Helpless to defy his fate. [Kovu & Xander]

Helpless to defy his fate

Xander avait beau être arrivé sur cette île étrange depuis deux ans, certaines habitudes avaient la vie dure. Aussi, son inconscient le tirait déjà tant bien que mal dans la torpeur dans laquelle il était plongé avant qu’un bruit sourd n’achève complètement de le réveiller. Ses sens déjà affolés par la présence qu’ils avaient devinée, Xander se redressa d’un bond dans son lit, la respiration haletante.

Persuadé d’abord qu’il ne s’agissait que de son imagination, le jeune homme tendit l’oreille par acquis de conscience. Pendant quelques secondes, rien ne se passa, et il était prêt à se morigéner d’un rêve peut-être un peu trop vivace. Puis un bruissement, à peine perceptible, lui chatouilla l’ouïe.

Xander écarquilla les yeux. Pas de doute, quelqu’un était entré par effraction chez lui. Malgré une absence évidente d’événements surnaturels, le vrai visage d’un vampire s’imposa à son esprit.

La première fois qu’il avait vu la véritable apparence d’un vampire, ses traits monstrueux et déformés l’avaient poursuivi jusque dans ses rêves. Il s’agissait de quelque chose de trop inconcevable pour l’esprit humain, et sa rationalité avait bataillé pendant des jours avec ce qu’il avait vu pour tenter d’apporter une explication à l’inexplicable.
Buffy avait beaucoup aidé avec ce processus, et pas seulement en faisant littéralement disparaître les créatures de ses cauchemars. Face à l’adolescent impressionnable qu’il était, Buffy avait incarné des fantasmes jusque là inconnus ; la beauté fantasmagorique de la jeune blonde et sa force herculéenne avaient fait contrepoids aux terreurs de la nuit. S’il existait une personne si belle et si forte, alors il n’était pas étonnant que les monstres existent. Si l’univers possédait une balance, alors la Tueuse était à un opposé, et les vampires à l’autre.

Rien, dans la logique actuelle, ne criait vampire. De plus, se rappela Xander, aucun vampire ne pouvait entrer chez lui à moins d’y être invité.
Mais si… ? lui murmurait la voix du doute. Il avait déjà invité quelques collègues dans sa maison. C’était un endroit dont il était fier, tranquille et familier, où presque tout le mobilier avait été construit de ses propres mains. Les vampires étaient malins, et Xander n’avait jamais eu l’aptitude extraordinaire de Buffy à les reconnaître sous leur visage humain.

Il suffisait d’une personne. D’une invitation. D’une erreur.
Xander ne se faisait pas d’illusion ; seul, il n’avait aucune chance.

Pourtant, il empoigna quand même le pieu qu’il gardait dans sa table de chevet. Il descendit quand même les escaliers. Il se prépara quand même à se battre pour sa vie.

Alors, lorsqu’il vit une silhouette se découper dans la pénombre de son salon, Xander ne réfléchit pas davantage : il alluma brusquement son interrupteur et brandit bien haut son pieu, rassuré du poids familier de l’arme dans sa main.

D’une voix qu’il espéra confiante, il lança :

- On ne bouge plus !

Helpless to defy his fate

D’aaa-ccord, ce n’était pas exactement ce à quoi Xander s’était attendu. Ceci dit, Xander s’était attendu à un vampire assoiffé de sang prêt à se jeter sur lui, donc… yay ?
Il examina son pieu d’un air circonspect, allant jusqu’à presser son index sur le tranchant pour vérifier son utilité et… ouais, ça faisait vachement mal, il saignait. D’accord, un pieu, ce n’était pas très conventionnel, mais les gens avaient tendant à reconnaître le danger qu’il pouvait représenter.

La manière dont se mouva l’inconnu cria aussitôt « non-humain » à Xander, lui rappelant presque la terrible expérience de sa transformation en hyène. C’était trop fluide, trop confiant, trop… félin. Le jeune homme était dangereux, Xander en était certain.
Rien, cependant, dans son discours ou son attitude, ne révélait d’agression. En fait, Xander se sentirait presque insulté que l’inconnu lui tourne le dos. Certes, il n’était pas très impressionnant, mais quand même… Il avait un pieu !

Quelque chose le titillait à propos de l’homme en face de lui. Sa façon de parler lui rappelait presque…
Et soudainement, violemment, le deuil l’envahit, si intense et inattendu que Xander en arrêta de respirer.
Anya. Le jeune homme lui rappelait Anya. Anya et son incompréhension presque innocente de l’humanité, Anya et ses questions incongrues, Anya et sa façon brutale de toujours dire ce qu’elle pensait, Anya et son incapacité à avoir du tact.

Xander se secoua férocement de son chagrin, déboussolé. Cela faisait un moment qu’il ne s’était pas senti aussi à vif. Il avait l’impression d’avoir régressé de plusieurs mois, et il dût se répéter comme un mantra : c’est normal, le deuil n’est pas linéaire, c’est normal, tout ira bien…
Après tout, il avait vu ce que le deuil faisait aux gens. Il avait vu Willow devenir folle de chagrin, avant de se remettre à sourire. Parfois, les sourires de Willow lui avaient donné envie de pleurer. Il avait Giles regarder dans le vide, comme s’il cherchait quelqu’un du regard, et nettoyer ses lunettes un peu trop longtemps pour contenir ses émotions. Il avait même vu Buffy, hagarde et furieuse, en vouloir à la terre entière.
Il les avait vu se remettre, puis replonger quand une odeur, un son, une formulation leur rappelait quelque chose. Il avait vu la terrible cruauté du deuil, car la vérité était que ça devenait plus facile d’avancer. Mais le chemin de la guérison n’était pas sans ses nid-de-poules, et il n’était pas sûr qu’il se termine un jour.

Ce fut presque par réflexe qu’il répondit à l’inconnu, habitué à devoir expliquer les choses les plus simples et les plus bizarres à des personnes hors du monde ou hors de leur temps.

- Bienvenue dans l’ère du matérialisme, mon gars. J’ai pas forcément besoin de tout ça, mais la société de consommation m’assure que si.

Le jeune homme effleurait ses meubles avec un intérêt juvénile, et Xander se demanda son âge. Il ne paraissait pas très vieux, et avait une espèce de perplexité enfantine qui ne pouvait qu’attendrir.

- Là, t’as une bibliothèque. Y a des livres dedans, tu peux apprendre toutes sortes de choses grâce à eux.

En vérité, il avait une bibliothèque parce que cela le faisait se sentir plus proche de Giles. Mais ses livres à lui n’étaient pas vraiment éducatifs ou démonologiques. En fait, presque tous ses livres étaient de la bonne vieille science-fiction.

Il se rapprocha prudemment du jeune homme, jamais plus près que ce que lui dictait son instinct. La hyène ressurgissait, et il préférait l’écouter.

- Du coup… continua-t-il d’un air nonchalant. Tu comptais faire quoi chez moi ?  

Helpless to defy his fate

Évidemment, que l’étranger savait ce qu’était un livre ! se morigéna Xander, le rouge lui montant rapidement aux joues. Ce n’est pas parce que le jeune homme lui rappelait Anya qu’il devait se comporter comme avec elle. Et puis, même Anya avait su ce qu’étaient des livres. Xander avait beau aimer taquiner Giles à ce sujet, c’était clairement quelque chose d’universel.

L’explication candide de son invité indésiré le fit presque sourire. Vraiment, cela faisait un moment qu’il n’avait pas eu affaire à une attitude aussi brute de décoffrage, et d’une certaine manière… C’était quelque chose qui lui avait manqué. Il était parfois difficile d’interpréter correctement les gestes sociaux ; Xander avait toujours été quelqu’un d’un peu trop direct, un peu trop maladroit. Willow l’avait rejointe dans cette maladresse et tous deux avaient partagé un langage propre à eux mêmes, mais avec Anya… Tout était dit, peu importe que ce soit brutal, insensible, ou crasse. Lui qui avait toujours du mal avec le sous-texte, ce genre d’attitude avait été libérateur. Là où les autres fronçaient les sourcils ou levaient le nez, Xander s’était retrouvé dans son élément.

- J’imagine que tu peux vendre mes meubles, ça pourrait valoir du fric, mais t’aurais du mal à tout embarquer, remarqua Xander.

Il n’avait pas vraiment d’objets de valeur. Un vieil ordinateur, une télévision qui grésillait dans les bons jours, le nécessaire pour chaque pièce, mais sans fioriture. Tout était fonctionnel, et si le tout gardait une certaine élégance simpliste, ce n’était pas vraiment du haut de gamme. Le matériau était solide, le travail soigné, et si l’inconnu avait de bons tuyaux, alors il pouvait se faire un petit pactole. Mais si or et bijoux étaient facile à receler quelque soit l’endroit, Xander doutait que l’apprenti voleur ait les pistons nécessaires à rencarder. Il ne gardait même pas beaucoup d’argent chez lui. Vraiment, le jeune homme était mal tombé.

- Kovu ? répéta-t-il d’un air absent.

C’était un joli nom. Fort, facile à retenir, agréable à prononcer. Ça allait bien à l’individu qui se tenait devant lui, décida Xander.

- Xander. Enchanté… j’imagine.

Il n’était plus à ça près, de toute façon. En bâillant avec force, Xander tira une chaise et s’assit dessus. Il posa ses coudes sur la table et se massa doucement les paupières. Maintenant que l’adrénaline retombait, la fatigue le frappait de plein fouet.  

- Fais comme chez toi, dit-il avec ironie en désignant la chaise en face de lui.

Est-ce que proposer à son cambrioleur de rester était stupide ? Oui, sans aucun doute. Mais Xander n’était pas réputé pour ses idées brillantes, et franchement, qu’était-il censé faire ? Il n’allait pas virer Kovu de force.
De plus, en prêtant davantage attention à son invité, il semblait vraiment jeune. Et plus maigre que ce que sa stature ne laissait suggérer. Et puis, il y avait un je-ne-sais-quoi dans ses yeux qui attirait sa sympathie.

Helpless to defy his fate

C’est maintenant que Kovu décidait de prendre en compte les convenances sociales ? Xander en aurait presque souri, mais quelque chose dans le comportement du jeune homme ne lui plaisait pas ; peut-être s’agissait-il de ce qu’il ne disait pas. Kovu lui proposait de partir, mais Xander avait l’impression de plus en plus forte qu’il n’avait nulle part où aller.

Il ne pouvait pas en être sûr, bien sûr ; mais Kovu était jeune, beau, et probablement fort. Mais surtout, il avait l’air d’être quelqu’un de décent. Alors, qu’est-ce qui pouvait pousser une telle personne à cambrioler quelqu’un en plein milieu de la nuit ? De plus, il était clair que Kovu n’avait pas l’habitude – les maisons de ses voisins auraient clairement rapporté plus que celle de Xander. Le jeune homme n’avait pas l’œil pour le repérage, et pas l’attitude pour le crime. Plus Xander y réfléchissait, moins la conclusion était plaisante : Kovu était désespéré.

Oh, il le cachait bien. Mais il avait clairement des morales qu’il s’était mis à ignorer mais qu’il ne pouvait pas complètement oublier. Cela rappelait à Xander un de ses plus grands regrets ; le jour où, par peur et par jalousie, lui aussi avait jeté ses principes.

Willow, she told me to tell you... kick his ass. (Willow, elle m’a dit de te dire… botte-lui le cul.)

Le pire était que ses paroles n’étaient pas injustifiables : à ce moment fatidique, son hésitation avait été complètement rationalisable. Il n’y avait eu aucune garantie que Willow pouvait forcer Angelus à redevenir Angel, et Angelus avait bel et bien mérité qu’on l’envoie en enfer après ce qu’il avait fait subir à tant d’innocents. Buffy avait eu son cœur brisé, mais sa vie intacte ; n’avait-ce pas été le plus important ?

Si Buffy ne s’était pas vue jeter Angel en enfer, si Xander avait eu finalement raison, ces interrogations ne lui auraient jamais traversé l’esprit. Mais il avait forcé Buffy à vivre un des moments les plus difficiles de sa vie parce qu’il s’était retrouvé incapable de faire confiance en Willow. Parce qu’il avait eu peur de tout perdre, et qu’il n’avait jamais aimé Angel. Parce qu’il avait laissé ses pires instincts lui dicter la conduite à adopter.

Il n’avait jamais rien dit, à qui que ce soit. Lui seul était le témoin de ce choix fatidique, et c’était un secret qu’il emporterait dans sa tombe. Ni Willow, ni Buffy n’avait fait le rapprochement, malgré quelques remarques qui avaient failli exposer le pot-aux-roses. Et si Xander pouvait s’en assurer, alors elles ne le feraient jamais. Car Xander n’était pas sûr qu’elles le lui pardonneraient, et alors, il serait vraiment condamné.

Le fait était qu’une des pires décisions de sa vie n’avait pas défini son parcours, par pure chance seulement. Et malgré la hyène qui ne voulait pas Kovu dans la même pièce que lui, malgré sa fatigue et malgré l’intrusion chez lui, Xander sentait une affinité avec Kovu qu’il ne pouvait pas expliquer. Mais cela lui interdisait de le laisser partir sans essayer de tendre la main.

- Kovu… entama-t-il finalement, pesant chaque mot avec soin. J’aimerais bien que tu dormes ici, ce soir.

Et puis, honnêtement, ce ne serait pas son invité le plus dangereux. Après avoir dormi dans la même pièce que Spike pendant des mois, ce n’était pas un petit cambrioleur maigrichon qui allait lui faire peur. Il y avait même eu plusieurs fois où Spike, excédé de l’inconfort de la chaise dans laquelle il dormait, s’était installé le plus naturellement du monde dans le lit de Xander. Quelque chose lui disait cependant que c’était aussi parce que le vampire avait trouvé sa gêne et son outrage hilarants. Il fallait dire que se réveiller avec une érection et des bras clairement masculins autour de lui avait été une torture toute particulière pour l’adolescent confus qu’il avait été.

Mais il se perdait. La fatigue lui dépouillait ses filtres habituels. Son cache-œil l’irritait ; il l’avait remis pour descendre de sa chambre, mais il n’était pas censé dormir avec. Fermant un instant les yeux pour se recentrer, il regarda ensuite Kovu avec franchise pour tenter de lui prouver sa sincérité.

Helpless to defy his fate

L’acceptation de Kovu soulagea Xander plus que ce qu’il ne voulait bien l’admettre, et le jeune homme laissa la tension contenue dans ses épaules retomber doucement. Il se permit même enfin d’enlever son cache-œil qui l’irritait tant, mais par pudeur et par considération pour son hôte, il garda sa main sur la blessure, se débrouillant pour la cacher tout du long. Si cela faisait bien longtemps que la douleur avait disparu, il n’en restait pas moins que la plaie était tout simplement repoussante. Xander lui-même avait peine à se regarder dans le miroir quand il lui fallait nettoyer l’orbite, et ce n’était pas une vision qu’il voulait infliger à qui que ce soit. Il gardait de plus une honte qu’il savait déplacée mais qui restait omniprésente, comme un bossu qui tenterait sans cesse de se redresser ou quelqu’un avec un bec-de-lièvre qui cacherait constamment son visage.

Mais même la main posée sur la moitié de son visage, Xander se sentait déjà beaucoup mieux. Son cache-œil à présent posé innocemment sur la table, le jeune homme réfléchit à la question de Kovu avec attention.

- Je ne sais pas vraiment, admit-il avec facilité. J’ai l’impression que je m’en voudrais si je te laissais partir comme ça. Et puis, ajouta-t-il après une légère hésitation, j’ai pas l’impression que tu sois un mauvais gars.

Il y avait aussi une petite partie de lui qui se réjouissait de chasser la solitude de son chez-lui, ne serait-ce que pour quelques heures. Xander était une créature sociale qui se flétrissait comme une fleur sans soleil s’il n’avait pas son quota d’interactions. Et il y avait toujours un je-ne-sais-quoi chez lui constamment attiré par les individus étranges ou qui sortaient du cadre. C’était d’ailleurs probablement pour cette raison qu’on l’avait surnommé « aimant à démons » ; les démons l’attiraient autant qu’ils semblaient être attirés par lui.

Pas qu’il pense que Kovu soit un démon. Quoi que, connaissant le passif de Xander, ce serait loin d’être étonnant. Mais il était clair qu’il y avait quelque chose chez Kovu qui ne criait pas tout à fait humain. Il ne s’agissait que d’une impression sur laquelle Xander serait incapable de mettre des mots ou d’en expliquer la provenance, mais il en était certain.

Ce fait établi, Xander se leva et se dirigea vers son canapé dépliable. Il avisa la main sur son œil et la gestuelle nécessaire pour faire de son meuble un lit, et soupira de dépit. Il finit par demander à Kovu :

- Tu sais comment ça marche, ces trucs-là ?

Il n’avait vraiment pas envie de remettre son cache-œil.

Helpless to defy his fate

Xander observa distraitement Kovu déplier le canapé avec aise, l’esprit déjà tourné vers le marchand de sable qui l’attendait impatiemment à l’étage. Aussi, il ne comprit d’abord pas de quoi parlait son interlocuteur.

- Tu peux retirer ta main, si ça te gêne de la maintenir sur ton œil.

Toute idée de sommeil le quitta si vite qu’il en eut le vertige. Il se détourna brusquement de son hôte, une boule dans la gorge.

Le fait était que, depuis son apparition sur l’île, il avait eu droit à de la pitié ou à de la curiosité de la plus innocente à franchement malsaine. Il avait eu droit à des questions, des silences respectueux ou impolis, des regards lourds de sens. On avait demandé, parfois même exigé, de voir ce qui se dissimulait derrière le cache-œil.

Mais on ne lui avait jamais proposé de le retirer. Et à en juger par le ton et l’attitude de Kovu, il l’avait fait en tout honneur, pour que Xander se sente plus à l’aise. Pas pour son propre bénéfice, pour satisfaire un quelconque intérêt morbide ou pour combler le genre de gêne que ressentent les gens quand ils voient quelqu’un de moins fortuné. Il ne s’était pas détourné, ne l’avait pas ignoré ni évité. Il l’avait simplement… mentionné, et tenté d’aider.

Xander avait réagi à cette perte comme il réagissait à tout, tragédie comme euphorie : avec humour. Les blagues sur les borgnes s’étaient multipliées, toutes plus douteuses les unes que les autres. Tout pour exorciser son réveil à l’hôpital, brûlé dans sa rétine, après le bain de sang qu’avait provoqué Caleb. Tout pour remplacer l’image des deux femmes les plus fortes qu’il connaissait, l’expression emplie de douleur et leurs pas hésitants. Tout pour noyer le son de leur voix réduite à un murmure, hésitante et tremblante, sans une seule note joyeuse. Tout pour effacer leur culpabilité, redresser leur dos, voir cet éclat si caractéristique dans leurs yeux – combativité, espoir, détermination. Tout pour retrouver sa Buffy et sa Willow, qui avaient menacé de s’éteindre comme une bougie dans une tempête alors qu’il n’avait ouvert qu’un œil, l’autre dissimulé par des bandages qui lui avaient autant enserré le front que le cœur. Tout pour se convaincre autant que pour convaincre le reste du monde que cette épreuve aussi, il pouvait la surmonter.

Alors Xander avait blagué, parce que c’était ce qu’il faisait de mieux. Parce que c’était confortable, lourd du poids rassurant de la routine. Parce qu’il n’avait jamais su comment réagir autrement. Et Xander avait continué de blaguer, et continuerait de blaguer. Et à travers son humour, les gens s’ouvraient, devenaient moins hésitants, et finissaient par s’habituer à son œil manquant jusqu’à ne plus y accorder d’importance.

« Ouais, c’est Xander. Hum ? Borgne ? Ah oui, c’est vrai, y a ça. T’inquiète, il s’en fout. »

Il s’en foutait pas. Il avait encore un complexe de la taille de Sunnydale. Mais il prétendait si bien que parfois, lui-même l’oubliait.

Mais ce soir. Il était tard, et Xander se sentait mélancolique. Une fatigue toute particulière s’accrochait à ses chevilles et alourdissait sa poitrine. Le deuil se mélangeait à la solitude, ironiquement soulignés par sa compagnie si particulière qui lui rappelait ce qui lui manquait. Et la gentillesse de Kovu le déchira en deux. Si bien que le regard brillant et les poings serrés le long du corps, il se retourna lentement. Et, pour la première fois peut-être, exposa sa honte à quelqu’un d’autre par choix.

Il se sentait nu et terrifié, alors il enchaîna bien vite par :

- Hé, au moins c’est pratique pour cacher de la drogue !