Scientific curiosity

feat @Heracles Alexikakos

La manière dont j’avais su importait peu. J’avais pour habitude d’entendre beaucoup de choses et de rester discret sur la plupart d’entre elle… mais cette fois, la vérité, c’était que ce petit détail avait piqué ma curiosité.
L’immortalité était quelque chose que le Seigneur des Ténèbres avait toujours cherché à atteindre. Que ce soit par la pierre philosophale et l’élixir de longue vie, par les horcruxes ou par la mort de ses opposants les plus farouches, il avait tout essayé. Alors comment un simple moldu comme ce coach sportif pouvait disposer de cette immortalité ? Il y avait là quelque chose qui clochait. Le plus grand mage noir ne pouvait pas être dépassé et encore moins par un moldu.

Il portait un prénom et un patronyme grecs. Mais les sorciers grecs les plus connus et les plus puissants ne s’appelaient pas Alexikakos. Il y avait Herpo l’infâme, bien sûr, le créateur du basilic, un sorcier de l’Antiquité, fourchelang dans la lignée duquel, quelques siècles plus tard, était venu au monde le grand Salazar Serpentard.
Il était tout simplement impossible qu’une famille aussi ancienne et aussi pure ait pu se souiller jusqu’à produire des cracmols du mot d’Alexikakos. Ce type portait donc en lui une magie qui devait forcément le dépasser.

Je l’avais observé durant plusieurs semaines et, franchement, je ne lui avais rien trouvé d’exceptionnel. D’où lui venait donc cette réputation d’être immortel ? Et puis, n’était-ce qu’une réputation un peu surfaite ? Ce n’était pas rare… dans ce monde, beaucoup de rumeurs étaient alimentées sans qu’on sache vraiment d’où elles venaient au départ.

Et un matin, très tôt, au moment où l’homme faisait son footing quotidien, je l’avais stupéfixé et j’avais aussitôt transplané avec lui jusqu’ici. J’avais régulièrement enlevé des gens par le passé, je n’en étais pas à mon premier essai, et je ne commettais plus les erreurs de débutant depuis longtemps.
Le sous-sol de cette vieille usine désaffectée était un endroit aussi sombre et humide que des cachots. Y installer quelques protections magiques, notamment pour l’insonorisation et pour le camouflage aux yeux des moldus, avait été un jeu d’enfant. Là encore, j’avais suffisamment de pratique dans le domaine pour que ce soit vite et bien fait.
Les chaînes, l’épaisse table en bois brut, les accessoires et l’atmosphère pesante, tout cela relevait également de mon savoir-faire. Je n’avais pas acquis ma réputation sans la mériter, pour ma part, et je savais très bien comment organiser ce genre de lieu. J’avais même pris le loisir de m’installer un coin un peu plus confortable, avec un fauteuil moelleux, une étagère comportant quelques livres, quelques bouteilles et des cigarettes.
J’étais sûr que Bellatrix aurait adoré s’amuser avec moi dans ce genre de contexte. Rabastan aussi, d’ailleurs. Tous les trois, nous étions si bons dans ces petites séances… Je me souvenais tellement bien de notre rencontre avec les Londubat, par exemple… Un grand moment, à jamais gravé dans nos mémoires… Quel plaisir de les entendre hurler… quelle jouissance d’entendre leurs voix se briser… J’en frissonnais parfois encore de plaisir. Nous avions décidé de ne pas les tuer, simplement parce que cela aurait été trop simple et trop facile… Une souffrance à long terme, c’était bien plus délicat.

Je n’eus guère de difficulté à faire léviter ma proie pour l’installer au milieu de la pièce, suspendu aux chaînes de fonte fixées solidement au plafond, les pieds ne pouvant qu’effleurer le sol, du bout du plus gros des orteils. Bien sûr, lui ôter ses chaussures était important et je n’oubliais pas ce détail. La plante du pied offrait, elle aussi, une zone très sympathique à travailler.

« Evervatum. » J’avais murmuré le contre-sort en bougeant à peine les lèvres. Mon visage était pour l’heure toujours caché par la capuche d’un sweat-shirt en coton, vêtement moldu assez typique, mais je n’allais pas rester caché bien longtemps, je n’étais pas du genre à ne pas apprécier montrer à quel point je pouvais me délecter de la souffrance et des douleurs… et je savais que mon regard havane était capable de faire passer la petite étincelle de plaisir qui allumait celle de la crainte dans les yeux de mes victimes.

« Toutes mes excuses pour le manque de lumière, sir, mais j’aime assez l’obscurité… » Le sang semblait tellement noir avec une luminosité aussi minime… cela rendait les choses presque poétiques à mes yeux.

« J’ai besoin de votre concours pour quelques petites recherches pas très légales. Ne m’en veuillez pas de vous avoir convié ici à votre insu et contre votre gré, je doute fort que vous auriez accepté de collaborer. »

Je me fendis d’un léger sourire en coin. J’aimais parler posément de la sorte avant de me mettre au travail. Cela me donnait l’impression d’être un gentleman bourreau. Un concept assez inédit, mais que j’appréciais beaucoup.

Scientific curiosity

feat @Heracles Alexikakos

L’environnement de cette geôle se prêtait parfaitement à mes projets. J’aimais cette ambiance un peu glauque, cette lumière tamisée avec laquelle je pouvais jouer à ma guise, choisissant d’aveugler mon prisonnier par moment ou de le plonger dans l’obscurité totale à d’autres… J’aimais la froideur de la pierre, avec laquelle je pouvais aisément faire entrer des contrastes, comme le feu brûlant ou la cire bien chaude…

« Vous affronter ? Vous n’avez, je pense, pas bien saisi quelle est votre situation… » Surtout s’il pensait à un affrontement physique… Par Salazar, ce n’était tellement pas mon genre de me salir les mains en enfonçant mon poing dans le visage d’êtres inférieurs.
Attaché comme il l’était, ce pauvre bougre à la résistance qui me semblait un peu trop surhumaine, n’avait que des paroles pour me menacer… et cela, évidemment, ne me faisait pas vraiment peur. « Prenez-moi pour un couard si vous le voulez, très honnêtement, venant d’êtres impurs, rien ne peut m’atteindre. »

Les insultes, les menaces, les injures… tout ce qui pouvait venir de moldus, d’hybrides ou d’êtres apparentés à des créatures ne me touchait pas vraiment. Ma sensibilité n’était que rarement à fleur de peau et, quand elle l’était, ce n’était jamais du fait de ce genre d’êtres vivants.

« A un moment, vos paroles finiront par me lasser et je me verrais forcé de vous réduire au silence. » Il me suffisait d’un bête Silencio pour cela. Ce n’était pas un sort compliqué, c’était à la portée de tout le monde. Mais j’avais envie de l’entendre crier, simplement pour le plaisir du moment où la voix d’un homme finit par se briser dans sa gorge.

Je pris un couteau. Une lame bien aiguisée. De quoi faire de fines entailles pour faire perler le sang, presque délicatement. L’hémoglobine était un liquide qui me plaisait, il m’était même déjà arrivé de lécher la lame du couteau après avoir saigné une victime, juste pour voir quelle terreur sourde pouvait ensuite se lire dans ses yeux affolés. Je ne pensais pas que cet homme serait impressionné par ce genre de choses, mais on ne savait jamais…

L’autre technique que j’aimais utiliser était la manipulation psychologique. Je n’étais peut-être pas le plus doué pour cela, mais je ne me débrouillais pas trop mal.
« Rappelez-moi votre identité, je vous prie… »
Là, généralement, les prisonniers s’empressaient de me répondre, en ayant clairement l’espoir d’être entre mes mains par erreur. Et c’était certainement déjà arrivé que je n’aie pas mis la main sur la bonne personne, mais je n’avais pour autant jamais relâché personne sans lui faire passer un bon moment.

« Vous êtes préparateur physique, c’est bien cela ? »
Les moldus avaient des professions similaires aux nôtres, mais sans magie, évidemment. Cet homme était l’équivalent d’une Madame Bibine, sans balai et sans la robe. Mais il portait un nom qui ne trompait personne.