(Terminé) Laisse ton coeur et le destin guider toutes ces vies [PV Camille de Fleurville]

Depuis quelques jours, Camille avait appris la présence de Paul dans ce monde. La brune avait d’abord retrouvé Sophie, puis Jean, puis Madeleine et voilà maintenant que son ami Paul était là lui aussi. Bien évidemment, comme pour chaque retrouvaille, Camille était heureuse. Heureuse de savoir que son ami était là lui aussi. Elle allait de nouveau pouvoir discuter avec lui, rire avec lui… Et puis comme à chaque fois, cela lui redonnait l’espoir de revoir tous ses proches un jour. Sa mère principalement. Elle lui manquait tant. Camille rêvait de pouvoir la prendre de nouveau dans ses bras. Et elle en était certaine, elle allait bientôt pouvoir le faire. Parce qu’il était certain qu’elle était dans ce monde elle aussi, et même si elle devait encore attendre des années pour la retrouver, elle le ferait, parce qu’elle savait qu’au final, elle allait pouvoir passer le reste de ses jours à ses côtés. Tout comme elle souhaitait le faire avec Sophie, Madeleine, Jean ou encore Paul.

La brune était pressée de retrouver son ami, mais elle ne savait pas comment organiser leurs retrouvailles. Puis la solution lui vint à l’esprit. Paul était constructeur de cabane et la brune avait envie de réaménager le jardin pour les enfants. Elle avait envie de leur offrir une nouvelle aire de jeux et Paul pouvait très bien faire cela. Sans perdre de temps, Camille avait pris rendez-vous avec le jeune homme sans donner de réelles informations la concernant elle directement. Elle tenait à ce que la surprise soit totale.

Depuis plusieurs jours, Camille attendait ce rendez-vous avec impatience. Elle avait envie de tenir son ami dans les bras, comme pour rendre la chose plus réelle encore. Quand l’heure du rendez-vous approcha, Camille entendit la sonnette retentir et elle savait très bien qui se trouvait derrière la porte. Camille faisait alors les cent pas dans son bureau, la boule au ventre à cause du stress. Paul n’allait plus tarder à franchir cette porte.

En voyant son ami ouvrir la porte, la brune ne put s’empêcher de sourire largement. Incapable de bouger jusqu’à ce qu’elle l’entende prononcer son prénom. Il l’avait reconnu et elle le reconnaissait bien en retour. Sans attendre, la brune s’avança pour le prendre dans les bras. « Paul. » lâcha-t-elle dans un léger souffle. « Comme je suis contente de te voir ici. » Après un court instant, la brune desserra son étreinte, attrapant la main de son ami pour le conduire jusqu’au fauteuil qui se trouvait en face de son bureau. « Assieds-toi, je t’en prie. » Souriante, la brune rejoignit son siège, avant de reprendre la parole. « J’avais peur que tu ne me reconnaisses pas. C’est idiot n’est-ce pas ? » Mais Camille avait eu cette peur soudaine, parce que précédemment, toutes ces retrouvailles s’étaient présentées différemment. Avec Sophie, elle ne s’attendait pas à la revoir, alors elle n’avait pas eu le temps d’y réfléchir. Avec Jean, elle ne savait pas qu’elle allait le retrouver lui et non Sophie comme elle le croyait. Et puis avec Madeleine, il n’y avait pas de doutes. Les seuls adultes présents lors de cette soirée de Noël étaient Camille, Madeleine, Jean et Sophie, alors Madeleine n’avait pas eu l’occasion de douter. Mais avec Paul, c’était différent. Elle savait qu’elle allait le retrouver, mais lui ne savait rien. Il aurait pu entrer dans le bureau sans même la reconnaître. Et pour être honnête. Camille ne savait pas si elle aurait été capable de lui dire qui elle était. « Comment est-ce que tu vas ? »

Camille attendait cette journée avec impatiente. Paul était dans ce monde lui aussi. Son ami était là. Et depuis qu’elle avait appris sa présence, la brune n’avait plus qu’une idée en tête, le retrouver. Espérant, une fois encore, l’entendre dire qu’il n’était pas seul, qu’il avait retrouvé tout le reste de leurs amis, de sa famille. Mais Camille n’avait que peu d’espoir. Si c’était le cas, Sophie n’aurait pu s’empêcher de tout lui raconter. Elle aurait déjà organisé de grands repas, afin de tous les réunir. Mais il n’en était rien. Alors l’espoir de Camille était sans doute vain, mais elle ne pouvait s’empêcher d’espérer.

Les minutes semblaient durer des heures. Le temps semblait s’être arrêté, ne pas vouloir continuer d’avancer. Et ce fut encore pire lorsque la voix de Paul s’était faite entendre de l’autre côté de la porte. Cette voix se rapprochait de plus en plus, jusqu’à se taire, laissant apparaître le visage de son ami. Paul était bel et bien là et Camille ne put s’empêcher de lui faire part de sa joie. Après une légère étreinte, la brune l’invita à prendre place, lui faisant désormais part de ses craintes. Paul aurait pu ne pas la reconnaître. Après tout, elle avait bien eu du mal à reconnaître Jean et lui aussi avait eu du mal à la reconnaître. Et certains, comme elle, avaient même perdu la mémoire en arrivant dans ce monde, partiellement ou totalement, qu’importe, Paul aurait pu l’oublier.

« Non, je suis désolée. Je n’ai retrouvé que Sophie, Jean et Madeleine. Je n’ai aucune nouvelle de Marguerite, ni des autres d’ailleurs. » Il n’avait pas retrouvé Marguerite, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’avait pas retrouvé d’autres personnes de leur monde. « Et tu n’as retrouvé personne avant de tomber sur Sophie ? » dit-elle la voix pleine d’espoir, comme à chaque fois qu’elle avait retrouvé un membre de sa famille.

Puis Camille avait fini par prendre des nouvelles de son ami. Ils ne s’étaient pas revus depuis trois ans. Et elle n’avait qu’un très bref souvenir de lui adulte, alors elle avait besoin de savoir comment il allait. Elle avait besoin de savoir ce qu’il faisait dans ce monde… « Je suis contente pour toi. Et je suis certaine que cette Mary est contente de vivre avec toi. Elle a de la chance de t’avoir pour père. » Camille était sincère. Paul avait toujours su être gentil, calme, patient… Il avait toutes les qualités pour être un bon parent. « Non, enfin pas vraiment. Quand je suis arrivée ici, c’est à l’étage que je me suis réveillée. L’orphelinat était déjà à moi, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Et puis je m’y suis très rapidement faite. J’ai tout aménagé pour que l’endroit soit le plus agréable possible. Je tiens à ce que les enfants qui vivent ici se sentent vraiment comme chez eux. Je veux qu’ils se sentent bien. Et j’ai tout fait pour. » L’orphelinat était bien différent de celui qu’elle avait connu à son arrivée. Désormais, il était plus à son image. Joyeux, plein de vie, lumineux, coloré…

Camille aurait espéré entendre d’autres prénoms sortir de la bouche de Paul. Elle aurait aimé l’entendre dire qu’il avait retrouvé le reste de leur groupe, en partie du moins. Mais non, une fois de plus, la personne qu’elle retrouvait été toujours seule, n’ayant retrouvé personne d’autre qu’eux. « Je suis contente que Sophie et toi soyez de nouveau réunis. » Même si Camille était triste de savoir qu’il n’avait retrouvé personne d’autre, cela ne l’empêchait pas d’être heureuse pour le cousin et la cousine. Camille savait à quel point sa jeune sœur tenait à Paul. Elle savait à quel point il lui avait manqué pendant toutes ces années. Et savait à quel point elle avait dû être heureuse de le retrouver.

Paul avait raison, Sophie avait su se faire une place dans ce monde. Elle n’était pas encore habituée à tout ce que ce monde avait à leur offrir. Les technologies par exemple, semblaient encore l’effrayer. Et Camille la comprenait. Si à l’orphelinat elle n’avait pas d’autres choix que d’en utiliser certaines, elle essayait de ne pas avoir besoin de trop en avoir recours. « Je pense que tu as raison, notre Sophie a l’air plutôt heureuse dans ce monde. » Il lui arrivait parfois d’avoir cet air songeur, ce regard triste, mais elle finissait toujours par dire que tout allait bien et elle finissait toujours par retrouver le sourire et diffuser sa bonne humeur. Alors elle devait être heureuse ici. Loin des souvenirs douloureux de son enfance.

« Merci. » Entendre cela de la bouche d’un proche était plaisant. Elle avait voulu rendre cet endroit chaleureux pour les enfants qui y habitaient. Ici, ils devaient se sentir comme chez eux, parce qu’elle le savait, certains d’entre eux ne repartiraient jamais avec leur famille, ou du moins, ils resteront ici pendant de nombreuses années. Alors ils avaient besoin de cette ambiance familiale, de cet endroit chaleureux, accueillant et qui respirait l’amour et la douceur. C’est tout ce qu’elle avait voulu faire de cet endroit et voir qu’elle avait atteint son but faisait véritablement plaisir. Mais Camille avait l’impression qu’elle pouvait faire encore mieux. « À vrai dire, je ne sais pas trop. J’aimerais bien que les enfants aient plusieurs petits jeux. Tu veux peut-être que je t’emmène à l’extérieur pour visualiser la zone de jeux ? » Ce serait peut-être plus simple pour imaginer ce qui était possible de faire ou non. Camille aimerait avoir des cabanes et d’autres jeux, le seul problème était que la brune ne savait pas ce que son ami savait faire exactement.

À la question de Paul, l’air de Camille avait légèrement changé. Était-elle heureuse dans ce monde ? Camille n’était pas le genre de femme qui aimait se plaindre. Elle n’aimait pas s'apitoyer sur son sort et acceptait généralement ce que la vie avait à lui offrir, même si elle devait se contenter de peu. « Disons, que je n’ai pas à me plaindre. Mon merveilleux petit garçon est avec moi. J’ai la chance de le voir grandir. J’ai l’orphelinat. Et je vous ai vous. Toi, Sophie, Jean, Madeleine. » Le sourire de Camille caché bien une certaine tristesse, qu’elle tenait de dissimuler au mieux. Son époux lui manquait. Elle était triste de savoir que Georges grandissait sans son père. Sa mère lui manquait également. Et puis même si elle aimait son métier, ce n’était pas tous les jours facile. Il ne fallait pas oublier que tous les enfants qui vivaient ici étaient seuls. Sans famille. Bien sûr, tout l’orphelinat formait une sorte de grande famille, mais ce n’était pas la même chose. Voir la tristesse dans le regard de certains faisait terriblement de peine à la brune. Leurs questions, auxquelles elle ne pouvait malheureusement apporter aucune réponse, lui faisaient parfois tout autant de peine. Et Camille gardait toujours toutes ces petites choses pour elle. Jamais elle ne se confiait, ou très rarement. Elle était celle qui était, celle qui rassurait, pas celle qui parlait et qui attendant des conseils.

Il était temps de parler du pourquoi Paul était venu jusqu’ici. L’aire de jeux. Camille voulait offrir un joli coin de jeux pour les orphelins qui étaient sous sa protection. Le mieux était sans doute de montrer l’espace à Paul pour qu’il puisse la conseiller sur ce qu’il pouvait éventuellement faire. Alors la brune invita son ami à le suivre jusqu’à l’extérieur. « Voilà l’espace que j’avais prévu pour les jeux. » L’espace était assez spacieux, alors logiquement, elle allait pouvoir commander plusieurs jeux afin de satisfaire un peu tout le monde. « Alors, dis-moi ce que tu peux faire pour rendre ce bout de terrain attractif. » À vrai dire, Camille ne savait pas ce qu’il pouvait vraiment lui construire.

Camille ne parlait pas beaucoup de Frédéric. Son époux lui manquait terriblement et parler de lui, lui faisait bien trop de peine. Rien qu’en entendant Paul prononcer son prénom, toute la peine de Camille avait refait surface, mais comme à son habitude, elle ne montrait rien. « J’en suis certaine. » Se contenta-t-elle alors de répondre. Bien évidemment, son époux était dans ce monde, tout comme Marguerite l’était. Ça ne pouvait être autrement. Ce monde n’avait pas pu les séparer éternellement, il n’en avait pas le droit.

Préférant cesser le sujet, Camille avait proposé à Jean de lui montrer la zone qu’elle avait réservée pour l’espace de jeu qu’il devait créer. Elle savait que l’espace n’était pas très important, mais elle savait que Paul saurait faire quelque chose de bien avec cet espace. La directrice de l’orphelinat n’avait pas réellement d’idée en tête concernant cet espace. Elle voulait simplement que chaque enfant ici puisse en profiter, peu importait l’âge de ce dernier. Alors Paul avait le champ libre. Il pouvait laisser parler son imagination.

À peine lui avait-elle demandé ce qu’il comptait faire de cet espace, qu’il avait sorti une grande feuille et avait commencé à dessiner des plans avec tout ce qu’il avait en tête. « Oui, certains d’entre eux sont là depuis le début. Ils se sont tous, plus ou moins, liés d’un lien fort. » Camille le disait elle-même, elle avait parfois l’impression d’avoir une seconde famille avec tous les enfants de l’orphelinat. Et eux-mêmes se comportaient parfois, même souvent, comme une grande fratrie, même si certains préféraient rester à l’écart. « Et je trouve ça super. » Dit-elle en désignant le plan. « Je suis certaine que les enfants apprécieront cet espace. Tu penses pouvoir débuter les travaux quand ? » Là, c’était la directrice qui parlait, elle avait besoin de s’organiser, alors la date des travaux était importante à connaître.

En travaillant ici, Camille avait l’impression d’avoir une seconde famille. Tous ces enfants étaient un peu comme les siens. C’est pourquoi elle voulait leur offrir le meilleur en attendant qu’ils retrouvent leur véritable famille ou en attendant qu’ils aient l’âge de vivre seuls dans leur propre logement. C’est pourquoi elle avait fait appel à Paul – en dehors de son envie de le retrouver. Il était là pour aménager un espace du jardin, afin que chacun puisse y trouver sa place. Camille n’avait pas vraiment réfléchi à la question. Ou plutôt, elle s’était imaginé certaines choses qui n’étaient peut-être pas possibles. Alors elle avait laissé Paul dessiner ses plans. Et une fois ces derniers terminés, elle les avait observés avec attention. Pour être honnête, ils ressemblaient beaucoup à ce que la brune avait imaginé. Paul avait de très bonnes idées et il avait réussi à apporter quelque chose à cette aire de jeu, quelque chose que Camille ne pouvait pas expliquer, mais qui manquait aux idées qu’elle avait imaginé.

Puisque les plans étaient prêts et qu’ils convenaient à Camille, il n’y avait plus qu’à débuter les travaux. La directrice était impatiente de voir cet espace enfin aménagé. « Ça me va parfaitement. » Répondit-elle avec enthousiasme. Paul pouvait débuter les travaux quand il voulait et surtout quand il pouvait, puisque sa présence n’allait causer aucun dérangement - peut-être quelques nuisances sonores, mais ce n’était rien, qu’importe la date, les nuisances seraient présentes. « Je suis impatiente de voir ce que ça va donner en vrai. » Et elle était aussi impatiente de voir la réaction des orphelins.

Camille avait hâte que les travaux commencent. Elle avait hâte de voir les choses avancer. Et surtout, elle avait hâte de voir l’aire de jeux terminée. Les enfants allaient pouvoir passer tout leur temps libre là-bas. Ils allaient tous pouvoir y trouver leur place et c’était ce qui était vraiment bien avec ce projet. Tout le monde allait pouvoir en profiter, du plus jeune au plus vieil orphelin qui se trouvaient ici. « J’en suis certaine. » Camille n’en doutait pas une seconde, ce projet allait forcément lui plaire. « Je sais que tu feras quelque chose de superbe. » Il n’y avait aucun doute à avoir là-dessus non plus. Paul avait toujours était très appliqué. Et déjà, lorsqu’ils étaient enfants, ils savaient faire de grandes choses. Lorsqu’ils avaient construit des cabanes, Paul avait su être d’une grande aide.

Camille avait envie de discuter avec Paul pendant des heures. Elle voulait tout connaître de sa vie ici. Elle était impatiente de pouvoir en apprendre plus sur le lui d’aujourd’hui, sur sa vie personnelle… Malheureusement, son emploi du temps ne lui permettait pas de rester là, à discuter avec lui autant qu’elle le voudrait. Mais la brune pouvait facilement se consoler. Maintenant qu’ils s’étaient retrouvés, ils allaient pouvoir se voir dès qu’ils en avaient envie, ils allaient pouvoir prendre le temps de parler et de rattraper le temps perdu, la brune n’en doutait pas. « Même si j’ai envie de rester avec toi pour discuter, j’avoue avoir un emploi du temps très chargé. Mais je serai ravie de dîner avec toi un soir et je serais ravie de pouvoir rencontrer Mary. » Dit-elle souriante, impatiente de connaître celle qui était devenue la fille de son ami. « Je suis vraiment contente de t’avoir revu Paul. » Dit-elle avant de le prendre dans les bras un court instant. « J’ai déjà hâte que nous puissions nous revoir. » Termina-t-elle, sincère, avant de raccompagner Paul jusqu’à la porte de l’orphelinat.