Plus le temps passe, plus tu te dis qu'en fait, tu n'es vraiment pas faite pour les études. Tu avais quelque part été curieuse, voire impatiente, à ton arrivée ici, de découvrir vraiment ce que ça pouvait être que de se retrouver dans une salle de classe, avec des professeurs et tout le reste, mais outre le fait que le fonctionnement de l'université est bien différent de celui de n'importe quelle école, notamment en matière d'esprit de classe, t'as bien vite dû réaliser que les études, ce n'était pas ton fort.
Pas que tu t'estimes idiote non plus, t'aurais même tendance à te penser relativement intelligente, enfin dans la moyenne (sans prétention), mais t'as du mal à te sentir investie par ce qui n'est que théorique. Même si beaucoup de tes cours sont intéressants, tu décroches assez vite, au final : toi, ce que tu voudrais, c'est bouger, être sur le terrain, ce genre de choses, mais bon, tu vois pas vraiment comment tu pourrais accomplir ça, donc en attendant, tu ne sais rien faire de mieux que de te traîner en cours et d'essayer de songer, peut-être commencer à songer, à ce que ça pourrait t'apporter sur le long terme.
Chose loin d'être facile pour toi compte tenu du fait que sur le principe, tu veux pas te projeter ici, te faire à l'idée que c'est à ça que va ressembler ta vie pour toujours, et que tu quitteras jamais cet endroit. Songer à ce que tu feras au terme de tes études, c'est aussi songer à planifier tout un avenir au cours duquel tu n'auras pas été capable de prendre la fuite. Malheureusement, il semblerait que tu doives te faire une raison, au moins une demi-raison, disons.
C'est peut-être pour ça que, au fil du temps, t'as appris à aller vers les autres plutôt que de rester dans ta bulle, protégée par la barrière que formait l'écran de ton téléphone entre toi et les autres. Petit à petit, tu t'es ouverte, tu t'es fait des amis, des vrais, et parmi eux, Abigail est sans doute celle à qui tu t'es le plus attachée. Elle est différente, Abigail, secrète, mais tu l'aimes bien. Tu sais pas si tu seras un jour capable de la comprendre totalement, mais en attendant, sa compagnie rend bien souvent ton quotidien moins merdique, et ça tu apprécies, tu apprécies franchement.
C'est elle que tu vas voir, d'ailleurs, alors que vous vous êtes données rendez-vous dans ce diner de Raccoon Square où tu as déjà tes habitudes. Quand t'arrives sur place, Abi est déjà là et tu la salue avec le sourire.
"Salut Abi ! T'attends pas depuis trop longtemps, j'espère", tu dis avant de t'installer sur la banquette en face d'elle. "Tu vas bien ? Quoi de neuf ?"
PrettyGirl
Invité
Jeu 11 Nov - 14:37
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Abigail souffrait encore occasionnellement de cauchemars, bien que ceux-ci se soient apaisés au fil des ans. Mais les retrouvailles avec Will, la possibilité d'être prochainement libérée de son père et de ses meurtres, les simples souvenirs que ces retrouvailles avaient généré lui faisaient revivre des nuits telles qu'elle n'en avait plus connue depuis plusieurs mois.
Pour cette raison, elle se réveillait tôt, bien plus tôt qu'à son habitude. Elle prenait soin de rester dans sa chambre pour ne pas alerter son père sur son changement d'attitude, mais pour cette raison, elle était également prête bien plus tôt, lorsqu'elle savait qu'elle devait sortir de chez elle.
Ce qui était le cas ce jour-là, alors qu'elle devait retrouver Brooklyn au diner. Son amitié avec la jeune femme l'avait profondément surprise, à mesure qu'elles s'attachaient l'une à l'autre. Mais c'était une amitié qu'elle chérissait. Et qu'elle expliquait en ce que c'était Brooklyn qui était venue vers elle, qui avait fait l'effort d'apprendre à la connaître. Et puis... Elles étaient si différentes. Son amie ne courait aucun danger, à continuer de la fréquenter. Alors, pour une fois, Abigail s'était laissée prendre au jeu de l'amitié sincère, et ne le regrettait pas.
Déjà présente sur place quelques minutes avant l'arrivée de son amie, elle consulta rapidement la carte des boissons. Elle reposa celle-ci lorsqu'elle aperçut Brooklyn qui s'avançait. Elle lui adressa un sourire sincère.
- Salut Brooke, lui répondit-elle avec joie mais d'un ton légèrement plus sobre.
C'était bon, c'était doux, de savourer le simple plaisir de retrouver une amie. Une véritable amie, la seule véritable d'ailleurs, qu'elle ne craignait pas d'envoyer à l'abattoir. Bien souvent, Abigail s'était émue de connaître enfin cette sensation, qui lui donnait quelques fois l'illusion d'être une étudiante ordinaire et non pas la fille d'un meurtrier. Cela lui faisait oublier ses cicatrices, aussi bien émotionnelles que physiques. Brooklyn ne se doutait sans doute pas de l'importance de leur relation pour la jeune brune. Mais c'était sûrement mieux ainsi. Abigail n'aurait pas fait subir à l'autre jeune femme la connaissance de son histoire, de son passé trop cauchemardesque pour être raconté.
- T'en fais pas, ça fait pas longtemps que je suis là. Je t'attendais pour commander, lui indiqua-t-elle alors qu'un serveur s'approchait déjà pour prendre leur commande.
Elle prit pour sa part un milkshake, et attendit que son amie ait choisi et que le serveur se soit éloigné pour lui répondre :
- Je t'avoue que je suis un peu troublée. J'ai retrouvé quelqu'un que je ne pensais pas revoir, alors ça fait réfléchir... Mais et toi, quoi de neuf ?
Avec gourmandise, tu cèdes à l’appel du milkshake, et tu as le léger vice d’en choisir un qui, certes, te semble savoureux, mais surtout que tu estimes photogénique, poursuivie par ton instinct d’influenceuse même dans les moments où tu veux le mettre en veilleuse. Le pire, c’est que tu n’as absolument pas l’intention de le prendre en photo ou quoi, puisque tu veux te concentrer sur Abigail avant tout, mais c’est peut-être plus fort que toi, dans le fond.
Quand tu demandes à ton amie comment elle va, elle t’adresse une réponse tout à fait honnête, et que tu préfères. Tu sais qu’avec Abi, tu as à peine effleuré la surface, qu’il y a tout un tas de choses que tu ne sais pas à son sujet, mais tu t’armes de patience. Tu te dis que, tôt ou tard, elle se sentira suffisamment confiante pour te parler, en attendant, tu saisis au vol ses quelques confidences, et tu les accueille toujours avec beaucoup de respect et de bienveillance.
Elle t’apprend donc qu’elle est troublée, et qu’elle doit se trouble à ses retrouvailles avec une personne qu’elle pensait ne jamais retrouver… Elle se contente de ça, et forcément, ça ne te suffit pas, à toi, Brooke, t’as envie d’en entendre davantage, par curiosité peut-être un peu malsaine, mais évidemment aussi parce que tout ce qui concerne ton amie t’intrigue et t’intéresse.
"Oh tu sais, pas grand-chose, enfin…"
Bon, si Abigail doit se montrer un peu honnête, tu as tout intérêt à faire la même chose, pas vrai ? Enfin, t’essaies, en tout cas, parce que ce ne serait pas juste, mais tu sais pas comment aborder le sujet, c’est simple quand t’essaies de recueillir les confidences des autres, moins simple quand c’est à toi de te confier.
"J’ai rencontré un garçon… et il me plaît bien, je crois, enfin, c’est bizarre, j’ai jamais fait ce genre de choses, tu sais, flirter, tout ça, alors j’ai l’impression de m’y prendre n’importe comment. Et puis j’ai jamais été avec quelqu’un non plus, et je sais même pas si j’ai envie d’être avec quelqu’un…" Tu parles trop, Brooke. Heureusement, on pose vos milkshakes sous votre nez. Pile à temps. Et finalement, ta boisson n’est pas si photogénique que ça. "Et je sais que je lui plais, enfin, il a pas été très subtile, tu vois. Et du coup, je sais pas…" Tu bois une gorgée de milkshake. "BON ALORS. C’est qui ce quelqu’un ? Un ami ? C’est quelqu’un de ta famille… ? Ton ex… ?" Quoi ? On suppose, on suppose.
Tu évites d’ajouter que t’es jalouse, que c’est ton rêve de retrouver quelqu’un de ton passé, tu sais que ce serait plus que malvenu. Mais n’empêche, la pensée te taraude quand même, et t’arrives pas à faire abstraction, mais bon, dès que t’en auras appris plus, tes propres considérations vont s’envoler, c’est sûr, ça !
PrettyGirl
Invité
Mar 16 Nov - 17:44
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Ecouter Brooke était une distraction particulièrement efficace pour lui éviter de penser au désastre de ses relations avec les hommes de sa vie. Abigail saisit donc cette occasion parfaite d'oublier ses soucis et ses conflits internes et, avec un sourire en coin, l'écouta avec attention. Son amie était adorable, lorsqu'elle était attirée par un garçon... Abigail, pour sa part, ne pouvait que très vaguement comprendre ce type d'intérêt, n'ayant jamais eu l'occasion d'explorer le moindre sentiment amoureux. Mais les sourires de Brooke et la couleur qui teintait légèrement ses joues quand elle évoquait ce garçon en disaient long, et il aurait fallu être aveugle pour ne pas comprendre à quel point ces deux-là semblaient se plaire.
- Si tu lui plais, et qu'il te plait, où est le problème ? l'interrogea-t-elle donc avec douceur et sans aucun jugement, juste la volonté de mieux comprendre la situation.
Son sourire s'élargit pour lui donner une allure encourageante.
- Visiblement, vous ne savez ni l'un ni l'autre comment vous y prendre alors peut-être qu'il faut juste... Accepter les choses comme elles viennent, tu sais. Après tout, tu lui as plu comme ça, juste en étant toi. Et je suppose qu'il t'a plu pour la même raison.
Elle porta la paille de son milkshake à ses lèvres et en prit une gorgée, le temps de laisser Brooke s'exprimer. Le changement de sujet la fit avaler de travers, et elle repoussa la boisson dans une quinte de toux qui, fort heureusement, passa rapidement.
L'idée même d'avoir un ex la fit rire doucement. C'était une idée qui, nécessairement, lui paraissait être absurde. Cela dit, elle comprenait que Brooke ait pu penser à cela.
- C'est...
Elle s'interrompit. Elle ne savait même pas comment qualifier Will. Encore moins comment le qualifier sans éveiller chez son amie des interrogations légitimes mais non désirées.
- Disons que... Nous ne partageons pas le même sang, mais je le considère comme... Un peu comme un père, en fait. J'avais un peu abandonné l'idée de le revoir un jour.
Elle haussa les épaules, se disant que la simplicité valait mieux, dans sa situation. Elle ne perdit pas davantage de temps et, pour détourner la conversation, adressa à Brooke un regard appuyé tout en retrouvant son sourire légèrement goguenard.
Oui, elle a pas tort. Tu lui plaît, il te plaît, donc où est le problème ? Le problème, c’est qu’un tête-à-tête avec un T-rex te semble moins angoissant que la perspective d’une relation romantique, parce que t’es un manche dans ce domaine, que t’es convaincue que tu feras absolument n’importe quoi, et que tu te sens complètement inadaptée socialement… voilà le vrai fond du problème. Et comment est-ce que t’es supposée lutter contre ça ? En étant naturelle ? En laissant couler ? Mouais, mais ceux qui disent que les choses se font naturellement, ne se sont jamais retrouvés dans ta tête, très clairement. Ils n’ont pas la moindre idée du bordel que c’est, là-dedans. Dans ton crâne, c’est pas clair ni ordonné, c’est un foutoir sans nom.
"Ça a l’air simple, quand tu le dis, mais je sais pas… Enfin, j’ai jamais eu de copain ou quoi, je sais pas comment c’est supposé marcher, ce genre de choses…"
Tu esquisses un sourire embarrassé. En cet instant, tu te sens quand même sacrément pathétique. Même plus que pathétique, en réalité. Tu sais qu’Abigail ne te juge pas, ce n’est pas dans sa nature d’être dans le jugement, et heureusement, d’ailleurs, ce serait bien pire, sinon.
"Et puis… tu vas trouver ça bizarre… C’est le portrait craché de mon meilleur pote. Physiquement, je veux dire. Après, quand tu commences à creuser, c’est pas les mêmes mais… enfin c’est vraiment lui, son sosie, quoi… C’est bizarre hein ? Tu me trouves bizarre, avoue ?"
Tu caches ton visage dans tes mains : bon sang ce que tu peux être inadaptée, quand tu t’y mets. Non, faut que t’arrêtes d’y penser et que tu te concentres plutôt sur ce qu’Aby a à t’apprendre. C’est forcément beaucoup plus intéressant, enfin. Et c’est important pour elle, tu le sens bien, même si elle n’est jamais très expansive, encore moins quand il est question de sa vie. Cet homme, elle le considère comme un père qu’elle n’avait jamais cru revoir. Tu sais qu’Abigail a son vrai père, aussi, mais ça ne veut pas dire qu’elle ne peut pas avoir plusieurs figures paternelles dans sa vie.
"C’est génial que tu aies pu le retrouver, il avait dû te manquer. Je suis contente pour toi. Et si tu veux m’en dire plus, tu peux, tu sais ?"
Tu ne veux jamais la brusquer quand tu redoutes d’aborder des sujets qui sont peut-être délicats, mais c’est vrai quand même, tu estimes qu’elle peut tout te dire, comme toi-même, en retour, tu as peut-être un peu trop tendance à t’étaler sur ta propre vie, comme avec "ce garçon".
"Il s’appelle Sam. Il est un peu plus âgé que moi. Il travaille sur une idée de start-up pour mettre au point une sorte d’intelligence artificielle perfectionnée. Il est… intelligent."
Et voilà que tu rougis, par-dessus le marché. Allez, réfugie-toi dans ton milkshake, plutôt. Ça vaut mieux.
PrettyGirl
Invité
Ven 19 Nov - 15:49
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Abigail observa son amie avec compassion. Brooke semblait être véritablement paniquée, à l'idée de mal agir face à ce garçon. Selon Abigail, elle n'avait pas de quoi s'inquiéter, car Brooke était une personne bien plus intéressante et agréable que ce que la confiance en soi de la jeune femme semblait penser.
- J'ai l'impression que personne ne sait vraiment comment c'est censé marcher, répondit-elle avec douceur.
Pour sa part, elle était terriblement mal placée pour donner des conseils amoureux, tant elle n'en connaissait véritablement rien. Ni ne voulait particulièrement en connaître, d'ailleurs.
Elle hocha la tête de droite à gauche quand Brooke affirma qu'elle devait la trouver bizarre. Elle ne la trouvait pas bizarre du tout, bien au contraire. Elle la trouvait attendrissante.
- C'est pas bizarre. Le physique ne fait pas tout, et de ce que tu m'en dis, c'est avant tout sa personnalité qui t'a plu, non ?
Elle répondit aux propos de son amie concernant ses retrouvailles par un sourire désolé. Elle savait que la jeune femme la trouvait secrète, sans doute trop, mais c'était pour le mieux. En lui en révélant davantage, elle l'aurait mise en danger. Le simple fait qu'elles soient si proches n'était pas sans risque, ce qu'elle se gardait bien de lui dire également.
Le rougissement de Brooke la fit rire silencieusement. Elle était curieuse, au sujet de cette start-up, mais estima que ce n'était sans doute pas le bon moment de l'interroger à ce sujet, quand Brooke préférait clairement parler de ce Sam et de sa confusion au sujet de cet amour naissant.
- Sam, hein ? Il a l'air sympa. Et s'il est intelligent... Il ne pourra pas t'en tenir rigueur de ne pas savoir comment agir avec lui. D'autant que c'est sûrement réciproque. Il ne faut pas avoir honte, tu sais... C'est une perte de temps et... Tu es une personne géniale. N'en doute jamais.
Non, au fond, personne ne sait comment ça marche, parce que même si certains essaient de vous faire croire qu'il y a une manière de faire, un code de conduite, un moyen sûr et imparable de gérer ce genre de relations, eh bien... non, chacun gère à sa manière, et il y a autant de manière d'appréhender une relation qu'il y a de relations et d'individus. Et encore heureux, quand on y réfléchit. C'est pas une question de choses à faire ou ne pas faire, il faut juste faire ce qu'on a envie de faire, et le faire bien. Les jolies relations bien formatées qu'on voit à la télé ou dans les livres sont des exceptions plus que des normes... mais toi, Brooke, t'es si novice dans le domaine que t'es à mille lieues de savoir comment t'y prendre, et tu n'arrêtes pas de te dire que tu vas forcément foirer quelque part, et que c'est pas possible autrement.
En attendant, tu vois bien que t'as bien fait d'en parler avec Abigail. Elle te prouve, une fois n'est pas coutume, qu'elle sait t'écouter et t'aider quand tu en as le plus besoin... Avec elle, tes confidences prennent toujours de la valeur, parce qu'Abigail ne se contente pas de hocher la tête et d'attendre que tu aies fini... Elle écoute vraiment... et souvent, tu regrettes de ne pas vraiment pouvoir lui rendre la pareille, au final. C'est pas l'envie qui t'en manque, mais tu sais que ce n'est pas en insistant qu'elle se confiera, et dans l'attente, tu dois te contenter de paroles énigmatiques, qui te font te poser plus de questions qu'elles ne t'apportent de réponse. Abigail sait exactement comment la rassurer. Non, ce n'est pas bizarre que Sam soit le portrait craché de Mutt, non, ça ne te rend pas bizarre de t'intéresser à lui... Enfin t'espères. Ses paroles rassurantes, ses compliments, tout ça te réconforte quand même sacrément... t'as moins l'impression d'être un cas, là, de suite.
"Je t'ai déjà dit que t'étais l'amie la plus géniale de la terre ? Non parce que si c'est pas le cas, je le redis, voilà : t'es l'amie la plus géniale de la terre. Bon, je garantis pas de pas repasser en mode panique la prochaine fois que je verrais Sam mais... je tenterai de me rappeler ce que tu viens de me dire." Tu affiches un sourire, détendue du simple fait d'avoir pu parler de ça. L'air de rien, ne serait-ce que ne pas le garder pour toi, ça t'aide déjà. "Bon... et toi, les amours ? T'as quelqu'un en vue ?"
Naïve Brooke, tu n'imagines pas à quel point la vie d'Abigail peut être différente de la tienne.
PrettyGirl
Invité
Ven 3 Déc - 13:02
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Brooke semblait se détendre à mesure qu'elle tentait de la rassurer, et c'était une observation plaisante à avoir. Abigail ne se considérait pas comme étant quelqu'un de particulièrement douée dans les relations humaines. La raison était qu'elle avait, en vérité, très peu de relations et qu'elles avaient, jusque-là, toutes étaient empruntes de manipulation, de mensonges et de crimes cauchemardesques. Et donc, si sa relation avec Brooke était bel et bien basée sur des mensonges de sa part - par nécessité, sans quoi elle était certaine que son interlocutrice aurait déjà évité sa présence comme la peste -, c'était de loin sa relation la plus saine. Elle lui était devenue précieuse, même si elle ne pouvait pas espérer un jour pouvoir se livrer totalement à elle.
Ainsi, les compliments de son amie la firent sourire. Brooke avait le mérite d'être enthousiaste. Et elle était rassurée de la voir s'apaiser quant à ce Sam qui lui faisait tant tourner la tête.
- Je suis sûre que tu vas t'en sortir comme une cheffe.
Son amie était détendue, et cela lui suffisait à être satisfaite. Décontractée elle aussi, Abigail ouvrit cependant de grands yeux suite à la question de Brooke. Elle aurait pu éclater de rire, tant l'idée lui semblait être absurde, mais elle se contenta d'un léger rire. Elle prit un temps pour répondre, peu certaine quant à la réponse qu'elle pouvait bien lui offrir. Le fait était qu'elle n'y avait jamais songé.
- Euh... Je sais pas trop. C'est pas vraiment mon truc, je crois.
Et pour cause, les trois seuls hommes de sa vie étaient ses figures paternelles et tous avaient bien trop d'emprise sur son esprit et sur son existence pour qu'elle puisse sereinement s'intéresser à autre chose qu'à leurs intentions à son sujet. Si son père lui laissait une liberté relative au sujet de ses études et des quelques connaissances qu'elle pouvait se faire à l'université, elle était certaine qu'il serait très fâché s'il venait à apprendre qu'elle avait le moindre intérêt romantique pour qui que ce soit. Ce qui, fort heureusement, n'était pas le cas.
Tu affiches un sourire franchement sceptique quand Abigail t'assures que tu t'en sortiras comme une cheffe. Toi, t'en es pas sûre du tout, parce que t'as quand même l'impression d'être un peu miss catastrophes quand il est question de relations humaines. Ce qui veut pas dire que t'es pas capable d'en entretenir sincèrement mais... visiblement, c'est un peu galère pour toi. Les amitiés, ça va, t'as pris le pli, et encore t'es parfois un peu maladroite, mais alors les amours ! T'as l'impression d'évoluer dans une autre stratosphère, et c'est très bizarre. Déjà, t'aimerais te reconnaître un peu plus dans ce genre de circonstances... Pourquoi est-ce que ça doit être si compliqué, sérieusement ?
"Eh bien t'as bien de la chance", tu affirmes avec un sourire quand Abigail assure que les relations amoureuses, c'est pas trop son truc.
Tu ne juges pas, tu ne commences pas à suggérer que c'est parce qu'elle n'a pas rencontré la bonne personne ou ce genre de stupidités, tu supportes pas ça. C'est comme les gens qui disent que tu es rayonnante quand tu sors avec quelqu'un. Pas que l'amour ne puisse pas donner des ailes, mais t'as du mal avec la notion de couple fusionnel, ou l'idée que l'on ne puisse pas exister sans une autre personne, ça ne colle pas avec tes besoins d'indépendance. C'est aussi pour ça qu'avec Sam, ça se passe bien - enfin, même s'il se passe rien encore. T'es sûre qu'il serait capable de respecter ton espace privé.
"Les histoires de coeur, ça bouffe du temps et de l'énergie, vraiment", tu confirmes avec un grand sourire complice. "Même si du coup je vais pas pouvoir obtenir des potins croustillants sur tes futures amours, et ça, c'est pas très équitable", tu fais mine de lui reprocher.
Mais évidemment, tu le penses pas. Toi, tu veux surtout que ton amie sois heureuse, peu importe ses choix. Et tu redoutes parfois qu'elle ne le soit pas tout à fait. Elle se traîne une sorte de mélancolie, et toi tu ne sais pas quoi faire exactement pour arranger cette mélancolie.
PrettyGirl
Invité
Jeu 13 Jan - 18:19
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
De la chance ? Peut-être. Les relations amoureuses avaient en effet l'air d'être complexes. Trop pour elle, sans doute. Il n'y avait qu'à voir Will et Hannibal. Elle avait compris que les deux hommes se vouaient des sentiments trop forts qui avaient su surpasser toute raison et toute justification raisonnable qui aurait dû les empêcher d'officialiser leur relation et qui aurait dû, au contraire, les engager à se fuir le plus possible. Abigail comprenait que certaines relations relevaient de l'inéluctable. Elle comprenait la théorie, en tout cas. Mais elle ne saisissait pas les subtilités de la passion amoureuse.
La jeune femme choisit donc de ne pas commenter ce choix de terme. "De la chance", oui, elle en avait sans doute selon le point de vue de Brooke, qui semblait particulièrement angoissée par ses sentiments naissants pour ce Sam qu'il lui tardait de rencontrer.
- Je suis sûre que tu pourras en obtenir ailleurs, et ce sera encore mieux parce que tu pourras en parler avec moi, répliqua-t-elle avec humour.
Elle but une gorgée de son milkshake. Cette conversation était d'une légèreté qui lui faisait du bien. Elle se doutait que le sujet était particulièrement important pour Brooke, peut-être même qu'il occupait la majeure partie de ses pensées. Et pendant un instant, Abigail lui envia cette insouciance. Si elle-même n'avait eu qu'à se préoccuper des beaux garçons qu'elle croisait à l'université, elle serait une personne différente à ce jour. Hélas, les hommes de sa vie l'obligeaient à considérer des sujets bien plus graves, bien plus sombres comme des priorités.
Elle déglutit, s'efforça de chasser ses pensées intrusives et se concentra de nouveau sur son amie.
- Et pour les potins qui te concernent, ça te donne au moins l'assurance que tu pourras jamais faire pire que moi.
"C'est pas faux", tu réponds avec un sourire. "Et on pourra jouer les commères comme il se doit, c'est plutôt un bon plan", tu remarques avec un sourire quand Abigail te fait remarquer que faute de pouvoir s'épancher sur ses amours à elle, vu que manifestement, ce n'est pas quelque chose qui l'intéresse ou lui tient à coeur, vous pourrez toujours jaser sur ceux des autres.
T'es humaine, Brooke, t'admets que des fois, ça fait du bien de juste s'échanger des potins, et plus ils sont croustillants, au passage, mieux c'est. Même si tu dois rapidement te sentir mal s'il te faut parler trop longtemps dans le dos d'une autre personne, à côté de ça, et pour plein d'autres raisons, ça te fait souvent du bien de te donner l'occasion, l'air de rien, d'une discussion décontractée au sujet des derniers bruits de couloir à ne surtout pas manqué. Ceci dit, tu n'es pas totalement convaincue du fait que ce soit entièrement le truc d'Abigail non plus, mais tu ne saurais dire précisément ce qu'est son "truc" exactement...
Tellement de mystères qui tournent encore autour de cette fille. T'as appris à faire avec, n'empêche que tu te demandes toujours si tu parviendras réellement à percer sa carapace tôt ou tard et à voir ce qu'il y a au-delà. Dans le fond, peut-être bien que c'est mieux si t'en sais le moins possible, mais... eh bien, Abigail est ton amie, et quand t'as l'impression d'avoir atteint les limites de ce que tu peux faire pour être présente pour elle, d'une certaine manière, ça t'affecte assez naturellement.
"Pire que toi ?" tu demandes sans être sûre de comprendre quand Abigail reprend la parole en affirmant qu'en matière de potins, elle ne pourra jamais faire pire qu'elle dans tous les cas. "J'ai jamais entendu aucune rumeur te concernant, personnellement."
Mais tu ne tends peut-être juste pas assez l'oreille, Brooke. Ou bien tu n'as juste pas compris ce qu'elle voulait dire. Au fond, ça revient au même. Faudrait jamais se soucier du regard des autres et de ce qu'ils pensent de vous. Mais t'es une grande narcissique, Brooklyn, ce n'est pas exactement comme si c'était une chose que tu pouvais nier malgré tous les efforts que tu fournis pour moins te soucier de ton image.
PrettyGirl
Invité
Ven 28 Jan - 20:43
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Jouer les commères avec Brooke, c'était l'un de ces petits plaisirs qu'elle avait découvert tardivement. L'un de ces plaisirs entre amies, qu'elle aurait certainement mieux fait de connaître au lycée, mais qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d'expérimenter dans son ancienne vie. Les quelques "amies" qu'elle s'étaient faites à l'époque n'étaient pas suffisamment proches pour cela, ou n'avaient pas survécu suffisamment de temps pour qu'elle ait véritablement l'occasion de discuter avec elles, et encore moins de choses aussi communes que les histoires de coeur des uns et des autres.
Mais avec Brooke, dans cette ville, Abigail pouvait profiter de ces discussions légères, comme toute jeune femme de leur âge. Et ça lui faisait un bien fou.
La dernière question de son amie lui fit se rendre compte de ce qu'elle venait de dire. Oui, dans cette ville, aucune rumeur ne la concernait. Pas à sa connaissance, en tout cas. Et il ne valait mieux pas que ça se produise. Mais dans son ancienne vie, en revanche... Abigail revoyait presque chaque nuit les inscriptions "Cannibales" inscrites sur les murs de la maison de ses parents après leur mort. Et elle entendait encore les accusations, pertinentes, des membres du FBI la concernant.
Sauf que... Sauf que personne ici n'était au courant, à part Will, Hannibal et Alana. Et ces trois-là n'étaient pas les plus loquaces, elle estimait donc ne rien avoir à craindre de leur part concernant de potentielles rumeurs.
- Une fille de mon âge, qui parle peu, ne va pas aux fêtes et n'a pas de petit-ami ? Il y a forcément des rumeurs sur moi, voyons, sourit-elle dans un effort pour sauver les meubles. Et puis s'il y en a pas, tant mieux, mais ça te prouve au moins que tu risques à peine d'en entendre te concernant...
"Bon, OK, je te l'accorde, tu n'arranges pas forcément ton cas", tu lui réponds avec le sourire quand Abigail t'expose toutes les raisons qui font qu'elle serait tout à fait susceptible de faire preuve de toutes les rumeurs que l'on puisse imaginer.
Et c'est vrai qu'elle les conjugue, quelque part, et que toi, Brooke, tu n'es pas forcément très attentive aux bruits de couloir qui ne te concernent pas. Ce n'est pas forcément très juste, mais tu dois quand même te reconnaître un fond assez narcissique. Tu t'es certes bien améliorée à ce sujet, mais ça ne veut définitivement pas dire qu'il ne peut pas t'arriver de te retrouver à faire face à tes anciens travers, des travers dont tu n'es pas particulièrement fière, au passage. Des rumeurs sur toi, tu sais que ça ne manque pas, en revanche. En même temps, d'aucuns affirmeront que tu l'as cherché. C'est ça d'être une "personnalité publique", de s'afficher sur Internet. On récolte ce que l'on sème, il paraît. Ou quelque chose du genre, en tout cas.
"Ceci dit, je le cherche aussi, avec mes cheveux roses, mes vidéos YouTube et ma fixette sur les dinos", tu reprends avec plus de légèreté. "Tu sais que je me suis fait une réflexion, dernièrement", tu ajoutes en passant littéralement du coq à l'âne, mais parce que tes pensées ont suivi un fil de réflexion que tes paroles n'ont pas totalement rattrapées de leur côté. "Que la bio, c'est peut-être pas fait pour moi, je pense que je vais changer de cursus."
Oui, discuter des garçons, c'est bien marrant, mais ce n'est pas ta seule préoccupation, loin de là. Non, il y a d'autres pensées, aussi, pour te tarauder, et celle-ci tient définitivement une place de choix dans tes préoccupations du moment. Quand bien même, indécise, tu n'avais pas vraiment pris le temps d'en parler à qui que ce soit avant ce moment particulier.
PrettyGirl
Invité
Jeu 3 Mar - 13:11
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Sa plaisanterie eut l'effet escompté, ce qui rassura aussitôt la jeune femme qui rendit à son amie son sourire. Mais au fond, les rumeurs, ça lui faisait une belle jambe, à Abigail. Tant qu'elles ne se portaient pas sur sa famille, en tout cas...
Finalement, Brooke énonça à son tour les raisons qui pouvaient lui attirer des bruits de couloirs. Et même si Abigail ne commenta pas cette énumération, elle hocha la tête, étant bien obligée d'admettre que son interlocutrice marquait un point. Le changement de sujet, abrupte, était une surprise mais elle ne s'en étonna pas plus que nécessaire, devinant que cette dernière réflexion ne sortait pas de nulle part. Et, au fond, elle était soulagée de laisser à Brooke la possibilité de mener la conversation où elle le désirait. Cela lui épargnait l'effort maladroit d'avoir à trouver des sujets de discussion qui risquaient, de plus, de ne pas les emballer.
- Ah ouais ? Tu pensais à quoi d'autre comme voie, alors ?
Un changement de cursus, ce n'était pas une décision anodine. Mais Abigail devait reconnaître qu'une fille comme Brooke, en bio, ne devait pas tellement s'épanouir. Brooke était une aventurière, elle avait besoin du grand air, d'explorer, et de s'amuser... Même si elle compensait ces besoins avec sa chaîne YouTube, Abigail n'était, mine de rien, pas si étonnée que ça que son amie songe à changer de voie.
Changement total de sujet, et sans franchement de transition, ça c'est fait ! En même temps, t'as ni envie d'embarrasser Abigail avec toutes ces histoires, ni envie de t'embarrasser toi-même, ce qui est aussi une (très forte) probabilité. C'est bon, assez parlé de Sam, de relations sentimentales, de ragots en tout genre, ce n'est pas comme si les sujets de conversation manquaient dans tous les cas. Et puis, de ton côté, t'as bien envie de partager ta pensée et tes ambitions avec ta meilleure amie. T'en as encore parlé à personne, parce que c'est un projet assez flou dans ton esprit, mais t'as pris conscience que les études que tu as suivies un peu par défaut ne t'épanouissent pas vraiment.
C'est intéressant, la bio, mais c'est pas exactement ton truc pour autant, et si au début, tu t'en fichais un peu parce que de toute façon, ta seule intention était de quitter cette île par tous les moyens possibles et imaginables, t'as changé ton fusil d'épaule entre deux. Et donc, par la même occasion, c'est aussi ta vision des choses qui a un peu évolué... Si tu dois rester ici pour de bon, dire adieu à la perspective de revoir ta famille et tes amis, alors t'as plutôt intérêt à t'engager dans un truc qui te passionne vraiment, pas vrai ? Sûrement.
Après, le truc, c'est de savoir ce qui te passionne vraiment, ce qui est une autre paire de manches, et de voir si t'es vraiment capable de te passionner dans ces domaines-là... bref, c'est encore un registre complètement différent, pour le coup, mais à force de conversations et d'introspections, tu penses que tu commences à avoir une petite idée.
"J'ai pensé à des études de ciné, pour me perfectionner dans la vidéo, ce genre de choses, mais je suis pas complètement convaincu. Sinon, on m'a dit une paire de fois que je devrais tenter le journalisme, et je crois que j'adorerais ça... Le problème, c'est que pour ça, faut un cerveau de la taille d'un mosasaure, et moi, à la limite, j'ai le ciboulot d'un microraptor."
PrettyGirl
Invité
Mar 5 Avr - 19:49
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
La jeune femme écoutait attentivement son amie, prête à la soutenir quelle que soit sa décision. Elles étaient trop jeunes pour s'embarrasser de doutes, surtout lorsque cela concernait leur avenir et une possible carrière. Abigail savait que Brooke était talentueuse, et n'avait donc aucun doute quant au fait qu'elle saurait rebondir, quelle que soit la voie qu'elle se choisissait. L'évocation première d'une carrière dans le cinéma la rendit curieuse. Elle connaissait la chaîne Youtube de Brooke, bien sûr, mais ne soupçonnait pas des ambitions pour le grand ou le petit écran en dehors de cette chaîne.
La mention du journalisme la fit inévitablement penser à Freddie Lounds, et son premier réflexe fut donc d'écarquiller les yeux avec surprise. Mais elle se rattrapa aussitôt et esquissa plutôt un sourire. Tout journaliste n'était pas aussi fouineur et menteur que l'était Freddie. Et Brooke choisirait certainement des sujets moins macabres quoiqu'il en soit, ce qui n'était pas pour déplaire à Abigail : elle ne souhaitait pas que son amie soit exposée à des risques qui la dépassaient.
- Tu racontes n'importe quoi, gloussa-t-elle en tentant d'avoir l'air sévère. Il est très bien ton cerveau.
S'il y avait bien un point sur lequel elle resterait intransigeante, c'était l'intelligence de son amie. Brooke était une personne admirable, en bien des points, et Abigail ne comptait pas la laisser s'enfermer dans une si mauvaise estime de soi.
Sa surprise première étant passée, elle prit le temps de réfléchir plus longuement sur la question. Elle garda donc un air songeur tout en fixant son interlocutrice, avant d'afficher un sourire plus large.
- Honnêtement, c'est vrai que je t'imagine bien en journaliste. T'es curieuse, t'aimes explorer, et tu t'y connais, en média. Tente, qu'est-ce que tu as à perdre de toute façon ? En plus, tu as déjà ta chaîne, et le journalisme en ligne ça fait un carton en ce moment. Et je suis sûre que tu seras super forte pour les titres.
"Tu dis ça mais tu l'as jamais vu", tu fais avec un rire amusé quand Abigail lui garantit que son cerveau est très bien comme il est.
Tu n'es pas du genre à faire dans la dévalorisation à outrance, même si, comme tous ceux qui accordent tant d'importance à leur image, tu souffres d'une certaine absence de confiance en toi. Cela dit, il n'était pas tant question de cela en ce qui te concerne. Bon, tu doutes quand même d'être suffisamment brillante pour réussir. D'accord, tu n'es pas la dernière des idiotes non plus, mais tu n'es définitivement pas la personne la plus intelligente qui soit... ou plutôt, tu es sélective dans les domaines par lesquels tu as décidé de briller, et il se peut que, dans la foulée, il te soit arrivé de négliger un peu les autres. C'est un tort évident de ta part, mais c'est aussi pour ça que tu en parles à Abigail, bien sûr. Parce que tu veux entendre son opinion et obtenir son soutien : à tes yeux, c'est quelque chose de vraiment important.
Ton sourire change un peu, mais est d'autant plus sincère quand Abigail affirme que le métier de journaliste te conviendrait sans doute très bien. C'est vraiment quelque chose que tu avais eu besoin d'entendre, sincèrement besoin d'entendre. Toutes les raisons que ton amie invoque pour justifier le fait que tu ne serais sans doute pas mauvaise dans ce domaine sont exactement celles qui ont fait que tu as bel et bien fini par y réfléchir plus attentivement de ton côté.
"Ah ça, je suis la reine du clickbait", tu t'amuses de plus belle quand Abigail affirme qu'en plus, tu serais sans doute parfaite pour les titres. "Plus j'y pense, plus ça me tente, même si ça me fait un peu peur, aussi. Le pire c'est que c'est un peu contradictoire parce que la presse a jamais été très tendre avec moi, à l'époque. J'étais encore qu'une gamine, mais ils s'en foutaient. Si tu savais tout ce que j'ai pu lire à mon sujet." Mais tu t'égares, Brooke. "Si je me lance là-dedans, tu m'aideras ? Je veux dire, j'aurais besoin d'un soutien moral en béton armé, c'est clair et net."
PrettyGirl
Invité
Dim 29 Mai - 17:49
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Son sourire prit une allure plus discrète. Elle était parfaitement avertie que dans un autre contexte, la réflexion de Brooke sur son cerveau aurait pu prendre une tournure drastiquement plus tragique. Si Hannibal avait été présent, nul doute qu'il aurait trouvé le moyen d'en faire un subtil jeu de mots compréhensible uniquement de ceux qui se trouvaient dans la confidence. Mais Abigail, elle, se contenta de répondre doucement :
- Crois-moi, c'est mieux pour toi que je n'ai jamais l'occasion de le voir.
Les réticences, doutes et inquiétudes de son amie quant à une possible carrière de journaliste étaient légitimes. Quand elle évoqua le fait que la presse n'avait par ailleurs pas été tendre avec elle, Abigail ressentit à son égard une profonde compassion. Elle-même, pour d'autres raisons, plus sombres certes, s'était retrouvée propulsée en première page des journaux et l'expérience l'avait suffisamment traumatisée pour qu'elle ne souhaite pas quelque chose de similaire à son amie.
- J'ai du mal à imaginer pourquoi la presse voudrait s'attaquer à toi. T'es une personne géniale, affirma-t-elle en fronçant les sourcils d'un air confus.
C'était injuste. Profondément injuste. S'il y avait bien une réticence qu'elle-même pouvait avoir quant au fait que Brooke se lance dans une carrière de journaliste, c'était celle-ci : certains journalistes, par appât du gain et de la célébrité, devenaient cruels et décortiquaient la vie des premières victimes ou personnes vulnérables venues.
La question de la jeune femme adoucit les traits de son visage.
- Bien sûr que je t'aiderai. Je sais pas si je serai une aide très efficace, mais tu peux compter sur moi pour tenter. Et tu auras toujours mon soutien, quoi que tu fasses.
Et sur ce point, elle était mortellement sérieuse. Brooke pourrait bien commettre un meurtre qu'Abigail l'aiderait à se débarrasser du corps, de préférence en mettant à contribution les deux hommes qui avaient la méthode la plus efficace possible pour faire disparaître les preuves.
- Il faut que tu tentes. T'as rien à perdre, et tu sais que tu auras toujours des lecteurs.
"C'est vrai que je suis géniale", tu fais avec un sourire en coin qui pourrait te faire passer pour plus prétentieuse que tu ne l'es véritablement, mais qui est en fait une manière de dissimuler l'atroce et violent manque de confiance en toi qu'est la tienne. Parce que t'es très loin de penser que tu l'es, t'as juste envie que les autres le pensent pour te sentir mieux dans ta peau. Sauf que c'est un cercle vicieux, bien sûr. Plus on s'attire les faveurs des autres, plus on s'expose à leur violence et à leur colère. Et toi, Brooke, t'en as fait les frais dans d'insupportables proportions. "Mais tu sais... quand t'es une ado qui s'expose sur Internet, tu t'en prends la tronche pour rien. J'arrêtais pas d'entendre dire que mes pères m'exploitaient." Bon, peut-être un petit peu mais t'as jamais accepté de reconnaître ça. "... si je disais un truc de travers, c'était répété, amplifié, sorti de son contexte... Puis rien que le fait que je sois une fille..." Tu lèves les yeux au ciel, pousse un soupir. "Bref."
Et encore, les articles déplaisants, c'était rien. Le pire, ça avait vraiment été les commentaires sur tes réseaux sociaux. Qui pourrait imaginer que tant de types pouvaient trouver convenable d'envoyer des menaces de treize ans qui se contentait de faire des vidéos dans son coin sans rien demander à personne. Bon, t'as appris à faire avec, logiquement. Mais y a des trucs qui restent pas simple malgré tout. Ceci dit, tu te la fermerais sans doute si tu comprenais ce par quoi Abi est passée, elle. Mais t'es loin d'en avoir la moindre idée.
"Merci, je savais que je pouvais compter sur toi", tu fais avec un sourire sincère quand Abigail te promet de te soutenir dans tes projets. Bien sûr, le soutien ne peut qu'être moral, mais à toi ça te va très bien. "Et t'es d'une aide efficace. Regarde, tu m'écoutes me morfondre et tu protestes même pas", tu ajoutes, sincère. "En tout cas t'as raison, je vais me lancer. J'ai pas grand-chose à perdre de toute manière, pas vrai ?"
PrettyGirl
Invité
Ven 24 Juin - 17:41
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Ce bout de passé qu'elle apprenait sur son amie éveilla la compassion d'Abigail, qui ne manqua pas de penser à sa propre situation. L'exposition médiatique, c'était également quelque chose dont elle avait fait les frais, dans des proportions encore différentes, et pour d'autres raisons. Mais elle savait ce que c'était que d'avoir tous les regards braqués sur soi, aussi et surtout lorsqu'on les voulait le moins.
- Le sexisme sur Internet, quel calvaire, souffla-t-elle d'un air peiné. J'ai l'impression que le cyber-harcèlement a encore de beaux jours devant lui. Je suis désolée d'apprendre ça, Brooke... Je devine que c'est une angoisse permanente.
Pour des raisons très sombres et très certainement égoïstes, Abigail préférait parler des histoires d'harcèlement subies par Brooke que des siennes. D'une part, parce que ça lui évitait d'avoir à parler d'elle. Et d'autre part, parce qu'elle n'était toujours pas certaine que son amie réagirait de la manière qu'elle l'espérait si elle lui confiait finalement une partie de son histoire, et à quel point son propre passé était sordide et empli de monstres hélas trop humains.
Elle esquissa un sourire. Abigail préférait écouter les autres, c'était même une habitude qu'elle maîtrisait tellement que c'était devenu comme une seconde nature. En ce sens, elle était presque aussi silencieuse que Will. Mais c'était tout ce qu'il y avait de plus logique. A l'époque où elle jouait les leurres pour son père, elle avait dû se lier d'amitié à des jeunes filles et rien n'était plus simple pour cela que de les pousser à parler d'elles-mêmes et de rire à leurs plaisanteries. Moins elle en dévoilait, à l'époque, sur elle-même, moins Abigail était rongée par la culpabilité.
- T'as rien à perdre et tout à gagner, confirma-t-elle en donnant plus de sincérité à son sourire. T'as des amis loyaux en plus. Je suis sûre qu'on sera tous présents pour t'inonder de commentaires positifs.
Ah ça, tu ne le fais pas dire à Abigail. Le sexisme sur Internet, c'est une véritable plaie. Le sexisme partout, d'ailleurs, mais sur le net, plus personne ne semble avoir la moindre distance nécessaire, et c'est insupportable. A force, on prend l'habitude, mais on devrait pas s'habituer à ce genre de choses. Souvent, t'entends l'argument de : "tu t'exposes sur le net, à quoi tu t'attendais ?", mais pour toi, ça devrait clairement pas être une excuse, ça devrait jamais en être une. Bon, aujourd'hui, t'as de meilleures armes pour te défendre, tu sais aussi mieux de quelle manière t'y prendre de manière générale.
"C'est sûr. Bon, c'est triste à dire mais on finit par s'habituer quand même. Je suis plus armée que quand j'avais treize ans, quoi", tu fais avec un haussement d'épaules, comme une manière de faire mine d'être convaincue de tes dires, mais ce n'est pas vraiment le cas, en réalité. Selon ton état de stress, d'indulgence et de fatigue, une toute petite remarque peut te miner le moral des semaines durant.
Enfin, plutôt que de s'apesantir sur ces sujets peu joyeux, tu préfères encore t'intéresser à ton revirement et à ton envie de complètement changer tes études. Où est-ce que ça te mènera ? Est-ce que ça te mènera seulement quelque part ? T'en as pas l'ombre de la moindre idée, mais t'as bien l'intention de tenter le tout pour le tout quoi qu'il en soit. Et les encouragements d'Abi te font vraiment du bien.
"Et c'est vrai que j'ai les meilleurs amis au monde." Tu souris. "Ca t'a jamais travaillé, toi ? L'envie de changer de voie ?" tu daignes demander, surtout parce que tu te rends bien compte que la conversation a beaucoup tourné autour de toi.
Bon, ça t'a pas complètement dérangée, mais t'as tout de même envie d'ouvrir Abigail à la conversation. C'est déjà si difficile de savoir ce qu'elle pense en temps normal.
PrettyGirl
Invité
Mer 3 Aoû - 16:56
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Cette sorte de fausse résignation qui teintait le discours de son amie déplaisait à Abigail, qui ne souhaitait rien tant que d'épargner cette peine à Brooke.
- Personne ne devrait subir un tel comportement. Même sur Internet. Et certainement pas pour le simple prétexte que t'es une femme.
Le ton de sa voix était si ferme qu'il ne faisait aucun doute que si ces individus n'étaient pas protégés par un écran, elle aurait volontiers soufflé leur nom à Will ou Hannibal afin qu'ils en fassent leur prochain repas. Ce n'était hélas pas une option. Et concrètement, à part encourager Brooke à désactiver ses commentaires, Abigail n'envisageait aucune solution sur le long terme.
- J'espère que tu sais que tu es soutenue, malgré ces débiles.
Elle adoucit ses paroles d'un sourire compatissant, de ceux qu'elle avait rarement mais qui lui venaient toujours plus facilement lorsqu'elle était en présence de ses quelques amis... A qui elle continuait pourtant de dissimuler la majeure partie de son histoire et de sa personnalité. Par nécessité. Parce qu'elle ne tenait pas à devoir les considérer comme une menace.
La question de son amie eut le don de la forcer à songer à son avenir. Changer de voie ? C'était toujours une possibilité. Mais Abigail n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait bien faire d'autre, comme si toutes les autres options étaient complètement floues.
- Pas vraiment.
Pourtant, elle savait que Will n'approuvait pas. Qu'il pensait qu'elle jouait avec le feu, et que par ailleurs il rejetait l'idée qu'elle s'engage la même voie que lui. Mais la criminologie, c'était un domaine qui l'avait toujours intéressée, pour des raisons plus qu'évidentes. Elle aimait l'idée de se plonger dans l'esprit de ces êtres qui, par moments, lui faisaient relativiser sa propre monstruosité.
- C'est une branche qui me plaît. La seule, en fait. Peut-être que les études sont pas vraiment faites pour moi... J'en sais rien en fait, mais pour l'instant, je m'en sors pas trop mal.
Même si elle avait quelque peu délaissé ses leçons ces derniers temps, par manque de concentration, tant les tensions familiales étaient de plus en plus vives.
Tu hoches simplement la tête, tout aussi convaincue qu'Abigail quand cette dernière te fait remarquer que personne ne devrait jamais être la cible du moindre harcèlement, ce peu importe le prétexte. Tu es du même avis, bien sûr... Mais dans les faits... Dans les faits, lutter contre un phénomène à ce point répandu et encouragé par l'anonymat t'a toujours donné l'impression de devoir te battre contre des moulins à vent, et résultat des courses, t'as souvent préféré occulter le sujet plutôt que d'y faire face.
"Oui, je sais que j'ai du soutien. Et quel soutien ! Je suis super chanceuse, au fond."
Et tu le penses. T'as des amis en or, Brooke, et ça, c'est clairement pas donné à tout le monde. Beaucoup batailleraient pour avoir les mêmes chances que toi, et de bénéficier de l'appui de personnes aussi précieuses que ne l'est Abigail Hobbs à tes yeux. Sur ce point, clairement, ça ne fait aucun doute, t'es tombée sur une véritable perle rare.
"Je t'admire, tu sais. Faut avoir le coeur bien accroché pour se spécialiser dans la criminologie. Je suis à peu près certaine que j'en serais pas capable, de mon côté." Tu marques une pause. "Je sais pas si les études sont faites pour toi ou non, mais l'essentiel c'est que t'y trouves ton compte. C'est dur de savoir ce pourquoi on est vraiment fait. Enfin si... je suis quasi sûre que je suis née pour protéger nos amis dinosaures des vilaines entreprises corporatistes, mais cette île manque cruellement de dinos, malheureusement", t'ajoutes avec un léger rire.
T'espères surtout qu'Abigail est bien dans sa vie, bien avec ses choix. Et ça c'est difficile, c'est pas évident - c'est pas quelque chose que t'arrives à deviner. En fait, de manière générale, tu as du mal à cerner Abi. Bon, ça change rien au fait que tu l'adores, c'est sûr, mais elle est si secrète... t'aimerais être capable de savoir ce qu'elle pense vraiment - non, en fait, t'en as pas la moindre envie, crois-moi.
PrettyGirl
Invité
Ven 30 Sep - 20:32
Friendship in unlikely places.
feat. Abigail & Brooke
Un certain cynisme passe sur le visage d'Abigail au moment où Brooke affirme qu'elle l'admire. Si elle savait... Nul doute qu'elle fuirait sa compagnie, très certainement en courant, d'ailleurs. L'intérêt d'Abigail pour ses études est tout personnel... et directement lié à son histoire. À son passé, mais également à son avenir. Elle sait qu'elle n'est pas faite pour rester dans la norme ni même dans la légalité. Et elle sait que tant que son père, ou Will et Hannibal seront dans les parages, elle n'aura pas même droit de rêver à cette normalité. Parfois, elle envie Brooke. Et d'autres fois... elle se complait dans son aveuglement, celui qui lui permet de suivre les indications de son père sans songer au mal qu'elle cause ou aux victimes qu'elle fait, plus ou moins directement.
- C'est plus simple si tu considères que ce ne sont pas de vraies personnes. Que tout ceci n'est que... théorique.
Très rassurant, Abi. Révéler à sa meilleure amie qu'elle ne considère pas les autres individus comme des êtres humains à part entière, ce n'est certainement pas la meilleure façon de faire preuve de discrétion. Consciente qu'elle en a à la fois trop et pas assez dit, elle se réfugie derrière son milk-shake dont elle prend une gorgée avant de rebondir sur le sujet bien moins épineux que sont les dinosaures :
- C'est courageux, en tout cas. De les défendre aussi passionnément. C'est moi qui devrais t'admirer.
Et elle est très sérieuse. Avoir une cause à défendre, vouloir protéger des êtres quitte à se mettre en danger... C'est quelque chose qu'elle ne comprend pas réellement, et donc, parce que ça lui est complètement étranger, elle considère que c'est une chose quasiment inaccessible.
- Peut-être qu'un scientifique fou parviendra à les ramener sur l'île. Si ça arrive, c'est clair que je me tourne directement vers toi.
"Sans doute...", tu réponds, incertaine, quand Abigail te répond que c'est plus facile d'aborder son domaine d'étude avec philosophie quand on décide que les victimes sur lesquelles se portent nos investigations ne sont pas vraiment des humains...
C'est un discours qui peut passer pour carrément froid, et t'es pas sûre de ce que ça sous-entend vraiment, mais connaissant Abigail (ou pensant la connaître, plutôt), tu décides de prendre ça sous un angle qui soit compréhensible pour toi. C'est logique de chercher à se détacher émotionnellement pour que ce soit plus facile. C'est ce que font beaucoup de médecins dans les hopitaux aussi, non ? Pour ne pas s'attacher à leurs patients, pour que ce soit moins difficile s'ils doivent les perdre. Oui, au fond, c'est plus un genre de réflexe naturel.
"Y a pas grand-chose à admirer... et puis, là, comme ça, c'est facile à dire, ce que je te raconte, mais entre toi et moi, quand tu te retrouves nez à nez avec un T-rex, d'un seul coup, tes beaux idéaux sur la préservation de toute vie prend un sacré coup... c'est toujours plus simple de mener ce genre de lutte à l'abri de son appartement en menant ses petites recherches sur son ordinateur." Tu pousses un soupir. "Enfin, c'est pas très important. On est très loin d'Isla Nublar, de toute façon..."
Tu ris franchement quand Abigail suggère qu'on n'est pas à l'abri de voir un scientifique fou remettre Jurassic World au gout du jour. Le pire, c'est qu'elle a probablement raison.
"Le pire, c'est que ce serait même pas impossible", t'admets avec un humble sourire. "Mais on va éviter quand même, hein ?"
Ouais, de préférence, autant se tenir à l'écart de ce genre d'éventualité, cette ville et ses facéties ne vous ménagent déjà franchement pas, alors partant de là, pas la peine d'envisager d'office les cas de figure les plus dramatiques, vous avez suffisamment à faire comme ça.
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