Être ou ne pas être consumé par la passion [ Rp Linan ]

Tout a une fin. On finit toujours par un jour retourné à la poussière. La mort est inévitable. Memento Mori.

C'était justement parce que la vie était si courte qu'Aidan avait décidé d'en profiter, de ne pas se prendre la tête et de vivre comme il l'entendait, de faire la fête, de se sentir bien et agir toujours comme il l'entendait. À cent à l'heure, sans se soucier de ce que pensent les autres, leurs envies ou même leurs sentiments. Savoir qu'une personne était éprise de lui ne l'avait jamais empêché d'avancer, il savait que c'était égoïste, mais ce n'était pas comme s'il jouait avec leurs sentiments, il avait toujours été honnête avec les autres.

Honnête. Voilà un mot assez drôle pour une personne qui se mentait à lui-même depuis maintenant trop longtemps. Lui qui n'avait jamais aimé, qui n'avait jamais envisagé une relation avec quelqu'un, d'être en couple avec une seule et unique personne. Il y avait des choses devant son nez qu'il tentait de ne pas voir par tous les moyens possibles, d'appréhension que les choses deviennent trop sérieuses. Parce qu'Aidan n'aimait pas les choses sérieuses et il n'aimait pas savoir qu'il avait des sentiments. Comme si Peter Pan avait soudainement grandi et qu'il devait faire face à la réalité.

Les choses avaient commencé à changer petit à petit, lorsqu'il avait emménagé avec quelqu'un, un adorable guerrier loup qui prenait soin de lui à sa façon quelque peu maladroites. Lorsqu'il avait commencé à s'envoyer en l'air avec lui, lorsqu'il l'avait soigné, quand il avait appris sa véritable nature... Des petites choses au départ, puis quand il avait commencé à ne plus avoir envie de quelqu'un d'autre, lorsqu'il pensait à lui alors qu'il n'y avait aucune raison, lorsque son cœur battait anormalement en le voyant rire ou qu'il le serrait contre lui. Quand il s'accrochait à lui en lui demandant de le mordre. Et surtout, évidemment, lorsqu'il a dormi avec lui toute une nuit et qu'aucun des deux ne s'est sauvé en catimini.

C'est là qu'il avait commencé à comprendre. Qu'il savait finalement que tout cela signifiait plus que simplement deux colocataires qui couchent ensemble. Et le pire, c'est qu'il n'avait pas vraiment peur de ses propres sentiments, non, ce qui l'effrayait vraiment, c'est ce que pouvait penser Linus de tout ça. C'était la première fois qu'il se souciait vraiment de ce que pensait quelqu'un d'autre et surtout de ses sentiments.

Ce matin-là, il avait essayé de faire comme d'habitude, mais Linus avait tout de suite senti qu'il y avait quelque chose de bizarre, et Aidan ne pouvait pas le cacher, c'était vrai. Il avait fui au balcon, le temps de de s'aérer, de reprendre contenance, de trouver quelque chose. Comment régler la situation. Mais il n'avait pas trouvé et il ne faisait que fuir depuis, instaurant une distance de sécurité entre lui et Linus. Il lui faisait toujours à manger, il lui parlait toujours, mais en évitant le sujet dont ils devraient discuter, et surtout, il était retourné dans sa chambre. Plus de câlins, plus de bisous, comme s'il voulait laisser le loup respirer. Mais c'était surtout lui qui avait besoin de pouvoir respirer, pas parce que Linus l'étouffait, mais parce qu'il voulait juste échappait à cette boule qu'il avait dans la gorge, cette douleur dans la poitrine. Il ne tenait plus en place et pourtant, il était devenu terriblement silencieux. Lui qui n'avait jamais su garder les choses pour lui, le voilà maintenant coincé avec toutes ces choses au bout de la langue qui ne veulent pas sortir.

C'est donc comme cela qu'il avait mis fin à son aventure comme coach sportif à cause d'un incident mineur et s'était retrouvé Barman dans un bar pour vampire, comme il était de service la nuit, il croisait à peine Linus, ce qui facilitait sa fuite. De son côté, Linus n'avait pas cherché à discuter non plus, le voulait-il seulement ? Aidan était probablement le seul qui se prenait la tête, et Dieu qu'il pouvait détester ça ! Il se sentait si frustré, si seul, si empêtré dans des sentiments qu'il ne contrôlait absolument pas.

Une semaine était passée ainsi et finalement, le voilà ici, à se pointer au travail de Linus pour lui apporter de quoi manger puisque celui-ci semblait avoir trop de travail pour pouvoir rentrer manger pour le déjeuner et Aidan ne voulait pas qu'il se remette à manger les plats tout préparés. Il avait respiré un grand coup en regardant l'enseigne.

Allez, y'a pas de raisons que ça se passe mal, pas vrai ? Du moment qu'on ne parle pas sentiments, ça devrait aller...

Un peu triste cependant, mais Linus le tolérait déjà, il ne voyait pas comment il pourrait lui demander plus que cela. Il entra et traversa la salle d'attente pour toquer à son bureau et attendit qu'on lui réponde pour passer sa tête dans l'entrebâillement de la porte.

- Toc toc ?

Est-ce que c'était bizarre de dire que ça lui faisait plaisir de le voir ? C'était la première fois qu'Aidan venait empiéter sur son espace de travail, qu'il le voyait assis à son bureau, sérieux comme il le trouve le matin en train de regarder ses dossiers. Il se demande à quoi il pense, si une petite partie de ses pensées le concerne un peu ou pas du tout ? Même si Aidan semble parfois savoir exactement ce que les gens pensent, il lui arrive de ne pas savoir, il n'est ni psy ni mentaliste, et il est vraiment difficile de savoir ce qu'il se passe dans la tête du loup. Il sait qu'il ne devrait juste pas être trop gourmand, mais en même temps, c'est dans sa nature, comme ça l'est d'être généralement optimiste, alors comment penser qu'il n'avait aucune chance avec Linus ? Et voilà, c'était ce genre de pensées qui tournaient en boucle dans sa tête depuis une semaine. Ça le rendait dingue de ne pas savoir. Mais en même temps, est-ce qu'il voulait vraiment prendre le risque de se prendre un râteau et que tout soit terminé ?

- Et tu savais que c'était moi ?

Demanda-t-il un peu plus par amusement que par surprise, après tout, il connaissait les pouvoirs de Linus à présent, et l'ouïe était certainement quelque chose de très développé chez lui. Il se glissa à l'intérieur en fermant la porte derrière lui, observant ce lieu dans lequel il n'avait encore jamais pénétré. C'est vrai qu'il n'était jamais venu à son bureau, plus par manque d'occasion ou parce qu'il ne savait pas comment réagirait Linus s'il le faisait, que parce qu'il n'en avait pas envie. Son colocataire ne semblait toutefois pas plus embêté que ça par son irruption, donc il ne semblait pas avoir fait quelque chose de mal. Après avoir balayé la pièce du regard, il croisa celui de Linus qui s'était installé comme s'il avait réveillé son intérêt et qu'il semblait attendre de savoir ce qu'il avait à dire. Son pouls s'accéléra bien malgré lui et il se mordilla la lèvre. Nerveux, lui ? Vraiment ? ça et le fait que Linus lui manquait. Aidan se sentait comme s'il était en manque, ça faisait trop longtemps qu'il n'avait pas embrassé ou juste touché quelqu'un, le problème étant que la seule personne qu'il désirait à présent était celle qui le fixait de son regard imperturbable. Il vint finalement jusqu'au bureau et posa le sachet sur le bureau, là où il y avait un peu de place.

- Je me suis dit que tu aurais peut-être un peu faim...

Mais quelle excuse bidon, vraiment ? Il n'aurait pas pu trouver mieux avant de se ramener ici ? Aidan n'était vraiment pas doué pour ce genre de choses, que voulez-vous, il n'était ni doué pour les sentiments ni pour les mensonges ni pour tourner autour du pot. Il pinça les lèvres cette fois, parce qu'il ne pouvait pas laisser sortir toutes les questions qu'il se posait, il ne voulait pas embêter Linus non plus. Il toucha légèrement son cou, là où les traces de morsures avaient disparu, un réflexe qu'il avait pris, il ne savait pas vraiment pourquoi.

- Tu sais...

Non, Aidan, il ne sait pas, et toi non plus d'ailleurs, c'est tout le problème !

C'est le bordel dans sa tête et plus, il essaie de se calmer, plus ça l'énerve. Pourtant, il n'est pas du genre à s'énerver, mais là, il ne se reconnait plus. C'était quoi le plan ? Venir tâter le terrain innocemment et repartir bredouille si Linus ne mord pas à l'hameçon ? Continuer à se prendre la tête comme ça encore pendant une éternité ? Non. Et tant pis, il cède à son instinct premier plutôt que suivre un plan, parce que de toute façon, il ne sait pas suivre un plan.

Il traverse la distance qui les sépare, contournant le bureau et il attrape Linus par le col pour l'embrasser. Voilà, c'est ça qu'il voulait. Tant pis s'il morflait par la suite, ça valait carrément le coup.

- C'est vrai, j'ai encore beaucoup de choses à apprendre à ton sujet.

Que savait-il finalement de Linus ? Ou plutôt, que savait-il de Linus depuis qu'il avait retrouvé ses pouvoirs ? Les choses avaient changé, il ne pouvait pas dire le contraire, au début le loup avait même tenté de lui dissimuler le fait d'avoir retrouvé ses pouvoirs. Pourtant, il lui avait assez fait confiance pour lui parler de sa nature de guerrier-loup, il l'avait laissé se rapprocher de lui, il était même venu le chercher dans ce bar. Il ne comprenait pas trop en fait, il ne savait pas ce qu'il devait penser de cette situation, Linus semblait tenir à lui et en même temps... il semblait parfois reprendre ses distances comme si c'était une mauvaise idée d'être trop proche, et le fait qu'Aidan prenne aussi ses distances de son côté, n'avait en rien arrangée la situation.

- Je ne sais pas, en fait, tu ne m'en as jamais parlé. Tout ce que je sais, c'est ce que j'ai trouvé dans le frigo lorsque je suis arrivé dans l'appartement.

Bien entendu que c'était juste une excuse pour venir le voir, mais est-ce que cela ne lui faisait pas un minimum plaisir ? Bon, au moins, il ne le jetait pas dehors, c'était déjà bien non ? Il semblait de toute façon plus intéressée par la nourriture que par Aidan, c'est qu'au moins, il devait aimer sa nourriture, même si parfois, elle ne correspondait pas exactement à ses envies et ses attentes. Aidan faisait des plats riches en viandes pour tenter de régaler le petit loup, mais il ne savait jamais vraiment s'il aimait ou non. Linus était toujours imperturbable, de marbre, difficile de savoir exactement à quoi il pense, c'était encore plus le cas depuis qu'il avait récupéré ses pouvoirs, comme si le fait de retrouver sa part animale l'éloignait encore plus de lui.

Il se mordilla la lèvre alors que Linus le questionnait sur ce qu'il est censé savoir, évidemment qu'il ne savait pas, comment le pourrait-il ? Aidan n'arrivait pas à mettre des mots dessus, il n'arrivait pas à s'exprimer alors qu'habituellement, il avait la langue bien pendue, mais cette fois, il ne semblait pas trouver les bons mots. Il ne savait pas quoi faire, il était complétement perdu et frustré, il voulait juste que les choses redeviennent simples entre eux... mais pourquoi est-ce qu'il était le seul à se soucier de la situation ? Comme si finalement, il ne manquait même pas un petit peu à Linus qui vaquait à ses occupations. Alors, à la surprise générale, Aidan lui avait attrapé le col pour l'embrasser, ce qui n'avait pas plu du tout à Linus qui l'avait rapidement arrêté. Bon, il ne savait pas ce qu'il était censé faire, mais visiblement, ce n'était pas ça.

- Désolé... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris...

Objectivement, ce n'était pas du tout son style de faire ça, il n'avait juste pas eu d'autre idée. Et le regard glacial qu'avait Linus en ce moment ne l'aidait pas à trouver une meilleure option. Qu'est-ce qu'il pouvait faire, qu'est-ce qu'il pouvait dire ? Il n'avait aucune idée de ce que pensait Linus et il se retrouvait aujourd'hui démuni.

- Je ne sais pas trop... des réponses, j'imagine. Qu'est-ce que je suis pour toi ?

Pourtant, il savait qu'il ne devait pas poser de questions auxquelles il ne voulait pas de réponses. Parce que là, qu'est-ce que Linus pouvait bien répondre d'autre à part "mon colocataire", hein ? C'était la réponse la plus simple et évidente et pourtant, ce n'était pas la réponse qu'il voulait. D'un autre côté, les choses seraient probablement enfin plus claires s'il lui répondait ceci, mais peu de chance qu'Aidan le prenne bien. De toute façon, il était coincé, et il détestait ça. Si Linus s'en fichait vraiment, c'était le moment de retirer le pansement d'un coup, une bonne fois pour toutes.

Ça allait être douloureux, oui, mais ne vaut mieux t-il pas une douleur passagère que rester comme ça, en attente, pendant un temps qui lui paraitrait infini parce que deux idiots ne savent pas faire un pas l'un vers l'autre ? Aidan n'avait jamais aimé personne, en tout cas jamais comme la façon dont il appréciait Linus, ce ne serait finalement qu'un juste retour des choses que ce ne soit pas réciproque, même s'il n'était pas vraiment préparé à cela, mais qu'y pouvait-il ?