Knockin’ on Heaven’s Door - [Winter]

Il y a bien longtemps que Winter Anderson n’avait pas ressenti une telle plénitude. Dire qu’elle était sur un petit nuage était un euphémisme flagrant. Existait-il, cependant, un mot plus adéquat pour décrire ce qu’elle ressentait avec exactitude ? Pas vraiment. Il faut dire que Winter ne s’était pas sentie autant en phase avec quelqu’un depuis… Elle poussait un grognement, refusant d’y penser. Pour étouffer même l’idée, avant même que son prénom envahisse son esprit à la place de celui de Montana, Winter pressait un de ses oreillers contre sa tête et étouffait un grognement de frustration. Pourquoi fallait-il toujours qu’il revienne sur le tapis, même quand elle ne le souhaitait pas particulièrement ? Winter ne trouvera jamais de réponse à cette question. Heureusement, son portable la distrayait. Une notification annonçait la réception d’un message, puis un autre, et encore un autre ! La conversation allait bon train et les doigts de Winter filaient à une vitesse folle sur son écran pour ne pas perdre Montana, son interlocutrice. Elle était allongée en chien de fusil dans son lit, une serviette autour d’elle, n’ayant même pas pris la peine de s’habiller puisque les échanges ont commencé dès qu’elle était sortie de la douche. Quand il y eut de maigres moments de répit, il arrivait à Winter, malgré elle, de jongler entre deux conversations : celle qu’elle avait avec Montana bien évidemment et celle d’un interlocuteur avec lequel elle n’avait malheureusement pas encore lancé de conversation. Elle tentait d’ouvrir quelque chose, pianotant avec hésitation sur le clavier de son téléphone, sans cesse parasitée par les notifications qu’elle recevait de la part de Montana. Pendant un temps, elle envisageait même de cesser la conversation avec elle pour en lancer une première avec cet interlocuteur qui semblait beaucoup préoccuper la jeune femme. Elle voulait l’inviter lui. Pour discuter peut-être, s’ils y parvenaient. Chaque fois qu’une bribe de phrase s’esquissait et qu’elle s’apprêtait à l’envoyer, Winter l’effaçait. Elle jugeait cette initiative inutile finalement, manquant cruellement de courage… Elle retourna définitivement sur celle avec Montana qui lui arrachait un sourire quand elle lui proposa ce rancard et lorsque la conversation pris un tournant inattendu, mais appréciable, Winter oublia définitivement, le temps de la soirée, l’homme qui la tourmentait. Quand les choses furent planifiées pour ce soir, la jeune femme abandonna son téléphone et sortit de son lit en laissant tomber sa serviette pour trouver quelque chose à se mettre sur le dos.

Soucieuse des moindres détails et désireuse d’être parfaite aux yeux de la femme qu’elle convoitait, Winter essaya plusieurs tenues qui ne trouvaient absolument pas grâce à ses yeux. Elle finit par jeter son dévolu sur une robe d’un rouge flamboyant et à l’effet satiné offrant un décolleté de rêve qui ne nécessitait aucun soutien-gorge. Elle était fendue sur le côté, dévoilant l’une de ses jambes qui semblait interminables une fois perchée sur ses talons accordés à sa robe. Cette tenue n’entrait clairement pas dans ses habitudes vestimentaires, mais elle voulait justement sortir des sentiers battus pour en mettre plein la vue à Montana. Elle lissait ses longs cheveux argentés et les laissait descendre en cascade dans le creux de ses reins. Pour son maquillage, elle se fit un smoky eyes parfait et peignait ses lèvres d’une couleur neutre comme ses yeux étaient pas mal chargés. Elle était d’ailleurs en train de terminer sa mise en beauté quand Montana sonnait comme une dingue à sa porte. « Allez. Dépêche. T’as pas besoin de t’habiller, tu sais comment ça va finir ! » Winter roulait des yeux, amusée. « J’arrive ! J’arrive ! » criait-elle plus que fort pour qu’on l’entende depuis derrière sa porte d’entrée. Elle ajoutait une bonne dose de déodorant et de parfum au tout, mit aussi quelques bijoux, puis elle vint ouvrir.

Si Montana était subjuguée par Winter, Winter n’était pas non plus en reste et tombait en pâmoison. Si beaucoup trouvait le style eighties de Montana dépassé et ringard, ce n’était pas le cas de Winter. Elle était même séduite par ce décalage, elle qui avait une nette préférence pour celleux qui sortaient de la norme. Elle aussi était sortie de sa norme avec ce style très classe. L’œil que Montana posait sur elle l’intimidait, mais elle ne se gênait pas non plus de son côté pour la dévorer des yeux. Montana n’était pas la seule à être consumée par le feu délicieux qui dévorait son ventre, remontant jusque dans le creux de ses seins au point de couvrir le haut de son corps de frissons traitres. Elle en perdit presque la raison tant ses sentiments n’avaient jamais de demi-mesure. « Dit-elle. » répondit sobrement la Anderson aux compliments de sa coach. Sa réserve n’était pas calculée en revanche : des mois qu’elle n’avait eu personne. A croire qu’elle ne savait plus comment s’y prendre. Le feu s’intensifiait quand Montana la prit dans ses bras. Winter n’avait pas pu retenir ce baiser dans son cou en guise de bonjour quand elle la serrait et qu’elle caressait sa nuque subtilement, du bout de ses ongles. Son corps brulait entièrement, à la merci de Montana dès qu’elle s’enivrait de son parfum.



Mais elle ne cédait pas pour autant. Joueuse, Winter se détachait d’elle, suffisamment pour que leurs visages soient à quelques centimètres de l’un et de l’autre afin qu’elle puisse la regarder, mais aussi qu’elle puisse sentir leur souffle se mêler à l’un et l’autre tant elles étaient proches. Sa main trouvait sa place auprès de sa joue, tandis qu’elle murmurait sur un ton lascif : « Ah tu crois ? » Son œil était amusé. Son rictus aussi. Presque insolent. « Je t’ai dit que j’étais pas facile à avoir. » Elle lâchait un bref rire. « Mais entre. Rien nous empêche de boire un verre avant de partir. » Winter se détachait d’elle pour s’enfoncer dans son appartement, ses talons claquant contre le parquet. « Fais comme chez toi. » Une invitation à prendre ses aises qu’elle lançait en lui adressant un regard lubrique avant de filer en cuisine prendre deux verres. « De l’alcool soft avant de commencer dans le dur ? » Elle sortait de son frigo une bouteille de blanc. Elle espérait que Montana en apprécie la saveur.