Cette chose joue avec vos peurs profondes. [PV Lorraine Warren]

Dès la première fois où il avait croisé la petite Beth, le Docteur avait pensé qu’il y avait quelque chose de spécial chez cette petite. Douce, mignonne, un peu timide, elle était une âme bonne et généreuse, simple dont les gens pouvaient abuser facilement, et le Docteur ne pouvait envisager qu’il lui arrive quelque chose de mal. Il était déterminé à veiller sur elle autant qu’il pouvait le faire afin que personne n’abuse de sa tranquille bienveillance. Beth n’était pas de celles qu’on emmenait dans le TARDIS, pour vivre d’extraordinaires aventures. Tout au plus l’emmènerait-il assister à un concert de Beethoven ou de Mozart, mais pas combattre les Daleks.

Il l’avait croisée à plusieurs reprises, par hasard, dans la ville, en compagnie d’une curieuse femme. Il ne la sentait pas. Beth semblait contente de la voir, mais le Docteur était persuadé que le sourire de la demoiselle avait quelque chose de diabolique. Cela ne l’aurait pas autrement surpris que ce soit un Dalek caché sous un visage humain, comme cela avait déjà pu être le cas par le passé. Mais il ne pouvait pas le prouver. Et comme certaines choses devenaient inactives dans ce monde, il était possible que la noirceur de cet être ne se soit pas exprimé complétement, pas encore, ce qui le perturbait bien plus encore.

Le mal pouvait avoir bien des visages, et il craignait que celui-là, sous ses airs de douceur, comme une des poupées innocentes qu’elle créait, soit bien plus sombre que ce qui apparaissait et si tel était le cas, alors, Beth était en danger. Intrusif, le Docteur ? On pouvait le dire. Il passait son temps à se mêler de ce qui ne le regardait parfois qu’à moitié, mais toujours dans ce souci de protéger les gens, le monde, les innocents, et tout particulièrement ceux à qui il s’était attaché. La petite pianiste méritait qu’on prenne soin d’elle. Il ne laisserait pas qui que ce soit la priver de cela, même si cela revenait à empiéter sur sa vie.

Il observait par la fenêtre de cette boutique. Les poupées n’étaient pas rassurantes, rappelant au Docteur ces terreurs prenant vie dans le placard de ce petit garçon, qui venait d’une autre planète et qui avait la faculté de rendre réels ses cauchemars. Mais ce n’était rien en comparaison de la femme au comptoir. Un jour, le Docteur avait rencontré la Bête, cet être effroyable qui passait aux yeux du monde pour le Diable en personne. Il en était l’incarnation la plus juste, mais ce qui émanait de cette femme lui semblait étrangement avoir la même aura.

Il ne s’était pas aperçu qu’elle attirait l’attention d’une autre personne, une autre spécialiste des Forces du Mal qui se posait peut-être les mêmes questions que lui, pas par rapport à Beth, elle ne la connaissait peut-être même pas, mais par rapport à Annabelle Malthus. Cette propriétaire d’un magasin de poupée avait-elle le cœur aussi vide que les modèles de porcelaine qui parsemaient ses étagères ? Ou aussi noir que la robe de celle qui était posée sur le comptoir ? Le Docteur allait devoir enquêter afin de le déterminer. Pour Beth March.

Il était difficile de connaître exactement toutes les intentions d'une entité. C’était un fait avéré, quelle que soit l'entité en question. Le Docteur ne savait pas ce qui se cachait derrière cette mystérieuse femme qui avait noué connaissance avec sa protégée, mais son intuition lui disait qu'il y avait quelque chose de sombre dans son attitude. Cela ne voulait pas dire grand-chose, en pratique, sinon que c'était une personne dont il fallait se méfier. Mais le Docteur était persuadé qu'il y avait plus que cela à découvrir et il était déterminé à découvrir tous les détails de ce que cette femme inconnue pouvait vouloir à la petite innocente qu'il protégeait. Tant qu'il n'était pas sûr qu'elle était en sécurité, il ne diminuerait pas sa vigilance.

Alors qu'il essayait de comprendre qui était cette femme et comment elle fonctionnait, une autre jeune femme s'approcha de lui, qui semblait se méfier tout autant que lui de l'être qui se trouvait dans cette boutique. Quand cette personne lui demanda si lui aussi se méfiait de la vendeuse, elle lui donna le sentiment qu'ils avaient des choses à se dire et des informations à partager. Il se demanda alors qui pouvait bien être la jeune femme qui venait de s'adresser à lui et pour quelle raison cette créature les troublaient tous les deux de la même façon.

« En effet. Elle s'intéresse de près à une personne qui m'est chère et je ne sais pourquoi, mais cette idée me met mal à l'aise. Savez vous des choses sur cette personne ? »

La première chose à faire était toujours de prendre des informations. Une fois que le Docteur était bien informés, il pouvait agir sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit. Et si cette fille ne savait rien, ils auraient toujours la possibilité d'enquêter ensemble et de découvrir si la personne avait de mauvaises intentions. Pour une raison qu'il n'expliquait pas, le Docteur était persuadé que les mauvaises intentions de la vendeuse étaient avérées et évidentes. Et si sa nouvelle amie était en danger, il n'était pas question pour lui de prendre le moindre risque. Il veillerait à la mettre hors d’état de nuire.

« On dirait que quelque chose émane d'elle, quelque chose de malveillant », dit-il, pensivement .