(terminé) If I could, I would vanish (Jane&Nathan)

If I cold, I would vanish

feat. Nathan

La tête collée à la vitre sale du bus, Jane laisse ses pensées vagabonder au gré d’un paysage relativement morose, la tête trop pleine pour que la musique envoyée par ses écouteurs sans fil (quelle invention de génie, ça) suffise à taire les différentes réflexions qui se mènent bataillent dans son esprit chahuté. Jane pensait qu’à partir du moment où elle aurait retrouvé tous ses proches, pour peu qu’elle finisse réellement par les retrouver, elle se sentirait mieux. Elle a véritablement cru que quelque chose se réparerait de soi-même en elle dès lors qu’ils seraient de retour. Ça a été en partie vrai. Et en partie faux aussi. Car les retrouver, ça a été devoir accueillir leur histoire dans ce qu’elle a eu de plus terrible – elle n’arrive pas à se pardonner ce qui est arrivé à Maxine, même si elle n'y peut pas grand-chose –, ça a aussi été constater ce que le temps pouvait faire de ravages sur des relations qui avaient pourtant été fortes et même essentielles.

Elle garde de ses retrouvailles avec Mike, encore toutes récentes, un sentiment douloureux et amer, de ceux qui vous transpercent le cœur de part en part. Elle ne sait plus qui lui avait raconté que quand on était triste, écouter des chansons mélancoliques faisait du bien… Ce qu’elle sait, c’est qu’elle n’a pas écouté ce conseil bien longtemps… c’est maintenant le rythme effréné des titres de Joan Jett qui lui caresse les tympans, si bien qu’elle n’entend plus grand-chose de ce qui se passe autour d’elle. Inattentive, elle ne comprend pas, au moment de voir le bus s’arrêter, qu’ils ne sont pas à un arrêt, mais que la police a fait arrêter le véhicule. C’est au moment de voir ce jeune homme littéralement ramper jusque sous son siège qu’elle comprend que quelque chose cloche. Elle retire ses écouteurs, analyse rapidement la situation dans son ensemble.

Son regard, curieux, se pose sur ce garçon a l’air égaré. Elle entend son discours et un élan de familiarité la traverse immédiatement. Elle ne sait pas qui il est, elle ne sait pas pourquoi il se sent l’obligation de se cacher… elle ne voit que les larmes dans ses yeux. Elle a été à sa place, elle a été cette personne qui se cache des autorités, qui prie pour obtenir une aide qui ne se présente pas toujours. Alors, même si c’est peut-être un tort, quand il lui fait comprendre qu’elle doit le couvrir, elle le fait sans même y réfléchir. Jane réfléchit à toute vitesse, elle décide de retirer son sac de la place à côté d’elle pour venir le glisser sous ses jambes afin de mieux dissimuler cet étrange garçon, après avoir récupéré sa pièce d’identité au passage. Elle est nerveuse au moment de voir les deux flics se rapprocher, mais elle donne le change au moment de leur tendre sa carte d’identité. Les types la dévisagent un instant puis lui rendent sa carte dans un hochement de tête. L’un des deux gars balaie l’habitacle du véhicule du regard, avant de, semble-t-il, admettre qu’il n’y a effectivement rien  à signaler. Après que le chauffeur se soit excusé de ce contre-temps, le bus reprend sa route. C’est après qu’ils se soient éloignés de plusieurs mètres et que la silhouette des deux flics disparaisse à l’angle d’une rue.

« C’est bon, tu peux sortir, personne regarde », souffle-t-elle à l’adresse du garçon, attendant qu’il s’extirpe de sa cachette pour reprendre la parole. « Qu’est-ce qu’ils te voulaient ? »

If I cold, I would vanish

feat. Nathan

Jane considère son interlocuteur avec plus de curiosité que de défiance. Est-ce qu’elle peut le croire quand il lui assure qu’il n’a rien fait ? Il serait stupide de le croire sur parole. Après tout, elle ne sait rien de lui, elle ne le connaît pas, ni lui, ni son histoire – en fait, elle ne sait même pas son nom. C’est juste un pauvre type qui s’est jeté sous son siège et que la police recherche pour une raison X ou Y. En toute logique, elle devrait s’inquiéter, mais elle est convaincue du fait que Nathan est inoffensif, ou qu’en tout cas, il ne fera preuve d’aucune agressivité à son égard (et dans le pire des cas, elle sait se défendre). Les injustices, ça existe, les erreurs de parcours également. El a connu l’une et l’autre, et c’est ce qui la rend probablement à ce point conciliante et résolument calme au moment de s’adresser à lui.

Le garçon tente de lui faire un résumé rapide de la situation. « Un truc qu’il a pas fait », c’est vague, mais d’un autre côté, il ne la connaît pas, c’est plutôt normal qu’il ne commence pas à se confier à elle en long, en large et en travers. C’est en tout cas suffisamment grave pour qu’il s’imagine que cette descente de la police lui ait été destiné, et pour qu’il craigne de finir derrière les barreaux une nouvelle fois, ce qui veut dire qu’il a réussi à s’échapper… en se faisant passer pour mort ? Mais comment personne n’avait-il rien pu remarquer ? Quelque part, c’est pas très rassurant, mais El est toujours plus avide de comprendre qu’inquiète de ce que garçon pourrait lui dire ou lui faire.

« Jane », se présente-t-elle quand son interlocuteur daigne lui donner son nom. Nathan. Elle sent son regard peser sur elle, mais elle ne comprend pas de suite l’intérêt réel qui peut se dissimuler derrière un tel regard. « C’est rien », elle reprend quand il la remercie de l’avoir planquée.

Si, c’est quelque chose, peut-être bien qu’elle s’est rendue complice d’un criminel notoire, peut-être que son regard insistant signifie qu’il va vouloir s’en prendre à elle… mais El n’achète pas ces théories. Peut-être qu’elle a vécu en vase clos trop longtemps, au fond, Hopper criserait sûrement en la voyant faire montre d’une telle désinvolture, d’ailleurs… mais voilà, Hopper n’est pas là. Et elle, en attendant, elle fait bien ce que tu veux.

« Ça marchera pas éternellement, de te planquer », elle fait en fouillant son sac semble-t-il à la recherche de quelque chose. « S’ils veulent te trouver, ils vont forcément finir par y arriver », elle ajoute d’un ton presque pragmatique. Oui, elle ne pense pas que Nathan puisse espérer s’en tirer en restant en cavale toute sa vie. El a envie de poser plein de questions, pour en savoir plus sur ce qu’il a fait ou est supposé avoir fait, mais elle préfère ne pas avancer le sujet trop vite. Elle finit par tirer un paquet de gaufres de son sac. « T’en veux une ? »

If I cold, I would vanish

feat. Nathan

Jane adresse un regard à Nathan qui pourrait simplement se traduire par « J’en sais rien » quand le jeune homme suggère que ces policiers donnaient l’impression de le chercher. La coïncidence des événements avait forcément laissé penser la même chose à El. En même temps, quand un inconnu vient se planquer sous votre siège pile cinq secondes avant qu’un duo de flics vous fasse passer un contrôle d’identité, il y a de quoi douter, mais il se peut tout à fait que cela n’ait en réalité absolument aucun rapport, en fin de compte. Alors dans le fond, peut-être que c’était une coïncidence toute bête, peut-être que non, mais il a tout intérêt à se méfier malgré tout. On n’échappe que rarement à ceux qui nous pourchassent. Tôt ou tard, il faut accepter de les affronter. Même si c’est la dernière chose que l’on souhaite. La fuite perpétuelle n’est jamais une solution.

« C’était comment, ta vie d’avant ? » demande Jane avec curiosité en tendant son paquet de gaufres à Nathan, qu’il accepte de bon cœur.

Bon, faire tranquillement la conversation avec un criminel potentiel n’est pas forcément la meilleure idée qu’El ait jamais eue, mais cette dernière ne se sent ni inquiète, ni menacée. Non, en vérité, elle est à peu près certaine du fait que, quand bien même ce garçon serait coupable de quoi que ce soit, ses intentions envers elle ne sont pas mauvaises – ou bien elle est complètement à côté de la plaque… Ceci dit, dans un bus bondé, elle ne pense vraiment pas craindre grand-chose.

« T’as vu ? » fait El avec un sourire plus large quand il complimente ses gaufres. Bon, elle y est pas pour grand-chose, mais… Elle sait qu’un rien peut être une source de réconfort quand une situation semble désespéré. Ces petites choses sucrées ont été la sienne, de source de réconfort. Les gaufres et la présence de Jim, évidemment. « Je les trouve excellentes, moi aussi. » Son sourire se décompose un peu, malgré tout, quand Nathan, en toute transparence, évoque sa mère. « Je suis désolée pour ta mère… » Comme en connivence, Jane songe qu’elle devrait peut-être parler de la sienne, de mère, mais même si Nathan lui a parlé d’un sujet si personnel en si peu de temps, elle ne se voit pas en passer par une étape aussi personnelle. « Enfin tu sais… la famille qui compte, c’est celle qu’on se choisit. »

Comme elle a choisi Jim, et Joyce, et les Byers. Comme eux-mêmes l’ont choisie. Tout en mordant dans sa gaufre, elle se retient de le dévisager avec trop d’insistance, même si c’est plus fort qu’elle. Elle ne peut s’empêcher de s’interroger sur son parcours, sur la vie qu’il a vécu pour en arriver là, sur ce à quoi peut ressembler le monde duquel il vient… Autant de questions qu’elle ne pose pas, comme si elle espérait qu’il y réponde de lui-même sans qu’elle ait besoin de demander quoi que ce soit.

If I cold, I would vanish

feat. Nathan

Le jeune homme semble indifférent à ce qu’était sa vie d’avant… El ne peut s’empêcher de se demander ce que cela fait. Elle-même n’a plus qu’une vague idée de ce qu’était sa vie avant de rencontrer Mike et toutes les rencontres qui s’en étaient suivies, mais elle ne pense pas qu’elle serait capable de considérer avec une indifférence réelle des moments de sa vie qui l’avaient construite d’une certaine manière, même si elle ne s’en rappelle pas tout à fait. Malgré tout, et même s’il commence par hausser les épaules, il finit par lui apprendre avoir vécu à Londres et enchaîné les conneries. Oui, à l’évidence, ils ont eu des vies très différentes, tous les deux. Mais la manière qu’il a d’en parler donnerait presque l’impression que ce n’était pas si mal, en fin de compte… peut-être parce qu’il le pense, après tout ? Va savoir.

Elle n’est pas sûr de tout comprendre, surtout à la gravité de ce que le jeune homme a vécu. Il semble tout prendre par-dessus la jambe, si bien qu’il est difficile de se faire une idée de ce qui l’aura affecté ou non. Elle est convaincu qu’il en montre bien moins que ce qu’il éprouve réellement, que ce soit au sujet de son passé ou au sujet de sa mère et de cette famille sur laquelle il ne peut pas compter. D’accord, ce garçon a l’air d’être du genre délinquant, le genre de type avec qui le fait d’avoir ne serait-ce qu’une banale conversation rendrait déjà chèvre Jim. Cette pensée amuser Jane plus qu’elle ne l’alarme au passage. Elle en viendrait presque à regretter qu’il ne soit pas présent, ici et maintenant pour assister à la scène.

Elle ne sait pas si cette conversation mènera à grand-chose, elle a un peu l’impression que le garçon lui fait du rentre-dedans, mais comme elle a plutôt l’habitude que les garçons, en dehors de Mike, ne s’intéressent pas particulièrement à elle, alors il y a des signes qu’elle ne réussit pas à repérer aussi facilement au final.

« Non, on s’en cogne pas vraiment en fait », répond Jane en le fixant, plus intriguée que satisfaite de ses réponse un peu vague. « Ma vie a pas forcément été mieux, mais ce serait trop long à expliquer », répond-elle afin de noyer le poisson et ne pas avoir à donner d’explication plus précise à son interlocuteur, même si ce ne serait pas du luxe, évidemment. « C’était compliqué… Mais c’était bien, aussi… » Certaines choses, étrangement, lui paraissaient moins compliquées du temps d’Hawkins qu’ici, où pourtant, le monde à l’envers ne semble plus exister. « C’est quoi cette histoire de pouvoirs chelous ? » demande-t-elle, rebondissant sur cette information qui n’est clairement pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Bien sûr qu’elle y est attentive, parce qu’elle a comme l’intuition qu’elle pourrait bien se reconnaître dans le discours de son interlocuteur plus que ce que ce dernier pourrait bien soupçonner.

If I could, I would vanish

feat. Nathan

« C’est pas nul parce que c’est triste », réplique aussitôt Jane qui n’est pas du tout raccord avec cette manière de penser. Elle ne croit pas qu’il faille être indifférent à la vie et au passé de son interlocuteur sous le prétexte qu’ils ont été difficiles ou douloureux, c’est ce qui nous construit, après tout. Si El, de son côté, avait pu connaître une enfance très différente, si elle avait grandi aux côtés de sa mère, qui sait ce qu’elle aurait bien pu devenir ? Quelqu’un de bien différent, elle est certaine. « T’as pas ta langue dans ta poche, toi, hein ? » ajoute-t-elle quand Nathan reprend la parole en qualifiant sa situation passée de « belle grosse merde ».

Son langage est définitivement plus fleuri que le sien, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour ce qui est de se rattraper, il voit bien que Nathan est un perturbateur, mais pas un mauvais garçon au sens le plus strict du terme, c’est sans doute pour cette raison, d’ailleurs, qu’elle se permet de se comporter comme elle le fait avec lui plutôt que de rester sur sa réserve. Elle est capable de réellement comprendre sa solitude.

« Hmm… je sais pas trop », se contente de répontre Jane. C’est donnant-donnant. Étant donné le peu d’informations que lui a confiées Nathan, elle ne sait pas si elle ferait vraiment bien de lui en dire plus de son côté. En fait, son instinct lui hurle même que non, ce serait probablement une mauvaise idée. « De toute façon, je me souviens plus de grand-chose », ajoute-t-elle dans un haussement d’épaules navré, parce que c’est effectivement le cas.

Elle en sait suffisamment et on lui en a dit bien assez pour qu’elle sache pertinemment d’où elle vient et une bonne partie des difficultés qu’elle a rencontré, mais elle n’est pas sûr que rentrer dans le détail avec ce garçon qu’elle connaît à peine et qui a bien failli se faire arrêter par les flics juste sous son nez soit une bonne idée pour autant. En fait, c’est même sûr et certain que c’est la pire idée possible.

« C’était quoi ton autre pouvoir ? » elle demande en le fixant, comme pour le déterminer d’elle-même, mais elle ne fait aucune suggestion.

Est-ce que la foudre peut vraiment vous donner des pouvoirs ? ça lui semble impossible, mais après tout ce qu’elle a vécu, ce n’est pas comme si cette bizarrerie-là devait la heurter plus que les autres, bien au contraire.

« Moi aussi, tu sais… » Pour illustrer son propos, elle concentre son attention sur son paquet de gaufres et le fait flotter quelques secondes sous le nez de Nathan. « Enfin, rien à voir avec la foudre, dans mon cas », ajoute-t-elle en essuyant mécaniquement le sang qui a coulé en léger filet de son nez durant sa démonstration.

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feat. Nathan

« Une partie », répond El d’un ton évasif, pour ne pas avoir à expliquer en détail quelque chose qu’elle n’est pas totalement certaine de savoir appréhender elle-même pour commencer, quand Nathan lui demande si elle a perdu ses souvenirs.

Elle sait que pour beaucoup, la lune rouge a été une atteinte terrible à leurs connaissances, parce que leurs souvenirs s’étaient estompés (même si l’on soupçonnait certains de jouer la comédie), mais ce n’est pas le cas pour la jeune femme qui souffrait déjà de ces manques, de ces blancs, avant même son arrivée sur l’île. Ce qu’elle ignore aujourd’hui, c’est qu’elle était parvenue à reconquérir parmi les souvenirs les plus importants de son histoire… et pourtant, elle ne s’en souvient tout simplement plus à présent….

Quand Nathan lui parle de ses autres pouvoirs, elle l’écoute plus attentivement. Une sorte de déformation de la réalité, vraiment ? Elle doit bien reconnaître qu’elle ne sait trop de quelle manière l’interpréter, mais elle trouve ça fascinant. Elle suppose que ce serait plus simple s’il le lui montrait.

« Il faudrait quoi ? » demande-t-elle, attentive et en partie fascinée.

Elle-même choisit la démonstration afin de montrer à son interlocutrice que, au moins sur ce point-là, ils ne sont pas si différents, tout compte fait. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Nathan accueille l’information sans aucune discrétion, ce qui a le don de faire franchement sourire El qui, de son côté, est plutôt habituée aux réactions excessives de la part de ceux qui n’ont jamais vu ses pouvoirs à l’œuvre. Eddie en avait été un excellent exemple, en ce sens. Elle se permet de sourire plus largement quand il assure qu’il trouve son pouvoir trop cool. Il a l’air tellement motivé qu’elle n’a même pas le cœur de lui dire qu’elle est supposée sortir six stations plus loin et qu’elle va probablement perdre beaucoup de temps… d’un autre côté, en toute honnêteté, elle n’a pas forcément grand-chose d’autre à faire, il faut tout de même qu’elle l’admette.

« Bon OK ça marche », confirme-t-elle en levant la main en frappant celle déjà levée de Nathan dans la sienne. « Ça a intérêt à valoir le coup », ajoute-t-elle en appuyant sur le bouton « stop » dans le même temps.

Le bus s’arrête à la station suivante et le duo peut sortir du véhicule tranquillement. Jane continue d’adresser le regard le plus intrigué du monde à son interlocuteur. Vraiment, elle n’est pas sûr de comprendre à quel genre d’individu elle a affaire, mais ce garçon a le mérite d’apporter un peu de nouveauté à un quotidien devenu un peu trop routinier, quelque part.

« Bon alors, dis-moi, qu’est-ce qu’il te faut pour faire ton truc, là ? »

Peut-être qu’elle-même, avec ses propres pouvoirs, réussirait à quelque chose. Elle n’en est franchement pas sûre, mais elle reste curieuse.

If I could, I would vanish

feat. Nathan

Jane affiche un sourire en coin. Tout bien considéré, si elle a parfois pu utiliser ses pouvoirs de façon un peu légère – pour espionner tranquillement Mike et Lucas, par exemple –, elle n’a pas si souvent fait usage de ses capacités pour le simple plaisir de s’en amuser. Elle associait ses pouvoirs à une sorte de danger tacite, à l’upside down… mais ici, elle pourrait bien, peut-être, en faire ce qu’elle veut, et sans que cela n’ait de conséquence sur personne… peut-être, mais elle reste réticente à ce sujet malgré tout. Plutôt que de se focaliser sur ses propres pouvoirs, elle préfère s’intéresser à ceux de son interlocuteur qui, une fois qu’ils sont descendus du bus, arrivés dans un quartier que ni l’un ni l’autre ne connaît, lui demande ce qu’elle aimerait voir en premier.

« J’ai pas spécialement envie de te voir te jeter sous les roues d’une voiture… »

A cette possibilité, le rire de Jane se fait un peu nerveux. Elle ne peut pas totalement passer à côté de la possibilité que ce type soit un illuminé. Et s’il se jetait bel et bien sous les roues d’une voiture, était mortellement blessé, et ne revenait pas d’entre les morts ? C’est un risque que la jeune femme ne lui ferait clairement pas prendre, sous aucun prétexte, même. Va pour l’autre pouvoir, donc, et qui l’intrigue beaucoup.

Elle se laisse conduire jusqu’au terrain vague le plus proche, et tandis qu’ils franchissent la palissade, El se demande très franchement ce qu’elle est en train de faire. Ce n’est pas du tout son genre que d’agir comme elle est en train de le faire, mais qu’importe que ce ne soit pas dans ses manières de faire, c’est loin de lui déplaire. Elle se laisse entrainer dans un terrain abandonné par un fugitif, un inconnu, dans un endroit qu’elle ne connaît pas. C’est fou, et c’est probablement dangereux, mais la jeune femme ne s’alarme pas outre mesure. Elle est plutôt… curieuse, et impatiente de voir où tout ceci finira par les mener.

« Si ta déformation de la réalité ne fonctionne pas, je te prendrais pour un immense menteur et je serai vraiment très déçue », réplique-t-elle avec un sourire malicieux.

Elle ne sait totalement expliquer la complicité qu’elle partage si naturellement avec Nathan… elle devine qu’elle reconnaît une part d’elle en lui, quand bien même on ne peut nier le fait qu’ils soient très différents tous les deux. Elle aime l’idée d’aller au-delà de ses habitudes, ou de ce qui devrait être acceptable de sa part ou non. Une fois au milieu du terrain vague, seulement habité de quelques détritus au sol, Jane reporte toute son attention sur son interlocuteur.

« Eh bien vas-y, je t’en prie. Impressionne-moi. »

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feat. Nathan

« Ouais, on verra… », répond Jane, pas franchement convaincue, avec un fin sourire quand Nathan affirme qu’un de ces jours, il lui montrera son don d’immortalité.

Elle veut bien croire que ce soit impressionnant, en revanche, elle n’est pas pressée de le voir à l’œuvre, elle a déjà assisté à suffisamment de monstruosité durant sa courte existence pour s’épargner celle-ci. Par ailleurs, El n’est pas convaincue du fait qu’ils se reverront. Certes, elle apprécie la compagnie de ce garçon haut en couleur, mais de là à s’imaginer le fréquenter régulièrement… il ne faut pas abuser non plus. Quoi qu’il en soit, elle ne le contredit pas. Si elle se passera bien d’avoir une démonstration en live de ses talents pour mourir et revenir à la vie, elle est en revanche curieuse concernant cet autre don au sujet duquel il lui promet une démonstration sans être certain pour autant y parvenir. El lui met gentiment la pression, mais elle n’a absolument aucune raison de ne pas le croire. Elle aussi possède des pouvoirs, après tout, et elle est impatiente et curieuse de voir ceux de son interlocuteur à l’œuvre… Elle a le sentiment qu’en dépit de tout ce qu’elle a déjà vu et connu, il pourrait bien être capable, malgré tout, de la surprendre.

El ne le quitte pas des yeux tandis que Nathan se positionne au milieu du terrain vague. Quand elle le voit ramasser une vieille canette rouillée, elle grimace légèrement. C’est un coup à se couper et à se choper le tétanos, ça ! Mais elle ne dit rien et elle le laisse poursuivre malgré tout. Elle attend de savoir ce qu’il compte en faire. Il a en tout cas l’air particulièrement concentrée, et elle réalise que ce n’est pas un exercice habituel pour lui. Elle l’a plus vu, jusqu’ici, s’agiter dans tous les sens que quoi que ce soit d’autre.

Elle le voit perdre petit à petit son sang froid et sa patience. Si c’est ce dont il a besoin pour que son pouvoir se manifeste, alors il est clairement mal barré. Elle a presque envie de lui faire un commentaire, ou juste décider qu’elle a passé suffisamment de temps dans un terrain vague avec un gamin inconnu et éventuellement recherché par les flics de surcroît, mais la curiosité l’emporte, et finalement, en lieu et place de la cannette, elle voit apparaître une élégante boule à neige. Jane se rapproche, intriguée, et son sourire s’élargit avant de disparaître au moment de voir la boule à neige s'écraser au sol.

« C’est impressionnant », reconnaît Jane, qui contemple les morceaux éparpillés au sol. « Ça fonctionne comment ? Tu l’as vraiment transformée ? Ou c’est juste une illusion ? Tu peux faire ça sur les gens, aussi. »

Mais alors qu’elle prononce ces mots, Nathan, en roue libre, a déjà une autre idée en tête.

« Ah non, hors de question », fait-elle en le retenant par le poignet. « Je t’ai dit que je voulais pas te voir mourir. »

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feat. Nathan

Les pouvoirs de Nathan sont incroyables, Jane ne peut s’empêcher de se montrer fascinée par ce qu’elle découvre en cet instant. Avec des pouvoirs pareils, le jeune homme serait probablement capable de faire des choses absolument incroyables… mais des choses positivement terrifiantes, aussi… tout dépend de l’usage qu’il devrait décider d’en faire. Et c’est bien ça, le truc : et s’il décidait d’utiliser ses pouvoirs à mauvais escient ? Elle ne le connaît pas, après tout, et elle l’a suivi sur ce terrain vague, où il pourrait bien manipuler la réalité pour la manipuler elle… est-ce que ce serait pas le moment de prendre ses jambes à son cou et de partir ? Peut-être bien, mais elle ne bouge pas, elle reste. Parce qu’elle aime bien la compagnie de Nathan, parce qu’il l’amuse, et parce que sa personnalité hors du commun lui change agréablement les idées.

« Aoutch… c’est horrible et en plus ça a dû être super douloureux, pourquoi t’as fait ça ? » grimace Jane quand Nathan lui fait la confidence d’être déjà parvenue à sortir un lapin de son postérieur… charmant… mais quelque chose lui laisse penser que ce garçon doit avoir l’habitude d’expérimenter des choses un peu bizarres. « Le lapin allait bien au moins ? – non, oublie, en fait, je veux pas connaître les détails », précise-t-elle finalement, convaincue du fait que ce serait tout sauf une bonne idée, en fin de compte. Elle prend sur elle et s’efforce de compartimenter les différentes informations que lui adressent son interlocuteur, et qui sont plus à encaisser qu’on ne le soupçonnerait. « T’as vraiment un passif avec les flics, toi, hein ? »

Jane songe à ce que serait la réaction de Jim s’il devait rencontrer ce garçon atypique et fauteur de trouble. Elle est convaincue que l’idée qu’elle lui parle plus de deux minutes le ferait sortir de ses gonds… et elle aimerait vraiment qu’il ait l’occasion de le lui reprocher… oui, elle voudrait tant que Jim soit là… malheureusement, ce n’est pas le cas, et elle doit faire avec… Et en attendant, elle a tout le loisir de se faire les pires fréquentations possibles. Au moins, en compagnie de Nathan, elle n’a clairement pas l’occasion de s’ennuyer – c’est même tout l’inverse.

« Appelle ça comme tu veux, mais ouais, je suis toujours pas partante pour te voir crever… et je sais pas pourquoi tu t’infliges ça à toi-même. T’as la chance d’être en vie, profites-en plutôt que de réfléchir à toutes les manières qui existent de mourir, non ? » suggère-t-elle avec un fin sourire.

Et oui, il pourra lui reprocher de ne pas avoir le cœur assez bien accroché (mais il n’a pas idée de toutes les horreurs dont elle a été témoin au cours de son existence – elle n’est clairement pas à un événement traumatisant près, même si, à choisir, elle préfère quand même ne pas avoir à y assister si on lui laisse le choix – et en l’occurrence, Nathan semble le lui laisser. Aux dernières nouvelles.

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feat. Nathan

Jane grimace légèrement tandis que Nathan lui donne le détail de son expérience avec ce lapin… elle n’est pas sûre de vouloir en savoir plus, en réalité. Son imagination beaucoup trop fertile n’apprécie pas vraiment de devoir visualiser la chose trop en détails, pour être honnête. Alors bon, au moins, le lapin allait apparemment bien… en revanche, pour ce qui est d’être drôle… elle a du mal à voir qui ce serait susceptible de faire marrer, mais elle devrait vraiment arrêter de se poser des questions, fin de l’histoire.

Elle ne pose pas plus de questions sur le sujet, et se retient aussi d’en poser concernant la famille de Nathan, même si elle se pose beaucoup de questions concernant ses parents dégénérés… Elle ne le connaît pas assez pour oser l’interroger, mais elle n’est pas surprise… On est quand même façonné par notre expérience, par la manière dont on a grandi… Si El n’avait pas passé toute son enfance dans un laboratoire, à être traitée comme un rat de labo, peut-être qu’elle aurait un caractère et des valeurs très différentes aujourd’hui.

« Je vois le genre… », soupire El sans entrer dans les détails quand Nathan remarque que les ennuis le cherchent quand ce n’est pas lui qui cherche les ennuis, et quand bien même il essaierait de se ranger, il faisait office de bouc émissaire parfait auprès de beaucoup.

Il regrette de l’apprendre, quelque part, mais on ne peut pas dire qu’il soit surpris, en revanche. Non, il fallait définitivement s’y attendre, vu les circonstances. Et au bout du compte, Jane le regrette pour lui mais ne sait pas quoi lui dire. Prétendre qu’il exagère serait clairement mentir, et même si elle éprouve de l’empathie pour lui, elle est convaincue qu’il n’attend pas ce genre de choses de sa part, et qu’elle le prendrait peut-être même pour une certaine forme de condescendance, au bout du compte.

« Moi j’en ai quelque chose à faire », réplique Jane d’un ton soucieux quand il répète que tout le monde s’en fout de lui. Elle ne le connaît pas, c’est vrai, mais ça ne l’empêche clairement pas de s’inquiéter pour lui… Bien au contraire, même, elle se fait un réel souci le concernant, et elle éprouve une certaine compassion pour ce garçon qui visiblement est resté seul trop longtemps. « J’ai jamais dit que je te croyais pas, je te crois… Et c’est justement parce que je te crois aussi quand tu dis que c’est super impressionnant que je préfère ne pas voir ça. » Elle marque une pause. « Moi je crois que j’aimerais bien voir les morts. Enfin… pas tous les morts, évidemment. Mais certains. » Elle lui adresse un fin sourire. « Tu devrais arrêter de te dévaloriser autant, tu sais. »

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« Je pense que tu dis ce genre de choses pour éloigner les gens de toi », observe Jane en le fixant un instant. Il semble franc dans son discours quand il affirme être un connard que l’on n’aurait pas envie de fréquenter… sauf qu’elle n’a pas du tout cette image de lui pour le peu qu’ils ont parlé. Oh, elle n’a aucun mal à entrevoir les raisons pour lesquelles Jim le détesterait à coup sûr s’il avait l’occasion de le rencontrer, mais en attendant, il s’est montré drôle et attentif avec elle, et même s’il est plutôt impulsif, visiblement un nid à problèmes, et c’est vrai plutôt vulgaire, il la fait rire et lui a semblé tout sauf mal intentionné à son égard. « Mais je ne crois pas que tu sois vraiment comme ça. » Elle l’observe quelques secondes. « On se façonne des carapaces pour que les gens ne voient pas qui on est vraiment. »

Quand on sait qui on est vraiment, car en ce qui la concerne, El, encore aujourd’hui, n’est pas certaine d’avoir de réponse définitive à cette question. Oh, elle le voudrait, mais objectivement, elle se cherche encore, et ne s’est probablement toujours pas trouvée, raison pour laquelle ceux qui ont une personnalité construite et bien affirmée, à l’instar de Max ou encore de Nathan, lui plaisent assez naturellement.

« Il y en a plusieurs que j’aurais envie de revoir, mais quelqu’un en particulier, oui », répond-t-elle honnêtement à la question de Nathan, même si elle n’est pas sûre de vouloir aborder le sujet avec lui au risque de se faire du mal… c’est qu’il est difficile de passer outre la douleur, de faire comme si de rien n’était quand le manque et la tristesse nous est chevillée au corps.

Alors elle se focalise sur le pouvoir de Nathan. C’est sûr que voir les morts quand on n’a rien demandé à personne, ça doit être… particulièrement traumatisant, srutout si on les retrouve dans l’état où ils sont morts… Elle pense à toutes ces victimes tuées dans des conditions abominables et cette pensée lui arrache une grimace presque malgré elle.

« Pourquoi ça a aggravé ta situation avec les policiers ? » demande-t-elle, se mêlant définitivement de ce qui ne la regarde pas.

Elle ne reviendra pas sur le fait que Nathan se dévalorise, parce que même s’il prétendra le contraire, ou fera mine de s’en moquer, elle n’est pas dupe, et elle est véritablement convaincue du fait que ce n’est pas le cas. Elle sait que si elle insiste, il continuera de nier, et ça ne servira à rien. Inutile d’aller jusque-là, donc, elle se contente, à la place de laisser parler sa curiosité le plus possible, et sans céder à la tentation de la mettre en sourdine.

If I cold, I would vanish

feat. Nathan

El se contente de balayer la question de son interlocuteur d’un haussement d’épaules à la question qui pouvait se permettre d’être indiscrète de son interlocuteur. Elle n’a pas envie d’y repenser, alors elle ne veut pas en reparler non plus. Nathan n’y est pour rien, ce n’est pas un manque de confiance ou de considération de sa part que de refuser de lui dire quoi que ce soit, elle s’efforce seulement de se préserver autant qu’elle le peut… Ce n’est pas une chose facile pour elle, mais elle sait néanmoins qu’elle le doit, et même que c’est on ne peut plus important. Alors plutôt que de s’attarder sur ce sujet déprimant, elle choisit de s’intéresser à la vie de Nathan… ce qui n’est pas forcément mieux, dans le fond, quand on y pense, car la vie du jeune homme n’est pas franchement moins déprimante, loin s’en faut, même. S’il devait refuser de lui expliquer les raisons pour lesquelles les flics le recherchaient, elle se sentirait frustrée, et sa curiosité la pousserait peut-être dans des directions peu glorieuses, mais elle n’a pas la moindre intention de l’influencer pour autant, loin de là, même.

Mais Nathan semble d’humeur à parler. Il semblerait que la jeune femme soit parvenue à obtenir sa confiance, et même si ça peut n’avoir l’air de rien, c’est une chose importante à ses yeux que de sentir qu’ils sont capables de se comprendre mutuellement. Car c’est bel et bien le cas en effet. La jeune femme se sent étrangement en confiance avec son interlocuteur, même si elle devrait peut-être se méfier, et pour cette raison, elle a envie d’en entendre plus à son sujet, elle a envie de l’entendre se dévoile, d’autant qu’elle devine qu’il n’a pas forcément grand monde à qui parler, pas grand monde qui sera capable de s’identifier à ce qu’il traverse, en tout cas… et sur ce point, autant dire que Jane est capable, parfaitement capable de le comprendre.

« Je te crois », c’est ce qu’elle lui répond avant toute chose quand il lui apprend avoir été accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis.

Elle a peut-être tort de raisonner ainsi, elle a clairement tort de raisonner ainsi, mais elle est incapable de croire que ce garçon soit capable de tuer qui que ce soit – en dehors de lui-même, et certainement pas volontairement, en tout cas. Il s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment, et personne n’a voulu accorder du temps ou du crédit au petit délinquant qu’il était.

« C’est comme ça que t’échappes à tous tes problèmes, toi, hein ? En échappant à la vie. » Elle pousse un soupir. « C’est tellement injuste, ce qui t’arrive… T’es sûr qu’il y a aucun moyen de t’innocenter ? Peut-être qu’en y réfléchissant à deux… je sais pas, on doit bien trouver des preuves, un moyen de faire comprendre à ceux qui te soupçonnent que t’as rien fait du tout, pas vrai ? »

Douce rêveuse, El… mais elle a plus que jamais besoin d’y croire, en l’occurrence.