(Terminé) Slip a bill into her bra || ft. Aidan Hearst

Ce que je foutais là ? Aucune idée. Je n’en savais strictement rien. Il faisait noir et je ne savais pas comment j’avais atterri ici. Voilà à quoi pouvait se résumer la situation. A ceci près qu’en plus d’être complètement paumé, j’étais aussi légèrement éméché, pour ne pas dire complètement bourré.
Ben quoi ? Y était écrit nulle part dans le serment d’Hippocrate qu’un médecin ne pouvait pas se bourrer la gueule quand il le souhaitait. Le problème, pour moi, c’était que j’avais parfois un peu de mal à me rappeler de mes cuites, j’avais des bribes qui me revenaient, un peu à la fois, morceau après morceau.
Tssss c’était comme les histoires avec la nana de Wilson, ça… Comment s’appelait-elle, déjà ? Bitch quelque chose… Eh eh, elle avait assez d’ambition pour refiler son string, au début de sa période d’essai à l’hosto. Suffisait d’agiter un peu de lingerie sous le nez de Jimmy pour qu’il s’emballe. Mais c’était bizarre que Wilson était tombé amoureux d’elle, en fait, c’était pas plutôt de moi qu’il s’était amouraché au travers de la salope furieuse, non ?

J’eus soudain comme un spasme et je m’appuyai sur un truc qui devait être une poubelle. A côté de laquelle je vomis mes tripes et mes frites, avec un peu d’alcool et de bière dans lesquels le tout pouvait baigner tranquillement. A bien y regarder, il y avait encore un peu de salade et de cornichon du hamburger de tout à l’heure. Mais voilà la cause de tout ! c’était la faute au cornichon ! J’avais demandé sans et on m’en avait foutu quand même. Tout s’expliquait…

Je titubais encore un peu. J’avais dû oublier ma canne quelque part. Ma moto aussi, d’ailleurs, mais ça voulait dire que je ne risquais pas de me prendre une amende pour conduite en état d’ivresse. Je m’appuyai à un poteau et j’essayai de voir où je me trouvais. Plissant un œil, la bouche ouverte et le nez plissé, je me concentrais sur le panneau le plus proche, afin de voir si mon appart était encore loin.



Traduction : www.se. Mouais. Je n’allais pas aller bien loin avec ça. Tapotant de la main droite la poche de ma veste, je cherchais mon portable… sans succès. Dans mon jeans, peut-être ? Je ne pouvais tout de même pas l’avoir oublié quelque part, lui aussi ? Mais visiblement… SHIT !

Bon, aux grands maux les grands remèdes… Je plaçai mes deux mains près de ma bouche, comme pour faire un porte-voix, et, adossé à mon poteau, je commençai à crier :



Je criais de toutes mes forces, non sans l’accent typique des hommes ayant un peu trop bu (ouais c’est un bel euphémisme, en l’occurrence). J’y mettais tout ce que j’avais, enfin, plutôt tout ce qu’il me restait de conscience et de lucidité… Cuddy, c’était un peu ma bouée de sauvetage. Sûrement grâce à ses deux gros flotteurs qu’elle planquait à peine dans ses décolletés. Elle allait m’entendre. Elle allait venir me chercher, me sauver, m’arracher aux griffes de cette nuit et de l’ivresse. Elle serait ma sauveuse… puis on coucherait ensemble.

Après quelques instants, ou plus, je dus me rendre à l’évidence. Cuddy n’arrivait pas.
Le fait de gerber m’avait permis de me sentir un peu moins lourd, mais ça faisait aussi ressortir une réalité que je ne pouvais pas ignorer : j’avais soif.
Je regardais de nouveau autour de moi et je décidais d’aller prendre un verre de soft dans le bar plein de néons qui était là, pas loin. C’était bizarre, l’endroit ne m’était pas inconnu. J’avais même carrément une impression de déjà vu.

Tiens, je voyais même un visage connu. Je lui trouvais un air sympa, à ce mec. Et là, ça me fit "tilt", je me souvenais de lui.


Il me semblait que c'était un pote à moi. Peut-être seulement depuis ce soir, mais ça, on s'en foutait.

Les soirées arrosées, c’était sympa, mais c’était encore mieux quand c’était d’autres personnes qui me payaient des verres. Ou, mieux encore, quand j’avais l’occasion de mater des nanas avec de gros poumons. Mais ce soir, pas de Cuddy à l’horizon. Pour les gros poumons, on repasserait…
Alors j’avais bu. Un peu trop sans doute. Ou beaucoup trop, peut-être. Mais rien à foutre. Personne ne m’attendait, personne n’allait me faire la morale et je n’avais rien de mieux à faire, de toute façon.

Dans la boite de strip-tease, j’avais pu me rincer l’œil, bien sûr, mais j’avais du mal à ne pas penser à Cuddy. C’était une vraie sorcière, celle-là, elle m’avait lancé un sort, sûrement, pour que j’en sois à ce point.
Mais pour le moment, j’avais aucune preuve de ça. Tout ce que je savais, c’est que je pensais à elle alors même qu’elle me rendait la vie impossible. Un peu comme quand on a des factures à payer et que le compte bancaire a du mal à suivre.

La soirée était bien partie et je commençais à avoir l’estomac assez lourd, parce que j’avais peut-être un peu abusé, c’était vrai… Et une fois que j’avais pu évacuer une partie de son contenu en vidangeant à même le sol, ça m’avait permis de me sentir un peu mieux. Physiquement.

En retrouvant Aidan, j’eus comme une sensation de soulagement. Le gars était un bon serveur. Il avait une bonne rapidité, une bonne efficacité… Et puis il bossait dans une boite avec des strip-teaseuses. Ça faisait de lui le pote idéal pour moi. Mais je ne pus pas pour autant avoir le plaisir de retourner dans la boite. A croire que c’était une machination.


Je regardais autour de moi. Il y avait là des gens qui fumaient, d’autre qui buvaient des cannettes, sifflaient des gonzesses ou se roulaient des pelles contre le mur. C’était un décor habituel pour une soirée du genre. Moi, j’étais surtout en train de me demander pourquoi c’était si bizarre d’être moi et d’être ici.


Il s’était peut-être fait virer. Ça aurait été débile, mais les gens étaient débiles, alors pourquoi pas. C’était con, la vie, après tout, le monde était con, il y avait un tas de conneries dans l’univers et c’était carrément ça, la vie. Il fallait faire avec.

C’était vraiment dommage, cette pénurie d’alcool dans mes veines. Il m’en aurait fallu plus… bien plus. J’avais besoin de me foutre une vraie bonne murge digne de ce nom mais dans cette ville, on ne vous laissait pas vous beurrer comme bon vous semblait. Saloperie de flicaille qui mettait sûrement la pression sur les honnêtes distributeurs de boissons… c’était toujours à cause d’idiots qui se mettaient soi-disant au service de la loi et de la population… n’importe quoi. C’était juste des emmerdeurs qui avaient trouvé un poste pour continuer à être des emmerdeurs.

Mon pote du bar était là et il n’avait rien à boire. Il n’avait pas non plus l’air très motivé pour qu’on aille s’abreuver ailleurs. Il me parlait même des cons qui passaient leur temps à se plaindre alors qu’ils vivaient près d’une boite de strip-tease.
Il suffisait de couper quelques connexions dans le cerveau. Je pouvais pratiquer cette opération sans problème. Sur tous ceux qui le voulaient. Je me ferais même payer pour ça. La classe !
Wow, l’idée de génie ! il fallait que je note ça quelque part pour ne pas oublier… Je palpais mes poches à la recherche d’un stylo et d’un morceau de papier, mais je n’avais rien de tout ça sur moi. Merde.
Par contre, mon pote me fit comprendre qu’il avait fini son boulot mais qu’il ne savait pas où aller.
Ouais, bon, je marchais pas droit, j’avais la gerbe et j’avais parfois l’impression que j’allais me casser la gueule dès que je fermais les yeux une seconde.

C’était pas très courant, des bons samaritains comme ça… Peut-être que j’avais juste du bol d’être tombé sur lui ou peut-être qu’il allait juste me casser la gueule et me piquer le peu de fric que je n’avais pas encore dépensé et que j’avais encore sur moi…

J’étais pas sûr de vouloir inviter un mec chez moi, surtout dans un contexte comme ça… J’allais me réveiller en mode black-out total et je n’allais me souvenir de rien du tout… J’avais pas trop envie de ça.
Je m’appuyais contre une voiture et manquais de me rétaler par terre.

Il n’y avait pas eu de démarrage ou quoi que ce soit, mais j’étais juste plus en état. La nausée me prit de nouveau.

Oui, de l’eau, plate, bien fraîche… L’idéal pour me retaper un peu et perdre cette saloperie d’impression d’être un déchet.

La réalité était spéciale, ce soir. Un peu floue, un peu vague… Je me sentais comme flottant dans un monde autre que le mien. C’était comme être complètement shooté, mais avec de belles lourdeurs d’estomac en plus. J’avais fait quelques mélanges assez intéressants, un peu comme des expériences de petit chimiste amateur… Et avec mes sucs gastriques, ça avait provoqué des réactions en chaîne. Je n’étais pas sorti d’affaire, mais au moins, j’avais une bonne âme qui veillait sur moi, une bonne étoile comme on n’en voit que dans les films. Aidan était comme ma marraine bonne fée ce soir. Et je lui en serais reconnaissant, même si pour le moment, je ne le savais pas encore vraiment.


Mais vu la présence de ce jeune homme à mes côtés ce soir, il n’avait rien perdu au niveau de ses chances : s’il devait atterrir dans mon service pour une raison ou une autre, même un soir d’orage, même lors du meilleur concert de musique auquel il m’aurait été donné d’assister… j’aurais tout fait pour l’aider. N’était-ce pas ce qu’il faisait avec moi, pour le moment ?
Un éclair de lucidité ? Même pas. J’avais déjà été complètement bourré dans une salle d’examen médical, mais je ne me mettais pas vraiment de gens à dos… si ? Je me concentrais un instant… est-ce que je m’étais déjà mis quelqu’un à dos ? Cet enfoiré de Tritter, mais c’était un flic et il n’avait pas apprécié le thermomètre en rectal. Fallait aller voir un autre médecin, s’il n’aimait pas ça. Bordel. D’ailleurs, pour le coup, c’était moi dans son dos, est-ce que ça voulait dire que je me l’étais mis à dos en étant dans son dos ? Je ne lui avais quand même pas fait de toucher rectal, c’était juste un petit thermomètre de rien du tout…
Et Cuddy… de face ou de dos… mmmh… elle avait des arguments dans tous les sens. Et des beaux. Pare-chocs. Airbags. Une vraie bécane de luxe. Ou alors on pouvait parler de ses beaux melons ou de ses pamplemousses qui donnaient juste envie de mordre dedans à pleine bouche.

Et comme je pensais à elle, les propos d’Aidan me semblèrent à des kilomètres de moi, lointains, dans une autre galaxie..

Je ne savais pas trop où il voulait en venir. Peut-être parce que je n’avais pas mes lunettes… Ah mais non, je n’en portais pas. Quel con je faisais, parfois…



Aidan me sauvait la vie, ce soir. Je m’étais trouvé le meilleur ange gardien possible.

Et je ne savais pas où je l’aurais mise dans le taxi. Je palpais mes poches à la recherche de mes clefs. Le porte-clefs en tête de cerf stylisée, c’était pas les clefs de chez moi. Ce devaient être celles que j’avais prises sur une table à l’hôpital, j’avais pas encore décidé ce que j’allais en faire.

J’avais une vague idée de où j’habitais mais j’étais pas tout à fait sûr de ne pas confondre avec quelqu’un d’autre. Ce soir, je décrochais la palme, que dis-je, la couronne de la connerie et de la future gueule de bois. Car je sentais bien que demain, j’allais regretter d’avoir pris la liberté de me déglinguer à ce point.

Ne pas avoir Wilson avec moi dans ce genre de soirée, ça me faisait faire des conneries. Ça aurait été différent s’il avait été là. Quelle lâcheur, celui-là ! Et dire qu’il était censé être mon meilleur ami… où était-il quand on avait besoin de lui ?!
Et puis Cuddy, alors ? Elle aussi, elle était censée être dans ma vie et m’empêcher de faire des conneries.

Tout le monde mentait… et les amis étaient pires que tout. Il y avait comme une omerta autour de l’idée, mais je n’étais pas dupe. Les amis mentaient. Les proches mentaient. Le barman mentait. Je mentais. Et Aidan devait sûrement mentir aussi. Mais le pire c’était les gens qui mentaient en se persuadant qu’ils avaient raison… ceux qui soutenaient que leurs mensonges étaient légitimes et que c’était nécessaire pour le bien de l’humanité. Bande d’idiots.
Peu importait que ce soit dans cette vie ou dans une autre, finalement. On était toujours un peu livré aux mêmes histoires et aux mêmes genres de mensonges.

J’étais rond comme une queue de pelle. Je ne savais plus de quel côté j’étais censé aller et Aidan était là pour m’aider. De son plein gré. Vraiment ?
Une voix en moi me disait de me méfier, alors que tout le reste de mon corps et de mon esprit peu lucide le bénissait d’être là pour moi alors que tout le monde m’avait laissé tomber.



Contrairement à tous les faux-culs de ma vie. Mais il avait quand même raison, j’avais pas vraiment de moyen de m’assurer que je me souviendrais de lui demain. Sauf si je le voyais sur une photo ou une caméra de surveillance. De l’hôpital par exemple. A moins que je ne sois déjà carrément trop loin pour me rappeler de sa tête si je le croisais un jour par hasard… ça, c’était tout à fait possible aussi.



Bonne idée ou pas ? Honnêtement, je m’en foutais. Ça ne m’effleurait pas l’esprit que ce type que je considérais ce soir comme mon pote pourrait se barrer avec ma bécane. J’étais bien trop murgé pour m’inquiéter de ça.
Mes clefs… je me tâtais les poches et constatais alors que j’avais oublié mon cuir et mon casque au bar.



Je lui fis alors mes puppy eyes les plus alcoolisés. J’étais un vrai boulet, ce soir, même si je me sentais un peu mieux depuis que j’avais vomi.



Pas trop le choix si je voulais rentrer à l’hôpital et s’il voulait rouler sur ma moto. Les clefs étaient indispensables…

Je clignais des yeux, essayant de garder ma vision focale, mais tout semblait danser autour de moi. Une soirée arrosée, remplie de liquides ambrés et de courbes voluptueuses, voilà comment j'avais choisi de passer ma précieuse nuit. Je m'étais enfoncé dans un abîme d'alcool, laissant mes pensées s'évaporer dans un brouillard éthylique.
Les images de strip-teaseuses dansaient encore devant mes yeux, comme des spectres sensuels. Des jambes interminables, des mouvements provocateurs, et un sourire charmeur qui me poussait à oublier momentanément mes douleurs physiques et émotionnelles. Pourtant, même l'ivresse ne pouvait pas me faire oublier la douleur persistante qui me rongeait, tel un démon insatiable.
Je me souvins d'un moment précis où une danseuse, aussi séduisante que dangereuse, m'avait approché de près. Elle avait tenté de m'hypnotiser avec son charme artificiel, comme si elle pouvait panser les plaies béantes de mon âme torturée. Mais je ne suis pas du genre à être dupé par de telles illusions. Les émotions sont une faiblesse, un fardeau qui mène à la déception.
Au fond de moi, je savais que cette soirée ne résolvait rien. Les boissons, les corps dénudés, tout ça n'était qu'un masque temporaire pour cacher la véritable souffrance que je portais en moi. Mais je m'en moquais, car dans cet état second, j'arrivais à oublier un instant ma solitude, mes regrets et mes erreurs passées.

Cependant, au fur et à mesure que la nuit avançait, mon corps me rappelait cruellement que l'ivresse n'était qu'une illusion éphémère. Les maux de tête et la nausée se faisaient de plus en plus présents, me rappelant la réalité implacable de ma condition. J'étais un homme brisé, perdu dans un labyrinthe de douleur et d'autodestruction.

Et dans cette situation, heureusement qu’il y avait des gens comme Aidan pour soutenir les poivrots comme moi. Il était super sympa, sur le coup, et je me sentais vachement chanceux d’avoir ce mec pour m’aider. Il était même prêt à récupérer mes clefs pour me ramener chez moi ou à l’hosto.



Je ne faisais pas très attention à ce que je disais. Et puis… L’alcool pouvait justifier pas mal de choses, hein… Même si ça n’excusait rien, évidemment.

Je n’avais pas trop suivi ce qui m’était arrivé entre deux, mais bientôt, il y eut une obsession : il me fallait compter. Sans arrêter. Jusque cent. Je devais me concentrer, vraiment beaucoup. Et ce n’était pas spécialement le plus simple.
Aidan avait récupéré mes affaires… et je n’avais même pas fini de compter.



Je continuais à compter, mais il avait raison. Il était temps de rentrer.

Finalement, je me résolus à quitter ce lieu de débauche et de perdition. Aidan conduisit ma moto et nous arrivâmes bien vite à l’hôpital.

Le chemin jusqu'à mon bureau fut une épreuve, entre chutes et trébuchements. Mon corps était faible, mais mon esprit restait aussi acéré qu'une lame de rasoir.

Arrivé chez moi, je m'effondrai sur mon canapé, laissant l'épuisement prendre le dessus sur ma conscience embrumée. Je n'étais qu'un pauvre homme brisé, cherchant à échapper à mes propres démons dans l'alcool et les plaisirs charnels.

Et pourtant, même dans cet état lamentable, je ne pouvais m'empêcher de sourire ironiquement. Ironique parce que j'avais peut-être perdu la bataille ce soir, mais demain était un autre jour. Et même dans ma déchéance, je savais que je me relèverais, car c'est ce que je faisais toujours. Je luttais, je me battais, je me relevais. Toujours.