(Abandonné) Dispositif psychique cortical - V2

Cinq jour seulement après notre dernière aventure dans mon laboratoire, me voilà en train de suivre les directions pour ton appartement, ou plutôt, vôtre appartement, comme tu le partages avec un colocataire qui… paie toutes tes factures? Ne travailles-tu donc pas, ou ais-je mal compris ce que s’occuper des finances voulait dire? Mais bon, vu comment j’arrive à payer mes factures, c’est pas moi qui peut se plaindre si tu as un sugar daddy ou un truc du genre. En tout cas ton enthousiasme est communicatif, et me je suis retrouvé a faire plusieurs prototypes pendant le temps où j’attendais pour recevoir le liquide refroidissant, puisque la commande, elle, n'est pas instantanée. Tu m'as appelé dès le lendemain de nos tergiversations, au final, mais j’ai dû te faire poireauter un peu. Qu’importe; je suis là, une grosse valise me suivant puisque j’ai plusieurs câbles à tester et un module de détection d’output d’énergie. Quand je cogne à votre porte, ce n'est pas toi, mais lui qui me répond; ses yeux deviennent noirs l’espace d’un instant, me faisant craindre le pire, mais il finit par revenir à lui, se fendant d’un pas sur le côté pour me laisser entrer alors que je l’entends prononcer sous son souffle : « Ah, wow », un commentaire sans fondement qui me laisse un peu froid par rapport à sa personne. Heureusement je n’ai pas à le supporter bien longtemps puisqu’il me pointe la porte de ta chambre / ton laboratoire. Je le remercie quand même et il me répond d’un haussement d’épaule désinvolte avant de disparaitre dans une autre pièce. Eh bah.

Je tape légèrement sur le bois de la porte et la pousse, te découvrant en plein milieu d’un… chaos… qui te sied bien, mais qui vient m’offrir une bouffée de panique. « Jake » dis-je d’un voix grave, solennelle. « Bonsoir » et aujourd’hui, moi je porte un pantalon propre noir et une chemise de satin bien violette, la lumière se reflétant sur le tissu et le faisant épouser mon corps. J’aime la sensation douce de cette fibre, et la sensation de la chaleur de la peau contre le frais de la chemise. Qu’importe; nous ne sommes pas là pour parler de mode. Mes cheveux ont été attachés à l’arrière de ma tête dans un bun bien bas, histoire qu’ils ne deviennent pas un problème durant nos tests. « Je vois que tu as travaillé fort  dernièrement » mes yeux s’égarent sur une photo qui vient me percuter comme un Optimus Prime dans la gueule; une photo de ta forme cybertronienne. Exactement la même que le Wheeljack que je connais, jusqu’aux blessures au côté gauche. Mes doigts viennent effleurer la photo comme pour me convaincre qu’elle est réelle. Je fais de l’espace sur un plan de travail et j’y dépose le contenu de ma valise. « J’ai trois prototypes, avec différentes manières de gérer le refroidissement. Le plus efficace est celui-ci, peut-être pourrait-on commencer par lui? » dis-je en pointant un câble un peu plus lourd et robuste que les autres. Il semble bien moins sophistiqué, mais au final l’invention a juste besoin de fonctionner, pas d’être jolie

« Tant mieux qu’il soit patient » te dis-je doucement, une expression neutre au visage. Je ne sais qu’en penser; sûrement simplement que c’est bien que tu sois entouré de personnes qui savent gérer tes petites lubies, au fond. Un autre serait peut-être jaloux; mais jaloux de quoi? Qui suis-je pour toi de toute manière? Pire; qui es-tu pour moi? Ah, quand nous aurons fini avec le dispositif psychique cortical, nous en aurons probablement le cœur plus net. Et si je tiens manifestement à toi – l’idée de toi, plutôt – qu’est-ce qui me ferait dire que je pourrais apporter quoi que ce soit, réalistiquement, à ta vie? J’ai commis des atrocités – j’en commettrai certainement d’autres. Parce que j’ai donné mon âme à la logique, et que la logique n’est pas nécessairement morale en soit. Qu’avec le retour de mes sentiments, je me sens pris entre deux chaises, mais qu’au final si j’en avais la possibilité, je déciderais sans même hésiter à les perdre à nouveau, bien égoïstement, parce que de ressentir me fait un mal qui se répercute jusque dans ma chair. Mais toi- dans les traits quelque peu tirés par le sommeil de ce corps humain que tu habites, je vois quelqu’un qui m’a cruellement manqué. Parce qu’il est tout simplement agréable de pouvoir discuter avec quelqu’un qui vous comprend, parce que tes folies viennent tempérer les miennes. Parce que l’idée de te serrer un peu plus fort me hante depuis quelque jours, alors qu’on ne se connait pas – alors nécessairement je tente de rationaliser et de me dire que c’est toi, que mon corps et mon cœur se souviennent mieux que ma tête. Et surtout – que la tienne. Je suis heureux d’avoir travaillé sur le dispositif plutôt que sur d’autres inventions, parce qu’au final je peux l’utiliser pour toi. Qu'est-ce que j’aurais fait s’il n’avait pas été déjà un bon prototype à utiliser? À passer des jours, des semaines à me demander si tu étais bien la personne que je crois que tu es? Ah-

Je me rends compte que je te fixe sans bouger, sans rien dire depuis un moment. Mes yeux clignent pour humidifier ma rétine, et je reviens sur terre. Je tends la main vers ton félin robotique, le laissant faire mine de me renifler avant de venir gratter le sommet de son crâne. Après-tout ne suis-je pas obligé d’avoir une rivalité puérile avec chacun de te robots. Je le laisse frotter son visage contre ma main, me surprenant à rire quelque peu, sans bruit, juste une manière que j’avais de laisser l’air secouer ma cage thoracique et mon sourire de s’étirer. Je ne peux plus trop cacher ce que je suis depuis notre dernière conversation téléphonique, alors je te dis : « Ironique, n'est-ce pas? Les rôles devraient être inversés; moi, en créature au corps métallique, et lui, créature de chair et de poils » mon yeux bleus se posent sur toi, ayant raté de quelques secondes l’instant que tu as pris pour me détailler. C’est aussi bien; vaut mieux ne pas me donner d’idée avant que nous sachions réellement qui tu es. Ce corps humain a cette faiblesse-là que nous, cybertroniens, ne connaissons pas d’office : un besoin de proximité physique bien, bien plus intense. C’est en vivant ici que j’ai connu le terme asexuel, puisque nous n’avons pas besoin de ce mot pour nous définir dans nos anciens corps. Ah, mais avec ce corps ci, ça part rapidement dans tous les sens.

Tu me parles et- et moi, je ne t’entends que comme un bourdonnement lointain. Toi. Réellement, toi. Le même Jake que j’ai toujours connu, sinon que ta mémoire te fait défaut. Le même Jake que j’ai kidnappé plus d’une fois, celui avec lequel j’avais tenté une relation avant la guerre. Celui à qui j’ai failli; celui que je ne peux l’imaginer me pardonner, et pourtant, pourtant, il n’y a rien que ce cœur qui ressent voudrait de plus. Juste un moment de plus ensemble et mon cœur s’emballe; ce n’est pas que je n’écoute plus le son de ta voix, mais plutôt que les battements effrénés de mon myocarde sont tellement assourdissants que je ne t’entends plus; je me sens pris d’un vertige que je ne comprends pas – je ne comprend pas, non, que les émotions puissent avoir de telles répercussions sur le physique. Qu’elles puissent m’empêcher de réfléchir à autre chose, ou que j’en oublie de me nourrir convenablement, que ça puisse m’empêcher de dormir. Je délaisse la photo pour te regarder, pris de cours; mais toi tu continue à parler et c’est aussi bien. Ça m’aide à me recentrer, à quelque part. « J’espère que tu n’as pas eu d’ennuis à ton lieu de travail » dis-je simplement, me rapprochant quelque peu. Et puis je te dis; « Je crois qu’il est de couture humaine de se donner la main, ou un câlin, ou le bise, quand on se voit à nouveau » yeux bleu qui percent les tiens, je n’ajoute rien à tout cale; si tu as envie de quoi que ce soit, tu me le feras bien savoir.

Te voilà qui débarrasse l’espace près d’un établis et je me mets à sortir mon propre matériel dans l’espace que tu as débarrassé, et tu y ajoutes tes trois prototypes. Intéressant; ça ressemble à « de l’énergon? » dis-je, quelque peu surpris que tu en aies trouvé dans cet univers, d’une part, mais aussi que tu aies pu le raffiner. Ça sent comme s’il y avait d’autres bots qui avaient trouvés une source – et là où il y avait une source, il y avait certainement des décepticons. Quelle magouilles avais-tu dû faire, toi qui n’a pas toute ta mémoire, auprès d’eux? Allais-tu regretter certaines ententes? J’espère que non, quand même. « C’est effectivement une source d’énergie plus stable… » dis-je en levant un sourcil alors que je venais de le dire. « Que lui as-tu fait? » parce que je sais que si c’était du simple énergon liquide, tu n’aurais pas besoin d’en avoir trop version étiquetés. Et qu’avec toi, on peu s’attendre à tout. Sans même m’en rendre compte ou me poser de question, alors que nous sommes tous deux penchés sur ton plan de travail, voilà que ma main se pose à nouveau dans le creux de ton dos, comme si c’était sa place; près mais trop loin pour tout autre contact, je reste occupé mentalement par la tâche colossale qui s’offre à nous.

« J’ai dû acheter des palettes de liquide refroidissants, en retirer le liquide, et le mettre dans une housse que j’ai entortillé autour des conduits. Le problème c’est de s’assurer que la housse ne fonde pas au contact du cuivre, mais puisse tout de même le refroidir. Enfin, ce ne sont que des détails de finition en soit » tu me connais ais-je faillit dire; parce que toute invention doit être fonctionnelle de prime abord, mais qu’il est également de s’occuper de la finition extérieure. C’est pour ça; mon laboratoire est extrêmement bien rangé et mes créations esthétiques – je les vois comme une extension de moi et il est donc logique que je prenne soin de leur apparence et de l’impact de leur utilisation sur qui je suis. Les fils que j’ai posés sur la surface de travail sont tous identiques, parce que je crois que c’est la manière optimale de les utiliser, et qui résistaient bien à une charge électrique. L’énergon est bien différent, si ça en est, donc nous verrons selon tes prototypes si le miens est fonctionnel. « j’ai des outils pour calculer l’ampérage à chaque bout du fils » dis-je simplement; « Ça nous évitera de d’abord le tester de manière… personnelle. Si tu es près, nous pouvons utiliser ton premier produit étiqueté et lancer la chose » que j’ajoute en me redressant quelque peu, me rendant compte juste à ce moment-là de l’emplacement de ma main.

Je la retire donc, avec comme excuse de prendre un de tes cylindres pour commencer l’assemblage avec mon dispositif.

« Mmm? » fais-je, réalisant ma distraction précédente. Je me rapproche de toi, la seule option que j’ai de toute manière pour avancer notre projet. Mais je te tends une perche, et toi, tu la saisie à deux mains, te deux bras venant m’entourer à la taille et moi, j’ai de l’émotion dans la gorge. Est-ce que ton manque de mémoire fait que tu me fais confiance quand tu ne le devrais pas, ou est-ce qu’à l’inverse, les mémoires qu’il te reste de dictent que tu devrais agir ainsi? Nous n’en aurons pas le cœur net avant de pouvoir remettre de l’ordre dans tes souvenirs, de toute manière. Mais je profite grassement de l’instant présent; mes bras viennent encercler ton dos alors que je me dis que les humains ne se câline pas comme ça entre amis, mais oh, qu’est-ce qu’on en a à faire de toute manière? Nous sommes des créatures biorobotiques venus d’un autre univers et d’une autre planète. Rendu là, on est pas à un détail près. Ce sont tes épaules que j’étreigne, que j’enlasse comme si de nous séparer signifierait notre mort à tous les deux. Il faut bien se défaire, mais je ne le souhaite pas. J’ai de l’humidité dans les yeux et je me trouve idiot; pourquoi est-ce que l’émotion me prend? Moi qui n’ait comme maitresse que la logique, pourquoi suis-je assaillis de choses que je ne comprend pas. Est-ce que je pleure parce que je voulais un câlin, parce que je n’en voulais pas, parce que je crois ne pas en mériter, ou parce que je regrette toutes ces années passées à ne pas en faire d’autres? Est-ce le souvenir de cette époque lointaine où il y avait des câlins dans notre vie qui me rend comme ça? Je ne sais pas. Je ne sais pas non plus si je veux vraiment savoir – tout ça pour dire que j’ai une émotion, et que je n’ai d’autre choix que de la vivre ou de la réprimer. Je choisi la deuxième option, me tournant sur notre projet comme si de rien était.

« Ça va » dis-je après un raclement de gorge pour me remettre les idées en place. « Rien qu’un peu de tests ne peux pas arranger » et je tâche d’étirer un sourire timide sur mes lippes. « Oh, de l’essence. Pardon, mon erreur » dis-je, peut-être une légère pointe de surprise -et de déception- dans la voix. Puis un petit rire. « Expliquer l’énergon, c’est expliquer l’univers » je m’accoude légèrement à la table, te regardant ainsi de face. « L’énergon est notre sang, ce que nous consommons pour avoir de l’énergie, c’est aussi notre équivalent de l’alcool. Source de vie, en gros, pour les êtres comme nous, et des différents aussi » et heureusement que tu t’étais transformé plus tôt, parce que sinon j’aurais eu à expliquer ce que je voulais dire par nous dans cette phrase, mais tout est aligné pour le mieux. « On peut faire un tas de chose avec de l’énergon, en somme. Ici les choses sont plus à base d’électricité. Mais oui, testons ce prototype en premier, quoiqu’à voir comme il bouillonne, ça risque pas d’être très stable. Est-ce particulièrement chaud? » dis-je en prenant le cylindre pour adapter le carburant dans la gaine à cet effet, sous celle qui contenait le liquide refroidissant.

Ah- je n’ai même pas le temps de finir de faire couler le précieux liquide dans la gaine que déjà, mon dispositif se met à bouger dans tous les sens, comme cherchant à se connecter sans y arriver; il gigote violemment dans tous les sens, ce qui le fait éjecter le carburant qui vient tacher nos vêtements. Heureusement, la perte de ce carburant vient faire arrêter les mouvements du dispositif, qui est en train de fondre de l’intérieur, les câbles de cuivre surchauffant. Moi, je réagis au quart de tour; je maitrise le dispositif jusqu’à ce qu’il arrête, jouant du biceps. Et puis, quand ça s’est calmé, j’observe le dispositif. Fumé de l’intérieur, mais de l’extérieur? Aucun dégât. Ce qui, en soit, était une victoire non négligeable. « Bon, pour ce prototype c’est mort, mais- il semble que le liquide réfrigérant ait bien fait ses preuves » Et puis – trop habitué à mon propre laboratoire, je retire mon chemisier tâché et l’envoie valser plus loin après m’être essuyé légèrement le corps avec. Est-ce que j’ai pensé à apporter d’autres vêtements? Non. Est-ce que ça allait m’empêcher de continuer nos tests? Non plus. Je me retourne vers toi, observant que les dégâts du fluide avaient été pires pour toi, et je te dis : « Oh. Ouais, prenons déjà une pause. Vas te changer, et même- » mes yeux sont fixés sur l’immense tâche qui décore ton haut « euh, peut-être qu’une douche serait utile. Ou juste un linge humide pour moi, je me suis pas maqué en maitrisant la chose » mouvement vague pour désigner mon torse luisant. Ça irritant quand même très bien la peau, ton truc…

Ah; tu es bien trop perceptif. Moi j’espérais que tu ne remarques pas. As-tu toujours été comme ça, aussi observateur? J’ai du mal à me souvenir – probablement étais-tu plus observateur que moi, en tout cas. Peut-être que de perdre tes souvenirs a changé un peu de qui tu es – peut-être que d’être ici depuis quatre ans, aussi. Comment vas-tu changer lorsque tu retrouveras tes souvenirs? Je ne peux pas dire; je ne peux que profiter de l’instant présent. Alors je souris, parce qu’on dit que c’est rassurant, et ma main vient glisser le long de ta joue. « Tu n’as pas fait de bêtise, non » dis-je simplement, ne pouvant pas répondre à savoir si j’allais bien, parce que je ne le sais pas. On peut toujours se trouver quelque chose qui ne va pas, certes, mais là, c’est plutôt chaotique dans mon esprit et ça ne m’arrive pas si souvent, avec ou sans mes sentiments. « Retournons plutôt travailler » que j’ajoute avant de m’exécuter. Ça ne prend pas bien longtemps avant que tu ne viennes me poser quelques questions, par contre. « Oui, c’est ça, entre autres » que je répète; l’air presque surpris que tu sois si étonné, alors qu’au fond c’est tout à fait normal. Petit rire qui s’échappe de mes poumons, j’hoche de la tête. « Je suppose qu’après ta transformation, tu as dû en avoir besoin. Les cybertroniens ne se nourrissent pas de nourriture organique comme les humains » que je précise; tu semble avoir eu un déclic et ça te rend si mignon.

OH, et puis. Ton regard qui coule sur moi, et moi- comment expliquer? Je l’ai toujours dit, dans cette vie d’avant. Que je voulais être connu pour mon géni autant que pour ma beauté. Alors quand on me regarde comme cela, même si ce n’est pas mon corps, ça me fait plaisir. Je peux pas m’empêcher de rouler un peu du muscle, juste pour t’embêter un peu. Mais plutôt que de parler de ranger ton matériel et de nettoyer le dégât provoqué, voilà que tu me mets un autre cylindre dans les mains. Je soupire de dépit et pourtant j’ai un gros sourire d’installé sur les lèvres, ce n’est pas très crédible; en tout cas je repose la chose et je te dis : « j’apprécie ton enthousiasme, mais comme tu dis, il faut prévenir les blessures et l’irritation de la peau. Ramènes-moi de quoi nettoyer tout ça avant que le feu prenne à ta chambre, et je vais nettoyer pendant que tu prends une douche rapide. Et pour ce qui est de m’habiller… peut-être pourrions-nous simplement laver ma chemise? Vous avez ça, une salle de lavage? » Après-tout votre appartement avait-il l’air plutôt vieux, c’était possible qu’il n’y ait pas d’entrée laveuse-sécheuse.

« Les cycles se feront pendant que nous testons le reste » dis-je simplement. Est-ce que j’allais rester sans haut pour faire des tests dangereux? Ça semblait être une mauvaise option. « Va. Je vais m’organiser » et sans plus tarder, je sors également de ta chambre. Évidemment le bruit n’a pas passé inaperçu, mais ton colocataire ne semble même pas être si surpris que ça. Il grimace en me voyant torse nu toutefois, et il lève la main dans ma direction pour m’indiquer de ne pas parler. « Je veux pas savoir » dit-il avant de me faire signe de le suivre. Bon; j’ai pas mille autres options, alors je considère ce qu’il me tend; une vieille robe de chambre en ratine. Il me jauge fortement, assez pour que je n’insiste pas pour protester, et que je la mette. Si c'est le seul morceau de vêtement qui me fait ici, hein, je ne vais pas me plaindre…

De retour dans ta chambre avec de quoi frotter les tâches d’essence modifié, je me mets à l’œuvre, rangeant ci et là des trucs qui trainant sur le chemin dans des endroits que je considère stratégiques mais qui pour toi vont relever d’un bordel infini pour les retrouver plus tard; sans m’en rendre compte je continue à ranger, et quand tu reviens de la douche, la moitié du bordel de ta chambre est rangée et le lit est fait. Je ne m’excuse même pas d’avoir touché tes affaires; plutôt je te considère un instant, avec tes cheveux séchés avec une serviette qui vont un peu dans tous les sens. « Prêt pour la suite? » dis-je en saisissant le Cylindre que tu m’avais donné plus tôt.

Il y a quelque chose de tellement familier dans ta manière de faire l’enfant, dans le ton que tu utilises pour râler. Pourtant je ne fonds pas devant tes yeux; mes doigts ont déjà quitté ta peau et c’est mieux ainsi, inconnu que tu es. Je le dis- et je n’y crois pas. Mais peut-être que dans les autres univers, tu as la même apparence. Les mêmes blessures. Les mêmes manies, la même manière de parler. Non, je n’y crois pas – parce que toutes les preuves sont là et qu’il est illogique de ne pas y croire, au moins un peu. Mais j’ai peur – je me répète, mais c’est comme ça. Je te laisse trouver le linge que je veux; je te laisse aller prendre ta douche, et moi je range, je frotte, parce que ça m’occupe l’esprit et que pendant ce temps-là, je peux penser à mon plan d’action. Aux mémoire que je veux chercher qui prouverait que tu es toi, que je pourrais reconnaitre aisément; aux étapes à prendre ensuite, aux tests pour adapter le dispositif par la suite, parce que je n’ai pas abandonné l’idée de transférer ma conscience dans un robot de ma création, une copie de qui j’étais. C’est farfelu, on dira, mais c’est comme ça. Mais si Jake a pu se transformer tout seul… alors peut-être que moi aussi. Je vais donc devoir étudier le processus de transformation; surement qu’en fouillant, je pourrais trouver d’autres bots qui ont eu le même genre d’aventure.

Je sursaute lors de ton retour. Comme si je ne m’attendais pas à te voir revenir; je me redresse, la robe de chambre s’ouvrant quelque peu alors que je te regard, l’air sûrement surpris, mais avec un touche de je ne comprend pas. Et puis mon regard tourne vers le reste de ta chambre; toutes les choses que j’ai déplacées et les tâches douteuses que j’ai frottées. Je pose le linge que j’utilisais sur un coin de meuble, avec le produit nettoyant que j’étais ne train d’utiliser. « Pardon » moi, m’excuser? Comme c’est étrange, nouveau, mais pour autant pas amer. J’ai fait une bêtise, il est donc logique de s’excuser. « Je me suis laissé emporter. Je trouve le rangement bien thérapeutique, et- » regard qui fuit, gros soupir, lèvres qui se remuent sans prononcer un son. Je me rapproche, ne sachant quoi faire d’autre que de chercher à m’approcher pour te sentir près de moi. Que je hais ces sentiments – et pourtant ils me font me sentir si bien. Comme si quatre ans de souffrances et de regrets en avaient valu la peine, au final.

« J’en ai besoin. C’est égoïste, je crois, que je me sentes ainsi; comme si j’avais besoin de m’accrocher à tes mémoires pour respirer, alors que c’est toi qui en souffre certainement le plus » Prunelle bleu dans le brun des tiennes, il me fait physiquement mal de ne pas chercher à te tenir dans mes bras; j’ai peur de la suite des choses, peur de te retrouver en même temps que je te perdrai. « Et toi… as-tu hâte d’en retrouver, des souvenirs? » question posée parce que de focusser sur toi me donne moins cette impression de vouloir m’occuper que de moi. « Allons, replaçons tes choses comme elles étaient, et puis nous ferons les tests suivants, d’accord? » et je serre un peu mieux la robe de chambre pour aller chercher les objets que j’ai déplacés un à un – mémoire phénoménale qui me sert pour quelque chose de bien anodin, au final. Il ne faut que quelques minutes pour tout replacer, pour tout remettre en bordel. « Je comprendrai jamais comment on peut fonctionner dans ce genre d’environnement » dis-je, pas du tout un reproche, juste une observation. « Est-ce que c’est à ton goût, maintenant? » parce qu’au moins les tâches suspicieuses et dangereuses semblaient être disparues pour de bon, c’était déjà propre à défaut d’être rangé.

Et moi, un peu fatigué de l’effort, je cherche une chaise mais elles sont toutes occupées par des trucs que je n’ose plus déplacer, alors je me laisse tomber un peu sur ton lit défait. Je regrette aussitôt et me relève, légèrement embarrassé; au fond je suis bien capable de rester debout encore. « Les tests, donc » dis-je dans un raclement de gorge, attrapant le carburant que tu estimes être le plus stable pour recommencer le processus. Je n’utilise pas la dose complète, mais au moins assez pour remplir la gaine et permettre un bon fonctionnement. « Au moins cette fois-ci ais-je la possibilité de fermer la gaine avant que tout ne dérape, hein » dis-je d'un ton qui se voulait encourageant, même si ma mine, elle, ne suivait pas, avec mes sourcils qui se rejoignent sous l’effet de ma concentration, et mes traits déterminés. Je branche le module d’ampérage, et je siffle quelque peu. « Tu vois ces données? » question rhétorique, tu devait les voir mieux que moi, au fond. « Ça semble… bon? » et puis je relève ma tête, mettant une main sur ton épaule. « Je crois qu’on peut faire des tests. J’ai apporté, euh… des sujets non-vivants pour les premiers tests » parce que j’allais pas me brancher sur un truc qui pouvait m’électrocuter, quand même. Pas avec ce corps bien faiblard.

Je sors de ma valise de transport deux… oui, tu n’hallucines pas, deux melons. Une pastèque et un melon miel, en fait, parce qu’ils ont une bonne grosseur et qu’ils sont pleins d’eau, comme ces corps pathétiques que nous partageons. Je les installe sur la table de travail et je commence le branchement. Mes mains sont précises, efficaces; ici, point d’hésitation. Non, c’est plutôt dans mes relations avec toi que j’hésite et que je ne suis pas maitre de moi, mais pour le reste… je me débrouille, et ça me rassure quelque peu. « À toi l’honneur » te dis-je finalement; parce que c’était un gros moment et que c’est grâce à toi que je peux mettre tout ça en œuvre. Suffit de peser sur le bouton interrupteur. Je te regarde de mon œil valide, peut-être un peu trop intensément. Parce qu’il fait mal d’avoir espoir.

« T’inquiètes pas, Jake » que je te souffle, hochant négativement de la tête. « Nous aurons les réponses que nous cherchons bientôt, je crois. Mais, qu’importe ce qu’on trouvera- » hésitation marquée, parce que j’en dit trop et que je ne planifies pas assez. Est-ce ça, que de suivre son cœur? Il n’eut de temps où ça me fut si normal, en fait. Comme une fatalité qui me pousse à en dire plus que je ne le souhaite vraiment, plus que la situation ne le demande pour autant. Je viens tapoter le sommet de ton crâne, comme je le ferais avec Canard. « qu’importe ce qu’on trouvera, tu restes quelqu’un d’extraordinaire. N’en doute jamais » et puis, heureusement pour moi, la conversation change assez vite. Est-ce que tu allais trouer ce qui me travailles6 J’en doute sincèrement; comment pourrais-tu deviner des sentiments qui sont si durs à avouer? Entendre les non-dits, oublier des millénaires de guerre, revenir en arrière, simplement parce que ma mort m’a donné, il semble, une seconde chance à la vie. Aussi pathétique et difficile qu’elle est au final. « Nous sommes bien différents » dis-je dans un souffle. Mais ça, ça avait toujours été le cas, n'est-ce pas? Toi, plein de vie, toi, l’essence même de l’intelligence à l’état brute. Et moi – moi qui ait besoin d’organiser, de rationaliser, moi qui aie besoin de logique. Comment pourrions-nous nous entendre? Et pourtant, pendant un bref moment… nous y sommes arrivés. Mais il ne sert à rien de revenir en arrière – c’est, surtout, bien impossible. Si c’est vraiment de la proximité, de l’intelligence que je cherche, un ami, alors probablement que je serais mieux de chercher ailleurs. Parce que même si la guerre est loin d’ici, un décepticon reste toujours un décepticons. N’est-ce pas la première chose qu’on nous a appris?

« Oui  »dis-je distraitement, « Nettoyer était mon but premier, le rangement a dû se faire au fur et à mesure- » hésitation; est-ce que je devais le répéter? Que je suis désolé? Et juste là, mon cœur se brise un peu à l’idée que nous soyons, au fond, fondamentalement incompatibles. Comme si c’était la fin du monde, alors qu’il n’y a pas une semaine je n’étais même pas au courant de ta présence ici. Heureusement la bonne humeur revient dès que je pose mes melons […] sur le pan de table de travail et que je branche tout avec la précision d’un horloger. Bien assez vite, te voilà qui active la machine et-

Oh. Rien. Enfin, rien, de manière positive; pas de spasmes, pas de melon qui éclate ou brûle, pas de dégâts. On finit par entendre le bruit familier de l’électricité qui fourmille, du liquide qui entre en mouvement, du refroidissant qui fait effet. Pas de craquement étrange, rien. Alors évidemment, je vérifie l’ampérage, et on laisse rouler le processus pendant un long, très long moment. « Écoute, tant que ça roule » dis-je, « Je vais peut-être accepter ton offre de nourriture » regard qui se pose sur les canettes de boisson énergisante sur le bureau et les enveloppes de bonbons dans la corbeille juste à côté de ton lit, et je me râcle la gorge. « Par contre, j’évite de manger des sucreries… » je n’en dis pas plus, mais sûrement que le jugement se fait entendre dans ma voix. Parce que je fais très attention à mon corps, à ma santé, tant qu’à être dans ce corps inutile; j’aimerais aussi que tu y fasses attention, ce serait bête que tu t’épuises. Mais bon; ça ne m’étonne même pas que tu sois attiré par ce genre de mets. Une autre incompatibilité, dirons-nous.

Est-ce que je suis en train de me convaincre que nous ne pouvons même pas nous entendre? Si. Parce que comme ça, ça gère mes attentes. Mois j’ai d’espoir, moins je risque d’être déçu, pas vrai? « Je vais surveiller le processus, quand même, vaut mieux ne pas laisser les melons seuls » et oui, je te laisse gérer notre en-cas toi-même. C’est peut-être un peu froid, un peu injuste de te faire faire le travail, mais je ne vais certainement pas aller me servir dans ta cuisine, non plus. « Je prendrai des notes, si jamais » dis-je, un calepin et un crayon apparaissant dans mes mains pendant que tu ne regardais pas. Je te tourne le dos pour me pencher vers le dispositif, manipulant précautionneusement les électrodes que j’ai modifiées pour m’assurer qu’il n’y a pas de dégâts au site où elles sont apposées. C’est, après tout, l’endroit le plus important. Qu’importe si l’entièreté des melons est intacte, hein, si le site de pose est irrité ou pire, endommagé. Surtout que le processus pour faire le tri dans les souvenirs en est un qui est long et parfois douloureux…

Mes lèvres s’activent en des mots que je n’arrive pas à dire. Mes doigts brûlent d’envie de caresser la peau de ta joue et- et au fond c’est peut-être le dernier moment où je pourrai le faire, alors je me laisse aller à cette sentimentalité. Joue caressée, et puis mes bras glissent autour de toi pour t’enrouler dans une chaude étreinte, sûrement très douce comme je porte une robe de chambre. Je ne te laisse pas tout de suite aller, mais je te dis, la voix légèrement brisée. « Je sais que tu ne mens pas. Que tu penses ce que tu dis » je te serre un peu plus fort. Comment te dire qu’il y a des choses qui s’oublient, mais qui ne s’excusent pas? Je suis de ceux qui ne peuvent être récupérés – qui sont prêt à mettre terme à leur vie juste pour le plaisir de gagner. Non; sûrement que je ne tiens pas à toi, pas réellement. Je veux juste t’avoir, et ce n'est pas la même chose que de me soucier de toi. Pourtant je te serre et je te serre et puis- je suis forcé de te laisser aller à un moment, et je finis par te dire :  « Mais je ne crois pas que nous en aurons d’autres » des câlins, j’entends. Et puis je souris, un sourire large de charmeur, me cachant derrière ce masque un peu dragueur pour changer le ton de la conversation. Mes doigts viennent soulever ton menton simplement pour t’observer de mon œil valide; tu as toujours été un peu plus petit que moi, après tout. Et puis juste comme ça je te laisse aller.

Des fruits? Dis-je un peu plus tard, relevant la tête de mes observations. « Oui, des fruits, c’est très bien » semblerait que ton colocataire se nourrissait un peu mieux que toi, mais au fond ça n’a pas l’air si étonnant. « Pas besoin de préparer quelque chose de long  »te rassurais-je en prenant de tes bras une orange que je commence à peler. « Non, ils ne sont pas vivants » dis-je, un petit rire me quittant; et force est de constater que je me sens bien plus dans mon élément en parlant de science avec toi, qu’en parlant de mes sentiments et des possibilités de nos futurs en cet endroit. « On devra attendre quelque peu pour être sûrs que tout est en règle, mais ça regarde bien » je jette ma pelure d’orange, que j’ai défaite en une spirale d’un seul morceau, dans la corbeille de ta chambre-laboratoire. « Dit, Jack » fais-je après avoir commencé à défaire les quartiers, « Tu as bien quelques souvenirs, ou impressions, enfin, par rapport à ton passé avant ton arrivée ici. Est-ce que tu as une petite idée de ce que tu vas y trouver? Ça nous aiderait probablement à orienter notre travail pour ramener tes souvenirs. Enfin, si t’as quelques images particulièrement fortes qui t’ont marquées »

Non; n’affiche pas cet air triste, s’il-te-plait. C’est trop dur. De te faire mal avant même que tu aies retrouvé tes souvenirs. Crois-moi – si c’était possible, si j’étais la bonne personne, alors peut-être pourrions-nous être heureux. Mais il y a de ces choses qu'on ne peut pas pardonner, que tu ne dois pas me pardonner. Combien de tes proches sont morts, ont été blessés, à cause de moi? N’ais-je pas rendu ta vie résolument pire, juste parce que j’étais dedans? Mais il ne sert à rien de te dire tout cela avant que tu retrouves tes sentiments, au fond. Mais j’aimerais te dire que tu es comme le soleil; que tu es resplendissant et que tu fais graviter le monde autour de toi. Que tu es le chaos, qu’on est différent, et que si j’avais le choix, je ne te changerais pas. Alors j’essaie de sourire un peu; s’il me fallait mourir pour passer quelques jours en ta complicité à nouveau, alors soit. Je ne regrette rien.

(C’est faux. Je regrette tout. C’est qu’une bien drôle de chose que de ressentir, et de savoir que pour un esprit aussi brillant, je puisse être aussi con.)

Mais plus j’insiste – plus je sais que ça rendra les choses difficiles pour l’après. Pour toi, pour moi. Je sens le regard de ton Shocky et je me demande ce qui lui arrivera, après. Si tu arriveras quand même à l’aimer et à le gâter. Parce qu’il est ta création adorée, mais qu’il me ressemble. Bon, je dois avouer que son sort m’importe peu, mais je me pose quand même la question. La guerre? Évidemment que tu vois des bribes de guerre. Après tout a-t-elle durée des millénaires avant ma « mort », et qui sait, probablement des millénaires après. Ou peut-être que Megatron et les décepticons ont été vaincus peu de temps après ma mort : après tout, comment pouvaient-ils arriver à quoi que ce soit sans mon géni créateur? Toi, avec un studio. Ça tient la route. Et ça me donne un de ses sentiments de chaleur un peu diffus alors que je songe à toi qui vit en paix. Je ne remarque pas les larmes qui viennent humidifier mes yeux ou celles qui glissent le long de ma peau pour se perdre dans ma barbe.

« Il n'y a que toi pour comprendre toi. C’est poétique » dis-je, te répondant enfin. Sourire doux aux lèvres; il n’y avait aussi que toi pour me comprendre moi, mais t’ais-je déjà compris, moi? Jamais totalement, je crois. C’est bien ce qui te rend si intéressant. Mais tu es différent, en ce moment; probablement est-ce simplement parce que tu n’as pas retrouvé tes souvenirs, ou parce que moi j’ai retrouvé mes émotions. Et puis- il y a cette parcelle de Cheetor en moi qui me pousse à vouloir faire la bonne chose. À ne pas être si égoïste. Peut-être que sinon, je ne ferais que profiter de toi pendant que je t’ai. Mais je peux pas dire que pour autant, je suis en paix avec ce qui arrive et ce qui arrivera. Peut-être que je me contenterai de faire comme avant; de te kidnapper ici et là parce que tu me manques trop. Après tout, je sais où tu habites, je pourrais très bien le faire. Dommage qu’il faille surveiller ce câble, on aurait pu profiter de l’air frais, dehors.

« D’accord » dis-je finalement, avalant mon dernier morceau d’orange, « c’est déjà ça, on pourra se concentrer sur ces choses-là » de toute manière, j’ai mes propres choses que je veux regarder, pas vrai? Et d’autres que je ferais bien de cacher, aussi, même si seulement pour un temps. « Je connais, théoriquement, le concept de endroit hors du temps et de l’espace, même si je n’y suis jamais allé. Ça a dû être toute une expérience, j’espère que tu pourras m’en parl- » j’arrête avant de finir ma phrase. Bien sûr que non, tu ne m’en parleras pas. Pourquoi? Après tout, je doute que tu veuilles continuer à ma parler par la suite. Alors j’esquive ton regard, ma gorge se serrant. Si je n’avais pas mes sentiments – tout ce processus serait d’autant plus simple. Ah; dès que vous aurons finis avec tes souvenirs, je retournerai sur mes travaux en ce sens, ce sera pour le mieux.

C’était le dernier moment. La dernière chance que j'avais de tout te déballer, d’espérer pouvoir aller au-devant de ce que tu (re)découvriras. Pour que tu me pardonnes -enfin, non pas ce que j’ai fait, ce serait trop en demander- la manipulation des derniers jours. Les silences, les accolades. Mais on ne chance pas sa nature; la tienne est d’être éparpillé, la mienne est de ne jamais révéler plus que ce que je dois le faire pour obtenir ce que je veux. Est-ce que je pensais qu’il y avait une quelconque manière que je ressorte de cette interaction gagnant? Absolument pas. Est-ce que je devrais garder mon invention pour moi? Sûrement. Est-ce que j’allais prétendre l’utiliser sur toi seulement pour en découvrir les capacités sur le cerveau humain? Oh que oui. C’est plus facile que de faire face à la musique. « Hmph » réponse simple doublée d’une petit sourire en coin, c’est vrai; peut-être ne te comprends-tu pas, et peut-être n'as-tu pas besoin de te comprendre. Ton approche à la vie a toujours eu ce petit côté holistique que la mienne rebute. C’est vrai; nous sommes si différents qu’il peut sembler impossible que l’on puisse même s’entendre. Mais peut-être n'est-ce pas la convergence de nos valeurs qui importe, au fond. Je ne sais pas; je ne sais plus. Fut un temps où toutes ces questions étaient plus faciles à aborder; un temps où des millénaires de guerre n’eurent pas creusé le fossé entre nous deux. « Il est vain de chercher à comprendre un esprit si brillant » que je finis par dire; c’est ce qui nous unis, en quelque sorte. Un géni que peu arriveront à atteindre dans leur vie.

Et non, l’humilité ne m’étouffe pas. L’humilité est illogique, dans un cas aussi flagrant.

« Je- » tu m’as pris au dépourvus, et je bouge ostensiblement de là où je suis, repositionnant mes bras en les croisant l’un avec l’autre. « je ne sais pas si on peut vraiment redevenir nous-même » te dis-je doucement, mon regard céruléen se posant sur ta personne avec une délicatesse que je ne m’explique pas. Après tout, on ne peut pas faire mal avec un regard, si? « Je n’ai pas perdu mes mémoires, mais je peux te dire ça. En arrivant ici, tu as perdu plus que ça. Les gens et les causes pour lesquelles on se bat, nos proches, notre corps. L’essence même de qui nous somme ne fait aucun sens, ici » Je me bats contre moi-même; je me rends compte que j’ai envie d’aller vers toi, et si je pourrais me convaincre que c’est pour te rassurer, mais la vérité? C’est moi qui en ait cruellement besoin. Quatre ans sans âme connue; quatre ans sans me sentir réellement moi-même. C’est long, cruellement long. J’ai toujours cru que c’était ma punition en même temps qu’un seconde chance, et puis toi- toi tu arrives comme un cheveux sur la soupe pour me faire croire. Parce que si tu es là- enfin tu n’as jamais rien fait de mal, pas vraiment, pas de pleine conscience- c’est que notre présence ici n’est pas lié à un cruel retour de sort. « Mais oui, tu as raison. Il ne semble pas y avoir de problème, nous pourrons le tester » bon, si ce n’était que moi, je prendrai le temps de tester sur de pauvres pions, des personnes sans importance qui pourraient bien tapisser mon laboratoire de leur cervelle sans que ça me fasse un pli (ou presque, c’est difficile à nettoyer, ça).

Mais je peux voir dans ta manière de fidget sur place que tu as trop hâte; et qui suis-je, vraiment, pour te retirer ce bonheur à l’idée de retrouver cette partie si importante de qui tu es? Un petit sourire, tout de même, vient hanter mes traits. « Je comprends ce que tu veux dire. Travailler avec la technologie humaine est si… lent. Quatre ans de travail pour développer une invention que je connaissais déjà » haussement d’épaules alors que je me rapproche de toi et de notre dispositif. Je te fais signe de t’installer sur ton lit – comme ça si tu tombes, tu ne risque pas de te faire de mal, pas vrai? Et c’est une des rares surfaces disponibles, aussi. « Je vais t’installer le dispositif, tu verras, ce n’est pas très long. Ça va pincer par contre, le dispositif est sous-cutané » hey oui, il me semble que ça donne de meilleurs impulsions ainsi, et on oublie la colle disgracieuse. En soit, je me contente d’approcher l’embout vers ta tête et il en épouse les contours, s’installant confortablement dans un petit hiss. « Ferme les yeux. À partir du moment où je me connecterai, tu risques d’avoir des superposition d’images gênantes, autrement » que je t’avertis avant de regarder autour de nous; faute de mieux, je m’installe simplement à tes côtés sur la couverture, le dispositif ne s’étendant de toute manière pas sur de longues distances.

« À bientôt » te dis-je simplement, fermant les yeux et grinçant des dents alors que le pincement se fait plus fortement que ce que j’imaginais – l’arrière de ma tête étant plus sensible que ce que j’avais prévu. Pas besoin de fermer les yeux, au final – aussitôt connecté, ma conscience fût projetée vers la tienne, et nos corps vinrent tomber mollement dans le lit, connectés par le dispositif psychique cortical.

« Jake? » dis-je par réflexe, et pourtant c’est n’est pas ma voix qui résonne, mais mes pensées. Elles s’étirent hors de moi comme des filets, se perdent dans un espace que je ne saurais délimiter. Elles s’échappent de mes sans que je puisse les retenir, mais je ne note pas tout de suite le problème : le fait que tu peux ressentir tout ce que je ressens, et vice versa. Parce que j’en oublie trop facilement que j’ai des émotions, et que le dispositif n’a pas de raison valable de fonctionner ainsi. Un bug, tout simplement. Je n’ai même pas besoin de chercher à matérialiser une image de moi, que mes pensées le font. Mon corps cybertronien – parce que l’autre enveloppe n'est pas moi, et que tout naturellement je ne cherche pas à m’en ajourer. Aussitôt fait, je me mets à ta recherche, une chose un peu plus compliquée à faire qu’avec l’autre modèle du dispositif que j’ai déjà fait auparavant.

Je réalise que je suis directement dans tes souvenirs, de suite, et pas, comme je l’aurais attendu, dans une place centrale à partir de laquelle nous pouvons accéder au reste. Qu’importe; nous y arriverons bien. J’essaie de concentrer mon cheminement vers toi, ta conscience, et puis je te trouve.

Perché sur un réfrigérateur, dans ton appartement.

Et je reste là, un moment, à t’y regarder; une douce chaleur me parcourant alors que je me dis simplement que je t’aime. Petit gremlin d’amour; inattendu et pourtant si attachant. Je te reconnais bien là. C’est un souvenir et, aussi loufoque fut-il, il semblait qu’il contenait ta conscience. Alors sans me poser plus de questions, j’avance -métaphoriquement- vers toi pour te tendre la main, te faire descendre doucement de ton perchoir et, t’accusant contre moi, pour te serrer un peu même si je savais que nous n’avions pas de corps. Je retiens un rire, mais sa pensée fait écho dans l'espace autour de nous. « Bienvenu dans ta conscience » te dis-je, laissant le souvenir s’effacer autour de nous. « Nous pouvons commencer à chercher tes souvenirs » que je pense sans te dire – parce qu’ici il n’y a pas trop de différence entre les deux.

« Commençons par- » moment d’hésitation prononcé; « Cyberton. C’est de là que tu viens; c'est un peu vague, donc possiblement cela ne te donnera pas d’impression forte, mais c’est un point où commencer. Tu me parlais d’un studio où tu habitais, avant d’arriver ici. Penses-y » je m’accroche à ta conscience alors que tout autour de nous change, se métamorphose alors que tu réfléchis. Il me semble qu’il serait si facile de se laisser emporter par un tourbillon, de me perdre dans les méandres de tes pensées changeantes. Cette peur t’es immédiatement communiquée – à mon insu, évidemment.

« Pardon- » est-ce que je ne m’excusais pas trop, là? Je suis pris au dépourvu, entre tes sentiments et ceux que ça fait naitre en moi. Certes, tu seras plus proche de qui tu étais- je crois que je projette simplement le mal que je ressens dans ce corps qui n'est pas vraiment le miens, et j’assume que ce sera pareil pour toi. Mais au fond tu as la possibilité de retrouver ta forme originale, toi, contrairement à moi. Donc de quoi est-ce que je m’excuse? Du fait que je sois positivement brisé de l’intérieur, irréparable? Mais au fond- au fond ce n’est pas à toi de me recoller ensemble, alors je hoche simplement de la tête. « Tu as raison, ce sera un bon point de départ » que je t’accorde du bout des lèvres, n’y croyant qu’à moitié. Ton air triste, pourtant, vient me trouver comme un poignard qui perce mon torse, douleur vive et brûlante. Parce que – parce que même comme ça, je continue à te faire de mal. Non, vraiment; autant te redonner tes souvenirs et puis disparaitre de ta vie, n'est-ce pas? Au moins j’aurai fait une bonne chose pour toi.

« Je comprends » dis-je simplement; et comme tu est frileux, et que je ne sais pas dans quel état seront nos corps pendant que nous nous projetterons dans tes mémoires, je soulève une couverture de ton lit et la drape confortablement sur tes épaules, comme pour t’emmailloter. Comme un poupon que l’on veut protéger – parce que tu es si précieux. Tu m’est si précieux. Et puis sans tarder nous sommes projetés dans un inconnu incertain, avec toi sur ton réfrigérateur, dans l’appartement. Il fait drôle de te sentir comme physiquement contre moi, alors que je sais que c’est seulement un jeu de nos consciences qui essaient de faire du sens de ce que nous vivons. Après tout les sensations physiques sont-elles une partie importante de nos interactions avec le monde, alors ce n’est pas si surprenant. Illogique, certes – mais nous parlons de circuits (neurones) qui activent des êtres vivants, alors c’est à prévoir.

« Je m’attendais à rien de moins » dis-je doucement; une touche de douceur s’extirpant de ma conscience comme des tentacules qui cherchent à se connecter à toi – comme toutes mes autres émotions et pensées, même celles que je crois pouvoir te cacher. Cette vulnérabilité peut sûrement être exploité – mais dans ce cas-ci, c’est surement moi qui en ressortirai perdant; autant faire attention. Et puis- petit rire qui vient lécher les contours de ta conscience, et ma voix se fait un peu plus grave alors que je t’enveloppe de tout mon être; pas pour t’étouffer, mais par chaleur. Sans même y penser; c’est ici un drôle d’endroit, après tout. « Je dois être souvent dans tes pensées, oui, pour que tu puisses faire une maquette aussi parfaite de ma personne » et peut-être qu’il y avait quelque chose d’inquiétant, vraiment, dans ma manière de te regarder comme si tu étais une proie; un éclat de chasseur dans mes « yeux » alors que je te considère, comme si j’allais t’avaler tout rond. « C’est comme ça- » hésitation qui ne sert à rien, puisque tu peux deviner la plupart de mes pensées. « C’est comme ça que j’ai su qu’on pouvait certainement s’aider » dis-je simplement; mais dans ma conscience il y a des relents de et si tu es bien Wheeljack et de la culpabilité, de la tristesse, et toute une panoplie de sentiments contradictoires.

« Ça va, oui » dis-je en tentant de paraitre posé, mais ma conscience s’accroche toujours à la tienne, comme crispée; « J’ai accès- » j’ai l’impression d’avoir la tête qui tourne, là; « quand tu réfléchis comme ça, j’ai accès à tout un tas d’informations qui passent en même temps. Je suppose que ça se rapproche aux flash d’informations qui te donnent des maux de têtes » grimacement intérieur, mais c’est un mal pour un bien – ne nous y attardons pas. Autour de nous, je peux détailler ton studio – non, ton laboratoire. Je peux sentir un brin de honte alors que tu penses au fait que tu vivais dans ton laboratoire, et le fait que tu fasses toujours la même chose, au fond; et moi, par réflexe, je viens caresser tes contours comme pour te dire de te traiter avec douceur. Soit doux avec la personne que j’aime et puis- cette pensée s’échappe pour faire écho autour de nous, subrepticement.

« Je vois » dis-je; je me souviens aussi de quelque chose du genre, une apparition quasi mystique pour moi qui aurait pourtant dû être… mort? Mais est-ce que les Cybertroniens qui retournent à l’Allspark meurent vraiment? Après tout, leur énergie y réside pour toujours. Rien indique que l’on ne peut pas se réincarner – d’un point de vue extérieur, vu la durée de vie des Cybertroniens, on peut dire que Cybertron est encore dans son enfance; on n'a pas vu les anciens revenir fouler la terre, certes, mais rien ne prouve qu’ils ne pourront pas revenir un jour – ni que ce n’est pas ce qui m’est arrivé, à moi. Et sans m’en rendre compte – mes pensées sur le sujet s’expulsent de moi, viennent occuper l’espace entre nous deux sans faire trop de sens, manquant bien entendu leur contexte initial. « C’est bien » dis-je plus concrètement, « on dirait bien que tu te souviens de quelques éléments importants de ta vie. Suffit de remettre de l’ordre dans tout ça. »

Et puis- est-ce toi qui a pensé à ça, ou moi? Je ne sais pas trop; le décors autour de nous change, se propulse dans le temps pour revenir en arrière. Je le sais, je le sens, parce que dans ce souvenir, tu n’avais pas encore tes blessures au côté gauche, à ton bras et ta jambe. Un souvenir d’avant la guerre, un petit quelque chose de déchirant; je ne reconnais pas tout de suite les sons, les mots qui ont été dits, dans leur exactitude, est perdu dans le temps, mais on en comprend vite le sens, l’intention. Toi qui plaides de tout ton cœur pour moi. Quand on m’a reconnu coupable; quand on m’a imposé le pire des châtiments, le moment où j’ai perdu ce qu’on pourrait ici parler mon « humanité ». Je ne savais pas – pas à quel point l’angoisse qui t’habitais était étouffante, moi qui étais trop préoccupé par mon propre sort à ce moment-là. Et puis- et puis il y a l’après, les moments que tu as passé auprès de moi avec ma réhabilitation.

Et puis – parmi les images qui bougent un peu vite, un petit moment de douceur. Alors que tu arrives dans mon laboratoire avec de la peinture – ma couleur préférée, du mauve violacé – pour que je puisse me réapproprier mon corps. C’est toi qui a fait l’apparence de lignes délicates sur mon torse, d’ailleurs. Et je me souviens – du soulagement intense que ça m’avait offert, même si je ne te l’ai pas dit. Et je pense – que bordel, je t’aime. Maintenant et à ce moment-là. Je m’accroche à toi et ce souvenir pour ne pas le laisser s’enfuir à nouveau, comme les précédents. Je veux rester ici un moment, alors je dis; « Tu es- » je n’ai pas besoin de finir ma phrase, au fond, tu sais ce que je pense; le soulagement intense que je ressent à l’idée que oui, clairement, tu viens du même univers que moi. Et puis la tristesse qui m’envahit de t’avoir perdu, le bonheur de te retrouver, la perdre de te perdre à nouveau. Mélange conflictuel de sentiments, évidemment – je ne sais pas les gérer, après tout. Quatre ans de réhabilitation aux sentiments, ce n’est pas assez – il me faudra bien toute une vie pour arriver à les comprendre et les manipuler, je crois. Des millénaires ne seraient pas suffisants. Pas étonnant que je me sois débarrassé de ma matrice sentimentale.

Éjecté par ta conscience, le retour à la réalité se fait brutalement; délicatement, je viens actionner le bouton d’éjection pour que le dispositif psychique cortical retire son emprise sur mon crâne, et puis bien vite, je viens faire le même processus pour ton bout. J’ai ressenti le violence de tes sentiments – la peine et le désarroi et l’angoisse, et je ne sais pas que faire, que dire, maintenant que je n’ai plus accès à tes sensations. Parce que je pourrais me tromper, parce que nécessairement j’ai dû mal interpréter ce que tu as vécut. Un silence pesant s’installe entre nous après que tu me dises avoir besoin d’une pause – au fond tu n’as pas besoin de me le dire, c’est écrit sur tes traits. Je me redresse quelque peu, mon corps étant auparavant en train de choir dans ton lit; l’absurde de notre situation ne m’est pas perdu. Tu serres ton oreiller et moi, en retour, j’ai envie de te serrer toi. Mais ce ne serait pas approprié – pas quand tu as déjà eu à pleurer ma perte, pas quand tu as déjà fait ton deuil, sûrement. Les souvenirs que tu viens de revoir ont été plus violents que ce que j’avais anticipés, alors évidemment que tu es en train de te refermer sur toi-même.

À quoi me sert-il d’être un géni si je ne suis même pas capable de trouver les mots à dire à la seule personne qui compte?

« Prend le temps qu’il te faut » dis-je simplement, un peu froidement peut-être. Parce que j’ai besoin de me détacher un peu. Alors je me redresse et je fais quelques pas; ramasse un de tes petits robots, et le mets sur le lit, à ta portée. Et je répète l’exercice jusqu’à ce que tu sois ensevelis sous eux – un peu pour te rassurer sur le fait que tu n’es jamais seul. À défaut de pouvoir ta rassurer moi-même… enfin, peut-être est-ce une bien piètre consolation. Je me demande même si je ne devrais pas quitter la pièce, à dire vrai, mais je me retiens au dernier moment, convaincu que ce serait là un acte d’une grande lâcheté. Non; rester est difficile et douloureux, mais nécessaire si- si je veux entretenir l’idée de continuer à converser. Alors je reviens vers toi, timidement, maladroitement, mais plutôt que de revenir poser mes miches sur le lit (maintenant ensevelis sous les petits IA mécaniques de ta création), je m’accroupis devant toi, mes pieds solidement posés au sol alors que mon corps se mets en équilibre; ma main vient se placer sur ton genoux parce que tout tourne encore autour de moi, mais- dans un élan de tendresse que je ne veux pas expliquer, j’essaie de venir prendre tes mains dans les miennes. « Jack… Wheeljack? Est-ce que- »

Ais-je même le droit de te demander la permission de t’appeler ainsi? Ou même le typique Jackie que tes plus proches amis utilisent. Mais moi – pas que je n’ai jamais été un proche, mais simplement, je n’ai- « Je n’ai jamais voulu t’appeler Jackie, tu sais » mais qu’est-ce que je raconte? « Même si c’est très… mignon. Et que ça te va bien. Mais j’ai toujours voulu t’appeler, plutôt, par quelque chose de différent. Parce que je refusais d’être remis au même niveau que les autres » mon regard n’ose pas t’affronter, fixant fermement ton torse. « Disons que l’importance que je m’accorde ne date pas d’hier. J’ai toujours voulu être plus important que les autres pour toi. Rarement pour les bonnes raisons » haussement d’épaules. Et puis- et puis il faut bien adresser le cœur du problème. « Ton souvenir- » éclat bleu de mon œil valide qui, plutôt que de remonter vers toi, descend vers nos mains. « Sache que je n’ai pas le même. Pas braiment. Enfin- » mes lèvres frémissent sans que je sache sur quel mot, exactement, m’arrêter. « J’ai bien… mes souvenirs s’arrêtent au sacrifice de Cheetor. Et puis après, je me suis réveillé dans cet univers-ci. Je n’ai pas- souffert » pas comme toi pensais-je difficilement.

Et puis je me demande – qu’est-ce que je suis en train de faire, là? Un petit rire pathétique me parcourt. « Pardon. Au fond le problème c’est pas que j’aie souffert ou pas, c’est que j’ai fait un truc qui t’as fait souffrir, et je t’ai laissé seul avec cette angoisse » oh; mon corps tout entier se tend, et mon cœur me hurle de quitter. De rebrousser chemin, de laisser le dispositif derrière s’il le faut, et de ne plus jamais te faire revivre ces moments. De m’excuser. Mais plutôt- je dis la première chose qui me vient en tête. « Mais maintenant… je suis là » comme si ça n’allait pas te faire revivre le traumatisme – comme si ça excusait le reste. J’ai honte, mais pourtant – et bien, ce qui est fait, est fait. Il te suffirait d’un mot pour que je reste, ou que je quitte – mais es-tu même capable de me répondre, en ce moment? Est-ce que les mots que je prononce ont une quelconque importance?

« J’en suis sûr » dis-je après un petit moment; il y a bien trop de similarités entre nos souvenirs pour que ce soit quoi que ce soit d’autre. « Je pourrai… t’aider à retrouver certains souvenirs. Plus heureux que ceux-là » que je tente de t’assurer; « Enfin… ceux que nous avons en commun. Le problème c’est que- » je cherche mes mots; une sensation d’écrasement contre mon torse m’envahit, que je suis capable d’examiner et déterminer comme était le début d’une attaque de panique. Elles m’arrivaient souvent quand je suis arrivé dans cet univers, simplement parce que le poids de mes émotions vis-à-vis ce que j’ai fait durant la guerre – et ce qui causa ma mort – et, donc, je comprends pourquoi ça m’arrive, mais d’être capable de la rationaliser ne la fait pas s’en aller, bien au contraire. Parfois, il n'est pas payant d’être si intelligent. « Comme tu as dit, il y a eu une guerre qui a déchiré notre planète natale, Cybertron. Et durant cette guerre… Jack, nous étions dans des côtés opposés » je le dis comme si c’était une fatalité, parce que s’en est une. Les mots se perdent dans ma gorge, mais il est temps de te dire quelques vérités avant e continuer quoi que ce soit – qu’importe à quel point elles sont difficiles à entendre. Parce que je ne voudrais pas que tu aies l’impression que nous soyons… amis? Alors que nous étions dans différents côtés. Que j’ai fait du mal à des gens à qui tu tenais. À toi, même.

« je suppose que tu as raison, ça aurait été hors caractère pour moi de te donner un surnom  »que je murmure difficilement. Je sens un relent de sentiments qui forme une boule dans ma gorge, qui brise ma voix, des signes que mon corps présente sono besoin de pleurer, d’expulser le surplus d’émotions que je n’arrive pas à mettre en bouteille. « Mais j’aurais dû. Tu es quelqu’un d’extrêmement important pour moi, Wheeljack. Même si je ne te l’ai pas assez dit, pas assez montré. J’ai toujours su que tu méritais mieux que moi. Mais- si tu me permets, alors… j’aimerais trouver, oui, un surnom rien que pour toi et moi » mes yeux s’affolent, vont dans toutes les directions pour regarder autour de nous. « Si- si tu m’en donnes la permission. J’ai envie de dire que je comprendrais si tu es dégouté à cette idée, mais pour une raison que j’ai du mal à comprendre -enfin, elle ne me semble pas logique-, on dirait que- que toi aussi tu accordes de l’importance à ma personne. »

Quelle conversation difficile. Je viens poser délicatement mon front contre tes genoux, prenant une grande inspiration. Je ne voulais pas que tu me vois ainsi – faible, sentimental. Mais surtout, ce n’était pas moi la victime dans cette histoire, et quand bien même je suis imbu de ma personne, je ne veux pas que tu aies pitié de moi quand c’est toi qui souffre. Difficile de bien naviguer ces eaux-là. Et tu me donnes cette autorisation – pour toujours. Ad vitam Aeternam. Je ne te mérite pas, tu sais. Mais pourtant – pourtant je ne me retire pas de ta présence. Je reste et je profite de l’attention que tu veux bien m’octroyer, comme l’homme brisé que je suis devenu après ma mort figurée.

« Wheeljack » ma tête se redresse quelque peu, ma joue contre ton genoux alors que je lève les yeux vers toi. « je croyais- oui, je croyais que je faisais la bonne hose, autant ma décision fut extrême et dangereuse pour la survie de notre espèce. Si- » ais-je le droit d’essayer d’expliquer mon point de vue? « Notre but… mon but a toujours été de libérer notre espèce des chaines qui nous empêchait d’être qui nous voulons être. Je sais que toi aussi. On avait juste pas les mêmes méthodes pour ce faire, et on a finit par faire une guerre interne qui ne profitait à personne… ou presque. Quand j’ai tenté de corrompre l’Allspark, Jake, c’était bien dans le but d’arrêter la guerre, coute que coute. Parce qu’il ne faut pas un géni pour se rendre compte que tant que l’Allspark était là, nous allions continuer à nous battre pour le posséder. Enfin- » je retiens un soupir, mais la douleur se lit sur mes traits, quand bien même j’essaie de cacher ce que je ressens.

Un autre coup au cœur « Non, je ne compte pas te laisser, Wheeler » je grimace « oh, pardon. Je voulais- » petit embarras; « essayer de te donner un surnom, mais c’est horrible. Enfin passons. Pour tout t’avouer » ouf; difficile. Après tout, je ne sais pas si on peut se faire confiance, je ne sais pas si ces informations seront utilisées contre moi plus tard. Sûrement. Mais- mais tu mérites au moins de savoir. « En arrivant ici, dans ce corps humain… j’ai retrouvé mes sentiments, Wheeljack » que dire de plus, que dire de moins? « Je le vis… très mal. Mais ce que j’ai appris, c’est que la logique, sans émotions, n’est pas morale » est-ce que ça change quelque chose pour moi, créateur d’inventions destructrices, horribles, fatales& « je le vis très mal. Entre la culpabilité, l’envie de les perdre à nouveau pour fuir mes remords » Je me redresse quelque peu, et je glisse à tes côtés, débarrassant la place des robots qui essaient tous de grimper sur toi pour des câlins. « Mais ils m’ont donnés une certaine clarté sur… ce qui est important. Les personnes pour qui je me battais »

Malaise; douleur au niveau de mon torse, respiration difficile. Mais pour toi- pour toi, je suis bien prêt à affronter cette douleur, cette angoisse et, surtout, cet embarras. « Je suis… différent de qui j’étais. Mais pas particulièrement meilleur. Mais si tu veux bien de moi, Jaja » ouf, non, celui-là non plus on va pas le garder, hein; « Alors il me fera plaisir de rester à tes côtés, je- » le mot s’arrête dans ma gorge. Aime. Je t’aime, mais je ne mérite certainement pas de te le dire, alors je m’arrête là. « Est-ce que je peux- remplacer ton oreiller, Wheeljack? » que je finis par dire, mon bras se glissant dans ton dos alors que je m’approche ostensiblement. Ce contact physique – je n’en ai jamais été friand, auparavant. Peut-être ne t’en souviens-tu pas, mais ce n’était certainement pas comme ça que je montrais mon affection. Mais avec ce corps humain me venait un besoin de proximité qui jusque là avait été refoulé, faute d’avoir quelqu’un en qui je pouvais faire confiance pour ce genre de chose.

« Je- » tes larmes me font mal; parce que celles-là je les vois, certes, mais combien d’autres ont coulé à cause de nos divergences d’idéologies? J’aimerais te dire que pour moi aussi, ça ne dérangeait pas que nous ne soyons pas du même côté de la guerre. Mais c’est faux, à quelque part. Certes – je n’ai jamais arrêté de te respecter, donc je suppose qu’en soit cela vaut bien quelque chose. Mais il fut un moment où j’ai arrêté d’espérer que tu nous rejoignes. Je t’ai vu comme faisant parti de l’autre côté, le côté qui avait tords. Je t’ai abandonné – convaincu que je pouvais mettre mes énergies ailleurs, convaincu qu’il me suffisait de gagner la guerre pour que tout revienne à la normal. Et oui; je me suis mis à croire qu’il était tellement important de vous montrer que vous ne pouviez pas gagner, que j’ai préféré condamner nos deux peuples plutôt que de vous laisser la victoire. Cette haine – je ne me l’explique pas, plus, maintenant que tout est passé. Parce que comme dans tes souvenirs, je peux me souvenir d’un temps où nous n’étions qu’un seul groupe, déterminé à faire changer les choses. Pourquoi se battre les uns contre les autres quand c’était eux qu’il fallait combattre? L’angoisse me prend – pourtant une partie de moi me hurle que pour tout le mal que j’ai fait – mes intentions, au départ, étaient les bonnes. C’est la justice qui m’a dicté de me ranger auprès de décepticons, au final. Il y aurait eu mille choses à faire différentes – et pourtant je ne sais pas si je pourrais déterminer à quel moment j’aurais dû arrêter. Peut-être que je ne me serais pas engagé dans cette folie si j’avais eu mes sentiments. Peut-être que ça aurait été mille fois pire. « Tu ne t’en souviens probablement pas » dis-je dans un soupir, « Mais durant la guerre, quand nous étions sur une planète nommée terre, nous avons eu un moment où Megatron et Optimus Prime étaient en pourparlers. C’est une longue histoire, mais… nous nous sommes installés en dehors du lieu où ils conversaient, sans s’attaquer les uns les autres » où est-ce que je m’en vais avec cette histoire? Je ne sais pas moi-même. « Tu étais là, aec moi. Sur le sol, entouré de mes petits robots. Et tu m’as demandé s’ils faisaient encore le truc, et je t’ai dit que oui. Ça nous a ramené à un temps, à avant la guerre. Où mes inventions ne servaient pas à vous tuer et vous espionner, mais qui dansaient au rythme de la musique. Mais je n’avais plus mes sentiments, à ce moment-là. Si je les avais eu… » avec des si, on referait le monde, hein? « Peut-être que je me serais rappelé qu’on est qu’un seul peuple. Qu’on aurait pu faire marcher tout ça, si on avait pu mettre des millénaires de différence de côté. Mais même si j’étais insensible, ça ne m’a pas empêché d’être nostalgique » petit rire étouffé; « dommage que ça n’ait pas duré. J’ai demandé à mes drones de t’encercler juste après »

Oh, peut-être que ce n’était pas drôle, au fond, mais je préfère rire. Ta main vient caresser ma joue alors que tu me dis des mots doux, et je ferme instinctivement les yeux pour profiter du moment, du contact, de tes paroles. « Y’a que toi pour m’appeler Shocky » remarquais-je doucement, un sourire éphémère sur mes lèvres. « Et bien sûr. Je serai toujours Shocky pour toi. Mais tu devras trouver un autre surnom pour ton robot » dis-je en rouvrant les yeux, avisant le dit robot qui me regarde d’un mauvais œil. « Non, je sais » finit-je par convenir; « et tu n'as jamais eu peur de moi. Tu n'as jamais été en colère, non plus. Il a toujours été facile de te parler… » Mon œil valide se relève pour t’observer, te dévisager, même, avant que j’ajoute presque timidement : « et te subtiliser, aussi » je tente un air taquin, mais je m’imagine que pour toi, ces moments-là n’étaient pas les meilleurs. Pas seulement à cause de ma présence, mais surtout, celle de tous les autres décepticons autour. Je t’ai mis souvent en danger; je devrais probablement m’en excuser. Je laisse tes mains se perdre dans mes cheveux et, dans un moment impulsif, je viens retirer l’élastique qui les retiens, les laissant descendre sur mes épaules. Le contact est agréable – me fait oublier tout le mal que nous avons vécus. « Je trouverai quelque chose qui te convient, petit Jackalope » dis-je, grimaçant sout le coup du surnom improvisé. Et puis- et puis je soupire.

« Si… enfin, j’aurais aimé croire, penser comme toi. Mais je crois que- enfin, vos méthodes auraient pris pas mal de temps. Et le temps -c’est un luxe et un privilège que la plupart des décepticons, enfin, que nos esclaves n’avaient pas. Je sais que dans des vies aussi longues que les nôtres, quelques mois, quelques cycles solaires, ce n’est pas grand-chose. Mais quand on a été esclave toute une vie, et qu’on goûte à des idées de liberté, il est dur de s’imaginer rester avec ses chaines une seconde de plus. Je- je sais que tu sais tout ça. On ne changera pas d’avis, de position sur le sujet. Mais j’espère qu’on pourra… avancer vers autre chose, maintenant que c’est derrière nous. J’y croyais tellement… que la punition qu’on m’a imposée, aussi cruelle et agonisante fut-elle, je l’aurais acceptée mille et une fois encore. Et comme on a manqué de cœur pour moi – alors j’ai retiré le miens pour mieux combattre le statu quo » ce n’était pas un hasard que j’aie retiré ma matrice d’émotion, après tout. Mais tout ça – tu le sais, tu le savais, je crois. Mais l’aies-je déjà dit à haute voix? Peut-être pas.

« On peut… dire ça » te répondis-je par rapport au regain d’émotions que j’ai vécu. Il me fait encore mal d’y penser – encore mal de ressentir. Je sens mon côté borné remonter, ma peur d’affronter mes sentiments, aussi. « C’est… un gros travail. Je suppose qu’en ce moment, je n’ai pas trop le choix d’y faire face. Mais même avec ton aide, je ne sais pas si- si c’est suffisant pour que je sois en paix avec le fait de les avoir retrouvés » comment te dire que depuis quatre ans, je cherche par tous les moyens à les réprimer comme je peux? Je ne peux pas me permettre cette faiblesse, pas dans ce monde inconnu et hostile. Et pourtant- pour moi, il ne sert à rien d’essayer de retrouver mon monde d’origine, notre univers. Parce que tout ce qui m’y attends c’est la mort. J’hésite, comme toujours, à m’ouvrir plus à toi. pas parce que je ne te fais pas confiance, mais simplement parce que je n’en ai pas l’habitude. Ma vie chez les décepticons, et depuis mon arrivée ici, est solitaire au possible. Faut dire qu’il n’y a pas grand monde qui puisse me comprendre, ces êtres manifestement inférieurs.

« Pardon » que je souffle; « de t’inquiéter alors que c’est toi qui souffre, toi qui retrouve peu à peu tes souvenirs. Je vais bien. Je suis en vie. C’est tout ce qui compte, là maintenant » ce n’était pas grand-chose pour te rassurer, mais c’est déjà ça, non? Et puis- poignard au cœur. Meilleur. C’est ça, le problème; tu me trouves mieux avec mes sentiments, et je comprends pourquoi, mais pour moi c’est tout l’inverse. Et invariablement, je finirai par te faire souffrir à cause de cela. Mais tu vires ton oreiller et moi; je redresser tout de suite la tête, et puis mes mains viennent se poser sur tes genoux alors que je viens me glisser dans l’espace entre tes bras, les miens s’enroulant autour de toi alors que je te soulève, nous propulsant mollement contre le matelas alors que je me pose sur mes côtes et toi avec; un bras sous toi qui s’enroule dans ton dos et dont la main se pose sur ta hanche, et la deuxième qui vient caresser machinalement ton dos. Ta tête se glisse contre mon épaule, te cheveux chatouillant quelque peu la peau de ma joue barbue, et moi – moi je te serre un peu contre moi et je pousse un soupir d’aise que je ne remarque pas.

« Ce n’est pas… pareil que les câlins d’avant » dis-je simplement; évidement, puisque ces corps là sont plus mous, plus flexibles, moins grands. Disons que la surface de contact n'est pas du tout la même, et que la sensation, même si je ne veux pas l’admettre, est bien plus agréable. Parce que je ne veux pas reconnaitre quoi que ce soit de positif que ce corps=ci aurait comparativement à nos corps d’origines.  Les terminaisons nerveuses ne se comportent pas de la même manière – et… disons que les corps cybertroniens sont asexuée, et ceux humains, pas. Pas besoin de vous faire un dessin non plus, vous savez de quoi je peux parler. Même si je n’ai jamais eu de relations avec d’autres humains ou créatures dans ce corps là, je suis assez intelligent pour comprendre comment ils fonctionnent, et de deviner qu’en te caressant le dos, cela me donne une envie fusionnelle difficile à décrire pour moi. Je ne dis rien – je laisse tes sanglots qui sont étouffés par mon corps alors que je te serre contre moi, que je te cajole, sortir les uns après les autres, comme autant de remords. J’étais mort. Tu as vécu toute une vie après ça – et je ne pourrai jamais me faire pardonner assez pour ça. Et pourtant – malgré tout, je ne crois pas que tu m’en veux. Comment? Pourquoi? Je ne peux pas dire, moi, que je ne te reproche rien.

Et puis- maladroit que je suis, je laisse ce corps que je hais me dicter quoi faire. Ce besoin de contact, j’imagine que tu l’as aussi, alors je viens finalement essuyer tes larmes de mes doigts; je relève ton menton et je tente de te sourire doucement, pas pour t’obliger de te calmer autant que pour te rappeler que je suis là. Est-ce que ça t’aide? Je ne sais pas- mais de voir ton visage traversé par une peine millénaire me tord les boyaux. « Je- je ne mérite pas tes larmes, Jackalope » je répète le surnom; peut-être que je m’y fait, au fond. Les jackalopes sont des lapins, après tout, et ce sont de nobles créatures, les lapins. « Mais je suis content de t’avoir retrouvé » ma voix n’est plus qu’un murmure, un soupir; je remarque quelque peu le rouge de tes joues, surtout parce que je sens le feu qui anime les miennes, autant furent-elles cachées par ma pilosité. Mes yeux s’égarent sur tes lèvres – des lèvres vraiment pas comme celles que nous avions avant, et l’idée fixe et inébranlable que les tiennes doivent être douces et que leur contact serait tellement agréable. Mais je relève les yeux (enfin, mon œil qui voit, de toute manière, mais l’autre suit évidemment) pour les plonger dans les tiens; pour chasser l’idée que j’ai même le droit de vouloir t’embrasser. Mais je te souris; te serre un peu plus contre moi, quand bien même je puis sentir ton souffle chaud sur ma peau.

« Tu es fatigué » que je finis par dire; pas difficile à comprendre, vu ce que tu viens de vivre, vu tout le travail que tu fais au boulot. Les cernes sous tes yeux sont indéniables. « Restons comme ça jusqu’à ce que tu dormes, tu en as besoin. Et je te chuchoterai des mots doux jusqu’à ce que tu n’aies plus de larmes à faire couler. Qu'est-ce que tu en penses? » c'est traitre – manipulateur, mais je ne sais pas comment être autrement. Parce que ce qui me motive c’est moi comment toi tu es, même si c’est un facteur, mais plutôt le fait que je n’ai pas envie de séparer mon corps du tiens; que je veux rester comme ça longtemps et peut-être pour toujours. Que je suis déjà intoxiqué par les sensations que ce corps ressent, que je n’ai jamais senti avant faute d'avoir pris le temps d’essayer. Parce que le contact physique et l’amour ne m’intéressent pas, s’ils ne sont pas pour toi.