After a while you went quiet and I got mean Always pushing you away from me But you come back with gravity And when I call you come home A bird in your teeth
Lorsqu’il pense à son père, Aemond n’arrive plus à se repasser les souvenirs positifs qu’ils avaient pu construire ensemble. Comme si ceux-ci avaient été annihilés au moment où il avait compris qu’ils — sa mère, sa fratrie et lui — étaient des parias au cœur du Donjon Rouge. Lorsqu’il avait compris que Rhaenyra et ses enfants passeraient toujours avant eux, peu importait pour quelle raison. Depuis son arrivée, il n’avait jamais exprimé le moindre désir de revoir Viserys. Surtout pas après l’accident qui avait arraché la vie à un de ses petits préférés. Quand il ferme l’œil, le Targaryen rejoue parfois cette assemblée anxiogène, comme si elle avait eu lieu hier ; des voix fortes des adultes frustrés à la douleur, de l’âme et du corps, qui s’était emparée de lui. Le désir de Rhaenyra de le faire « questionner » (torturer, en d’autres mots), la détresse de sa mère, le regard conciliant d’Aegon acceptant de porter une part du blâme… Dès lors, une chose avait été mise au clair : jamais il ne pourrait compter sur Viserys pour le protéger. Il se devait d’apprendre à se défendre seul pour mieux protéger sa mère et sa sœur. C’est ce qu’il avait fait en travaillant sa maîtrise de Vhagar et de l’épée, en accordant rarement sa confiance et son amitié. Son regard s’était durci et sa langue, acérée ; il ne s’était plus jamais laissé marcher sur les pieds. Alors, qu’il ait accepté la main tendue de Viserys et démontré être prêt à enterrer la hache de guerre en avait surpris plus d’un, lui le premier. C’est encore refoulé au fond de lui, mais Aemond a besoin de son père. Criston Cole n’avait été qu’une relative figure de remplacement, même s’il lui devait beaucoup.
Aemond n’a jamais eu de love language très explicite, passant plutôt par le partage de connaissances pour démontrer son attachement (sauf peut-être auprès de sa mère et d’Helaena). Ça lui permet de préserver son arrogance, espérer qu’on ne s’attache pas trop et pouvoir se désengager plus facilement, s’il en ressent le besoin. C’est ainsi qu’il s’ouvre peu à peu à Viserys, lui présentant ses films préférés ou ses lectures du moment. Un pont qui maintient une distance confortable entre le père et le fils, qui ne le pousse pas dans ses derniers retranchements. Pour le moment, il n’y avait eu aucun partage de vulnérabilité concret de sa part. Il avait accepté de lui dire d’où venait sa froideur, mais n’était pas entré dans les détails en évitant d’expliquer que sa mort l’avait laissé, à première vue, de marbre (mais Aemond vit les choses de l’intérieur avant d’inévitablement exploser, il n’est jamais vraiment indifférent). Sa sœur avait laissé sous-entendre que la thérapie pourrait être bénéfique, mais il faisait la sourde oreille. Quand Viserys lui avait gentiment demandé de l’aider à créer un site web pour son entreprise, Aemond avait hésité. Qu’il ait la patience de le faire, ce n’est pas si sûr, mais ça vaut peut-être la peine d’essayer… Mais l'avoir invité dans son nouveau chez lui, entre les murs qu’il tente encore d’apprivoiser même si c’est petit et pas du tout luxueux, est une preuve de confiance indéniable.
Même s’il s’attendait à ce que son père arrive à tout moment, la sonnette qui interrompt sa lecture l’agace. Aemond grommelle et, le livre toujours dans la main (Critique of Pure Reason, par Kant), il franchit d’un pas nonchalant la distance qui sépare le salon de la porte d’entrée pour accueillir son père. La porte s’ouvre sur le fils qui toise le père, l’ombre d’un sourire au visage : « Viserys. », dit-il d’une voix calme et égale, hochant brièvement la tête. Depuis dix ans, il avait troqué les restants d’affection pour un respect distant ; il ne l’avait donc plus jamais appelé papa. Et, à vrai dire, il ne sait jamais vraiment comment décrire ce qu'il ressent face à lui: un certain contentement dilué dans une colère lointaine. « J’espère que ça n'a pas été trop difficile de trouver l’immeuble. Ce n’est pas le château, mais fait comme chez toi. », ajoute-t-il alors qu’il l’invite à entrer, refermant ensuite la porte derrière lui. Après quelques secondes d'un silence un peu lourd, Aemond lui indique la direction de la cuisine avant de s'éloigner pour aller récupérer son MacBook dans sa chambre et lui laisser le temps de s'installer. « Je te prépare un café ? On a aussi un reste de pancakes dans le frigo, si tu veux. Helaena est venue ce matin, on les a cuisinés ensemble. Ça lui ferait plaisir d’avoir ton avis. », laisse-t-il tomber en revenant dans la cuisine comme une tentative de ne pas paraître trop hostile, tout en déposant son ordi sur la table.
Il savait que pouvoir retrouver ses proches allaient être difficile. Mais quand il y était parvenu, il avait compris qu’il y avait pire. Pouvoir les approcher serait bien plus compliqué. S’il avait pu avoir une conversation calme avec Alicent, il avait espéré que ses enfants pourraient accepter de lui parler. Il savait qu’ils ne seraient pas forcément heureux de le revoir. Mais il espérait au moins pouvoir leur parler. Si ces derniers lui disaient qu’ils ne voulaient rien avoir à faire avec lui, il n’irait pas les forcer. Il comprendrait leurs besoins de ne pas être en sa présence. Après tout, il avait toujours favorisé Rhaenyra. Il savait pourquoi. Sa première épouse, Aemma, avait été l’amour de sa vie. Rhaenyra était le fruit de cet amour. Alors, quand par sa faute, elle avait péri, il en avait fait autant. Se laissant mourir à petit feu, car celle qui le comprenait le mieux n’était plus de ce monde. Mais Rhaenyra lui rappelait tellement Aemma, qu’il ne pouvait qu’être proche d’elle, malgré leurs différends. Il y avait tellement de sa mère en elle.
Puis, on ne lui avait pas laissé d’autre choix que d’épouser une autre femme. Alicent. Il n’avait pas voulu qu’une telle chose se produise, mais il avait dû le faire. En avait alors découler leurs trois enfants. Ses trois enfants qu’il avait négligé pendant de nombreuses années. Il avait haussé le ton, il avait été désagréable et surtout, il les avait ignorés. Il savait que c’était sans doute le pire. Cependant, il avait réussi à les voir tous les trois et ils avaient acceptés de passer du temps avec lui. Viserys avait été ravi, mais il savait aussi qu’il devait montrer sa bonne foi et qu’il voulait faire partie de leur vie. S’ils acceptaient cela, ça serait déjà un grand pas. Après tout, ils étaient adultes désormais et il ne voulait pas être le père autoritaire qu’il avait été. Oui, il restait leur père, mais il avait d’abord besoin de savoir ce qu’ils étaient prêts à partager avec lui.
Avec Aemond, les choses avaient tourné autour des films et des livres. Ca leur avait permis de se rapprocher et Viserys se rattraper à cela. Il savait que le jeune homme pouvait lui tourner le dos à tout instant et même si ça lui ferait mal, il le comprendrait. Irait-il se battre contre son fils ? Sûrement. Après tout, il pouvait entrevoir un futur entre eux. Il n’utiliserait pas ses poings, mais plutôt ses mots. Sa façon de voir les choses sur Aemond, mais aussi sur ce duo père/fils. Il avait d’ailleurs demandé à ce dernier un coup de pouce pour créer un site internet pour son entreprise. N’étant pas à l’aise avec la chose, il avait eu de la chance que Aemond accepte de l’aider. Arrivant à l’adresse du jeune homme, il soupira doucement et sonna à la porte. En voyant la porte s’ouvrir, il esquissa un sourire. L’entendre l’appeler par son prénom était étrange. Ca ne le dérangeait pas, parce qu’il savait que c’était le plus facile entre eux, mais il y avait cette distance qui les tenaient séparés et qui parfois l’ennuyait.
Aemond.
Il hocha également la tête poliment avant de répondre à ses paroles.
Je ne connais pas encore toute la ville, mais avec tes indications, je n’ai pas eu de mal à trouver et merci.
Il entra et regarda autour de lui. Il était assez curieux de savoir comment il avait décoré son chez lui. Avançant vers la cuisine quand il y fut invité, il s’installa tranquillement, avant de tourner son attention vers le jeune homme quand il repris la parole, à son retour dans la pièce.
Je veux bien un café s’il te plaît et avec plaisir pour les pancakes. Je dois avouer que j’ai découvert un tas de nourriture ici, bien meilleur que chez nous.
Même s’il savait faire de grands banquets, il n’en restait pas moins qu’il avait découvert des recettes et repas particulièrement bons. Oui, il avait toujours aimé manger, il ne s’en était jamais caché d’ailleurs.
Je donnerai mon avis avec joie et dis-lui bonjour de ma part quand tu la verras alors.
Il n’avait pas encore eu de vraies conversations avec la jeune femme. Il espérait que ça serait le cas dans les semaines à venir, mais il serait patient.
If we don't mind our own histories, it will do the same to us
(abandonné) Disarm you with a smile (ft. Viserys)
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