Tu n’es pas d’humeur Gavin ce soir ; tu ne l’es jamais. Tu as envie d’être libéré du stress du travail, et de la rage qui s’accumule au fil des jours. Ce n’est pas la première fois que tu te rends dans un bar pour faire couler le sang avec tes poings – et recevoir des coups, ça remet les idées en place. C’est un endroit pathétique, où tous les déchets de la ville s’échouent pour noyer leurs peines dans l’alcool. Ton entourage aurait tendance à dire que ça te ressemble, et franchement tu les emmerdes. Tu vaux mieux que tous les alcooliques et criminels présents ici ; tu vaux mieux que tout le monde, d’ailleurs… Et tu emmerdes aussi tous ceux qui affirment le contraire.
Assis au comptoir, tu te jettes sur le premier regard un peu trop soutenu pour demander au type s’il veut ta photo. La discussion loin d’être civile prend la tournure que tu souhaites, et bientôt il se lève pour t’en mettre une. Le barman est tellement désabusé qu’il ne fait aucun commentaire – il a l’habitude de voir ta sale tronche ici, c’est un des rares qui ne t’a jamais viré. Sans doute parce que tu l’aides gratuitement à virer pire que toi hors de son établissement. Ton poing fermé atterrit en plein dans son nez, qui émet un craquement satisfaisant sous l’assaut. Tu prends le temps de regarder le sang couler des narines jusqu’à son menton, avant que ta victime ne reprenne ses esprits et cherche à se venger. Les coups volent et, comme tu l’espérais, personne ne semble vouloir intervenir.
Cracks on the mirror, I see someone but not somebody
Ce soir, c'était supposé être ta soirée chill de la semaine. Pas de travail de dernière minute à prévoir, pas d'ami t'ayant appelé en catastrophe à la dernière minute pour que tu l'aides à réviser, absolument rien. Généralement tu en aurais profité pour pour passer un peu de temps en tête-à-tête avec l'écran de ton ordinateur, duquel tu étais devenue bien trop addicte au cours de ces dernières années, mais pour une fois tu avais eu envie de sortir. Très rapidement, tu avais repéré une bande de jeunes d'approximativement ton âge vers lesquels tu n'avais pas hésité à aller et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, tu t'étais même trouvé bon nombre d'intérêts communs avec l'une des filles du groupe. Et finalement, c'était lorsque tu t'étais quelque peu éloignée le temps d'aller chercher une tournée de bières que tu avais aperçu la scène.
Tout d'abord, tu ne lui avais pas vraiment prêté attention. Les coups de gueule entre alcooliques étaient si fréquents dans ce genre d'endroit qu'en dehors de tes fonctions, cela faisait bien longtemps que tu avais appris à les ignorer. Sauf que naturellement, ta grande gueule est bien incapable de se la boucler lorsque ton regard se pose sur le barman qui ne semble même pas concerné par ce qui se passe. « Et vous ne faites rien ? » Tu lui lances alors d'un ton ouvertement rempli de jugements, alors que celui-ci se contente de hausser les épaules. « Tu apprendras au fil des années qu'il est préférable de laisser les grandes personnes se charger de leurs histoires elles-mêmes, gamine. » Te répond-t-il d'un ton las en continuant à nettoyer le verre sur lequel il s'applique beaucoup trop que pour paraître complètement crédible. Et forcément, au bout de quelques secondes à observer le champ de bataille improvisé, tu reconnais l'un des deux protagonistes.
Sur le coup, tes yeux s'agrandissent légèrement. Les quelquefois où tu t'étais retrouvée à patrouiller avec lui, Gavin t'étais rapidement apparu comme étant quelqu'un qui n'hésitait pas à se salir les mains. Il n'était pas de ceux avec lesquels tu pouvais avoir le plus de conversations, non plus. Mais au point de point d'être dans ceux alimentant les bagarres de bar pour lesquelles il vous arrivait d'intervenir ? Surprenant - et définitivement pas dans le bon sens du terme. Aussitôt, tu te sens obligée d'intervenir : parce que si quelqu'un d'autre que toi venait à le reconnaître, certainement aurait-il bien davantage de problèmes. « Reed, qu'est-ce qui vous prend ?! » Tu tentes alors de l'interpeller tout en te faufilant au milieu du conflit, priant mentalement les Sept pour ne pas te prendre un coup destiné à l'un des deux assaillants - ce qui avait, soyons clair, probablement pas mal de chances d'arriver.
GAVIN&RHAENYRA
Invité
Jeu 12 Oct - 22:05
I gave my knuckles for their money, spider web
Les coups continuent à pleuvoir, tu en prends autant que tu en rends, ravi de pouvoir de déchainer ta colère contre ces types. Une voix familière se fait un chemin parmi le chahut, et la vision de la jeune policière à qui tu apprends le métier t’étonne assez pour ne pas voir le poing arriver en plein dans ton visage. Tu chavires sous la force et tu t’écroules sur la table de joueur de cartes, renverses leur partie et leurs boissons, provoquant ainsi leur indignation. Quelle idée de continuer à jouer quand il y a bagarre générale.
En mauvaise posture, et surtout ne voulant pas risquer que la jeune femme devienne victime collatérale en décidant de s’interposer, tu décides de prendre la fuite. Chancelant d’abord quand tu reviens sur tes pieds, tu fonces sur elle et attrapes son bras pour l’emporter loin des insultes et cris. Tu cours, loin, jusqu’à une ruelle où tu t’arrêtes pour reprendre ton souffle. Les ecchymoses commencent à apparaitre, noirs et violets. Ta joue te lance, et tu passes ta langue sur tes lèvres pour recueillir les gouttes de sang qui y perlent.
Tu n’as aucune idée de comment tu pourrais t’expliquer, ce que tu devrais dire pour la convaincre que ça ne t’empêche pas de faire ton boulot correctement, les bagarres dans les bars. Tu ne pourras sans doute pas, de toute manière, puisque les voix des types avec qui tu t’es battu se font entendre. Ils ont dû être jetés du bar à leur tour, et ont décidé de continuer à en découdre. Vous étiez dans un cul-de-sac et, à moins qu’ils ne vous voient pas, tu venais d’empirer la situation. Comme toujours.
- P’tain.
Fais-tu, avec beaucoup d’éloquence, tandis que tu t’apprêtes à continuer de te battre malgré ton piteux état.
Cracks on the mirror, I see someone but not somebody
L'espace d'un instant, t'es convaincue que tes protestations ne seront pas efficaces pour tenter de le faire revenir à la raison. Ton collègue semble dans une rage noire, tapant visiblement au hasard parmi les gaillards ayant décidé de lui faire front et même s'il semble s'en tirer sans trop de mal grâce aux entraînements qu'il a reçu, le nombre croissant de types semblant prêts à en découdre te fait forcément craindre pour sa sécurité - et pour votre réputation, également. Dans un lieu aussi public que celui-ci, presque n'importe qui est susceptible de le reconnaître et cela retomberait forcément sur le bureau si ça s'apprenait.
L'étau se resserre et bien que tu tentes de garder la face, t'aurais réellement presque envie de tourner les talons et de prétendre que tu n'as rien vu. Pendant quelques secondes, tu mépriserais presque cette éternelle témérité qui t'empêche de le faire : maintenant que tu t'es trahie, il est hors de question que ta propre fierté t'autorise à battre en retraite. Chance pour toi, le trentenaire semble être assailli par une bouffée de raison et avant même d'avoir réellement eu le temps de comprendre exactement ce qui se passait, vous vous retrouviez à détaler comme des lapins.
La ruelle où vous vous arrêtez pue le coupe-gorge et tu dois reconnaître que t'as envie de te trouver n'importe où ailleurs qu'ici. Et forcément, même si t'es bien loin d'être un exemple de conduite, tu ne peux t'empêcher de l'assaillir de reproches plutôt que de simplement être reconnaissante qu'il ne t'ait pas abandonnée au milieu du chaos. « Vous êtes complètement dingue. Quelqu'un aurait pu vous reconnaître... » Encore plus en sachant que t'avais eu l'excellente idée de prononcer son nom à voix haute au milieu de la cohue sous l'effet de la surprise - pour ça, tu pourrais te maudire intérieurement plus tard. Avec un peu de chance, personne ne t'aurait véritablement accordé d'attention compte tenu de l'agitation ambiante. « Vous allez bien ? » Evidemment, l'inquiétude reprend vite le dessus lorsque tes yeux se posent sur son visage aussi ensanglanté qu'inhabituellement... coloré.
T'aimerais pouvoir passer plus de temps à l'examiner pour t'assurer qu'il n'a pas réellement hérité d'une blessure plus sévère que les autres mais les échos de voix que t'entends se rapprocher t'en dissuadent presque aussitôt, te condamnant au silence quasi intégral. « Non. » Tu lances aussitôt à ton acolyte lorsque celui-ci semble se mettre en position de combat, n'ayant visiblement pas encore eu son compte. Face à des adversaires alcoolisés et particulièrement remontés, t'as strictement aucune envie que vous vous retrouviez acculés dans un coin tel que celui-ci. Aussi, ton index vient se poser sur tes lèvres pour lui faire signe d'opter plutôt pour la discrétion dans une ultime tentative de conserver le peu de discrétion qu'il vous reste : t'as beau être une personne courageuse, t'en es pas pour autant complètement suicidaire. L'espace de quelques secondes, le silence se fait aussi présent que pesant et bien que tu restes aux aguets, t'as réellement la naïveté de penser que vous alliez peut-être réussir à vous en tirer aussi aisément. Sauf que, manque de bol, t'entends un « là-bas, j'crois que j'ai vu quelque chose bouger ! » qui te laisse peu d'espoir quant à la suite des événements, une maigre partie de toi continuant égoïstement à espérer qu'ils avaient simplement jeté leur dévolu sur quelque chose (ou quelqu'un) d'autre.
GAVIN&RHAENYRA
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Bagarre au bar | Rhaenyra
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