches un léger sourire, heureux de la voir comme ça, si heureuse et épanouie. Ce sentiment que tu sembles partager d'ailleurs car tu sais ce qu'elle a pu ressentir dès l'instant où sa peau a eu un contact avec l'eau. Tu plonges une nouvelle fois ton regard ému dans le sien, restant silencieux un instant avant d'ajouter dans un chuchotement. « Je te promets que tu pourras revenir quand tu en as envie ou besoin. La porte sera toujours ouverte pour toi. »
Tu lis assez facilement dans son regard qu'il a l'air inquiet de ton état, ayant sans doute plus l'habitude que toi de gérer ce genre de choses. Néanmoins, tu es surprise de voir qu'il déboutonne sa veste pour venir la glisser sur tes frêles épaules avant de, délicatement enrouler ses bras autour de toi. Tu te crispes, un peu. Parce que ce rapprochement soudain te perturbe beaucoup, te fait perdre tes moyens... Tu hésites même à mordre ce bras qui t'enserre, car c'est la réaction que tu aurais eue dans n'importe quel autre contexte, avec n'importe quelle autre personne... Mais Bruce, n'était pas n'importe qui. Il ne l'avait jamais été, tu l'avais toujours senti. Et, aujourd'hui plus que jamais, tu te sentais intimement liée à lui. Tu pouvais sentir, ressentir tellement de nouvelles choses avec ce contact... Son parfum chatouiller ton nez, son souffle caresser ta joue, son cœur.. battre contre ton dos. Je.. Il t'arrive très souvent de perdre tes mots, tant le langage des humains te fait parfois défaut. Mais c'est la première fois que tu es muette à cause de quelqu'un, comme ça. Que tu ne sais pas quoi dire, quoi faire, ou comment réagir face à une situation. A mi chemin entre l'envie de fuir, celle de rester, celle de l'enlacer, plus fort encore... J'ai appris, un peu... Que tu parviens à dire après avoir rassembler tes pensées. A contrôler le souffle, surtout. Même si, en cet instant tu n'arrives pas à calmer les battements de ton cœur. Et après avoir failli mourir beaucoup de fois. Tu avoues, en souriant. Parce que la situation est cocasse et qu'il y avait sûrement été confronté lui aussi, à son arrivée. Ma peau me manque.. Que tu souffles à ton tour, une pointe de nostalgie et de tristesse dans le fond de la voix, tes doigts - cachés sous la veste de Bruce - glissant le long de la cicatrice présente sur ton flanc gauche. Tu trembles encore un peu, même si le vêtement et sa proximité t'aide grandement à te réchauffer. Et, lorsqu'il tente de te redresser avec douceur, c'est tout naturellement que tu te laisses attirer à lui, dépliant lentement tes jambes en même temps que les siennes. Te voilà à nouveau debout, lui, toujours contre toi bien que la distance semble moins proche maintenant que vous vous êtes relevés. Tu frisonnes, tes jambes flagellent un peu mais cette source de chaleur, derrière, te permet d'éviter l'hypothermie. Lorsqu'il te demande si tu es d'accord pour aller dans son bureau tu hoches doucement la tête, acquiesçant tandis que ton regard se noie désormais dans le sien. C'est à ce moment qu'il décide de se détacher de toi, abandonnant son étreinte pour récupérer tes vêtements roulés en boule sur le sol. Tu les observes, un bref instant, les maudissant d'être la cause de cette séparation avant de finalement t'en saisir, sans pour autant les enfiler. Ils ne serviraient à rien, de toute façon, et vouloir mettre des vêtements alors que tu es encore à moitié trempée te ferait sûrement perdre patience. Tu les gardes contre toi, donc, ta tête légèrement inclinée vers lui tandis qu'il te garantit que tu pourras revenir quand tu le souhaites, que, dès que tu en éprouves le besoin il sera là, pour toi, pour ça. Vous viendrez avec moi, la prochaine fois ? Parce que, ce moment, tu voulais aussi le partager avec lui. Parce que, vous étiez fait des mêmes vagues, du même océan et que, nager avec lui serait finalement comme nager avec eux... Ton regard glisse alors jusqu'à l'eau du bassin tandis qu'un sourire se dessine sur tes lèvres. Ils vous aiment bien, vous savez. Et vous n'avez rien à craindre d'eux, même si ce n'est pas votre espèce. Sans doute qu'il le savait. Mais sans doute qu'il respectait ça, aussi. Cette différence, cette barrière. Dans les profondeurs la cohabitation n'était pas toujours évidente même si, la plupart du temps, les différentes espèces ne se rencontraient que très peu. Toi, en revanche, tu avais longtemps cherché les autres, tu les avais longtemps chassés, aussi. Même des grands requins blancs, d'ailleurs... Nombreuses étaient les espèces de tes frères et sœurs requins que tu avais massacrées.. Ils m'ont bien acceptée... moi. Car oui, tu étais différente d'eux, dans une certaine mesure. Une version améliorée de ce qu'ils étaient, de ce qu'ils représentaient. Un super prédateur, une arme de destruction massive, un colonisateur impitoyable et dont il est très difficile de se débarrasser. Avec le recul, tu avais honte de cela. Honte de ce que tu étais devenue. Honte, de ce qu'ils avaient fait de toi... Car dans ta folie vengeresse et ton désire de survie, tu avais mis à mal l'entièreté de ton univers. Exterminant de nombreuses espèces, empêchant beaucoup d'autres de se nourrir de par votre multiplication incessante. Ton regard se perd, un instant, l'esprit divaguant sur le flots de tous ces souvenirs qui t'envahissent malgré toi. Tu te mords la joue, car tu aimerais dire beaucoup de choses mais que tu n'oses pas... Par crainte d'être rejetée, sans doute.. si il venait à découvrir tout ce que tu avais fait.
Tu te veux rassurant le plus possible même si ne peux t'empêcher, aussi, de te montrer peut-être trop avenant et protecteur mais c'est plus fort que toi. C'est la première fois que tu ressens autant de choses en si peu de temps et tu sais que c'est elle la cause, que c'est elle qui te perturbe et te fascine. C'est elle qui change ton regard sur le monde et t'offre un nouvel espoir, elle qui te fait enfin oublier cette maudite solitude qui t'étouffe depuis de longues années. Elle est différente des autres et tu as peur qu'elle disparaisse de la même manière qu'elle est apparue dans ta vie. Tu en oublies même un peu son instinct primaire qui semble encore bien présent en elle en la prenant contre toi de la sorte mais tu n'as pas peur d'elle. Tu prendrais n'importe quel risque pour la sentir contre toi, pour ne plus jamais la lâcher. Tu esquisses un doux sourire en remarquant à quel point elle avait du mal à parler en ta présence. Enfin, tu n'as aucune idée si c'est vraiment toi la raison mais tu voudrais qu'elle puisse se sentir elle-même à tes côtés. Tu lui laisses tout le temps nécessaire pour qu'elle te réponde, restant patient et à l'écoute. Tu fronces légèrement les sourcils lorsqu'elle ajoute avoir failli mourir à plusieurs reprises même si tu connais ce sentiment même si toi aussi tu as été dans la même situation... Tu n'as aucune envie qu'elle se meure, jamais. D'ailleurs tu ne peux t'empêcher de resserrer tes doigts contre sa peau l'espace d'un court instant, frileux de ne plus pouvoir la sentir si jamais elle venait à disparaître. « Ce monde nous a pris beaucoup... Il nous a enlevé à notre réalité mais tu sembles bien mieux acclimatée que je n'ai pu l'être depuis des années. »
Tu soupires légèrement plus par nostalgie qu'autre chose. Parce qu'il est vrai que ta condition d'humain te hérisse les poils et tu as encore bien du mal à t'adapter à tout ça... C'est la vérité, tu n'as jamais réussi à tenir aussi longtemps qu'elle sans équipement et tu es certain qu'elle pourra aller bien plus loin que tu ne pourras jamais. Elle récupère ses vêtements que tu ne voulais pas laisser là mais tu ne peux accepter de rester loin d'elle plus longtemps car tu la vois encore trembler. Tu reviens donc contre elle, serrant un peu plus le manteau contre elle pour qu'elle puisse se réchauffer. Tu te mets aussi à marcher en direction de ton bureau mais ton regard ne quitte que rarement Lilith. Tu penches la tête alors qu'elle te demande si tu te joindras à elle la prochaine fois. Tu vague sourire songeur se dessine sur ton visage. Tu ne sais pas vraiment quoi lui répondre mais ce que tu sais c'est que tu as bien du mal à lui refuser quoi que ce soit. Tu laisses un temps avant de répondre et d'ailleurs elle ajoute que les Makos t'apprécient et que tu n'as rien à craindre. Tu n'en as jamais douté mais tu as aussi toujours respecté chaque individu présent dans chaque bassin de l'aquarium, ne voulant jamais t'imposer dans leur environnement. Tu acquiesces alors d'un geste de la tête. « Si c'est ce que tu désires, je viendrais. » Pas que tu n'en aies pas envie mais tu ne voudrais surtout pas briser ce lien spécial qu'elle entretient avec eux. Tes pas continuent de vous guider vers ton bureau mais la phrase qu'elle ajoute t'arrête dans ta marche alors que ton regard se pose sur elle, sur son visage qui semble plongé dans des pensées et des souvenirs que peu joyeux.
« Pourquoi ne t'auraient-il pas acceptée ? Tu es de leur famille. Comme je suis de la tienne aussi. » Tu as un ton sincère et doux mais tu vois dans ses yeux qu'un doute persiste. Tu sais que ton espèce ou la sienne ont parfois fait des choses terribles et même si tu n'imagines pas vraiment ce qu'elle a pu faire dans sa vie d'avant, tu es certain qu'elle devait avoir une raison comme toi tu en avais à l'époque. Tu lui offres alors un sourire doux et chaleureux pour la rassurer. « Les erreurs de notre passé ne doivent pas nous définir entièrement. » Tu plonges ton regard dans le sien sans sourciller, sans battre un seul cil.« Encore moins pour nous qui étions vus comme de vulgaires bêtes aux yeux des Hommes. » Et tu te remets alors à marcher, ton bureau n'étant plus très loin d'ailleurs. Tu pousses la porte de celui-ci en la laissant y entrer d'abord alors que tu lui emboîtes le bas. Ton bureau est plus chaud que le reste de l'aquarium. On y trouve de nombreux tas de feuilles et de livres en tous genre mais que peu d'effets personnels. Tu n'en as jamais vraiment eu et ce n'est pas parce que tu es maintenant humain que tu portes une attention à ce qui est matériel. Sans la lâcher totalement, tu la conduis vers la chaise face à ton bureau, désireux qu'elle puisse se reposer un moment mais sans pour autant la forcer à s'asseoir si elle n'en a pas envie. Ou si, comme toi, elle n'a pas envie de laisser cette étreinte s'évanouir tel un souvenir.
Ton regard s'assombrit alors, à l'instant où la question franchit la barrière de ses lèvres, à l'instant où elle parvient jusqu'à tes oreilles. Je.. Si tu marques une longue pause dans ta phrase, lui, remarque ta détresse et vient rapidement à ton secours, s'essayant d'être le plus rassurant possible. Ils sentent... tellement de choses.. Tu pouvais t'en rendre d'autant plus compte, maintenant que tu étais différente d'eux. Tu pouvais le voir, dans leurs yeux. Tu pouvais le ressentir, tout comme eux. Parce que oui, tu étais peut-être de la même famille. Oui, tu t'étais toujours considérée comme un membre de cette espèce. Mais tu n'avais jamais été, eux. Tu n'avais jamais été cette version d'eux, cette espèce plus primitive, plus craintive, plus... faible. Plus sensible.Beaucoup.. sont morts. Tu te crispes, légèrement plus, agrippe son bras entre tes frêles doigts. C'était la première fois que tu t'exprimais à ce sujet, la première fois que tu revenais sur ton passé. Il n'avait jamais été douloureux, à ce point. Parce que, dans le fond, tu ne t'étais jamais rendue compte de tout le mal que ton espèce évoluée avait pu causer. L'humanité te rendait sans doute plus émotive, plus.. compatissante. La fureur t'avait tellement aveuglée pendant toutes ces années.. cette envie de vivre, cette rage de se faire entendre.
La chaleur de son bureau t'enveloppe comme l'étreinte de ses bras et, bien que ce soit déjà le cas depuis plusieurs minutes maintenant, tu te rends compte, enfin, que tu as arrêté de trembler. Néanmoins, tu gardes cette proximité, tu te resserres même un peu plus contre lui, par crainte qu'il ne s'éloigne... Je.. suis.. différente. Ton regard se relève doucement, se glisse avec timidité et délicatesse dans le sien. J'étais... avant. Car oui, tu l'étais maintenant, évidemment que tu l'étais. Tout comme lui.. Un requin, mais pas comme eux. Tu émets certaines réserves à en parler, même si tu sais, tu sens, que tu peux lui faire confiance et qu'en dépit de tout, il pourrait te comprendre. Mais tu as peur, tu es terrifiée à l'idée de perdre cette bouée de sauvetage qui vient d'apparaître au beau milieu de cet océan déchaîné dans lequel tu te noies. Alors, encore une fois, tu viens chercher cette chaleur familière qui émane de lui. Tu te serres, contre lui, cache ton visage dans les plis de sa chemise à demie trempée. Ne me détestez pas. S'il vous plaît, ne me détestez pas.Et j'étais comme ils disent. Aussi méchante. Eux, les autres requins, ne l'étaient pas vraiment. Lui non plus, certainement. Mais toi... vous.. Des monstres. Si l'évolution de ton espèce n'avait été qu'une simple réponse aux conditions de vie dans lesquelles vous étiez, tu as pris conscience de la gravité de ce qu'elle pouvait représenter pour le reste de l'écosystème marin. Vous n'auriez peut-être pas pu influencer le monde des Hommes avant plusieurs centaines d'années mais, en quelques mois à peine, votre prolifération massive avait déjà mise en périls la plupart des mers et des océans. Un génocide. Un génocide colossale et monstrueux. Tu avais tués beaucoup plus des tiens que d'humains d'ailleurs, ceux de ta propre espèce, de ta propre famille..
Tu relâches la pression que tes bras exercent et te détache lentement de lui. Pas parce que tu ne veux plus de cette étreinte, pas parce que tu veux sciemment t'éloigner de Bruce mais parce que tu as l'impression d'étouffer, soudainement. Ce poids qui enserre ton cœur et le fait résonner jusqu'à tes tempes. Le poids de toute cette culpabilité qui te revient en plein dans la figure comme une vague de cinq mètres de haut. L'humanité te faisait prendre conscience de beaucoup trop de choses. Cet esprit, cette façon de réfléchir, de penser.. Tu n'étais pas habituée à tout cela et, même si tu avais toujours fait preuve d'une adaptation à ton environnement exceptionnelle, tu avais énormément de mal à t'acclimater à elle. A cette humanité. Car la culpabilité te ronge, désormais, tandis qu'autrefois, tu te contenais de survivre et de penser aux tiens, et uniquement aux tiens. Ici aussi, tu avais ce goût à la survie, ici aussi, tu avais cette rage de te battre... mais il y avait toute une foule de nouveaux sentiments qui émanaient chaque jours. Des pensées, nouvelles, qui affluaient à longueur de temps. Des réflexions, des doutes, des angoisses.. que tu n'avais jamais connues jusque là. Être humaine. Comment s'adapter à cela ? Comment, ne serait-ce que... survivre à cela ? Comment.. avez vous fait.. Ta voix tremble légèrement alors que tu lui tournes le dos, tes yeux vaguement posés sur son bureau. C'est.. tellement difficile de s'adapter à tout.. à toutes ces émotions. Parce qu'à chaque fois que tu les observes nager, à chaque fois que tu les vois, dans leur bassin.. tu penses à toutes ces vies que tu as prises. Tu penses à toutes ces sœurs, tous ces frères que tu as décimés. Et la culpabilité te ronge, le dégoût de toi-même fait surface, l'incompréhension la plus totale t'envahie... Et.. en même temps.. Je ne veux plus être comme avant. Ce monstre, cette horreur qu'ils ont, certes crée, mais que tu as perpétuellement engendré.
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