Sujet aléatoire - Duncan & Nobara

e n’avais pas souvent l’occasion d’aller au cinéma… parce que j’avais tendance à ne pas prendre le temps, tout simplement. Et puis, très franchement, il n’y avait pas souvent de trucs intéressants à voir. Ou alors j’étais trop difficile.
D’ailleurs, les films m’endormaient, bien souvent. Ce n’était pas de la mauvaise foi, mais je m’emmerdais rapidement. J’avais lutté une bonne partie du film pour ne pas sombrer… peut-être même que j’avais sombré, à vrai dire, je n’étais pas sûr du tout.

Et puis d’un coup, il y eut un bruit un peu plus fort et je sursautai. Pas super violemment, mais assez pour que mes pop-corns se répandent devant moi. C’est à ce moment-là que je remarquai qu’il n’y avait personne devant moi. Alors, soit les gens s’étaient tellement fait chier depuis le début qu’ils avaient fini par s’en aller, soit j’avais dormi tellement longtemps que le film s’était terminé et qu’il y en avait un autre, encore plus nul, qui avait commencé.

Un regard à gauche, un autre à droite…
Non, en fait, il n’y avait pas grand-monde dans la salle. Du genre vraiment pas beaucoup de monde… Je constatai bientôt qu’il ne restait qu’une femme et moi dans la salle. Des volutes de fumée s’échappaient de certains sièges où, un instant plus tôt, une personne était assise.
L’atmosphère s’alourdissait un peu à la fois et je tournai la tête vers la porte de sortie de la salle. Ne sachant pas comment se passaient ces disparitions, je me précipitai bientôt vers la porte, mais elle était verrouillée. « Merde ! »

Je savais que le monde était bizarre, mais c’était tout de même très particulier ce qui se passait là. Il y avait maintenant des personnes qui sortaient de l’écran. Je ne me sentais pas spécialement à l’aise avec l’idée de voir des gens sortir d’un écran, pas plus que de me faire menacer par eux… Mais je vis l’un d’eux se ruer vers la jeune femme qui était dans la salle avec moi, mon sang ne fit qu’un tour :
« Attention ! Derrière vous ! »

Je n’avais pas d’arme sur moi, c’était un sacré handicap pour moi, mais il devait bien y avoir quelque chose que je pourrais utiliser comme telle… Ou alors, il allait falloir que j’arrive à choper une arme d’un des personnages du film.

J’entrepris d’arracher la garniture d’un fauteuil pour essayer d’enlever un des montants, avec ça, je pourrais sûrement me débrouiller un peu. Déchirer le tissu n’était pas super compliqué, ni enlever la garniture, mais il fallait bien commencer par ça pour pouvoir arriver à une solution. Ou à un début de solution, en tout cas.
Mais il y avait ces fichus personnages qui me collaient aux basques également, je devais me retourner parfois pour leur coller l'un ou l'autre pain, mais ce n'était pas suffisant pour les faire reculer. Entre tous ces coups de poing et tous ces coups de pieds, je devais avoir l'air d'un con. Mais je n'avais pas mieux pour le moment.

ller voir un film au cinéma cela fait plaisir de temps en temps, même si je suis particulièrement difficile en ce qui concerne l'art cinématographique, mais je peux être satisfaite d'une séance uniquement grâce au pop-corn. Non je vais pas au cinéma juste pour les pop-corn quand même, mais en général, j'y vais avec mes amis, mais là ils ne sont pas disponibles, alors ça sera une séance en solitaire. Confortablement installée au fond de mon siège, j'ai les yeux rivés sur le film qui défile sous mes yeux, tout en piochant dans mon énorme pot de pop-corn. Je ne fais pas attention à ce qu'il s'passe autour de moi, je suis particulièrement concentrée sur le déroulement du film, même si ce n'est pas la meilleure projection à laquelle j'assiste.

C'est lorsque je vois des pop-corn voler devant un mec que je détourne l'attention brièvement, mais suffisamment pour remarquer que la salle s'est vidée mystérieusement. C'est étrange, elle me semblait pas aussi vide lors de mon arrivée, mais je n'y prête pas grande attention… Après tout, que les gens quittent la salle pour x raisons, je m'en cogne royalement. Non le plus étrange, c'est l'espèce de fumée blanche qui se dégage de certains sièges. L'ambiance devient étrange, et j'ai comme un mauvais présentiment… certainement mon instinct d'exorciste.

Je suis alors stupéfiée lors que je vois les personnages du film s'évader de l'écran ! "C'est quoi ce bordel ?" Suis-je en train de faire un cauchemar ? On dirait un scénario tout droit sorti d'un film d'horreur. Alors ouais, je me lève subitement de son siège, avec mon pot de pop-corn à moitié plein entre les mains, et je me dirige vers la sortie, mais en gardant mes yeux épatés sur l'écran géant. Avec mes expériences, je pense immédiatement à un coup d'un Fléau ! Cela ne m'étonnerait pas, même si je n'ai pu rencontrer une seule trace de ces créatures dans ce monde… De toute manière, mon énergie occulte est encore trop faible pour que je puisse me défendre convenablement contre ça, mais maligne que je suis, j'ai pu dissimuler mon marteau, un objet maudit, sur moi. Bon, je ne possède pas le reste, mais ça fera l'affaire.

La voix d'un homme me prévenant d'un danger me fait agir, et je me tourne immédiatement pour voir un personnage m'attaquer. Ca me fait limite sursauter, mais je l'accueille avec un bon coup de pied dans les bijoux de famille. Ca fait toujours son effet lorsque c'est bien visé. Je comprends pas ce qui s'passe, c'est un bordel, tellement qu'un autre me saute dessus, mais je lui balance mon pot de pop-corn dans la figure puis je sors mon marteau maudit et je lui fracasse le crane sans la moindre once d'hésitation : je suis pas du genre à me retenir. Visiblement, je l'ai blessé suffisamment pour qu'il s'en aille.

Je pense qu'à ma pomme dans ce genre de situation, surtout avec un inconnu. Ouais, j'ai remarqué l'autre homme, c'est le seul qui semble  normal, peut-être que je me pourrais me servir de lui comme bouclier, mais je pense surtout à filer d'ici, alors je vais à la sortir mais je peux constater avec acharnement que c'est impossible de quitter les lieux. "Pourquoi c'est fermé ?" Ca m'énerve !!! C'est pas possible que ça soit qu'une coïncidence, il y a un coup louche derrière ! Je repousse avec mon pied l'un de ces fichus personnages et je me "cache" derrière l'homme pour qu'il se batte à ma place. "Tu comprends ce qui s'passe ? J'espère pour toi que tu sais te battre !" Dis-je en m'adressant directement à l'homme et en dévoilant directement mon côté autoritaire.

l arrivait bien trop souvent que les choses ne se passent pas comme prévu, par ici. Mes courses au magasin s’étaient terminées en combat à l’aide de poisson surgelé, au boulot, j’avais dû attacher l’autre taré bien solidement pour qu’il arrête ses conneries… et une simple séance de cinéma se transformait en baston contre des types qui sortaient de l’écran. Quelle merde…
Je n’étais pas trop dans ce trip de devoir chaque jour vivre des trucs étranges. J’avais toujours été un mec simple, avec des principes simples. Tout ce qui était un peu extraordinaire, ça me laissait plutôt circonspect : je savais bien que beaucoup de choses étaient truquées dans le monde, mais l’illusion qu’aurait pu être tout ce bordel était bien trop concrète pour n’être qu’une illusion, justement.
Désormais, il fallait se battre contre ces femmes et ces types, alors qu’un instant plus tôt, ils n’étaient rien de plus que des personnages, de la fiction, projetés sur une toile blanche tendue dans une salle obscure. Bref, heureusement que ce n’était pas un film fantastique avec des vampires, des loups-garous ou ce genre de créatures surnaturelles, parce que je n’avais aucune arme en argent pour les défoncer.

Envoyer des coups de poings, des coups de pieds ou des coups de boule, c’était tout à fait dans mes cordes. Et quand il s’agissait de défendre ma peau, je n’y allais jamais de main morte. J’avais toujours au moins une arme sur moi : le poignard attaché contre le mollet, le flingue dans un holster discret… c’était un peu basique, mais c’était le minimum… Et pourtant, aujourd’hui, j’étais sorti sans ces précautions de base. Pour une fois que je n’étais pas armé, il fallait que je me retrouve dans une situation de merde. Je n’avais pas forcément besoin de ça pour me défendre, mais deux précautions valaient mieux qu’une. Il allait falloir que je sois prévoyant, en toutes circonstances.
Pour le moment, j’utilisais des coups, comme lorsque je m’entrainais, sans retenir ma force ou ma hargne. Je tapais dans le tas, tous ces êtres qui passaient à ma portée. Entre deux, je m’affairais pour décrocher un montant qui pourrait me servir de massue…

Et puis voilà qu’une femme vint se glisser derrière moi. Elle me tutoya et me parla vite fait de cette étrange situation.

« Mets-toi dos à moi. » Dos contre dos, on avait plus de chance de contrer tous ces personnages et de les envoyer aux quatre coins de la salle. « Tout ce que je sais, c’est qu’on a intérêt à faire équipe si on veut s’en sortir… Si on doit dégommer tous les personnages du film, ça va être coton. »

J’avais bien compris que cette fille voulait se protéger en restant derrière moi, mais ils étaient trop nombreux pour que je me batte seul contre eux tous. Et puis, si on parvenait à garder la position, chacun allait couvrir les arrières de l’autre.
« Quelqu’un en veut à ta vie ? »

Autant que je sache ce que tout ça signifiait… Je savais que ce n’était pas vraiment le genre de mon ancien employeur d’utiliser autre chose que des armes traditionnelles. Il n’aurait jamais eu l’intelligence de chercher une autre méthode que le bain de sang. Or, ici, il n’y avait rien du mode opératoire de Mr. Blut et de sa bande de jeunes tueurs tarés.