Where's the light ? (Diego&Annie)

Where's the light ?

Cela avait commencé en affaire classique. Un vulgaire braquage de banque. Bien sûr, j’étais intervenu sur le coup pour sauver les otages enfermés dans le bâtiment. Tout s’était passé tellement vite. Les 3 braqueurs de banque furent arrêtés et les otages libérés. Tout allait donc pour le mieux sauf qu’il y avait un détail qui me chiffonnait… j’avais été au cœur de l’action et aux premières loges pour assister au crime commis. Les braqueurs n’étaient-il pas 4 à la base ? J’étais persuadé d’avoir vu 4 hommes vider le coffre-fort de la banque. Comment cela était-il possible ?

N’hésitant pas une seconde, je m’étais glissé dans la salle de surveillance pour visionner les vidéos prises lors du braquage. C’est alors que je le vis, cet homme qui avait échappé à toute vigilance de la part des policiers. L’espace d’un instant, il avait relevé son masque pour se gratter le nez qui le dérangeait avant de reprendre ses petites affaires et se tirer en douce. Cela n’avait durer que quelques secondes mais c’était bien suffisant pour que je puisse le voir. Le plus étrange ? Aucun des autres braqueurs ne semblait l’avoir remarqué. Soit il mentait comme des arracheurs de dents, soit le gars que j’avais vu avait profiter du braquage pour faire ses petites emplètes. Pourtant une partie de l’argent n’avait belle et bien par été rendue. J’en avais alors fait une affaire personnelle. M’étant tiré dès le départ avec la cassette, j’avais la ferme attention de mettre la main sur lui.

J’avais passé des jours et des jours à visionner cette cassette, tenter d’identifier le criminel et sans succès. J’était pourtant certain d’avoir déjà vu sa tronche quelque part, comme si elle appartenait à une célébrité du coin. A force de chercher, j’avais fini par trouver. Cette gueule d’ange, je l’avais déjà vue sur les campagnes de pub de ces abrutis de chez Vought. Le criminel n’était rien d’autre que l’un de ces supers en carton ? Non… J’avais toujours eu un doute sur ces gars. Il me semblait bien trop lisse et bien trop parfait pour que ça soit autre chose que du bluff. Et là j’avais peut-être une chance inespérée de démontrer ma théorie. Il fallait que j’en aie le cœur net.

Une chance pour moi, je connaissais une personne qui pourrait me renseigner. Tout du moins, je la connaissais de nom. Klaus m’avait parlé d’une de ses grandes amies à lui. Annie January. Elle faisait partie depuis longtemps de ce qu’ils appelaient les 7… les touts puissants de leur groupe de m’as-tu-vu. Les intouchables. Cela nous avait valu des discussions enflammées sur le sujet. En grand frère protecteur que j’avais toujours été, j’avais tenté de raisonner Klaus. Clairement, cette fille ne m’inspirait pas confiance. Elle devait très certainement être tout aussi pourrie que les autres. Je n’aimais clairement pas le savoir aussi proche de ce groupe et il aurait très bien pu se faire avoir. Mais bref, nos conversations m’avaient au moins donné des infos utiles et il fallait que j’en profite.

J’avais fini par débarquer dans ses œuvres caritatives, là où elle distribuait des repas pour les sans-abris. Une manière pour elle de redorer son image de super-héroïne parfaite ? Le joli minois qui n’est que la face montrée de l’Iceberg ? Allez savoir. Je n’hésitais pas avant de l’aborder et sentis de l’électricité dans l’air. Cette rencontre promettait d’être intéressante.

« Bonjour, vous êtes Annie January. La fameuse Starlight. C’est bien ça ? »

Je la sentais méfiante et cela ne devait certainement pas être la première qu’on l’abordait pour lui demander des services plus tordus les uns que les autres. Je sortais alors la meilleure carte que j’avais dans ma manche.

« Je m’appelle Diego Hargreeves. Vous savez le frère de Klaus Hargreeves que vous connaissez bien il me semble. »

J’espérais tout du moins. C’était toujours difficile de faire le tri dans les conneries que Klaus pouvait débiter à la minute.

« J’aurais souhaité pouvoir vous parler… en privé. Entre confrères super-héros. »

Where's the light ?

En arrivant devant elle, j’avais pu la percevoir distante, nerveuse s’attendant à toutes les possibilités. J’imaginais bien la vie qu’elle pouvait avoir. A l’époque de la Umbrella Academy notre père s’était arrangé pour nous faire passer pour de vraies petites stars combattant le crime. Je savais ce que ça faisait d’avoir sa tronche placardée sur tous les murs de la ville et être suivi par une horde de fans et de journalistes. Elle devait donc elle-même se faire poursuivre par des fans en furie ou harcelée par des questions indiscrètes. Et ça devait être d’autant pire avec Vought que leur « super » héros se conduisaient comme une belle bande d’hypocrites et n’avaient réellement que leur image noble à défendre. Derrière c’était que du flan. J’en étais persuadé et en aurait mis ma main à couper. Et j’étais justement là pour le prouver et le prouver à la face du monde. Parce que leur mensonge ils en avaient largement profité. Il était temps de faire éclater la vérité. J’étais peut-être pas si différents que les journalistes indiscrets en fin de compte. Mais je possédais un atout dans ma manche qu’aucun d’eux ne pouvait se venter d’avoir. J’étais un Hargreeves et pour elle qui était amie avec Klaus cela devait bien valoir tous les laisser passer du monde.

Le fameux Diego… en l’entendant dire cela je levais un sourcil étonné. Je n’osais même pas imaginer les conneries que mon frère avait pu lui dire sur moi. Cela dit cela ne devait pas être bien négatif. Premièrement, parce que c’était Klaus et qu’on suffisamment proches pour me dire que quand il parlait de moi à une inconnue ça devait être plutôt positif. Et deuxièmement parce qu’elle s’était détendue immédiatement et semblait rassurée. Je ne retenais en revanche pas son rentre dedans. Elle ne m’inspirait pas confiance pour le moment et pactiser avec l’ennemi ne faisait pas franchement partie de mes préoccupations premières. De plus, une partie de moi espérait encore voir surgir Lila de nulle part mallette en main pour venir me retrouver. Je laissais donc ces remarques de côté, me contentant de lui sourire moqueur.

« En chair et en os… j’avoue que je suis plutôt rassuré. Je ne savais pas si tu m’adresserais la parole en apprenant qui j’étais. Surtout pas avec toutes les saloperies que Klaus a pu balancer à mon sujet. »

Je devais bien reconnaître que cela éveillait ma curiosité. J’aurais bien voulu savoir ce qui se cachait derrière le « fameux » Diego. Mais si Annie était toute prête à m’écouter et à me parler, je ne m’attarderais pas trop sur la question. J’avais ce que je voulais finalement. Je ne la quittais pas du regard alors qu’elle s’approchait de moi. Je devais bien admettre que c’était un joli brin de fille. Genre à refléter une innocence qui aurait pu dissimuler une identité de tueuse meurtrière. Tout à fait le genre de profil que Vought devait chercher. C’est sûr qu’aucun membre de la Umbrella Academy n’aurait pu donner la même impression. A part Allison ou Luther peut-être… ça en disait beaucoup sur la valeur de ces gars. Lorsqu’elle parla du concept de super-héros, je laissais un rictus éclairé mon visage.

« Et t’es bien la mieux placée pour le savoir, je me trompe ? »

Trop frontal le sous-entendu ? Il faut dire que la subtilité ça n’avait vraiment jamais été mon fort et que tout ce que son organisation représentait, me donnait la nausée. Toutefois, je savais que sa collaboration me serait très précieuse. Je ne pouvais pas laisser passer une si belle occasion de découvrir les sombres secrets derrière ces pseudos super héros alors j’acceptais sa demande sans rechigner.

« Très bien. Après tout tu as raison. Je n’ai pas encore accompli ma B.A. du jour. C’est peut-être l’occasion. »

En réalité, je ne rechignais pas à aider en cuisine. C’était un fait connu de très peu de monde à part mes frères et sœurs. Mais quand j’étais petit c’était un moment privilégié que je partageais avec ma mère. Les rares moments où je ne m’entraînais pas, je rejoignais ma mère et plutôt que de planter des couteaux dans les mannequins, je m’en servais pour découper des légumes. C’était notre moment à tous les deux et cela me relaxait, me permettant de repenser à ma mère qui ne faisait plus partie de ma vie. Je m’intéressais alors à elle, désireux de la mettre en confiance avant tout.

« Ca fait longtemps que tu fais ça ? Servir des repas aux nécessiteux ? »

Where's the light ?

A sa première remarque, je laissais un léger rictus se marquer sur mes lèvres. Suffisamment léger pour que Annie ne puisse pas le remarquer. Bien que je ne sache pas ce qu’il lui avait dit, je me sentais fier à l’idée que Klaus n’ait pu lui faire que des compliments sur moi. Ce fichu besoin de reconnaissance, vous savez. Et s’il y a bien une personne de mon entourage qui pouvait jouer ce rôle, je savais que ça ne pouvait être que mon frangin préféré.

« Oh tu sais c’est jamais évident les relations familiales… et la nôtre est un bordel sans nom. Il te l'a jamais dit ? »

Je m'arrêtais un moment avant de paraître plus sérieux, poursuivant sur le même ton qu'elle auparavant.


« Mais Klaus et moi on est très proches tous les deux. Donc ce que tu dis ne m'étonne qu'à moitié. Vous vous êtes rencontrés comment tous les deux ? »

Et me revoilà une fois de plus à jouer les grands frères protecteurs. J’imaginais que Vought n’avait jamais de cesse de se chercher de la petite main d’œuvre. Klaus avait en fin de compte des pouvoirs intéressants à exploiter. Ils auraient pu chercher à le recruter en faisant jouer le joli minois innocent et trompeur de la demoiselle. Il n’y aurait vu que du feu et il fallait que j’en aie le cœur net.

Je ne manquais pas de sourire en l’entendant confirmer mes paroles. Au moins, elle n’avait pas l’air de se voiler la face. C’est bien. Peut-être qu’en la cuisinant un peu, je pourrais obtenir les informations qui m’intéressaient. Je ne précisais pas le fond de ma pensée. Cette question n’avait pour but que de prendre la température et juger à quel point elle avait été embrigadée par son organisation pourrie de super-héros.

Elle me proposa alors de l’aider et j’acceptais bien volontiers. Après tout, s’il n’y avait que cela pour la mettre dans de bonnes dispositions, ce n’était pas très cher payer. Je rabaissais en revanche mon regard vers mon torse. Mes couteaux toujours à portés de main, je ne me voyais pas servir de cette façon. Il était hors de questions que je baisse ma garde. Je me devais de pouvoir réagir si jamais la demoiselle profitait d’un instant de faiblesse pour me frapper dans le dos. Je le regardais alors d’un air légèrement embêté.

« Par contre, est-ce tu aurais un tablier quelque part ? Je ne tiens pas vraiment à me salir. »

Et si je me retrouvais à me présenter devant les clients avec mon arsenal bien en évidence, ça n’aurait pas eu l’air très sérieux.

Je choisis alors de m’intéresser à elle, me faisant une première idée de la femme qui se tenait à mes côtés. A l’entendre, elle semblait être quelqu’un d’assez simple. Pas impertinente pour deux sous, elle avait vraiment l’air engagée dans ce qu’elle faisait… avait l’air tout du moins. Il y avait toujours un risque qu’elle ne fasse que répéter comme un perroquet un discours qu’on lui avait appris par cœur.

« Tu sais il y a pas beaucoup de gens qui font ce que tu fais… te rendre disponibles pour aider les autres et faire du bénévolat. Je suis sûr que ces personnes sont reconnaissantes et ne t’en demanderaient pas plus. »

Je savais ce que ça procurait comme sentiment de plénitude et de bien-être de pouvoir aider les autres. J’avais entendu quelque part que l’égoïsme était la plus belle forme de l’altruisme et c’était vrai. On ne pourrait pas aider les autres si on n’avait pas le sentiment que les aider pouvait nous apporter un tel réconfort.

Je restais alors silencieux lorsqu’elle parla du fait que tout le monde pouvait être un super héros, indépendamment du fait qu’ils aient ou non des super pouvoirs. Je poursuivis la réflexion.

« Ceux qui ont pensés ça ne comprenne rien à la vie, si tu veux mon avis. Ces pas nos pouvoirs qui définissent ce que nous sommes. C'est le courage et la volonté de se servir de nos talents, quels qu'ils soient, pour aider les autres.»

Je regardais les plats qui se dressaient devant nous, changeant alors de sujet de conversation.

« Bon, explique-moi. Par quoi tu veux qu’on commence ? »

Where's the light ?

J’écoutais Annie avec attention, me rendant compte que finalement nous n’étions peut-être pas si différents que cela. Elle avait l’air d’en avoir bavé avec sa mère trop envahissante et souffert de l’absence de son père. Il faut croire que les super avaient cela en commun. Aucun d’entre eux n’avaient réellement une enfance facile. C’est peut-être cela qui nous poussait inconsciemment à vouloir faire le bien autour de nous. C’était une manière de se prouver comme une autre qu’il était possible de voir triompher le Bien autour de nous. Peut-être également une façon de nous faire accepter et aimer par notre entourage… même si ce dernier n’était composé que d’inconnus rencontrés un jour de grande détresse.

« Pour ce qui est des parents envahissants, je sais ce que c’est. Je ne sais pas exactement ce que Klaus a pu te dire sur notre père. Mais question ordure finie on fait pas mieux. C’était difficile de s’épanouir en se disant qu’on était pour lui que des rats de laboratoire. »

Et qu’on était en plus une déception constante pour lui… je ne le précisais pas mais clairement c’était une chose dont j’avais beaucoup souffert. Heureusement que Maman était à mes côtés lors de ces années difficiles.

« En revanche, j’ai toujours été très proche de ma mère. C’était un androïde c’est vrai mais elle était aussi la personne la plus douce, empathique et responsable que j’ai rencontré de ma vie. »

Puis finalement, le sujet déboucha sur la fratrie. J’avais été très étonné qu’après ce que Klaus avait pu dire sur nous, elle avait encore envie d’avoir des frères et sœurs. Je finis alors par soupirer.

« Ouais tu sais, avoir une grande famille c’est pas tout rose non plus. Mon père a tout fait pour nous mettre en compétition les uns avec les autres… Contrairement à toi j’étais plutôt du genre solitaire, à rêver d’une vie où j’aurais pu être file unique. Mais on peut pas toujours avoir ce qu’on veut dans la vie. »

Bon c’était pas forcément vrai. J’avais quand même eu la chance d’avoir des frangins aussi formidables que Klaus ou Ben. D’ailleurs lorsqu’elle me parla des bienfaits que mon frère avait pu lui apporter, un sourire apparut aux coins de mes lèvres.

« Ca ne m’étonne pas de lui. »

Je ne développais pas le fond de ma pensée, mais je savais qu’elle avait raison. Klaus pouvait être quelqu’un de vraiment formidable lorsqu’il ne perdait une grande partie de son énergie à tout foutre en l’air. C'est la raison pour laquelle je me montrais parfois très dur avec lui.

« Je suis ravi pour toi s’il a pu t’apporter un peu de réconfort. J’imagine que ton intégration sur l’île n’a pas dû être de tout repos. »

Je saisis alors le tablier qu’elle me tendit, le nouant autour de ma taille. Bon ça ne payait encore par de mine mais c’était déjà bien mieux qu’avant. Au moins, je n’avais l’air d’un meurtrier en puissance prêt à égorger le premier qui viendrait se plaindre que le repas n’était pas à son goût. De toutes manières, je me doutais que ça arriverait pas. Ils devaient déjà être content de pouvoir se mettre quelque chose sous la dent. Je prêtais davantage attention aux propos de la blondinette lorsqu’elle me parla de son rêve de super-héroïne. Le poisson était hameçonné, j’avais plus qu’à remonter la ligne.

« T’es en train de me dire que les Supers de Vought ne seraient pas irréprochables que l’image de la boîte voudrait bien leur donner, c’est ça ? Tu penses que certains auraient pu commettre des actes illégaux ? »

C’était peut-être trop rapide comme approche. La confiance entre nous n’était peut-être pas encore suffisamment installée pour me permettre d’obtenir les informations que je recherchais. Je tentais alors de repenser à ce qu’elle m’avait dit, de me mettre à sa place. A ce moment-là aussi, je pouvais voir des similitudes étranges entre nos deux histoires. Cela aurait pu lui faire beaucoup de bien de le savoir. Il fallait tenter le coup.

« Tu sais, d’une certaine manière je te comprends. Depuis tout petit, j’ai toujours compris que la Umbrella Academy était tout ce qui comptait. En grandissant, j’ai compris que notre père n’était qu’un monstre et que ses intentions et ses méthodes valaient pas le coup qu'on risque notre vie pour lui. C’est pour ça que je suis parti de la maison. Pour tenter de servir une justice certes dans l’ombre mais qui me correspondait beaucoup mieux. Et comme Klaus te l’a dit… je me suis retrouvé obligé de squatter la fréquence de la police. Mais au moins j’étais libre… bon pout tout te dire, la famille a fini par me rattraper mais sans notre père, c’était vraiment mieux. »

Je commençais alors à remplir les premiers bols, tentant de me concentrer sur ce que je faisais. Ca n’était vraiment pas déplaisant de savoir qu’on rendait réellement service en faisant ça. Et pour une fois, je pourrais rendre service en toute sécurité.

« Je peux me permettre de te poser une question ? T’as l’air d’une fille bien et vraiment engagée dans ce que tu fais. T’as vraiment envie d’aider les autres et ça se ressent dans ton discours. Alors qu’est-ce que tu fais encore à traîner au sein de cette organisation ? Pourquoi ne pas redevenir la justicière de l’ombre que tu étais au début ? Parce que ces connards ne te méritent vraiment pas. »

Where's the light ?

Je découvrais que l’enfance d’Annie n’avait pas été rose… c’est le moins que l’on puisse dire. Une mère sacrément aimante. Elle se serait sans doute entendue à merveille avec notre immonde connard de père. Je ne pouvais que me montrer compatissant avec elle. Notre expérience n’était dans le fond pas si différente que cela. Je me demandais d’ailleurs si elle avait le souvenir de ce qui lui était arrivé à cette époque-là. Après tout, comme elle le disait elle-même ce n’était qu’un bébé lorsque cette expérience lui était arrivée. Il y avait une autre chose dans son histoire qui me rendais curieux.

« Je suis vraiment navré pour toi, Annie. Cette expérience a vraiment dû être traumatisante pour toi… et j’en conclus que tu n’avais pas ses pouvoir de naissance ? Comment as-tu appris tout cas ? Ta mère t’en avait parlé ? »

Je réfléchissais à ce que me racontait la blondinette. Même si j’avais de la peine à comprendre son comportement, je ne pouvais que le saluer. Il fallait peut-être un peu de courage pour partir… mais pour rester dans ce merdier. Là clairement, c’était une sacrée héroïne, pleine de courage et de combativité. Sérieux, il avait vraiment de quoi l’admirer pour tenir le coup malgré tout. D’ailleurs, si je m’étais retrouvé dans la même situation qu’elle, n’aurais-je pas agis de la même manière ? C’était difficile à dire. Je n’aurais pas l’affirmer qu’en étant à sa place.

« Tu dois te sentir bien seule par moment. Il n’y a personne qui a pensé comme toi à se rebeller contre eux de l’intérieur ? »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’étais comblé avec ses explications. J’avais clairement reçu ce que j’espérais. Mais maintenant qu’elle m’en parlait, j’avais de la peine à m’en réjouir. Ce qu’elle vivait était clairement atroce. Et encore j’étais loin de me douter de tous les détails sordides de son histoire. J’ouvrais de grands yeux au moment où elle me parla des humiliations sexuelles qu’elle avait dû supporter. Pour moi qui avais eu deux sœurs dans ma vie, ce discours était tout bonnement insupportable. C’était comme si j’entendais Alisson m’avouer à demi-mot qu’elle avait dû coucher avec un producteur pour obtenir un rôle. Si elle m’avait sorti ce genre d’histoire, j’aurais clairement buter cet immonde salopard.

« Et ils n’ont rien fait ? Tu n’as jamais pu obtenir justice pour ce que cette ordure t’avait fait subir ? Comment est-ce que tu as pu le supporter ? Pourquoi est-ce qu’ils n’ont rien fait. »

Un agacement se faisait entendre dans ma voix qui ne faisait que s’agrandir au fur et à mesure de notre discussion. Je m’approchais alors d’elle, osant la saisir par les épaules. J’essayais alors de me montrer rassurant.

« Tu ne vis plus dans ton monde d’origine, Annie. Tu as le droit d’obtenir justice toi aussi. Les lois sont différentes, les gens sont différents… je veux comment est-ce qu’un flic pourrait entendre ton histoire et pas accepter de t’aider ? Il y a bien un juge pas véreux qui condamnera ce salaud. »

Je me rapprochais encore d’elle, lançant avec défiance.

« Laisse-moi t’aider. J’ai envie de t’aider à les faire tomber. On ne peut pas accepter que de soi-disant super héros continue à commettre tous ces crimes sans agir. On pourrait se battre ensemble. »

Ensemble… les yeux plongés dans son magnifique regard, je me rendais soudain compte que j’étais peut-être un peu trop proche d’elle. C’est qu’elle était sacrément mignonne en plus d’être courageuse, la justicière au grand cœur. Je finis par m’écarter, me rendant compte que ce n’était pas vraiment l’attitude que je devais avoir avec elle. Pas après qu’elle m’ait parlé de cette histoire. Je lui sourire alors gentiment.

« Mais bien sûr, la décision dépend de toi. Je n’ai pas non plus envie de te forcer la main. »

Where's the light ?

Annie n’avait pas eu une vie facile c’était certain. Nous n’étions que des rats de laboratoire, c’était certain. On ne s’en était bien sûr pas rendu compte tout de suite. Le monde des adultes échappe parfois à celui des enfants et il leur faut du recul pour comprendre ce qui aurait semblé évident vu de l’extérieur. C’était même à se demander pourquoi personne n’avait rien fait pour nous épargner cela à l’époque. Sans doute parce que comme dans le cas de Vought, notre père savait parfaitement noyer le poisson en présentant aux yeux du monde un clan de petits héros unis dans le but de faire régner le Bien et la Justice dans de ce monde. Mais ils avaient des failles. J’en étais persuadé et il faudrait sans doute miser sur leur arrogance et leur notoriété pour pouvoir les abattre et les réduire à néant. Il fallait simplement que j’aide Annie dans sa quête et que je la pousse à garder courage. C’était un jeu d’enfant, non ? Non bien évidemment que non. Je n’avais jamais été très doué pour ça. En revanche, rien ne m’empêchait de tenter le coup et d’essayer.

« Tu sais ta mère n’avait peut-être pas tort dans le fond. Enfin d’un certain point de vue… tu es la seule à avoir trouvé le courage de leur tenir tête. C’est donc peut-être toi l’élue destinée à détruire les fondations même de cette organisation pourrie jusqu’à la moelle et rabattre le caquet de tous ces supers pas héroïques pour trois sous. »

Ouais bon OK c’était carrément nul comme argument. Mais j’avais au moins tenté le coup. Ca compte non ? Elle avait en tout cas l’air de penser que les menacer directement c’était une initiative très dangereuse. Que beaucoup avaient dû payer très cher cet affront fait à Vought. Mais après tout est-ce que ça comptait ? J’aurais été un piètre super héros si à la moindre menace je devais courbe l’échine.

« C’est parce qu’ils ont eu affaire qu’à des trouillards ! Toi tu ne l’es pas… tu es courageuse et déterminée. Et tu n’as plus aucune raison d’être seule. Il faut peut-être des Supers pour leur faire tomber de leur piédestal et j’en suis. »

Je réfléchis quelques instants à la suite des propos que j’allais lui tenir. Il fallait que je lui parle de ce qui m’était arrivé l’autre jour. Cela permettrait peut-être de retirer la première pièce qui ferait s’effondrer tout l’édifice.

« J’en ai fait une affaire personnelle depuis quelques semaines. Je voulais pas t’en parler tant que je ne savais pas de quel côté de la balance tu te tenais mais maintenant que je sais que tu es du bon côté. Tu as entendu parler du cambriolage de la banque Mayfair qui a eu lieu il y a quelques semaines ? Et bien c’est moi en partie qui est sauvé les otages et arrêter les criminels… le problème c’est qu’ils étaient 3 arrêtés par la police alors qu’à la base ils étaient 4. J’ai découvert alors que le quatrième s’était fait la mal avec pas mal de fric sous le bras… et je sais de qui il s’agit. J’en ai la preuve. »

Je me rapprochais d’Annie assez fier, convaincu qu’elle serait ravie de l’apprendre. Je lui souris alors pour la première fois.

« Ca va peut-être pas t’aider à les faire tomber de suite mais tu pourras au moins l’utiliser pour les déstabiliser. Moi en tout cas, je ne laisserais personne me damner le pion comme ça. Je n’hésiterais pas une seconde si ça peut me permettre de laver mon honneur. »

Elle me parla alors du fameux Homelander qui semblait être le plus dangereux de tous. Celui qui serait le plus dur à arrêter selon ces propres dires.

« Personne n’est invincible, Annie. Même Superman a sa kryptonite. Il faut simplement trouver la sienne. Tu le connais mieux que tous, non ? Il y a pas un détail qui te revient en tête ? Quelque chose qui pourrait nous aider ? »

Where's the light ?

C’était difficile de ne pas se sentir toucher par les propos de la jeune femme. Elle était d’une modestie et d’une détermination, une vraie sainte. C’est clair qu’au milieu d’un groupe comme Vought elle devait parfaitement dénoter. C’était peut-être de là que lui venait ses qualités, en partie. Quand on fréquente des gens aussi mauvais généralement on peut avoir deux sortes de réflexes. Les imiter pour se sentir accepter ou agir de manière totalement différente pour rester fidèle à ses principes. Apparemment, Annie semblait être dans le deuxième cas, ce qui ne pouvait que me pousser à l’admirer davantage. C’était une grande victoire sur elle-même de pouvoir rester incorruptible après tout ce qu’elle avait vu, alors même qu’elle se battait toute seule face à quelque chose qui la dépassait. Mes propos n’avaient pour but que de la stimuler, mais elle ne répondait pas de la manière dont je me serais attendue. On ne rêve pas tous d’être le numéro 1 après tout.

« Déterminée, courageuse, rusée et modeste… je pense que si toi tu n’arrives pas à les réduire à néant, personne n’y arrivera. »

J’allais rajouter « canon » à la liste de ses qualités mais j’avais peur qu’elle le prenne mal. Et je ne voulais clairement pas passer pour un tombeur en manque d’attention, ce n’était clairement pas mon genre. Je passais donc rapidement à la suite de ses réflexions. C’est sûr que j’aurais pu compatir à leur malheur et me montrer compréhensif. Qui sait ce que Vought était capable de leur faire compte tenu que leurs super pouvoirs eux étaient réels. Mais j’avais toujours préféré le bâton à la carotte pour motiver les gens et moi je me disais toujours qu’un bon coup de pied aux fesses était le stimulant le plus efficace. Mais ça c’était parce que j’étais extrêmement exigeant avec moi-même et que j’avais donc tendance à l’être avec les autres.

« C’est sûr que tu as un avantage certain par rapport aux autres, tu sais te défendre. Ce n’est pas le cas de tout le monde. C’est pour ça que ça vaudrait peut-être la peine de t’adresser à d’autres Super pour t’aider. Des Super qui ne sont pas des êtres corrompus par la machine Vought. La Umbrella Academy par exemple ? »

Je pourrais peut-être réussir à convaincre les membres de ma famille restant de nous prêter main forte. Je voyais mal Klaus refuser de l’aide à l’une de ses grandes amies, avec au besoin un coup de pied au cul pour finir de le motiver. Plaider sa cause auprès de Five ne serait sûrement pas évident mais après tout qui sait ? Ca le sortirait peut-être de la mélasse constante dans laquelle il se noyait. Il pourrait zigouiller du Super, ça le tenterait peut-être. Quant aux autres… il fallait déjà que j’ai l’occasion de leur adresser la parole. Mais on pourrait peut-être tenter le coup. Je laissais la question en suspens, lui parlant d’une affaire concrète qu’on pourrait faire ressortir au grand jour. Annie évoqua la possibilité d’une journaliste qui pourrait nous appuyer et publier cette affaire.

« Tu vois. Ca vaut la peine de tenter le coup. Même s’ils noient l’affaire, il y a une petite chance pour qu’ils commencent à se sentir menacer. Et ça pourrait nous emmener loin. Qu’est-ce qu’on risque ? »

Je réfléchis alors à ce qu’elle racontait en parlant de l’autre Hommelancer avant d’annoncer.

« Ce qui veut dire que pour le déstabiliser, il faudrait le discréditer aux yeux du monde ? Il faudrait le prendre sur le fait à moins que tu connaisses des petits secrets bien lourds qui pourrait l’humilier ? Un post sur les réseaux sociaux et paf, on aurait le droit à l’hilarité générale. » vient en tête ? Quelque chose qui pourrait nous aider ? »

Where's the light ?

Je souris à sa première remarque. Un sourire sincère qui en disait long sur ce que je pouvais penser mais que je n’exprimais pas clairement. Je ne voulais pas baisser ma garde trop vite. Surtout que connaissant la réputation de Vought je ne savais pas si je pourrais vraiment lui donner raison ou non. Pourtant, elle semblait tout à fait honnête dans sa démarche. Mais quiconque me connaissait, savait parfaitement qu’il ne fallait pas espérer gagner ma confiance trop vite. Pour toute réponse, je haussais simplement les épaules en tournant le regard.

« Disons que je veux bien t’accorder le bénéfice du doute. Estime-toi heureuse, je pense que c’est le mieux que j’ai jamais offert à une première rencontre. »

Bon je devais admettre que ça contredisait un peu tout ce que je venais de dire. Mais qui n’a jamais eu un instant de faiblesse dans sa vie ? Et puis je m’étais rattrapé à la fin… plus ou moins en tout cas. Je restais cependant bouche bée au moment où elle me retourna le compliment. C’est assez rare qu’on fasse preuve d’une appréciation pareille à une première rencontre. C’était plutôt positif en fin de compte et je pris tout de même la peine de rebondir sur sa remarque, ne voulant pas lui donner l’impression d’un rejet total non plus.

« Peut-être bien… sait-on jamais. »

J’aurais cependant beaucoup de peine à l’admettre devant Klaus… et c’était peut-être ça qui contribuait aussi à ma réticence. L’impression d’avoir été casé par mon frangin qui n’en manquerait pas d’en faire des caisses si jamais on venait à sortir ensemble.

Pour le moment, il y avait de toutes manières quelque chose de beaucoup plus urgent à traiter. Il fallait arrêter cette organisation de héros de pacotille qui ne méritaient clairement pas les éloges qu’ils recevaient. C’était des m’as-tu-vu de première… et pire des criminels que tout le monde acclamait comme des héros ? C’était une chose que je ne pourrais pas laisser passer, jamais ! Au moins Annie semblait être prête à nous faire confiance et c’était un très bon point ! Il ne restait plus qu’à espérer que la réciproque en vaille la peine. Annie me fit rapidement comprendre que j’étais un peu trop optimiste dans mes propos. L’organisation pourrait s’en prendre à nos proches… je pourrais me retrouver dans la situation où je serais incapable de protéger ma famille. Ma propre famille ! Etais-je réellement prêt à ça ? Je n’en savais rien… mais une discussion sérieuse aurait lieu dans ma famille et je leur laisserais le droit de prendre eux-mêmes la décision.

« Affronter la mort quotidiennement tu sais c’est un peu le B.A.-BA des Hargreeves. On en a l’habitude… mais c’est plutôt de ton côté que ça risque de poser un problème. Tu as des proches ici dont tu pourrais t’inquiéter ? »

Il fallait bien qu’on ait cette discussion et qu’elle me dise où elle en était elle-même dans sa vie privée. Jusqu’où serait-elle prête à aller pour faire éclater la vérité au grand jour ? Elle connaissait des tas de vérité mais rien qu’elle ne pourrait crachez au monde pour faire découvrir qui était réellement ses condisciples. Il nous fallait des preuves solides et en réfléchissant bien… je me disais que j’avais peut-être une idée.

« Tu as déjà penser à leur tendre un piège… ils ont bien de points faibles, non ? Des trucs auxquels ils seraient incapables de résister ou qui finirait par les pousser à l’aveu… ça pourrait se tenter, non ? »