(Terminé) A piece of work [PV Aelita Schaeffer]

Françoise ne voyait aucun mal à combattre les bandits, d'autant moins que même si elle ne le revendiquait pas, elle le faisait également. Et même si elle ne voulait pas que l'on fasse le rapprochement entre elle et son alter ego secret, elle n'avait pas l'intention de mentir complètement à Aelita. Après tout, elle était son amie. Mais même si elle combattait le crime, Françoise s'efforçait de le faire avec prudence sans aller chercher le danger et en se contentant de réagir dès qu'elle y faisait face. C’était le seul moyen pour ne pas se retrouver systématiquement dans les problèmes, même si elle devait reconnaître qu’elle s'y trouvait souvent.

« Je suis pas mal douée pour me battre. Je connais un peu de self défense. Je pense que je pourrais réagir s'il m'arrivait quelque chose. Et toi ? Tu as appris à te défendre dans ce monde ? »

Ça ne surprenait pas Françoise que Aelita lui ressemble sur ce chapitre. Il était évident qu’elle aussi aurait plus de facilité à se voir elle-même souffrir plutôt qu'à faire souffrir les personnes qu'elle aimait. Mais ce n'était pas pour ça qu'il aurait été raisonnable de se lancer dans l'aventure sans réfléchir. En toute honnêteté, même elle trouvait qu'elle avait tendance à se lancer sans réfléchir à beaucoup trop de reprises. Il fallait d'ailleurs qu'elle se reprenne en main si elle voulait être efficace dans ce monde étrange où le banditisme ne ressemblait pas à celui qu'elle connaissait.

« Ce n'est pas quelque chose de facile à vivre. Ceux qui veulent obtenir quelque chose de toi pourraient s'en prendre à tes proches pour l'obtenir. C'est le danger avec des personnes comme toi et moi qui nous sacrifierons toujours pour ceux qu'on aime. »

La pensée d'aller chanter après les cours, Françoise n'avait rien contre mais elle était persuadée de ne pas avoir un si joli timbre de voix que cela. Enfin, si elle empoisonnait les oreilles de Aelita, celle-ci ne commettrait certainement pas l'erreur de lui redemander de chanter à nouveau. Et si elle s'en sortait plutôt bien, ça ne la gênerait pas de recommencer. Dans les deux cas, Françoise y trouverait son compte, et ce n'était pas son amie qui allait se moquer de sa capacité ou non à chanter. Elle lui accorda donc un sourire en faisant mine d'y réfléchir pendant un quart de seconde.

« Ca marche ! Et j'espère que tu ne seras pas déçue. »

Françoise avait passé beaucoup de temps à s'entraîner de son côté, simplement pour éviter que l'on puisse faire le lien entre ces activités. Cependant, même s'il était vrai que l'on pouvait associer un boulot de justicière à l'envie d'apprendre à se défendre, c'était moins le cas ici ou un grand nombre de personnes essayaient simplement de gagner en force et en autonomie. Il lui était moins difficile d'assumer ce genre de comportement dans cette ville. Mais elle n'avait quand-même pas envie que qui que ce soit découvre son véritable niveau trop vite, et c'était la raison pour laquelle elle limitait les interactions sportives dans ce domaine.

« Je m'entraîne plus de mon côté. La prof de sport tu me donne des tuyaux aussi un peu. Elle a vu que je m'en sortais plutôt bien et ça l'intéresse. Je trouve ça plutôt cool. »

Le sens du sacrifice, Françoise le connaît bien. Il suffisait que cette grande asperge de Ficelle aille se mettre dans le pétrin pour qu'elle soit prête à faire n'importe quoi dans le but qu'elle s'en sorte. Il fallait reconnaître que la demoiselle était plutôt douée pour se retrouver dans les embêtements. Elle n'avait jamais eu à donner sa vie, heureusement, mais elle savait qu'il y avait de nombreuses personnes mal intentionnées qui aurait pu atteindre ce point si elle n'avait pas été la plus maligne. Elle avait tendance à connaître les moindres faiblesse de ceux qui agissaient de la sorte à-présent, mais il y avait toujours un risque et elle préférait toujours que ce soit elle qui le prenne.

Pas plus que Aelita, elle n'aurait pu changer pour autant. Dire que c'était une faiblesse, c'était un fait. Mais il était inconcevable qu’elle perde cette faiblesse et par là-même, son envie de protéger les gens qu’elle aimait. Cela faisait partie de sa personnalité et elle tenait à continuer d'éprouver des émotions, même s'il fallait bien reconnaître que les émotions pouvaient causer des situations où en était pas maître des conséquences. Il restait que c'était ce qui faisait des êtres humains des êtres humains, et renoncer à ça risquait d'ouvrir une porte à des comportements auxquels Françoise ne voudrait jamais adhérer.

« Je suis exactement comme toi. Je sais bien que ce sont des situations peuvent être dangereuses, mais je ne voudrais jamais devenir quelqu'un qui soit capable de sacrifier ses propres amis pour assurer sa sécurité. Non, cela ne serait définitivement pas moi. »

Elle éclata de rire quand son amie lui affirma qu'il lui serait très compliqué d'être déçue de Françoise. Bien entendu, elle parlait seulement de sa voix, mais la jeune justicière y voyait la tolérance que pouvait avoir Aelita envers les autres et l'envie qu'elle pouvait avoir de partager quelque chose sans forcément s'arrêter sur le chapitre du talent. On pouvait dire ce qu'on voulait, mais accepter de faire une activité avec d'autres personnes sans s'inquiéter de leurs talents et sans se moquer de ces personnes si elles n’en avaient pas, c'était partager un moment en toute amitié et cela correspondait à la façon dont la jeune fille avait tendance à voir les choses.

« C'est vraiment gentil de me dire ça. Pour être sincère avec toi, à part dans les cours de musique, au collège, je ne me suis jamais beaucoup laissé aller à chanter. À part quand on chante sous la douche quoi, et je n'ai vraiment aucune idée de ce que ma voix peut valoir, mais je serais ravie de le découvrir avec toi. »

Françoise ne se serait jamais qualifiée de badass, déjà dans un premier temps parce que, à son époque, ça ne se disait pas. Mais surtout, parce qu'elle ne s'était jamais trouvée réellement impressionnante et c'était d'ailleurs pour cette raison que le petit lutin qu'elle était jouait plutôt sur le chapitre de l'humour que sur celui de la force brute de combat. Ça n'empêchait pas de savoir se défendre et notamment frapper là où ça faisait mal. C'étaient des choses importantes à savoir quand on était une justicière. Mais ce n'était pas là ce qui faisait la caractéristique première de la justicière qu'elle était et pourtant, il semblait qu'elle donnait aux jeunes filles cette impression. Elle en était étonnée mais finalement, c'était assez logique de se dire que la capacité à savoir se défendre donnait une certaine valeur à une jeune personne.

« C'est justement ça le plus intéressant. On est tous différents, on est tous spéciaux et en se rencontrant, on partage nos spécificités et c'est beaucoup plus intéressant comme ça. »

Elle ne pouvait s'empêcher de s'imaginer dans le monde que Aelita avait décrit. Lyoko avec son costume de Fantômette. Un petit lutin dans un monde virtuel. Elle aurait certainement détonné. Cela dit, puisque les guerriers étaient tous différents, avec ses capacités personnelles, elle aurait forcément ajouté sa patte à la scène. Et cela aurait peut-être mis un peu d’humour dans la vie de ceux qui étaient maintenant ses amis. Elle se contenta d’un sourire énigmatique quand la jeune fille lui dit qu’elle aurait été super dans son monde, même si cela lui faisait sincèrement chaud au cœur, bien plus qu’elle ne l’admettrait.

« Je ne sais pas trop ce que je vaudrais dans un monde virtuel, mais je suis sûre que je dirais au moins autant de bêtises. Au moins, tu aurais été sûre de ne pas t’ennuyer. »

Au fond, elle était curieuse aussi de connaître le niveau de sa voix et sa capacité à chanter. Comme dans les autres matières, elle avait été relativement douée dans celle-ci à l'école. Mais là, il s'agissait d'autre chose que de se mettre à fredonner le disque qu'elles écoutaient si souvent avec les filles « Moi, j'aime les pom pom pom de terre frites ». Évidemment, elle chantonnait avec les filles sur l'air de ce disque. Mais un karaoké, c'était une autre histoire. On n'avait pas la chanteuse pour couvrir les erreurs de notre voix.

« Tu en fais souvent toi ? »

Être virtualisé ou se battre en tant que Fantômette, ça se ressemblait un peu au final. Elle était quasiment la même, avec quelques armes en plus. Après, d'après ce qu'elle avait compris, les êtres virtualisés avaient des pouvoirs magiques en plus, ou des objets magiques mais quelque chose qui leur donnait un petit plus par rapport à la réalité. Mais sinon, des armes, elle en cachait un peu partout sur elle dans son costume et si elle ne devenait pas invulnérable, elle réduisait quand même beaucoup les risques de se retrouver dans une situation inextricable. Cela dit, ce n'était pas aussi vrai dans ce monde que dans sa ville d'origine.

« C'est sympa ce que tu dis, quelque part. Comme si on pouvait tous être des héros avec quelques armes en plus. »

Elle savait déjà que Aelita passait un certain temps à faire DJ, mais principalement pour des fêtes d'étudiants. Après, si c'était ce qu'elle avait envie de faire de sa vie, Françoise ne voyait pas pourquoi elle ne pourrait pas, surtout dans cet endroit où il était plus facile d'avoir des portes ouvertes puisque tout était à construire au départ et que chacun s'était positionné un peu à l'endroit qui lui correspondait le mieux. C'était moins vrai pour les mineurs qui se retrouvaient quand même obligés d'étudier et qui ne pouvaient pas encore complètement prendre possession d'un lieu ou d'une fonction. Mais avec le temps qui passait, ce ne serait bientôt plus le cas.

Il était temps de se séparer et la jeune fille sourit à son amie alors que celle-ci prenait congé. Elle ne put s'empêcher de lui rappeler la promesse qu'elle venait de lui faire et de lui assurer qu'elle l'oublierait pas. Françoise était donc persuadée que Aelita l'entraînerait chanter dès que l'occasion se présenterait. Ça ne la dérangeait pas. Elle n'avait pas peur de l'image qu'elle pouvait donner à quelqu'un et puis, elle était à peu près sûre que son amie ferait tout ce qu'elle pourrait pour que cela soit un bon moment entre elles. À partir de là, Françoise était sûre d'apprécier, quelle que soit la qualité de sa voix et sa capacité à chanter juste.

« Compte sur moi ! »