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Mer 3 Juil - 12:09
Ça faisait un moment qu'Aidan trainait aux abords de la plage, déjà parce qu'il venait y faire des concerts et d'autres trucs du même genre. C'était l'été et pour lui, il fallait absolument profiter du soleil, de la plage, des festivals, tout ce qui pouvait rendre cet été inoubliable, c'était d'autant plus vrai pour les étudiants qui n'avaient que ce moment pour souffler un peu. C'était assez ironique pour lui, qui vivait désormais pratiquement la nuit, surtout depuis qu'il était Barman dans un endroit très sombre et... non, il n'avait pas vraiment d'autres mots qui lui venait à l'esprit. Il aimait bien le bar, les gens étaient plus sympas que ce qu'on pourrait croire et les vampires en avaient gros sur la patate. Bien sûr, tout le monde ne l'aimait pas, certainement plus dû à des mauvaises expériences avec les humains que lui-même, mais il ne faisait rien de spécial pour montrer qu'il n'avait rien à voir avec eux non plus.
En plus de son travail, il organisait d'autres trucs à côté, comme le petit festival qu'il y avait eu sur la plage, tous les bénéfices sont allés au refuge d'Athohallan, il se donnait vraiment du mal pour cet endroit et comptait bien continuer ainsi, il n'était pas un saint, certainement pas le meilleur des hommes, néanmoins il aimait se sentir un peu utile et faire des choses qui comptent vraiment. Il ne pourrait jamais être derrière un bureau toute la journée, il avait besoin de choses qui le passionnent. Il s'était fait une toute petite place dans cette ville, bien qu'il sache qu'elle pourrait parfaitement continuer sans lui, sans que personne ne se demande même où il pouvait être passé. Comme Linus, au fond. Il essayait de ne pas y penser, mais ce n'était pas si évident. Il l'avait si facilement éjecté de sa vie, qu'il avait l'impression de ne jamais avoir compté pour lui. Pourtant, il avait pensé qu'il comptait au moins un peu pour lui, au point de lui confier des choses qu'il n'aurait jamais dites à un autre humain. Comment avait-il pu se tromper à ce point ? On lui avait souvent dit qu'il était trop naïf après tout.
Aujourd'hui, il était monté sur un des bateau dans le but de demander à son capitaine, qu'il ne connaissait pas encore, s'il pouvait organiser quelque chose de semblable dessus, parce que ce serait vraiment cool de faire de la musique dessus, ça amènerait plein de monde qui pourrait profiter des cocktails et de quoi grignoter - parce qu'il savait faire ça aussi, bien sûr - même s'il n'était pas spécialement à l'aise sur un bateau. Pas qu'il ait le mal de mer ou quelque chose comme ça, non, c'était même tout le contraire. Il n'avait aucun mal avec le bateau, c'était surtout qu'il ne savait pas nager. Il avait déjà failli se noyer dans une piscine où il avait pied et c'était Jeremiah qui avait dû le sauver de sa bêtise. Mais alors qu'il cherchait le propriétaire des lieux, il ne comprit pas exactement ce qu'il se passait, une bagarre sembla éclater, ne voulant absolument pas s'en mêler, il se mit de retrait en observant, attendant que la situation se calme d'une façon ou d'une autre. Quelqu'un allait bien finir par venir les calmer ? Il finit cependant par se prendre un violent coup qui le fit passer par-dessus bord, et plouf, directement dans la mer.
Ne sachant même pas nager, il ne chercha pas vraiment à se débattre, cela l'étonnerait que quelqu'un l'ait vu tomber... il se laissa lentement engloutir par les flots, se demandant si au moins une personne sera triste, il ferma les yeux, attendant la mort.
Corto Maltese
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Les premiers rayons du soleil perçaient à peine l'horizon que déjà je me retrouvais plongé dans mes pensées. Ce monde, cette île, semblait appartenir à une époque qui ne faisait aucun sens pour moi. Les bâtiments s'élevaient vers le ciel avec une audace futuriste, faits de matériaux que je ne reconnaissais pas. Les gens se déplaçaient avec des appareils étranges à la main, parlant à des interlocuteurs invisibles. Chaque coin de rue, chaque visage rencontré m'offrait un spectacle nouveau et déroutant.
Je me tenais sur le pont de "La Tortue", mon fidèle navire, qui paraissait désormais presque anachronique dans ce décor. Pourtant, c'était ici, sur ce bateau, que je trouvais un semblant de normalité, un refuge face à cette modernité étourdissante. Les vagues qui venaient lécher la coque, le cri des mouettes, l'odeur salée de l'air marin, tout cela me rappelait que certaines choses ne changeraient jamais.
Mon esprit vagabondait, cherchant à comprendre ce que je faisais ici, dans ce futur incertain. Les aventures passées semblaient bien loin, et pourtant, leur souvenir restait vivace, comme des balises dans une mer d'incertitudes. Les rencontres avec des personnages hauts en couleur, les trésors cachés, les batailles navales, tout cela avait forgé l'homme que j'étais. Mais ici, que restait-il de ces expériences ? Quelles nouvelles aventures pouvaient bien m'attendre dans ce monde où la technologie semblait remplacer la magie des cartes et des compas ?
Je devais admettre que cette île avait son charme. La nuit, elle s'illuminait de mille feux, des lumières artificielles qui dessinaient des constellations terrestres. Les festivités y étaient fréquentes, remplies de musiques étranges mais entraînantes, et de boissons aux saveurs inédites. J'observais tout cela avec un mélange de curiosité et de nostalgie, me demandant si, moi aussi, je pouvais m'adapter à ce nouveau monde, ou si j'étais destiné à rester un éternel anachronisme.
Alors que je me perdais dans ces réflexions, le bruit lointain de la mer continuait de rythmer mes pensées. C'était un son apaisant, familier, et pourtant, il semblait chargé de mystères dans ce contexte moderne. Un fracas soudain m'arracha à mes pensées. Un éclaboussement, suivi de cris étouffés. Instinctivement, je me tournai vers la source du bruit. Quelqu'un était tombé à l'eau.
Sans réfléchir, je plongeai dans les flots glacés. L'adrénaline me guidait, et en quelques brasses puissantes, je parvins à l'infortuné. Mes mains se refermèrent sur ses vêtements détrempés, et je le tirai vers la surface. Les secondes semblaient des heures, mais enfin, nous atteignîmes le bateau. Je hissai le jeune homme à bord avec l'aide des autres marins, l'esprit encore en alerte.
L'eau ruisselait de mes vêtements alors que je me redressai, le souffle court. Je laissai les marins s'occuper du naufragé et pris un moment pour retrouver mon calme. Les souvenirs de tant de sauvetages similaires se bousculaient dans ma tête, et pourtant, cette fois-ci semblait différente. Peut-être était-ce la modernité de ce monde qui ajoutait une touche de surréalisme à la scène.
Debout sur le pont, je regardai autour de moi, cherchant à comprendre comment cet incident avait pu se produire. La lumière du jour naissant commençait à éclairer la scène, révélant peu à peu les détails de ce monde étrange et fascinant. Mon regard se posa alors sur l'inconnu, allongé sur le pont, toussant et crachant l'eau qu'il avait avalée. Qui était-il ? Que faisait-il ici ? Et surtout, qu'est-ce que tout cela signifiait pour moi ?
Je pris une profonde inspiration, décidant de ne pas laisser ces questions sans réponse. Il était temps d'affronter ce monde moderne avec la même détermination que celle avec laquelle j'avais affronté les tempêtes et les mystères du passé. Chaque jour apportait son lot de défis et de découvertes, et il était clair que cet endroit ne ferait pas exception.
En attendant, il fallait s'occuper de l'inconnu. Je m'approchai des marins qui s'affairaient autour de lui, prêt à apporter mon aide. La mer avait ses lois, et l'une d'elles était d'aider ceux qui en avaient besoin. Peu importait le temps ou l'endroit, cette règle ne changerait jamais.
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Mer 31 Juil - 22:23
C'est vrai qu'au final, qu'on le sauve ou pas, cela importait peu à Aidan sur le moment, la seule chose qu'il n'appréciait pas était de souffrir. Pour lui, cela avait longtemps signifié une souffrance physique, mais ça, c'était avant, bien avant que tout cela n'arrive.
Cela remontait à plus de cinq ans maintenant, avant d'arriver dans ce monde, c'était encore le bon temps pour lui. Il pouvait ne se préoccuper de rien, vivre simplement comme il l'entendait, sans se soucier de personne d'autre que lui-même, et encore. Chaque soir, il ramenait une nouvelle personne à son appartement et au matin, il se réveillait seul, il n'avait jamais été le genre de personne avec qui on voulait construire une relation sérieuse et franchement, ça lui avait toujours convenu. Il avait bien été embêté lorsque certaines personnes avaient commencé à avoir des sentiments pour lui, le mettant dans la position inconfortable de devoir les rejeter, car il n'éprouvait pas ce genre de sentiments. Aidan n'avait jamais été amoureux. Il n'était jamais vraiment sorti avec quelqu'un, et puis, il avait déjà du mal à s'occuper de lui, comment pouvait-on imaginer qu'il puisse s'occuper de quelqu'un d'autre ?
Il n'avait jamais travaillé à cette époque et il avait bien l'intention de continuer comme ça, ses parents payaient son loyer, espérant que par miracle, un jour, il se réveillerait avec l'illumination qu'il devait reprendre sa vie en main. Ça n'était pas arrivé. Ce qui était arrivé, par contre, c'est qu'il se réveille un matin et que la vie qu'il avait connue ne sera plus jamais la même. Une étrange épidémie avait commencé à se répandre, transformant les gens en des sortes de zombie qui ne pensent à rien d'autre que bouffer les humains. Il s'est retrouvé reçu, complétement seul dans son appartement, essayant de survivre, il ne savait par quel miracle, alors que sa famille était certainement morte. Ou transformé en zombie. Peut-être les deux, pour ce que ça changeait.
Chaque jour qui passait, la folie le guettait toujours un peu plus fort, comme une amie fidèle au poste qu'il n'avait jamais connu auparavant. Lui, le sociable, celui qui n'avait jamais eu l'occasion d'être seul, de faire connaissance avec lui-même, cette sensation lui était insupportable, insoutenable. Il avait besoin de quelqu'un d'autre, peu importe qu'il connaisse ou pas cette personne, peu importe qu'elle soit gentille ou intelligente, il avait juste besoin d'une autre présence. Et à quoi bon ? Rester là, à attendre, à se sentir envahi par cette solitude implacable, en sachant qu'il n'y avait plus personne, même pas sa famille, pourquoi s'infliger une telle torture ?
Tournant le dos à toute raison et à tout espoir de sauver l'humanité, il était passé à peu de chose de faire sa première tentative de suicide, s'il n'avait pas vu quelqu'un dans l'immeuble en face, quelqu'un qui ravive son espoir. D'autres choses se sont passées depuis, il avait changé de monde, s'était mis à travailler, avait trouvé une colocation, était tombé amoureux, avait trouvé un autre travail, s'était fait jeter, avait trouvé une nouvelle collocation et maintenant, il était là... sa souffrance actuelle n'avait plus rien à voir avec une souffrance physique et il se demandait clairement, pourquoi il continuait de lutter ? N'était-ce pas plus simple d'abandonner, comme il le faisait toujours ?
Et pourtant, voilà qu'on le réanimait, encore et contre tout, comme si même ses accidents étaient voués à n'être que superficiel. Il toussa un peu d'eau avant de retomber sur le dos, reprenant doucement sa respiration. Il fallait se faire une raison, aujourd'hui n'était visiblement pas la date de sa mort prématurée.
Les vagues, telles des murmures d’une époque révolue, venaient caresser la coque de "La Tortue". Je me tenais là, absorbé par le flux et le reflux, contemplant ce jeune homme que j’avais tiré des griffes de la mer. L’eau ruisselait encore de ses vêtements détrempés, formant de petites rivières sur le pont. Les premiers rayons du soleil éclairaient son visage, livide comme un fantôme échappé du passé. Un mélange de curiosité et d’empathie m’envahissait. Qui était-il ? Quelles histoires, quels démons dissimulait-il derrière ce regard absent ? Je l’observais, chaque détail de son expression me dévoilant un fragment de son âme tourmentée. Ce monde moderne avait une façon étrange de se manifester, de briser les êtres, de les soumettre à ses caprices. Lui, allongé là, reprenant peu à peu son souffle, était la preuve vivante de cette réalité. Ses yeux, à peine ouverts, semblaient chercher un sens, une raison de continuer à lutter. Le vent s’était levé, apportant avec lui une brise marine qui agitait mes cheveux noirs. Je m’approchai du jeune homme, m’agenouillant près de lui, comme un capitaine veillant sur l’un des siens.
« Tu sembles porter un poids plus lourd que la mer elle-même, » murmurai-je, laissant mes mots flotter dans l’air, prêts à s’ancrer dans sa conscience. Il toussa légèrement, rejetant les derniers vestiges d’eau salée qui encombraient ses poumons. Son souffle devenait plus régulier, mais son regard restait perdu, errant entre deux mondes. Ce n’était pas simplement la mer qu’il avait affrontée, mais quelque chose de plus sombre, de plus profond. Je me redressai, mes bottes crissant contre le bois humide du pont. Le ciel, autrefois noirci par la nuit, prenait maintenant une teinte rosée, comme si l’aube elle-même souhaitait apaiser les tourments de cet homme. Un instant, je fermai les yeux, laissant les bruits familiers du bateau m’envelopper. Chaque grincement, chaque souffle de vent me ramenait à la réalité. Mais quelle réalité ? Celle-ci, avec ses machines et ses illusions technologiques, ou celle d’un monde où les cartes anciennes dessinaient les contours du mystère ? Mon regard se posa de nouveau sur le naufragé. Il avait tenté d’abandonner la lutte, de se laisser emporter par les flots. Pourtant, il était là, vivant, bien que brisé.
« La mer ne t’a pas voulu aujourd’hui, » dis-je avec un sourire en coin, « il y a encore quelque chose qui te retient ici. Peut-être que tu devrais le découvrir. »
Le silence qui suivit était lourd de sens, comme si chaque mot que je venais de prononcer s’était enfoncé profondément dans son esprit. La vie avait un drôle de sens de l’humour, je l’avais appris au fil de mes voyages. Elle nous offrait des secondes chances, parfois même lorsque nous n’en voulions plus. Les marins autour de nous avaient repris leurs tâches, comme si ce sauvetage n’était qu’un épisode banal de leur quotidien. Pourtant, je sentais que cette rencontre marquerait un tournant, pour lui comme pour moi. Ce jeune homme n’était pas là par hasard. Je l’avais sauvé, certes, mais c’était peut-être lui qui, au final, avait quelque chose à m’apprendre, quelque chose que même les anciens grimoires ne pouvaient dévoiler. Je me levai, jetant un dernier coup d’œil à la mer, puis à lui. « Tu devrais te reposer,» conseillai-je d’une voix plus douce. « Il y a encore du chemin à faire, et le destin a parfois besoin de temps pour se révéler. »
Je fis quelques pas, le laissant à ses pensées. Chaque pas résonnait sur le pont, un rappel de ma propre présence, de ma propre quête. La quête de sens dans un monde qui semblait vouloir s’échapper de mes mains. Mais je savais que, tout comme ce jeune homme, je ne pouvais pas abandonner. Il y avait encore des trésors à découvrir, des mystères à percer. Et qui sait, peut-être que ce garçon en détresse serait l’une des clés de cette nouvelle énigme. La journée s’annonçait longue. L’horizon s’éclaircissait peu à peu, promettant un temps calme, propice à la navigation. Mais une tempête se préparait, j’en étais certain. Pas celle qui agite les flots, non, mais celle qui chamboule les esprits et pousse les âmes à se confronter à elles-mêmes. Je retournai à l’arrière du navire, là où le gouvernail attendait patiemment mes ordres. Mes doigts glissèrent sur le bois lisse, familier, rassurant. Le monde avait peut-être changé, mais certains repères restaient les mêmes. L’océan, les étoiles, et cet éternel besoin de comprendre. Je lançai un dernier regard vers Aidan. Il n’était plus seulement un inconnu pour moi. Il était un naufragé, une vie sauvée… il était mon invité sur la Tortue… Il était une partie de ce puzzle que je devais assembler. Le vent souffla de nouveau, fort et vif, comme pour me rappeler que l’aventure ne faisait que commencer.
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Mer 30 Oct - 20:05
Aidan ne sait pas. Ne sait plus. Ne sait rien. Son esprit s'est enfui la queue entre les jambes, brisé, en peine, en galère, comme lui. Aidan n'est plus que la moitié de ce qu'il est vraiment. Ou peut-être même qu'il n'est plus du tout. Il existe, subsiste, mais semble être plus sur pilotage automatique qu'être vraiment là. Il ne sait pas depuis quand, s'il devait se rappeler, il est presque sûr que tout est devenu flou lorsque son monde a commencé à s'écrouler lors de la pandémie, avec quelques moments plus ou moins important qui rendent les choses un peu moins flous. Sa rencontre avec Johnny, ses moments avec Linus, et depuis, c'était le brouillard complet. Les jours n'étaient qu'une succession de temps sans intérêt où il essayait toujours de ne rien laisser paraitre, qui pourrait croire que ce petit trublion, ce bout en train qui n'arrête jamais, pas même une seconde. Qui pourrait penser que s'il s'arrêtait un instant, il pourrait bien ne jamais se relever ?
Alors qu'il revient tout doucement du tréfonds de l'océan, il entend des paroles, qui lui semble être destinés. Il n'est pas sûr. Tout semble lent, loin, flou, fou. Tout est sombre dans son esprit, ce n'est pas seulement qu'il a du mal à ressurgir, mais c'est aussi qu'il n'est pas sûr de vouloir revenir. Qu'est-ce qui l'attend franchement ? Il passe son temps à picoler, fumer, et d'autres trucs pour ne simplement pas penser. Parce qu'il sait qu'il n'a rien, personne ne l'attend, personne ne verra la différence s'il ne revient pas. Il a ce vide, ce creux dans le cœur, qu'il semble impossible de combler, même pas une bonne vieille noyade.
Il eut malgré tout, ce qui ressemblait à un sourire, pas que ça l'amusait réellement, mais c'était assez ironique. Lui, portait quelque chose de lourd ? Aidan fuyait toute responsabilité, il était un lâche, il ne faisait que se cacher et fuir, même si personne ne le voyait. Il était comme un fantôme, il y avait ce Aidan débordant de vie que tout le monde connaissait, et celui qui était dans l'eau il y a quelques minutes et qui serait bien allé vers la lumière si personne ne l'avait repêché. Il n'était visiblement pas prévu au programme de le laisser mourir aujourd'hui, quel dommage.
- Je ne dirais pas ça comme ça... il n'y a rien qui m'attend ici, je n'ai pas besoin de le découvrir, je le sais.
Il se redressa avec du mal, mettant ses cheveux en arrière et recrachant encore un peu d'eau. Cela faisait combien de mort évitées par quelqu'un d'autre ? Au moins deux. Même s'il ne savait pas encore qui était la personne qui l'avait tiré de là ni exactement ce qu'elle lui voulait. Il semblait... lui porter un intérêt qu'il ne comprenait pas. Comme s'il essayait de déchiffrer le livre à moitié brûlé qu'il était, quelque chose de difficile à faire quand il manque des bouts. Quand il y a une personne à reconstruire.
- Sans vouloir être défaitiste, le destin de toute personne n'est-il pas de mourir ?
Il secoua la tête alors qu'il essayait de se remettre totalement debout. Il était mouillé. Encore ! Aidan commençait à croire qu'il avait un réel problème avec l'eau.
Je le regardais se relever, vacillant comme une flamme sous le souffle d’un vent capricieux. Son ironie, ce sourire en coin qui cachait mal une douleur sourde, m’en disaient long. Il avait la froideur de ceux qui n’attendaient plus rien, comme si son âme s’était retirée quelque part en lui, laissant place à une sorte de fantôme, un masque usé par des années de rires forcés.
La mer l’avait rejeté, refusant de lui accorder ce repos qu’il semblait secrètement convoiter. Je connaissais cette tentation, ce besoin de fuir quand les fantômes du passé se faisaient trop bruyants. Mais la mer est capricieuse, elle prend, elle rejette, elle ne se laisse pas dompter par les âmes en peine, et aujourd’hui, elle avait choisi de le ramener.
« Le destin de tout homme est peut-être de mourir, » dis-je en le regardant, « mais ce qui compte, c’est la manière dont on vit avant d’y arriver. » Je me redressai, observant l’horizon d’un œil attentif. L’aube baignait la mer de reflets argentés, une scène que j’avais contemplée mille fois et qui, pourtant, me capturait toujours. Je repris d’une voix plus basse, presque comme une confidence au vent : « Peut-être que le destin t’a épargné cette nuit pour une raison. »
Mes yeux se perdirent dans le jeu des vagues, comme si le secret de ce monde étrange se trouvait quelque part dans le va-et-vient de l’écume. « Ce monde… » Je laissai planer un silence, lui offrant l’espace de ces mots, comme un souffle, avant de poursuivre. « Ce monde n’a rien d’évident, pour personne. Mais si tu fouilles sous cette façade de ruines et de désillusions, tu pourrais peut-être y trouver une étincelle. »
Un éclat de nostalgie passa dans mon regard. Chaque rencontre, chaque visage croisé dans mes pérégrinations m’avait laissé une marque, une leçon, un bout de mystère. Peut-être qu’au fond, j’avais accepté depuis longtemps cette quête sans fin, cherchant inlassablement un sens là où d’autres auraient abandonné.
Je jetai un dernier coup d’œil à ce jeune homme au regard éteint, comme si le poids de la nuit et des souvenirs pouvait disparaître sous le soleil qui montait lentement.
« Allez, viens. Le soleil ne s’attendrit pas longtemps. Et puis, qui sait, la mer a peut-être encore quelque chose à te montrer. »
Je glissai une main dans la poche intérieure de ma veste, en sortis une cigarette que j’allumai d’un geste tranquille, savourant la première bouffée. Le tabac avait ce goût âcre et rassurant, un goût qui me rappelait des escales dans des ports lointains, des nuits passées sous des ciels inconnus. Je tendis le paquet vers lui, un léger sourire en coin, invitant Aidan à prendre une cigarette s’il le souhaitait. La fumée s’élevait en volutes paresseuses, emportée par la brise marine. « Corto Maltese, » dis-je enfin, laissant mon nom se mêler aux vagues et au silence du matin. « Et toi, qui es-tu ? »
Je ne pouvais pas encore déterminer s’il avait essayé de se suicider ou s’il s’était retrouvé à l’eau réellement par accident, mais ce dont j’étais certain, c’était que je ne voulais pas le laisser seul trop longtemps.
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