we are the future (viktor)

((we are the future))

feat @Viktor Kovalyov  

Un fin sourire satisfait se dessine sur les lèvres du présentateur, dont les traits du visage se déforment pour prendre un air tout aussi satisfait. Pour ce qui doit être la centième fois depuis qu’il est ici, il pose son regard sur l’écran de son cellulaire, admirant avec fierté ce qu’il considère comme une très grande victoire, et observe attentivement les images retransmises par les caméras placées dans le véhicule de son chauffeur. Elles ne lui font pas justices, mais ce n’est qu’une question de minutes avant qu’il ne franchisse le pas de la porte et qu’une version bien plus fidèle se présente pour lui tenir bonne compagnie - peut être bien pour toute la nuit, si la chance continue de lui sourire. Il avait dit qu’il ne lui accorderait que deux heures, mais il avait aussi dit qu’il ne viendrait pas, originellement… Vincent croit en ses capacités de persuasion. Avec ou sans hypnose, il prouvera au Kovalyov qu’il mérite son temps, tout son temps.

À la fois par impatience et fébrilité, le Xenon ne peut s’empêcher de taper du pied sous la table du restaurant étoilé, qu’il a pu, de justesse, réserver entièrement pour eux - à un prix certes exorbitant, mais justifié au vu de l’endroit. Ce soir il a pris d’énormes risques, il est parfaitement conscient de ce que son audace aurait pu lui coûter, mais il est arrivé au point où elle lui est nécessaire. Vincent ne peut plus prendre son mal en patience, se contenter d’observer de loin un homme qui le fascine et crée en lui un sentiment qu’il ne pensait pas possible ne lui suffit plus. Il lui en faut plus, comme toujours.

Pourtant, il ne croyait pas pouvoir être affligé d’un tel mal, pas aussi rapidement. Il se savait obsessionnel, même s’il préférait largement le terme passionné, mais il ne pensait pas faire la rencontre d’un être qui l’obnubilerait autant ici aussi. Et au-delà d’être une nouvelle obsession sur laquelle il peut fixer toute son attention, Viktor est différent de toutes celles qu’il a pu avoir par le passé.

Cette conférence scientifique, qui avait scellé leur destin, avait été aussi barbante que quelconque. Elle avait regorgé d’imbéciles qui se prenaient pour des génies bien-pensants, mais qui n’avaient pas la moindre idée de ce que devait être le futur. Aucun n’avait su marquer le présentateur, qui avait pendant de longues heures craint d'avoir fait le mauvais choix en s’y rendant, mais qui avait au moins pu se rassurer en faisant la rencontre de ses futurs compétiteurs. C’est le Kovalyov qui avait rattrapé le QI général de l’assemblée, qui restait négatif même combiné. Vincent se souvient encore de la présence d’esprit dont il avait fait preuve, mais surtout de ses idées, oh ses idées... Elles étaient différentes de toutes celles qu’il avait dû supporter tout du long de la conférence, marquantes et révolutionnaires, mais surtout, elles sortaient de la bouche d’un homme qui était tout aussi charmant que ses pensées.

C’est pour ça qu’il se différenciait tant de toutes ses autres obsessions. Alors que Alastor n’avait pas su faire preuve de modernité, et que Valentino n’avait pas les idées mais le physique, Viktor réunissait tout ce qui leur manquait. Et lorsqu’il s’imposerait dans un monde qui avait clairement besoin d’un homme comme lui, avoir Viktor à ses côtés serait un atout phénoménal.

Le revoir ce soir, surtout habillé de la sorte, ne fait que lui confirmer qu’il a eu raison de porter son attention sur lui. Pas besoin d’un sixième sens pour remarquer qu’il est enfin là, son arrivée semble illuminer la pièce. Immédiatement, ses yeux se portent sur Viktor et son escorte, qui se tient un peu trop près de lui à son goût. Le temps qu’il met pour arriver à leur table lui semble infiniment long, mais lui permet au moins de l’admirer, alors que les baies vitrées du restaurant permettent à la lune de se refléter sur son visage et d’accentuer sa pâleur. Ce teint blafard et ses yeux cernés, il a appris à les aimer, mais surtout à les admirer. Ils sont la preuve de son travail acharné et de la dévotion qu’il a pour ce qu’il entreprend. Dévotion qu’il ressentira un jour pour lui...

Quand il est finalement trop près pour que le Xenon puisse le contempler sans que cela ne paraisse étrange, il dépose au coin de la table son téléphone. Avant de s’extirper de sa chaise, avec une impatience qu'il ne cherche plus à cacher, il s’assure de le poser face contre table. « Quel plaisir de vous revoir enfin, vous savez comment vous faire désirer ! », plaisante-t-il à moitié. Il y’a derrière ses mots, qui sont pourtant d’apparence innocentes, une toute autre signification qu’il est le seul à pouvoir saisir. Vincent jette un regard sans équivoque à l’homme qui ruine leur moment pour lui faire comprendre de quitter les lieux - ce qu’il fait. Lorsque ses yeux se posent à nouveau sur le scientifique, il n’y a aucune trace du regard mauvais qu’il avait quelques secondes plus tôt, et il s'empresse de prendre la place, maintenant libre, à ses côtés. Pour le saluer convenablement, mais surtout pour son propre plaisir, il empoigne sa main. Le contact est bref, mais le Xenon se délecte tout de même de la sensation de sa paume contre la sienne. « J’espère que l'endroit vous plaît, s'il n'est pas à votre goût, on peut toujours aller ailleurs. Là où vous voulez. », il marque une pause.  « Je me suis engagé à rendre cette soirée la plus plaisante possible, pour vous comme pour moi. », conclut-il avec un de ses fameux sourires.

Aller ailleurs serait une perte d’argent et de temps, mais ce qui le dérange, c’est le temps. Le minuteur est lancé, et malgré la confiance qu’il a en ses capacités de persuasion, Vincent ne veut pas perdre une seconde de plus. Il doit faire ses preuves.

((we are the future))

feat @Viktor Kovalyov  

S’il était du genre à laisser transparaître ses émotions, il aurait peut-être rougi en étant observé de la sorte, mais des années passées sous les regards critiques de spectateurs qui en demandent toujours plus lui ont appris à contrôler à la perfection son poker-face. Et à ne pas se laisser intimider par le regard des autres, aussi envoutant soit-il. C’est pourtant flatteur d’être scruté de si près par un homme qu’il a passé de longues heures à décortiquer, aussi bien mentalement que physiquement, dans tous les sens. Justement pour savoir comment se comporter lorsque ce jour arriverait. « Beaucoup ? », demande-t-il sceptique. « C’est à peine si c’est suffisant pour quelqu’un comme vous. », ce n’est pas qu’une simple flatterie de sa part, il pense sincèrement que Viktor mérite le meilleur (aka lui). « Si j’avais eu plus de temps, j’aurais pu trouver un meilleur endroit. », ajoute-t-il bougon, bien qu’il soit responsable de cette rencontre précipitée. « Le restaurant sur la 7 ème avenue par exemple, qui a une plus belle vue… Ce sera pour une prochaine fois. », il le dit avec toute l’assurance du monde, parce qu’il est certain qu’il y’en aura une.

Avant de séparer sa main de la sienne, le Xenon ne manque pas de la caresser le plus légèrement possible - de façon à ce que cela puisse paraître accidentelle, si on ne connaît pas ses réelles intentions. En bon gentleman, il s’apprête à guider son rencard à son siège, mais c’est sans compter Viktor qui lui emboîte le pas et s’y rend avant qu’il ne puisse le faire. Il a raté une occasion de briller, mais il est conscient que c’est probablement pour le mieux. Un homme comme lui, qui n’a pas pour habitude d’être choyé, pourrait trouver son comportement déplacé et se sentir insulté par le geste… Une vie passée à se contenter du stricte minimum, en terme d’attention, et voilà ce que ça donne. Ce qui l’arrange, puisqu’il se fera un malin plaisir à lui montrer tout ce qu’il a raté et comment il devrait être traité.

De retour à son propre siège, il savoure la curiosité qu’il peut lire dans les yeux de son compère. Tout intérêt pour sa personne et ce qu’il a a dire est le bienvenu. « Vous ne laissez personne vous faire perdre votre temps, c’est tout à votre honneur. Encore une fois, je compte bien vous prouver que vous ne le perdez absolument pas avec moi. », cette confiance mal placée, qui le guidera un jour vers sa fin, est toujours présente mais elle est teintée par quelque chose d’autre. Une pointe d’amertume, parce que monsieur pensait vraiment qu’à sa simple vue, Viktor aurait déjà oublié cette idée de temps imparti.

Il se perd dans son geste, pourtant si innocent, qui provoque quelque chose de très sombre en lui. Rien ne peut dépasser la réalité, ce tic qu’il aurait loupé depuis ses caméras en est la preuve. Le temps de quelques secondes, il l’observe silencieusement jouer avec sa mèche, tout en regrettant ses attributs d’antan qui lui auraient permis d’enregistrer la scène pour mieux en profiter plus tard. « Hm.. », il lui faut quelques secondes de plus pour retrouver le fil et une de trop pour assimiler la question. « Ah oui, effectivement. », après s’être raclé la gorge, il reprend toute sa composition. Sous la table, il frotte le bout de son pouce contre la paume de sa main pour se remémorer celle qui n’y est plus et se calmer.

Vos conférences ? J’ai assisté à bien plus que ça, serait la plus sincère mais idiote des réponses à lui donner. Il ne sait pas comment aborder la question, alors pendant un moment, il se demande s’il devrait être extrêmement sincère ou manipuler la vérité de sorte à lui dire ce qu’il veut entendre. Le problème, c’est qu’il ne sait pas ce que Viktor souhaite entendre.

« J’ai assisté à beaucoup d’entre elles et vous étiez, à chaque fois, le plus remarquable de tous. », n’importe qui pourrait se rendre compte d’à quel point il est différent des autres, c’est pour ça qu’il doit se faire remarquer maintenant. « C’est désolant de vous voir partager la scène avec des personnes qui n’arrivent pas à votre cheville. », Vincent se souvient encore des longs discours ennuyants auxquels il a dû assister avant de pouvoir entendre celui qui l’intéressait réellement. « Mais en vous voyant vous imposer au milieu d’incapables qui refusent de faire preuve de cran pour faire avancer notre monde... J’ai eu l’impression de me voir et d’être compris. », il fixe ses pupilles dans les siennes, en espérant que sa sincérité puisse être ressentie par le scientifique, mais surtout pour jauger sa réaction face à de telles paroles. « Je ne suis peut-être qu’un "simple" animateur, pour le moment, mais j’ai les idées qu’ils manquent à bon nombre de vos prétendus collègues. », affirme-t-il sans le moindre doute. « Et celle que je veux vous présenter m’a été inspiré par vous, parce que c’est bien ce que vous êtes pour moi, une inspiration. », ma muse. Une confession risquée, qu’il espère que Viktor comprendra.