maybe tomorrow we’ll be atop the heap (valentino)

La fumée envahit l’endroit d’une allégresse générale ; un curieux mélange d’abrutissement et de luxure réunis en un seul et même lieu. Les néons rouges se reflètent sur chaque visage, sur cette foule à tes pieds qui ne demande qu’une seule chose : te voir (et peut-être te toucher du bout des doigts). Succès fulgurant que l’Enfer t’apporte sur un plateau d’argent, aura de mystère aussi dangereux que concupiscent. Il attire sur toi les regards, l’envie, le désir, la jalousie, la colère ; bon nombre de péchés qui aspirent un nombre d’âmes presque démesuré dont tu ne manques pas de tirer profit. Empire du sexe et de la luxure bâti sur les murmurs lacisfs de promesses d’argent, de gloire, de drogue. Ces âmes sont à toi, et tu te repais de la puissance qu’elles te concèdent pour étendre ton influence sur le monde du plaisir, de l’ivresse et de la jouissance. Elles sont traitées comme des choses, utiles pendant un temps, reléguées à la casse une fois usées, stériles.

Les soirées se ressemblent presque toutes mais ne te lassent jamais ; elles apportent leur lot de (plaisantes) surprises, sont assez amusantes pour toujours te distraire. La musique bat au rythme des lumières frivoles et tu souffles devant toi un nuage de phéromones qui engourdit déjà les sens des consommateurs. Les uns et les autres s'agglutinent comme une nuée d’insectes avides et un rire de contentement t’échappe alors que tu laisses ton corps retomber contre le cuir de ton canapé. Tes bras s’enroulent autour de Summer et Dia qui viennent se blottir contre toi, ronronnantes contre le duvet blanc de ton cou. Tes yeux ne sont pourtant pas sur elles, mais plutôt sur la surface lisse d’un écran qui t’est familier ; quelqu’un que l’on voit presque partout, en ce moment, et celui que l’on nomme déjà le visage de l’Enfer. C’est un gloussement qui t’échappe alors que tu te demandes ce qu’il est venu faire ici, chez toi. La question ne se pose pas longtemps, la réponse est limpide.

D’une main caressante tu glisses tes doigts dans la douce chevelure de Summer et attrapes entre tes doigts l’une de ses oreilles de chat. Tu es curieux de savoir à quel point il est motivé ; à quel point il souhaite venir te rencontrer en personne. Pense-t-il qu’un face à face se mérite par le simple fait de sa présence dans ton antre ? Cute. Tu claques des doigts, renforces la sécurité, barrière infranchissable pour un démon quelconque (qu’il ne sera que si sa réputation lui fait défaut). Un entrefait sur lequel tu te lèves pour partir, te déplacer dans une salle privatisée ; tu tournes le dos à la foule, mais tu lui tournes surtout le dos à lui, une invitation subtile, provocation qui l’incite à te suivre s’il s’en croit capable ; parce que tu aimes ça, plaire. Presque plus que le sexe, l’impression que tu laisses te gonfle d’orgueil.

Éclat bleuté au milieu de la fumée rouge de tes phéromones, étincelle subtile qui ne dure qu’une fraction de secondes alors qu’une voix mécontente, grondement retenu, ne vienne arrêter ta démarche. Les mots qu’il choisit sont calculés, une assurance construite pour séduire par les mots lorsque tu séduis, toi, par l’apparence. C’est plus fort que toi, un sourire étire le coin de tes lèvres. Lentement, de manière parfaitement calculée, mise en scène lascive, tu te retournes vers lui, une main sur la hanche, l’autre légèrement levée pour tenir ton fume-cigarette à l’écart de tes ailes. Et tu sens (bien plus que tu ne vois) l’effet que tu as déjà sur lui. Derrière le verre teinté de tes lunettes, tu l’observes, tu te délectes, flatté, au fond, qu’il se donne tant de mal pour te rencontrer.

Il se recompose trop vite à ton goût alors qu’il s’approche de toi, la voix plus polie, plus flatteuse que la première fois. Tu tires sur ta cigarette et attends qu’il continue. Tu n’es pas un papillon facile à attraper - c’est du moins ce que tu vas lui laisser croire. Sa main se pose effrontément sur la tienne alors qu’il l’attire à ses lèvres, si courtois, si charmant qu’un léger rire t’échappe, et l’envie soudaine de le briser contre le sol te traverse un instant l’esprit, contracte ton estomac d’un désir destructeur auquel tu ne cèdes pas - quel gâchis ce serait. Et il faut dire que son petit numéro fonctionne assez bien. Tu lâches un rond de fumée qui prend la forme d’un cœur.

« Je pourrais en dire autant à ton sujet, chéri. » le vouvoiement et toutes ces marques futiles de politesses censées marquer le respect ne t’ont jamais intéressées. «« Je fais toujours sensation. » ajoutes-tu pour balayer le terme en ce moment.

Tu retires ta main de la sienne d’un mouvement élégant et fais un geste en direction d’un des gardes du corps qui s’est approché de vous pour qu’il s’éloigne. De l’air ! Un nouveau geste, et ton invité se retrouve avec un plateau où trônent un verre de champagne à bulles roses sous le nez.  

« Et que me vaut le plaisir de ton ardente visite ? On peut dire que tu n’as pas lésiné sur les efforts pour me rencontrer, ce soir. » dis-tu en te déplaçant autour de lui pour te retrouver dans son dos. Tu aimes être désiré.

Aussi délicieux qu’on le dit, à cette phrase, un nouveau rire t’échappe. Tu es bien plus que cela, mais tu acceptes volontiers le compliment qu’il te fait ; car tu es comme ça, Valentino, tu aimes que l’on te flatte, que l’on te rappelle à quel point tu es séduisant, irrésistible - et tu aimes encore davantage savoir que ta réputation te précède. Tu t'es, après tout, donné beaucoup de mal pour en arriver là. Pour soit désiré, soit craint.

Si ton invité ne se montre pas mal à l’aise, tu sens que ce territoire n’est pas le sien, qu’il n’appartient pas à ton monde, qu’il n’est pas à sa place, ici. C’est ce qui t'amuse sans doute le plus. Est-il mal à l’aise, au milieu de tes phéromones qui ne semblent pas l’atteindre (pour l’instant) ? Tu pourrais jouer avec lui pour découvrir ce qui le pousserait dans ses retranchements. Tu pourrais le taquiner juste assez pour le déstabiliser. Tu veux voir jusqu’où ton cher invité est prêt à aller pour te conquérir, à quel point il te veut, toi, quelles que soient les raisons de sa présence ici.  

Tu ne saisis pas vraiment l’ironie de ses mots, cela te passe au-dessus. Tu apprécies parfois les double-sens mais tu n’es pas celui qui les comprend toujours ; jouer avec les mots t’a toujours fatigué, Valentino. Quoi de mieux que les actes ? C’est pourquoi, sans doute, tu concèdes à te montrer agréable à ton tour. Après-tout, ce n’est pas tous les soirs que tu reçois quelqu’un comme lui ; passer du bon temps en sa compagnie ne fera qu'accroître le plaisir de cette nuit.

“Et que t’as-t-on donc dit de moi et de mes autres invités, exactement ?” lui demandes-tu en lui tournant autour pour te placer finalement derrière lui. “Je suis plus exigeant que tu as l’air de le penser.”

Et tu aurais bien aimé le lui prouver d’un souffle de phéromone auquel il est hermétique, sans doute protégé par ce curieux écran qu’est sa tête ; un métabolisme différent des autres âmes qui peuplent cet endroit. Tu te surprends à te demander la manière dont il fonctionne, dont sont connectés les câbles et les embranchements de son être. Est-il capable de produire des chocs électriques ? Un fait potentiel qui t’excite.  

“Tout de suite les grands mots, chéri, détends-toi,” réponds-tu à ses fausses accusations d’une voix doucereuse en agitant ta main libre pour balayer l’air d’un geste ennuyé. “Si je ne voulais pas de toi ici, tu serais déjà dehors,” ajoutes-tu en arquant un sourcil.

Il a peut-être ses tours de passe-passe mais, toi, tu as aussi les tiens. Qu’il n’oublie pas qui il essaye de conquérir : tu n’es pas n’importe qui. Lorsqu’il se retourne pour te faire face, tu croises les bras sur ta poitrine et tes yeux se posent sur les silhouettes floues de tes autres gardes du corps. Cet homme est exigeant ! … Tu aimes ça. Ton regard croise alors le sien, et c’est comme si, par cette simple connexion, il essayait de te convaincre. Tu glousses de plus belle avant de faire un signe de la main pour que tout le monde quitte le carré VIP, ne laissant que vous au milieu des lumières, de la fumée et de l’odeur torride du sexe et des cocktails.

“Nous voilà seuls, comme tu le voulais,” dis-tu ensuite en te postant devant la grande fenêtre qui donne sur une partie de la ville. Tu ne vois pas grand-chose, ta vision est vraiment merdique, mais tu discernes malgré tout de jolies lumières. Tu te retournes en direction de celui qui s’échine à vouloir parler affaires et lui adresses un sourire agréable. “Alors, chéri, as-tu d’autres exigences ? Si tu voulais passer une nuit seul avec moi, il fallait simplement me le dire, tu sais … ” te moques-tu en t'approchant de lui et en posant une main lascive sur son torse. N'a-t-il pas chaud, sous toutes ces couches de vêtements ?

Tu n’es pas fou, Valentino. Tu as prévu de te défendre si le besoin s’en fait sentir, et tes gardes ne sont pas si loin que ça, mais tu doutes en arriver à de telles extrémités. Cet homme est venu te proposer quelque chose, et s’il est venu pour ça, c’est qu’il te veut (et qui ne te voudrait pas, après tout ?). Il serait donc déplorable de t’éliminer. Ton raisonnement est, comme toujours, sans failles.

“Assieds-toi.” un ordre un peu plus agréable qu’un simple assis, mais bien moins poli que si tu avais ajouté un je te prie que tu ne penses même pas à dire pour ponctuer ta phrase. Tu sais être charmant, tu sais, toi aussi, séduire, mais tu souhaites avant tout rappeler à ton interlocuteur qu’il n’est pas celui aux commandes, ce soir. “J’ai répondu à ton effort par un effort, je pense que nous sommes donc sur un pied d’égalité.” Non, vous ne l’êtes pas, tu lui es bien supérieur, mais il peut bien croire ce qu’il veut. “Affaires, hm ? Et quelles affaires pourraient m’intéresser ?”

L’écran qui te fait face est le reflet d’une ambition démesurée. Tu discernes, dans ce regard, un désir de possession que tu reconnaîtrais entre mille et qui fait naître un sourire au coin de tes lèvres. Tu pourrais lui donner au moins l’une de ces satisfaction, ce soir ; c’est ce que tu te dis alors que ta main s’appuie contre son torse, flirte avec la texture de ses vêtements apprêtés. Sont-ce le pouvoir et la domination, qui excitent cet homme ? Tu ne peux pas l’en blâmer, ce sont des kink tout à fait honorables, et tu pourrais même faire en sorte de lui donner une impression de total contrôle. Un amusement éphémère mais agréable. Un léger soupir s’échappe de tes lèvres alors qu’il refuse tes avances, comme un jeu qui se met doucement en place. Un petit rire t’échappe. « Quel dommage, » dis-tu d’un ton léger mais tout aussi séducteur, laissant ton accent espagnol s’arrêter sur certaines syllabes. Tu retires ta main d’un geste amusé avant de prendre en bouche l’embout de ton fume-cigarette pour tirer dessus. Cela viendra, ne peux-tu t’empêcher de te dire, et c’est d’ailleurs ce que sous-entend ta posture et ton regard. C’est pour toi un challenge que tu te feras un plaisir de relever avant la fin de la nuit. Sera-t-il comme les autres ? C’est encore à déterminer. Pour l’instant, et malgré sa réputation grandissante, il n’est rien de plus qu’un homme empli d’ambition venu te proposer quelque chose qui, sans doute, ne t’intéressera pas assez. Seigneur des plaisirs et de la luxure, rien ne peut t’égaler.

Alors que Vox s’installe dans le canapé, tu restes un instant debout, face à lui, avant de venir t’installer dans un des fauteuils sur le côté, les jambes croisées, les bras posés sur les accoudoirs. Ta question semble enflammer ton interlocuteur qui prend une attitude soudain différente. Tu poses ton menton dans le creux de ta main en l’écoutant déblatérer ; la technologie à la tête de tout ? Oh, chéri … Rien n’égalera jamais le sexe. Et ce n’est pas un peut-être, c’est un fait. Tout le monde en reviendra finalement à ce plaisir éphémère mais addictif, celui de la chair et des sens. Aucun média ne pourra jamais rivaliser avec ça. En revanche, tu es bel et bien le maître dans ce domaine, il a au moins raison sur ce point ; ses flatteries glissent sur toi comme l’eau sur les plumes d’un canard. Ce sont des banalités qu’on te dit souvent, et que tu sais déjà, elles ne t’intéressent donc que pour leur sonorité toujours agréable à entendre, rien de plus. Tu es cependant enorgueilli par ses affirmations.

Ce sont les dernières paroles de son discours qui te poussent cependant à réfléchir. Si tu estimes le sexe au-dessus de ses médias et de sa technologie, tu sais en revanche que la télévision et son influence sont malgré tout très puissantes. La technologie sert à tout, mais surtout à vendre. Vendre des produits, vendre des informations, vendre des mensonges, susciter du désir de toutes sortes, et vendre aussi… Du sexe. Celui diffusé sur les écrans, celui auquel on ne peut accéder que par le fantasme, celui qui rend davantage addictif encore lorsqu’il est construit comme il se doit. Celui qui frustre, celui qui pousse à consommer toujours davantage. L’étincelle de cette vision, de l’argent et du pouvoir, se forme dans ton esprit alors que tu te redresses légèrement, ton regard posé sur celui qui se fait appeler Vox. Tes pensées rejoignent d’ailleurs ses paroles et poussent ton imagination à s’enflammer. Ce serait … Une possibilité alléchante.

Sa main qui glisse le long de ta peau presque entièrement nue, contraste marqué par ce dont il parlait à l’instant, appuyé par son geste de séduction, t’arrache un sourire. Il sait s’y prendre pour parler, pour convaincre, pour vendre. Tu décroises les jambes pour lui en laisser un accès privilégié en le regardant d’un air amusé. Le plaisir et le travail ne sont-ils pas infiniment liés, dans ce que vous faites, après tout ? Tu te penches vers lui et l’une de tes quatre mains attrapes un coin de son nœud papillon pour jouer avec avant que l’un de tes doigts ne remonte jusque sous son menton, comme pour capturer son écran. Suivant ton geste, tu te lèves pour venir t’asseoir à califourchon sur lui, soutenu par tes longs membres qui prennent appuie sur le canapé, tout autour de lui.

« Nous pourrions avoir à nous deux une influence son équivoque, c’est vrai. Est-ce l’envie de posséder toujours plus qui t’a attiré à moi ? » lui demandes-tu avec un sourire charmeur. Tu n’as pas l’impression d’avoir besoin de lui ; la technologie sont de nouvelles créations, mais le sexe sera toujours au-dessus de tout, fait partie de la nature intrinsèque de la vie elle-même. Les médias ne sont que des inventions. Et les inventions tombent parfois dans l'oubli. On ne remplacera jamais le besoin d’assouvir ses désirs, ses fantasmes, et d’y prendre du plaisir. Cependant, tu aimes, toi aussi, l’idée de posséder toujours plus. Qu’est-ce qui pourrait bien t’empêcher de voir ce que pourrait donner une quelconque collaboration ? Ses paroles font écho en toi, résonnent comme une promesse de gloire éternelle. Et l’éternité, c’est très long. « Je pourrai t’offrir beaucoup de choses, amorcito, si tu le veux vraiment. » dis-tu à travers un rire légèrement plus grave qu’auparavant, plus profond aussi. Tu n’as pas envie d’être un papillon facile à obtenir. Tu veux qu’il lutte un peu, même si ce n’est que pour la forme (car il t’a déjà presque convaincu ; disons qu’il ne faudrait pas grand chose de plus). Tes antennes s’agitent et viennent caresser son visage alors que tu te penches au-dessus de lui dans une volute de fumée rose et épaisse. « Parle-moi donc de ce que tu as en tête pour parvenir à cet Empire du sexe et des médias que tu imagines. Qu’est-ce qui me pousserait à te choisir, toi ? »  

Et puis, que seriez-vous l’un pour l’autre ? Associés ? Ou serait-il ton supérieur ? Cette dernière idée ne te plaît pas du tout. Tu pourrais le laisser jouer à ce jeu-là, dans certaines circonstances, dans une chambre ou même sur ce canapé, mais personne ne te donne d’ordre, Valentino. Tu es trop propre maître. Ou bien tu pourrais lui laisser croire qu’il te contrôle, juste pour lui donner cette petite satisfaction … Tu lui adresses un sourire en restant installé sur lui, parce que tu fais ce que tu veux, qu’il est chez toi, qu’il joue avec le feu, et que tu aimes l’idée de pouvoir troubler cette façade commerciale, ne serait-ce qu’un peu. Il n’y a rien de plus ennuyant que de parler affaire dans un cadre strict et professionnel. Tu n’es pas quelqu’un qui écoute attentivement les autres, Valentino, ton attention s’égare vite. Tu as besoin de toucher, de sentir, de t’amuser un peu.