Plusieurs secondes durant, le silence n’est troublé que par leurs souffles conjoints, qui peinent à retrouver un rythme normal et régulier. Le cœur d’Harley bat si fort qu’elle est à peu près certaine qu’Ivy est capable d’en entendre distinctement chaque martellement. Au moment pour Ivy de la débarrasser de ses liens, Harley réalise combien c’est un soulagement, tout de même, d’être libérée de ses entraves, elle se masse doucement les poignets, presque par réflexe. Toutes les deux se retrouvent allongées au sol, l’une contre l’autre. Harley savoure ce nouveau contact, bien plus doux, bien plus tendre. Elle sourit contre la poitrine de son amante tout en appréciant la caresse de ses doigts dans sa chevelure.
Tandis qu’elle savoure pleinement ce moment comme perdu dans le temps, elle prend conscience d’une chose qui lui avait jusqu’alors échappé, comme le fait qu’elle n’avait peut-être jamais connu un tel moment… Pas depuis longtemps en tout cas… Elle a le temps de se remettre de ses émotions diverses, et d’apprécier, non sans un plaisir certain, l’infinie tendresse qu’on lui accorde. Après que son partenaire ait obtenu d’elle précisément ce qu’il voulait, il vaquait à ses occupations, c’était comme ça que ça avait toujours fonctionné. Toujours. Pas avec Ivy.
« Je sais », ne peut s’empêcher de fanfaronner légèrement la blonde quand Ivy lui souffle à l’oreille qu’elle a été merveilleuse.
En réalité, elle n’en sait rien, mais elle est sûre d’une chose, et c’est que ce moment, oui, a été merveilleux, unique, même. Et ressentir autant de sincérité dans la voix de la belle empoisonneuse la touche dans des proportions qu’elle serait bien en mal de décrire. Ainsi s’écoulent les minutes, l’une contre l’autre. Combien de temps exactement ? Impossible pour Harley d’en avoir la moindre idée précise. Le temps n’a plus vraiment l’air de s’écouler comme d’ordinaire alors qu’il n’y a qu’elles au monde et qu’elle oublie jusqu’à l’endroit où elles se trouvent. Oui, il est, en réalité, grand temps d’y aller.
Rappeler à la réalité, Harley consent à se libérer de l’étreinte d’Ivy et à se redresser. Ivy a tout à fait raison. Il est plus que temps pour elles d’y aller. Elle se laisse aller tandis qu’Ivy les ramène jusque chez elle. Elle se laisse installer sur son canapé, et ne quitte pas un seul instant Ivy des yeux tandis que cette dernière prend tout le soin du monde à panser ses plaies, ponctuant le tout de baisers et de caresses qui ont immédiatement le don de la rassurer et de l’apaiser.
« Merci… », lui souffle-t-elle. Pour quoi la remercie-t-elle ? Pour tout, absolument tout. Harley ne saurait qu’être trop reconnaissante pour la douceur et la considération qu’elle lui adresse, constamment. Elle n’a probablement jamais été suffisamment reconnaissante envers elle.