all eyes on us (argon)

((all eyes on us))

feat @Aegon H. Targaryen    

À la porte de sa loge, on se manifeste et ose le déranger pendant les quelques minutes de répit qu’il s’offre toujours avant de monter sur son plateau. Trois petits coups discrets résonnent dans la pièce et viennent lui quémander son attention, ce que Vincent accorde en se contentant d’inviter l’intrus avec un entre, aussi froid que méprisant. Une silhouette familière se dessine dans la glace, qu’il contemple depuis un bon bout de temps déjà, et une voix fébrile vient briser le silence de plomb qui régnait auparavant. « Il est prêt, sir. », l’informe son assistant. Ravi de l’entendre, l’animateur détourne son visage du miroir pour faire face à l’homme qui se tient aussi droit qu’un piquet. Est-ce par crainte ou parce que son invité du jour lui en a fait voir de toutes les couleurs ? Qui sait. « Parfait. », se contente-t-il de répondre, avant d’abandonner son siège et ses contemplations, car quelque chose de plus important l’attend. « Occupe-toi des derniers préparatifs, je vais rendre visite à notre ami. », l’informe-t-il à son tour en lui tournant le dos, mais au lieu de s’empresser de fouler le pas de la porte, il jette un dernier coup d’oeil méprisant dans sa direction. « J’espère que tu as su tenir ta langue cette fois. », tranche-t-il sèchement. La dernière fois qu’il les avait laissé seuls, il avait osé faire mention de son passe-temps à ce bouffon et entacher son image, même s’il avait déjà eu sa punition, une part de lui se faisait un malin plaisir à lui rappeler ce qu'il risque. « Sinon, tu sais ce qui va t’arriver, n’est-ce pas ? », pas besoin de menaces claires, il en a déjà trop souvent fait les frais. Après avoir laissé la menace planer et s’être amusé à le regarder se tortiller sous son regard, il quitte la pièce d’un pas assuré.

Patience. C’était le mot du jour, alors que Vincent frétillait à l’idée de pouvoir se servir de son pouvoir, tout juste retrouvé, sur les masses. Il ne savait ni pourquoi, ni comment, mais il voyait en lui un espoir de retrouver ceux qui lui manquaient encore, de devenir plus puissant. Peut-être lui fallait-il juste plus d’influence, plus de téléspectateurs idiots qui porteraient leur entière attention sur lui. Et il comptait sur sa victime du soir pour lui offrir ce dont il avait besoin et faire gonfler les chiffres d’audience de Vox 2 Night. Aegon (deux, trois ? peu importe) Targaryen, celui qu’il exploiterait jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien de lui. À la fois différent et semblable à ses précédents invités. Roi déchu et prince oublié, qui tentait de faire parler de lui de toutes les manières possibles, mais qui résistait encore à la meilleure des façons de le faire. Vox avait su le convaincre, parce qu’il savait ce qu’il était, ce qu’il fallait pour attirer une personne comme lui dans ses filets. Disgrâce de sa famille, nul doute qu’il s’accrocherait à la once d’attention et de pouvoir qu’il lui offrirait, lui en profiterait pour extirper toute l’influence qu’il lui donnerait en échange sur cette île… avant de le laisser sur le bas-côté de la route, comme tous les autres avant lui.

Résumé de ce soir : des drames familiaux et une tête de bouc à offrir à un public qui adorera le détester… Le plus vendeur à la télé ! Mais avant tout ça, il faut qu’il en prenne soin, comme ces agneaux qu’on chouchoute avant de les envoyer à l’abattoir pour se faire son propre profit. Vincent ne signale pas sa présence et pénètre dans sa loge, une façon pour lui de montrer qui a les commandes ici et que Aegon est bien loin de son château et de ses sous-fifres… Si même ils l’ont suivi jusqu’ici.

Du coin de l’oeil, il repère une tignasse aussi blonde qu’on le dit, et un sourire prédateur se forme sur ses lèvres. De sa main seulement, il fait signe à la maquilleuse de les laisser. « Quel plaisir de vous voir ! », une phrase qu’il a dit tant de fois de fois par le passé, qui n’a plus aucune valeur à ses oreilles ou saveur. « Vous êtes aussi… Impressionnant qu’on le dit. », un prince ? Ça ? On aura tout vu. Réflexe de toujours, ses mains viennent se croiser à l’arrière de son dos alors qu’il observe, avec une certaine fierté, sa future âme. La sienne, la première dans ce monde, et les premières fois sont toujours les plus délicieuses, on le sait. « Je ne passe qu’en coup de vent pour vous accueillir comme il se doit. », continue-t-il en clôturant la distance entre eux pour venir placer une main réconfortante derrière le dos du blond. Ses pas les guident jusqu’au miroir de la loge, qui n’est en rien comparable à la sienne mais qui reste tout de même assez luxueuse. « Vous mettre en spectacle devant des millions de personnes, ce n’est rien pour vous, j’en suis certain. », son regard perçant se fixe sur leur reflet, plus précisément sur l’homme qui le dépasse de quelques centimètres (seulement). « Mais j’aimerai vous rappeler ce que je vois et ce que verront tous les autres ce soir. », un imbécile. « Un roi. », le roi des imbéciles. « Restez comme vous êtes et vous brillerez plus que n’importe quelle couronne, je vous le garantis. », des mots choisis attentivement, pour gagner le plus de points possibles.

Vincent ressert une dernière fois sa taille, de manière à le rassurer, puis tourne les talons pour se diriger vers ce qui les attend. La scène. « Mon assistant viendra vous chercher quand il sera l’heure pour vous de briller. », conclue-t-il, avant de repartir aussi vite qu’il est venu.

Soudainement, il se sent au contrôle, comme il ne l’a jamais été depuis son arrivée sur cette foutue île. C’est étrange comme sensation, aussi familier que troublant et excitant. Lorsqu’il fait son entrée sur la scène, accueilli par une ruée d’applaudissements et une foule en délire, que les projecteurs et caméras se braquent sur lui… Vincent se surprend à penser qu’il s’agit là de son paradis. Rien ne peut égaler cette sensation, peu importe que leurs réactions ne soient provoquées que par le texte affiché sur un écran qui leur dicte quoi et quand le faire. Qu’il s’apprête à les forcer à rire, pleurer et l’admirer grâce à son pouvoir. Il n’y a rien de plus excitant qu’observer et qu’être observé.

Depuis son trône, le siège de son décor, il ouvre le bal. « Bienvenue sur Vox 2 Night ! », sur tous les écrans on peut voir son visage. Dans des dizaines de plans différents, et autour de ses pupilles viennent se forment d’étranges spirales, captivants l’attention complète d’un public déjà obnubilé. « J’espère que vous êtes prêts à accueillir notre invité royal… Le prince, que dis-je, le roi (auto-proclamé) de cette île. », cette fois, la caméra se tourne vers la même porte par laquelle il est entrée. « Mesdames et messieurs… Aegon II Targaryen. », alors que d’un simple regard il provoque l’excitation de toute la foule, un frisson parcourt son échine. Cette sensation… c’est définitivement meilleur que le sexe.