Grenoulle en détresse

Le cœur battant à tout rompre, je me tenais devant la porte fermée du détective Parker. Paralysé par la peur, je craignais d’y entrer. Comme si parler de mon problème ne faisait que rendre plus tangible une réalité qui l’était déjà bien assez comme cela. Ma peur ne m’avait pas quittée depuis ce matin. Depuis que je m’étais rendu compte de cette épouvantable vérité. Robin… mon cher petit neveu, cet amour de grenouillot, avait disparu. Il n’avait que dix ans et il n’avait plus que moi au monde comme parent pour veiller sur lui. Ma sœur et mon beau-frère étaient loin, si loin d’ici. Ils se trouvaient dans cette autre réalité que je ne pourrais peut-être jamais rejoindre. Je m’étais juré de tout faire pour veiller sur lui. Protéger et embellir le quotidien de ce petit garçon qui rêvait de pouvoir monter avec moi sur les planches. Qui l’avait déjà fait à de nombreuses reprises d’ailleurs. Je ne voyais donc pas pour quelle raison il se serait enfuis.

J’avais tourné et retourné chaque endroit de cette ville avec l’aide de mes amis. Ils avaient tous étaient adorables et d’une incroyable gentillesse à mon égard. Même Piggy qui d’ordinaire ne pensait à rien d’autre qu’à sa petite personne avait sacrifié une séance de pédicure pour nous donner un coup de main. Mais cela n’avait rien donné.

Ce fut Fozzie qui fut le premier à trouver un indice qui devait nous conduire jusqu’à lui. Une lettre de menace avait été glissée dans la loge que je partageais d’ordinaire au théâtre avec mon neveu. Elle était bien évidemment anonyme et je ne pouvais me fier à son écriture pour la déchiffrer puisque les lettres avaient été soigneusement découpée dans du papier journal. Cela crée un contraste coloré qui tranchait ironiquement avec la gravité de la situation. Cette lettre avait pourtant réveillé un espoir chez moi, celui de pouvoir le retrouver en vie. Ils attendaient visiblement quelque chose de moi. Ils n’allaient pas prendre le risque de le tuer avant d’avoir obtenu ce qu’il désirait. Mais pouvais-je réellement me permettre de me raccrocher à cet espoir ?

Ils m’avaient demandé de mettre publiquement un terme à notre spectacle. Cela m’étonnait grandement, quel genre de kidnappeurs réclame une telle faveur à ses victimes ? Je songeais un instant que cela pouvait être une blague de Waldorf et Statler. Mais les vieillards avaient beau détester le show… ou tout du moins le prétendait ils… jamais ils n’en seraient venus à de pareilles méthodes pour me pousser à bout. Non, ce qu’ils aimaient eux c’étais balancé des piques ironiques depuis leur loge. Mais qui ? Arrêter le spectacle aurait été quelque chose de faisable. Ce qui m’inquiétait plus c’est qu’ils avaient demandé une somme conséquente pour la libération de Robin. Et cela je ne pouvais pas me le permettre. Je n’étais pas riche… pas riche du tout et jamais je n’aurais pu réunir une telle somme d’argent.

Fozzie finit par me transmettre le contact qu’il avait eu d’un ami à lui. Un détective qui pourrait m’aider à retrouver mon neveu. L’idée n’était pas si mauvaise et je me rendis donc chez lui. Fozzie m’accompagnait alors. J’étais dans un tel état que la présence de mon meilleur ami à mes côtés ne pouvait qu’être bénéfique. D’ailleurs, alors que je m’apprêtais à sonner à sa porte, il posa une main sur mon épaule pour me rassurer.

« Tout ira bien Kermit, il le retrouvera. Dans ce domaine, il parait que c’est le meilleur. »

« Oh je sais bien Fozzie… j’espère en tout cas de tout mon cœur de grenouille. »

Je soupirais alors et attendis qu’on m’ouvre la porte.
   

Grenoulle en détresse

Le cœur gros et le nœud au ventre, j’obéissais aux ordres du détective et je rentrais suivis de près par mon meilleur ami Fozzie. L’homme qui se trouvait en face de nous n’était pas des plus bavards mais cela ne faisait rien. Après tout, j’avais bien assez de choses à lui dire pour qu’il ne le fasse pas lui. Quelque chose en moi me titillait, me faisant craindre une seconde que l’ancien ours n’ait pas fait le meilleur choix. J’adorais Fozzie… c’était vraiment un ami fidèle et loyal. Il était toujours là pour me soutenir lorsque je n’étais pas très confiant et heureux. Mais Fozzie avait un problème assez caractéristique de tous les Muppets… il avait le don pour comprendre de travers le fonctionnement de notre monde. D’ordinaire cela pouvait nous rendre plutôt attendrissant mais dans les situations de crise comme celle-ci cela pouvait vite représenter un handicap. Toutefois, je décidais de lui faire confiance. J’étais prêt à faire confiance à l’homme qui se trouvait en face de nous. Quelque chose chez lui me mettait en confiance, je ne saurais trop dire ce que c’était. Après m’être assis je lui adressais un petit sourire nerveux.

« Je… je vous remercie. »

Je pris le temps de réfléchir à ce que j’allais lui dire, je ne voulais surtout pas me mettre à paniquer même si mon cerveau était en alerte rouge depuis ce matin. Cela ne servirait à rien et cela ne nous aiderait certainement pas à retrouver mon petit Robin plus rapidement. Je pris donc une inspiration alors que Fozzie posait une main sur mon épaule, souhaitant m’encourager dans ma démarche.

« Voilà je m’appelle Kermit Henson et voici mon ami Fozzie. Nous… nous sommes venus vous voir car une catastrophe est arrivée. Mon jeune neveu Robin a été enlevé ce matin. Tout du moins c’est ce matin que j’ai réalisé qu’il n’était plus à la maison. Je l’élève seul voyez-vous. Ma sœur et mon beau-frère sont restés dans notre monde originel. »

Je passais rapidement une main sur mon front sur lequel perlait des gouttes de sueurs. Mon cœur commençait alors à s’emballer en pensant à ma sœur. Si jamais par miracle je pouvais la revoir un jour, que pourrais-je bien lui dire ? Que j’avais perdu notre petit Robin et qu’elle ne reverrait plus jamais son fils ?

« Je suis venu vous voir pour que vous m’aidiez à le retrouver. Vous pourriez affirmer que c’était peut-être mieux d’aller voir la police. Mais je sais comment cela marche… ils me diraient d’attendre 24h avant, que mon neveu avait tout simplement fait une fugue… bref ils me feraient perdre inutilement du temps alors qu’il est peut-être en grand danger. »

Je finis par plonger mon regard dans le sien avec le plus grand des sérieux.

« Vous savez, ce n’est pas son genre de fuguer. C’est un gentil petit garçon de 10 ans sans histoire. Il adore passer du temps avec moi et le reste de la troupe. Jamais il ne lui viendrait à l’esprit de s’en aller sans me prévenir. »
   

Grenoulle en détresse

Nerveux, je fais mon possible pour ne pas laisser le paraître. Pour rester fort pour mon petit Robin mais c’est difficile. Je l’aime beaucoup cet enfant et étant pour le moment son seul tuteur, je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose de grave. Mais je sais à quel point le monde peut être cruel. Dans notre monde originel aussi il y avait de la cruauté. C’est la raison pour laquelle les gens venaient voir le Muppet show et nos films au cinéma, pour qu’ils ne perdent jamais cette envie de rêver et d’éveiller en eux cet enfant intérieur qui s’émerveillait devant tous les spectacles que leur vie pouvait leur offrir. Mais ici la cruauté des personnes étaient sans pareille, comme si la beauté et le merveilleux n’y avait plus leur place. Dans notre monde originel, Robin aurait sûrement surgi de derrière une porte en faisant bouh et en expliquant qu’il voulait me faire une blague. Mais ici qui sait ce qui aurait pu lui arriver.

L’homme en face de moi avait quelque chose de rassurant. Il semblait professionnel et à l’écoute. Lui qui s’occupait à longueur de journée des cas les plus crasses devait certainement être surpris de se retrouver face à deux anciens Muppets. Se demandait-il d’ailleurs ce que nous faisions dans son bureau ? Il ne semblait pourtant pas s’en formaliser, préférant porter attention au dossier que nous lui apportions et écoutant chacun de mes propos. Cela me rassurait beaucoup je dois dire. J’étais certain que mon neveu ne tarderait pas à revenir à la maison sous bonne garde. C’est également le message que me renvoyait le sourire rassurant de mon meilleur ami Fozzie qui ne lâchait pas mon épaule depuis que nous nous étions assis.

« Son nom… oh oui oui c’est bien ça. Toute notre troupe fait un peu partie de la même famille vous savez ma troupe et moi. Nous avons tous le même nom de famille, inventé depuis que nous sommes sur l’île. »

OK d’accord je n’avais pas choisi la meilleur des approches et devais sembler parfaitement idiot. Il fallait que je me ressaisisse et lui apporte réellement des informations utiles pour la suite.

« La dernière fois que je l’ai vu c’était hier soir. Nous avions la représentation hebdomadaire de notre spectacle. Robin y participait… il avait un adorable numéro de claquette. Il a toujours adoré les claquettes comme il adore chanter également. Nous sommes rentrés tard à la maison et Robin s’est endormi très rapidement… il m’avait dit qu’il devait se lever aux aurores car il voulait préparer des biscuits pour l’un de ses amis. Il a l’habitude de cuisiner lorsque je suis absent, je ne me suis donc pas inquiétez. Mais quand je me suis réveillé, je n’ai entendu aucun bruit dans la cuisine. Je me suis levé mais rien… il n’était pas dans sa chambre non plus. »

Je prenais le temps de reprendre ma respiration, soufflant un peu avant de poursuivre mon récit. Profitant par la même occasion de répondre à ces autres questions.

« Oh bien sûr qu’il va à l’école ! Il va au collège Kadic. Il aime beaucoup cet endroit. La plupart de ses amis sont des artistes de ma troupe. Mais je sais qu’il s’entend bien avec le petit Elmo… un artiste d’une troupe concurrente. Cela ne me plait d’ailleurs pas beaucoup sachant que nos relations ne sont pas des meilleures. »

Lorsqu’il me demanda les raisons qui justifiait que je pense à un enlèvement, je tendis la lettre que j’avais reçu ce matin. Une petite lettre toute simple écrite avec des lettres découpées dans un article de journal. Elle était étrangement sale… avec des traces de doigts graisseux et de paillettes. Il était demandé de leur apporter 50 milles dollars en petite coupures en échange de mon neveu.

« Voilà, c’est tout ce que j’ai trouvé à la place de mon Robin ce matin. »
   

Grenoulle en détresse

Assis devant l’homme qui m’écoutais avec intérêt, j’essayait de lui parler de Robin en lui donnant le plus de détails que possible. Je ne savais pas réellement s’ils pouvaient lui servir à grand-chose mais je pensais qu’il valait mieux qu’il sache tout. Il aurait le temps de faire le tri parmi les informations une fois qu’il les aurait en sa possession. Un détective tel que lui avait le dont de trouver le détail qui pouvait entraîner la résolution d’une enquête. Cette petite brèche dans la fissure qui pourrait déchirer le voile du mystère. Il ne s’arrêta pas sur ces informations mais j’avais bon espoir qu’il les gardait secrètement rangée dans un recoin de sa tête, attendant d’en savoir plus pour me les ressortir. D’après ce que je savais sur lui, il était vraiment épatant. Je savais bien sûr que Fozzie avait toujours tendance à en faire des caisses. Il voulait me rassurer et c’était bien normal. Mais quelque chose chez le détective Parker attisait ma curiosité et me faisait me sentir très confiant. Très scolaire, je l’écoutais avec attention prêt à collaborer aussi loin que je pourrais pour ramener mon petit grenouillet sain et sauf à la maison et ses ravisseurs derrière les barreaux d’une cellule. Je n’étais pas méchant en règle générale mais il fallait bien admettre que là il l’avait clairement cherché.

« Eh bien je me suis levé à 9h du matin… comme chaque jour après une représentation. La vie d’un artiste est souvent mouvementée et c’est rare que je fasse la grasse matinée. Effraction… oh eh bien il ne me semble pas. Mais peut-être que si vous venez chez moi vous pourrez voir des choses qui m’ont échappées. Il y a peut-être des indices que je n’ai pas aperçu. Si vous voulez y jeter un coup d’œil ça serait avec plaisir. »

Je finissais par lui montrer la lettre que j’avais reçue de la part de ses ravisseurs. Intérieurement, j’enrageais de ne pas y avoir songé avant. Après tout c’était plutôt criant d’évidence, non ? Je décidais pourtant de ne pas être trop dur avec moi-même. C’était difficile de rester rationnel et concentré lorsque l’on affrontait une situation pareille. Je le regardais ranger la lettre dans un sac avec beaucoup de professionnalisme. Il l’examinait avec soin mais n’était guère bavard sur les informations qu’il avait pu y trouver. On sentait pourtant bien que cela cogitait pas mal dans sa tête. Il me demanda alors de lui parler de la troupe concurrente, celle de Sésame Street. Avait-il des doutes à leur propos ? C’est vrai qu’il n’était pas le seul. C’était vraiment difficile à concevoir mais il ne fallait rien négliger.

« Et bien leur troupe s’appelle Sésame Street. Ils ont été créés par la même équipe créative que nous et son aussi en quelque sorte des enfants de Jim Henson… notre père à tous. Ils font partir d’une série télévisée pour enfants… vraiment pour les enfants. Nous n’étions pas vraiment destinés au même public même à l’époque. Nous avons su mieux percer qu’eux à la fin… mais je n’avais jamais décelé la moindre jalousie de leur part. »

Puis soudain c’était comme un déclic. Etaient-ils réellement jaloux et envieux de notre succès ? De la renommée que nous avions auprès de notre clientèle familiale. Était-ce vraiment cela le nœud de l’affaire ?

« Oh bon sang… vous pensez que c’est eux les ravisseurs, c’est ça ? Mais il ne ferait pas de mal à une mouche… leur vie c’est les cookies et les chansons enfantines. Ils ne seraient pas capables d’enlever un enfant, si ? »

Je levais mon regard en direction de Fozzie. Mon meilleur ami me regardait avec une immense compassion. Comme si lui avait conscience que tout n’était pas aussi rose que ce que je le voudrais. Il haussa cependant les épaules, ne sachant pas vraiment quoi me répondre. Je reportais mon attention vers Ben.

« Oh et si… et si c’était possible… »
   

Grenoulle en détresse

Les pièces du puzzle semblaient pouvoir s’assembler toutes seules. Imaginer que la trouve du Sésame Street puisse être responsable ne m’avait absolument pas traversé l’esprit. Je les connaissais depuis si longtemps. J’avais faire mes premières armes à leurs côtés. Jamais je n’aurais pu les considérer comme des ennemis. Pourtant plus j’en parlais au détective, plus cela me semblait évident. Les coïncidences entourant l’évènement et les accusant étaient bien trop nombreuses pour ne pas les prendre en compte. La vie de Robin était en jeu après tout. Je ne pouvais pas me permettre de laisser planer le moindre doute.

Je relevais un regard triste à l’adresse de Fozzie, cherchant un quelconque… espérant peut-être qu’il viendrait à nier en bloc cette possibilité. Mais c’était sans espoir. Lui aussi avait l’air d’être parvenu aux mêmes conclusions que moi. J’entendis mon ami soupirer lourdement avant de se tourner vers le détective.

« Je ne les pensais pas capable de descendre aussi bas. Moi qui les croyais juste bon à faire des cookies et des pâtisseries. J’en reste complètement baba. »

Il s’apprêtait alors à souligner la performance de son trait d’humour mais fini par y renoncer lui-même. Il est clair que ce n’était pas vraiment le moment de faire des blagues. Surtout pas les blagues de mauvais goût qui pullulaient dans ses spectacles. En revanche, il était tant d’agir. Si nous étions tous les trois parvenus à cette même conclusion, il nous restait plus qu’une chose à faire. Allez chez moi pour recueillir les derniers indices qui pouvaient les accuser. J’approuvais donc d’un mouvement de tête lorsque le détective nous ordonna de le faire. Nous n’avions plus le choix.

« Très bien. Allons-y. »

J’avais toujours beaucoup de peine à croire que nous étions arrivés à cette conclusion. Jamais acteurs ne se seront montrés aussi bas, aussi cruel. Était-ce à cause de quelque chose que j’avais fait ? S’étaient-ils sentis négligés depuis notre arrivée sur cette île ? Pourtant ils avaient toujours su comment mener leur petite troupe. Je ne leur étais plus d’aucune utilité. Mais peut-être en pensait-il autrement ? Peut-être estimaient-ils vraiment que je méritais de me sentir seul et abandonnés… comme eux l’avaient été ? Sans réfléchis plus longtemps, je montrais notre appartement au détective, espérant qu’il pourrait trouver l’indice manquant. En le laissant entrer dans ma maison, je n’avais pas pu m’empêcher de retenir ma langue que j’avais toujours bien pendue. Normal pour une grenouille.

« J’ai laissé tout en état et je n’ai touché à rien… peut-être que vous trouverez quelque chose. Je l’espère en tout cas. Mon pauvre Robin… quand je pense qu’il a été trahi par les personnes qu’il prenait pour ses amis. Ce sont des monstres, de véritables monstres, si tel est le cas. »

Et je ne parlais pas du fait qu’ils n’étaient pas humains et parfois très différents d’une espèce animal quelconque. Je disais cela parce qu’ils n’avaient pas de cœur, c’est tout. Lorsqu’il me demanda où ils se trouvaient, je saisis un stylo et un morceau de papier et écrivais une adresse.

« Voilà c’est l’adresse de leur quartier. C’est là que la plupart des membres de la troupe vivent. Ils traînent très souvent par là-bas. Et c’est certain que Robin ne se serait douté de rien s’ils lui avaient demander de se rendre chez eux. »

Je réfléchis quelques instants, regardant tour à tour mon téléphone et le détective. Je n’objectais pas lorsqu’il me demanda de rester ici. J’étais certain qu’il savait ce qu’il devait faire.

« Je vous préviens dès que je reçois de leurs nouvelles. Je vous le promets. Mais vous promettez-moi de faire attention. C’est qu’ils sont nombreux. Je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose. »
   

Grenoulle en détresse

Je le vis partir, la boule au ventre. J’espérais alors de tout cœur qu’il pourrait retrouver mon très cher neveu. Robin ne méritait pas ce qui lui arrivait, vraiment pas. Quel enfant méritait de se retrouver comme monnaie d’échange d’un chantage aussi crapuleux ? J’espérait donc de tout cœur que Fozzie avait raison et que faire appel à ce détective était la bonne chose à faire. Je ne prêtais pas vraiment attention à ce qui se passait autour de moi. Je gardais les yeux fixés sur l’horloge, commençant à d’autant plus m’inquiéter lorsque nous nouvel ami commençait à tarder. Me mordant nerveusement les ongles, je ne cessais qu’au moment où la porte s’ouvrit à grands fracas.

« Tonton Kermiiiit !! »

Cet appel me fit sursauter. Sautant avec agilité sur mes deux pieds, je courus en direction de mon neveu. Je lui fis alors un gros câlin, refusant de relâcher mon étreinte. Pouvoir enfin revoir mon neveu m’apportait une telle joie. Je crois que jamais je n’avais ressenti un tel soulagement de toute ma vie. Pourtant, j’en avais connu des situations compliquées dans mon existence. C’était ça être un Muppet.

« Oh mon petit Robin ! Je suis tellement heureux de te voir. »

Je l’embrassais alors à plusieurs reprises avant de m’écarter légèrement, tenant son visage entre mes mains.

« Tu vas bien ? Tu n’as rien ? »

« Je vais bien, tonton. Enfin je… je crois. »

Une larme tomba sur son visage et il se mit à sangloter.

« Je suis tellement désolé, tu sais. Je croyais vraiment qu’ils étaient mes amis. J’ai été stupide. »

Je le serrais dans mes bras et le berçait légèrement.

« Non non Robin, ne soit pas désolé. Ce n’est pas ta faute. Ils ont simplement profité de ton bon cœur. C’est moi qui aurais dû m’apercevoir que quelque chose clochait, je suis navré. »

Je me tournais alors vers son sauveur, tellement reconnaissant de l’acte d’héroïsme qui m’avait permis de retrouver mon petit têtard.

« Merci Ben… merci milles fois. »

« Il a été très courageux tu sais. C’est un vrai héros. Il s’est battu tout seul contre deux méchants monstres. »

Je me dirigeais alors vers lui, tenant toujours Robin contre moi. Ben me demanda alors s’il fallait appeler les flics. Il avait également précisé qu’ils n’avaient pas opposé une très grande résistance. Mais le crime qu’ils avait commis était trop grave pour que je reste impassible. Il fallait au moins qu’ils soient placés en garde à vue, qu’ils comprennent qu’ils ne devaient pas le faire ?

« Ils sont allés trop loin cette fois. Je ne peux pas laisser passer un crime aussi grave… peut-être que des travaux d’intérêt généraux leur remettrait les idées en place. »

Je remarquais alors que le bras de Ben était en sang.

« Oh mais vous… vous saignez. »

Je saisis alors son bras sans vraiment y réfléchir, juste pour voir dans quel état il était.

« Est-ce que vous voulez aller à l’hôpital ? On peut vous y conduire si vous le souhaitez. »