« Parfois », répète seulement Villanelle avec un sourire en coin au moment où Eve lui fait remarquer combien son sens de l’humour peut parfois laisser à désirer, c’est-à-dire à peu près tout le temps, à bien y regarder.
Elle veut ajouter autre chose mais laisse son attention être absorbée par la quantité massive de moutarde qu’Eve fait couler sur le bord de son assiette. Elle affiche une grimace des moins discrètes et des plus éloquentes à cette vision. Une vraie psychopathe. Tentée de faire un commentaire, elle n’en fait rien uniquement parce qu’Eve a repris la parole ce temps durant, remarquant qu’elles sont déjà inséparables quoi qu’il en soit. Ce qui est effectivement vrai, pas au sens où elles sont constamment ensemble (parce qu’elles sont bien obligées, de temps à autre, de faire leur vie loin l’une de l’autre, mais c’est toujours à contrecœur dans le cas de Villanelle), mais plutôt dans le sens où rien au monde n’est capable de les séparer, ce qui est effectivement vrai. Rien de ce qu’elles ont vécu, enduré, supporté, et se sont fait subir l’une à l’autre n’a su changer quoi que ce soit à ce constat : grand mal prendrait à quiconque voudrait les séparer. Cette personne en accuserait nécessairement de très sévères conséquences.
« Tu aimes quand je fais des conneries », répond Villanelle en prenant plaisir à voir Eve piocher dans son assiette. « Et j’aime quand tu me surveilles. » Elle-même ne se prive pas de se servir dans l’assiette d’Eve, presque plus par mimétisme qu’autre chose, en l’occurrence. « Et t’en fais plus que moi, des conneries, de toute façon, suffit de regarder ton assiette », ajoute-t-elle en baissant le regard sur la mare de moutarde que sa fiancée y avait déposée. « Espèce de cinglée », ajoute-t-elle avec bien trop de tendresse pour que ce puisse être pris pour autre chose qu’un compliment.
Avant qu’Eve reprenne et affirme, plus catégorique que jamais, que jamais elles ne s’ennuieront, pour la pure et simple raison qu’elles auront toujours mieux à faire, à commencer par laisser leur mépris commun pour autrui prendre le dessus sur tout le reste. C’est vrai que partant de là, elles sont tranquilles pour un bon moment. Ce n’est pas comme si Villanelle tolérait grand-monde en dehors d’Eve pour commencer, déjà, dans tous les cas.
Elle aime la tonalité qu’elle donne à ses paroles. Elles deux, c’est inévitable. Elles auraient pu chercher à l’éviter, elles ont chercher à l’éviter, mais c’est bien quelque chose qui ressemble au destin qui les a réunies au bout du compte… Et qui les réunira toujours. C’était une intuition primitive, et ça a continué, et elles le savent : elles sont liées, pour toujours, et ce n’est pas un tort de dire que ça a commencé le jour même où leurs regards se sont croisés. « Donc… ça veut dire que je peux merder autant que je veux, tu me pardonneras toujours, pas vrai ? »
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Invité
Lun 18 Avr - 16:15
Dismantling the Twelve
feat. Villanelle
Dark Eve rising
Eve eut une grimace éloquente lorsque Villanelle affirma qu'elle aimait lorsqu'elle faisait des conneries. C'était indéniable. Mais de là à l'admettre à voix haute ? Tâche impossible lorsque l'on s'appelait Eve Polastri. Ce qui n'empêcha pas cette dernière d'adresser un regard amusé à sa perspicace fiancée.
- Je vois pas le rapport, sourit-elle malicieusement.
Elle leva les yeux au ciel après s'être fait traiter de cinglée.
- C'est moi la cinglée ?
Elle s'était exprimée avec humour, profondément amusée par le culot de sa fiancée. La tendresse qui s'était glissée dans la voix de Villanelle ne lui avait pas échappé, et Eve avait dépassé le stade de leur relation où elle prenait personnellement chaque réflexion un peu trop franche ou spontanée de la Russe. La compréhension et la complicité qui accompagnaient leur relation étaient infiniment plus précieuses et sincères que la moindre remarque désagréable ou moqueuse. Et puis, elles ne s'étaient jamais tant aimées que pour leurs défauts respectifs, n'est-ce pas ?
Ne se préoccupant donc pas de l'aversion de sa fiancée pour la quantité de moutarde qu'elle venait de verser dans son assiette, Eve continua de manger tranquillement. Sans doute trop tranquillement pour une femme qui venait de torturer, puis tuer un homme. Mais la dernière question de Villanelle lui fit suspendre ses gestes. Eve reposa ses couverts avant de relever la tête vers la jeune femme, observant longuement celle-ci.
- Je n'ai pas dit ça, répondit-elle prudemment. Ce n'est pas parce que je t'aime que ça te donne le droit de merder. Ou d'abuser de mon amour. Je peux pas me passer de toi, mais crois-moi, je pourrais tout aussi bien profiter de ta présence si t'étais en prison.
En vérité, bien sûr, il ne faisait aucun doute qu'Eve finirait par tout pardonner à Villanelle. Elle lui avait déjà pardonné l'acte le plus impardonnable qui soit, à savoir le meurtre de son meilleur ami. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle pouvait encourager Villanelle à agir imprudemment ou cruellement. Les tensions étaient des préliminaires délicieux, mais Eve n'était pas certaine que ses nerfs survivraient bien longtemps si ces tensions devaient être plus fréquentes qu'elles ne l'étaient actuellement.
Invité
Jeu 21 Avr - 18:56
Dismantling the Twelve
feat. Eve
Villanelle adresse un sourire ce qu’il y a de plus éloquent à l’adresse d’Eve quand cette dernière laisse à suggérer qu’elle n’est certainement pas la plus cinglée des deux. C’est définitivement une chose sur laquelle Villanelle ne parierait pas le moins du monde, bien au contraire. La folie s’est nettement immiscée dans toutes les strates de leur relation, c’est ce qui fait que celle-ci est si forte, si vraie, si imperturbable, c’est ce qui fait qu’elle transcende la raison elle-même… Ceci dit, elle le dit et elle le pense, il faut vraiment être une sacrée psychopathe pour mettre autant de moutarde dans son assiette et considérer que c’est quelque chose de normal. Oui, elles se valent certainement de ce point de vue-là, chacune à leur manière, et après ce qui vient de se passer plus tôt, prétendre le contraire serait singulièrement hypocrite. Et c’est d’ailleurs ce qui les unit si certainement qui fait d’elles un couple si assorti dans ce qu’elle révèle autant de beauté que de monstruosité en l’autre.
Bien sûr, cela exigera continuellement des efforts et des concessions, d’un côté comme de l’autre, c’est la plus pure des évidences. Il est certain qu’elles ne sauront être en mesure de faire évoluer cette relation de bon sens sans y travailler un minimum, ce qui veut notamment dire que Villanelle ne doit pas compter sur le fait qu’Eve lui pardonnera toujours la moindre de ses erreurs. Seulement, il serait rassurant pour Villanelle que ce soit le cas, pas tant parce qu’elle veut se donner un prétexte pour merder à tout va que parce qu’elle espère, bien au contraire, que si elle doit encore faire des erreurs – et elle se doute de faire des erreurs –, Eve ne la lâchera pas pour autant et lui donnera des occasions de se racheter quoi qu’il advienne.
Pour ce qui est d’abuser de son amour pour elle, la seule idée qu’Eve puisse l’en suggérer capable a tout de même le don de la vexer un peu, de même que le fait qu’elle suggère que quand bien même elle serait incapable de se passer d’elle, ce n’est pas pour autant qu’elle ne l’enverrait pas derrière les barreaux si ça devait être son dernier recours. Son sourire s’efface légèrement tandis qu’elle baisse les yeux sur son assiette et recommence à manger, trop rapidement et silencieusement (si on fait abstraction du bruit des couverts, bien sûr). Ce n’est qu’après quelques secondes qu’elle daigne tout de même reprendre la parole.
« C’est pas forcément moi qui finirai en prison la première », se contente-t-elle de grommeler alors, ce qui ressemble fort au proverbial « c’est celui qui dit qui est », et qui en dit long sur la maturité dont Villanelle est capable (pas beaucoup) quand elle s’y met.
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Invité
Sam 23 Avr - 20:28
Dismantling the Twelve
feat. Villanelle
Dark Eve rising
Comme toujours, Eve était attentive à la moindre réaction de la jeune femme. Elle perçut un changement d'attitude, un changement d'humeur, mais ne sut pas aussitôt l'identifier. C'en était parfois troublant. Elle avait passé tant de temps à tenter de comprendre l'esprit de Villanelle, à déployer tous les efforts d'imagination et d'identification pour se mettre à sa place, à penser à elle avec obsession au point qu'elle s'intéressait à chaque détail la concernant et pourtant, dans des instants comme celui-ci, les pensées de sa fiancée lui restaient inaccessibles. C'était troublant, c'était fascinant... Mais Eve découvrit avec émotion qu'elle n'aimait pas voir la jeune femme se renfrogner, tout simplement car plus elles laissaient de place à leur amour dans leur relation, moins elle supportait l'idée de la savoir triste ou fâchée.
La réponse grommelée de Villanelle aurait eu le don de la faire sourire en d'autres circonstances. Mais cette fois-ci, Eve l'observa avec sérieux, son regard s'adoucissant immédiatement. Elle tendit le bras et posa une main sur la sienne, celle qui tenait sa fourchette, pour l'obliger sans brusquerie à lui accorder son attention. Ne voulant pas rester sur un malentendu, et veillant à ce que leur entêtement respectif puisse être surpassé, elle chercha son regard avant de poursuivre avec tendresse :
- Villa, je plaisantais. Tu as failli me tuer et je t'ai pardonnée. Tu as tué mon meilleur ami et je t'ai pardonnée. Si ça ce n'est pas une preuve que j'accepterais tout de ta part... Tu n'as aucun doute à avoir. Vraiment. J'ai besoin de toi, je t'aime et j'accepte notre relation. Dans sa totalité. Je ne t'épouserais pas si j'avais le moindre doute te concernant. Nous concernant.
Elle caressa le dos de sa main du bout du pouce avant de ramener son bras vers elle et de se redresser, faisant mine de s'intéresser de nouveau à son assiette.
- Mais que ça te monte pas à la tête, ajouta-t-elle néanmoins avec un sourire, pour la forme.
Invité
Dim 24 Avr - 9:17
Dismantling the Twelve
feat. Eve
Tandis qu’Eve vient déposer sa main sur la sienne, Villanelle songe un bref instant à la retirer, pas vraiment parce qu’elle en a l’envie, mais uniquement dans le but d’agacer sa fiancée, pour transférer sur elle un peu de sa propre frustration. Elle a conscience, bien sûr, du fait que ce serait injuste, mais quand il est question de gérer ses émotions, Villanelle est particulièrement mauvaise… ce qu’il est possible d’imputer parfois à de la maladresse peut aussi parfois s’assimiler à de la malveillance quand, notamment, elle ressent parfois le besoin de faire mal quand elle-même a mal, et ça même si, en fin de compte, elle a souvent mal pour rien. Trop exigeante, trop susceptible, bien souvent dépassée par la force d’émotions qui sont déroutantes dans ce qu’elles ont, en fin de compte, de plus certaine.
Malgré tout, elle ne retire pas sa main, et accepte tout de même de relever le regard vers Eve quand cette dernière lui assure qu’elle plaisante. Elle a l’air sincère, pourtant, Villanelle émet un doute, qu’elle affiche directement à l’aide d’une grimace peu engageante, qui se résorbe tout de même quand Eve fait l’inventaire de tout ce que sa partenaire a été capable de lui pardonner. Jusqu’à la mort de son meilleur ami… et quand elle évoque ce fait, Villanelle sans bien qu’il n’y a là aucun reproche déguisé, c’est seulement un fait… Ce qu’elles éprouvent l’une pour l’autre transcende de très, très loin, tout ce qu’elles ont autrement vécu. Le mariage, c’est un engagement absolu. Certes, le premier mariage de Villanelle n’en avait pas été un du tout, mais en l’occurrence, elle sait que oui, Eve a raison, jamais elle ne l’épouserait si elle avait le moindre doute à son sujet, et quand elle entend Eve prononcer de telles paroles, Villanelle se radoucit presque automatiquement. Elle avait définitivement besoin d’entendre ça.
« Trop tard, c’est arrivé à peu près là », fait-elle en désignant le sommet de sa poitrine d’un geste du doigt. « Dans deux secondes, ça aura migré jusqu’au cerveau », assure-t-elle quand Eve lui dit que tout ceci ne devrait pas lui monter à la tête. « Mange, un peu. Ta moutarde va refroidir », reprend-elle, cette fois définitivement apaisée.
Elle avait clairement eu besoin de cela, sans l’ombre d’un doute. Villanelle peut partir au quart de tour, mais elle peut aussi se radoucir en tout aussi peu de temps. Elle est comme ça, résolument comme cela : Villanelle est impulsive au possible. Diablement impulsive. Ce n’est pas un trait de caractère qu’elle envisage de corriger, pourtant, même si elle leur garantit de nombreuses scènes du genre. Mais ce sont des scènes qu’Eve est capable de tolérer. Avec elle, Villanelle est autorisée à être elle-même, complètement elle-même. De même pour Eve, qui peut embrasser sa nature la plus profonde sans la redouter. Et c’est ainsi qu’elles se reconnaissent. Ainsi qu’elles s’aiment.