Jalousie au rendez-vous ?

J’avais arrêté la voiture dans un champs. Pensif, j’étais sortis quelques instants pour fumer une dernière cigarette avant les retrouvailles. Clairement, je me sentais nerveux et la quasi pleine lune qui brillait dans le ciel n’aidait pas à arranger les choses. Pourtant ce rendez-vous, c’était mon initiative. Je pouvais pas aller voir Stolas en prétendant qu’il voulait à nouveau m’enfoncer dans un coup fourré… tout ça pour s’amuser à me peloter dans une loge de théâtre. Et je devais bien admettre en plus de ça que Stolas avait eu un super comportement avec moi ces dernies temps. Bon il fallait encore corriger le tir sur certaines choses. Comme ses allusions sexuelles de merde qui m’avaient déconcentrées et fait rentrer dans le mur de l’observatoire. Mais ça avait plus rien à voir avec le Stolas que j’avais connu par le passé. Lorsque j’étais derrière les barreaux, il avait pris le temps de m’écouter sérieusement. Partagé avec moi la manière dont chacun avait vécu cette putain de relation toxique. Il avait l’air d’avoir retenu la leçon et c’est bien pour ça qu’on se retrouvait ici ce soir.

Je voulais y aller. Je trouvais ça plutôt cool d’être arrivé à un point de notre relation où je me sentais presque en confiance avec lui. Où je pouvais me passer de ses avances de merde et savais que la soirée se finirait pas forcément dans son plumard. J’appréciais sa compagnie, vraiment. Et j’étais curieux de savoir si on pouvait vraiment devenir plus que des collègues. Des amis qui appréciaient juste de passer un bon moment ensemble. Pourtant maintenant que je devais le rejoindre, j’avais la boule à l’estomac. Ouais bon autant être honnête, si j’avais dû sortir de la voiture c’est parce que je venais de me faire une putain de crise d’angoisse. Et maintenant encore j’avais le cœur qui battait comme un dingue dans ma poitrine et je commençais tout juste à calmer ma respiration qui m’avait donné l’espace d’un instant l’impression d’étouffer. J’espérais qu’une cigarette pourrait m’aider à faire passer tout ça. Reflexe à la con engendré par mes traumatismes passés. A côté de ça, j’arrêtais pas de me répéter des phrases à la con dans le genre :

Allez Blitz calme-toi. Tu peux le faire. C’est rien qu’une petite soirée entre potes. Stolas essayera pas de te sauter dessus sans ton consentement. Alors il y a pas de raisons que ça se passe mal, calme-toi !

Et puis de toutes manières, il y avait le contrat, non ? Si jamais Stolas essayait de me toucher sans mon consentement j’aurais de quoi me défendre. On était plus dans cet Enfer de merde où je pouvais rien d’autre que me mettre à genoux devant Stolas et supporter le poids de mes chaînes. Pour une fois que notre accord jouait en ma faveur.

Calmé, je repris le volant pour me rendre devant chez Stolas. Je pris une grande respiration, soufflait deux ou trois fois et pris un papier dans ma main que le garage m’avait transmis. En sortant de la voiture, je pris quelques secondes pour observer le costume de Stolas. Je me souvenais que trop bien de la soirée chez Ozzie et j’avais peur de le voir à nouveau sortir le grand jeu mais c’était pas le cas. Et je me sentais vraiment rassuré. De mon côté, je m’étais contenté de cette tenue que je portais normalement en Enfer. Un jeans noir surmonté par un col roulé rouge caché sous une veste en cuir. C’était pas la grande classe, c’est clair. Mais je faisais pas partie de la haute moi !

« Hello Stolas ! Le carrosse de ton altesse est avancé. »

Je lui tendis le papier que je tenais dans ma main.

« La facture du garagiste, comme promis. Comme il est sympa, il te laisse la payer d’ici la fin du mois. Ca devrait pas te poser de problème, vu combien t’es pété de tunes. »

Ok bon c’était peut-être pas la première remarque à faire pour qu’on passe une bonne soirée mais il me connaissait assez pour savoir que c’était pas mon genre de faire des courbettes. Mais comme je voulais pas avoir l’air d’être trop méchant non plus, je me permis une remarque sur lui, pensant que ça détendrait l’atmosphère.

« En fait, plutôt sympa ta tenue. T’as enfin l’air d’avoir compris ce que c’était qu’éviter le too much. C’est cool ! »

Ce qu’il était beaucoup moins, c’était ces remarques maladroites que j’arrêtais pas de lui balancer. A chaque fois que j’essayais d’être gentil c’était encore pire qu’avant. Qu’est-ce que je pouvais être con ! Je m’installais à ses côtés dans la voiture.

« T’as vu ça ? Comme neuve. Alors dis-moi il est où ce fameux resto ? Je t’emmènes manger où ? »