Aujourd’hui, Arno n’avait cherché querelle avec personne. Il bénéficiait d’un jour de congé, un concept moderne qui l’avait fasciné à son arrivée ici, comme bien des choses d’ailleurs, et qu’il avait bien vite adopté, et il avait décidé d’en profiter le plus innocemment possible en se promenant en ville. Il avait quitté son petit appartement avec pour seules armes, sa lame secrète et quelques lames dissimulées sur sa personne, presque nu en quelque sorte. Il n’avait pas prévu de s’en servir et s’était contenté du minimum mais il était bien incapable de sortir dans la rue sans quelque protection.

Une fois dehors, il avait pris le chemin vers Hogwarts Place - un nom qui le faisait toujours sourire - en direction de la Marshall University. Il savait que Suguru y donnait un cours cet après-midi et il avait décidé d’y assister. Comme toujours la salle de classe était bondée mais il retrouva bientôt le petit groupe de jeunes qui l’avait intégré à leur groupe d’amis sans qu’il s’en aperçoive vraiment. Il s’était donc installé après avoir saluer tout le monde et avait passé l’heure qui avait suivit à admirer la haute silhouette de son ami qui évoluait dans son élément, partageant son savoir avec passion pour le plus grand bonheur de ses étudiants.

Après cela, Arno était resté et avait pris le plus grand des plaisirs à enquiquiner l’autre homme sous les yeux et les oreilles des quelques étudiants qui traînaient encore, avant de le suivre jusqu’à son bureau. Il était resté avec lui pendant un long moment avant de prendre congé. Il avait continué son bonhomme de chemin, ayant fait un tour au centre commercial avant de se décider à rentrer chez lui sans avoir rien acheter.  

Il passait par une petite ruelle en guise de raccourci quand son moment de paix fut briser par la sensation d’une arme contre son cou. Il avait sentit un mouvement dans son dos une demi-seconde trop tard et n’avait donc pas pu éviter la demoiselle - s’il en croyait la voix derrière lui - qui le menaçait. D’ailleurs, les paroles de cette dernière le plongèrent dans la confusion la plus totale mais il n’avait pas le temps de s’y attarder trop longtemps.

Son expérience avec Elise, avec Théroigne de Méricourt, avec le Mentor, et tant d’autres femmes d’exception lui avait appris à ne jamais sous-estimer ces dernières et il n’allait pas commencer aujourd’hui. Avec un mouvement vif et gracieux, il se retourna donc pour faire face à face avec son assaillante, sa lame secrète venant se poser sous le bras qui le menaçait dans un doux chuintement, à l’endroit où se trouvait l’artère brachiale. Un geste de l’un ou de l’autre et ils étaient tous les deux morts. Une égalisation des chances qui était plutôt pour lui plaire.

-Mademoiselle, il semblerait que nous soyons dans une impasse. Mais comme c’est vous qui avez ouvert les hostilités, il me semble normal de vous demander quelques explications quant à ce comportement.

Il pouvait la voir maintenant, une jeune femme de taille moyenne aux origines semblant venir des Indes. Il ne l’avait jamais vu de sa vie auparavant, en tout cas, il ne lui semblait pas. Était-elle une étudiante mécontente ? Une jeune femme déséquilibré qui nécessitait un séjour à Bicêtre ? Il n’en avait aucune idée mais ce qu’il savait c’était qu’elle semblait très impolie de l’attaquer de la sorte sans qu’il sache pourquoi. Il ignora superbement la petite voix dans sa tête qui lui fit remarquer le parallèle entre cette situation et celles dans laquelle il avait acculé de nombreux ennemis ou potentiels alliés au fil des ans. Une petite voix qui avait tout de la voix doucereuse et suave de celle de de Sade. Il scruta son visage un peu plus, le sourcil froncé et une moue dubitative et confuse sur le visage.

-Non, votre visage ne me dit rien. Qui êtes-vous ? Et de quel plan parlez-vous ?

Il était curieux de savoir.