C'est de famille je crois ❧ ft. Phoebe

L’heure tournée bien trop vite. Phoebe avait encore des dizaines de lettres à lire, elle devait encore terminer d’écrire sa dernière réponse de la journée et devait encore voir un journaliste qui avait visiblement besoin de l’accord de la directrice pour… elle ne savait même plus quoi. Pour pouvoir terminer dans les temps, la chroniqueuse dut alors se presser, quittant malgré tout le journal avec un peu de retard. Elle en était désormais certaine, elle n’allait jamais être à l’heure à son rendez-vous. Elle n’était plus qu’à quelques rues du lieu où elle devait se rendre, mais elle se devait de prévenir la personne qui allait sans doute l’attendre. Pressant de plus en plus le pas, la brune s’empara alors de son téléphone, commençant à taper son message d’excuse. À peine avait-elle appuyé sur envoyer, la brune percuta une autre personne. Voilà ce qui arrivait quand deux personnes avaient les yeux rivés sur autre chose que ce qui se passait devant elles. Un sourire aux lèvres, la brune secoua la tête lorsque la jeune femme qui venait de lui rentrer dedans s’excusa. « Non, c’est moi, je suis désolée. » La jeune femme s’excusait, mais Phoebe était tout aussi fautive. Elle avait les yeux rivés sur son téléphone et ne regardait pas devant elle. La brune se baissa alors aussitôt pour aider l’inconnue à ramasser ses affaires. Elle ne pouvait pas passer son chemin et la laisser se débrouiller seule. « Je suis désolée, nous sommes censées nous connaître ? » dit-elle après une légère hésitation. En regardant cette femme, Phoebe ressentait quelque chose d’étrange. De vraiment étrange. Une chose profonde que l’on ne pouvait pas ressentir pour une inconnue sur qui l’on venait à peine de poser les yeux. Pourtant, ce visage ne lui disait rien. Elle n’avait encore jamais vu cette femme auparavant. Où alors elle l’avait oublié. Phoebe voyait tellement de monde, qu’elle en oubliait parfois certains visages. Mais pourrait-elle ressentir ce drôle de sentiments pour une personne qu’elle n’aurait rencontré qu’une fois dans sa vie et qu’elle aurait oublié avec le temps ?

Phoebe était silencieuse. Elle écoutait la jeune femme parler. Elle l’observait. Et sans vraiment s’en rendre compte, un large sourire était venu se dessiner sur ses lèvres. Sa mère. Sa mère était là. Comment avait-elle fait pour ne pas la reconnaître ? Son visage était légèrement différent de celui de ses souvenirs, mais surtout, elle ne s’attendait pas à revoir sa mère vivante. Parce qu’elle était très clairement en vie. Comment est-ce que cela était possible ? Après tout, ce monde était plein de surprises. Il était capable de bien des miracles. Pourquoi ne serait-il pas capable de ramener les gens à la vie ? Ce monde qu’elle avait parfois détesté, qu’elle avait parfois regretté et rejeté. Ce monde lui offrait une seconde chance avec sa mère. D’accord, maintenant, elle était adulte. Mais ça ne changeait rien. Phoebe avait toujours mal vécu le fait d’avoir grandi loin de sa mère. Elle avait toujours envié ses deux grandes sœurs qui avaient eu la chance de l’avoir pendant plus longtemps qu’elle. Prue et Piper avaient des souvenirs d’enfance à ses côtés, pas Phoebe. Ce qui l’avait conduite à bien des erreurs par le passé. Comme lorsqu’elle avait voulu prévenir sa mère du danger qui l’attendait, lui demandant de ne pas s’y rendre, pour éviter qu’elle ne meurt. Et voilà que maintenant, elle avait la chance de l’avoir juste en face d’elle.

En se redressant, Phoebe remarqua qu’elle était silencieuse depuis bien trop longtemps. Les yeux humides et le sourire aux lèvres, elle s’approcha alors sans un mot de sa mère pour la prendre dans les bras. “ Maman. ” prononça-t-elle alors comme un soulagement, plein de joie dans la voix. “ Maman, je… Tu es réelle ? ” Bien évidemment qu’elle l’était, mais la brune avait besoin de s’en assurer. Même si elle lui disait être là depuis trois ans, tout comme elle, elle avait peur de la voir disparaître maintenant qu’elle l’avait retrouvée. Maintenant qu’elle avait la chance de pouvoir vivre à ses côtés. Phoebe desserra son étreinte, pour regarder le visage de sa mère. Elle en avait besoin. Vraiment besoin. Comme pour assimiler la nouvelle. La merveilleuse nouvelle. Sa mère était de nouveau en vie.

Sa mère était bel et bien là. En chair et en os. Phoebe ne cherchait pas à comprendre comment tout cela était possible. Ce monde réservait bien des surprises. Il était doté de bien des pouvoirs. Comme celui de ramener les morts à la vie. La brune s'empressa de prendre sa mère dans les bras. Pouvoir la serrer après si longtemps lui paraissait irréel. Savoir qu'elle était là pour de bon semblait tout aussi irréel. Pourtant, elle était là depuis trois ans. Alors pourquoi disparaîtrait-elle maintenant ? La jeune femme allait donc pouvoir vivre aux côtés de sa mère. Elle avait encore du mal à y croire, du mal à réaliser la chance qu'elle avait. Elle qui avait toujours voulu connaître sa mère. Elle qui avait toujours eu beaucoup de mal à accepter l'absence de la femme qui lui avait donné la vie. Ce monde lui offrait cette chance. Ce monde qu'elle avait pourtant souvent détesté.

Cette étreinte était rassurante pour Phoebe. Et elle fut bien trop courte pour elle, qui s'écarta légèrement de sa mère pour pouvoir observer ce visage. Ce visage qu'elle rêvait de voir chaque jour de sa vie. Même si Patty était réelle, même si elle lui avait assuré être là depuis trois ans, Phoebe ne pouvait s'empêcher d'avoir peur de la voir disparaître. Elle craignait d'être arrachée à ce bonheur qu'elle connaissait enfin, celui d'avoir sa mère à ses côtés. Mais les simples mots de sa mère réussirent à la rassurer aussitôt.

Lorsque sa mère lui demanda si elle avait un instant à lui accorder, la brune s'était souvenue qu'elle avait un rendez-vous et qu'elle était très en retard. Et même si ce rendez-vous était important pour elle, elle n'avait plus aucune envie de s'y rendre. Entre le travail et sa mère, il n'y avait pas d'hésitation à avoir. Phoebe avait déjà fait son choix. La journaliste trouverait une excuse. Elle savait être convaincante quand il le fallait. Et puis elle avait autrefois l'habitude d'être absente, de louper des rendez-vous... pour des "urgences familiales". « Oui, bien sûr. J’ai tout mon temps. Je viens de te retrouver, je ne vais pas te laisser filer maintenant. » Un sourire aux lèvres, la brune attrapa le bras de sa mère, déposant sa tête sur son épaule quelques secondes, avant de commencer à avancer en direction du parc qui se trouvait juste à côté. « Je ne pensais pas avoir la chance de pouvoir me promener avec toi dans ce monde un jour. » Ni même ailleurs. Pas dans leur temporalité en tout cas. La jeune femme était telle une enfant qui venait de recevoir le cadeau qu'elle espérait depuis bien trop longtemps.

Décidément, ce monde était plein de surprise. Il avait tenu Phoebe éloignée de sa famille pendant trois longues années et voilà que maintenant elle était en train de les retrouver. Et surtout, il venait de lui offrir le plus beau cadeau : sa mère en vie. Même si cette dernière était quelques fois revenue, comme un esprit dans leur monde d’avant, cette fois-ci, c’était différent. Elle était là pour de vrai. Pour de bon. Elle était vivante. Et Phoebe allait pouvoir la voir tous les jours, lui parler dès qu’elle en avait envie ou besoin…

Maintenant qu’elle l’avait retrouvé, elle n’avait plus du tout envie de la laisser. Tant pis pour son rendez-vous. Sa mère était tellement plus importante. Sa famille avait toujours été plus importante que son travail ou n’importe quoi d’autre. Et la brune ne put que sourire, secouant la tête de haut en bas pour confirmer les paroles de sa mère, avant de déposer sa tête sur son épaule l’espace de quelques secondes. En effet, mère et fille avaient beaucoup de choses à rattraper. Et Phoebe avait bien l’intention de passer le plus de temps possible avec sa mère, pour pouvoir rattraper le plus de choses possibles.

Les deux femmes s’étaient avancées dans le parc, avant de s’installer sur un banc, l’une à côté de l’autre, même si Phoebe s’était assise sur le côté, pour ne pas lâcher sa mère des yeux. « Je suis heureuse de vous retrouver aussi maman. » dit-elle un sourire aux lèvres, impatiente de voir si tout le reste de la famille était ici. « Pour commencer, je suis toujours chroniqueuse ici. Comme avant, je tiens le Courrier du cœur. Mais cette fois-ci, je ne me contente plus de travailler pour un journal. Je tiens mon propre journal maintenant. Le Mirror Time, sur Raccoon Square. Il faudra que tu viennes un jour, que tu vois un peu où je travaille. » dit-elle un sourire aux lèvres. Elle avait envie que sa mère voit son lieu de travail, un endroit où elle avait passé bien trop de temps en trois ans.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Phoebe, quand sa mère lui affirma qu'elle serait heureuse de pouvoir voir son lieu de travail. C'était peut-être enfantin de vouloir partager, à ce point, ça avec sa mère, mais Phoebe s'en fichait. Elle avait presque toujours était privée d'elle. Alors désormais, elle espérait que sa mère soit présente. " Serveuse, j'aurais dû m'en douter. " Dit-elle avec un sourire. Sa mère était autrefois serveuse, il était presque logique que dans ce monde, elle le soit également. Si Phoebe avait su plus tôt que sa mère était encore en vie, alors elle aurait instinctivement cherché à la retrouver dans tous les pubs, dans tous les restaurants... de la ville. Chez pop's, la brune y était déjà allait quelques fois, très peu, trop peu pour pouvoir y croiser sa mère visiblement. " Non, je ne savais pas pour Piper. " Phoebe était heureuse pour sa sœur et pour sa mère. Elles s'étaient retrouvées plus tôt, elles avaient pu partager des moments ensemble. Et surtout, elles n'avaient pas été seules dans ce monde. Et pour être honnête, Phoebe jalousait un peu la place privilégiée qu'avait eue Piper. Égoïstement, la sorcière aurait aimé être à sa place. Elle aurait aimé pouvoir passer du temps avec sa mère, au lieu d'en perdre plus encore.

" Tu n'y es pour rien maman. " Un sourire triste s'afficha sur le visage de la brune. Sa main se resserra légèrement autour de celle de sa mère, comme pour lui montrer qu'elle ne lui en voulait pas. " J'aurais aimé que tu sois là à chaque instant de ma vie. J'aurais aimé que tu sois là pour gronder Prue quand elle m'embêtait, même quand j'étais celle qui avait commencé. " La brune se mit à rire légèrement, se remémorant son enfance avec ses sœurs. S'imaginant ses nombreuses chamailleries avec Prue. Et comme elle était la plus jeune des trois, elle savait pertinemment, qu'elle pouvait faire accuser les plus grandes à sa place. " Je ne suis plus une enfant. Je n'ai plus besoin que tu grondes mes sœurs à ma place. Mais j'ai toujours besoin de toi. T'avoir dans ma vie maintenant est un véritable miracle. On peut se créer de nouveaux souvenirs. " Bien évidemment, cela ne remplacera jamais l'absence d'une mère pour la Phoebe enfant, mais c'était déjà mieux que rien et Phoebe était prête à s'en contenter.