the eye should learn to usten before it looks (ft. anthony b.)

the eye should learn to usten before it looks

Des portraits d’une vie passée accrochés à un pan de son mur. Une fierté de voir ce qu’il avait accompli et en même temps une certaine nostalgie qui compressait son cœur attristé face au portrait de sa mère qui ne pouvait admirer l'œuvre de sa vie. Son arrivée ici demeurait toujours un mystère même après ces quelques années. Il s’était adapté, à ces vêtements, à coutumes différentes de celles qu’il connaissait. Son âme aventurière l’y avait sans doute aidé. Quand il regardait ce portrait, il se remémorait cette vie désormais si loin, et il ressentait une infime tristesse face à cette solitude si pesante parfois. Il avait perdu les siens, sa mère, ses frères, et ses soeurs. Qu’étaient-ils devenus ? Avaient-ils connu le même sort que lui ? Colin lui manquait, ses blagues parfois nulles, son sourire un peu niais et ses envies d’aventures loin de leur famille. Sa soeur, Daphné, avec sa voix cristalline et ses airs de duchesse qu’elle avait rapidement adoptés après son mariage, son Eloïse, sans doute sa soeur préférée, sa complice de toujours qui laissait un vide dans sa vie. Il était plus âgé qu’elle et pourtant partageait tant avec elle, ses prises de position, cette assurance qu’il admirait et en même temps une certaine fragilité qu’il s’était toujours employé à protéger. Et Anthony. L’aîné, celui qu’il l'agaçait autant qu’il le forçait d’admiration. Il n’avait pas le rôle le plus facile, obligé de prendre les suites de leur père décédé. Il s’était retrouvé à devoir tout gérer, une place que Benedict n’aurait su prendre, même si on l’y avait forcé.

Ses pas lui firent faire le tour de la galerie une dernière fois. Il donna ses dernières instructions à son traiteur invité pour l’occasion et après une  profonde inspiration pour éliminer le stress qui lui rendait les mains moites, il déclara la galerie ouverte. Cette galerie qui permettait également à d’autres jeunes peu connus d’exposer leur art parfois incompris. Il voulait leur laisser leur chance, comme on le lui avait laissé. Il n’en était pas à sa première exposition et pourtant, le stress ne passait jamais. Il craignait toujours que quelque chose aille de travers, au dernier moment. Les premières personnes entrèrent, le saluant tour à tour. Certains étaient des habitués qu’il voyait régulièrement, d’autres étaient des visages inconnus. Parmi les quelques présents, un visage se distingua, mais il crut se tromper et préféra détourner la tête. “Bridgerton !” le salua-t-on avec une poignée de main. “J’ai quelqu’un à te présenter. Il se trouve qu’il a le même nom que toi. Curieux hasard, n’est-ce pas ?” Bridgerton tourna la tête en direction de la personne dont il parlait, quand son regard rencontra ce visage qu’il pensait avoir rêvé quelques instants plus tôt. Écarquillant les yeux, il tentait de se ressaisir pour être sûr qu’il s’agissait bien de son frère et non d’une douce illusion. “Anthony ?”