Barbe Bleue | Mathilde

Ce monstre ne lâchait pas prise. Il était à leur poursuite, bien décidé à s'en prendre à elles et à les tuer, comme toutes les autres femmes qui se trouvaient dans le sous-sol. Désormais dans un long couloir aux multiples portes, les deux femmes étaient perdues. Elles ignoraient quoi faire pour s'en sortir et où aller. Entendant le monstre derrière elles, elles s'étaient réfugiées dans la première pièce à leurs côtés. Effrayées, elles priaient pour que ce monstre ne les trouve pas tout de suite, pour avoir le temps de trouver une solution. Se battre pouvait être éliminé d'office. Elles n'étaient pas suffisamment fortes pour l'affronter. Il suffisait d'observer sa carrure pour s'en rendre compte. Non, il fallait plutôt ruser et trouver comment piéger cet homme sans avoir à se mettre en danger plus que nécessaire.

Après un temps de réflexion, Mathilde proposa donc le plan qui se dessinait dans son esprit à force d'y réfléchir. Le tout était d'y aller le plus silencieusement possible en priant pour ne pas se faire prendre et en priant pour que l'homme ne se cache pas derrière la porte de la pièce où elles se trouvaient. Puisque Elena ignorait s'il y avait une serrure de l'autre côté de cette porte, elles devraient peut-être improviser à un moment donné, mais elles devaient déjà vérifier. Très lentement, Elena avait ouvert la porte pour tâter au niveau de la serrure et découvrir qu'il y en avait bien une. Mathilde s'en retrouvait soulagée. C'était déjà une première bonne chose. Discrètement, après avoir refermé la porte derrière elles, les deux femmes s'étaient précipitées vers la prochaine porte. Désormais, elles se devaient d'être particulièrement attentives pour pouvoir mettre à exécution leur plan et enfermer le monstre dans la pièce voisine. Le tout était d'être attentive, précise et rapide. Arriver une seconde trop tôt ou trop tard pouvait signer leur arrêt de mort.

Le temps paraissait interminable. Les secondes ne s'écoulaient plus aussi vite qu'auparavant, mais, enfin, un bruit se fit entendre. Le coeur de Mathilde battait à tout rompre, elle avait terriblement peur. Ses yeux se posaient sur son amie et elle lui pressait délicatement la main pour lui dire que c'était le moment. Le moment pour sortir et fermer la porte où le monstre était enfermé. « Maintenant. » Souffla-t-elle en ouvrant sans bruit la porte où elles se trouvaient actuellement pour rejoindre le couloir et verrouiller l'autre porte.

Le plan était dangereux, mais elles devaient le tenter, elles n'avaient pas le choix. Elles devaient le faire dans l'espoir de s'en sortir parce qu'aucune autre solution ne s'offrait à elles pour le moment. Dans le plus grand des silences et avec toute la discrétion du monde, elles s'étaient placées dans la pièce à côté de celle où elles espéraient voir ce monstre entrer pour l'enfermer. Le temps avait paru interminable, mais le moment était enfin arrivé. Après avoir pressé légèrement la main d'Elena pour lui signaler qu'il était temps, elle avait ouvert très délicatement la porte en priant pour qu'il n'y ait pas le moindre grincement. Puis elles s'étaient rendues devant la pièce à côté sans faire de bruit. Le monstre était dos à elles, à quelques pas de la porte. Après un dernier regard entendu, Mathilde avait brutalement et rapidement refermé la porte et Elena l'avait verrouillée. L'homme, qui les avait entendu, s'était jeté sur le porte, mais, de justesse, n'avait pas eu le temps de les en empêcher. « J'ai eu si peur ! » Souffla-t-elle en retrouvant son souffle. Sans s'en rendre compte, sous la panique, elle avait cessé de respirer. Maintenant, elle se sentait plus libre de le faire, même s'il ne fallait pas perdre de temps pour autant.

« Tu as raison, on ne doit pas perdre une seconde. » Cet homme savait peut-être comment sortir facilement de cette pièce ou ne mettrait pas longtemps à défoncer la porte. Elles se mettaient donc à courir à travers le long couloir, à la recherche d'un moyen pour fuir. « Là-bas, regarde ! » S'exclama la jeune femme en apercevant une lumière au fond du couloir. Ce n'était pas une lumière émanant d'une des portes sur le côté de ce couloir, mais bien d'une lumière qui provenait du fond du couloir dont elle parlait... Peut-être était-ce enfin la sortie tant espérée après toutes les épreuves qu'elles avaient traversées ?