karma's gonna track you down (lute)

▿ Date de naissance : 26/06/1990

((karma's gonna track you down))

feat @Luella Cherub     

Si Vincent n'était pas déjà convaincu, il venait de recevoir la confirmation qu'il était entouré d'incapables. Non seulement ils ne savaient pas gérer un simple emploi du temps, pourtant si clair, mais en plus, ils avaient réussi à merder au point que cela impactait directement sa journée. Et s'il y avait bien une chose qu'il détestait, plus qu’Alastor encore, c'était bien la sensation de ne pas avoir le contrôle de ses journées, à la seconde près. Sa montre n'affichait que sept heures et quart, mais le Xenon savait qu’elle serait sens dessus dessous. Comment expliquer qu'il se retrouve à récupérer son propre café (affront, parjure, crime méritant la plus grosse des sanctions qu’il se ferait un malin plaisir à donner), plutôt que de laisser un de ses nombreux autres larbins s'en charger sinon ? Son assistant préféré (le seul) parcourait actuellement la ville en espérant récupérer ses chemises au pressing avant qu'il ne récupère ce qui devait l’aider à carburer pour compléter la montagne de travail qui l’attendait. Tout était de sa faute d’ailleurs, c’était plus facile de l’accuser que de se demander si ses horaires inhumaines, qui ne lui laissaient pas le temps de respirer, impactaient ses performances. Pourquoi ne s'en débarrassait-il pas ? Peut-être parce qu'une minuscule partie de lui attendait avec impatience la moindre de ses erreurs pour le punir comme il se devait, mais surtout parce qu'il était le seul à ne pas avoir quitté son poste après avoir passé quelques heures en sa compagnie.

Dans ce genre de moment, les Enfers lui manquaient plus que n’importe quoi. Ici, il ne pouvait plus exploiter les pauvres âmes à son service comme bon lui semblait, les droits de l’Homme existaient et une plénitude de règles le lui interdisaient. Certes, elles ne l’arrêtaient pas, mais rien que de savoir qu’elles existaient lui minait le moral. Autant que la queue de deux mètres de long qui l’accueillit lorsqu’il arriva finalement devant son café habituel. Impossible, il refusait de faire la queue, mais il refusait aussi de partir sans ce pourquoi il était venu. La seule solution qui s’offrait à lui ? Franchir le mur de nuisibles qui l’empêche d’obtenir son élixir de vie.

Ses lunettes de soleil sur le nez, qui ne lui servent qu’à dissimuler son visage des paparazzis et des fans un peu trop encombrants, ne lui permettent pas de se servir de son hypnose pour couper la file sans la moindre plainte — et il ne souhaite de toute manière pas s’en servir pour un oui ou pour un non. Vincent se fraye un chemin au milieu de la masse, recevant peu de réactions, si ce n’est quelques regards agacés qu’il fait taire d’un coup de coude bien placé et des protestations naissantes qu’il arrête d’un simple : « Ma mère est atteinte d’un cancer, elle a besoin de son café avant sa chimiothérapie. », qui se trouve être assez efficace pour faire taire les Karens. En moins de deux, il s’extirpe de la jungle et met le plus de distance possible avec les animaux qui la peuplent. Content d’être le premier en ligne, mais un peu moins de lire un « hors service », le fuck my life qui sort de ses lèvres vient naturellement. Ils s’étaient fait passer le mot pour l’emmerder aujourd’hui ?

Un juron sort de ses lèvres. « Elle va rester comme ça longtemps ? », demande-t-il en pointant du doigt la machine à café, et acerbe au possible, ce à quoi une adolescente à la chevelure rose bonbon, dont l’attitude lui rappellerait celle de sa Velvette si elle n’était pas aussi laide et insignifiante qu’elle, lui répond par un haussement d’épaule. Est-ce qu’une créature aussi peu développée sait se servir de ses mots ou a-t-elle perdu la capacité de formuler des phrases cohérentes à force de côtoyer la plèbe de ce monde ? Vincent s’apprête à reformuler sa question, en espérant cette fois obtenir une réponse claire, mais un individu peu commode le bouscule sans gêne et vient se placer devant lui, sans même lancer un regard dans sa direction. Outré, il se contente de dévisager la demoiselle au culot plus grand que le sien visiblement, en espérant qu’elle ressentira de la honte face à ses actions déplorables, mais non. N’importe qui se dirait qu’être deuxième, surtout après avoir coupé toute la file, n’est pas si grave, mais pour le Xenon c’est tout simplement inconcevable. « Je te dérange pas trop ? », les personnes comme elles ne méritent pas de se faire vouvoyer. Jamais il ne pourrait s’entendre avec, il peut le voir sur son visage aigri, c’est le genre à laisser sa moitié dormir sur le canapé à la moindre « erreur » de sa part. « C'est pas parce qu’il n’y a pas d’ordre de passage dans tes partouzes que tu peux te permettre de couper tout le monde comme ça. », ce n'est pas le manque de café qui parle, juste sharklover dans toute sa splendeur (l'anonymat que lui permet d'avoir ses lunettes le fait ressortir). « Mais aujourd’hui, tu vas apprendre à faire la queue comme tout le monde et retourner bien gentiment derrière, ma belle. », qu’il assène en la regardant de haut en bas, de la plus méprisante des façons possibles... Avant de blanchir considérablement lorsque ses yeux se posent sur le badge de police doré qui orne la ceinture autour de sa taille.

PRETTYGIRL

You're looking
at the future.

▿ Date de naissance : 23/08/1993

karma's gonna track you down

Visiblement, il fallait que je me décide à faire des courses. La trace de l'oreiller encore sur la joue, j'avais laissé un grognement m'échapper en voyant que le café était toujours porté disparu. Visiblement, le bruit hostile et sourd qui s'était échappé de ma gorge avait réussi à faire réagir l'ange qui dormait dans mon salon. Je mis un peu d'ordre dans mes cheveux, pris mes clefs puis partis sans rien dire, trop peu réveillée pour avoir un semblant de conversation. Par je ne sais quel miracle, je réussis à ne pas claquer la porte par maladresse. Je n'étais pas particulièrement énervée, juste un peu bougonne. La nuit avait encore été courte, mais si je voulais aspirer à mieux que cette chaise ridicule et Jerry, il fallait que je montre ma motivation. Ce n'était pas réellement le job rêvé comme pouvait l'être celui que j'exerçais au Paradis, mais c'était suffisamment stimulant et motivant pour que j'y reste. Surtout l'idée d'avoir un autre coéquipier. Peut-être qu'un jour j'aurais autre chose que la vision d'un gros porc qui renifle plus que ce qu'il ne respire en arrivant à mon poste de travail. Peut-être, je l'espérais en tout cas. Je n'avais pas envie de croupir en bas de l'échelle à jamais. En fait, je n'avais même aucune envie de rester sur cette île. C'était ennuyant et surtout un retour à une vie humain et inconfortable que je ne pensais pas mériter. J'avais fait en sorte de gagner ma place au Paradis, comme je l'avais dit à Adam, j'étais toujours une nage et comptais bien le redevenir réellement. L'omniprésence de mon auréole me manquait. Ce n'était pas grand chose, simplement un halo que je pouvais voir dans mon ombre et mon reflet, mais c'était la preuve d'une vie pieuse. Le plus dur -excepté le fait que je n'étais plus au Paradis- était de ne plus avoir d'ailes tout en les sentant encore. Elles étaient comme un membre fantôme que je ne pouvais que sentir quotidiennement. J'avais encore le réflexe de m'allonger en faisant attention à ne pas les blesser. Dans ces moments là, je me sentais plus fébrile que jamais. Ce genre de moment où on questionne toute son existence et qui se solve souvent par la frustration et la colère. Un jour, je pourrais de nouveau parcourir le ciel, retrouver cette sensation grisante et si enivrante. On ne comprend réellement notre attachement que lorsque l'on perd ce que l'on chéri. Cette foutue sensations étaient un peu trop collé à moi ses derniers temps, mais ce n'est pas un sujet que j'ai envie d'aborder et vais donc me contenter de le jeter dans un coin de mon esprit en attendant que ça passe.

Dans ma hâte, je n'avais pas pensé à prendre mes écouteurs et me retrouvai donc contrainte d'écouter le monde extérieur, les gens qui m'entouraient. Si j'avais pu aimer autrui un jour, c'était une époque révolue. J'avais bien trop envie de retrouver la tranquillité paisible du Paradis pour accepter de supporter les braillements des chiards, les rires gras et incontrôlables des ados, les jérémiades insensé des vieux -alors qu'il aurait simplement suffit de souffler dessus pour qu'ils volent en poussière-. J'avais le mal du pays, je voulais rentrer chez moi, sur notre nuage où tout était normal. A cette époque, il n'y avait pas de questionnement, pas de pincette, pas d'ennui, pas de Jerry et pas de queue longue pour obtenir un simple gobelet de café.... Putain, sérieusement c'est quoi ce bordel ? Mes yeux roulèrent dans leur orbites. Tout ça pour un putain de café... Je me mis alors à pianoter sur mon téléphone, rageant d'avance du retard que j'allais avoir. Ce n'était pas comme ça que j'allais avoir une promotion et surtout gravir les échelons. J'avais un pari à remporter, un ordre à honorer.

Mon regard se posa sur un homme en train de jouer des coudes pour passer à l'avant de la file. Franchement, il y avait des individus sans gênes. Je mis mon téléphone dans ma poche et fis de même, m'avançant à travers les personnes, réagissant au complaintes en montrant simplement ma plaque. Je passais pour la gentille flic, alors que je ne voulais que donner une leçon à cet homme plein d'impolitesse. Lorsque j'arrivais à sa hauteur, il était en train d'agresser la pauvre vendeuse. C'était une bonne petite qui ne cherchait qu'à travailler pour nourrir son petit frère qui était à sa charge. J'avais eu l'occasion de parler avec elle de temps à autre, tandis que Jerry cherchais quel supplément il allait demander avec son sandwich. Je lui fis un signe de tête en m'approchant et elle semblait rassurer de me voir. J'allais ouvrir la bouche pour commander lorsque le connard qui avait doublé tout le monde me lança une vachement. Je répondis du tact au tact à sa première phrase, l'agacement du matin accru par son manque de discipline.

- Jusqu'à ce que vous ouvriez la bouche, non.

Puis je me tournais à nouveau vers Jenny, la serveuse aux cheveux roses. Elle était assez mal à l'aise et je pouvais entendre que les autres clients n'appréciaient pas ce ralentissement. La phrase que j'entendis ensuite me fis croiser les bras sur ma poitrine et hausser un sourcils, histoire de répondre silencieusement sérieusement ? Pourquoi parler de sexualité, était-il l'un de ses frustrés qui ne pouvait s'empêcher de descendre la vie sexuelle des autres pour ne pas penser à la sienne ? En arrivant sur l'île, j'avais découvert un nouveau mot "misogynie" et en avait été rapidement victime, simplement au nom de l'humour nul à chier de mes collègues. Pourtant, directement penser que je serais docile parce qu'il le demandait, ça ça me mettait hors de moi. Je ne répondais aux ordres que d'un seul homme (bon, de mon capitaine et ses supérieurs aussi) et n'étais pas prête à me laisser avoir comme ça par une personne cachée derrière des lunettes de soleil.

- N'avez vous pas fait exactement la même chose à l'instant ? Peut-être effectivement. Je vous invite à apprendre aussi, j'ai une dérogation.

Je lui avais répondu d'une voix lasse, ne voulant pas accorder trop d'importance à cet individu qui ne le méritait pas. Je ne m'étais à vrai dire même pas retourné jusqu'à la dernière phrase pour lui montrer ma plaque. Effectivement, mon poste de police envoyait souvent un seul agent chercher les cafés pour tout le monde, mais nous devions faire la queue, comme tout le monde. La vendeuse était si gênée qu'elle ne répondit rien. Alors, avec une douceur mièvre, un peu trop mielleuse et qui me dégouta moi-même, je me permis d'ajouter

- Si tu veux bien me mettre les boissons habituelles Jenny je t'en serais reconnaissante.

Je n'avais pas prévu d'amener des boissons pour mes collègues, mais si pouvait fermer la grande gueule de ce connard, ce n'était qu'un petit sacrifice. Tant que je pouvais avoir ma dose de caféine, aucun agent ne serait blessé, pour l'instant.

Feat. @Vincent O. Xenon

LYA