Do not begin the game unless you intend to finish

feat. Peter

Lucy ne saurait trop dire ce qui l’avait à ce point attirée dans cette boîte ancienne… peut-être le fait qu’elle soit particulièrement travaillée pour une simple boîte de jeu de société, toujours est-il que quand elle avait posé les yeux dessus, au détour d’un vide-greniers (Lucy adore écumer les vide-greniers, c’est l’occasion de dénicher tout un tas de trésors insignifiants, et de refaire à bas prix la décoration de son appartement – de leur appartement, puisque Camilo et elle ont récemment emménagé ensemble), elle avait immédiatement jeté son dévolu dessus. Elle avait bien remarqué que le vendeur avait l’air un peu trop ravi de s’en débarrasser, mais elle ne s’en est pas formalisée – lors d’un vide-greniers, c’est normal de vouloir que tout disparaisse, pas vrai –, elle aurait peut-être dû. Elle avait laissé la boîte dans un recoin du salon, et elle ne s’en était pas préoccupée plus que ça par la suite. C’est seulement au moment de suggérer, après un repas copieux, à son frère, qu’ils pourraient peut-être jouer à un jeu de société que ça lui était immédiatement revenu.

« Oh, il faut que je te montre ! »

Lucy s’était levée d’un bond de sa chaise afin de rechercher la fameuse boîte en bois sculptée, qu’elle avait dès lors déposé sur la table fraîchement débarrassée, entre eux. Ce sera l’occasion de prolonger la soirée… Et comme ça, qui sait, peut-être que Peter croisera Camilo, dont Lucy lui a parlé en long, en large et en travers, mais qu’il n’a pas encore eu l’occasion de rencontrer. Camilo passait la soirée avec sa propre famille, et pour ne pas passer sa soirée seule, Lucy avait décidé de faire de même. Edmund et Susan étant occupés ailleurs, seul Peter avait répondu à l’appel, mais ils avaient passé une excellente soirée tous les deux, comme toujours. Peut-être que Lucy avait un peu trop monopolisé la conversation, c’est une possibilité, mais quoi qu’il en soit, ça avait été, une fois n’est pas coutume, un vrai moment d’échange et de complicité, et qui lui avait fait le plus grand bien. Et la soirée n’est pas encore fini.

« C’est trop beau, hein ? » commente-t-elle en tirant le plateau de jeu de sa boite. « Bon, c’est la première fois que j’y joue, donc ton aide sera pas de trop. Enfin, ça a pas l’air trop difficile – y a des dés, un plateau, ça doit pas être sorcier », reprend-elle en jetant un œil à la fiche sur laquelle sont inscrites les règles du jeu. « Ce jeu s’adresse à tous ceux qui espèrent laisser derrière eux leur univers. Lancez les dés pour déplacer votre pion, un double donne le droit de rejouer. Le premier qui arrive au bout a gagné. Aventurier méfiez-vous, ne commencez que si vous avez l’intention de finir. Les effets saisissants de ce jeu ne cesseront que lorsque l’un des joueurs aura atteint le centre du jeu… » Elle rit. « Il faut toujours qu’ils en fassent des caisses dans les règles des jeux… mais ça va être drôle. » Elle tend les dés à peter. « Allez, à toi l’honneur. »

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feat. Peter

« Avec des joueurs d’exception tels que nous, pas besoin d’une grande mise en scène », affirme Lucy avec un sourire au coin des lèvres.

Ceci dit, elle aime bien les jeux qui en rajoutent afin de vraiment les plonger dans une ambiance digne de ce nom. Tout contribue, aux yeux de la jeune fille, à vouloir jouer : que ce soient les règles cryptiques du jeu ou encore le plateau de jeu lui-même. Bon… Lucy n’est pas vraiment difficile de manière générale quand il est question de jeux de société. Si on devait lui demander lesquels elle préfère, elle répondrait probablement : tous, parce que c’est effectivement le cas. Ce n’est pas tant le jeu qui compte de toute manière que la personne avec qui l’on joue. C’est ça qui fait absolument toute la différence. Et en compagnie de Peter, elle sait qu’ils vont s’amuser quoi qu’il en soit.

Le regard pétillant, elle propose donc à Peter de commencer la partie en lançant les dés le premier. Elle a hâte de se plonger dans cette nouvelle aventure dont elle ne s’attendait certainement pas qu’elle soit à ce point… immersive. Au moment même de se saisir des dés, quelque chose se passe. Lucy se sent comme aspirée dans le jeu. A présent, ils se retrouvent dans ce qui ressemble à une jungle immense. Les arbres sont si hauts qu’on a bien du mal à apercevoir le ciel à travers le large feuillage de ces végétaux exotiques. On entend des bruits, ceux d’animaux qu’elle n’a peut-être jamais vus de sa vie, puisqu’elle ne sait pas les identifier. L’air est chaud et humide à la fois. Un climat tropical insoutenable…

Lucy devrait être inquiète, elle ne l’est pas. Elle a le réflexe de retrousser ses manches afin de mieux supporter la chaleur ambiante et jette un regard émerveillé tout autour d’elle…

« C’est fou… »

Oui, ça l’est, mais ce n’est pas incroyable, car Lucy y croit sans difficulté. Ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve, au hasard de circonstances à peine explicables, plongée dans un autre monde. Elle ne sait pas ce que celui-ci a à lui offrir, de même qu’elle n’est pas totalement certaine de comprendre ce qui leur arrive, mais ce dont elle est certaine, c’est qu’elle est bien déterminée à profiter à fond de cette nouvelle expérience.

« Tu crois qu’on est de retour à Narnia ? »

Oui… le décor n’y ressemble pas, mais quand les années s’écoulent à une vitesse folle, quand tout peut changer en un claquement de doigts, quand la magie est susceptible de faire des siennes, tout est possible. Lucy était revenue à Narnia, à Cair Paravel à son âge d’or, avec Camilo… elle n’avait pas compris non plus, mais elle avait apprécié ce moment autant que nécessaire. Qu’ils soient à Narnia ou non, elle a envie de comprendre et d’apprécier cet endroit à sa juste valeur. Elle s’apprête à ajouter autre chose quand elle entend un bruit sourd, menaçant, à quelques mètres d’eux.

« Tu as entendu ça, toi aussi ? »

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feat. Peter

Lucy n’avait pas vraiment besoin de la confirmation de Peter pour savoir sa réponse. Oui, ils ne sont pas à Narnia… Pas que ce soit impossible, mais ce n’est pas l’intuition de son frère, et ce n’est pas la sienne non plus. Si vraiment, ils étaient de retour en leur ancien royaume, ils le reconnaîtraient tout de suite, Lucy en est intimement persuadée… Non, l’endroit où ils se trouvent est un lieu inconnu… est-ce pour autant qu’il est hostile ? Lucy serait bien en peine de le dire. Elle ne veut pas s’avancer pour le moment, pas tant qu’elle n’en aura pas vu et entendu plus. Elle préfère rester à l’affût, aux aguets, et cela vaut mieux, car il émane de cet endroit une atmosphère un rien oppressante. Peut-être est-ce dû à cette chaleur humide et éprouvante due à un climat tropical auquel Lucy n’a clairement jamais été habituée… Peut-être est-ce à cause de ces bruits étranges à proximité. Et puis ce bruit sourd, menaçant… Peter l’a entendu, lui aussi, ce qui ne rassure clairement pas Peter le moins du monde.

Elle se sent rassurée de voir que Peter ne perd pas son sang froid, mais qu’attendre de sa part ? Peter est brave et courageux. Après toutes les épreuves qu’ils ont affrontées, il sait garder la tête haute et ne pas se laisser dépasser par ses angoisses ou ses émotions les plus négatives. Lucy sait qu’elle peut lui faire confiance… et c’est le cas, elle lui fait bel et bien confiance. Ils sont ensemble, et à deux, peu importe les problèmes et les ennemis qu’ils rencontreront peut-être, ils parviendront à en sortir la tête haute. Face à l’inconnu, il fallait être prudent vis-à-vis de tout, y compris vis-à-vis de ce qui devait se révéler être finalement rien d’autre qu’inoffensif… c’était une nécessité totale, absolue.

Quand Peter se saisit de sa main, Lucy ne proteste pas et hoche la tête alors qu’il lui suggère de bouger. Elle est du même avis et lui emboîte le pas rapidement alors qu’ils s’efforcent, tout en pressant le pas, de donner une explication à cette situation pour le moins étrange, et qui paraît n’en autoriser absolument aucune. La chose se rapproche, va savoir ce que c’est. Difficile de se mouvoir rapidement au milieu de ces hautes fougères, de ces plantes exotiques aux feuilles larges et de ces hauts arbres au tronc fin, Lucy, malgré tout reste aux aguets…

« Là ! Je crois qu’il doit y avoir une sorte de clairière… », fait-elle en pointant du doigt un espace lumineux visible entre les arbres quelques mètres plus loin. Encore faut-il, cependant, qu’ils aient le temps de l’atteindre.

Elle a à peine eu le temps de prononcer ces mots qu’un regard en arrière lui permet de discerner une silhouette féline, élégante… Que Lucy aurait trouvé sublime en d’autres circonstances : une panthère noire, se signalant d’un grognement peu engageant.

« Plus vite ! » fait Lucy, autant pour son frère que pour elle-même.

Ils n’ont pas le choix, ils doivent à tout prix échapper à cette bête effrayante.

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feat. Peter

Encore un petit effort, oui… Lucy est épuisée, elle est à bout de souffle, mais elle sait qu’elle ne doit surtout rien lâcher. Ce serait la pire chose à faire, elle en a bien conscience. Il ne leur reste que quelques pas à faire avant d’atteindre la clairière, mais ces derniers pas sont les plus difficiles, d’autant que la flore ambiante ne les aide pas le moins du monde, bien au contraire. Ils se doivent, oui, de progresser, de persévérer et de ne surtout rien lâcher, mais c’est clairement plus facile à dire qu’à faire. Si Lucy n’était pas accompagnée de son frère, peut-être qu’elle aurait baissé les bras, mais ce dernier, grâce à ses paroles encourageantes, sait lui communiquer toute la forte et toute l’énergie dont elle peut avoir besoin pour venir à bout des épreuves qui se présentent à eux. Cette situation est des plus alarmantes, c’est évident, et le danger est ce qu’il y a de plus réel, mais fort heureusement, ils en ont vu d’autres, et cette fois, même s’ils sont naturellement inquiets, ils s’en sortiront encore…

La bête menaçante dans leur dos n’est pas de celles avec qui l’ont peut entamer une conversation. Tous les félins prédateurs ne sont malheureusement pas Aslan, et il est évidemment préférable de ne pas tenter le diable, ce que Lucy a le bon ton d’éviter tout naturellement alors qu’elle et son frère se précipitent jusqu’à la lisière de la forêt… Rien ne leur garantissait que cela arrêterait la bête, mais semble-t-il qu’elle n’ait pas envie de les suivre hors du couvert des hauts arbres – une chance pour eux. Lucy, une fois convaincue qu’ils sont hors de danger, consent à s’arrêter et à reprendre son souffle, ce qui n’est pas une mince affaire. Son cœur cogne à un rythme fou contre sa poitrine, lui rappelant qu’il faut vraiment qu’elle fasse davantage de sport.

Son regard suit celui de son frère en même temps que ce dernier découvre un présentoir de pierre sur lequel est posé une sorte de vieux grimoire. Clairement, c’est trop absurde pour ne pas être un piège, mais tant qu’ils n’y auront pas regardé de plus près, il leur sera impossible d’en avoir le cœur net quoi qu’il en soit, pas vrai ?

« Ça m’a tout l’air d’être un piège », assure Lucy avec un fin sourire malicieux. « Mais y a qu’une manière de le savoir, pas vrai ? » ajoute-t-elle en se précipitant jusqu’au livre, déjà ouvert sur une page en particulier. Lucy plisse les yeux pour déchiffrer ce qui y est écrit. « On dirait une énigme. » Lucy se racle la gorge pour éclaircir sa voix durant sa lecture. « Pachyderme assoiffé chemine jusqu’au point d’eau, en cours de route, il trouve six girafes, sur le dos de chacune, trois singes, et sur le dos de chaque singe, deux perroquets. » Lucy pouffe légèrement. « Combien seront-ils à rejoindre le point d’eau. » Elle se tourne vers Peter. « C’est tout bête, comme énigme. »

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feat. Peter

« Attends, faut que je compte », réplique Lucy quand Peter se moque gentiment d’elle en lui demandant quelle réponse donner à cette énigme… C’est vrai que ça semble simple… Trop simple pour qu’il n’y ait pas de piège, mais comme pour beaucoup de choses, Lucy préfère prendre la chose avec légèreté.

Mentalement, elle commence à vouloir compter un à un chacun des animaux contenus dans l’énigme, mais elle perd rapidement le compte. Il faut dire que le cadre très particulier dans lequel ils se trouvent n’aide pas forcément. Il faut dire aussi que même si Lucy s’est tournée vers des études scientifiques, les mathématiques n’ont jamais été particulièrement son fort… Et ne le seront probablement jamais. Elle décide finalement de s’écarter, trouvant un bâton à même le sol pour dessiner les différents animaux à même la terre afin de n’en oubliant aucun, ravie d’avoir pensé aussi à dessiner l’éléphant, songeant que c’est peut-être ça, le piège, en réalité, et que l’on s’attend à ce qu’il soit oublié dans le processus. De la pointe de son bâton, elle recompte les animaux, et elle en trouve elle aussi cinquante-neuf. Elle confirme d’un hochement de tête quand Peter lui demande si elle en arrive à la même conclusion que lui. Oui, c’est aussi ce qu’elle trouve… Mais visiblement, aboutir à cette solution ne mène nulle part… Ou bien il faut qu’ils la notent quelque part ? Dans le livre directement ? Non, vraiment, ce n’est pas clair, tout ça.

Pendant que Peter retourne au livre afin de relire l’énigme afin de s’assurer qu’il n’a pas oublié un élément important, Lucy recompte de nouveau les animaux de la pointe de son bâton, comme si elle s’attendait à obtenir un résultat différent… Mais ce n’est pas ce qui se passe. Alors que, perplexe, elle fronce les sourcils dans l’attente d’une explication différente, Peter propose alors une réponse d’un autre ordre, une réponse tellement évidente qu’elle se trouvait sous leurs yeux depuis le début… Pas la peine de se mettre le cerveau à l’envers. Lucy, de son bâton, trace deux flèches qui vont dans deux sens différents. Oui, c’est forcément ça ! L’éléphant croise les autres animaux sur sa route, mais il est seul à se rendre au point d’eau, il ne fait que croiser les autres animaux… Liucy rayonne en découvrant cette solution.

« Peter, tu es un génie ! » affirme Lucy, ravie, au moment de sursauter légèrement au moment d’entendre une voix comme surgie de nulle part les féliciter. Ils ont trouvé la bonne réponse, oui… Mais apparemment, ce n’est pas fini : d’autres énigmes suivront, et Lucy devine que certaines d’entre elles seront probablement beaucoup plus complexe… Comme dans beaucoup de gens, le niveau de complexité augmentera probablement au gré des épreuves, et ils ont tout intérêt à s’y préparer.

« Une vie supplémentaire… », souffle Lucy, désemparée… « Combien de vies tu crois qu’on a pour commencer… est-ce que ça veut dire qu’on peut littéralement mourir et revenir ? »

D’un seul coup, présenté comme ça, le jeun lui paraît beaucoup, beaucoup moins drôle.

« Bon… » Lucy tente de se ressaisir. « Il faut qu’on trouve la seconde énigme… Et hors de question de revenir sur nos pas, je veux pas de nouveau me faire courser par un gros matou. »

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feat. Peter

« En attendant, Susan n’est pas là et on a résolu l’énigme sans elle », fait Lucy avec optimisme (même si ce n’est pas exactement elle qui a résolu l’énigme, elle s’est contentée de faire de jolis dessins, de son côté, c’est pas forcément le plus efficace). Mais oui, une victoire reste une victoire, et même si l’esprit pratique de Susan leur aurait probablement permis de mariner beaucoup moins longtemps, ils sont quand même venus à bout de cette première étape.

Ce qui ne veut certainement pas dire qu’ils doivent se reposer sur leurs lauriers, loin s’en faut. Lucy mettrait sa main à couper que les défis vont devenir de plus en plus dangereux et compliqués… et quand on lui parle de vie supplémentaire gagnée, ça la terrifie encore plus… Elle ne sait pas s’ils peuvent mourir et revenir, comme ce serait le cas dans un jeu vidéo, mais elle n’est pas sûre de vouloir en avoir le cœur net quoi qu’il en soit. Elle se sent anxieuse, parce qu’elle redoute que le jeu n'en soit plus vraiment un, mais elle veut se laisser exalter par la nouveauté et le défi que représente cet endroit. C’est sûr qu’en dénichant cette vieille boîte de jeu, elle ne s’attendait pas à une chose pareille – mais ils en sont là, à présent, et il va bien falloir qu’ils fassent avec quoi qu’il en soit.

Ils partent donc en quête de leur prochaine énigme. Lucy n’a pas la moindre idée d’où elle peut se trouver. Elle songe que ça peut être juste à côté ou, au contraire, à des kilomètres de là. C’est que cette jungle paraît bien vaste… aussi vaste que le champ de possibilités qu’ils ont devant eux. La main réconforte que Peter a posé sur son épaule ainsi que ses paroles encourageantes l’ont invitée à se recentrer et à chasser son inquiétude. Tout ira bien – il faut que tout aille bien. Maintenant, il faut qu’ils trouvent la seconde énigme avant que la nuit ne tombe. Quelle heure de la journée peut-il bien être d’ailleurs ? Impossible pour Lucy de ne serait-ce qu’émettre un semblant d’hypothèse à ce sujet : elle n’en sait absolument rien. En tout cas, pour l’heure, le soleil est bien haut dans le ciel, et de leur côté, ils n’ont qu’à poursuivre leur chemin à travers la jungle en espérant trouver leur bonheur, d’une manière ou d’une autre.

Finalement, ils se retrouvent face à un arbre gigantesque, au beau milieu du chemin. Peter a l’intelligence de l’observer de haut en bas. En levant le regard, il semble voir quelque chose qui avait échappé à Lucy… Cette dernière se protège du soleil avec sa main en visière pour remarquer ce quelque chose, une forme sombre.

« Reste en bas, je m’en charge. Inutile qu’on soit deux à monter là-haut », fait-elle d’un ton décidé.

L’ascension de l’arbre n’est pas évidente et rappelle à Lucy qu’elle devrait manger moins de sucre et faire davantage d’exercice, mais elle prévient tout de même à se frayer un chemin jusqu’à ladite branche. Elle y découvre une boite sculptée, en bois, un de ces casse-têtes chinois qu’elle a toujours eu un mal fou à résoudre.

« Attrape ! Et attention à ta tête ! » elle fait en lançant la boite dans sa direction. Elle n’attend pas de voir si Peter la récupère ou la laisse tomber au sol… Par chance, elle parvient à redescendre sans dommages – la vie en moins, ce ne sera pas pour tout de suite. « Alors, t’en dis quoi ? »

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feat. Peter

Une fois Lucy de retour sur la terre ferme, heureusement sans dommages, elle s’installe à côté de son frère pour lire par-dessus son épaule le message inscrit sur le parchemin que contenait la boîte qu’elle vient de dénicher. Une histoire de plus grande peur… voilà qui ne la rassure pas du tout, car c’est une chose, théoriquement, que d’affirmer que l’on est en mesure d’affronter ses peurs, c’en est une autre que d’y faire réellement face… d’autant que certaine ne nous apparaissent qu’à partir du moment où l’on y est confronté. Quant à l’arme que l’on est seul à pouvoir manier… ce semble aussi assez… abstrait ? Cette arme, ça pourrait bien être le corps ou leur esprit, à ce compte, voire même le sacrosaint pouvoir de l’amitié. Lucy rit doucement quand son frère articule à voix haute le fond de sa pensée. En effet, les instructions de ce jeun manquent franchement de clarté… C’est quelque chose de si flou et de si vague qu’il est impossible de savoir à quoi s’en tenir.

« Je ne sais même pas ce que c’est, ma plus grande peur… », admet Lucy, songeuse.

Certaines personnes ont une réponse bien arrêtée à cette question, ce n’est définitivement pas le cas de la dernière des Pevensie, qui serait bien incapable de se faire une meilleure idée de la question. Elle ne sait pas si la chose serait plus simple si elle savait à quoi s’attendre… Mais dans tous les cas… ce n’est pas comme si on leur demandait leur avis. Oui, ils ont une vie en réserve, mais ça ne veut pas dire qu’ils n’useront pas toutes leurs vies sur leur plus grande peur si celle-ci doit dépasser leurs inquiétudes les plus folles.

« Mais écouter mon cœur, c’est ma spécialité, alors là-dessus, je me fais confiance », ajoute-t-elle avec un sourire malicieux.

Peut-être cela paraîtra-t-il présomptueux de sa part, mais c’est bel et bien ce qu’elle pense, après tout. Oui, elle sait écouter son cœur, elle sait y faire, pertinemment et sans l’ombre d’un doute, c’est une de ses plus grandes qualités… et cette qualité, qui sait, leur serai peut-être d’une grande aide dans les minutes à venir.

Alors qu’ils font encore quelques pas supplémentaires, Lucy et Peter se retrouvent face à deux chemins bifurquant dans deux directions opposées. Pas besoin d’être un génie pour comprendre. Ils sont contraints de se séparer s’ils veulent poursuivre. Lucy sent déjà l’angoisse l’étreindre.

« Sois prudent, d’accord ? » elle fait d’une voix tremblante avant de s’éloigner, d’un pas lent sur son propre chemin.

Après quelques mètres parcourus, elle se trouve à l’entrée d’un labyrinthe, desquels elle entend s’échapper des voix familières, celles de ses parents, celles de sa fratrie, celle de Camilo, d’Aslan, de monsieur Tumnus, tous piégés au sein de ce vaste dédale. La peur de se perdre et de perdre ceux qu’elle aime prend littéralement corps sous ses yeux. Lucy sait qu’elel n’a pas le choix. Elle s’engage à l’intérieur du labyrinthe.

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feat. Peter

Si tu ne trouves pas de solution, essaie de revenir en arrière et prend le temps de réfléchir. Oui, Lucy veut appliquer les conseils de son frère, mais au moment de vouloir rebrousser chemin, elle réalise, non sans une certaine panique, qu’elle est incapable de retrouver la sortie du labyrinthe. Lucy sent très sûrement l’angoisse s’emparer d’elle et gagner des proportions absolument monstrueuses. Les battements de son cœur s’accélèrent à un rythme fou, et elle a l’impression de ne plus s’entendre penser tant son esprit est accaparé à la fois par les voix familières et lointaines qui l’appellent au secours que par le besoin viscéral de quitter ce dédale. Plus le temps passe, plus elle a l’impression de manquer d’air. Les secondes ressemblent à des heures, et Lucy a le sentiment de ne plus savoir respirer. Elle courent d’un bout à l’autre du labyrinthe, les voix qui lui semblent les plus proches s’éloignent à mesure qu’elle a l’impression de s’être rapprochée pourtant. C’est sans fin…

C’est après plusieurs longues minutes seulement que, le visage couvert de larmes, la plus jeune de la fratrie Pevensie consent à s’arrêter, le souffle court, et à s’asseoir au beau milieu du labyrinthe afin de reprendre son souffle et ses esprits. Une grande inspiration. Suivie d’une plus grande expiration encore. Elle se ressaisit doucement en réalisant que tout ce temps durant, les voix ont cessé. Elles ont cessé car elles n’existent pas. Sa peur est tout aussi irrationnelle que ne sont inexistantes ces apparitions fugaces et auditives. Le chemin qui les mènera à ceux qu’elle aime, c’est dehors. Et par peur de perdre les autres, c’est elle-même qu’elle finira pas perdre… Lucy fait ce constat à voix haute tout en se relevant sur ses deux pieds.

Une fois debout, elle essuie les larmes qui ont roulé abondamment le long de ses joues. Elle soupire bruyamment et regarde autour d’elle, plus calme… Le tout pour réaliser soudainement que le labyrinthe a totalement disparu. Face à elle, il n’y a que le chemin qu’elle avait emprunté plus tôt, ainsi qu’un nouveau mot, contenant une nouvelle énigme. Lucy ne prend pas le temps de l’ouvrir et de la lire, elle le fera en même temps que Peter. Elle emprunte à toute allure le chemin inverse, court aussi vite que ses jambes peuvent la porter et part à la recherche de son frère.

« Peter ?? »

Elle finit par le retrouver, tremblant, visiblement affecté par l’épreuve qu’il vient de vivre. Ni une ni deux, Lucy se précipite dans sa direction pour le serrer très très fort au creux de ses bras.

« Tout va bien Peter, je suis là. Tout va bien se passer », le rassure-t-elle sans rien en savoir, mais convaincue d’au moins une chose : ils seront toujours plus forts quand ils seront ensemble. « Qu’est-ce que tu as dû faire ? Raconte-moi », demande-t-elle, à la fois curieuse et très inquiète.

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feat. Peter

Peter est mal en point et Lucy a très peur concernant ce que son frère a dû affronter. Elle ignore quelles épreuves terribles lui ont été imposées, mais elle devine qu’il a dû en souffrir terriblement et que ça a dû être infiniment compliqué pour lui. La jeune femme le déplore sincèrement. Peter ne mérite rien d’autre que d’être heureux, vraiment, et elle est convaincue que s’il est si mal, c’est probablement qu’on lui aura imposé une douleur telle qu’il ne devrait jamais en connaître. Peut-être pas une douleur physique, mais les maux du cœur sont souvent bien plus éprouvants que les mots de l’âme. Il le lui confesse lui-même, il ne se sentait pas prêt pour ce genre d’épreuves… Elle non plus, à vrai dire, elle ne s’était pas imaginée qu’on les confronterait à des situations si terribles. Elle qui avait seulement voulu proposer un jeu tout innocent à son frère s’en veut à présent terriblement de lui avoir fait une telle suggestion. Et s’ils restaient prisonniers pour toujours ? A devoir affronter des épreuves toutes plus terribles les unes que les autres ? Non, elle n’a surtout pas envie d’y penser, en réalité. Elle préfère largement se concentrer sur leurs perspectives de s’en sortir et sur ce que ces épreuves réussiront à leur apporter. Ils ne doivent surtout pas oublier l’essentiel, et l’essentiel, c’est qu’ils sont ensemble.

« Je vais bien », c’est la première chose qu’elle lui répond, car elle ressent, profondément, que c’est une chose que son aîné a besoin d’entendre. Et elle-même ressent, en retour, le besoin de le lui dire.

Et elle peut le lui dire sans lui mentir : oui, elle va bien. On ne peut clairement pas dire qu’elle vient de passer le meilleur moment de son existence, mais l’un dans l’autre, elle ne s’en sort tout de même pas si mal, et elle est loin de considérer que c’est une mauvaise chose. Elle ne sait pas si cette épreuve lui apportera quoi que ce soit en définitive, mais ce qu’elle sait, par contre, c’est que le jeu en avait clairement valu la chandelle.

« C’était pas un moment super agréable, faut le reconnaître », consent à admettre Lucy avec un fin sourire en coin après que Peter lui ait dit espérer qu’elle n’aura pas eu à endurer d’épreuve aussi difficile que la sienne. Elle minimise les choses, mais c’est surtout parce qu’elle voit l’état dans lequel Peter se trouve, et qu’elle a très envie de l’aider. « Tu veux me parler de ce qui t’es arrivé ? »

Elle tient vraiment à ce qu’il le fasse, elle le veut parce qu’elle ressent, profondément, que ça lui ferait le plus grand bien.

« Je… ne vois aucun indice. » Elle pousse un soupir. « Peut-être qu’il faut qu’on évoque nos épreuves respectives ? Peut-être qu’il y a un lien entre elles qui nous donnera accès à l’énigme suivante ? »

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feat. Peter

Lucy écouter Peter sans l’interrompre, quand Peter daigne lui apprendre ce qu’il a vécu. Elle sent son cœur se serrer davantage à mesure que son frère étaye son récit de détails sinistres au sujet des épreuves ignobles qu’il a dû affronter. Elle le voit, il est encore perturbé, et comment le lui reprocher ? Cette situation a dû être particulièrement traumatisante pour lui… Son visage se ferme et elle hoche la tête, tout à fait compatissante, au moment d’entendre Peter affirmer que les voir mourir était un spectacle tout à fait insoutenable.

« Oh Peter… » Lucy se rapproche de son frère pour le serrer dans ses bras une fraction de seconde. Pas longtemps, certes, mais suffisamment, espère-t-elle, pour rassurer son frère et le réconforter. Lucy est là, bien vivante, et elle est convaincue du fait que Susan et Edmund vont bien. Ils n’ont absolument rien à craindre. Tout va bien se passer. Les épreuves qu’on les oblige à affronter sont absolument horribles, mais ils en sortiront plus fort, Lucy a véritablement envie de le croire… et personne ne la convaincra d’autre chose. « Je suis là… et tout va bien se passer. »

A présent, ils doivent avant tout et surtout prendre sur eux et essayer de trouver un moyen, quel qu’il soit, de passer à l’étape suivante, jusque le jeu, qui qu’en soit le maître, décide qu’il en a assez de les malmener. Si les choses doivent aller crescendo, Lucy s’inquiète. D’une énigme gentillette à des épreuves traumatisantes, il n’y a eu qu’un pas très vite franchi, et ce n’est clairement pas pour la rassurer. Elle restera forte, et digne, et positive, surtout positive, parce que c’est ce qu’elle sait faire de mieux, mais ce n’est pas pour autant qu’elle se sent au mieux de ses capacités.

C’est Peter le premier qui constate l’apparition d’inscriptions sur le tronc de l’arbre à proximité d’eux, comme si le message se gravait en temps réel dans l’écorce. Lucy fronce les sourcils, intriguée, et s’approche de plus près afin de constater de quoi il retourne. Elle ne peut s’empêcher de lire les mots inscrits à voix haute pour à s’en imprégner. Voici un indice de taille pour vous aider dans votre quête… Bon, s’il est de taille, il ne doit pas être trop complexe, pas vrai ? Et au moins, le jeu sera fini une fois cette dernière épreuve franchie.

« C’est maintenant que la partie devient décisive », répète Lucy. « Il en a de bonnes, lui. C’est vrai que jusqu’ici, c’était une véritable partie de plaisir », ironise-t-elle ensuite. « Bon, un indice de taille, un indice de taille… Est-ce que c’est supposé être contenu dans le message, ou… » En touchant l’écorce de l’arbre, Lucy sent quelque chose de lourd tomber à ses pieds. Elle se baisse pour le ramasser : il s’agit d’une clé. Elle l’observe longuement. « Bon… plus qu’à trouver une porte et à ne pas mourir en chemin… Je suppose que la porte nous permettra de rentrer chez nous ? » suggère-t-elle.

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feat. Peter

Lucy sourit doucement à la remarque de Peter. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le frère et la sœur sont à bout. A bout de force, à bout d’énergie. L’un comme l’autre ne rêvent jamais que d’une chose, et c’est de pouvoir rentrer chez eux. Ils sont capables d’affronter les pires épreuves ensemble, et ils le prouvent une fois de plus, mais ce n’est pas pour autant qu’ils souhaitent voir cette situation s’éterniser, loin de là, même. Tous deux n’aspirent plus qu’à une seule et unique chose, et ils ne s’en cachent pas… ils veulent gagner la partie et retrouver le réconfort d’un terrain familier, la certitude qu’ils n’auront plus rien à craindre… si ce doit être seulement possible. Plus que jamais, Lucy regrette d’avoir embarqué Peter dans ce fichu jeu… tout est de sa faute et elle le sait pertinemment. Elle n’a pas voulu que les choses dégénèrent à ce point, définitivement pas. Mais parfois… eh bien… parfois, on ne décide pas. Alors non, clairement, ils ne sont pas partis pour s’amuser, une fois de plus, mais dans tous les cas, ils feront le nécessaire, et ils se soutiendront mutuellement dans l’épreuve. Quoi qu’il advienne.

Le frère et la sœur se remettent donc en route dans l’espoir de retrouver cette fameuse porte, celle qu’ouvre la clé que Lucy garde fermement serrée au creux de son poing, pressant le métal entre ses doigts comme si cela allait lui permettre de mieux comprendre cette situation, voire de la trouver moins insoutenable… Mais ce n’est pas si simple, bien sûr. Lucy a juste le temps de crier un « Attention ! » bien trop tardif que le sol manque se dérober sous leur pied. De justesse, Peter évite de basculer dans l’écroulement… Lucy frissonne… elle avance d’un pas inquiet pour se rapprocher au plus près du vide et contemple ces abysses dont on ne discerne pas le fond.

« Peut-être… » Lucy réfléchit à toute vitesse, elle essaye de donner du sens à ce qu’elle entend, à ce qu’ils vivent, aux différents messages qui leur ont été communiqués jusqu’ici. Elle songe à Alice et à son terrier de lapin, elle songe à la possibilité d’une issue fatale, ou bien d’une issue heureuse… Sa décision ne paraît pas raisonnable le moins du monde mais… s’il doit être question d’affronter ses peurs, et de tutoyer de près la mort depuis le début de cette énigme, alors… alors peut-être que la solution est juste sous leur nez. Littéralement sous leur nez. « … Je crois qu’il faut sauter. » Elle tourne son regard vers Peter. « Je sais, ça a l’air dingue, mais… » Elle se mord légèrement la lèvre inférieure comme pour calmer l’angoisse qui lui serre le cœur… Elle se rend bien compte que la décision qu’elle est en train de prendre dépasse l’entendement. « … il nous reste combien de vies, déjà ? » demande-t-elle en essayant d’adopter le ton le plus décontracté possible – pas dit que ça fonctionne.

Do not begin the game unless you intend to finish

feat. Peter

Lucy fait non de la tête avec un léger sourire nerveux aux lèvres quand son frère lui demande si elle est sûre de son coup, quand elle suggère qu’il est peut-être exigé de leur part qu’ils sautent à pied joint dans le précipice. Non, elle n’est absolument pas sûre d’elle, mais elle n’a pas d’autre hypothèse à l’esprit. Elle aimerait bien éviter de faire passer un sale moment à son frère, mais elle a comme l’intuition que quoi qu’ils décident, ils passeront un sale moment dans tous les cas, alors… Autant faire en sorte de décider dans quelle mesure ce sera bel et bien désastreux. Lucy se réfugie derrière la pensée qu’il leur reste, comme le lui précise Peter, une vie chacun… ce qui signifie quand même qu’ils sont en train de griller leur dernière cartouche, une cartouche qui leur servirait peut-être plus tard… Mais ce qui signifie aussi que normalement, si le jeu ne se joue pas d’eux (ce qui est franchement très probable), ils devraient s’en sortir indemne, que son intuition ait été bonne ou non.

Lucy ne se fait pas prier quand son frère lui tend la main. La jeune femme la serre immédiatement dans la sienne en même temps qu’elle adresse un geste de la tête qu’elle veut encourageant à son frère. C’est l’heure du grand saut… Qui sait ce qu’ils trouveront de l’autre côté, ce que Lucy sait en revanche, c’est qu’elle éprouve une certaine forme d’apaisement à l’idée d’être avec son frère en cet instant. Elle sait qu’elle pourra compter sur lui quoi qu’il advienne, et c’est une chose dont elle a le cruel besoin d’avoir l’assurance dans des circonstances à ce point chaotiques, et qui échappent absolument à tout contrôle.

D’un même mouvement, ils parviennent à se jeter dans le vide. Lucy sert la main de son frère aussi fort qu’elle le peut, criant à s’en arracher les poumons tout au long de cette descente abominable de lenteur… à croire qu’il n’y a rien d’autres que du vide sous eux…. Lucy est de plus en plus angoissée à l’idée de les avoir induits en erreur… mais finalement, les voilà au beau milieu d’un fleuve déchaîné. Une chute dans l’eau, à une telle hauteur, aurait probablement dû les tuer tous les deux… il n’en est rien… et quelque part, cela réconforte la jeune femme alors qu’elle rejoint la surface de l’eau… Malheureusement, le courant, trop fort, finit par les séparer.

« PETER ?? »

Lucy ne voit plus son frère. Cette pensée la tétanise, mais une autre, plus urgente, la rattrape très vite… la cascade… encore une chute. Lucy n’y comprend rien… Elle espérait qu’au terme de cette chute vertigineuse, ils seraient de retour chez eux… Là, Lucy se demande si le jeun ‘attend juste pas de les voir abandonner et mourir. Lucy réussit par miracle à s’accrocher à une branche et à rejoindre le rivage. Détrempée, elle jette des regards inquiets tout autour d’elle.

« PETER ?? OU EST-CE QUE TU ES ?? PETER !!!?? »

Do not begin the game unless you intend to finish

feat. Peter

Lucy a juste envie que ça s’arrête. Ce jeu, qui n’était déjà pas très amusant au départ, ne l’amuse définitivement plus dorénavant. Tout ce qu’elle veut, à présent, c’est pouvoir retrouver le confort de son appartement, se détendre, partager un verre avec son frère, et laisser toutes ces histoires derrière eux… mais ça n’a malheureusement pas l’air parti pour, bien au contraire. Cette aventure n’est pas seulement éprouvante, elle est aussi très longue, et alors que les épreuves se succèdent, la plus jeune des Pevensie, qui est pourtant aussi la plus optimiste, finit par se dire qu’ils ne s’en sortiront tout simplement jamais.

Heureusement, les deux sont braves et téméraires, et ils ont de la ressource. En parvenant à s’accrocher à deux à une branche, ils parviennent à éviter un sort qui serait des moins enviables. C’est à deux qu’ils parviennent, détrempés et épuisés, à rejoindre la terre ferme. Lucy, tétanisée et à bout de souffle, s’allonge quelques secondes au sol. Elle n’a plus envie de continuer, elle n’a plus envie de réfléchir à la prochaine énigme, elle a juste envie d’être laissée tranquille. Un seul regard en direction de Peter la convainc du fait qu’ils sont tous les deux à bout. Ils ont très clairement, autant l’un que l’autre, atteint leurs limites.

Lucy s’autorise à fermer les yeux quelques instants, et quand elle les ouvre elle se sent… étrange… Comme transie d’une sensation particulière, comme aspirée, attirée vers le ciel à un rythme fou. La jeune femme a à peine le temps de comprendre que la situation la frappe de plein fouet : ils ont bel et bien réussi. Ils sont de retour dans son appartement, vautrés dans son canapé. Seuls leurs vêtements sales et mouillés et leurs têtes de six pieds de long laissent deviner que ce qu’ils ont vécu est bel et bien réel : non, ils ne l’ont pas imaginé le moins du monde.

« J’ai cru qu’on s’en sortirait jamais ! » confesse Lucy en serrant son frère dans ses bras, pas encore totalement convaincue du fait que le cauchemar est bel et bien terminée. Il va lui falloir un petit temps, clairement, avant de se remettre de les trop nombreuses émotions qui l’assaillent en cet instant. « Je suis vraiment désolée, Peter, je te jure que j’avais pas la moindre idée… »

En même temps. Peter s’en doute forcément. Bien sûr que Lucy n’aurait jamais fait une chose pareille, ni ne lui aurait suggéré un tel jeu si ça avait été dans la seule intention de leur en faire voir des vertes et des pas mures. A aucun moment elle n’avait envisagé que les choses se passeraient ainsi. A aucun moment elle n’avait considéré les choses sous cet angle. Non, tout ceci l’avait définitivement dépassée, et à plus d’un titre, c’est la plus absolue des certitudes. Enfin, l’essentiel, c’est qu’ils s’en soient sorties indemnes.

« On se commande à manger ? Pour se remettre de nos émotions ? C’est moi qui offre, évidemment ! »